I am Jack's smirking revenge ∞

Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; J'ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure. J'ai grands ennuis entremêlés de joie. La porte se referme discrètement, dans l'espoir de ne pas réveiller l'éternelle tornade blondine qui dort à l'étage. Miles étire un sourire, retirant sa veste qu'il laisse pendre à la patère. Il se dirige vers le salon pour congédier la jeune babysitteur qu'il a pris pour la soirée, afin de garder sa petite Prunille le temps qu'il s'offre une soirée charme avec une collègue. Mais lorsqu'il passe dans le couloir qui donne sur l'escalier, une petite fille se redresse et croise ses bras devant elle. « Tu étais où ? » Miles tourne le visage sur sa prunelle, fronce des sourcils en jetant un coup d'oeil sur sa montre. « Qu'est-ce que tu fais encore debout toi ?! » « Tu étais où papa ? » Il s'approche d'un pas vers les marches, lève des épaules avec nonchalance : « J'étais avec des collègues pour discuter du travail. » « Alors, pourquoi tu as embrassé cette femme dehors ? Tu lui apprends ton travail comme ça ?! » Les deux billes océans lancent des éclairs au paternel, qui se revoit quelques années auparavant face à la menace maternelle alors qu'il avait dépassé le couvre-feu. Sauf que là, il est face à sa fille de huit ans, boudeuse et visuellement en colère. « Je n'ai aucune explication à te donner jeune fille, je suis un adulte et je suis en droit de faire ce dont j'ai envie. » « Maman est partie depuis quatre cent vingt-deux jours et tu veux déjà te trouver une autre femme ! » Miles se prend l'incapacité émotionnelle de sa fille à partager de nouveau son foyer avec une autre personne que son père. Déjà qu'elle accepte que moyennement les gardiennages avec une babysitteur, alors envisager de refaire sa vie est à l'évidence, bien trop tôt. Il s'assoit sur les marches, attire sa petite fille d'un geste sur ses genoux et dépose un baiser sur sa tempe. « Excuse-moi ma prune... » La jeune blondine croise les yeux de son père, hoche de la tête à ses excuses avant de se relever pour retourner dans son lit. Miles soupire en observant la silhouette de Prunille disparaître derrière la porte de sa chambre, puis il va réveiller la jeune étudiante. « Merci. Elle a été sage ? » Apparemment, pas énormément. Mais il n’a pas le cœur d’être trop sévère avec elle, le départ soudain de sa mère est encore une souffrance qu’il ne peut malheureusement, amoindrir. Il a pourtant eu espoir que les nombreuses séances psychologiques aboutissent à quelque chose, mais le résultat reste le même ; Prunille n’accepte pas l’abandon et encore moins de s’ouvrir à d’autres personnes. Il va devoir être patient et s’oublier quelques temps, au profit de sa fille.

Peu à peu, la pièce s'apaise après l'ambiance morose que la jeune blondine venait d'installer avec une mélodie douce, tiède mais d'un tragique affligeant qui vous retourne l'estomac, qui pénètre jusque dans vos entrailles pour vous noyer petit à petit. Prunille éloigne ses mains pâles des touches monochromes afin de se retourner vers son professeur, ses lippes gourmandes étirées par ce petit sourire taquin qui la caractérise habituellement. « C'était magnifique Prunille, mais encore une fois, si triste. Pourquoi n'essayes-tu pas de respecter le thème que l'on t'impose. Nous offrir une mélodie qui représente la joie plutôt que le tourment ? » La jeune blondine se lève du piano, referme sa partition pour la glisser dans son sac. « Parce que la joie ne m'inspire pas. » « Pourtant, il y a de merveilleuses musiques entraînantes, qui représente l'allégresse. » « Peut-être, mais moi, je ne vibre qu'à la tristesse, qu'à la souffrance... » Mr Callow hoche de la tête, étire un léger sourire envers l'une de ses meilleurs élèves. « J'espère que tu sauras te laisser approcher par le ravissement un jour, car ta capacité à nous envoyer toutes les ondes moroses sont déjà saisissantes. Alors, j'aimerais tant voir tes prouesses autrement, dans un autre thème. » La petite blonde écoute, mais elle ne compte pas changer ce qui lui parle le plus. Sa souffrance est ce qui lui va le mieux, elle en a besoin pour s'épanouir dans la musique. Elle a déjà essayée de se laisser porter par la joie, mais le résultat n'a pas été suffisamment délectant. Pire encore, il n'a insufflé que mécontentement, frustration et colère. Elle quitte le cours, avec la promesse hypocrite de se pencher sur une mélodie plus entraînante pour la prochaine fois. Bien évidemment, elle ne le fera pas et puis, elle est sur les derniers cours avec Mr Callow, car dès septembre prochain, elle rentre au conservatoire. Cette place n'est due qu'à ce qu'elle a fait jusqu'à présent, soit du drame, encore du drame et toujours du drame.

Puis, quand je crois ma joie être certaine, Et être au haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur. « Franchement Prunille, tu me déçois ! » La jeune fille tourne ses prunelles lagons sur son père, un sourire mauvais sur ses lippes. « Elle a été odieuse, aurait-il fallu que je me laisse faire ? Non... » « Mais de là à lui casser le nez, enfin Prunille ! » La jeune blondine soupire en levant les yeux vers le ciel. « Elle l'a mérité et je ne le regrette pas ! » « Tu as de la chance que tes résultats scolaires te sauvent, sinon ils auraient pu t'expulser ! » « Je termine l'année et après, je vais à la fac p'pa ! Pour deux mois, franchement ! » « Ça suffit ! » Miles attrape sa fille par le bras pour l'emmener jusqu'à la voiture, il claque sa portière et une fois derrière le volant, à l'abri des oreilles indiscrètes, il explose. « J'en ai assez de ton caractère. Il va falloir changer de ton avec moi jeune fille, je suis ton père et pas un ami. Lorsque je dis que ce n'est pas bien, tu n'as pas à trouver une raison, c'est mal point ! » Boudeuse, elle s'adosse contre le fauteuil en réfrénant un grognement de contrariété. « Pourquoi aujourd'hui ? Est-ce que c'est parce que ce soir, tu vas la rencontrer ? » Prunille détourne le visage sur la route, ne souhaitant nullement évoquer ce sujet. En effet, Miles est en relation depuis quelques mois avec une femme et cela semble de plus en plus sérieux. D'ailleurs, il envisage même de l'épouser, pour prouver à quel point il en est épris. Mais ça, la blonde l'ignore encore et il préfère attendre encore quelques mois avant de faire sa demande. Ce soir, sa collègue et celle dont il est épris vient passer le weekend, profitant de cette occasion pour que Miles fasse rencontrer les deux amours de sa vie. Il espère que tout se passera bien, mais Prunille n'a jamais été jusqu'à présent, très réceptive à ses conquêtes, enchaînant les mauvaises plaisanteries et les remarques douteuses afin de les faire fuir. De toute manière, il ne sacrifiera pas cet amour pour sa fille. Il a bien souvent pensé à sa fille plutôt qu'à lui, il ne laissera pas passer ce bonheur. Elle est la femme de sa vie, il veut s'unir à elle et pouvoir vieillir à ses côtés. Miles n'est pas le plus serein des hommes, peut-être la raison pour laquelle il profite d'un moment unique avec Prunille pour parler avec elle. Elle n'est pas réceptive, pour changer et cela l'angoisse. Que va-t-elle préparer pour sa prochaine femme ?

« Tu es sûre de ta décision ? » « Oui, je veux partir à Londres. J'ai besoin de m'éloigner sinon, je sens que... Il faut que je parte p'pa ! » Miles tourne son regard sur son épouse avant de revenir sur Prunille. Il a du mal à laisser partir sa fille mais c'est son choix depuis déjà plusieurs mois. Depuis avril, elle parle de partir parce qu'elle ne se sent pas bien. Qu'elle va finir par devenir mauvaise et que si ce n'est pas une dispute avec sa femme, ce sera entre Prunille et son père qui éclatera. Elle préfère l'éloignement que de perdre sa confiance, son estime ou son amour. Il soupire, vient prendre sa fille dans ses bras tout en déposant un long baiser sur son front. « Appelle-moi tous les jours et si ça ne se passe pas bien avec Rhys, alors tu reviens illico à la maison, promis ? » Elle hoche de la tête, ramassant son sac. Elle tourne un regard sur la voleuse de son père, ne lui offrant qu'un sourire minime. Mais celle-ci vient l'étreindre, elle reste raide entre ses bras car,, elle n'a jamais accepté jusqu'à présent, le moindre rapprochement. Elle ne la déteste pas, mais elle prend une place qui lui déplait. Alors, là voilà qui quitte Cardiff pour rejoindre la capitale londonienne, pour vivre avec un demi-frère qu'elle n'a croisé qu'au mariage de son père. C'est sa belle-mère qui a arrangé les choses mais Prunille doute qu'elle restera dans ce logement bien longtemps. Ils ne se connaissent pas ou très peu. Mais la jeune blondine souhaite surtout s'offrir une nouvelle chance ailleurs afin de pouvoir respirer par elle-même et de pouvoir déverser toute la colère enfouie ailleurs. Faire disparaître cette amertume brûlante pour se replonger dans sa passion première, la musique.