Paris, tu nous ouvres ton coeur. (Faustine <3)

En fait, il n'y a rien de plus difficile que de faire une valise... Surtout quand la destination nous est inconnue, non ?
Lola était devant son lit, des affaires éparpillées un peu partout sur son lit. Faustine lui avait seulement donné comme indication de prendre des vêtements plutôt chauds... Donc oublions le maillot de bain, elles n'allaient sans doute pas aux Caraïbes.
Soupirant de découragement, elle s'assied un moment au milieu de ses divers pulls et jeans, faire une valise n'étaient pas son point fort, c'était certain. Elle n'avait même pas de vraie valise à proprement parlé.
Pourtant, pour une fille de hippies voyageurs roots autour du monde, le voyage pourrait être une habitude, mais à dire vrai, Lola n'était pas sortie du territoire anglais depuis... Plus de dix ans. Ce n'est pas l'envie qui manquait, pour sûr, mais plutôt l'argent, le temps, la vie quoi. La vie qui passe tellement rapidement qu'on ne se rend pas compte qu'on a rien fait au bout du compte.
Pour seul héritage de ces voyages, il lui restait une vieille valise en cuir, un des seuls souvenirs que son père lui avait laissé. Elle tourna alors son regard vers l'objet en question et se décida (enfin) à l'embarquer pour qu'il fasse son boulot, c'est à dire contenir des affaires.
Au bout du compte, ça n'a pas été si long, une petite robe simple pour sortir "au cas-où" deux paires de chaussures, des pantalons et quelques pulls. Cela ferait l'affaire, non ? Mais comment pouvait-elle savoir de toute façon ?

◊ Madyyyyyyyyyyy ! Je sais pas quoi prendre !!

C'était un cri du coeur, comme celui d'une enfant un peu capricieuse et énervée. Elle se dirigea dans la pièce principale de la maison, les pas trainants d'une enfant vers sa mère adoptive, qui lisait sur son fauteuil. La vieille dame sourit malicieusement sans lever les yeux de sa lecture.
♦ N'angoisse pas Lolita, tu ne pars pas pour 40 semaines. Ce sont seulement trois petits jours.
Lola répondit par un soupir de désespoir et aller s'asseoir par terre à côté du fauteuil de Madeleine, ne la quittant pas du regard.
♦ Ne joue pas à ça Lolita, tu sais pertinemment que je ne te dirai rien du tout. Faustine m'a fait promettre de ne rien dire.
Lola leva les yeux au ciel, et se leva, avec des airs d'adolescente frustrée. Lola avait beau avoir 23 ans, quand elle était avec Madeleine, elle redevenait cette petite fille vive et caractérielle. Et frustrée, elle l'était à l'heure qu'il était. Elle était dans l'ignorance la plus totale et détestait ça au plus haut point. Tant de mystère n'était pas sans agacer la jolie blonde qui n'aimait les surprises que quand c'était elle-même qui les organisait et non les subissait.

◊ Vous m'énervez à être de mèche toutes les deux...  

Elle marmonna ces quelques mots tout en se servant un thé. Elle faisait sa mauvaise tête, mais était ravie au fond de son week-end loin de tout. Et surtout ravie de le partager avec son amie Faustine. Amie, un mot bien faible pour définir le lien qui unissait Faustine et Lola, ce lien quasi-fraternel.
La dégustation de thé avec Madeleine fut interrompue par la sonnerie de l'entrée qui résonna dans toute la maison. Lola sourit et se leva d'un bond, comme réveillée par le gong et cria d'une voix claire.

◊ C'est ouvert Fo' ! Rentre !  

Elle ne prit même pas la peine d'ouvrir, connaissant Faustine jusque dans le bruit de ses pas, et retourna finir de boucler sa valise, pour la ramener dans la pièce de vie où Faustine et Madeleine se retrouvait.

Quoi qu'il en soit, et malgré ses tentations d'acheter Mady, elle ignorait tout de ce week-end qui l'attendait. Absolument tout.  Elle avait quand même assez vite abandonné l'idée de connaitre la destination puisqu'avec des femmes comme Madeleine ou Faustine, impossible de savoir. Pour preuve toutes les ancdotes qui revenait souvent à la mémoire de Lola, ces souvenirs d'adolescence, d'anniversaire surprises avec Faustine et Maladeine.
En fermant son sac, Lola sourit en repensant à tous ses souvenirs et surtout à la chance qu'elle avait d'être ainsi entourée. Alors certes, elle n'avait plus ses parents et c'était un manque atroce quotidien, mais elle avait Madeleine, une des personnes les plus aimantes au monde et surtout Faustine, qui n'était pas qu'une simple amie, qui était devenue au fil des années une soeur.
Elle eut la sensation d'un coeur complètement rempli de joie quand elle vit dans le salon Faustine et Madeleine, qui étaient sans aucun doute ses repères les plus fiables. Tout pouvait s'écrouler autour d'elle, les amours pouvaient aller et venir, elle savait pertinemment que ces deux personnes resteraient là, quoi qu'il arrive. Elle n'eut pas le temps de replonger plus dans ses pensées car déjà Faustine l'avait prise dans ses bras, comme à son habitude avec un élan spontané d'amour. Elles étaient comme ça toutes les deux. Spontanée, et un poil bisounours. Elle sourit en faisant quelque peu la moue au compliment de Faustine sur son physique. Pas qu'il soit pas agréable, bien au contraire, mais c'était une habitude récurrente.

◊ Pffff arrête de dire n'importe quoi toi. Par contre c'est vrai ce qu'on dit sur les femmes enceintes, elles rayonnent.


Lola lui rendit son enlacement chaleureux et lui déposa une tendre bise sur la joue. Il est vrai que c'est la tradition qui veut que les femmes enceintes aient toujours bonne mine, et dans le cas de Faustine cela s'appliquait... Et cela s'appliquait même lorsqu'elle n'avait rien dans le ventre. Aussi loin que Lola connaissent son amie, elle l'avait toujours trouvé des plus rayonnante et des plus sublimes. Elle l'avait toujours admiré, sans doute était-ce peut-être due au léger écart d'age entre les deux jeunes femmes.
Lola mit la main sur le ventre de Faustine et le caressa doucement.

◊ Bon, il va comment le petit monstre ? T'es sûre que tu te sens de voyager ma biche ?
Le ton était un peu inquiet. Lola était d'une nature très protectrice, à vouloir toujours le confort suprême de ses proches. Et avec la situation de Faustine en ce moment, la jeune blondinette se sentait assez gênée de ce séjour elle ne savait où. Elle était gênée aussi de tant d'attention juste pour elle. C'est vrai après tout, Faustine avait sa vie, son métier désormais et surtout quelqu'un (de bien) dans sa vie. Et malgré tout ça, elle n'oubliait pas son amie d'enfance, sa sister comme elle l'aimait le répéter, c'était des choses qui touchaient on ne peut plus Lola au coeur.
Faustine proposait de lui dire tout de suite la destination, mais Lola n'eut pas le temps de répondre que Madeleine fit un non ferme de la tête, avec un sourire bienveillant.
♦ Aller-y mes bébés, faites attention à vous tout de même. Aller, hop. Partez, hors de ma vue.
En vérité, Madeleine les avait littéralement mises dehors. Def façon élégante, bien sûr, c'était Madeleine, elle avait prit le temps de les prendre toutes les deux dans les bras, mais assez ferme comme pour clore toutes divagations et les faire partir le plus vite possible en voyage. Faustine et Lola se regardèrent devant le pas de la porte en riant.

◊ Et bien comme tu as dis de façon très ringarde, EN VOITURE SIMONE !

Elle partit dans un grand éclat de rire avec un regard complice vers cette soeur de coeur qu'elle aimait. Ce n'est pas parce qu'elles étaient adultes désormais que le cynisme et les railleries entre elles étaient terminées, loin de là.

L'agacement de Lola fondait un peu plus à chaque minute de plus en compagnie de Faustine. Toutes ses craintes s'envolaient sous le regard de son amie à qui elle faisait pleinement confiance.
♦ Mais oui, je suis une warrior moi, tu me connais ! Super Faustine à la rescousse ! Disons que ma fille sera sûrement une future boxeuse mais en dehors de ça, au dernier check-up tout allait bien… le fait d’avoir retrouvé le papa aide sûrement la chose, j’avoue…
Lola souriait avec un regard emprunt d'admiration pour son interlocutrice. C'est fou comme c'était une battante cette fille, avec tous les obstacles qui s'étaient imposés devant elle, elle était encore debout, plus rayonnante et heureuse que jamais. C'était pourtant loin d'être gagné, ça c'est sûr. Dans un élan de tendresse très spontané, elle caressa la joue de son amie.

◊  Oh ça, pour être une warrior, tu en es une !

Lola avait vécu toute l'histoire de Faustine dans une grande proximité. Elle se souvient quand elle a apprit la grossesse de son amie, elle se souvient de la disparition du père, du malheur de Faustine, et puis du retour de l'amoureux, et des difficultés toujours présentes. Mais malgré tout, Faustine était heureuse, cela se voyait. Elle se sentait bien, se sentait mieux, et savait ce qu'elle voulait. Mais pour autant, elle ne pouvait s'empêcher de toujours s'inquiéter, de façon permanente pour Faustine, c'était dans sa nature d'être anxieuse pour ses proches, et rien ne changerait, même si son amie croulait à priori sous le bonheur.

◊ J'espère d'ailleurs le voir un jour ce Jared... Depuis le temps !

Elle ria de bon coeur et se laissa prendre le bras par son amie pour être quelque peu jetée dans la voiture. Cette surprise était donc réelle et ne pouvait pas faire plus plaisir à Lola, qui essayait au fil des rues de deviner la destination de leur week-end. La campagne anglaise ? Peut-être l'Irlande alors ? Ou bien l'Ecosse ? C'était un vieux délire des deux amies que celui d'apercevoir un jour le monstre du Loch Ness.

◊ Non mais tu me prends pour qui ? Evidemment que je suis prête tiens !

Elle devenait presque hystérique. Comme une enfant. Comme quand elles étaient adolescentes toutes deux, quand elles faisaient leur énième virée en voiture, seules ou avec de charmantes compagnies masculines.

◊ C'est le week-end des phrases ringardes, c'est ça ? Aller, en route mauvaise troupe !

Lola était déjà heureuse. Rien ne pourrait gâcher ce week-end. Rien. Et même si l'idée de ne rien savoir de ce qu'elles allaient faire l'agaçait toujours, sa confiance en Faustine était si forte que son inquiétude se dissipait peu à peu.
La voiture s'arrêta devant la gare. La jolie blonde fronça les sourcils, en réfléchissant à la destination. Visiblement ce ne serait pas l'Ecosse ou l'Irlande. Mais peut-être une destination plus lointaine. Sans un mot, toujours dans la réflexion, Lola sortit de la voiture pour prendre les valises.