Je sais que c’est idiot. Je sais que rien n’arrivera tant qu’on ne sera pas rentrés. Mais plus je regarde sa main et plus j’ai envie de lui. C’est malsain, surtout avec Noam à l’arrière… Du coup, j’essaie de revenir à son visage, son sourire, ses yeux. Non… en fait, rien de tout ça ne m’aide. C’est même pire… « On s'en sort tous vivants, c'est le principal. » [/b][/color] Je souris un peu plus, me retenant de lui dire à quel point je suis fier de lui et de la façon dont il a su gérer tout ça… Parce que plus j’y pense et plus je me dis que, dans son cas, je n’aurais pas surement pas supporté la moitié des choses qu’il a dû subir. Heureusement pour nous, la soirée s’est plus ou moins bien terminée…
« Je suis déçu... Ta mère m'a demandé de te quitter si je t'aimais. Pour ton bien... Elle ne m'a même pas proposé un petit chèque pour le faire. Ça marche comme ça dans les films pourtant. » Sur le coup, je ne peux pas m’empêcher de froncer les sourcils. Jamais je n’aurais cru que ma mère puisse être aussi malsaine. Où est donc passé la mère prête à tout pour soutenir son fils ? J’en viens presque à me demander si ce n’était pas de la comédie, toutes ces heures passées à parler de ma sexualité, à lui expliquer tout ce que je pouvais ressentir… Aurait-elle eu la même réaction si je lui avais ramené une mère célibataire ? Je ne crois pas.
« Désolé pour ça… » Je force un sourire, conscient que ce n’est pas à moi de m’excuser. Mais qui le fera si je ne le fais pas ? Ma mère ? La bonne blague… Et puis ce n’est pas comme si Elias m’avait entendu. Monsieur est bien trop occupé à fixer la baraque de la vieille pour m’entendre... Allo la lune ? Ici la terre…
« Je t’aime. Et je n’vais nul part. » BAM. Coup de poing en plein estomac, respiration : zéro. Le regard planté dans celui d’Elias, j’attends de le voir se mettre à rire ou se reprendre… Pas que je ne sois heureux de l’entendre dire, bien au contraire… c’est juste que… C’est juste que je ne sois vraiment pas doué pour ce genre de truc et j’ai beau essayé, je suis incapable de lui répondre quoi que ce soit. J’ai juste envie de… DIS QUELQUE CHOSE MERDE ! JE SAIS PAS MOI, MERCI ? Pas le temps de suivre mon propre conseil qu’Elias m’embrasse. Pour le coup, j’avoue être rassuré. Je l’aime. C’est un fait. Mais contrairement à lui, je n’ai jamais su l’exprimer correctement. Moi, je me contente de le bouffer du regard à longueur de journée et de lui sauter dessus dès que possible. C’est plus direct, moins romantique mais c’est la seule manière qui ne nécessite pas de long discours… chose pour laquelle je suis loin d’être doué. Quand il finit par s’éloigner, j’ai l’impression d’être à milles lieux d’ici. Comme si toute cette soirée s’était déroulée il y a des années. A croire que plus rien n’a d’importance… Ne reste que lui et moi… Elias, moi… et ce feu brûlant qui enflamme maintenant la région sud de mon anatomie.
« Go. On s'est assez éternisés. » Sa voix et sa main sur ma cuisse finissent par me ramener sur terre. Gêné, je me racle la gorge et prends une profonde respiration en me réinstallant le plus confortement possible. Car sans m’en rendre compte, je mettais presque suffisamment avancer pour le renverser contre la portière…
« Ok… » Finis-je par souffler de frustration au moment même où je mets le contact.
« J'ai dormi tout l'aller, tu veux que je conduise pour le retour? » Pour le coup, je ne peux pas m’empêcher de froncer les sourcils. D’abord parce que je ne comprends pas trop où il veut en venir et ensuite parce que je ne vois pas trop le rapport avec ce qui vient de se passer… A moins qu’il cherche à noyer le poisson ?
« Euh… ouais… ok. » Toujours aussi perplexe, je remets le frein en main et sort de la voiture. On échange les places en silence. Côté passager, j’essaie de réfléchir sur le pourquoi du comment. Est-ce à cause des verres que j’ai bu ? Non parce que si c’est ça, j’ai largement eu le temps de décuver… à moins qu’il essaie de me demander une gâterie mais dans ce cas là, je dois bien avouer que le moment est mal choisi.
« Ok. Direction la maison. » Je souris et essaie d’oublier ce qui l’a poussé à me demander les clés. Non pas que je sois en colère… c’est juste que ça me travaille. Mais bon, vu mon état, je ne suis pas sûr que ça dure très longtemps... D’ailleurs, en parlant d’une question qui me taraude : pour ou contre la gâterie au volant ? Parce que je dois bien avouer que toute cette déclaration m’a mis en appétit finalement.