(✰) message posté Lun 26 Jan 2015 - 11:52 par Invité
Combien de fois Jules s'était retrouvé dans cette situation ? Des centaines. Allongé sur l'espèce de planche à découper qui servait de lit, un bras pour recouvrir ses yeux, il attendait derrière les barreaux du commissariat du coin. La garde à vue, rien de plus emmerdant que ça. Des heures d'attentes, souvent pas en très bonne compagnie, les boutades vaseuses des flics au milieu de la nuit, le lendemain matin, vaseux, le mal de dos d'avoir dormi dans l'endroit le plus inconfortable du monde, et surtout la moral de celui ou celle qui daigne payer la caution. Les gardes à vue, c'était emmerdant. Mais peut-être que Jules allait avoir un peu plus de chance ce soir-là.
Car, ce n'était pas comme toutes ces autres nuits où il était embarqué pour vandalisme, vagabondage, ou bien pour avoir uriné sur la voie publique (oui ça lui était déjà arrivé). Non, cette fois, c'était une tout autre contexte. Un petit écart de conduite, un stop de grillé. Pour remettre les choses dans leur contexte, Jules était allé livrer on-ne-sait-quoi à on-ne-sait-qui sur un vieux scooter emprunté à un pote. C'est au retour de sa mission, donnée par un grand patron habillé en noir qui fumait le cigare, qu'il avait légèrement ignoré la caisse des flics garée dans un coin. Son insolence et son mépris habituel pour toute forme d'autorité avait fait le reste. Il avait été embarqué par des flics mécontents mais qui pour l'instant n'avait rien d'autre à lui reprocher qu'une grande gueule. Ces idiots n'avaient pas pensé à faire un test toxicologique, et encore heureux ! Et puisque définitivement la chance était de son côté, Jules avait eu le temps d'envoyer un sms "help, police" au numéro "en cas d'urgence" que son boss lui avait communiqué avant de l'envoyer faire sa petite course. Donc, Jules ne s'inquiétait pas trop de l'issue de cette garde à vue. C'était ça quand on travaillait pour des gens qui en ont dans le pantalon. Enfin, travaillait était un bien grand mot, il n'y avait eu ni contrat de signé ni même de cérémonie satanique où chacun mélange son sang en s'écorchant avec une dague. Jules rendait des services rémunérés de temps en temps. Il ne posait aucune question, il faisait ce qui lui était demandé. Bien sûr, il fallait être idiot pour se dire que c'était un boulot honnête. Ils avaient tous des gueules de mafieux dans ce milieu. Mais, et alors ? Ca faisait longtemps que Jules avait tiré un trait sur l'espoir de gagner honnêtement sa vie. Il était en décalage avec le monde, en marge. L'argent facile en fournissant deux trois infos ou bien en jouant les coursiers en pleine nuit, ça lui convenait tout à fait. Ca ne prenait pas beaucoup de temps, et il n'avait toujours pas de fiche d'impôt à remplir. C'était parfait. Enfin, presque.
Abberline, ton père est là. Jules arqua un sourcil. Ca, ça l'étonnerait. Puisque son père était tout simplement mort et enterré et que, quand bien même serait-il en vie, il n'avait jamais fais le déplacement pour le sortir d'une garde à vue. Mais bon. Jules afficha son plus large sourire et se leva, marmonnant un C'est pas trop tôt. tandis qu'on le faisait sortir de sa cellule. Là, à l'entrée, se trouvait une espèce d'armoire à glace qui n'avait pas vraiment envie de rire. Jules lui sourit, donnant un grand coup amical dans le dos de ce gorille. Salut, papa ! L'armoire à glace ne daigna pas répondre, termina de signer les papiers pour faire sortir le jeune homme et tous deux quittèrent le commissariat. A peine eurent-ils fait deux pas dehors que le colosse se mit à parler. Le boss, veut te voir. Très,Al Pacino dans le genre. Jules arqua un sourcil, et pouffa de rire. Maman est fachée ? Cette remarque cinglante valu au tatoué un regard noir. Al Pacino monta à droite au volant, tandis que Jules se tapa le siège passager. Une fois assit dans la voiture, il ferma les yeux, se passa une main dans les cheveux et sortie de sa poche une clope, enfin surtout un joint en fait. Le colosse lui lança un coup d'oeil. Tu ferais bien d'être clean quand tu t'expliqueras, il n'aime pas tellement ce genre de comportement. Jules se contenta d'hausser les épaules, indifférent.
On le déposa dans le Londres des riches devant une sorte de petit bar dans le style bar clandestin de la période de la prohibition. Forcément, Jules faisait tâche, vêtu d'un vieux jean et d'un pull informe en grosse laine détendue, son teint blafard, ses cernes jusqu'aux épaules et ses yeux rougies par les médocs et la weed. On l'escorta cependant jusqu'à l'arrière boutique, ou bien le carré vip, Jules ne savait pas très bien faire la différence. L'important, c'était que, avachit sur un canapé, se trouvait "le boss". En fait, Jules ne savait même pas comment il s'appelait. Quand je vous disais qu'on ne posait pas de question dans ce genre de milieu. Enfin, l'armoire à glace avait raison, il ne semblait pas d'excellente humeur. Jules se contenta de secouer les bras, ballant, attendant qu'il ouvre la discussion. Et puis il soupira un grand coup. Le silence se faisait pesant et puisque Jules avait vraiment hâte de partir, il finit par parler, avec son cynisme habituel : Papa m'a dit que vous vouliez me voir. Donc, je suis là... Dit-il simplement, avec un air de petit ado rebelle convoqué dans le bureau du proviseur.
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(✰) message posté Mar 10 Mar 2015 - 6:24 par Invité
Un jour ou l'autre, on prend tous des sens interdis.
Jules & Dimitri
« Le gouvernement aura une nette préférence pour mettre n'importe quel prix dans leur produit plutôt que de laisser leurs ennemis se retrouver avec cette technologie... L'intérêt est de garder un ou deux coups d'avances. »
Je vide mon verre de whisky, observant le plateau d'échec se trouvant sur la table basse de ce salon privé, l'homme en face de moi hochant doucement la tête après mes paroles, redirigeant sa concentration sur l'impasse dans lequel il se trouve. Mais le plaisir de jouer à ce jeu – ou plutôt à cet art tel que décrit Zweig – est plus grand lorsque la personne montre une résistance ainsi qu'une logique aiguisée. La déception n'est pas au rendez-vous, bien au contraire. Débloquant la situation dans laquelle je souhaitais l'enfermer, l'homme face à moi laisse apparaître un fin sourire, ainsi qu'une lueur de défis dans son regard. Glissant mon doigt sur ma joue, je reste silencieux, mon esprit fixant les différentes pièces, chaque carreaux blancs et noirs pour comprendre au mieux la situation. L'écrivain autrichien cité précédemment est le créateur d'un personnage logique, froid, fermé sur son jeu... mais à l'esprit tellement aiguisé qu'il tranche jusqu'à l'imagination elle-même. Bien que je partage cet froideur, je ne suis pas ce personnage : l'imagination est un composant important, cela forme une importante partie de moi-même. C'est pour cette raison que j'ai besoin d'imaginer chaque coups que le joueur d'en face peut tenter face à moi... Je pense que cela reste l'activité la plus difficile qui puisse exister, que cela soit pour moi ou pour d'autres personnes. Je me prépare alors à déplacer mon fou, alors que j'entends quelque toquer à la porte. Je tourne les yeux, avant d'attraper un paquet de cigarettes « gitanes », glissant l'extrémité d'une entre mes lèvres avant d'allumer la seconde avec mon fidèle zippo. Mon adversaire comprend rapidement et se lève, tandis que je le suis du regard.
« Nous ferons une nouvelle partie plus tard. Il n'y a pas besoin de modifier ton programme... tu sais ce que tu as à faire. Oh et... merci pour les cigarettes. »
Puis, il prend congé, simplement, par la porte principale tandis que je fais signe à une femme d'origine asiatique, vêtue d'un pantalon sombre et d'un chemisier blanc, d'ouvrir la porte. Faisant tourner la cigarette entre mon index et mon pouce, j'observe le jeune homme entré, me concentrant sur ses yeux injectés de sang et ses cernes profondément marquées sur son visage. Même si l'on ne m'avait pas appelé pour prévenir des charges se trouvant sur sa tête, j'aurais facilement compris... Sans le voir maintenant, je sais que ce cher Jules est dépendant à certaines substances et qu'il est loin d'être le plus coopératif possible auprès des forces de l'ordre. Pourtant il fait parti des petites mains que je paye pour quelques boulots... Son comportement est dangereux, c'est vrai, mais il n'est pas imprévisible. Au final, ce qu'a besoin ce jeune homme c'est de l'argent. Il est de ceux dont la loyauté varie selon le prix et la sécurité. Je lui apporte les deux, il n'a donc pas à devenir un problème... Bien que ce serait idiot de ma part de ne pas imaginer un scénario ou cela arriverait. Le proverbe se doit d'être suivi : Prudence est mère de sûreté. Je laisse échapper un soupir, tandis que je me lève pour me diriger vers une console, attrapant mon verre ainsi qu'une bouteille de whisky provenant de l'île écossaise « Islay ». Versant l'alcool dans le verre, je retourne prêt du canapé, avant de m'y réinstaller.
« Je me demande combien de temps vas-tu jouer avec ta chance. Il est vrai que je suis quelqu'un d'extrêmement soucieux du détail, je prends la peine de suivre les avancées des missions que je donne. Chaque choses sont compartimentées,j'ai des personnes auquel j'ai délégué certaines responsabilités mais toujours sous mon contrôle... Mais tu es un cas à part, il faut savoir te manier avec précaution, c'est en tout cas l'impression que j'ai eu en te voyant la première fois. » Je fais tomber un peu de cendres dans le cendrier, avant de glisser à nouveau l'extrémité de la cigarette entre mes lèvres. « Le problème est que certains de mes clients sont atteints de paranoïa... vois-tu, ce n'est pas très rare ici, on regarde toujours par dessus son épaule et par dessus celles des autres aussi, en espérant ne jamais voir quelqu'un tentant de voir ce que tu fais, ou comprendre à quoi tu pense. Malheureusement, la personne à qui tu as fais la livraison est aussi soucieuse du détail que moi... peut-être plus, cela dépasse même peut-être la paranoïa ordinaire. Par je ne sais quelle combine, il a apprit que tu as été mis en garde à vue à cause de ton effraction. Deux heures après ton sms, je recevais déjà une dizaine d'appels de cette personne, au final il a failli me glisser entre les doigts à cause de ton erreur et de sa fichue crainte de partager sa cellule avec une personne, je cite, qui ferait sa loi. J'ai promis que je m'occuperais de ce problème et que cela ne serait en rien un problème dans notre « relation ». Il a décidé de prendre quelques vacances au Brésil... enfin passons. » Je me lève, attrapant mon verre tandis qu'une main se trouve dans ma poche, ayant avant cela posé la cigarette dans le cendrier. Prenant une gorgée du breuvage, je marche un peu dans ce salon VIP, avant de retirer la main de la poche, faisant claquer mon zippo. Et tandis que l'asiatique se pose devant un ordinateur portable pour lire une œuvre d'Oscar Wilde, en jetant par moment quelques coups d’œil sur l'écran, je me mets à côté du jeune homme, prenant une seconde gorgée. « Alors dit moi... qu'aurais-tu fais si tu avais été pris pendant la livraison ? Non, pire encore... si ils avaient respectés le protocole et qu'ils avaient fait quelques testes de toxicologies mineurs ? Dis-moi... Qu'aurais-tu fais ? Je veux bien t'offrir la sécurité et un salaire non imposable, mais j'aimerais savoir si tu m'aurais trahis... ou si tu es prêt à faire quelques efforts. »
Une troisième gorgée, tandis que j'observe le jeune homme.