| ( ✰) message posté Lun 17 Nov 2014 - 23:37 par Invité « Il faut apprendre à voir avec ton cœur. » Victor & Sloan Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
Lundi après-midi. Le week-end de Sloan avait été assez mouvementé ; c'était l'anniversaire de Joe, le violoniste avec qui il liait une amitié assez chaotique, puisque ils ne se voyaient que pour dépasser leur limites d'alcoolémie, semblait-il. Le samedi matin, Sloan avait vu un message écrit à même son visage pour lui rappeler un foutu pari, tombé dans les oubliettes de sa mémoire de lendemain de murge : il devait se faire tatouer ou payer Joe. Sloan s'y était plié, mais on ne peut pas dire que l'ergothérapeute avait fait preuve d'un grand courage lorsqu'il s'était retrouvé, tout nauséeux d'alcool et de panique, dans un salon de tatouage à Camden... Cela lui avait permis de faire une bien belle rencontre, avec une experte en histoire viking et celte, Georgina. Même si, au fond de lui, Sloan avait vraiment honte de sa couardise déplorable lorsque le bruit des machines pleine d'encre l'avait fait tourné de l’œil... Le dimanche, il était resté chez lui, ne sortant que pour Kiba, son akita inu, gentil mais absolument barjot. Pire que certains de ses patients. Quoique... Ce même matin, il avait eu affaire à Miss Wintson, une femme complètement hystérique. Il l'écoutait, lui parlait, lui donnait des conseils, mais à la fin de chacune des séances avec cette femme, Sloan avait une migraine pas possible. Elle s'exprimait plus facilement en cris qu'autre chose... Épuisant. Avait suivi Mr Smith, un jeune homme d'à peu près le même âge que Sloan qui avait fait une cure de désintoxication. Il en gardait de solides séquelles mentales, comme un énorme manque de confiance en lui et une espèce d'hypocondrie croissante. Sloan devait passer son temps à le rassurer, ce qui lui faisait avaler un cachet d'aspirine supplémentaire lorsque celui-ci s'en allait enfin... Sloan avait beau adorer son métier, il n'était pas facile. Ces patients-là étaient de loin ceux qu'il préférait. Il en avait certains qui étaient agressifs ou alors encore totalement taciturnes, muets. Juste déprimants. Et Sloan passait alors ses soirées à se gaver de glace et de chocolat, luttant pour ne pas pleurer tant il broyait du noir. D'ailleurs, le patient qu'il devait accueillir maintenant faisait un peu partie de cette catégorie. Victor Wilde. Un jeune garçon, encore aux études, devenu aveugle suite à une mise à tabac particulièrement violente. Le pauvre garçon était devenu sinistre. Si leurs premiers entretiens n'avaient été que silences, que Sloan comblait avec de la musique classique pour égayer un peu l'ambiance pesante, Victor avait fini tout doucement par lui parler. Mais Sloan avait encore pas mal de boulot, avec lui... Qu'à cela ne tienne, il arriverait un jour à rendre le goût de vivre à ce lycéen, bien trop jeune pour se laisser abattre ! L'heure du rendez-vous avançait. Le sang ne battant plus trop à ses tempes, Sloan se mit à relire les dernières notes qu'il avait prise au sujet de Victor, histoire de bien redémarrer cette séance-ci. Il n'allait pas tarder... copyright crackle bones |
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| ( ✰) message posté Mer 26 Nov 2014 - 10:33 par Invité T’as pas envie d’y aller. Pas envie de parler. Pas envie de raconter ce qui peut bien te tourmenter. Lui. Parce que quelque part, t’as trop peur qu’en parler rende les choses plus réelles. Puis tu serais obligé de tout expliquer. De dévoiler ce que tu gardes enfoui depuis des mois. Tu passes la main sur ton visage, soupirant longuement. Ta meilleure amie t’a déposé ici. Puis elle s’est barrée. Rendez vous foireux avec un petit ami à la con. Toi, tu lui as même pas parlé de Dmitri. Parce que t’en as parlé à personne. Parce qu’il faudrait expliquer que tu couches avec lui depuis des mois. Elle comprendrait pas. En même temps, qui comprendrait ? Dmitri, il a passé son lycée et une bonne partie du collège à t’humilier pour ta différence. A te traiter de pédé. Dmitri, il est la raison pour laquelle t’as perdu la vue. Et pourtant, t’es toujours là. A t’battre avec lui. A crever de douleur sous ses mots dégueulasses. A l’frapper pour tout le mal qui te fait. Puis à te perdre sous ses coups de reins.
T’es paumé. Depuis la dernière fois. Enfin, t’as toujours été un peu paumé. Mais là, c’est pire. Tu t’souviens pas bien de cette soirée. Ta meilleure amie voulait que tu agisses comme un adolescent normal. Alors elle t’a trainé à une soirée. Et comme un con, tu t’es laissé faire. T’avais pas prévu d’apprendre qu’il en baisait d’autres. D’autres mecs. T’avais pas prévu de te défoncer la gueule à coup de vodka. Ni qu’on s’amuse de ta cécité pour te faire boire un peu plus. Puis surtout, t’avais pas prévu qu’il vienne t’arracher aux pates de ces adolescents stupides. Tes souvenirs sont vagues. Un peu flous. Pourtant, ils sont là. Et tu te souviens de cette douceur un peu étrange. Tu sais que vous avez rien fait. Que pour la première fois, t’as dormi près de lui sans que vous ayez baisé. Et ça, ça fout l’bordel dans ta tête de gamin. Et maintenant, il t’ignore ce connard. Putain.
Tu sursautes presque en entendant la porte s’ouvrir, t’arrachant de tes pensées. « Victor ? » Tu soupires un peu en te levant, dépliant ta canne pour le suivre jusque dans le bureau. Sa main vient se poser sur ton dos pour te guider jusqu’à la chaise. Et tu t’y assois, repliant ta canne en silence.
T’attends qu’il parle. Qu’il te pose ses questions idiotes. Auxquelles tu répondras surement vaguement. Oui, ça va. Oui, t’as passé une bonne semaine. Oui, tu dors bien. Bullshit. Y’a rien de tout ça qu’est vrai. Tu dors pas. Toujours pas. Et les cernes sur ton visage en témoignent parfaitement. Y’a toujours ces cauchemars qui te pourrissent la vie. Ironiquement, y’a qu’avec lui que t’as bien dormi. Paisiblement, blotti contre son corps. Putain de paradoxe à la con.
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