(✰) message posté Sam 15 Nov 2014 - 12:14 par Invité
Tu t'es levé tôt aujourd'hui, parce que c'est un jour important, parce qu'il vient chez toi, parce que tu as plein de choses à préparer, plein de choses à ranger. Il vient chez toi et cette fois-ci tu l'as invité de ton plein gré, il ne s'est pas imposé sur ton canapé, complètement défoncé. Tu l'as invité à venir passer l'après midi chez toi, à des fins artistiques bien entendu. Tu es déterminé à le peindre. Tu veux en faire une toile, tu veux le capturer tel qu'il est vraiment. Tu veux le lui montrer, lui faire un choc, lui faire prendre conscience qu'il n'est pas celui qu'il pense être, qu'il y a encore de l'espoir. Tu veux l'aider, oui, mais surtout tu veux que sa beauté soit immortelle. Tu veux que les traits de son visage ne meurent jamais, tu veux les peindre pour les rendre éternels. Ses yeux ne doivent pas être oubliés, tu veux les avoir avec toi sans arrêt. Tu ne veux pas qu'ils te quittent, tu ne veux pas qu'il cesse de te regarder, alors tu vas les peindre, tu vas les poser sur cette toile et ainsi ils ne te quitteront pas même si lui disparaît, même si lui t'abandonne. C'est malsain, ce n'est pas bien. Tu ferais mieux d’essayer de l'oublier, de l'arracher de ton esprit, de le sortir de tes pensées. Tu sais que ce n'est pas bien, tu sais que ce n'est pas une chose à faire, mais tu n'y peux rien. Tu veux le représenter sobre, tu veux lui montrer à quel point il est beau quand ses pupilles ne sont pas dilatées, tu veux lui montrer à quel point il te plaît lorsqu 'il n'a rien prit. Mais il le prendra mal, ce n'est pas une chose à faire, ce n'est pas à toi de le faire. Tu n'en n'as pas le droit, il t'en voudrait, et tu ne veux pas qu'il t'en veuille. Tu ne veux pas qu'il fuie, tu ne veux pas qu'il s'échappe alors qu'il est plus proche que jamais. Tu veux pouvoir lui enlever son masque, petit à petit, lui enlever le masque qui lui sert de bouclier, de carapace. Tu veux le bousculer, en douceur, mais le bousculer, le déranger. Tu veux qu'il soit dérangé. Par lui, par les autres, par toi, mais tu ne veux pas qu'il te rejette. Lui ouvrir les yeux n'est peut-être pas la bonne solution, tu sais que tu vas t'en prendre plein la gueule, mais tu n'as pas le choix, tu ne peux pas le laisser comme ça. Ce n'est pas humain de laisser quelqu'un souffrir de cette façon lorsque l'on a la possibilité de l'aider. Ce n'est pas humain de laisser quelqu'un dans la merde et de le regarder de haut sans rien faire pour le sortir de là. Tu veux qu'il s'en sorte, il doit le savoir, il a dû le comprendre. Il ne doit pas savoir pourquoi, mais tu t'en fiches. Tu n'as pas à te justifier, peut-être qu'un jour tu lui donneras des explications, mais pas maintenant, ce n'est pas la priorité, il y a plus urgent. Plus urgent comme cette toile que tu dois installer, cette toile qui te permets de la revoir, cette toile qui te donne une excuse pour lui parler encore. Car oui, même si tu veux vraiment le peindre, c'est aussi un moyen de le revoir, un moyen de pouvoir revoir ses yeux qui t'ont tant manqué durant la dernière semaine, un moyen de sentir à nouveau la chaleur de ses mains alors que tu n'as été que froideur depuis l'après midi où vous vous êtes vus, où vous vous êtes pardonnés. Tu as beaucoup réfléchis en rentrant chez toi, tu as beaucoup pleuré, tu t'es beaucoup torturé l'esprit pour savoir ce qui n’allait pas avec toi, ce qui ne tournait pas rond chez toi, chez lui. Tu ne sais toujours pas, tu n'as trouvé aucune réponse, ton cerveau est dans l'impasse. Tu ne sais pas pourquoi il te fait tant d'effet et pourtant tu es sûr qu'il ne te plaît pas tant que ça, ou peut-être que tu essayes juste de te persuader parce que les éventualités que tu as pu entrevoir te faisaient bien trop peur pour que tu les acceptes. Tu ne comprends toujours pas pourquoi lui et pas un autre, tu ne comprends toujours pas pourquoi son regard et pas celui d'un autre. Tu ne sais plus rien, tu ne te comprends plus toi-même, tu ne sais même plus ce que tu penses. Tu n'as pas été aussi paumé depuis que tu es arrivé à Londres, et tout ça parce que tu as fait confiance à quelqu'un, tout ça parce que tu t'es laissé avoir par lui. Tu savais bien que tu n'aurais pas du faire tomber une partie de ton masque, tu savais bien que tu n'aurais pas dû accepter de lui donner une seconde chance, mais tu n'y peux rien, tu n'es pas quelqu'un de méchant, tu savais très bien qu'il méritait le pardon autant qu'un autre. C'est toi qui a été cruel ce soir là, c'est toi qui a jugé trop vite, c'est toi qui a fait l'idiot. Mais si tu n'avais pas agis comme ça, t'aurait-il suivi pour pouvoir dormir chez toi ? T'aurait-il invité dans un café pour prendre un chocolat et se faire pardonner, sobre en plus de cela ? Tu te dis qu'au final, en étant si désagréable, tu l'as peut-être bousculé, tu l'as peut-être fait réfléchir. Tu ne le comprends toujours pas mais tu essayes, tu te creuses la tête, tu te demandes vraiment pourquoi est-ce qu'il a fait ça pour toi alors qu'il aurait très bien pu aller voir ailleurs et ne plus jamais entendre parler de toi. Mais non, il a persisté, il s'est accroché, il a recherché ton pardon et l'a obtenu. Tu ne comprends pas, il ne te devait rien. Vous ne vous connaissiez pas après tout, il ne te devait ni explications ni rien du tout. Alors, pourquoi ? Tu ne sais pas, tu ne comprends pas, tu ne vaux rien alors pourquoi s'attache-t-il à toi ? Il sait très bien qu'il ne t'aura pas dans son lit, il l'a compris, et pourtant il insiste pour garder le contact avec toi. Est-ce vraiment possible, une amitié avec quelqu'un comme ça ? Tu ne sais même pas si c'est réellement cela qu'il veut. Personne ne s'est intéressé à toi jusque-là, et tu ne vois pas pourquoi ça changerait.
Un coup d’œil à l'horloge de la cuisine te sort de tes pensées, tu dois te dépêcher avant qu'il n'arrive. Tu as mit beaucoup de soin à choisir tes vêtements aujourd'hui, mais tu ne sais pas bien pourquoi. Tu as enfilé un jean noir et serré, un de ces jeans que tu affectionnes parce qu'ils sont assez longs pour tes jambes démesurées, ainsi qu'un pull vert d'eau beaucoup trop grand pour toi, tombant sur tes épaules, comme tu les aimes. Tu as essayé de discipliner tes cheveux, de faire quelque chose pour la mèche rebelle qui te mange le front, mais rien n'y a fait, tu a laissé tomber. Passer chez le coiffeur revient cependant à la tête de tes priorités. Tu t'es parfumé, tu t'es fait beau, tu t'es assuré de ton reflet dans le grand miroir de ta salle de bain. Pourquoi ? On s'en fiche, des apparences, ce n'est pas la première fois qu'il te voit, et tu n'es pas une jeune première à un rendez vous galant. Tu secoues la tête devant ton comportement ridicule et tu te mets à préparer l'arrivée de Leslie. Il ne faut pas qu'il voie ton appartement comme ça, parce que c'est le bordel, encore plus que d'habitude. Avec les derniers événements, tu t'es mis à essayer de représenter ce que tu ressentais, et ainsi des dizaines de croquis tous plus étranges les uns que les autres sont venus s'entasser sur le parquet de l'appartement. Tu n'as même pas réussi à transcrire ce qui faisait bouillonner ton esprit, et pourtant c'est pas faute d'avoir essayé. Alors tu ranges tout ça, tu tries, tu jettes, tu essayes de rendre le sol un minimum plus praticable qu'avant, tu essayes de rassembler tes dessins pour qu'il ne les voie pas. Parce que tu l'as aussi dessiné, lui. Tu as tenté de reconstituer les détails de son apparence sur le papier, tu as tenté de faire apparaître son regard azur sur la feuille blanche. Mais aucune reproduction n'est aussi belle que l'original, et tu l'as vite compris, tu as vite abandonné. Cependant, tu n'as pas jeté les croquis, tu veux les garder quelque part, tu veux les cacher pour qu'il ne puisse pas les voir. Ce serait carrément gênant, s'il tombait dessus, tu ne saurais pas comment t'expliquer. Ce n'était pas explicable, tu en avais simplement envie, alors tu l'as fait, c'est tout. Comment pouvait-il comprendre cela ? Il ne comprendrait sûrement pas et te demanderait des explications, ou peut-être même qu'il essayerait de fuir pour ne plus jamais te revoir, parce que tu es trop louche, parce que tu lui fais peur, parce que tu fais toujours fuir tout le monde. Lorsque le bordel a à peu près disparu, tu installes le chevalet en face du canapé, et tu poses la toile dessus. Tu en as choisi une grande, tu en as besoin. Tu n'aimes pas les portraits, tu n'aimes pas ça. Tu veux peindre son corps, tu veux peindre ses formes masculines, tu veux peindre ses mains pleines de chaleur. Tu installes alors les pinceaux sur le petite rebord, tu prépares tes couleurs et ta palette, tu poses tout ça sur la table basse, en l'attendant. Tu espères qu'il viendra, qu'il ne te fera pas faux-bon, tu espères qu'il tiendra sa promesse. S'il ne le faisait pas, le peindre ne servirait à rien. En plus d'être contrarié, tu ne pourrais plus donner de sens à cette peinture, et tu finirais juste par t’énerver. Le stress te gagne peu à peu. Tu n'as jamais eu de modèle, pas vraiment. Tu ne sais pas comment on fait, tu ne sais pas comment ça fonctionne. Tu as simplement dessiné ton petit ami sur un bloc note, au crayon, une fois. C'est tout. Tes sujets ne sont jamais devant toi, tout vient habituellement de ton imaginaire tordu et perturbé, tout sort de ton esprit et de ce que tu lui fais subir à chaque fois que tu te décides à peindre. Mais là, ça allait être complètement différent. La sonnette de l'entrée te sort de tes pensées en te faisant sursauter. Il est là. Tu t'assures que tout est prêt, tu te recoiffes un peu, et tu vas ouvrir, stressé, tendu. « … Salut, Leslie. » Dis-tu avec un grand sourire, heureux de pouvoir plonger à nouveau tes yeux dans les siens. « Je suis content que tu sois venu... Entre. » Tu le laisses entrer, il est sobre, il est beau. Tu es heureux, tu souris, tu es rassuré. Il a tenu sa promesse, encore une fois, juste pour toi, il a fait des efforts et tu l'en remercie du regard. « Tu veux boire quelque chose ? De l'eau, du jus de fruit, une bière peut-être ? » Souffles-tu avec un sourire, parce que tu n'es pas un mauvais hôte, parce que tu sais quand même recevoir même si tu ne l'as pas fait depuis un très long moment. Tu tritures ton pull alors qu'il semble explorer l'environnement, tu es inquiet, Tu es toujours inquiet. « … Tu... Euh... T'es toujours d'accord, pour le tableau ? » Question idiote Nathaniel, pourquoi serait-il venu sinon ? « … Parce que j'ai installé le chevalet, et comme ça risque de prendre un peu de temps, faudrait qu'on s'y mette... Sans vouloir te presser ou quoi que ce soit, mais... J'ai pas l'habitude de peindre rapidement. » Tu lui fais un sourire d'excuses, tu fais une petite moue et tu le laisses s'installer, avant de te placer à côté de ton chevalet. Tu le regardes, tu l'observes, tes yeux le scrutent. Il est beau, il est magnifique, c'est la seule pensée qui te vient en tête. Tu ne sais pas pourquoi mais tu as l'impression que sa présence te vide le cerveau, tu as l'impression que sa vision te rend complètement con, et ça t'agace. Alors tu secoues légèrement la tête et tu le regardes à nouveau, dans les yeux cette fois. « Comme t'as jamais posé, je vais essayer de t'expliquer un peu le truc pour que ça se passe le mieux possible... En gros, Faut que tu sois naturel. Tout simplement. Tu prends une pose dans laquelle tu te sens bien, parce que tu vas quand même ne pas devoir bouger pendant plusieurs heures, et tu prends une expression naturelle. T'es pas obligé de sourire, te force à rien surtout. Sois juste... Euh.. relaxé ? » Tu rigoles légèrement et tu hausses les épaules, lui faisant un sourire rassurant, ne sachant pas du tout à quoi t'attendre avec un tel énergumène.
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Invité
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(✰) message posté Dim 16 Nov 2014 - 13:08 par Invité
Depuis que tu as reçu son message, tu n'as rien pris. Tu n'as rien touché. Même pas le joint qui est encore sur ta table de nuit. Tu étais prêt à le faire quand ton téléphone a vibré, et tu ne l'as pas touché. Parce que tu sais que c'est ce qu'il voulait, tu sais qu'il voulait te voir sobre et en quelque sort, tu lui avais promis. De ne rien toucher, de faire attention, de venir propre. Tu sais que tu avais besoin de te sevrer, de faire oublier tout tes excès de la semaine. Tu en avais besoin. Besoin d'arrêter pour quelques secondes, d'arrêter pour quelques minutes, peut-être que tu ressentais l'envie de tout arrêter pour une journées parce qu'il le faut. Sinon, tu ne tiendras jamais. Peut-être qu'il ne fait que t'aider, en fait, peut-être qu'il fait ça pour te faire comprendre que tu dois t'en passer, que tu as besoin de t'en passer, peut-être qu'il fait ça pour te montrer que la dope ce n'est pas tout, que la dope, c'est pas ce que ta vie désire le plus. Peut-être que tu as juste envie de t'en sortir, t'as juste envie d'être tiré vers le haut mais t'es tellement lourd que tout seul, tu te fais couler. Tu ne ressens pas le manque, pas maintenant. Pas encore. Tu n'as pas envie de le sentir. Tu n'as pas envie que ça arrive. Tu aimerais être comme ça toute ta vie, que rien ne se passe, que plus rien ne survienne, que plus rien ne fasse tourner ta tête Parce que tu es bien, bien mieux qu'avec du poison dans les veines. Tu te sens en forme, tu te sens humain. T'as le cœur qui bat. Tu sais pourquoi, il bat. Parce que tu vas le voir. Tu as un peu l'impression de n'être qu'une adolescente pour son premier rendez-vous, mais c'est de sa faute, c'est lui qui te fait cet effet là. Est-ce vraiment un rendez-vous ? On peut certainement dire ça comme ça, oui. Sur le coup, quand il t'a demandé si tu voulais bien poser pour lui, t'as dit oui, mais maintenant tu regrettes un peu. Parce que tu ne sais pas comment ça se passe, tu ne sais pas quoi faire, tu n'as jamais été un modèle, tu n'as jamais été une putain de statue que l'on prend pour modèle. Ca t'ennuie un peu, à vrai dire, parce que tu ne sais pas rester en place, parce que tu voudrais rester près de lui, tu voudrais pouvoir le regarder sans qu'une toile ne vous sépare, parce qu'elle sera là, au milieu, cachant son regard, cachant son visage, cachant son corps. Si tu viens le voir, c'est pour lui, pas pour une toile. Mais comment pouvais-tu lui refuser ça, comment pouvais-tu lui refuser de le voir, de le laisser s'exprimer, comment pouvais-tu lui refuser sa passion ? Il y avait dans ses yeux quelque chose qui brillait, il avait l'air d'un enfant, il avait l'air heureux. Et tu ne le vois pas souvent, l'air heureux, sur son visage, peut-être même que tu ne le vois jamais. Tu ne sais pas, tu n'as pas l'impression de beaucoup le voir sourire, rire, de voir ses yeux qui se mettent à pétiller, qui s'éclaire d'une lueur enfantine, la même qui anime ton regard chaque jour un peu plus. L'enfance. C'est l'innocence, quelque part, et c'est quelque chose que tu aimerais voir chez lui. Tu sais très bien qu'il ne l'est pas, personne ne l'est, mais il n'a pas besoin d'être un adulte, il n'a pas besoin de porter la misère du monde sur ses épaules, il n'a pas besoin d'avoir l'air si sérieux. Tu voudrais qu'il se laisse aller, tu voudrais qu'il respire, qu'il se libère de ses chaînes et qu'une fois, rien qu'une fois, il fasse un peu l'enfant. C'est peut-être toi qui lui apportera ça, qui sait ? Il n'y a qu'à te voir, tu es grand enfant, tu n'es qu'un adolescent qui n'a pas passé sa crise, tu n'es qu'un gosse, celui qui aime défier l'autorité de ses parents parce que c'est drôle. On a pas d'emprise sur toi, on y arrive pas, parce que tu lèves le poing pour la liberté, tu lèves le poing pour toutes les causes qui te semblent oubliées, simplement parce que ça peut faire chier. Tu lèves le poing pour ce qui t'intéresse, tu cries, tu te dis que c'est le seul moyen que tu as pour t'exprimer. Lever le poing. Alors au fond, peut-être que tu admires simplement Nath, et son pouvoir. Parce que l'art, c'est comme un pouvoir quelque part. Ca enchante. Ca fait des trucs. Des choses qu'on ne peut pas expliquer. Des fois ça pique un peu dans l'estomac, des fois ça fait mal, des fois ça fait pleurer. Tu aimerais bien voir un peu plus de ses dessins, simplement pour voir ce que tu pourrais ressentir. Tu n'es pas sensible à l'art, tu n'es qu'à peine sensible à la musique, tu n'es qu'à peine sensible aux dessin, au cinéma, à l'écriture, ce genre de choses. Mais tu sais que lui, il serait capable de te faire sentir quelque chose, il serait capable de te faire pleurer toutes les larmes de ton corps comme rire aux éclats rien qu'avec un seul dessin. Tu le sais, parce qu'il est comme ça. Parce qu'il te fait déjà rire, parce qu'il te fait déjà sourire alors qu'il ne fait rien, parce qu'il te fait ressentir un tas de choses alors qu'avant, tu ne ressentais rien. C'est ça que tu cherches dans la drogue, dans la défonce, c'est se sentiment d'être vivant. D'avoir le cœur qui bat. De ressentir quelque chose. D'avoir l'impression de vivre. C'est tout ce que tu voulais, c'est tout ce dont tu avais envie. Parce que tu ne ressens rien, parce que tu es imperméable, parce que la vie t'a rendu comme ça. Il fallait que tu sois fort, il fallait que tu te protèges de tout, même de toi, pour ne pas céder, pour ne pas flancher. Alors tu as un peu oublié comment avoir des sentiments, tu as un peu oublié comment être un être humain, un être vivant, et quelque part ça te manquait. La drogue est la seule chose qui te fait te sentir comme ça, qui te laisse entendre ton cœur battre, qui te laisse penser sans que tu te dises que tu es bizarre, sans que tu te dises que tu ne devrais pas vivre, que tu ne devrais pas exister, que tu n'es qu'une erreur. Des fois ça arrive, mais tu t'en fiches, parce que tu n'as qu'à reprendre un shoot pour tout oublier, pour tout effacer de ta mémoire, pour que plus rien n'existe si ce n'est la vie. C'est paradoxal, n'est-ce pas ? Parce que tu te sens vivant quand tu te tues. Ce qui fait que tu te sens vivant, c'est la mort qui te tourne autour, c'est la mort qui vient faucher ton âme un peu plus à chaque piqûre, qui se régale de ton corps quand tu ne sais plus à qui le donner, à qui le confier, quand tu ne sais plus quoi en fait. Tu voudrais pouvoir lui échapper, mais il est déjà bien trop tard, tu es déjà bien à elle, elle à a déjà bien ses doigts osseux sur ton pauvre corps, sur ta pauvre vie, tu lui appartiens. Ton nom est marqué de son sang et chaque fois qu'elle goûte un peu plus à ton corps, elle ne le veut que plus encore. Elle ne pourra pas se passer de toi. La mort est inévitable, mais certains arrivent à la tromper, certains arrive à reculer la date, toi tu ne sais pas. Tout est incertain, ta vie est incertaine, tu ne sais pas quand est-ce qu'elle viendra te chercher parce que tu ne sais pas quand est-ce qu'elle aura décidé que c'en est fini pour toi, fini de ta vie. Mais tu ne devrais pas penser à ça, tu devrais t'arrêter, tu devrais imaginer autre chose, tu devrais te lever, faire des efforts et vivre. Rien qu'une journée, tu devrais vivre correctement, comme tout le monde, tu devrais te sentir comme un homme qui n'a pas de problème, comme celui que tu devrais être mais que tu n'as jamais su faire apparaître. Parce que tu es faible. Peut-être que oui, au final, tout ça n'est qu'une histoire de force, de faiblesse, tout ça n'est qu'une histoire de capacité, d'envie, de volonté, tout ça n'est qu'une histoire de qualités que tu n'as pas parce que tu n'as tout simplement pas envie de les avoir. Ou tu n'y arrives pas. Peut-être les deux ? Peut-être que tu es tout simplement bête, et nul peut-être que tu es juste inutile. Idiot.
Tu te regardes dans le miroir. Tu remontes ton jean. Tu fermes les yeux quelques instants. Tu as beau faire tous les efforts que tu veux, tu ne te trouveras jamais vraiment attirant. Tu te dégoûtes même. Comment est-ce qu'on peut aimer ton corps, ton visage ? Comment est-ce qu'il a pu te trouver beau lui alors que tu ne peux qu'à peine affronter ton visage dans la glace. Tu aimerais avoir de le confiance en toi, tu aimerais pouvoir dire que tu crois en ton corps en ce que tu es, mais ce n'est pas vrai. Ça ne l'a jamais été. Il n'y a qu'à voir la couleur de tes cheveux, la façon que tu as de t'habiller. Tout ça n'est qu'une carapace. L'extravagance hurle le manque de confiance. Mais tu t'en fiches parce que tu bombes le torse, parce que tu fais croire que tu es quelqu'un d'autre. Parce que tu fais croire que tu es fort alors que tu es faible. C'est ignoble de jouer sur les apparences comme ça mais les gens ne jugent-ils pas que sur ca maintenant ? En un coup d'œil ils savent très bien si tu vas leur plaire ou pas, simplement parce qu'ils t'ont vu. C'est ridicule. Tu trouves ça ridicule. Ne pourraient-ils pas attendre de te connaître, attendre de savoir qui tu es vraiment ? Tu attrapes un bonnet, pour tes cheveux et tu te regardes de nouveau dans le miroir avant de soupirer longuement. Tu retires cette chose que tu as mises sur ta tête ca ne te va pas. Rien ne te va aujourd'hui. C'est comme si d'un coup, tu n'avais plus d'affaire, plus rien que tu puisses mettre. Tu te retrouves avec ces vêtements devant toi, tu te retrouves à faire l'adolescente, hésitant entre un pull simple ou un autre. Finalement tu optes pour un pull marinière aux mailles légèrement écartées. D'abord tu mets une chemise dessous, parce que l'on voit tout de même à travers mais quand tu te regardes dans le miroir tu ne te retrouves pas. Tu n'as pas l'impression d'être toi. Et tu ne veux pas jouer de rôle. de toute manière ce n'est pas ce qu'il veut non plus. Il veut que tu sois le plus toi possible. Naturel. Sobre. Frais. Alors tu enlèves la chemise pour remettre simplement le pull sur ton corps. Tu souris. Tu ne te plais pas mais ca te ressemble déjà beaucoup plus, c'est beaucoup mieux. Tu enfiles un simple jean noir, serré mais pas trop, tu mets pas de ceinture alors il glisse sur ta taille, dévoilant quelque peu ton boxer blanc. Tu le remontes tout en sachant très bien qu'au final, il finira par retomber. Tant pis. Tu remontes d'abord les manches de ton pull avant de les rebaisser. Tu soupires. Tu détestes ton attitude. Tu détestes ce que tu fais là. C'est comme si tu te faisais beau pour lui. Tu n'en as pas besoin, tu ne devrais pas, c'est mal. Certainement que c'est mal. Tu ne dois pas lui plaire il ne doit pas te plaire parce que tu ne sais pas comment vous finirez. Tu ne sais pas comment ça finira cette histoire. Tu ne veux pas vraiment savoir en fait. Que l'on te laisse tranquille que l'on te fiche la paix. Parce que tu n'aimes pas prévoir. Tu n'aimes pas essayer de savoir. Le destin n'est qu'un connard. L'avenir une salope. On sait tous que ca ne se passe pas comme ça devrait se passer et c'est peut-être ce qui est le plus embêtant. C'est peut-être le plus cuisant. Ou peut-être que c'est ce qui met du piment dans la vie. Peut-être que c'est tout simplement ca que tu cherches. Ca dont tu as envie. Avancer à l'aveugle dans la vie. La sienne. La tienne. Juste la vie.
Lorsque tu as posé tes doigts sur la sonnette un mélange de regret et de plaisir dit surface dans ton estomac. Tu ne sais pas trop. Tu ne sais pas si c'était t'aiment bien de venir. Tu ne sais pas s'il le voulait vraiment. Tu ne sais pas si tu le voulais. Tu ne sais pas si tu vas tenir. Peut-être que c'est ce qui t'inquiète le plus. Tu ne sais pas si tu vas tenir. Non pas sans bouger et sans rien faire mais simplement tenir sans drogue. Sans rien dans le sang. Tu as tout de même apporté un paquet de clope. Tu es certains que ca. Ca ne le dérangera pas. Tu l'esperes en tout cas parce que sinon tu ne tiendras vraiment pas. Et tu ne veux pas le décevoir. Tu ne veux pas qu'il te regarde encore avec ses yeux dessus. Ses yeux qui veulent tout dire. Tu veux simplement qu'il te regarde. Tu veux simplement qu'il pose ses yeux sur toi comme il le fait maintenant. Tu souris comme un enfant. Tu souris doucement. « Toujours au rendez-vous ! » tu laisses échapper un léger rire d'entre tes lèvres tandis que tu entres dans son appartement. Il te propose gentiment à boire mais absorbé par tes observations tu refuses poliment. De toute manière tu n'as pas vraiment soif. Un nouveau sourire se dessine sur tes lèvres. Tu remarques bien qu'il a rangé. Qu'il a fait un peu de ménage. Il n'y a pas autant de feuilles qu'avant qui traînent un peu partout. Tu aimais bien pourtant ce désordre ambiant. C'était presque rassurant. Non ca l'était en fait. Tu n'aimes pas vraiment l'ordre. Puis tes yeux se posent sur lui. Il s'est fait beau. Ou tu as l'impression qu'il s'est fait beau. Tu ne sais pas. Il a l'air d'avoir mis du parfum. Ça sent le parfum. Tu ne sais pas. Tu trouves ça adorable. Tellement adorable de sa part que ca te donne envie de le prendre dans tes bras. Stop. Tu le regardes. Tu ne devrais pas penser ca. Pas maintenant. Tu viens d'arriver et tu sais très bien que ce n'est pas ce qu'il veut. Ce n'est pas ce dont il a envie. Mais tu ne peux pas t'empêcher. Tu ne sais pas t'empêcher. Parce qu'au final, c'est simplement tes bras autour de son corps qui te motivent. Pas comme ça. Pas de cette façon-là. simplement un câlin. Juste ca. Parce que tu as envie de lui montrer qu'il peut te faire confiance. T'as envie de lui montrer qu'il n'a pas besoin de se cacher face à autres. Tu veux lui montrer que tout ca. Toute cette affection, il en a besoin. T'as juste envie qu'il te fasse confiance et tu sais que tu auras réussi simplement quand tu pourras me prendre dans tes bras sans même qu'il ne réagisse. C'est idiot à dire. Tu ne sais pas pourquoi tu es comme ça avec lui. D'habitude tu n'aurais pas cherché à faire ca. Il ne veut pas de toi ? Tu ne veux pas de lui non plus. Mais pas là. Jamais. Tu as envie d'en savoir plus. De faire des efforts pour le connaître. Tu as envie qu'il te considère comme un être humain. Tu le sais pourquoi, au fond de toi. Mais jamais tu ne le diras. Tu ne veux même pas y penser. C'est beaucoup trop idiot. C'est sa voix qui te tire de tes pensées. Tu le regardes alors dans les yeux et le sourire qui étirait tes lèvres de ne les a pas quittées. « En fait faut que je prenne la pose sans vraiment prendre la pose quoi ? Je vois. » Tu te mis à rire de nouveau avant de t'installer sur le fauteuil, y posant délicatement tes fessés avant de croiser les jambes. « Si je reste là. Comme ca. Ca va ? Tu me dis hein. » Tu fais une légère moue avant de triturer ta poche. Tu sors une première clope en demandant si tu peux fumer. Ca t'aide à te poser. Alors il accepte et tu souris. Tu cales la cancéreuse entre tes lèvres et comme tu ne sais pas combien de temps ça va durer et que tu n'as pas vraiment le droit de bouger, tu en mets une autre derrière ton oreille avant de passer ta main dans tes cheveux colorés pour repousser un peu ta mèche qui descend sur ton visage. Tu allumes la cigarette et la laissa entre tes lèvres pour pouvoir en aspirer la fumée quelques instants avant de la prendre entre tes doigts. « J'ai l'impression d'être une star ! » t'exclames-tu en rigolant alors qu'il t'apporte un cendrier avant de se mettre derrière son chevalet pour préparer ses affaire. Toi tu ne bouges plus, ou qu'à peine pour porter la clope à tes lèvres. Tu le regardes, ou plutôt simplement ce que tu peux voir de lui. Et doucement tu demandes ; « Et toi alors, hm ? Ca va ? Tu me racontes ces projets qui t'ont pris tellement de temps que tu n'as même pas pu m'envoyer de message avant hier ? » Tu rigoles, taquin. Tu adores le taquiner. Parce qu'il a toujours cet air un peu blessé et un peu amusé qui lui va si bien.
Invité
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(✰) message posté Lun 17 Nov 2014 - 19:50 par Invité
La pression monte et tu te laisses avoir comme un idiot. Tu n'aimes pas stresser, tu n'aimes pas te donner mal au ventre pour rien, te faire réfléchir à t'en donner la migraine juste parce qu'il est là. T'as les oreilles qui bourdonnent, la vision pas bien claire. Tu ne sais pas trop pourquoi tu te sens si mal alors qu'en réalité tu es très heureux. C'est peut-être justement pour ça ? Parce que tu es trop heureux, parce que tu ne devrais pas l'être. Il s'est bien habillé, enfin il est habillé comme il doit l'être d'habitude mais ses affaires sont mieux mises, pas comme la première fois que tu l'as vu. Il avait fait ça aussi, au café. Il était venu avec des vêtements plus convenables et plus propres que ceux qu'il devait porter en boîte. Tu trouves que c'est adorable, que c'est gênant, que c'est mignon, et puis tu te rends compte que tu as fait pareil. Tu es un idiot, vous êtes deux abrutis, et tu ne comprends pas ce qui se passe. C'est comme si vous vous laissiez faire, comme si vous laissiez le destin décider de ce qui allait se passer alors même que vous n'étiez ni vraiment au courant, ni vraiment d'accord. C'est très étrange, c'est bizarre, tu ne comprends pas.Tu ne sais pas pourquoi vous prenez soin de votre apparence lorsque vous vous voyez, tu ne sais pas pourquoi vous vous faites beaux. Peut-être que c'est pour compenser les pertes de ce que vous vous révélez, pour compenser le fait que chacun découvre un peu plus de la noirceur de l'autre à chaque fois. Peut-être que c'est pour cacher votre cœur abîmé, vos cœurs déchirés, vos entrailles broyées par des souvenirs que vous préféreriez oublier. Peut-être que c'est pour cacher votre imperfection, pour cacher tous les défauts que vous accumulez, tous les secrets que vous ne direz jamais. Tu ne comprends pas, et en même temps tu sais très bien de quoi il s'agit. Tu sais très bien qu'il est aussi rongé par les ténèbres que toi, et lui a dû le deviner aussi, lorsque tu t'es mis à pleurer devant lui. Quelle honte. Toi qui t'interdisais de pleurer devant qui que ce soit, voilà que tu te mets à chialer devant un -presque- inconnu. Tu ne sais pas ce qui t'as pris, mais en y repensant tu as honte. Tu en as trop dit, tu en as trop dévoilé, tu ne sais pas ce qui t'a fait réagir aussi violemment. Peut-être que tu aurais du éluder la question, peut-être que tu n'aurais tout simplement pas dû répondre. C'est bête, mais c'était simplement la meilleure chose à faire. Il a tout de même été compatissant à ta peine et ne t'as pas demandé d'en dire plus, avant de prendre ta main dans la sienne, mais tu sais très bien que si tu avais continué de parler, Tu aurais fait tomber l'intégralité de ton masque, tu aurais perdu ta couverture, Il aurait pu tout savoir, tout découvrir. Tu ne veux pas qu'il découvre tout, tu ne veux pas qu'il en sache plus. Toi qui lui demande d'être sobre pour qu'il puisse te voir, tu ne veux pas qu'il sache que tu as été comme lui, que tu as été un junkie, que toi aussi tu t'es paumé à ce point, que t'as perdu le contrôle de ta vie. Tu ne veux pas qu'il sache que tu t'es égaré pendant des années, que tu as fait les mauvais choix, rencontré les mauvaises personnes, que t'étais qu'un putain de camé. Tu ne veux pas qu'il sache pourquoi tu hais autant la dope, pourquoi tu es si strict quand il s'agit d'en parler, pourquoi les démons te rongent encore. Tu ne veux pas, tu veux garder ta dignité, tu veux garder ta carapace, tu veux garder les mensonges en façade pour qu'il ne sache rien. Tu aurais trop peur de le décevoir, tu aurais trop peur qu'il ne veuille plus s'intéresser à toi, qu'il ne tourne tout simplement le dos. Peut-être que c'est aussi une des raisons pour lesquelles tu n'approches personne, parce que tu ne veux pas que l'on sache ce qui t'est passé par la tête durant ton adolescence. Tu ne veux pas qu'on sache pour les joints, pour la coke, pour les emphéts. Tu ne veux pas qu'on sache pour tes bêtises, tu veux les garder au fond du placard, dans la boîte où elles sont rangées, pour que personne ne les découvre jamais. Et surtout pas lui, non, surtout pas. Il serait capable de rire de toi, de se foutre de toi, de se mettre en colère. Il pourrait te dire que t'es qu'un enfoiré d’égoïste et que t'as aucune leçon à lui donner, aucune aide à lui apporter. Il pourrait aussi te dire qu'il n'as aucune envie de fréquenter quelqu'un qui se dit avoir un futur alors qu'il n'a pas de passé. Tu ne sais pas, tu n'en sais rien, tu ne veux pas savoir. Tu appréhendes trop sa réaction, tu as trop peur de ce qu'il pourrait dire ou faire, tu as trop peur de tout ce qu'il pourrait briser, entre vous, en toi. Tu ne veux pas te faire rejeter encore, tu ne veux pas qu'on t'abandonne, tu ne pourrais tout simplement pas te relever. Tu supplierais qu'on t'achève, qu'on te tue enfin, qu'on finisse d'écraser ton cœur en morceaux. Parce qu'il est en morceaux ton cœur, il l'a comprit, il l'a deviné, tu le sais très bien. La manière dont il t'a regardé, la manière dont il a prit tes doigts dans les siens t'ont indiqué qu'il avait comprit que quelque chose n'allait pas chez toi, que quelque chose devait être réparé, que tu avais besoin d'aide. Tu ne veux pas qu'il sache quoi, tu ne veux pas qu'il sache pourquoi tu as pleuré. C'est ridicule, d'avoir peur de sa réaction. Tu ne lui dois rien, lui non plus, et pourtant ça te ferait trop de mal. Tout simplement parce que tu as placé une partie de ta confiance en lui, tout simplement parce que tu as accepté d'approcher quelqu'un pour la première fois depuis bien trop longtemps. Tu lui as confié ton cœur fragile en guise de gage de sympathie et il peut tout simplement le jeter par terre, l'envoyer dans les ronces, le faire crever à petit feu pendant que toi tu te demanderais si une réparation était envisageable cette fois. Tu ne veux pas que ça se passe comme ça, pas encore une fois. Tu veux qu'il laisse le temps à ton cœur de se remettre, ce que personne n'a su faire jusque-là, ce que personne n'a jamais essayé de faire.
Tu le regardes observer, tu es anxieux. Tu vois qu'il juge, tu vois qu'il regarde, tu vois qu'il se dit que ce n'est pas pareil que quand tu es venu la première fois, que ce n'est pas pareil du tout même, que tu as préparé son arrivée. Tu as rangé et ça n'a pas l'air de lui plaire, son regarde se fait fouineur, curieux, et tu sais qu'il aimerait savoir ce qui se cache dans les piles de feuilles entassées un peu partout. Tu sais qu'il aimerait savoir ce qui se passe dans ta tête, ce que tu aimes exprimer sur les feuilles, ce que tu ne peux pas dire à haute voix. Mais il est là le problème, tu ne peux rien raconter à personne, tu n'as pas d'ami pour t'écouter, alors tout ce qui te tracasse se retrouve automatiquement sur un feuille, ou sur une toile. Tu ne sais exprimer tes ressentis que comme ça, tu n'as jamais vraiment eu l'occasion de faire autrement. Tes feuilles sont devenus des page de journal intime, des morceaux de ce que tu peux éprouver, de ce qui peut tourner et virer dans ta tête, de ce qui peut t'énerver, de ce qui peut te rendre heureux. C'est trop personnel, c'est trop intime, tu ne veux pas qu'il voie ça. Tu ne veux pas que quelqu'un voie tes dessins, parce que l'on te prendrait pour un fou, pour un aliéné, pour un malade mental. On ne voudrait plus te parler, on te fuirait, et ce serait encore pire avec lui. Tout simplement parce qu'il est le sujet de tous tes dessins récents, parce qu'il est la seule chose qui te vient en tête depuis quelques jours, depuis que tu l'as rencontré. Tu ne sais pas pourquoi c'est comme ça, mais il n'y a que son image qui te revient lorsque tu essayes de penser, lorsque tu essayes de créer. Tu n'arrives pas à mettre sur le papier ce que tu ressens, alors tu essayes, tu essayes et tu essayes encore, et des tas de feuilles naissent de ce grand bordel. Il s'y reconnaîtrait, tu le sais, même si des fois il n'y est même pas représenté physiquement. C'est beaucoup trop flagrant, c'est beaucoup trop représentatif, tu sais qu'il comprendrait et tu ne veux surtout pas qu'il comprenne. C'est mal, il ne doit pas savoir qu'il te perturbe autant, qu'il te fait autant d'effet, il ne doit pas le savoir. S'il le savait, il pourrait s'en jouer, faire l'idiot avec toi. Ou peut-être que tu te montes un bateau tout seul et qu'il le sait déjà ? Tu es conscient de ça, que tu as beaucoup trop peur de tout, que tu es beaucoup trop stressé, parce que tu sais très bien qu'il n'est pas quelqu'un de méchant et que s'il n'a pas déjà joué avec ce que tu peux ou ne peux pas ressentir, il ne le fera pas après. Tu as bien deviné que ce n'était pas son genre, tu sais qu'il ne te ferait pas ça, tout simplement parce que tu vois dans ses yeux que tu lui plais autant qu'il te plaît à toi.
Tu le vois encore à l'instant alors qu'il te fixe, alors qu'il te regarde avec cette étrange lueur dans les yeux. Ce n'est pas la même que le soir où il t'a demandé de coucher avec lui, non, ce n'est pas pareil. Il n'y a pas de lubricité dans celle-ci, elle est douce, elle est presque innocente et elle ne te veut pas de mal. Il a changé d'objectif, tu le sais, tu as bien réalisé qu'il ne voulait plus te mettre dans son lit, ou du moins que ce n'était plus son but premier. Mais tu ne comprends pas cette lueur, tu ne l'avais jamais vue dans ses yeux, ou pas avec une telle intensité en tout cas. Peut-être qu'il est heureux, peut-être qu'il a besoin de chaleur, peut-être qu'il aurait aimé te faire la bise. Tu ne sais pas, les interprétations sont un terrain dangereux sur lequel tu as déjà glissé plusieurs fois, et tu ne veux pas que ça recommence encore. Tu ne veux pas faire de gaffe, tu ne veux pas penser des choses irrationnelles, tu ne veux pas té créer de faux espoirs, tu ne veux pas te faire de la peine pour rien. Alors, doucement, tu lui souris et tu hausses les épaules parce que tu ne sais pas trop quoi répondre à ce regard, parce que tu aimerais qu'il t'explique, parce que tu n'es pas très bon en relations humaines. Tu rigoles légèrement à sa remarque et tu acquiesces, admettant que tes exigences ne sont pas très claires. « En gros c'est ça oui... Mais faut pas trop que tu ais l'air de t'en foutre non plus, parce que je vais... Enfin. Je veux pas que tu aies l'air de t'en foutre. Tu souris si tu veux mais je veux une lueur dans tes yeux . N'importe laquelle, mais les regards vides sont inintéressants à transposer sur une toile. Tu vois ce que je veux dire ? Et je sais que ton regard est loin d'être vide, le plus souvent. » Tu lui souris, tu es amusé, tu le regardes se poser sur le canapé tranquillement. « Comme ça, ça va, si t'as pas peur d'avoir des fourmis dans les jambes, Mais c'est parfait, sinon, » Tu rigoles doucement et tu lui permets de fumer, toi aussi tu fumes, et puis tu le regardes un instant avant de te mettre à préparer ton bordel. Tu fais ton croquis dans ta tête, tu commences déjà à y mettre les couleurs, tu vois déjà les effets de lumières que tu vas devoir y projeter. Alors tu lui rigoles de nouveau et tu et tu mets l'espèce de tablier blanc et trop grand qui te sert à protéger tes vêtement lorsque tu peins, avant de lui répondre. « En même temps, c'est toi la star de mon tableau Leslie, donc c'est pas si faux en réalité. » Tu souris doucement et te réfugies derrière ton tableau pour commencer à esquisser le tableau, pour commencer à en poser le lignes, les formes, le couleurs, les textures. Tu feras les yeux en derniers, c'est le détail maître du tableau, le détail qui fera que tu as raté la peinture ou non. Alors qu'il se remet à parler, tu fais une petite moue, toujours sans le regarder. « C'est pas drôle, mon professeur de Littérature ancienne m'a donné un examen à réviser, mon professeur de Lettres Modernes m'a donné un essai à rendre, et mon prof d'Arts Appliqués m'en a donné deux de plus... J'étais complètement noyé, j'ai dû demander un délai supplémentaire pour un des trois devoirs d'Arts. C'était assez ignoble, je suis content d'être sorti de cette semaine. Quelque fois les profs s'acharnent, et c'est plus supportable ! » Tu fais une petite moue et hausse les épaules. « Je voulais t'envoyer un message le lendemain, mais je me suis laissé prendre par les événements. » tu le regardes et commences à mélanger ses couleurs. « Je t'en supplie, je vais commencer, alors arrête de bouger. Et dis moi si tu te sens mal ou quoi... Enfin. Je sais pas. Si y'a un truc qui va pas dis le moi tout de suite, sinon je risque de tout rater de panique. » tu fais une petite moue avant de te mettre à poser les premières couleurs, les premiers traits, les premières choses qui feront du tableau ce qu'il est. La passion s'inscrit dans ton regard alors que ton pinceau bouge agilement sur la toile, tenu par tes mains fines et gracieuses qui donnent la cadence des touches de couleur. Tu plisses parfois les yeux et t'arrêtes pendant quelques longues secondes pour observer Leslie, avant de recommencer à peindre. « Et toi, qu'est-ce que t'as fait pendant cette semaine ? T'as essayé de chercher le restaurant dans lequel tu vas m'inviter ? » Tu rigoles doucement, tu le taquines, tu veux lui rappeler que ça tu n'as pas oublié, que tu veux le revoir encore, que ce n'est pas une option. Tu veux lui montrer que tu n'as pas fait d'erreur en lui envoyant un message, que c'était bien volontaire et que tu ne comptes pas le lâcher comme ça, après avoir fait un tableau de lui. « J'espère au moins que t'as enregistré mon numéro, je veux pas être le seul à devoir envoyer des messages, hmmm. Comme je ne sais pas où tu es, moi je veux jamais te déranger le week-end, on sait jamais... Et puis comme j'ai pas beaucoup de temps pour moi la semaine... » Puis tu replonges un peu dans ton tableau, avant de l'observer quelques secondes, puis de secouer doucement la tête, les sourcils froncés. « … Leslie, tu te fiches de moi quand tu dis que tu n'as jamais posé pour personne ? Même pas un photographe professionnel ou je ne sais quoi ? T'es... Je sais pas comment t'expliquer ça sans termes techniques mais.... Sur une toile, tu rends vraiment vraiment bien, et j'ai fait que les grandes lignes du tableau. En photo, j'imagine même pas ce que ça doit être, tu sais... » Tu rougis légèrement et tu te caches derrière ton tableau, recommençant à peindre frénétiquement pour oublier ta gêne, et surtout pour oublier le fait que tu ne lui fasses que des compliments, toujours des putain de compliments. « T'as même pas pensé à faire mannequin ? Enfin, le milieu est un peu hostile mais... Enfin. Tu vois ce que je veux dire quoi. Si tu rends très bien sur une toile, tu dois être plus que photogénique... » Tu rougis encore et tu hausses les épaules avant de te remettre à peindre, préférant te fier à tes pinceaux plutôt qu'à ce que tu dis.
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(✰) message posté Mer 19 Nov 2014 - 11:47 par Invité
Tu le regardes faire. Tu le regardes enfiler cette chose trop grande qui est censée protéger ses vêtement de tout éventuelle peinture. Tu te demandes alors pourquoi est-ce qu'il a mis de si jolies affaires sachant très bien qu'il allait peindre. Tu ne le poses pas la question parce que tu sais qu'il va rougir, tu sais que ça va le gêner, tu sais qu'il va être silencieux et baisser les yeux et tu n'en as pas envie. Tu veux simplement qu'il continue de te parler comme il le fait là, tu fais simplement l'entendre encore et encore t'expliquer les choses. Alors tu gardes ta question pour toi, même si tu as une petite idée, même si tu penses savoir pourquoi. Parce qu'au final, il est un peu comme toi. Il ne le montre pas, mais il est content que tu sois là, et il attendait ça. Alors il s'est fait beau. Pour toi. C'est peut-être un peu prétentieux de penser ça, peut-être qu'il s'est tout simplement fait beau pour lui, peut-être qu'il a tout simplement voulu se sentir bien dans ses vêtements, qu'il avait besoin de mettre ça. Ou peut-être même qu'en fait c'est une tenue qu'il met tous les jours pour peindre, peut-être que tu trouves ça beau simplement parce que c'est sur lui. Peut-être que tu te fais des idées. Tu le regardes alors, tu le fixes, tu le détailles. Tes yeux longent ses jambes vertigineuses et tu souris un peu, en coin, pour toi, tu souris comme si rien était et tu te dis que non. Non tu ne te fais pas des films, non ce n'est pas une simple tenue pour peindre. Tu sais qu'il s'est préparé. Tu le sais rien qu'à l'odeur de parfum qui règne encore en quelques résidus dans la pièce ou quand il gesticule. Tu sais qu'il a mis du parfum, parce que tu le sens. Peut-être qu'il n'en a pas mis beaucoup, mais il n'a tout simplement pas la même odeur que la dernière fois. Ce serait presque effrayant s'il t'entendait dire ça, mais c'est que la dernière fois tu t'es penché sur lui, pour lui dire au revoir, et il sentait simplement cette odeur que l'on a que dans les écoles, l'odeur de la science, l'odeur de l'apprentissage, il y avait aussi l'odeur de son shampooing, l'odeur de son savon, mais rien de plus que ce qu'on peut sentir sur un corps habituellement. Pourtant, elle t'a marquée, son odeur. Tu aurais voulu l'oublier, tu as essayé. Parce qu'on ne sait jamais, parce qu'il ne t'avait pas rappelé, parce que tu t'es dit qu'au final tu pouvais simplement faire comme s'il n'existait pas mais elle était toujours là. Sans cesse, elle te rappelait sa présence. Comme s'il fallait que tu t'en souviennes. Comme si tu n'avais absolument pas le droit de l'oublier. Tu ne veux plus. C'est quelque chose qui t'es sorti de la tête, essayer de l'oublier. Tu as très bien compris que ça ne se ferait jamais, que tu ne l'oublierais jamais. Alors au lieu de forcer ton corps, tu te laisses aller. Et regardes donc où ça vous a menés, il s'est fait beau pour toi tout autant que tu as fait des efforts pour lui. Tu aurais pu venir avec tes vêtement déchiré, ou avec n'importe quoi, tu aurais pu venir avec ce débardeur trop grand, déchiré, troué, celui que tu portais le jour de votre première rencontre, tu aurais pu mettre n'importe quoi, tu aurais pu même laissé tes cheveux sales, mais tu ne l'as pas fait, tout simplement parce que tu voulais qu'il te voit sous ton meilleur jour, tout simplement parce que tu avais envie qu'il te trouve beau. Qu'il te trouve attirant. Tu sais qu'il te trouve beau, parce que maladroitement, il te l'a dit la dernière fois. Il a essayé, en tout cas, de te le dire. Ou tu ne sais pas, tu as peut-être pris ça comme un compliment tandis que ce n'était que de simples mots, que de simples phrases qui se voulaient gentils. Peut-être qu'il disait ça d'un point de vue général ? Tu ne devrais pas t'emporter comme ça. Mais au fond de toi, tu sais. Tu sais que tu commences à le séduire, tu sais que malgré tout, tu commences à lui plaire. Ne serait-ce qu'un peu, ne serait-ce que pour quelques instants, tu sais qu'il te trouve attirant. Même s'il ne veut pas l'avouer, même s'il ne l'avouera certainement jamais. Tu sais. Tu sais parce que ses yeux te regardent différemment, tu sais parce qu'il te regarde. Et là est la clef de la chose. Il ne te regardait pas, avant, il te voyait. Simplement. Tu n'étais qu'une personne comme les autres, ses yeux ne prenaient pas le temps de s'arrêter pour toi pour te détailler, ses yeux ne prenaient pas le temps de se perdre dans les tiens, de t'examiner, il ne prenait pas le temps comme ça, comme il le fait maintenant. Tu le sais, parce qu'il a voulu te peindre. N'a-t-il pas dit qu'il peignait simplement les choses qui étaient dans son esprit, ou quelque chose du genre ? Alors peut-être que tu peux penser à être dans sa tête. Rien qu'un peu, rien qu'une partie de toi. Peut-être que tu peux espérer être dans sa tête comme il est ancré dans la tienne, peut-être que tu peux espérer qu'il pense un peu à toi, qu'il a besoin de ça pour te faire sortir. Mais tu n'es pas sûr, de ça, de vouloir sortir. Peut-être que tu aurais du refuser alors, peut-être que tu n'aurais jamais dû accepter de te faire peindre, histoire de le tourmenter encore un peu, histoire qu'il pense à toi, qu'il ne t'oublie pas. Parce que tu ne veux pas, qu'il t'oublie. Tu ne voudrais pas le voir te passer à côté sans même te dire bonjour. Après tout, vous vous connaissez maintenant non ? Vous savez qui vous êtes. Vous en savez même un peu trop, sur vous. Peut-être même que vous n'auriez jamais dû dire tout ça, parce qu'on ne sait jamais. Peut-être que ça va vous retomber dessus, peut-être que ça va vous revenir en pleine face, peut-être que l'autre va s'en servir ? Étrangement, tu lui fais confiance. Tu viens de le rencontrer mais tu sais que tu pourrais placer ta vie entre ses mains.
« Tous des sadiques, je sais pourquoi j'aime pas l'école. » Tu rigoles un peu. Rien qu'à entendre toutes ces matières, toutes ces choses, tu sens tes poils se hérisser. Tu ne comprends pas pourquoi tout ce travail, tu ne comprends même pas pourquoi toutes ces matières. Tu n'as pas eu besoin de ça, toi, pour faire ta culture et pourtant tu en connais des choses. Bien sûr que tu ne dois pas en connaître autant que lui, mais tu en connais déjà beaucoup trop pour quelqu'un qui n'a jamais rien fait de sa vie et qui est censé être bête comme ses pieds. Ce n'est pas toi qui le dit, ce sont les autres. Parce que tu n'as pas travaillé pour ton avenir, ils pensent que tu es bête, mais tu as presque envie de leur montrer que l'on peut s'en sortir sans ça dans la vie, quand on sait les choses, pourquoi s'embêter à les apprendre ? De toute manière, pour faire ce que tu fais, il n'y a pas besoin de beaucoup de connaissances, tu n'as jamais un emploi fixe, quelque chose qui se veut être un « travail » à proprement parlé. Lorsqu'il te demande d'arrêter de bouger, tu écrases simplement ta cigarette. Tu essayes de mettre tes mains quelque part avant de les changer de position, te mettant un peu plus à l'aise. Un un autre rire traverse tes lèvres avant que tu ne fasses un petit sourire. « On se calme l'artiste, tout va bien, je vais bien, tu vas bien, pas besoin de paniquer, prend ton temps j'peux rester comme ça au moins jusqu'à ce soir ! » Tu souris, et tu le laisses commencer, tu le laisses dans son silence, tu le laisse te regarder, t'observer, tu te sens peut-être un peu gêné parce que tu n'es pas habitué, parce que c'est gênant tout de même de savoir que l'on va finir sur une toile. Tu ne t'es jamais dit qu'un jour ça arriverait, tu ne t'es jamais dit qu'un jour on pouvait te trouver assez beau pour avoir envie de te peindre. Souvent, les gens ne t'aiment, ils ne te trouvent pas beau. Même s'ils ne parlent que de beauté intérieure, ils disent que ça se reflète sur ton corps, sur ton visage. Tu n'as tout simplement pas l'air beau. C'est comme ça, c'est ce qu'ils te disent. C'est ce qu'ils t'ont dit. Alors tu les a crus. Tu t'es laissé avoir, tu t'es laissé prendre au piège et tu ne sais plus te dire que tu es beau, tu ne sais plus te dire que tu peux plaire. Même si tu le sais, parce que putain, on te le dit. Mais tu ne le penses pas. Ils te disent aussi que tout ces hommes que tu ramènes dans ton lit, c'est pour te convaincre de quelque chose, c'est parce qu'il te manque quelque chose. Alors t'as envie de leur hurler que oui, bordel, il t'en manque des choses. Une famille, de l'amour, un équilibre. Il te manque tout ça, tout ce qui fait une vie, en fait ? Tu n'as rien, tu es comme un électron libre. Tu es seul, perdu dans le vide. Mais peut-être qu'en fait, tu n'es plus si seul, plus maintenant. Sa voix te tire de tes rêveries, alors tes yeux se posent sur la toile parlante. C'est drôle, on dirait qu'il y a simplement une toile et des jambes, avec des cheveux. Ca te fait un peu sourire. « Ouais ! Mais c'est galère parce que je sais pas ce que tu aimes, alors j'ai peur de faire mauvaise impression tu vois ? Et là c'est plus grave qu'un pauvre chocolat. » Tu souris encore. Tu es heureux, parce qu'au final, il a réellement accepté, il a vraiment voulu manger au restaurant avec toi. Ca fait tellement longtemps que tu n'y es pas allé. Enfin, pas comme ça, pas pour un simple rendez-vous. Tu as oublié comment on s'habillait, tu as presque oublié comment l'on se tenait, tu ne sais plus. A vrai dire, cette soirée te fait un peu peur, tu fais le fier mais tu ne devrais pas l'être tant que ça. Tu as tellement peur qu'il se rende compte que toi et les relations humaines, ce n'est pas trop ça. Bien sûr qu'il doit le savoir, mais il ne doit pas savoir que tu es dans le même état que lui, il ne doit pas savoir qu'en fait, tu es aussi seul et paumé que lui. Tu connais des corps, beaucoup trop de corps, tu connais des visages sans nom, tu connais des ombres que tu vois passer sur tes murs, des fantômes dans ton esprit embué. C'est tout, tout ce que tu sais, tout ce que tu connais. Parce qu'au final, t'es tout seul aussi. C'est un peu plus triste, à presque trente ans, non ? Certainement, oui, ça fait un peu de la peine, peut-être même que les "adultes" te regardent de travers, mais qu'est-ce que tu en as faire ? Tu n'as jamais eu vingt-huit ans dans ta tête, t'es resté bloqué à l'état d'adolescent, un peu perdu, un peu rebelle, qui en veut au monde et à la société. A tout le monde, tout ceux qui passent, tout ceux qui existent. Simplement parce que tu as décidé que c'était une bonne cause, se battre à contre-courant de la pensée, se battre simplement pour soi, seul, sans personne. Juste parce que tu as décidé que le monde t'en voulait, donc tu en veux au monde. Tu n'as pas grandis, vraiment pas, c'est un malheur de dire ça. quand tu l'entends lui, quand tu le vois, quand il te parle, il t'a l'air tellement plus adulte, tellement plus grand, tellement plus mature que toi, tu as simplement envie de te cacher sous ta couette et ne plus en sortir. Tu as envie de te cacher parce que tu as honte d'être encore un enfant alors que l'avenir, c'est sur des gens comme toi qu'il repose. Mais on ne peut pas te faire confiance, on ne peut pas se dire que plus tard, ça sera toi qui devra "gérer" le monde alors que tu ne sais déjà pas empêcher le tien de s'écrouler. « J'ai même mis un petit coeur à côté de ton nom. » Tu rigoles, tu le taquines toi aussi. « Mais je t'enverrai un message, alors, si tu veux, enfin, j'vais pas te déranger la semaine si tu bosses, j'veux pas te déconcentrer. Ou faudra me le dire, quoi. Tu vois ? Genre. "Leslie ta gueule, je dois bosser", surtout t'hésites pas ! Je le prendrais pas mal, j'm'en fiche. Je comprendrai plutôt bien même... Et sinon, envoie quelque chose quand tu veux, j'ai quasiment tout le temps mon téléphone sur moi et... Enfin, je peux répondre quoi, c'est tout. »
Tu fronces les sourcils lorsqu'il te demande si tu te fiches de lui. Tu secoues doucement la tête, un peu vexé tout de même. Tu sais qu'il ne dit pas ça méchamment, mais ça te vexe un peu tout de même. Un peu. Parce que tu lui as dit la vérité, parce que tu lui as dit tout simplement ce qui était vrai. Mais tu souris. Encore. Un peu. Tu souris parce qu'il est gêné, parce qu'il rougit, parce que tu le gênes, parce qu'il te fait des compliments, parce que tu t'es pas trompé, parce que tu lui plais, parce que tu ne sais pas. Simplement parce que tu aimes bien l'entendre te dire ce genre de choses. Alors tu hausses les épaules tandis qu'ils e remet à dessiner, tu n'as pas de suite répondu, comme si tu réfléchissais, comme si tu te posais des questions et finalement tu soupires un peu avant de dire ; « Non, je ne me fiche pas de toi, Nath... J'ai jamais posé pour personne, vraiment jamais. parce que d'une, ça ne me dit rien, parce que je ne 'rend' pas si bien, parce que je trouve que... Je sais pas. Poser. Faire mannequin.... C'est pas vraiment... Enfin, il n'y a que le physique qui compte. Et mon physique n'a rien de bien spécial par rapport à d'autres, ou même par rapport au tien. » Tu as dit ça sans vraiment le vouloir. Tu ne veux pas faire de remarques sur son corps, parce que tu as peur de ce qu'il pense penser en suite. Tu as peur qu'il pense que tu ne veux que ça, son corps, mais tu ne peux pas t'en empêcher. Pas là, pas aujourd'hui, pas maintenant. Pas après ce qu'il t'a dit. « Je veux dire... Toi, tu es plutôt... Enfin. T'es grand, maigre, t'as des jambes c'est pas des jambes quoi ! C'est un truc de fou, puis même sans parler de ça, ton visage est super... Harmonieux, j'aime la couleur de tes yeux, et même la façon dont tes cheveux retombe toujours sur ton visage.... Et. Enfin tu vois quoi, j'pense que tu peux autant peindre qu'être peint. » Tu fais une petite moue, un peu gêné tout de même. Ce n'est pas forcément ce que tu voulais lui dire, ou pas comme ça, ou pas maintenant, ou pas du tout, ou tu ne sais pas mais tu te sens faible maintenant. Face à lui, tu te sens tout simplement faible et démuni, sans force, sans pouvoir, il en sait beaucoup trop tout en ne sachant pas grand chose et tu ne sais pas pourquoi. Tu ne sais pas pourquoi tu lui as dit ça, tu ne sais pas pourquoi et tu as envie de fuir. Tu as simplement peur, d'un coup, comme ça, tu es effrayé parce que des pensées idiotes traversent ton esprit, parce que le sentiment indescriptible n'est pas si indescriptible mais tu n'as pas réellement envie de mettre des mots dessus parce que ça fait tout simplement peur, parce que si ce n'est pas ça, tu risques juste d'avoir mal, parce que putain de merde tu n'as tout simplement pas envie que ce soit ça, bien que tout ton être en crie le besoin, en crie le désir. « Laisse tomber, tu veux ? J'suis juste pas sûr de vouloir faire ce genre de choses, parce que tu disais... t'sais, quand on parlait d'autoportrait et ce genre de choses, tu disais qu'il y avait toujours quelque chose qui ne te plaisait pas, quand tu en faisais. Il y a toujours quelque chose qui ne me plait pas quand je me regarde, tu vois ce que je veux dire ? Et même si je sais ce que c'est, je n'y peux pas grand chose. » Tu hausses un peu les épaules avant de lui sourire. « On verra si tu peux changer ça ! » Tu rigoles doucement, tu essayes de changer de sujet, de détendre l'atmosphère. « Eehh, t'as évité la pseudo question de tout à l'heure, en fait. Tu préfères manger quoi, pour le resto, hm ? »
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(✰) message posté Sam 22 Nov 2014 - 18:07 par Invité
T'as honte. Il a sûrement vu que tu t'étais fait beau, et t'as honte. Tu voulais pas vraiment qu'il le sache, tu voulais pas vraiment qu'il devine qu'il te fait plus d'effet que ce que tu veux bien dire. Tu ne voulais vraiment pas qu'il te grille, et pourtant c'est trop tard. Tu l'as vu son sourire en coin, tu l'as vu son expression triomphante. Tu ne veux pas savoir comment il a su, mais il sait, et ça ne t'arrange pas du tout. T'es censé être le mec froid, le mec qui veut pas en dévoiler trop sur lui, le mec qui veut pas se laisser séduire par un putain de junkie. Et pourtant, là, en quelques minutes, toute ton image s'est effondrée. C'est à cause du parfum peut-être, ou alors à cause de tes vêtements. T'aurais dû choisir un autre jean, t'aurais pas dû mettre celui qui te fait des jambes à tomber par terre. T'aurai dû t'habiller comme un sac, t'aurais dû laisser le parfum de côté, t'aurais pas dû te coiffer. Tu n'aimes pas qu'il sache, parce que ça lui donne un pouvoir supplémentaire et que tu ne sais pas comment il peut avoir envie de l'utiliser. Tu ne sais pas et tu as un peu peur parce que ça ne t'ai jamais arrivé. Tu ne t'es jamais trouvé dans cette situation où deux adultes consentants se séduisent l'un l'autre, au fur et à mesure, juste comme ça, alors que ce n'est pas voulu. Ça n'arrive que dans les films, et encore, souvent les gens dans les films ne prennent pas le temps de connaître la personne avant de se déclarer amoureux. Amoureux, tu ne l'es pas, non. Ce n'est pas ça, pas encore ça. Tu lui plais, tu le sais, et lui a comprit qu'il te plaisait aussi, mais ça ne va pas plus loin, tu ne veux pas que ça aille plus loin, tu ne laisserais pas faire ça. Ce genre de relations ce n'est pas fait pour toi, et surtout pas avec ce genre de personnes, non surtout pas. Tu te l'es interdit, pas encore une fois. La décadence t'a déjà attrapé une fois, pas deux, non. Il était beau lui aussi, il avait de jolis yeux, il avait un beau sourire, et il a été la pire chose qui ai pu arriver dans ta vie. Tu ne veux pas que ça recommence, t'en as marre d'en chier à cause des autres, t'en peux plus. Tu t'étais promis de ne plus laisser personne t'approcher, tu t'étais promis de rester le plus solitaire possible, et voilà que tu te retrouves te préparer pour voir Leslie. Tu te dégoûtes, tu te demandes ce qui se passe dans ta tête, tu te demandes pourquoi t'es aussi con. T'aurais pas dû le revoir, t'aurais jamais dû lui proposer ça, mais en même temps tu n'as pas pu t'en empêcher. Juste parce qu'il te plaît trop quand il est sobre, parce que tu veux l'aider à le rester. Tu t'es mis cette idée en tête et tu ne comptes pas t'en dépêtrer, même si tu ne sais pas trop comment tu vas t'y prendre. Ce n'est pas vraiment quelque chose qui dure quelques jours, ni quelques semaines. Tu ne sais pas quand est-ce qu'il te fera assez confiance pour retirer son masque devant toi, pour laisser échapper toutes les horreurs qu'il contient. Tu ne sais même pas s'il acceptera un jour mais tu veux essayer, tu veux essayer parce que tu veux l'aider, parce qu'il est trop intelligent pour que tu le laisses couler sans même le regarder. Tu n'es pas mère Thérésa pourtant, tu devrais te mêler de ce qui te regarde, mais tu ne peux pas, tu n'y arrives pas. Tu n'aurais tout simplement pas dû le rencontrer, en réalité, mais parfois le destin est cruel. Tu ne crois pas au destin, tu ne crois en rien. Ni en un Dieu, ni en plusieurs, ni à une force métaphysique qui guiderait nos vies et nous dicterait nos comportements. Tu soupires alors doucement, parce que ça t'agace, parce que ça t’énerves, parce que tu n'aimes pas réfléchir à t'en faire bouillonner le cerveau sur lui, pour lui. Tu aimerais l'oublier mais tu ne peux tout simplement pas, tu ne veux pas. Sa compagnie te fait trop de bien, son regard te rassure, ses gestes pansent un peu tes blessures. Tu ne sais pas pourquoi il a tous ces pouvoirs sur toi alors que personne ne semblait les avoir, tu ne sais pas pourquoi c'est lui qui détient toutes ces clefs dans ses mains. Tu aimerais savoir ce qu'il compte en faire, tu aimerais savoir, tout simplement. Ça ne t'arrive pas souvent de te poser autant de questions sur quelqu'un mais ce n'est pas ta faute, c'est lui qui te fait plonger dans son regard bleuté, qui te perd dans ses yeux, dans ton propre esprit, et tu te noies dans tes pensées juste parce que c'est lui. Tu te perds toi-même alors que tu devrais pouvoir te repérer, tu te noies comme un con alors que tu devrais pouvoir t'accrocher. Tu ne sais pas ce qu'il t'arrive dès que tu es avec lui, dès qu'il est avec toi, mais tu n'as pas l'habitude de vivre un truc pareil. Tu ne veux plus jamais le vivre. Ça fait trop bizarre, c'est trop étrange, c'est trop peu rassurant. Au final tu ne sais pas s'il ne le fait pas exprès, tu ne sais pas si ce n'est pas ce qu'il veut. Te voir te perdre, foutre le bordel dans ta tête pour ensuite repartir comme si de rien n'était. Non, ce n'est pas ce qu'il veut, pas du tout. C'est marqué dans son regard, ça se voit dans ses yeux, il ne te veut pas de mal. Mais alors, pourquoi est-ce qu'il te regarde comme ça ? Pourquoi te fait-il cet effet là ?
Tu souris quand il évoque l'école, quand il réagit à tous les devoirs que tu as cité. Il n'y est pas beaucoup allé, ce n'est pas son truc. Toi tu t'en fiches, ça ne te dérange pas d'apprendre puisque tu sais que plus tard, tu auras un métier qui te mettra à l'abri du besoin, tu sais que tu ne travailles pas en vain. Ce que tu fais te plaît, ça te plaît énormément, et tu t'amuses lorsque tu apprends, lorsque tu dessines, lorsque tu peins. Évidemment que ce n'est pas de tout repos mais c'est une compensation de tout ce que ces études vont te permettre de faire. Elles te permettent de tirer un trait définitif sur ton passé, de te détacher de tout ce que tu as pu être auparavant. Elles te permettent d'avoir un joli CV et de pouvoir te faire embaucher plus facilement. Elles te permettent aussi de vivre tes rêves et de pouvoir faire de ta passion quelque chose de quotidien, quelque chose qui met un sourire sur tes lèvres lorsque tu ne vas pas bien. C'est ta passion, c'est ce qui te fait vivre, c'est ce qui t'a fait basculer, c'est ce qui t'a sauvé. Au final, même après être parti de chez tes parents, la drogue t'empêchait de dessiner correctement. Tout était laid, trop grand, trop moche, trop fade. Tu ne pouvais plus rien faire et sur la fin, avant de venir à Londres, tu as beaucoup pleuré. Tu voulais que ça cesse, tu voulais reprendre totale possession de tes moyens, tu voulais pouvoir dessiner aussi bien que tu le faisais avant. L'art était ce qui te faisait tenir et tu ne pouvais pas l'abandonner, alors c'est aussi pour ça que tu as décidé d'arrêter la drogue. Seul, sans aide, de façon brutale, presque barbare. Voilà à quel point tu aimes l'art, voilà à quel point tu y tiens. Tu ne pourrais pas t'en passer, et ce ne sont pas quelques cours d'histoire de l'Art qui vont te faire décrocher. Après tout, ce ne sont que quelques heures par semaine, et comparé au temps que tu consacres à créer, c'est un bien maigre sacrifice que tu fais avec plaisir. Après tout, il faut bien en faire quelques uns pour pouvoir vivre avec sa passion, pour pouvoir faire ce que l'on aime, pour pouvoir se consacrer à ce que l'on pense être la meilleure chose dans sa vie.
Tu souris derrière ta toile, tu hausses les épaules doucement. « Tant mieux alors, si tu peux rester comme ça jusqu'à ce soir ! Bon ça durera pas aussi longtemps, mais voilà... Je peux pas faire un tableau avec un modèle qui me supplie d'arrêter parce qu'il a mal aux jambes, tu vois. » Tu rigoles de nouveau, il essaye de te rassurer, de te dire que tout va bien, que ça va aller, que tu n'as pas de raison de stresser autant juste parce que c'est la première fois que tu as un modèle, juste parce que c'est lui que tu veux peindre, juste parce que tu as peur de tout rater. Tu flippes, tu n'en peux plus, t'as vraiment peur de tout foirer sans vraiment savoir pourquoi. Peut-être que c'est parce que tu ne maîtrises pas cette peinture, peut-être que c'est parce que tu as peur de rater l'expression de son visage, la finesse de son corps, la beauté de ses yeux. Peut-être que c'est un peu tout ça à la fois, peut-être que tu as tout simplement peur qu'il ne soit pas aussi beau sur la toile que dans ton esprit, que la reproduction ne soit pas fidèle à l'original. Tu aurais honte de lui présenter une toile qui ne serait pas belle, qui serait totalement ratée, bâclée, peu ressemblante. Tu aurais honte et tu ne veux pas qu'il voie ce genre de choses, tu veux qu'il découvre ta peinture sous son meilleur jour, tu veux qu'il sache à quel point tu aimes peindre, à quel point tu aimes le prendre alors que tu as à peine commencé. Tu veux transcrire chacun des traits qui fait sa beauté, tu veux montrer que ses mains sont douces avec tes pinceaux, tu veux montrer que ses lèvres sont tendres, tu veux montrer que ses yeux sont protecteurs. Tu veux immortaliser cette expression qu'il a pour toi, cette expression qui te fait te noyer dans la marée enragée de tes pensées, cette expression qui te perds et qui te fait perdre pied. « Une mauvaise impression ? Mais non ! Au pire on aurait changé de restaurant, c'est pas bien grave. » Tu rigoles doucement, tu restes bien caché derrière ta toile. Il parle d'impression, il parle comme si tu étais un rendez vous, comme si cette invitation à dîner dans un restaurant était un rendez-vous. Il parle comme s'il en attendait quelque chose, comme s'il voulait te laisser une certaine vision de lui que tu devrais retenir, que tu devrais attendre encore. Tu ne sais pas comment tu devrais comprendre ça mais quelque part il n'a pas tort, c'est un rendez vous. Aujourd'hui, là, maintenant, vous êtes en rendez vous. C'est ridicule à dire, c'est ridicule à admettre, mais tu ne peux pas faire autrement parce que c'est la vérité. Juste parce que vous vous êtes préparés l'un pour l'autre, c'est un rendez vous, et c'est seulement la troisième fois que vous vous voyez. Tu ne sais pas pourquoi ça tourne comme ça, tu ne sais pas pourquoi vous voulez faire les choses de cette manière tous les deux, mais tu n'es pas sûr de vouloir le savoir, Parfois, l'absence de réponse est plus sûre que la réponse elle-même. Alors tu le regardes et tu rougis, parce qu'il dit qu'il a mit une cœur à côté de ton nom. Ce doit être une blague mais ce n'est pas drôle, ça ne te fait pas rire, tu as envie de te cacher pour qu'il ne te voie plus. Tu ne sais pas comment réagir à ça alors tu fais semblant de rigoler, tu fais semblant de prendre ça pour une blague alors que tu ne sais pas s'il l'a vraiment fait ou non. Il en est capable, le con, et ça ne te permet pas d'être sûr de toi. Quand tu es sûr que tes joues ne sont plus si rouges que ça, tu sors de ton tableau pour regarder le modèle un long moment, parce que tu en as besoin pour peindre, parce que tu as besoin de mémoriser chaque détail de sa morphologie, chaque détail de son cors, chaque détail de son visage pour pouvoir reproduire fidèlement Leslie sur une toile.Tu peins frénétiquement, tu ajoutes de la couleur, tu redessines des choses qui ne te plaisent pas. « … T'en fais pas, Leslie. Tu peux m'envoyer un message quand tu veux, et si c'est pendant que je travaille j'y répondrai plus tard. T'inquiètes, cette semaine va être un peu plus légère alors je pense que j'aurai pas de soucis pour répondre, sauf si tu m'envoies des messages super tard évidemment. » Tu hausses les épaules et tu souris doucement, continuant de peindre, continuant d'apporter de la vie au dessin qui se trouve devant toi. Tu fronces un peu les sourcils parce que tu te demandes si ce que tu fais te convient, tu te demandes si tu fais bien d'utiliser cette couleur précise à cet endroit-là. Tu ne sais pas trop, tu essayes de faire au mieux, tu t'arrêtes de peindre pour regarder ton œuvre puis tu t'y remets avec un nouveau plan en tête, plus détaillé cette fois. Tu n'es pas content de ce que tu fais, ce n'est pas aussi beau que l'original, et pourtant il n'y a quasiment rien de fait pour le moment. On ne peut apercevoir que des contours un peu flous mais ça te déçoit déjà, tu sais que tu n'aurais tout simplement pas dû le peindre, tu n'aurais pas dû te prendre pour un artiste alors que tu n'es bon qu'à dessiner des pâquerettes sur une feuille canson. Ça ne te plaît pas et pourtant tu continues, tu ne veux pas le décevoir lui, tu veux qu'il puisse se voir sur une toile au moins une fois, tu veux qu'il puisse voir ses yeux et comprendre à quel point il est beau.
Ses mots ne te plaisent pas, tu fais une petite moue alors qu'il te dit que la pose ce n'est pas pour lui. Il pourrait se faire tellement de sous en devenant mannequin.. Et puis il parle de ton physique, et tu rougis en le regardant, parce que tu ne t'attendais pas à ce qu'il parle de toi, comme ça, d'un coup. Tu n'as pas envie qu'il parle de ton physique, tu n'as pas envie qu'il te fasse des compliments, qu'il te fasse rougir encore. Tu veux qu'il te laisse un peu de répit à ce niveau là, tu veux que tes joues arrêtes de chauffer. Mais non, il continue de parler et te fait encore plus de compliments, et toi tu rougis, tu frissonnes, tu ne sais pas quoi dire. « … Je suis pas si maigre.. J'ai juste... Enfin je suis juste très mince. Pas maigre. » Tu n'aimes pas ce mot, parce qu'il sonne malade, parce qu'il sonne pâle, parce qu'il sonne dur. Tu n'aimes pas ce mot parce qu'il fait résonner trop de choses en toi, parce qu'il te fait penser aux causes de ta maigreur, parce qu'il te rappelle que ton corps ne s'est toujours pas remit de tes excès passés. « … Mais... Merci, je suppose ? C'est gentil. » Tu savais que tu lui plaisais mais tu ne savais pas à quel point, et ça te plaît de savoir qu'il aime tes yeux, qu'il aime ton regard, qu'il aime ton visage. Ça te plaît de savoir qu'il aime quand tes cheveux retombent devant tes yeux, parce que ce n'est pas anodin, parce qu'on ne dit pas ce genre de choses lorsqu'on ne s'intéresse qu'au physique d'une personne. On dit qu'elle a un beau visage, qu'elle a de belles jambes, qu'elle a de beaux yeux, mais on ne dit pas que l'on aime lorsque ses cheveux retombent devant ses yeux. Ça te fait rougir de plus belle, tu ne sais pas pourquoi il te dit tout ça, tu ne sais pas pourquoi il parle maintenant alors qu'il a refréné beaucoup de compliments comme cela depuis l'après midi au café. Tu ne le regardes pas, tu ne sors pas de ta toile, il doit déjà savoir que tu es rouge comme une tomate et que tu ne peux pas le regarder dans les yeux sous peine de mourir de gêne. « Je suis pas assez beau pour être peint. Mes expressions de visages sont pas assez jolies, et j'ai trop de défauts. » Tu hausses les épaules, parce qu'on t'a déjà dit que tu ne pouvais pas vraiment être modèle, parce qu'au départ c'est comme ça que tu as essayé de gagner ta vie en arrivant à Londres. Sauf que les seuls professionnels sérieux qui ne faisaient pas coucher leurs modèles étaient ceux qui te refusaient toujours, parce que ceci, parce que cela. Trop maigre, trop grand, trop laid, trop de choses qui ne font pas joli sur un tableau. Tu n'as jamais su comment réagir à ce genre de critiques sur ton physique alors tu as tout simplement abandonné, mais entendre de sa bouche que tu pourrais te faire peindre te laisse perplexe. C'était lui le plus beau, il l'est bien plus que toi, et tu ne comprends pas comment il fait pour ne pas le voir. « … Sauf que je parlais de ma manière de peindre, Leslie. Toi, si ton reflet dans le miroir ne te plaît pas, je ne peux pas comprendre pourquoi. Y'a tellement de gens qui tueraient pour avoir ton visage ou ton corps, tellement de gens qui veulent coucher avec toi... Je sais pas comment tu fais pour trouver quelque chose qui ne va pas chez toi. Je suis sûr que si les gens te trouvent des défauts, ce n'est que par pure jalousie. » Souffles-tu en le regardant, glissant tes mains dans tes cheveux pour les remettre en place et pour cacher ta gêne. Tu viens encore de le complimenter et tu ne sais pas pourquoi ça te gêne autant, tu ne sais pas pourquoi tu veux qu'il arrête de te gêner comme ça, puisqu'en réalité tu te gênes un peu tout seul. « J'espère vraiment que tu t'aimeras sur ma peinture, au moins... Je t'assure que je fais de mon mieux pour que ce soit le cas. » Tu lui fais un rapide sourire en te mettant sur la pointe des pieds avant de te remettre à peindre, posant plus de touches de couleur d'un côté que de l'autre pour accentuer la luminosité, pour créer différents effets dont tu as le secret. Tu poses alors ton pinceau un instant et tu recules pour t'adosser à la fenêtre, sortant une clope de ta poche, comparant le tableau et l'original d'un œil avisé. « Hm ? Oh, euh... » Tu tires une latte de la cigarette avant de hausser les épaules, croisant doucement les bras, calant la cancéreuse entre tes doigts fins. « Je sais pas, comme tu veux ? Italien, Indien, Chinois, Japonais, Français... Ce qui te plaira, je suis pas difficile, tant que c'est bon et que c'est pas anglais surtout. » Tu rigoles doucement et tu continues ton travail d'observation, nécessaire à chacune de tes peintures, tes yeux passant de l'un à l'autre avec une lenteur calculée. « Tu voudras y aller quand, au restaurant ? Parce qu'il faut réserver non ? Enfin la plupart du temps... » Tu tires plusieurs lattes de ta cigarette mais tu ne la finis pas, tu dois te remettre au travail, tu sens que tu tiens le truc. Tu le regardes alors, désignant la cigarette du doigt. « Tu la finis ? Ce serait trop bête de la gâcher. » Dis-tu en expulsant la fumée, avançant vers lui pour la lui tendre. « Ces merdes coûtent trop cher pour qu'on les gaspille, hm. » Tu fais une petite moue et tu retournes à ton tableau, reprenant ton pinceau et mélangeant encore et encore les couleurs jusqu'à être totalement satisfait. Tu peins, tu peins, encore et encore, frénétiquement, et tu te demandes ce que ce tableau va donner, tu fais de ton mieux pour qu'il rende aussi bien que tu l'imagines. Tu regardes le modèle, puis tu te remets à tracer des traits, à poser des couleurs, tu changes de pinceau pour créer des détails, pour représenter la douceur de ses mains, pour représenter la tendresse de ses lèvres. Puis tu le regardes à nouveau. « … Pour l'instant, je dois t'avouer que je suis pas très fier de moi. » Tu fais une petite moue et tu te caches à nouveau derrière la toile, peignant encore et encore, jusqu'à ce qu'une question ne te brûle les lèvres, tellement que tu es obligé de la lui poser. « Dis, Leslie... Euh. Comme tu fais ça gentiment et qu'on risque de finir un peu tard... Enfin il est déjà 16 heures quarante et je suis loin d'avoir fini tu vois... Euh... Tu resterais manger ici ? Enfin... Je cuisine pas très bien mais c'est pour te remercier... En quelque sorte. » Tu rougis en le regardant et tu baisses les yeux, haussant les épaules, pas très très sûr de ce que tu viens de dire, ni très sûr que ce soit réellement une bonne idée.
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(✰) message posté Lun 24 Nov 2014 - 3:20 par Invité
Tu ne veux pas croiser son regard, alors le tien traîne. Sur l'appartement, sur la toile, sur ses jambes, sur ses doigts, sur la cigarette, sur la fumée qui s'en échappe. Tu ne veux pas croiser son regard parce qu'il est beaucoup trop gênant, parce qu'il te fait beaucoup trop d'effet, parce que tu n'aimes pas vraiment ce regard inquisiteur. C'est toi qui a accepté de te laisser peindre, mais tu ne sais plus si c'est une bonne chose finalement. Tu hésites à te lever et partir, trouvant une excuse bidon, quelque chose qu'il ne croirait certainement pas. Tu ne sais pas. Parce que maintenant que tu réfléchis, tu ne sais pas si tu t'aimeras, même si ce sont ses pinceaux, tu ne sais pas si tu arriveras à trouver quelque chose qui te convient, quelque chose qui te fait plaisir, tu ne sais pas si tu te retrouveras dans cette peinture. C'est ce que tu reproches au mannequinat, tu ne sais pas s'il comprendrait, mais c'est ça que tu reproches aux photos de ces artistes. Tu ne te retrouves pas dedans, parce que ces poses, ce n'est pas toi, parce que ce regard-là, ce n'est pas le tien, parce que ces fringues ce ne sont pas les tiennes. Il n'y a plus d'identité dans ce genre de choses et toi tu ne veux pas que l'on te l'enlève, tu ne veux pas que quelqu'un te la prenne, tu ne veux pas qu'on te la pique, ton identité. Tu ne veux pas être quelqu'un d'autre, tu en veux pas être personne. Simplement toi. C'est peut-être pour ça aussi que tu ne t'en sors pas dans la vie, c'est peut-être pour ça qu'en fait, tu n'arrives à rien. Parce que tu vas contre la société, cette société qui prône l'anonymat, la transparence. Il faut être comme tout le monde pour que ça marche, il faut être normal, il faut ressembler à monsieur tout le monde, il faut pouvoir se fondre dans la masse et toi, toi, tu ne veux pas ça. Tu veux que l'on te voit, tu veux être quelqu'un, tu veux exister. Aux yeux du monde, aux yeux des autres, tu veux qu'on sache que tu es là, prêt, que tu es là, à hurler des choses. Après tout, ça sert à quoi de vivre si ce n'est que pour côtoyer des étrangers ? Autant aller dans une tombe maintenant, entre deux personnes que tu ne connaîtras certainement pas. On vit en fantôme maintenant, en âme perdue, on vit plus vraiment en fait, on ne fait que passer dans la vie des gens, on n'est que des ombres parmi les ombres, on n'est plus que de simples choses, de simples corps, des robots. On ne prend même plus le temps de se regarder, de s'observer. Prendre le temps de se regarder. Lui, il le prend son temps pour te regarder. Tu le sais, tu le sens, tu le vois, c'est normal après tout, il te dessine non ? Il faut qu'il t'observe. Mais c'est gênant, terriblement gênant de sentir son regard sur toi sans cesse, surtout à présent. Il s'est arrêté de peindre, il s'est arrêté de toucher à ses pinceaux depuis quelques instants, préférant fumer et toi tu voudrais qu'il se cache encore derrière son tableau parce que ses yeux sont beaucoup trop curieux, parce qu'il va voir tous les défauts de ton être s'il continue de te regarder comme il le fait. Le plus gênant c'est de penser qu'il te connaître mieux que toi même, à force de te regarder comme ça. Il va savoir le moindre détail de ton corps alors que toi, tu ne sais absolument rien du sien. Ca ne te dérange pas, à vrai dire, parce que tu as l'habitude de montrer ton corps, peut-être même que c'est la seule chose de bien que tu sais encore faire sans que ça ne foire. Mais tu ne veux pas que lui voit certaines choses. Tu ne veux pas qu'il remarque tes joues beaucoup trop creuses, ton teint beaucoup trop pâle, tu ne veux pas qu'il voit les cernes sous tes yeux bleus, tu ne veux pas qu'il remarque tes lèvres asséchées, tu ne veux pas qu'il voit que tu es fragile, destructible. Tu veux continuer d'être fort à ses yeux, tu veux continuer d'être fier, tu veux continuer d'être normal et non paraître malade, complètement mort. Parce que tu ne l'es pas, hein ? Non, aujourd'hui ça va, tu vas plutôt bien, même très bien, ça se voit dans ton sourire, ça se voit dans ton regard, ça se voit quand tu relèves les yeux vers lui, ça se voit quand tu lui souris, à lui, quand tu lui parles, quand tu le taquines. Alors tu ne veux pas qu'il te voit malade, parce que s'il te voit comme ça, c'est comme ça qu'il te représentera et tu sais que ça ne va pas te plaire. Tu auras comme l'impression de te perdre dans un miroir sans fin, tu auras comme l'impression qu'il a essayé de t'achever avec sa peinture, avec ses couleurs. Tu vois le mal partout, tu devrais peut-être te calmer déstresser, peut-être que c'est à toi qu'il faudrait dire que tout va bien se passer, qu'il ne va rien y avoir, parce que tu ne sais pas au fond. Non, tu ne sais toujours pas comment lui te voit, tu ne sais toujours pas ce qu'il pense de toi, enfin si, tu sais. Un peu. Tu sais parce qu'il s'est grillé tout seul, tu sais parce qu'il t'a fait des compliments, parce qu'il a rougit, parce qu'il s'est fait beau. Tu sais parce qu'il a bien voulu te revoir, parce qu'il a accepté encore d'autres rendez-vous -pouvez-vous appeler ça des rendez-vous ?, tu le sais parce qu'au final tu ne serais pas là en train d'être peint s'il n'avait pas eu un minimum de considération pour toi. Mais en même temps, tu ne sais rien, tu ne sais absolument rien et putain qu'est-ce que ça peut t'énerver, qu'est-ce que ça peut te foutre en rogne, parce que tu as l'impression que lui peut lire dans ton esprit, tu as l'impression que lui est capable de voir tout ce que tu penses, de penser ce que tu penses, il est comme capable de s'insinuer en toi, comme capable de prendre possession de toi. Et tu ne veux pas. Tu ne veux pas. Il a déjà bien trop de pouvoir sur toi, sans même le savoir, il ne s'en rend pas compte, mais tu ferais beaucoup de choses pour lui. Beaucoup trop de choses. Peut-être qu'il faudrait que tu te calmes, que tu redescendes sur Terre, peut-être qu'il faudrait que tu reprennes tes esprits, ou peut-être qu'il faudrait que tu découvres ce qu'il pense. Ce qu'il pense vraiment. Tout ce qu'il pense. Il a dit la dernière fois que tu n'aimerais pas être dans sa tête, mais toi tu es persuadé que si. Tu es certain que tu aimerais être là-dedans, ou peut-être que tu y es déjà ? Peut-être que t'as déjà ta petite place, peut-être que t'es déjà là à donner des coups de pied alors qu'en fait, tu voudrais simplement ranger son bordel ? Peut-être que tu ne l'aides pas, peut-être qu'en fait, il ne veut pas te laisser entrer là-dedans parce que tu y es déjà trop, ou peut-être que tu te fais simplement des films, peut-être que tu penses à trop de choses, peut-être que tu devrais arrêter de penser, peut-être que c'est ton cerveau que tu devrais ranger, peut-être que tu devrais arrêter, tout simplement arrêter. De penser, de respirer, de réfléchir, de vivre. Peut-être que tu devrais arrêter les suppositions et simplement lui parler. C'est une solution comme une autre, avoir du courage. Mais tu ne veux pas qu'il prenne la fuite, tu ne veux pas qu'il s'en aille, tu ne veux pas que de nouveau il prenne ses jambes à son cou, tu ne veux pas qu'il se referme, tu ne veux pas perdre tout ce que tu as obtenu, tu ne veux pas qu'il reprennent tout ce qu'il t'a donné, tu ne veux pas qu'il oublie les faveurs qu'il t'a faite, tu ne veux pas, oh non. Alors tu ne dis rien, le silence est beaucoup mieux dans ces moments-là. Tu ne veux pas prendre le risque de le perdre alors que tu viens à peine de le trouver, alors qu'il te fait à peine confiance, alors que tu as enfin réussi à faire quelque chose de bien dans ta vie, alors qu'il a réussi à te faire faire quelque chose de bien dans ta vie. C'est un peu grâce à lui, tout ça, c'est un peu parce qu'il est là que tu vas mieux. Tu devrais le remercier, non ? Tu devrais peut-être le prendre dans tes bras, peut-être même que tu devrais le serrer fort contre toi et lui dire merci. Mais en attendant, tu restes là, immobile et tu attends qu'il finisse de te décrypter, tu attends qu'il finisse de te voir, de te regarder, de t'observer.
« Japonais, c'est plutôt cool. Et je connais un petit resto'... Plutôt pas mal. » Avoues-tu, avec un sourire avant de te mettre à rire un petit peu. « Oh non, pas forcément, enfin pas dans ce cas-là, mais c'est quand ça t'arrange. On pourrait y aller dans week-end, histoire que tu décompresses un peu de tes cours, puis comme ça tu pourras te reposer et rester tard sans te soucier de ce que tu as le lendemain... Enfin, je suppose ? Si ça te va ? Je sais pas, c'est comme tu veux, je suis tout à ta disposition. » Tu hausses les épaules, un petit rire s'échappe de nouveau d'entre tes lèvres. Tu as un peu l'impression d'être un ado, des fois, ce genre d'ado qui donne un vrai rendez-vous pour la première fois, ce genre d'ado qui d'habitude donne rendez-vous dans un fast food mais qui là sort le grand jeu. Tu n'es pas forcément très à l'aise, ave les restaurants, avec ce genre de choses, parce qu'il faut être net, parce qu'il faut être bien. En fait,t u n'as carrément pas l'habitude avec lez rendez-vous, il était déjà dur de venir à celui d'aujourd'hui, alors si vous en avez un autre, et en extérieur, qu'est-ce que ce sera ? Quelque chose d'assez drôle, certainement. Tu seras sûrement mal à l'aise, tu seras sûrement gêné, peut-être même que tu oublieras comment manger. En quelques secondes des tas de questions te traversent l'esprit, en quelques minutes tu te demandes comment est-ce qu'il pourrait être habillé, comme est-ce qu'il se serait préparé, est-ce qu'il aura mit le même parfum, est-ce qu'il sera encore plus beau que ce qu'il est déjà ? Tu devrais peut-être arrêter ça, aussi, de le trouver beau. Tu devrais peut-être arrêter, parce que ça peut faire mal, parce que tu sais que tu ne le trouves pas seulement beau, parce que tu sais que tu devrais juste arrêter d'y penser avant que tout ne tourne mal, avant que tu ne gâches encore tout ce bordel, avant que tu ne fasses encore l'imbécile, l'idiot, avant qu'il ne comprenne. Il comprendra, de toute manière, que même si tu as abandonné, ton corps n'est pas d'accord. Il réagit trop vite, trop fort, beaucoup trop et quand il s'agit de lui, alors c'est pire. C'est pour ça que tu ne dois plus penser à ce rendez-vous, pas maintenant, plus tard, seul chez toi, mais pas là. Calme-toi. C'est lui qui te tire de tes pensées en tendant vers toi sa cigarette, tu hausses un sourcil avant de sourire ; « T'as raison. » Tu prends la cancéreuse entre tes doigts avant de la caler entre tes lèvres et t'as un léger frisson qui parcourt ton corps, tu souris un peu. Il ne le sait pas, peut-être qu'il n'y a juste pas pensé mais ses lèvres sont contre les tiennes maintenant. Indirectement, il est venu les penser doucement sur les tiennes dans un baiser de fumée, dans un furtif souffle que tu as terminé par échappé. Tu aurais pouvoir sentir le goût de ses lèvres, sur ce morceau de cigarette. Tu aurais aimé pouvoir savoir quel goût elles ont. Tu les imagines sucrées, peut-être un peu acide. Mais pas cette acidité qui fait mal, pas ce poison qui vous ronge, juste acide comme un doux bonbon que l'on prend plaisir à goûter, juste qui pique un peu pour vous faire soulever le cœur. Tu regardes la cigarette, tu en fais tomber la cendre et la remets entre tes lèvres pour un nouveau baiser. T'as l'esprit qui divague, sûrement un peu trop, tu devrais te reprendre, tu devrais arrêter d'y penser. Ce n'est pas bon, tu sais que ce n'est pas bon pour toi, tu devrais te calmer, juste un peu, juste quelques secondes. Et parce qu'il est silencieux, t'en profites pour jouer avec la fumée, tu en profites pour disperser quelques ronds dans l'appartement. Assez fier de toi, tu souris, et tes yeux se reportent alors sur le brun qui bouge derrière son tableau tandis que tu écrases la cigarette, doucement. Il t'arrête dans tes mouvements lorsqu'il te dit qu'il n'est pas fier. Tu fronces les sourcils. Tu ne veux pas savoir, tu n'as pas envie qu'il se dévalorise alors les mots sortent tout seul, peut-être même qu'ils n'auraient jamais dû sortir comme ça, aussi facilement ; « Moi je suis fier de toi. » c'est idiot de dire ça, après tout, de quoi tu es fier ? Tu n'as rien vu, tu ne sais rien, tu ne connais aucun des traits qui sont censés te représenter. Mais tu es fier quand même. Tu es fier parce qu'il est courageux, tu es fier parce qu'il te dit en face ce qu'il pense, tu es fier parce que tu sais que ce sera réussi, tu sais qu'il se dénigre beaucoup trop, tu sais qu'en vérité il est doué, l'enfant, mais il ne veut juste pas le voir, ou on ne veut pas le lui montrer. Toi, tu es là pour ça. Tu es là pour lui faire prendre conscience de son talent, pour lui faire prendre conscience de ce qu'il sait faire, pour lui faire comprendre qu'il n'a pas à se sentir sous les autres, parce qu'il est bien au dessus. T'as envie qu'il dise qu'il est fier, t'as envie qu'il dise qu'il se sent bien avec ce qu'il fait, qu'il se sent plutôt fier de ce qu'il fait. Sûrement qu'il ne comprend pas pourquoi est-ce que tu as dit ça. Sûrement même qu'il te trouve un peu idiot, un peu bête, un peu simple. Peut-être même qu'il pourrait te regarder avec ses yeux amusés et rire un peu de toi, rire un peu tout simplement. Mais c'est vrai, tu voudrais qu'il soit fier, tu voudrais qu'il bombe le torse et qu'il crie haut et fort que lui, il est un artiste. Un putain d'artiste et qu'il est bien meilleur que tout le monde, bien meilleur que ces moutons, bien meilleur que ceux qui pensent savoir dessiner sans même savoir ce qu'est l'art, le vrai art, celui qui vient du cœur, du corps, celui qui sort par tous les pores de la peau, celui qui régit tout une vie comme il décide de la sienne. Tu voudrais que sa passion soit récompensée, tu voudrais que son travail soit reconnu, tout simplement parce qu'il le mérite. Beaucoup plus que certains. Beaucoup plus que d'autres. Juste simplement parce qu'il a besoin que quelqu'un lui redonne confiance en lui, et tu voudrais pouvoir en être capable mais ne faut-il pas d’abord avoir confiance en soi avant de prouver aux autres qu'ils peuvent avoir confiance en eux ? Et il redevient silencieux, comme une tombe. Tu entends son cerveau qui fulmine, tu pourrais même voir la fumée de où tu es, si ce n'était pas qu'une image, et tu souris un peu parce que tu es fier de toi, parce que tu arrives à le déstabiliser un peu, tout de même, parce qu'il doit se poser des questions, pourquoi est-ce que tu dis ci, ou ça, pourquoi est-ce que tu es fier de lui ? C'est certainement une question qui a dû lui effleurer l'esprit, et peut-être que tu ne lui répondras jamais, certainement que tu ne lui répondras jamais, tu ne veux pas qu'il sache... Ou peut-être que même toi, tu ne sais pas vraiment, au fond, parce que tu ne sais pas trop non plis, pourquoi tu es fier de lui, pourquoi est-ce que tu as ce sentiment qui pousse doucement dans ton estomac. Tu n'aimes pas les sentiments, ils prennent beaucoup trop de place, ils sont beaucoup trop là, ils sont beaucoup trop présents, et tu voudrais simplement qu'ils disparaissent. Mais que serait-on sans les sentiments ? De simples animaux, tu ne serais qu'un animal parmi tant d'autre, et pourtant des fois tu préférerais ça à l’incompréhension. Tu n'aimes pas ça, ne pas te comprendre. Ne pas savoir où tu vas. Te sentir perdu. Et surtout, quand c'est la faute de quelqu'un et qu'il l'ignore complètement. Parce que tu ne laisses rien apparaître, tu ne laisses jamais rien apparaître. Parce que tu ne veux pas qu'on réussisse à lire en toi comme dans un livre ouvert, parce que tu n'aimes pas la faiblesse des sentiments, parce que tu n'aimes pas te sentir faible, tu n'aimes pas sentir qu'on a le pouvoir sur toi, tu préfères pouvoir t'échapper, pouvoir faire le fier, pouvoir faire l'intouchable alors que lui, lui finalement, il t'a eu en plein cœur, putain que ses yeux t'ont été fatal, que ses mots t'ont anéanti. Mais il ne le sait pas. Il n'en sait, rien, il s'en fiche, et même sans ça il a tellement de pouvoir sur toi... Plus ça passe, plus tu t'en rends compte et moins ça va. Il faut que tu te débrouilles, que tu te démêles de son emprise, que tu t'échappes. Il faut que tu résistes, rien qu'un peu, rien qu'encore un peu.
« C'est trop gentil de ta part, mais si c'est pour m'empoisonner, non merci quoi ! » Que tu dis en rigolant alors que tu allumes une nouvelle cigarette. Tu devrais certainement arrêter de fumer comme tu le fais, mais quelque part ça t'aide à tenir, ça t'aide ça t'aide à ne pas trembler. Au début, tu refuses son invitation, tu préfères refuser. Et si tu ne tiens pas ? T si tu n'es pas capable de tenir toute une soirée, toue une journée, tout ça ? Et si tu ne peux juste pas ? Mais tu vois ses yeux, son petit regard de chien battu, celui qu'il te fait sans même savoir, celui qui te séduit à chaque fois et alors tu soupires, levant les yeux au ciel, rigolant un peu ; « Ok, très bien, mais je cuisine ! J'ai quelques notions ! Puis bon, je préfère ça que tu mettes le feu à ton pauvre appart' en aillant voulu me cuisiner quelque chose, je me sentirai coupable après. » Tu te remets à rire doucement, et tu hausses les épaules. « J'ai quelques compétences en cuisine, 'fallait bien que je me débrouille à la maison, ma mère ne se souvenait même plus de comment se servir d'un micro-onde et franchement, y'avait plus que moi pour m'occuper d'moi et de ce que j'allais bouffer. Ca sera sûrement pas du grand art, mais ce sera comestible je pense... » Tu le regardes avant de baisser les yeux. C'était sorti tout seul, tu ne voulais vraiment pas dire ça comme ça, en dire encore sur toi. Tu ne voulais pas qu'il sache, tu ne voulais pas qu'il soit au courant de certaines choses, alors tu bouges un peu ta main avant qu'il ne te réprimande, tu fais un peu la moue et tu hausses les épaules. « Oublie simplement ce que je viens de dire, hm ? J'ai pas trop envie que tu t’apitoies sur moi parce que je devais me faire à manger. » Tu rigoles doucement et tu tires nerveusement sur ta clope, bordel qu'est-ce que tu peux être idiot des fois. Tu n'avais pas besoin de sortir quelque chose comme ça, tu n'avais pas besoin de plomber l'ambiance avec ton passé pas drôle, avec tes conneries. Mais c'est un peu de sa faute, parce qu'il te met en confiance, parce que grâce à lui, tu te sens simplement bien, simplement à ta place. Peut-être un peu trop, finalement. Puis, au bout de plusieurs heures sans mot, parce que tu ne voulais pas le déranger, parce qu'il était concentré, il te dit qu'il a terminé. Qu'enfin, c'est fini. Alors toi, t'es heureux. Evidemment que tu es heureux, et un sourire se dessine sur tes lèvres alors que tu te lèves du canapé sur lequel tu avais posé tes fesses un peu plus tôt. Tu t'étires, rester assis ça engourdi, tu fais craquer quelques uns de tes os, tu découvres ton ventre légèrement avant de rebaisser ton pull et de venir voir la toile. Tu es certain qu'il appréhende, c'est normal, même toi t'as un peu le cœur qui bat, t'as un peu les mains moites. Tu ne sais même pas pourquoi, tu n'as pas à t’inquiéter pour lui, tu le sais très bien. Tu t'arrêtes devant l'oeuvre. L'oeuvre d'Art. Peut-être même qu'à tes yeux, c'est un chef d'oeuvre. Oh non, il n'y a rien de bien prétentieux dans ce que tu penses là, c'est sa technique qui est un chef d'oeuvre, pas ton visage. Alors tu regardes le tableau, tu le regardes lui. Tes yeux font plusieurs fois le trajet, et tu sais que les siens te supplient de parler, de dire quelque chose, exprime-toi bordel. « C'est magnifique. » Première chose qui te vient à l'esprit. « Je veux dire... Pas moi, je suis pas magnifique, enfin, si, mais non mais.. Ton tableau est magnifique quoi. Les couleurs, et tout ce genre de choses, tu vois ce que je veux dire ? Je me trouve pas magnifique dans le sens où, là, je suis plus beau qu'ailleurs, je trouve juste que l'ensemble du tableau est vraiment... Parfait. » Tu souffles ce dernier mot en le regardant, tu lui adresses un petit sourire avant de pointer du doigt tes yeux sur cette toile blanche. « J'ai vraiment les yeux aussi bleu que ça ? » Que tu demandes innocemment, avec un petit sourire, avant de prendre ton téléphone pour observer la couleur de tes yeux, tu ne sais pas, tu hausses les épaules et tu le regardes de nouveau. « Quand je dis que tu es doué, je le pense vraiment, tu sais ? Et.. je suis vraiment fier de toi. » Tu le dis doucement,t u le dis avec un sourire, et t'as la main qui se pose dans ses cheveux, tu les ébouriffes un peu, dans un simple geste tendre, dans une simple preuve d'affection. « Tu vas en faire quoi maintenant ? Je veux au moins que tu l'affiches dans ta chambre pour ne penser qu'à moi tout le temps ! » Tu éclates de rire, avant que ton estomac ne se mette à doucement grogner. « Ohw... Désolé... » Tu rigoles de nouveau, passant une main dans tes cheveux colorés. Peut-être qu'au final, il a réussi. Tu t'es un peu aimé, là, sur cette toile. Tu t'es un peu apprécié, en peinture. Tu as réussi à te dire que tu n'étais pas trop mal, mais ça, c'est simplement parce qu'il t'a dessiné comme il te voit.
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(✰) message posté Mer 26 Nov 2014 - 11:32 par Invité
Tu ne sais pas pourquoi mais tu sens qu'il a peur. Tu sens qu'il est effrayé, que quelque part il est mal à l'aise, il aimerait partir. Tu te demandes si c'est de ta faute, tu te demandes si tu as fait quelque chose de mal. Tu le vois dans ses yeux, tu le vois dans sa manière d'éviter ton regard. Tu ne sais pas pourquoi il fait ça, lui qui d'habitude est si sûr de lui, lui qui d'habitude n'hésite pas à plonger ses beaux yeux bleus dans ton regard apeuré. Parce que c'est toi qui a peur d'habitude, c'est toi qui te caches, c'est qui qui cherches à le fuir, pas lui. D'habitude, c'est lui qui essaye de te mettre un peu dans l'embarras, c'est lui qui cherche à capter tes yeux pour te faire rougir. Tu ne sais pas ce qui lui arrive, tu ne sais pas ce qu'il se passe mais tu aimerais bien. Pourquoi les rôles se sont-ils inversés tout à coup ? Pourquoi est-ce que c'est toi qui intimide et pas l'inverse ? Tu ne sais pas, tu n'as pas l'habitude de faire réellement peur aux gens comme ça. Tu n'es pas quelqu'un de méchant, tu ne veux de mal à personne, ce n'est pas dans ton caractère. Alors pourquoi semble-t-il avoir vraiment très envie de partir ? Ça ne te vexe pas, mais presque. Tu aurais envie de relever, tu aurais envie de lui poser la question. Dis, pourquoi est-ce que tu évites mon regard ? Mais non, il ne faut pas, retiens toi, il fuirait, il te fuirait et ce n'est pas ce que tu veux, loin de là. Tu veux garde le peu d'emprise sur lui que tu as pu obtenir, tu veux garder ce faible pouvoir, peut-être pas si faible que ça au final, mais tu veux le garder parce que ça peut t'aider, parce que ça peut l'aider lui. Tu veux qu'il s'en sorte et pour ça tu as besoin d'influence, tu as besoin de ce pouvoir. Sans lui, tu n'es qu'un étranger banal et sans valeur dans sa vie, et ce n'est pas ce que tu veux être pour lui, ce n'est pas la trace que tu veux laisser sur la feuille abîmée raturée de son existence. Mais que veux-tu êtres ? Toi, Nathaniel, que veux-tu être pour lui ? Tu ne sais pas, tu n'as jamais su, au final tu te rends compte que tu ne sais pas grand chose. Tu fais comme si tu comprenais, tu fais comme si tu savais ce que les gens ressentaient mais au final tu ne sais rien, tu ne comprends rien. Tu ne comprends pas comment les humains fonctionnent, tu ne comprends pas comment les sentiments fonctionnent, tu ne comprends pas comment toi tu peux fonctionner alors que tu es cassé, tu ne comprends pas comment lui peut fonctionné alors qu'il est complètement détruit. Comment est-ce possible ? Comment font les cœur pour marcher alors que le reste n'est pas en bon état ? Tu ne veux pas savoir, tu ne veux pas savoir ça . Tu es curieux, mais pas pour ce genre de sujets-là. La réponse risquerait de répondre également aux questions que tu te poses toi, et ça fait peur, ça fait trop peur, tu ne veux pas. Tu as peur de ces réponses, tu as peur de ce qu'elles pourraient te dire, de ce qu'elles pourraient te montrer. Tu peux encore te voiler la face pour l'instant, tu le peux parce que tu nies tout en bloque, parce que tu laisses les portes de ton cœur ouvertes à l'ignorance, mais tu sais qu'une fois que ton cerveau aura les réponses, ce sera fini. Tu ne pourras plus t'échapper et tu sera piétiné, détruit, démembré par ces sentiments dont tu ne veux même pas. Tu n'en veux pas, tu n'en n'as jamais voulu, tu ne sais même pas comment on fait pour en avoir, et tu le découvres petit à petit à tes dépends. Tu n'aimes pas ça, apprendre à tes dépends. Ce n'est pas drôle, ce n'est pas amusant. Une fois que l'on a apprit la chose, il est trop tard et bien souvent, on est ridiculisés ou on ne sait plus quoi faire pour sortir de la situation dans laquelle on s'est retrouvés. Tu ne veux pas que ça arrive, tu ne veux pas te retrouver dans une situation insoluble et apprendre de tes erreurs une fois que les conséquences se seront foutues de ta gueule. Tu ne veux pas, alors tu essayes de faire comme s'il n'y avait rien, comme s'il ne se passait rien. Ça a l'air de marcher pour le moment, ça fonctionne, ton esprit ne voit pas trop ce qu'il se passe, ce qu'il se trame là bas, dans ton cœur. Peut-être que tu réfléchis trop, peut-être même que tu devrais arrêter de penser à des choses aussi ridicules. Les sentiments sont provoqués par le cerveau, et pourtant c'est au cœur que t'as mal quand t'y penses, c'est au cœur que tu ressens le poignard de la vérité, c'est au cœur que la douleur t'atteint en premier. T'en as marre de toute cette merde, t'en as marre de ce bordel, t'aimerais redevenir calme et arrêter de trop penser. T'aimerais que ça cesse, t'aimerais que ton putain d'esprit te laisse tranquille, t'aimerais qu'il se mette en veille pour une heure ou deux. Il est en surchauffe, il te dit qu'il n'en peut plus mais qu'il ne peut pas s'arrêter, comme une machine trop échauffée dont les boutons seraient cassés. Tu ne peux rien y faire, tu ne peux pas l'arrêter tout seul, tu ne contrôles plus rien là dedans, c'est lui décides si tu vas dormir ou pas, si tu vas rêver de lui ou pas. Et tout ça parce que tu as eu le malheur de le rencontrer, tout ça parce que t'as eu le malheur d'aller dans cette espèce de boîte paumée et dégueulasse dans laquelle t'aurais jamais dû mettre les pieds. Tu te sens coupable de penser ça, parce qu'au fond tu n'aimerais pas qu'il sorte de ta vie. Au fond, tu sais très bien que c'est trop tard, tu sais très bien que tu ne pourrais plus le laisser repartir. Tu ne pourrais pas, ça ferait mal au cœur, tu t'y es attaché. Tu ne veux pas définir cet attachement mais ce que tu sais c'est qu'il ne doit pas s'échapper de tes pensées, il ne doit pas s'en aller, il ne doit pas fuir. Pas maintenant.
Tu souris doucement parce que sa réponse est adorable, parce qu'il fait attention à toi, parce qu'il a des attentions pour toi. Il te demande si tu préfères le week-end par rapport à tes cours, pour que tu ne sois pas trop fatigué, pour que tu ne te soucies pas du lendemain. Tu trouves ça adorable, aussi adorable que le rendez-vous en lui même, même si tu n'aimes pas appeler ça comme ça. Les rendez-vous c'est des trucs d'amoureux, vous êtes pas des amoureux, mais pourtant tu te plais à vous imaginer tous les deux dans le restaurant, tu te plais à vous imaginer, tous les deux face à face, préparés, parce que vous vous êtes encore faits beaux, parce que vous vous êtes encore pomponnés. Tu te serais coiffé, tu serais passé chez le coiffeur aussi, tu te serais habillé soigneusement, mais c'est ridicule, c'est ridicule parce que tu viens de dire que ce n'est pas un rendez vous, tu viens de dire que non, ce n'est pas ça. Tu secoues doucement la tête parce que tu ne comprends encore pas comment ton esprit peut divaguer autant, tu ne comprends pas comment il peut imaginer des choses que tu ne penses même pas, ou peut-être juste un peu. Est-ce que tu veux que ce soit un vrai rendez vous ? Tu ne sais pas vraiment, tu ne comprends pas trop ce genre de choses. Non, tu ne veux pas. Même sans comprendre totalement, tu te persuades que tu ne veux pas. C'est simplement des trucs que l'on fait quand on est amis, des sorties entre amis. Vous n'êtes que deux, mais ça compte quand même. Après tout, il y a plein d'amis qui se font des sorties à deux, n'est-ce pas ? C'est ça, des amis, c'est ce que vous êtes, ce que vous commencez à être, ou ce que vous n'êtes pas du tout, mais c'est peut-être la réponse qui te fait le moins peur dans toutes celles que ton esprit te propose. « Japonais ? Parfait. Ça fait un moment que j'ai pas mangé japonais. » Parce que personne ne t'y amènes, parce que tu n'as personne avec qui y aller, parce qu'on ne peut pas aller au restaurant tout seul à moins d'être un employé de bureau pendant la pause déjeuner. Ça ne marche pas comme ça, les sorties, on ne peut pas aller dans les lieux publics quand on est tous seuls, parce que c'est ridicule, parce que le peu de confiance en toi qu'il te reste serait complètement anéanti par le regard des gens, par le jugement qu'ils porteraient sur le fait que tu sois seul. Alors tu restes seul, comme un con, et t'es pas allé au restaurant depuis plus de quatre ans, tout ça à cause de cette putain de solitude, tout ça à cause de ce boulet qui te mords la cheville et qui ne veut pas lâcher prise. « … Le week-end, ça va très bien. Ce week-end, pourquoi pas ? J'ai pas de devoirs prévus pour la semaine prochaine, alors, si tu veux... » Tu hausses les épaules avec un sourire, parce que tu veux qu'il comprenne que tu ne veux pas attendre des semaines pour le revoir, parce que tu veux qu'il comprenne que ce n'est pas une invitation en l'air mais bien quelque chose à concrétiser, quelque chose que tu souhaite faire avec lui. Ça vient de toi cette fois, c'est tout une symbolique, c'est toi qui fait un pas vers lui, c'est toi qui avance, qui fait des efforts pour lui. Tu lui montres ainsi que toi aussi t'es volontaire, que toi aussi tu veux t'investir dans tout ce bordel. Alors il te fait rire parce qu'il fait l'imbécile avec la fumée, parce que ça te détend un peu de rire. C'est pas souvent qu'on voit tes dents, c'est pas souvent que les gens te voient rire. C'est presque une chance, c'est presque un privilège, mais tu ne peux pas t'en empêcher. L'air fier que son visage arbore te faire sourire, cet air fier qu'aurait un gamin de cinq ans après avoir fini un château de sable. Ça te fait rire, ça t'attendrit, tu souris. Tu le regardes un petit moment parce que ça te détend, parce qu'il te détend. Il a l'air de se délecter de la clope et ça te fait du bien de le regarder, ça te met un peu plus en confiance, ça te plaît beaucoup.Et puis tes yeux dérivent sur ses lèvres, et puis tes yeux se mettent à dériver sur ces choses que tu ne devrais même pas regarder. Elles sont belles ses lèvres, elles sont rosées, elles sont charnues, et ne sont pas vulgaires, elles sont bien dessinées. Tu les aimes beaucoup ses lèvres, tu vas prendre du plaisir à les peindre, mais tu aimerais savoir si elles sont aussi douces que ce qu'elles paraissent, tu aimerais savoir si elles sont aussi sucrées qu'elles en ont l'air. Tu aimerais savoir quel goût elles ont mais ce n'est pas possible, ce n'est pas ce que tu dois faire, pour l'instant tu dois te contenter d'observer et de peindre, tu dois te contenter de le regarder pour transcrire sa beauté sur une toile. Alors tu fais plus attention à ses lèvres encore, tu les regardes plus, tu essayes de comprendre comment elles sont faites pour qu'elle rendent le mieux possible sur le tableau. C'est elles également qui t'interrompent dans ta réflexion artistique. Tu hausses les sourcils et tu n’oses pas le regarder, tu n'oses pas poser les yeux sur lui. Comment ça, fier de toi ? Tu ne sais pas comment il peut être fier de toi alors qu'il te connaît à peine, alors qu'il n'a vu que quelques-uns de tes dessins, alors qu'il n'as pas encore vu le tableau. Tu te demandes comment c'est possible, tu te demandes s'il a vraiment dit ça, si ce n'est pas une invention de ton imagination qui te joues souvent des tours, et puis tu le regardes et tu te dis que peut-être c'est vraiment ce qu'il vient de dire, que peut-être il est vraiment fier de toi. Mais pourquoi ? Comment ? Est-ce qu'il dit ça sérieusement ? Est-ce qu'il dit ça parce que tu te dévalorises une fois de plus sans même le vouloir ? Tu ne sais pas trop mais tu n'oses pas le regarder, tu n'oses pas lui demander pourquoi il est fier de toi, alors tu te contentes de te taire et de continuer. Tu te tais et tu imagines dans ta tête les différentes raisons qui l'ont poussé à dire ça, tu imagines les différents facteurs qui peuvent faire qu'il est fier de toi. Tu ne comprends pas, tu ne le comprends pas, il est étrange, mais tu aimes bien, ça te plaît, tu hausses les épaules et tu souris.
Et puis il te fait faire la moue parce qu'il refuse ton invitation sans que tu comprennes vraiment pourquoi. Ou alors, peut-être que tu sais et que tu ne veux tout simplement pas te le dire, peut-être que tu sais qu'il ne sera jamais capable de tenir toute la soirée sans sa drogue mais tu veux essayer, tu veux tenter, tu veux passer plus de temps avec lui quelles que soient les conséquences. Tu sais qu'il tremblera, tu sais qu'il ne sera pas bien, mais ça fait partie des souffrances qu'il doit endurer pour ce sortir de cette merde, ça fait partie de ces choses qui vont peut-être lui faire comprendre qu'il a besoin d'aide. Tu veux lui montrer à quel point c'est bien d'être sobre, tu veux lui montrer à quel point les conversations peuvent être intéressantes lorsqu'on l'est, tu veux lui montrer que sa soirée peut-être très agréable sans la dope. Tu veux lui prouver qu'il en est capable, qu'il peut le faire, que toi tu feras tout pour l'aider. Tu veux lui prouver que t'es pas juste là pour foutre la merde, que tu veux le rattraper dans sa chute, que tu veux l'aider à se relever même s'il a les deux jambes pétées. Tu veux qu'il comprenne que tu n'as que de bonnes intentions et que ce que tu fais, tu ne le fais pas pour l'emmerder mais au contraire pour qu'il puisse devenir l'homme que tu l'imagines être, pour qu'il puisse redevenir l'enfant pur qu'il devait être autrefois. Tu aimerais connaître ces facettes -là de sa personnalité, tu aimerais qu'il ne soit plus jamais triste, tu aimerais tant de choses mais au final tu n'es capable de quasiment rien. Alors, quand il accepte sans que t n'en connaisses réellement la raison, tu fais un grand sourire et tu te mets à rire. « D'accord, tu cuisines, mais t'as vraiment intérêt à pas mettre le feu, je loue moi. » Tu rigoles à nouveau avant qu'il ne se mette à parler de son passé, avant qu'il ne te fasse tendre l'oreille, avant qu'il ne te fasse te taire. Tu fais une petite moue triste parce qu'il te raconte que sa mère ne pouvait plus cuisiner, et sûrement qu'elle ne pouvait plus faire grand-chose d'autres non plus puisqu'il devait « se débrouiller seul ». Tu as de la peine pour lui, ça ne devrait pas arriver aux enfants, ce genre de choses ne devraient pas arriver du tout. Mais il n'a pas l'air heureux de la révélation qu'il vient de te faire alors tu secoues la tête et tu hausses les épaules doucement, tu veux bien jouer le jeu du « j'ai rien entendu », si ça peut l'aider, si c'est ce dont il a envie. Le principal c'est qu'il se livre peu à peu à toi, le principal c'est que le masque tombe. « D'accord, d'accord ; j'ai rien entendu. »
Et enfin, tu poses les dernières touches de couleur sur les détails de son visage, sur les détails de ses mains, sur les détails de son corps. Cela fait plusieurs heures qu'il est dans la même pose, plusieurs heures que vous ne parlez plus vraiment, plusieurs heures que tu te concentres pour terminer ce que tu es en train de faire. Tu y as mit beaucoup de soin, tu y as fait très attention, tu as essayé de respecter le plus possible les traits du modèle original. Tu es anxieux, tu es stressé, tu ne sais pas comment il va réagir devant le tableau, tu ne sais pas s'il va se trouver beau, tu ne sais pas s'il va se voir comme toi tu les vois à cet instant, tu ne sais pas s'il comprendra tout l'effet qu'il peut te faire rien qu'en posant les yeux sur toi. Les yeux, c'est ce que tu fais en dernier, c'est le détail sur lequel tu passes le plus de temps, c'est la chose à laquelle tu accordes le plus d'importance. Tu utilises 4 pinceaux différents, tous plus fins les uns que les autres, parce que la beauté est dans le détail, parce que ses yeux sont une multitudes de couleurs, d'ombres et de lumières que tu dois faire apparaître sur la toile, parce que tu veux qu'ils soient aussi ressemblant que possible, tu veux que ce soit la première chose du tableau qu'il voie. Alors, tu poses la dernière touche de bleu azur sur la toile et tu poses tes pinceaux, tu essuies tes mains sur ton tablier et tu lui fais un sourire. « Terminé ! Je sais pas si tu vas aimer, je pense que c'est pas ce que j'ai fait de mieux mais c'est la première fois depuis longtemps que j'ai un modèle alors je ne maîtrise que vaguement la technique. » Tu souris en le voyant s'étirer, tu rougies en voyant un bout de son ventre se dénuder, tu souris de nouveau en le voyant venir vers toi. Tu t'écartes un peu pour qu'il puisse regarder le tableau, tu t'écartes pour qu'il puisse voir à quel point il est beau. Tu es anxieux, tu as peur, peur qu'il n'aime pas, qu'il te rie au nez, peur qu'il te dise tout simplement que tu n'as pas de talent. Tu trembles un peu parce qu'il ne parle pas, parce qu'il devrait, parce que tu sens que tu vas faire une crise de panique s'il ne dit pas quelque chose tout de suite. Et puis ses mots tu délivrent, tu souris doucement parce qu'ils te font plaisir, parce que tu es aux anges. Il ne te fait que des compliments, il te dit qu'il est fier de toi, il s'emmêle les pinceaux, et toi tu trouves ça adorable. « … Je suis vraiment content qu'il te plaise... » Sa main chaude dans tes cheveux te fait du bien, ça te fait sourire, ça te fait rougir. Il ne t'as pas touché une seule fois depuis le début de l'après midi, et ça t'avait manqué quelque part, ça t'avait vraiment manqué. « … Je suis touché, c'est très gentil, vraiment.. Je suis content que tu sois fier, aussi. J'ai... J'ai essayé de faire de mon mieux, vraiment, même si la peinture ne sera jamais aussi belle que l'originale. » Souffles-tu avant de rire doucement, gêné parce que tu viens de dire, gêné par tes mots, gêné par le nouveau compliment que tu viens de lui faire. « Et oui, t'es vraiment les yeux aussi bleus que ça. Au soleil, ils le sont même encore plus. Je suis sûr que j'ai raté tout un tas de choses dans tes yeux, mais il me faudrait un portrait pour pouvoir peindre tout ce que je veux peindre. » Tu t'es encore grillé, tes joues rougissent et tu préfères te taire et éviter le sujet plutôt que d'avoir à t'empêtrer encore un peu plus sur ce terrain dangereux. « Ce que je vais en faire ? Hm... Je sais pas. Généralement je met mes tableau dans mon atelier et j'en accroche plusieurs, puis je les change en fonction de mes humeurs. Je pense que celui là ira directement sur le mur. » Tu souris doucement et puis tu rigoles devant le gargouillement de son ventre. « Je vais me laver les mains et enlever ce tablier, je reviens tout de suite, hm. » Alors tu t'échappes un moment, tu t'échappes pour te reconcentrer lorsque tu te laves les mains, lorsque tu enlèves les quelques tâches de peintures qui se sont accumulées sur tes doigts. Tu fais attention à ce qu'elles soient bien propres et tu retires ton tablier, tu essuies tes mains dessus et tu vas le poser dans ton atelier, avant de revenir le voir, tout sourire. « Bon, voilà qui est fait... Si tu veux on peut commencer à préparer à manger ? Je sais pas ce que j'ai, cela dit. » Tu fais une petite moue et tu fouilles tes placards, en sortant des tas de choses, des céréales, de la farine, de la levures, des pâtes, des conserves, une boîte pleine de recettes de gâteaux... Tu cherches, tu cherches, et tu regardes ce qu'il y a sur la table, avant d'aller regarder dans le frigo, te penchant pour y voir clair. « Euh... J'ai de la viande hachée... J'ai du porc, du jambon, du porridge, et puis un peu de lait. » Tu rigoles doucement en sortant la viande hachée du frigo, refermant la porte, te redressant pour poser ça sur le plan de travail. « Y'a des pâtes, de la sauce tomates et de la viande hachée donc. Ça peut faire un plat ça non, si je me trompes pas ? » Tu lui souris et tu fais une petite moue en essayant de ranger le reste. « Ça te dérange pas si on mange ça ? Je suis pas très riche et surtout seul, donc j'ai pas grand chose dans mes placards, désolé. » Tu lui fais une nouvelle moue, parce que t'aimes pas bien dire que t'es tout seul, parce que t'aimes pas bien te rappeler que personne ne veut de toi. Alors tu le regardes dans les yeux et tu souris. « Tu sais te servir d'une plaque électrique ? Les ustensiles de cuisines sont à ta droite, et .. Euh. Enfin voilà. Tu veux que je t'aide ? » Demandes-tu, tout content, un grand sourire aux lèvres.
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(✰) message posté Mar 9 Déc 2014 - 21:51 par Invité
Tu es un peu gêné.En fait, tu ne sais toujours pas trop quoi penser de ce tableau. Tu ne sais pas trop quoi dire, tu ne sais pas vraiment quoi en penser. Tu aimes bien savoir qu'il te dessine, tu aimes bien savoir qu'il aime ça, te dessiner. Enfin, tu n'en sais rien en vérité. Est-ce qu'il a aimé te dessiner, est-ce qu'il a aimé te peindre, est-ce qu'il a aimé t'observer ? Tu n'en sais rien. Est-ce qu'il a aimé ce qu'il a vu, ce qu'il a regardé, est-ce qu'il a aimé ce qu'il a découvert ? Parce que oui, de t'avoir regardé comme ça, certainement qu'il a trouvé des choses, certainement qu'il a compris, vu, peut-être même qu'il a réellement découvert des choses que tu ne sais même pas toi, que tu ne connais pas. Il y a plein de choses que tu ignores de ton corps, il y a plein de choses que tu ne regardes pas, parce que tu ne veux pas. Tu détestes ton corps. Depuis toujours, tu le détestes. Tu hais tes jambes beaucoup trop longues, ton corps beaucoup trop grand, tu détestes tes bras beaucoup trop longs, ton visage un peu trop carré, tes oreilles décollées, tu détestes tout ça. Tu détestes ton sourire, tu te détestes et au fil des années, tu n'as pas appris à t'aimer. Tu as essayé. Tu l'as décoré, tu as gravé à jamais tes pensées, tu as gravé à jamais ta haine. T'as écris un peu partout, t'as mis de l'encre là où tu as pu, t'as voulu essayer. Essayer de t'apprécier, essayer de t'aimer, t'as voulu essayer de changer, essayer d'être quelqu'un d'autre ou peut-être que tu as simplement voulu essaye d'être toi, de te découvrir mais au final tu t'es simples perdu, tu t'es encore égaré. C'est toujours la même chose, la même histoire. Tu t'égares, ça part d'une bonne intention mais tu finis par te perdre, tu finis par faire n'importe quoi. Il faut toujours qu'il y en ait trop, il faut toujours que tu en fasses trop. Tu ne peux pas t'en empêcher, tu ne sais pas faire autrement, tu ne comprends pas pourquoi, tu ne sais pas ce qui te pousse à faire ça, mas certainement qu'on ne peut rien y faire, certainement que tu ne peux rien y faire. Tu resteras avec ça sur ta peau toute ta vie, ça te rappellera encore plus tes conneries, tu te souviendras à quel point tu étais con, et eux aussi ils s'en rappelleront. Quand ils verront ton corps nu, ton corps mort, ils sauront que tu as été con, ils sauront que tu n'étais qu'un idiot parce que c'est marqué sur ta peau, dans ta peau, dans tes veines. Il en pense quoi lui, de tout ça ? De tous ces tatouages, de toute cette histoire. Parce que oui, au fond, ce n'est qu'une histoire. C'est ton histoire. Tu l'as écrite là, tu l'as gravée dans ta peau, le sang qui coule dans tes veines n'est qu'un sang souillé par l'encre que tu as fait couler. C'est drôle, parce que toi, tu regrettes un peu. Certainement que tu ne le referais pas. Peut-être même que si on pouvait changer d'autres choses, tu changerais ta vie. Comme beaucoup de monde, il est vrai. Mais peut-être toi plus que les autres, parce que tu n'as pas eu de chance. Il a dit qu'il n'avait rien entendu, mais tu sais qu'il n'oubliera pas ce que tu lui as dit. Il n'oubliera pas ce petit détail là, celui qui t'a échappé dans un moment de faiblesse, dans un moment où il t'a fait avouer trop de choses. En vérité, tu le détestes. En vérité, tu le hais. Tu voudrais que ce soit vrai, tu voudrais vraiment le haïr, parce qu'il te rend beaucoup trop faible, parce qu'il te fatigue, parce qu'il te fait dire des choses que tu ne veux pas dire, que tu aurais préféré oublier, ne jamais lui dire, ne jamais dire à personne. Des fois, tu essayes même de les oublier toi, tu essayes même de faire abstraction de ce qui s'est passé comme si, justement, ça ne s'était jamais passé. C'est mieux. Tu préfères. Parce que sinon tu vas devenir fou, sinon tu risques simplement de perdre la tête. Comme lui, comme elle. Et tu ne veux pas. Tu ne veux pas finir fou, tu ne veux pas être comme eux, tu ne veux pas perdre la tête, tu ne veux pas avoir à la ramasser à la petite cuillère par terre, tu ne veux pas qu'on ait à te ramasser à la petite cuillère comme tu as pu le faire avec eux. Alors tu préfères oublier. Quelques instants, quelques heures. Quoi de mieux que la drogue pour ça, quoi de mieux que ta came pour oublier ? T'es idiot, c'est ce qu'ils te diront certainement, t'es bête parce que ce n'est pas comme ça qu'on règle les problèmes, parce que ce n'est pas en fermant les yeux que ça ira mieux, parce qu'agir comme ça, c'est agir comme si tu avais huit ans, comme si tout allait se régler tout seul. Mais tu n'y peux rien, tu ne veux pas affronter la réalité, tu ne veux pas la voir en face. Elle te fait peur. Et tu te fais peur. C'est tout ce que tu peux dire, c'est tout ce que tu sais. Alors tu le regardes un peu, pendant qu'il dit des choses sur tes yeux, pendant qu'il te complimente, tu le regardes et tu souris sans pouvoir t'empêcher de te demander si tu lui fais peur, à lui. Est-ce que tu l'effraies ? Est-ce qu'il a pris peur en te voyant ? Est-ce qu'il a compris ? Tu ne sais pas ce qui est à comprendre, tu ne sais certainement pas ce qui est à comprendre, peut-être que justement tu voudrais qu'il te le dise ? Peut-être qu'au fond c'est ça, tu veux qu'il comprenne pour toi. Qu'il t'explique. Qu'il te dise. Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Qu'est-ce qu'il voit, qu'est-ce qu'il pourrait te reprocher ? Quelque part, c'est ce que tu attends. Des reproches. Qu'il arrête de te trouver parfait, quasiment parfait, parce que tu ne l'es pas. Tu sais, que tu ne l'es pas. On te l'a dit tellement de fois, on te l'a répété tellement de fois, tu l'as retenu, tu le sais ; tu n'es qu'une tâche, une imperfection. Alors pourquoi pas lui ? Pourquoi est-ce que lui, il ne te dit rien ? Pourquoi est-ce qu'il ne te dit pas que tu ne vas pas, que rien ne va chez toi, pourquoi ne te jette-t-il pas après t'avoir ainsi observé ? Qu'est-ce qui ne va pas chez lui ? Chez toi ? Chez vous ? Intérieurement, tu rigoles, parce que tu te fais de la peine, parce qu'on dirait que tu es perdu, tout ça par sa faute. Tu devrais peut-être lui dire, tu devrais peut-être lui montrer à quel point il te fait vaciller, à quel point il te bouleverse. Tu devais sûrement lui dire que c'est de sa faute, si tu te sens tout chose, si tes yeux brillent comme il les a fait briller. Ce n'est qu'à lui que tu dois ça, qu'il doit ça. Ne me laisse pas. Mais il doit aller se laver les mains, alors tu hoches simplement de la tête doucement, tu souris un peu et tu regardes de nouveau le tableau. Seul avec toi même, n'est-ce pas le cas de le dire ? Tu te regardes et tu ne peux pas t'empêcher de sourire un petit peu, légèrement, tu souris parce que tu te demandes si c'est vraiment comme ça, qu'il te voit. Si c'est le cas, tu serais presque beau à ses yeux, voire carrément tu n'as presque pas de défauts. Enfin, tu n'en vois pas, de défauts, sur son tableau mais tu sais que tu en as, alors tu ne peux pas faire sans, alors c'est presque. Presque pas de défauts. Tu regardes tes yeux. C'est ce qui t'a frappé en premier ici, le bleu de tes yeux. Tu a beau les voir, les pupilles en sont tellement dilatés qu'ils finissent toujours par disparaître sous un tas de noir, sous un tas de problèmes, sous ton tas de problèmes. Tu n'as jamais vu, qu'ils étaient aussi bleu. Tu ne le vois toujours pas, d'ailleurs. Tu as beau cherché... Tu fronces les sourcils et discrètement tu sors ton téléphone pour prendre en photo l'oeuvre d'art. Tu en veux un souvenir. On ne sait jamais. Et s'il ne veut plus te voir ? Et s'il en a marre de cette toile ? Et si jamais, il se passe quelque chose, qu'il la détruit, qu'elle disparaît. Toi tu la veux. Tu la veux pour te souvenir qu'aujourd'hui tu étais presque beau, pour te souvenir qu'aujourd'hui tu allais bien, pour te souvenir de lui, de sa vision des choses, pour te souvenir qu'une fois dans ta vie on t'a regardé autrement que comme un simple corps, autrement qu'une simple chair. Si lui ne voudra peut-être plus s'en souvenir, ce n'est pas ton cas et rien te fera arrêter de penser à cette histoire, à cette connerie. A ta connerie.
Il te fait sourire à chercher comme ça dans ses placards pour trouver de quoi vous nourrir, il est adorable, il a même l'air gêné de ne pas avoir grand chose. Tu vois les aliments s'entasser doucement et tu ne peux pas t'empêcher de rire un peu alors qu'il te propose de manger des pâtes à la bolognaise. « Pour moi c'est parfait ! » t'exclames-tu alors avec un grand sourire. Ce n'est pas que tu maîtrises bien la cuisine mais à devoir te débrouiller seul, t'as développé quelques talents pour faire des plats simples mais rapides et qui plaisent certainement à tout le le monde. Il fallait bien ça quand plus personne ne savait comment s'occuper de toi, ou comment s'occuper d'un enfant tout simplement. Tu adores le voir sourire. C'est comme si tu vivais à nouveau, c'est comme si ton cœur se remettait à battre, comme si ta vie reprenait son cour normal, comme s'il n'y avait plus de problèmes. Tu adores le voir sourire comme ça, il a l'air d'un enfant, il a l'air heureux et tu peux oser, avoir la prétention de dire que c'est peut-être grâce à toi. Tu peux peut-être dire que c'est grâce à toi s'il sourit comme ça. Tu ne sais pas si c'est vraiment le cas, peut-être même qu'il n'est pas heureux ? En tout cas, toi tu l'es. Tu l'es et tu le fais voir, parce que tu souris un peu, parce que tu souris plutôt beaucoup en fait. T'as un sourire idiot sur le visage, le sourire des imbéciles heureux, de ceux qui ignorent, qui croient et qui sont heureux de croire à des choses d'ignorants. Il te fait vraiment oublier, il te permet de penser à autre chose, il te permet de faire un croix sur le passé, rien qu'un instant, une petite croix qui s'effacera quand il ne sera plus là mais une croix quand même. C'est comme ça que ça marche, de toute manière. On oublie quelques instants avant que tout ne te revienne en pleine face, avant que tout n'explose à nouveau. Il est comme la drogue. Ce n'est peut-être pas la comparaison qu'il voudrait entendre, tu sais qu'il ne l'aime pas, tu l'as bien vu mais pourtant tu ne peux pas t'empêcher de penser à lui comme ça. Il est comme ta drogue, il est comme ça, il te fait oublier avant de te rappeler. Il est cruel quelque part, sans le savoir, parce qu'il agit sur ton corps comme il ne devrait jamais agir, comme tu ne voudrais pas qu'il agisse. Parce que tu sais que ce sentiment-là, celui d'être comme totalement perché avec lui, c'est pas celui que tu devrais éprouver. C'est pas celui qui veut que tu éprouves. Il ne le ressentiras jamais, lui, ça. Mais toi, c'est comme ça que tu le vois pour le moment, c'est comme ça que tu l'expliques parce que tu ne veux vraiment pas mettre de mots dessus, parce que tu as bien trop peur de ce que tu peux trouver, à quoi servirait-il de mettre des mots sur des choses qui risqueraient simplement de vous faire fuir, toi comme lui, parce que tu commences à le connaître, à te connaître. Vous n'êtes que des trouillard, des peureux, vous préférez fuir que d’affronter les choses en face. Tu préfères fuir que d'affronter les choses en face, en tout cas. Tu te rapproches de lui alors qu'il sourit toujours et avec douceur tes doigts viennent se poser dans ses cheveux. Tu attends quelques secondes, qu'il croit à une simple caresse, avant d’ébouriffer sauvagement tout ça. « Parfait, si tu peux m'aider ! Tu mets de l'eau à bouillir ? Je m'occupe de la sauce tomate ! Fais pas tout brûler, hm ? » Tu te mets alors à rire, tu le taquines. Le taquiner est aussi quelques chose que tu adores faire, parce qu'il réagit toujours au quart de tour, parce qu'il fait cette petite moue adorable mais surement que tu en as déjà parlé. Tant pis, tu adores en parler. Parce que tu ne pourras plus jamais cesser de regarder son visage. C'est son corps qui t'a attiré en premier mais ça, c'est parce que tu ne voyais pas bien, c'est parce que tu ne voyais pas à quoi il ressemblait, parce que tu ne savais pas qui il était. Tu dois l'avouer, certainement qu'il te plaît beaucoup plus que tu ne veux le dire, certainement qu'il n'y a pas que son corps qui t'attire maintenant, certainement qu'il t'a séduit, lui. En étant ce qu'il est, en faisant ce qu'il fait. En étant simplement lui-même. Ce n'est pas arrivé depuis longtemps, certainement même que ça n'était jamais arrivé. C'est peut-être ça le problème, c'est peut-être pour ça que tu ne sais pas comment agir, que tu ne sais pas quoi faire. CA n'est jamais arrivé, ça n'arrivera peut-être plus jamais. Tu fronces les sourcils pour toi même alors que tu remues ta sauce tomate. Ce n'est pas des choses auxquelles tu dois penser, ce ne sont que des idioties, tu ne penses pas que ça existe. Tu es totalement persuadé du contraire, ce ne sont que des conneries que l'ont raconte aux enfants, ce ne sont que des bêtises pour faire croire, mais toi tu ne crois plus. Tu as cessé de croire il y a bien longtemps. « Attentiiiiooon ! » Tu rigoles de nouveau alors que t'éloignant un peu du récipient, tu verses les pâtes dans l'eau bouillante. Tu parais faire de toi quand tu les regardes commencer à cuir et tu fais un grand sourire fier à Nathaniel avant d'éclater à nouveau de rire. « J'ai l'impression d'avoir accompli un espoir, en te faisant des pâtes. Je suis ton héros, traite-moi comme tel ! » Tu rigoles de nouveau. Jamais tu n'avoueras que rire te manquait, parce qu'il aurait encore une victoire à son palmarès et tu as déjà bien trop de défaites. A le regarder, à le nommer, il serait un peu ta Waterloo, une défaite d'un côté, une victoire de l'autre. Il serait ce nom célèbre que l'on donne à tout et n'importe quoi, mais qui n'a jamais le même sens. Chez certains, c'est une honte, une défaite, on n'en parle pas. Chez d'autres c'est bien plus que ça, c'est une victoire, c'est l'image d'une puissance. Tu ne sais pas pourquoi est-ce qu'il te fait penser à ça, il n'a rien de quelques chose de honteux, il n'est que victoire, que puissance à tes yeux mais c'est peut-être parce qu'il est une défaire aux siens, d'yeux, peut-être parce qu'il se voit comme un château en ruine, prêt à tomber, à s'écraser mais toi tu le vois comme ces ruines qui tiennent encore debout avec le temps, qui sont encore là malgré les épreuves, des ruines que l'on peut reconstruire, que tu veux rebâtir alors que toi tu t'écroules. « J'en ai peut-être fait un peu trop, en fait... Tant pis, t'en auras encore pour demain. » Tu hausses les épaules, remuant un peu les pâtes pour simplement éviter son regard beaucoup trop heureux. « Tu sais, tout à l'heure, tu disais que.. Il te faudrait un portrait pour peindre mes yeux... J'veux pas paraître prétentieux ou quoi, mais si tu veux me repeindre je suis là hm ? Ca me fait plaisir.. Au moins, je passe un peu de temps avec toi, et toi tu souris. T'avais encore jamais souris, comme ça. » Si tu n'avais pas été toi, surement que tu aurais rougis à tes mots prononcés, à tes compliments dissimulés, à ta demande muette mais tu t'es simplement contenté de rester concentrer sur tes pâtes, les joues un peu rouges, parce qu'il y a la chaleur et peut-être parce que tu es un peu gêné aussi, oui, c'est vrai. « Enfin c'est si tu veux, et si.. Enfin tu vois ce que je veux dirre ? C'est pas grave si tu ne veux pas ! Je comprendrai, c'était simplement.. Ouais 'fin laisse tomber, je suis certain que tu ne veux pas ma tête partout sur tes tableaux. » Tu rigoles, encore un peu gêné, un peu déçu. Tu as toujours tendance à te faire des films mais tu as aussi la manie de les détruire avant même qu'ils n'aient commencé, avant même qu'il n'ait pu dire quelque chose. Mais tu as tellement peur de ça, de tes espoirs, de ce que tu peux penser. Tu sais que c'est faux, tu sais que ça ne se passera jamais, ou peut-être que tu le crois, et certainement même que tu ne sais pas, mais bon. Tu te retournes alors vers lui et tu pointes la farine sur la table avant de le regarder. « On a de quoi faire au moins deux fondants au chocolat, là. Ca te tente ? J'ai pas mangé quelque chose de sucré comme ça depuis un moment ! Comme je suis souvent seul, aussi, je n'en fais pas pour moi. » Tu hausses les épaules et lui souris, il est beaucoup trop gentil et toi beaucoup trop bête.
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(✰) message posté Mer 10 Déc 2014 - 17:02 par Invité
Tu es un peu perdu, tu aimerais avoir des réponses. Tu ne sais pas ce qu'il a réellement pensé du tableau, ou du moins tu n'en sais pas plus que ce qu'il en a dit, mais ce que l'on dit ne reflète jamais complètement ce qu'il y a dans notre esprit. Tu aimerais qu'il te dise tout ce qu'il ressent lorsqu'il regarde le tableau, tu aimerais qu'il te dise s'il l'aime, s'il le déteste, s'il se trouve beau sur la toile décorée. Toi, tu le trouves beau. Tu le trouves magnifique, tu le trouves éclatant, et pourtant tu sais très bien que le soleil en lui est presque éteint. Tu le trouves rayonnant, tu le trouves passionnant, et tu sais que ton tableau révèle assez bien ce que tu penses de lui, non pas seulement de son aspect physique mais bien de son être tout entier. Les contours sont doux, les traits sont très fins, les couleurs sont joyeuses. Tu as fait en sorte de retranscrire tes ressentis et tu ne sais pas s'il a compris, tu ne sais pas s'il sait que tu ne le vois pas du tout comme lui se voit, que tu le vois plus comme une lumière que comme un amas de ténèbres. Il en a, des ténèbres, tu en as aussi, mais ce n'est pas ce qu'il représentent pour toi, ce n'est pas ce qu'il est dans ta vie. Les ténèbres, bien qu'elles le dévorent, elles ne se montrent pas vraiment quand il est avec toi. Elles se cachent, elles patientent, mais elles ne se montrent pas. Il fait des efforts surhumains pour qu'elles restent là où elles sont, pour qu'elles n'envahissent pas les moments où vous êtes tous les deux, et tu apprécies beaucoup ce geste là. Il fait ça pour toi, tu le sais, il fait ça simplement parce qu'il n'a pas envie que tu ne voies de lui que la déchéance, que la noirceur du cœur et de l'âme, que les addictions qui le bouffent ,jusqu'à l'os. Tu sais qu'il a envie de se montrer sous un autre jour, de se montrer comme il ne s'est certainement pas montré depuis longtemps, et tout ça parce que tu as accepté de lui donner une seconde chance, de le laisser se racheter, de le laisser te faire découvrir d'autres facettes de sa personnalité que le junkie qui drague en boîte de nuit. Elles te plaisent, les facettes qu'il te montre, elles te charment, elles te font plaisir. Tu aimes le regarder sourire, tu aimes entendre son rire, tu aimes observer ses moues. Tu les trouves adorables ces facettes parce qu'elles sont vraies, parce qu'elles ne sont pas simplement des barrières pour se protéger de toi, du monde, de la réalité. Elles ont en elles un petit morceau de son cœur, un morceau d'authenticité et de sincérité que tu aimes retrouver chez lui, cette sincérité qui te fait flancher. Parce que ses sourires sont sincères, parce que ses rires le sont autant que ses mots. Tu aimerais qu'il arrête de te charmer, en réalité, mais tu n'y peux rien, tu te laisses faire parce que tu ne sais pas depuis combien de temps il n'a pas pu être aussi sincère. Tu ne sais pas s'il a seulement pu l'être un jour, alors tu le laisses faire et tu souris à ton tour. Tu aimes savoir qu'avec toi il est assez bien pour ne plus afficher cette expression faussée qu'il sert à tout le monde, tu es heureux de pouvoir penser que tu as un effet positif sur lui. Tu n'es pas un médicament, tu n'es pas un miracle, mais tu es tout de même conscient que passer du temps avec toi lui fait du bien, et tu te rends compte que c'est pareil pour toi. Tu n'as jamais autant souris depuis que tu l'as rencontré, tu ne savais même plus vraiment comment on faisait. Tu n'avais pas ris depuis longtemps, mais lui t'a fait retrouver ce plaisir. Tu ne riais plus, à cause de la solitude, à cause des autres, à cause de tout ce que tu avais vécu. Tu ne pensais pas à rire. A quoi bon rire lorsqu'on est seul et qu'on est pas heureux ? Ça fait du bien de pouvoir revivre, parce qu'il te fait revivre. Il t'apporte un second souffle qui se substitue à celui que tu as laissé chez toi, celui que tu as perdu en essayant de t'enfuir, en essayant de te libérer de tes chaînes. Il t'apporte de la chaleur, de la douceur, du bonheur. Tu ne sais pas comment est-ce qu'il fait ça alors que vous ne vous êtes rencontrés qu'il y a quelques semaines, mais tu sais que ça te répare, au moins un peu. C'est absurde à dire car c'était encore un inconnu la semaine dernière, et pourtant il t'a apporté tant de choses en si peu de temps que tu ne saurais même pas comment le remercier. Tu ne sais pas s'il en est conscient, tu ne sais pas s'il comprend à quel point il t'aide, à quel point il est un rayon de lumière dans les putains de ténèbres qui bouffent tes pensées et ta vie depuis des années. Il est un rayon de soleil et tu ne saurais t'en séparer, tu ne veux pas t'en séparer, tu ne veux pas qu'il s'échappe. Tu ne veux pas que ton étincelle s'enfuie, tu ne veux pas qu'elle disparaisse, alors tu veux continuer à la faire briller, et tu feras tous les efforts du monde pour qu'elle brille de plus en plus fort et pour longtemps encore. Tu veux toujours l'aider mais quelque chose a changé chez toi, quelque chose que tu ne saurais expliquer, quelque chose qui te fait peur. Tu ne fais q'y penser depuis quelques jours et ça te revient en tête encore maintenant, parce que l'on ne devrait pas considérer un ami comme une étincelle, comme un rayon de soleil . On ne devrait pas considérer comme ça quelqu'un que l'on a rencontré il y a si peu de temps, alors que l'on se faisait draguer dans une boîte de nuit un peu miteuse. Au final, tu ne sais pas pourquoi vous vous êtes revus. Tu ne sais pas pourquoi tu lui as offert une seconde chance, tu ne sais pas pourquoi tu lui as permis de te revoir, tu ne sais même pas pourquoi il a voulu te revoir. Tu n'aurais dû être qu'un passage dans sa vie, un des rares râteaux qu'il s'est prit, et pourtant tu as continué ta route, tu as recroisé la sienne, encore et encore, et aujourd'hui vous faites à nouveau un petit bout de chemin ensembles, rien que tous les deux, les yeux dans les yeux, et tu ne sais pas ce qui en découlera. Tu ne sais pas quel en sera le résultat, tout simplement parce que tu ne sais pas ce qu'il y a au bout de la route. Mais tu sais qu'elle est sinueuse, qu'elle n'est pas facile, tu sais que le chemin ne sera pas de tout repos et tu espères simplement que l'un ne perdra pas la trace de l'autre. Tu espères que vos chemins se croiseront encore et encore malgré les obstacles qu'il risque d'y avoir, même si tu ne sais toujours pas où cela vous mènera. Tu as peur, tu ne sais pas, mais tu te laisses faire parce que ses mains sont rassurantes, parce que tu sais qu'elles sont là si jamais tu te perds, si jamais tu ne sais plus où tu vas.
Alors, tu fais un grand sourire à ses paroles, parce que tu es heureux, parce qu'il accepté de passer un peu plus de temps avec toi, parce qu’il a accepté de faire encore un peu plus d'efforts pour toi. Tu le remercies d'un sourire, en le regardant dans les yeux, tout doucement. Tu ne sais pas s'il comprend ce que tu veux dire mais tu cherches à le remercier, à lui faire comprendre que tu lui es reconnaissant de tout de qu'il fait pour toi. Alors, tu te plonges dans ta réflexion pour calculer la quantité de pâtes que tu vas devoir utiliser, ne sachant pas s'il mangeait beaucoup ou très peu, et ainsi doutant de devoir doubler exactement la quantité que tu utilises normalement pour toi. Tu es un gros mangeur, quand il le faut, et surtout quand il s'agit de pâtes. En vérité tu ne manges pas énormément, mais des fois c'est plus fort que toi, des fois la bouffe t'aide à être un peu plus heureux alors tu te lâches, parce que ça fait du bien de manger, parce que ça t'aidais souvent à te sentir un peu moins seul, un peu moins con, un peu moins nul. A défaut de prendre de la drogue, tu manges un peu plus de temps à autre, et au final c'est resté. Et puis, une main chaude dans tes cheveux te sort complètement de tes pensées, te vide la tête, comme par magie, comme si son contact te libérait. Alors, tu rougis, tout doucement, caché par tes mèches de cheveux, et tu profites de la chaleur du contact, avant que la caresse ne se change en jeu et que tes cheveux ne soient plus vraiment des cheveux. « Aaah ! » Fais-tu, plutôt surpris, et puis tu fais la moue parce que tu t'es coiffé, parce que tu as fait des efforts avec ta mèche ( très ) rebelle pour le recevoir, parce que tu t'es fait tout beau et qu'au final il a tout dérangé. Alors tu lui tires la langue et tu tentes de remettre tes cheveux un minimum en place, secouant la tête pour qu'ils reprennent à peu près une apparence normale, tes doigts fins s'activant dans ta tignasse pour lui redonner forme au minimum. Tu redresses la tête et tu acquiesces, les joues toujours un peu rouges, ayant toujours l'air d'un gamin un peu vexé, et puis tu sors la grande marmite de sous l'évier, que tu vas remplir suffisamment avant de la mettre sur la plaque, l'allumant alors. Tu vas chercher le gros sel et tu t'appliques pour verser ce qu'il faut dans la marmite, faisant bien garde à ne pas te tromper, parce que tu n'es pas doué en cuisine et que tu ne voudrais pas ruiner votre soirée. Tu t'appliques, tu fais de ton mieux, et puis tu te recules un peu, souriant de nouveau. T'as réussi. C'est con, hein, mais t'as réussi. T'as rien fait foirer, t'es content de toi. Alors, tu le regardes faire cuir la sauce tomate, tu le regardes la remuer, tu le regardes surtout parce qu'il est en train de penser et que ça t'intrigue. Dis, à quoi tu penses ? Tu aimerais bien qu'il te le dise, parce qu'il est souvent pensif, parce qu'il a souvent la tête ailleurs et que tu aimerais bien savoir à quoi c'est dû. A quoi est-ce qu'il réfléchis ? La préparation de pâtes ne demande pas un tel effort de concentration, tout de même, si ? Tu ne sais pas, il te rend curieux. Il te rend curieux parce que d'un coup il fronça les sourcils et tu n'as pas compris pourquoi. Tu n'as pas suivi le fil de sa réflexion mais elle avait l'air assez mouvementée, et tu aimerais bien en connaître le sujet. Tu aimerais bien qu'il te dise pourquoi il fronce tant les sourcils alors que vous êtes tous les deux, alors que vous souriez, alors que vous devriez être heureux juste parce que vous vous appréciez et qu'il est toujours un rayon de soleil.
Sa réflexion te faire rire et tu hausses les épaules avant de prendre un air dramatique. « Tu es mon héros Leslie, grâce à toi je ne mourrai pas de faim et pourrai déguster un généreux plat de pâtes pas faîtes à la maison avec une sauce pas industrielle du tout ! » Tu te remets à rire et tu tapotes doucement son dos, sans vraiment savoir pourquoi. Tu ne le touches pas beaucoup, parce qu'il te fait un peu peur, parce que tu préfères laisser sa chaleur venir à toi, mais là tu en avais envie, juste pour lui dire que la blague était bonne, que ça te fait du bien de rire, qu'il te fait plaisir. Mais tu retires ta main presque aussitôt, elle ne reste pas longtemps sur lui, et tu préfères faire comme si tu n'avais rien fait. Tu ne veux pas qu'il remarque le combat intérieur qui fait rage dans ton cœur, tu ne veux pas qu'il remarque que tu n'es plus vraiment maître de tes moyens et qu'il te rend fragile, qu'il te rend plus cassable encore que d'habitude, qu'il peut te briser en faisant un peu l'idiot. Tu ne veux pas qu'il remarque à quel point il te fait de l'effet, à quel point tu aimes poser tes mains sur lui, à quel point tu aimes son contact. Il ne doit pas savoir tout ça, il doit continuer d'ignorer qu'il t'a séduit, qu'il n'y a pas que ses yeux qui te plaisent, que tu as du mal à te dire qu'il a peut-être encore gagné du terrain dans ton esprit. Tu oses à peine te l'avouer à toi, alors tu ne veux pas qu'il apprenne toutes les faiblesses et toutes les failles qu'il crée en toi. Ses mots te font alors relever la tête et tu lui fais un sourire. « Si j'ai des pâtes que tu as préparées, alors je serai ravi de les manger demain. Je me disais justement que j'avais la flemme de faire à manger ces derniers temps ! » Tu rigoles à nouveau, mais tu ne veux pas être à demain, tu veux que ce moment dure encore et encore. Tu ne veux pas que le temps s'écoule, tu ne veux pas que la journée s'achève, tu ne veux pas qu'il rentre chez lui. Pas encore, non, pas maintenant. Sa compagnie te fait trop de bien, il te fait bien trop sourire pour que tu acceptes de le laisser partir aussi facilement. Tu sais qu'une fois qu'il sera chez lui tout recommencera, tu sais qu'il se droguera, tu sais qu'il ramènera sûrement quelqu'un dans son lit. C'est un homme après tout, il doit avoir des besoins, comme tout le monde, et ça ne te plaît pas. Tu es un peu jaloux, tu ne veux pas qu'une autre personne passe dans son lit, tu ne veux pas qu'il ne voie quelqu'un d'autre que toi. Mais vous ne vous voyez pas, non, pas comme ça, et tu n'as pas de raison d'être jaloux. Tu ne devrais pas l'être, puisque tu ne l'aimes pas, et pourtant tu sens une tourbillon de mal-être dans ton estomac lorsque ton cerveau se met à penser à ça. Tu ne veux pas qu'il t'oublie dans les bras d'un autre, tu ne veux pas qu'il essaye de t'effacer de sa mémoire en étreignant des corps qu'il n'essayent même pas de connaître, et qui n'essaient pas de le connaître non plus. Tu ne veux pas que ça arrive, alors tu vas faire en sorte que ce moment soit le plus agréable possible avant que tu ne doives te morfondre sur ton sort toute la nuit, comme un con, enroulé dans les couvertures de ton lit. Tu hausses les sourcils et sors de tes réflexions parce qu'il se remet à parler du portrait que tu avais vaguement évoqué un peu plus tôt. Tu ne pensais pas qu'il retiendrait, à vrai dire tu n'avais même pas pensé qu'il accepterait. Tu voulais le lui demander mais tu ne voulais pas l'embêter avec ton art et tes pinceaux, avec tes trucs d'étudiants qui devaient sûrement l'embêter. Il avait dit que rester assis et sans bouger pendant des heures n'était pas quelque chose qu'il appréciait faire, alors tu avais laissé tomber l'idée de pouvoir le peindre à nouveau, mais il semblerait qu'il ai changé d'avis entre temps. Tu es surpris, tu ne t'y attendais pas vraiment, alors tu souris et tu le laisses se dépêtrer dans ses propos avant de rigoler doucement. Ses joues sont rouges, il est adorable, et toi tu ne te rends pas compte que tu tombes encore un peu plus à ses pieds, tu ne te rends pas compte que tes défenses sont en train de s'effondrer. Tu lèves la main vers lui et tes doigts viennent se poser dans sa chevelure bicolore, tout doucement, presque comme un effleurement. Tout doucement, ta main reste posée sur sa tête, seul le bout de tes doigts bougeant parfois pour signifier une légère caresse. Tu ne sais pas t'y prendre, quand il s'agit de contact humain, tu ne sais pas comment faire et ça t'embête, parce que tu aimerais bien qu'il ressente la chaleur que toi tu ressens, parce que tu aimerais bien qu'il se sente aussi bien quand tu poses ta mains sur lui que lorsque lui pose sa main sur toi, alors tu restes un instant comme ça et puis tu remues un peu sa mèche pour se venger, tout doucement, avant de rigoler. Ta main glisse sur l'arrière de son crâne, puis sur sa nuque, et elle s'en va, aussi vite qu'elle est arrivée. Tu es gêné, tu ne sais pas si c'était vraiment agréable, mais tes joues sont plutôt rouges et tu es content de toi. Tu es content parce que tu as essayé de lui rendre la pareille, parce que tu as fait un pas vers lui, parce que toi aussi tu as fait des efforts pour lui. Tu veux lui montrer qu'il n'est pas le seul à avoir envie de faire plaisir à l'autre, tu veux lui montrer que tu es tout aussi volontaire que lui. « … Je pensais que tu ne voudrais pas te laisser peindre une seconde fois parce que poser, c'est pas trop ton truc, donc j'ai un peu mis l'idée de côté... Mais si tu acceptes de te faire peindre, je suis totalement d'accord. La seule chose qui m'empêchait de te le demander était parce que tu avais clairement signifié que tu n'aimais pas ça, mais si ça ne te dérange pas, j'aimerais beaucoup peindre un portrait de toi. » Et tu souris, doucement, en le regardant, en rougissant parce que les compliments qu'il te fait sont les plus adorables que tu aies jamais reçu, parce que tu te sens bien, parce que tu es heureux. Peindre te rend heureux, et l'idée de pouvoir immortaliser toute la beauté de ses yeux te rend impatient. Tu espères être à la hauteur, encore plus que pour le premier tableau, tu espères pouvoir représenter sur la toile tout ce que tu peux voir dans ses yeux, toute la beauté de son âme meurtrie que tu aimerais tant réparer. Cette meurtrissure, tu la ressens lorsqu'il te parle, lorsqu'il te dit qu'il est aussi seul que toi, et ça te fait de la peine, tu as envie de le prendre dans tes bras, de le serrer contre toi et de lui faire comprendre qu'il n'est pas seul, mais tu ne peux pas. Pas maintenant, pas pour l'instant. Alors, tu préfères sourire et acquiescer à ses paroles, avant de te mettre à chercher activement dans ta boîte à gâteaux. Tu en sors plusieurs recettes que tu remets soigneusement à l'intérieur de la boîte après avoir trouvé celle que tu cherchais, la brandissant avec un grand sourire. « Et en plus j'ai une recette ! Si c'est pas beau ça... Euh, tu peux me chercher les œufs et le beurre s'il te plaît ? Faut qu'on s'y attaque maintenant si on veut pouvoir le manger après les pâtes ! Par contre, c'est pas des parts individuelles, tu m'en veux pas ? J'ai la flemme de faire les calculs. Au pire, je pense que tu repartiras avec une moitié du gâteau. » Tu hausses les épaules avec un petit sourire, un peu gêné, et tu vas chercher le moule à gâteau au fin fond de la cuisine, avant de le nettoyer soigneusement dans l'évier. Une fois cela fait, tu vas chercher le sucre, un saladier propre, un bol et un fouet, que tu nettoies également, avant de les poser sur le plan de travail, exposant la recette à côté de toi. « Pour le chocolat, j'ai pas de quoi faire un bain marie, mais on peut faire au micro-onde apparemment... Ohh, je suis vraiment nul en cuisine, j'ai juste peur de tout faire foirer. » Tu fais une petite moue et hausses les épaules avant de défaire les deux tablettes de chocolat de 100 grammes pour les mettre dans un bol et les mettre dans le micro-onde, avec le beurre, et le temps indiqué sur le papier. Tu fais une petite moue en lisant le reste, tu fronces les sourcils, alors qu'il tente de suivre la recette à la lettre, se débrouillant bien mieux que toi. Tu te demandes ce qu'il a bien pu vivre, gamin, pour devoir cuisiner à un si jeune âge. Cette idée n'est pas sortie de ton esprit et elle ressurgit alors que tu le vois ajouter les ingrédients dans le saladier, l'air concentré, alors que ses yeux bleus brillent du sourire que ses lèvres ont dû effacer pour laisser place à cet air consciencieux. Tu aimes le regarder lorsqu'il est concentré, tu aimes observer ses traits, tu aimes regarder ses lèvres pleines et rosées, ses yeux si expressifs, la façon dont son nez bouge alors qu'il fronce les sourcils, la façon dont ceux-ci s'arquent lorsqu'il ne comprend pas quelque chose. Tu aimes l'observer et tu crois qu'il l'a remarqué, alors tu baisses les yeux en rougissant et tu préfères changer de sujet. Tu es un peu mal à l'aise, tu espères qu'il n'a pas tout vu non plus, alors tu te tournes pour surveiller la cuisson des pâtes. « … Dis, Leslie... Pour le portrait, ça te va si on fixe une période dès aujourd'hui ? Parce que je vais avoir des examens bientôt, donc j'aurai pas forcément le temps de répondre aux messages.. Enfin, la vie d'étudiant quoi, tu vois le truc. On a plus de vie pendant une semaine et demi, plusieurs fois dans l'année... Du coup... Qu'est-ce qui te conviendrait ? Parce que tu comprends, j'ai vraiment très envie de te peindre, et j'ai pas envie de laisser filer cette occasion sous prétexte que je croulerai sous le travail.. » Tu rougis encore, tu t'emmêles, tu ne sais plus trop quoi dire pour te rattraper. En réalité tu ne veux juste pas qu'il oublie, tu veux le revoir encore, tu veux pouvoir être sûr qu'il ne remplace pas vos rendez-vous par d'autres, tu veux être sûr qu'il ne t'oubliera pas. Alors, tu baisses les yeux et tu évites de le regarder, parce que tu te sens un peu minable, parce que tu n'es pas très doué.