"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. w/ julian - Page 2 2979874845 we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. w/ julian - Page 2 1973890357
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() message posté Dim 14 Déc 2014 - 11:36 par Invité
we hurt the ones we love the most because the ones we love the most hurt us. ;; the ones that love us never really leave us. but maybe that's what the dead do. they stay. they linger. benign and sweet and painful. they don't need us. they echo all by themselves. ✻✻✻ Un crissement dans la pénombre. Des gestes mal-mesurés. Un fauteuil, un fauteuil qui s’alourdissait à chacun de mes mouvements empreints d’un désespoir voilà. Ma condition se révélait dans toute sa splendeur à mesure que j’avançais vers la sortie, péniblement, les bras douloureux et le cœur déchiré. Je ne pouvais m’en aller la tête haute. Je ne pouvais fuir réellement ; la nature avait fait de moi un être plus faible que les autres. Julian n’aurait qu’une poignée d’enjambées à faire avant de revenir à ma hauteur. Julian n’aurait qu’à courir pour me distancer, moi, m’empêchant ainsi de le fuir à mon tour. Malgré le temps, je souffrais de cette réalité qui serait toujours mienne. J’étais révoltée par l’injustice. Accablée par le sort. Les pensées se pressaient dans mon esprit, renfermant mon cœur dans un mutisme que je ne lui connaissais que trop peu. Il disparaissait au fond de mon être, se retirant dans les ténèbres de mon âme. Il était en deuil. En deuil de toutes ces années qui n’avaient rimé qu’au son de la voix de Julian. Toutes ces années qui n’avaient de un sens qu’avec son souvenir ou sa présence. Toutes ces années qui se prenaient fin dans un dernier éclat de douleur. Tout cela était terminé. Nous nous étions perdus. Nous avions perdu. Perdu nos âmes, perdu nos cœurs, perdu ces enfants que nous avions un jour été et que nous avions enterré sous les vagues d’un océan tumultueux. Perdu. Perdu. Perdu. Ce mot cisaillait mon âme. Cisaillait mes pensées. Cisaillait mon cœur. J’avais mal, d’un mal constant qui venait grignoter mon être avec une lenteur exaspérante.
Et, quelque part, ce qui se passait me donnait raison. L’abandonner sans un mot avait été plus facile que de le quitter avec toute cette douleur et cette amertume. J’avais réussi à avoir une autre fin, après mon accident. A avoir une fin imparfaite mais apaisante, idyllique et sourde, qui n’avait dépendu que de mes choix. Je ne m’étais pas battue avec lui. Nous n’avions pas eu le temps de nous déchirer. Il n’y avait pas eu un mot désagréable, ni même une parole dépassant les limites de la décence. Peut-être aurions-nous dû ne jamais nous revoir. J’aurais conservé tout ce qu’il m’avait enlevé, cette image douce et belle de lui qu’il avait déchiré. J’aurais continué de l’aimer et, dans son absence déchirante, j’aurais trouvé du réconfort dans ce passé qui me poussait à continuer. Désormais, il n’y avait que désolation et tristesse. Nostalgie et douleur.
Nous n’aurions jamais dû nous retrouver. Pas pour nous déchirer de cette manière. « Oui. » répondit-il à ma vaste question. Peut-être ne regrettions-nous pas les mêmes choses mais notre existence à tous les deux était marquée par des remords. Je ne savais pas si cela me satisfaisait. A vrai dire, je ne savais plus rien, plus rien du tout. « Oui, je regrette. » poursuivit-il avant de marcher et me dépasser. N’était-ce pas ce que j’avais pensé, une poignée de secondes auparavant ? Il pouvait me fuir si facilement. Il ne se rendait pas compte à quel point son option de facilité à lui n’était que l’option la plus difficile pour moi. Partir. Partir. Partir. Il n’avait que quelques pas à faire. Pourtant, j’avais l’impression que, pour mon corps, cela était comparable à traverser le monde entier. « Je regrette beaucoup de choses, mais je suis aussi reconnaissant. J’ai enfin ouvert les yeux, Ginny. Tu n’es pas heureuse avec moi. Tu ne le seras jamais. » poursuivit-il dans un murmure. Je levai les yeux au ciel. Il clamait toutes ces choses comme s’il n’était pas celui à écraser mon bonheur entre les paumes de ses mains. « Tu ne me croiras certainement pas, mais je veux que tu sois enfin heureuse Eugenia Berenice Lancaster, Fille de Galles, déchue des Highlands. Prouves-moi que j’avais tort de penser que tu étais stupide et naïve… Même si tu n'as rien à me prouver, j'attendrais ta vengeance sur moi. » Il m’observait du coin de l’œil et je secouai la tête. Il m’avait blessé dans ses gestes, en me lâchant dans la mer et en m’abandonnant à mon sort en proie à la maladie, mais cela avait toujours été ses paroles qui avaient laissé des traces cuisantes sur mon âme. Mon enveloppe corporelle était trop abimée pour que je m’attarde aux cicatrices qu’il y laissait ; cependant, mon âme d’enfant n’avait pas su s’en sortir avec les phrases blessantes qu’il m’avait lancé, à chaque fois animé d’une colère nouvelle.
Sa colère. J’avais peur de sa colère, peur de ce qu’il était capable de penser et de me dire. Je me fichais qu’il me frappe. Qu’il me lâche. Qu’il me brise les os ou qu’il me noie. Mais je ne parvenais pas à me détacher de tous ces mots qu’il prononçait avec emportement. Je déglutis avant de passer mes mains sur mes roues, donnant deux coups afin d’arriver à sa hauteur. Je levai la tête vers lui, le regard vide, les yeux froids. « Moi qui pensais que tu me connaissais réellement. » marmonnai-je avant de reposer mon regard sur la porte du cimetière. « Tu n’as vraiment rien compris, hein ? Je ne peux plus être heureuse, avec ou sans toi. Tu as détruit les derniers souvenirs auxquels je me raccrochais encore pour vivre. Ces derniers souvenirs qui me rappelaient que, peut-être, ma vie valait la peine d’être vécue. Mais ce n’est pas grave. Depuis quand est-ce que je vis pour moi ? Je n’ai qu’à faire comme je faisais avant de te rencontrer. Vivre pour les autres. » Vivre pour ma mère. Vivre pour mon père. Vivre pour ma sœur. Vivre pour ces personnes qui croyaient que leur bonheur se construisait avec moi à l’intérieur de leur bulle. Désabusée, je poussai un soupir, avant de finalement reprendre mon chemin et le laisser derrière moi.
Le laisser derrière moi. Le laisser là.
Je tremblai de tout mon corps, mais cela n’était pas le froid de décembre qui m’animait ; cela était la peine, cette peine qui semblait grandir encore et encore dans mon cœur. Etait-ce possible de n’être plus que ténèbres ? Etait-ce possible de n’avoir que mal, encore et encore ? Je déglutis avec difficulté, fermant les paupières. J’étais perdue, soulagée, attristée. J’étais perdue, en proie à des centaines d’émotions qui m’assaillaient. Mais je gardais la tête haute en passant la grille en fer forgé du cimetière, avant de m’avancer dans les rues de Londres. Je l’avais laissé.
Je l’avais laissé derrière moi. Je l’avais laissé là.
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