Une petite séance de tatouage. Ft. Sloan

There's nothing that I'd take back, but it's hard to say there's nothing I regret. Cause when I sing, you shout, I breathe out loud, you bleed, we crawl like animals, but when it's over, I'm still awake. A thousand silhouettes dancing on my chest, no matter where I sleep, you are haunting me

Ah ! Enfin, nous étions samedi. J'avais attendu ce jour avec tellement d'impatience et cela depuis un mois ! En effet, c'était cet après midi que j'allais me faire tatouer pour la 5ème fois. J'avais déjà un tatouage à la nuque, à la cheville, aux côtes et au bas du dos. Et je ne me lassais jamais de me faire tatouer. Cette fois, c'était une pièce plus importante : l'épaule droite jusqu'au milieu du haut du bras. Elle représenterait Yggdrasil, l'arbre de vie qui porte les mondes, ainsi que des drakkars et quelques runes. Bien sûr, j'avais encore plusieurs projet en cours de route, mais il me faudrait économiser avant de penser en refaire un autre. Ça c'est tout moi, à peine tatouée que je pense déjà au prochain !

J'adorais me faire tatouer. C'est un combat intérieur pour supporter la douleur. La clé de la réussite, c'est avant tout d'accepter que l'on doit souffrir pour ce tatouage et bien sûr, savoir se détendre et respirer correctement. Je n'ai jamais vraiment eu mal durant un tatouage. Même celui des côtes ne m'avait pas fait énormément souffrir. Le seul où effectivement j'ai eu mal, c'est celui du bas du dos. Mais j'adore me retrouver avec moi-même avec le son de l'appareil qui court sur ma peau. En plus le tatoueur est fort sympatique. Il y a toujours une bonne ambiance dans son salon et c'est pour cela qu'il est mon tatoueur depuis mes débuts dans le tatouage. Il a tatoué mes 4 pièces celtes et il s'apprête à me tatouer une pièce viking cette fois.

Je pris une douche en veillant bien à nettoyer la zone qui allait se faire imprimer. Puis j'enfilai un t-shit Korpiklaani, un jeans bleu slim, mes dr. Martens, et ma veste en cuire. Je quittai mon appart, la joie au coeur et la musique aux oreilles. Je n'étais qu'à une station de métro de Camden Town. Hampstead est vraiment très proche de ce quartier génial. C'était mon endroit préféré, là où je pouvais être moi-même sans risquer d'être jugée. C'est sûr que je ne pouvais pas me ramener dans cette tenue à mes cours de l'université.

Enfin j'étais arrivée et l'ambiance de Camden se faisait déjà ressentir à la sortie de la station. Je croisai un punk, une gothique, un metalleux en marchant sur le trottoir. C'est ça qui était merveilleux à Camden : il y a plein de personnes différentes et tout le monde accepte le style de chacun. J'arrivai chez mon tatoueur. Il se situait entre une boutique Punk et une boutique de chaussures. Il fallait descendre les escaliers pour arriver dans son salon. J'entendais les bzzz des machines et une vague d'excitation et de crainte m'envahit soudain. J'adorais cette dose d'adrénaline.

Je saluai les autres tatoueurs travaillant de consort avec le mien et salua d'un grand sourire celui qui allait me faire du mal. (YOLO)

Il me montra tout d'abord le dessin qu'il avait réalisé. Je le trouvai magnifique ! Tous ses dessins je les trouve magnifiques. Pour ça que c'est mon tatoueur. Il humidifia la zone à tatouer et plaça son dessin pour que l'encre s'imprime sur la peau. C'était top. Je m'assis sur sa table de masseur et j'avais la vue sur l'escalier. Ça me faisait rire de voir les petits débutant arriver au fond de ces escaliers, le visage défiguré par la peur. Enfin bon. Ma séance commença.

Il n'en fallut pas longtemps pour que des pas chancelants ne se fassent entendre .

Ilt's not a good idea...

Sloan avait un peu trop bu la veille. Ca n'arrivait pas souvent, mais hier, c'était l'anniversaire de Joe, un des gars avec qui il lui arrive souvent de jouer dans les bars et de finir les soirées chez l'un ou chez l'autre, bien bourrés. Joe vait la descente facile, sa vie se rythmait qu'au son de son violon et elle n'était que frivolités et grosses murges. Sloan, tout en sachant cela, adorait passer ses soirées avec lui, mettant en péril ses neurones et sa capacité à recevoir ses patients s'il devait travailler le lendemain. Heureusement que le nom du Dr O'Reilly et sa renommée le mettait à l'abri du courroux des Professeurs au-dessus de lui et qu'il pouvait se permettre quelques retards ou quelques bévues... Sauf qu'il ne devait pas exagérer. Par chance, hier soir, c'était vendredi, et Sloan ne bossait pas les samedis, sauf en cas exceptionnel. Il avait donc pu se saouler à loisir. Ce fut donc avec un marteau-piqueur dans le crâne et la bouche pâteuse que notre cher ergothérapeute s'était réveillé, dans le vague. Premier bon point : il était chez lui.

Il avait été à la salle de bain, la tête basse et dodelinant de droite et de gauche, se prenant même parfois le mur tant ses paupières étaient collées - et son équilibre initial pas encore revenu à la normale. Là, il ouvrit le robinet, s'aspergea le visage d'eau froide puis jeta un regard vaseux à son reflet.

« Oh, putain de merde... »

Sur son front et ses joues, il y avait un message. A l'envers, mais du coup, il pouvait le lire aisément dans le miroir. « Hey dude ! Bien dormi ? Ce message c'est pour te faire tenir ta promesse ! » Quelle promesse ? Sloan ne s'en souvenait pas, mais quelques mots sur sa joue droite risquait fort bien de le lui rappeler... « Tu dois aller te faire tatouer une rose. N'importe où ! Go ! Ou ça te coûtera 1000 livres. » Sloan serait tombé à la renverse s'il s'était avéré qu'il vivait dans un Looney Tunes. Mais non. Il se contenta de grommeler et d'attraper le savon pour se frotter vivement le visage, utilisant le savon de Marseille au sable pour bien gommer tout ça. Une fois qu'une légère trace grisâtre seulement se voyait à quelques endroits, sur une peau à vif et toute rougie, il entra dans la douche et y resta une bonne demi-heure, tout comateux qu'il était.

Une fois habillé, il siffla, prenant la laisse de Kiba sur la table de chevet de son salon. L'akita inu se leva de son panier moelleux et trottina gaiement vers lui, se laissa se faire attacher puis, maître et chien, ils descendirent ensemble pour la promenade matinale. Pendant qu'ils traversaient les ruelles et que Kiba faisait ses pipis territoriaux un peu partout, Sloan réfléchissait. Allait-il tenir cette fameuse promesse qu'il ne se souvenait pas d'avoir prononcé hier soir ? Il n'avait pas trop envie d'arborer une rose, mais, dans le fond, pourquoi pas... Joe n'avait pas précisé la taille et lui avait bien dit n'importe où, non ? Il aurait qu'à en faire une d'un centimètre de diamètre sur son gros orteil et puis voilà, il aurait tenu le pari et pourrait garder ses mille livres. Rentré chez lui, il donna la gamelle de croquettes à Kiba et le salua.

« Bon, mon gros, sage, hein ? Papa va faire une connerie et puis il revient. A tout à l'heure. »

Puis il avait pris le métro jusqu'à Camden. Il savait qu'il y avait là un salon de tatouage et il n'avait entendu que du bien d'un des tatoueurs, apparemment très sympa, ce que Sloan espérait car il ne voulait pas qu'on se moque de lui non plus... Il arriva devant le salon et, là, il entendit les bruits typiques des petites machines remplies d'encre piquant et courant sur la peau des clients. Il se mit à transpirer. Il entra, les jambes tout à coup un peu flageolantes, puis s'assit parmi des personnes de tous les styles et look différents. Sauf qu'on le regardait un peu bizarrement. De toutes les personnes présentes, il était le seul à avoir cet air si propret, si droit, si... Bref, un peu trop sage pour venir se faire tatouer. Sloan se sentit un peu mal à l'aise, l'alcool dans son cerveau agissant toujours, le rendant nauséeux et fébrile. Le tatoueur risquerait de le renvoyer chez lui, s'il était dans cet état... Il vit une belle femme blonde se faire tatouer l'épaule, elle souriait, semblait à l'aise, elle, contrairement à lui. Une perle de sang apparut sous l'appareil. Le bruit des machines emplit ses oreilles, bourdonnantes. La pièce se mit à tanguer. Oh, mon... Dieu...

There's nothing that I'd take back, but it's hard to say there's nothing I regret. Cause when I sing, you shout, I breathe out loud, you bleed, we crawl like animals, but when it's over, I'm still awake. A thousand silhouettes dancing on my chest, no matter where I sleep, you are haunting me

Je discutais tranquillement avec le tatoueur quand un gaillard entra dans le salon. Au vu de sa stature, il avait l'air d'avoir bien passé la soirée en tout cas. C'était le genre de soirée où tu ressembles à rien le matin, même si tu fais tous les efforts du monde pour t'arranger. Il avait l'air d'avoir bien profité, car il ne semblait pas encore très stable sur ses pieds. À moins que ce ne fut à cause de l'ambiance du salon de tatouage et l'odeur des encres.

Il n'avait pas le physique de celui qui aime se faire tatouer. Vu comme il s'habille, on dirait le jeune fils prodige qui vit dans les petits mouchoirs de ses parents. Mais bon, y'a-t-il un physique particulier pour se faire tatouer ?

Le pauvre était tout pâle. À croire qu'il allait rendre son déjeuner devant tout le monde. Il en était hors de question, car je suis émétophobe. Rien que l'idée de voir quelqu'un vomir me rend malade. Non, ce type n'avait vraiment pas l'air rassuré. Il fallait détendre l'atmosphère. En plus ça allait me faire me concentrer sur autre chose que sur la douleur du tatouage.

-Salut mon p'tit, t'as pas l'air bien ! Tu veux te faire tatouer ?

J'espérais le détendre un peu : en tout cas je ne savais pas si ça avait l'air de fonctionner. J'allais le rassurer, vu que c'est mon cinquième tatouage, peut être que s'il peut discuter avec un connaisseur peut-être n'aurait-il plus peur du tout.

-C'est p'têtre le sang qui te va pas ? mais t'inquiète ça ne fait pas mal.... Enfin presque pas mal.