(✰) message posté Jeu 12 Fév 2015 - 16:20 par Invité
❝ Ce jour où tout bascule ❞
Theodore & Ethan
L'adrénaline. Cette délicieuse sensation (bien qu'un peu déroutante) qui vous traverse quand vous êtes dans le feu de l'action. Chez certains, l'adrénaline provoque une sorte d'euphorie. Dans le cas d'Ethan, l'adrénaline était synonyme de pression intense. C'était ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il était en mission. Dans ces moments, rien ne lui importait davantage que remplir son devoir de flic. Protéger, secourir, faire justice. Mais à vrai dire, la pression qu'il ressentait en ce moment même n'était pas uniquement due à l'envie d'attraper le criminel qu'ils poursuivaient depuis dix minutes dans les rues de Londres. En réalité, Ethan se sentait mal à l'aise. La raison n'était autre que son coéquipier et supérieur, Theodore, qui conduisait la voiture.
Lorsqu'il avait intégré l'équipe, Ethan l'avait tout d'abord grandement admiré. Son sang-froid, son sérieux, son autorité : un mec qui en imposait, quoi. Sauf que depuis, il avait compris des choses qu'il n'aurait jamais dû comprendre. Il avait sans vraiment le vouloir saisi des bribes de conversations téléphoniques, des échanges avec des collègues. Ethan avait pendant plusieurs semaines essayé de se raisonner, se disant qu'il se faisait forcément des idées. Pourtant, il avait fini par comprendre qu'il y avait quelque chose de suspect. Il ne savait pas exactement quoi, mais il savait que quelque chose ne tournait pas rond. Il faisait son possible pour avoir l'air de ne se douter de rien, mais plus le temps passait plus il craignait d'être un jour entraîné dans ce qui se passait dans l'équipe. Il était piégé. Si jamais il parlait, il était cuit. Il était certain que Theodore et ses complices lui feraient amèrement payer sa trahison. Alors Ethan se taisait, jouait la comédie jour après jour, malgré l'angoisse qui grandissait en lui. Visiblement, il feignait de moins en moins bien l'ignorance, car quelque chose dans l'attitude de Theodore laissait penser qu'il savait qu'Ethan se doutait de quelque chose. Et ça, ça lui foutait vraiment, vraiment les jetons. Son supérieur n'était plus du tout un homme rassurant à ses yeux, mais plutôt une menace. Une menace très sérieuse.
L'homme en fuite freina brusquement, et sortit de la voiture à toute vitesse pour s'engouffrer dans une ruelle. Sitôt que la voiture de patrouille fut à l'arrêt, Ethan s'en extirpa et se lança à la poursuite du fugitif. Il fallait qu'ils le rattrapent. Si encore ça n'avait été qu'un vol, ils auraient pu attendre, mais en plus de dévaliser une bijouterie cet homme avait abattu une mère et son enfant en s'échappant. Un scénario qui rappelait à Ethan bien trop de choses, et qui du coup avait éveillé en lui une rage immense. L'homme se retourna alors à demi, et tira. Ethan esquiva de justesse la balle, continuant à courir sans nullement ralentir. Il dégaina lui-même son arme, et visa. Trébucha. Dans sa chute, il appuya sur la gâchette. Un cri retentit. Mais il ne venait pas du criminel, qui courait toujours aussi vite. Ethan vit à une dizaine de mètres un homme en train de se tenir le ventre, appuyé contre le muret qui délimitait la ruelle. Il finit par s'écrouler. L'agent de police se releva précipitamment et courut jusqu'à lui. Lorsqu'il fut à ses côtés, une mare de sang entourait déjà le corps de l'homme. Ethan, pétrifié, se rendit compte qu'il avait tué quelqu'un. Il leva les yeux vers Theodore, et dit d'une voix tremblante :
« Je... Je ne voulais pas... Je... »
C'était un cauchemar. Comment était-ce possible ? Pourquoi avait-il appuyé sur la gâchette ? Désormais, le criminel qu'ils poursuivaient n'avait plus aucune importance. Tout ce qui existait aux yeux d'Ethan, c'était ce corps ensanglanté devant lui. Theodore allait forcément le dénoncer. Il n'arrivait pas à croire qu'il avait ôté la vie à un homme innocent. Lui, d'habitude si consciencieux. Sous le choc, il avait beaucoup de mal à croire en ce qui se passait, et espérait de toute ses forces que ce n'était qu'un mauvais rêve et que d'une seconde à l'autre il allait se réveiller dans sa chambre, en sueur. Mais les secondes défilaient et le cadavre était toujours là, par terre. Malgré le choc, toujours aussi prégnant, Ethan savait déjà que cette erreur allait le poursuivre toute sa vie. Qu'avait-il fait...
(✰) message posté Jeu 19 Fév 2015 - 16:39 par Theodore A. Rottenford
“Both driven by a will to power. A desire to control everything and everyone. Obsessive, ruthless, living and breathing moral relativism. It’s just you’re bound by conventional notions of what’s right and wrong and I’m free. People sleep peaceably in their beds at night only because rough men stand ready to do violence on their behalf.I do violence on their behalf. ” ✻ Je me délectais du danger et de la frénésie de la chasse. Cette course poursuite me propulsait dans un univers parallèle, là où je pouvais flotter sans attaches ni remords. Je pouvais être l’esprit libre et téméraire. Je pouvais abandonner les pressions de la pègre et ma dévotion pour la famille. Je pouvais courir tout simplement après cette ombre lointaine et perdre haleine entre les rues étroites de Londres. Je n’espérais pas une seconde chance ou une rédemption future. L’éternité ne valait pas une minute de mon temps. Je rasai le sol en compagnie d’Ethan ; la nouvelle recrue comme si le monde avait cessé d’exister. Il avait quitté la voiture de patrouille aussitôt arrêtée, sans aucune hésitation ou réflexion. J’admirais sa passion pour la police et ceci même lorsqu’elle me portait préjudice. Je savais qu’il n’était pas stupide, bien au contraire, il savait faire preuve d’un grand esprit d’analyse pendant les enquêtes criminelles. Ses principes étaient bien ancrés dans sa tête, mais il se fourvoyait trop souvent à mon sens. Je savais que la justice n’était qu’une pure illusion, une manifestation douteuse d’un esprit trop idéaliste et visionnaire. Je lui adressai un regard au coin, sans quitter mon objectif. Sa posture avait changé depuis quelques temps– il devait certainement se douter de mes manigances et du réseau corrompu que je gérais au sein du district de westminster city. Je restai tapi dans le silence en m’engouffrant dans un cul de sac mon arme en mains. J’étais prêt à toutes les folies afin de coffrer le criminel qui avait abattu de sang-froid une jeune femme et son enfant. L’idée que la vie innocente d’un gamin puisse être ôtée me remplissait d’une rage sourde et indicible. Ma fibre paternelle me poussait dans mes retranchements, et je dû me faire violence à plusieurs reprise afin de retrouver mon visage imperturbable. Ethan me sema en quelques enjambées avant de brandir son arme à son tour. Il était si près du but, esquivant les balles du malfrat avec brio avant de trébucher. Je fronçai les sourcils en le rejoignant. Un cri retenti dans le silence, et je fis volteface vers le cadavre allongé de l’autre côté de la rue. « Je... Je ne voulais pas... Je... » Balbutia-t-il avec difficulté. Il avait le trouble dans l’âme, et pour la première fois depuis notre rencontre je ne reconnaissais plus la lueur du courage dans son regard terriblement bleu. Il n’y avait plus qu’une profonde tristesse et de la douleur. Je pris une grande inspiration – Je n’étais pas un homme de la parole. Je ne savais pas rassurer ou trouver les mots justes. A vrai dire, mon cerveau était en effervescence, cherchant une façon logique de maquiller cet incident.
« Relève-toi. Il me faut le braqueur de la bijouterie… » Tranchai-je sans une once de compassion dans la voix. Je posai une main sur son épaule afin de le réveiller de sa torpeur. La formation physique de la police m’avait appris à canaliser mes émotions ; et même s’il était parfois difficile de se dérober de l’emprise de la culpabilité, je voulais qu’Ethan se redresse pour accomplir sa tâche. « C’est le pigeon parfait. Il plongera pour tout si tu sais t’y prendre. » Je pris une grande inspiration. « Je sais que tu te doutes de certaines choses. C’est pour que des hommes justes comme toi puissent continuer à servir la police, que des hommes comme moi plongent dans le vice. » Je crispai la mâchoire dans l’attente d’une réaction.
Invité
Invité
(✰) message posté Jeu 5 Mar 2015 - 15:13 par Invité
Alors que son cœur battait à toute vitesse, tout semblait s'être mis au ralenti autour de lui. Pour Ethan, c'était le monde qui s'écroulait. C'était une des plus grandes fautes qu'un agent de police pouvait commettre, il savait que sa carrière était terminée. Tout était allé si vite. Des années de travail emplies de détermination parties en fumée. Un métier-passion qu'il allait devoir abandonner. Tout ça à cause d'une stupide perte d'équilibre. En sueur, il regardait Theodore, attendant sa réaction avec angoisse. Mais lorsqu'il ouvrit la bouche, les mots qui en sortirent ne furent pas du tout ceux auxquels Ethan s'attendait. Il pensait que son supérieur allait au moins être choqué, et être un peu paniqué. Mais au contraire il resta totalement impassible, lui disant simplement qu'ils devaient attraper le braqueur. Ethan le jaugea durant plusieurs secondes, dans une totale incompréhension. Il avait sûrement envie qu'ils mènent à bien leur mission, et sitôt cela fait il prendrait les mesures nécessaires à son encontre. Oui, ce devait être ça.
Ethan se releva, et son collègue reprit alors la parole. Pour dire quelque chose d'encore plus surprenant de la part d'un agent de police. Ce qui était en train de se passer n'était pas normal. Ils n'avaient pas le droit de mettre le meurtre sur le dos du braqueur. Mais que faire, alors ? Faire son devoir et perdre sa place ? Il avait honte de l'avouer, mais il était tenté d'écouter Theodore et de se disculper. Il avait la bouche horriblement sèche.
« Quoi ? Mais ça va être encore pire si quelqu'un découvre la vérité et que je me fais choper... »
Pourtant il n'y avait aucune raison que la vérité éclate au grand jour, pas vrai ? Le braqueur avait déjà tué deux personnes, en théorie il ne serait pas surprenant qu'il en tue d'autres au cours de sa fuite. Oui, comme le disait Theodore, c'était le pigeon idéal. Mais Ethan était un homme droit de nature, et il avait terriblement du mal à accepter de rentrer dans ce petit jeu. S'étonnant de sa propre audace, il reprit la parole.
« Et puis, qu'est-ce qui me prouve que tu ne vas pas finir par me balancer ? »
Il avait peine à croire ce qu'il était en train de faire. Ça ne lui ressemblait tellement pas. Normalement, il aurait choisi l'honneur, mais là la tentation était tellement forte. S'il se dénonçait, il perdrait tout. Il irait en prison. Est-ce que ça valait le coup ? Il y avait là une si belle opportunité d'échapper aux sanctions... Theodore lui dit alors qu'il savait qu'il se doutait de quelque chose quant à ce qu'il trafiquait. Pas besoin de mots supplémentaires, Ethan savait qu'il s'agissait d'un deal. Son silence contre le sien. Il lui serait désormais impossible de dénoncer les agissements de son supérieur, sinon il plongerait lui-aussi. Aucun échappatoire. De toute façon, chercher des preuves de ce qui se tramait au commissariat serait bien difficile s'il était derrière les barreaux. Il était bloqué, il n'y avait rien à faire. Il avait honte de se l'avouer, mais il ne voulait pas aller faire un séjour en prison, même s'il avait complètement merdé. Ethan essuya son front luisant de sueur du dos de sa main. Ils avaient un braqueur à attraper.
Theodore et lui finirent par rattraper le braqueur. Après l'avoir maîtrisé, ils l'emmenèrent au commissariat. Durant tout l'interrogatoire, Ethan se sentit dévoré par l'angoisse et la honte. Le braqueur, évidemment, se défendit avec véhémence d'avoir tué le SDF. Ethan se força à témoigner d'autant d'assurance que possible en lui disant qu'il ne servait à rien de nier, qu'ils l'avaient vu. Sitôt que l'interrogatoire fut fini, Ethan sortit dehors, espérant que Theodore ne le suivrait pas. Avec le pacte qui les liait, Ethan était désormais complice de ses agissements, et il doutait de pouvoir être un jour de nouveau à l'aise en sa présence. Il alluma une cigarette, et se mit à la fumer avec nervosité. Il était angoissé au point d'en avoir mal eu ventre. A vrai dire, il regrettait déjà de ne pas avoir avoué être responsable du meurtre. Mais maintenant qu'ils avaient mis celui-ci sur le dos du braqueur, il était trop tard. Et maintenant, il allait devoir vivre avec ça toute sa vie. Ethan alluma une deuxième cigarette, avec la même nervosité. Plus rien ne serait comme avant. Comme quoi, on pouvait toujours tomber plus bas.
(✰) message posté Lun 9 Mar 2015 - 22:36 par Theodore A. Rottenford
“Both driven by a will to power. A desire to control everything and everyone. Obsessive, ruthless, living and breathing moral relativism. It’s just you’re bound by conventional notions of what’s right and wrong and I’m free. People sleep peaceably in their beds at night only because rough men stand ready to do violence on their behalf.I do violence on their behalf. ” ✻ Je regardais successivement Ethan et le cadavre inerte. Ce n’était pas un spectacle qui m’horrifiait. J’avais l’habitude du sang, des meurtres et des erreurs. Je savais mieux que quiconque que la justice n’était pas une valeur sûre. Il fallait porter en soi un grand chaos afin de savoir apprécier le monde obscur de la pègre irlandaise. Je faisais partie des dirigeants d’un réseau complexe et corrompu. Il était de mon devoir de mener à bien mes enquêtes, mais d’aussi veiller à ce que toutes mes missions soient parfaites dans leur enchainement. Je savais qu’Ethan se posait des questions concernant mes motivations. Il savait que le commissariat était hanté par le celte malveillant de la mafia. Cet incident était un cadeau béni des Dieux. Je pouvais me débarrasser de lui ou le retenir sous mon emprise. Il était dévoué, intelligent et passionné. L’acolyte parfait. Je sentis le doute s’immiscer dans son regard profond. Il semblait perdu entre les cris de sa conscience et les rythmes endiablés de la tentation. Je me penchai à son niveau afin de le surplomber par ma stature imposante. « Quoi ? Mais ça va être encore pire si quelqu'un découvre la vérité et que je me fais choper... » S’enquit-il d’une voix tranchante. J’arquai un sourcil en silence, plongé dans mes réflexions. Plus il s’attardait dans le débat, et plus le braqueur devenait inatteignable. « Et puis, qu'est-ce qui me prouve que tu ne vas pas finir par me balancer ? » J’eus un rire franc. Quel parano celui-là. Je passai ma main dans ma chevelure impeccable avant de lui adresser un signe de la tête. « Rien du tout. » Je pris une grande inspiration. « Mais je ne pense pas que tu aies un autre choix. Si tu te fais prendre, je suis complice. Ce serait incroyablement stupide de ma part de plonger pour une erreur que de toute évidence tu es le seul à avoir commis. » Je fermai mes poings en m’adossant contre le mur. « Tu devrais t’activer. » Finis-je par déclarer avec autorité.
On s’éloigna dans les rues sombres de la capitale à la recherche du braqueur. Ce dernier ne fit pas très difficile à rattraper. Il avait été assez stupide pour ralentir le pas en croyant nous avoir semés. Ethan l’empoigna par le col, et l’entraîna jusqu’au commissariat ou nos deux témoignages suffirent à le faire plonger. Je voyais le visage de mon coéquipier se teinter de différentes couleurs. Il avait l’air déchiré par la honte. Il quitta la salle en trombe avant de s’engouffrer dans la cour principale. Je lui suivis d’un pas lent. Les voulûtes de fumée grise s’échappaient de ses narines en dessinant de grands cercles autour de son visage. Je postai en face de lui d’un air impérial. « Tu ne peux pas changer de version. » Commençai-je en claquant des dents. « Rappelle-toi que j’ai toute une équipe derrière moi. Sans moi, tu es perdu. » J’esquissai l’ébauche d’un sourire. « Bienvenue dans la vraie vie, Ethan. » Ironisai-je en lui tendant mon poing serré en guide de salutation.