En attendant Godot

Des sacs, des clopes, du luxe, des fringues ; son appartement oeuvre d'art à son esprit perturbé, dérangé, implacable ; poupée de chiffon et poupée de cires entreposées sur des étagères pour faire fuir les intrigants. Elle aime à acheter au delà de ses moyens, dépense sans compter des billets vertes entre ses mains baguées de blancs. Quatre soeurs, un frère, une mère, un père. Deux qu'elle déteste, une qu'elle énerve, un qu'elle protège, deux qu'elle jette. La famille s'enfuie à sa vue d'hyperactive demandant, quémandant, s'enfuyant vers les cieux cléments de l'alcool bouillonnant. Ecrivain, elle affectionne sa machine rouillée trouvée abandonnée dans les ruines d'un marchand de rêve, coup de foudre opère, elle sourit à la vue de cet ami fidèle. Les voisins totalitaires beuglent des injonctions à l'attitude maudite ; la fillette hurle des proses qu'elle grave sur un papier jaunis, antique. Elle nargue la mort, apaise la débauche, danse sur les graviers, marche sur les braises tournoyantes l'obscurité révélant les épopées dangereuse dont elle recherche inconsciemment la compagnie ; provocante, elle s'énorgueille d'une fierté abolie par son corps à moitié fané par ce sang victorieux de la Leucémie, ennemie guerrière qu'elle combat la flamme aux lèvres, le lac aux perles. Collectionneuse d'amants, ne parle qu'à travers des poèmes d'Andalousie, des chansons d'amourette ; elle se moque, insulte, balance les bouteilles de verre de champagne, de vin ; goût de luxe à son minois de chérie amusée. Elle s'amuse.  Entortillant quelques mèches de cheveux éparse sur son crane dénudé, peur certainement de cette dégradante qui l'attend sur son cheval immaculé, elle s'enfonce dans les ténèbres des salles tamisées de jeux grivois, de jeux d'intérêt. Pourfendant toujours cette belle faux de ses intentions puériles. Elle s'évanouit timidement dans les rues de Londres aux heures indues d'une égarée avachie sur les murs crasseux d'un quartier mal fréquenté. Elle erre parmi les miséreux, danse avec eux, elle erre gracieusement dans les tombeaux pétrifiés, les cimetières de glace chuchotant des prières vernaculaires sur les stèles des anciens. Franche sublime, elle explose les boutiques quand les objets, les prix, les mascarades terribles proposent la comédie ; de vêtements déchirés devant les vendeurs, de vestes calcinées devant les directeurs, elle déclame des accusations ; il ne faut pas nous prendre pour des cons. De son loft éclairé, des milliers de livres qu'elle sème petit poucet, elle guette les dernières pages qu'elle gribouille prise d'un élan violateur quand il s'agit de lire cette fin haï rappelant gong des suintants un néant approchant. Elle n'a jamais lu la fin d'un seul livre, ironie figée de la belle qui écrite bâclée une histoire envolée. Cinéphile, aventureuse, elle explore les pièces sombres d'images, de tableaux, assise lascivement sur son siège de velours rouge ses jambes pendantes sur les autre strapontins de pierre. Elle critique, tient des journaux perdus dans l'immensité de son logis qu'elle publie secrètement dans les colonnes de sa ville patrie. M, seul est ce prénom quand elle se présente aux bonhommes quémandant les services tantôt violents, tantôt mielleux de la colombe doucereuse.