La lumière du soleil londonien, qui se trouve être la plupart du temps recouverte par une fine couche de nuage ne tarda pas à me réveiller. A vrai dire, si je m'en souviens bien c'était plus des fins filets d'eau percutants ma peau qui m'arrachèrent de mes rêves profonds. J'ouvrais les yeux doucement, prenant un peu mon temps au début, jusqu'à ce que je me rende compte que mes cheveux se transformaient en cascade. Je ne tardai pas à pousser quelques injures que je ne préfère pas vous répéter. C'est idiot, non ? Insulter le climat ? Il faut dire que j'avais beau avoir déménagé en Angleterre il y a de là sept longues années, je ne m'y étais toujours pas habitué. Il faut dire qu'avoir grandi en Argentine m'aidait pas vraiment à me fondre dans la masse. De plus avec ma peau plutôt mate, l'hypothèse que je sois britannique leur paraissait bien impossible.
Je pourrais vous parler de mon arrivée à Londres pendant longtemps, mais je n'en vois pas tellement l'intérêt. Je vous dirais juste que c'est une ville extrêmement dynamique et pour un paresseux comme moi on ne peut pas vraiment parler de lieu idéal. Mais détrompez-vous, je passe les meilleures années de ma vie, je vis uniquement pour faire la fête. J'adore ça, me réveiller le lendemain matin sans me souvenir de la veille avec une inconnue à mes côtés. Avoir des migraines atroces et être obligé de porter des lunettes de soleil qui vous feront passer pour un prétentieux, arrogant pourrait vous paraître gênant, mais moi cela ne me dérange pas. Je considère que ça fait partie du processus. Je préfère vous prévenir, si vous vous attendiez à un jeune futur avocat sérieux et plongé dans son travail, je vous conseille de passer votre chemin. Si je ne vais jamais en cours ce n'est pas parce que le droit m'ennuie, -même si c'est le cas- c'est juste que j'ai mieux à faire, comme passer ma journée à picoler des bières, assis dans le canapé en me moquant d'une émission de télé-réalité stupide que j'apprécie secrètement. Alors, je sais ce que vous vous dites. Comment il n'a pas été viré de l'université s'il ne fait jamais rien ? Disons simplement que mes parents offrent des sommes astronomiques au directeur. Oui, figurez-vous que je ne suis pas un jeune enfant pauvre qui a vécu dans la famine et la tristesse, arrêtez vos clichés je vous prie... Mes parents sont riches et étant leur fils unique chéri, ils m'achètent tout ce que je souhaite me finançant bien évidemment mes études interminables. Certain disent que je devrais grandir un peu, ils ont raison, ce n'est pas pour autant que je changerai.
M'enfin, tout cela n'est que des détails peu importants de mon existence, je préfère clairement vous raconter une journée dans la peau de Seth Echilly. Donc, reprenons ; la pluie, les injures, le début de quelque chose qui semble être assez banal. Je jetais un coup d’œil autour de moi, je plissai les yeux doucement, le ciel gris clair était en train de m'aveugler un peu. J'étais sur le toit d'un petit bâtiment, aucune strictes idées d'où il se situait, mais une chose était sûre c'est que la vue était superbe. Je suppose que je me trouvasse en cet endroit à cause d'une fête organisée la veille. Je n'en ai plus aucun souvenirs maintenant, mais ce n'est pas important pour l'histoire, tout ce qu'il y a à savoir c'est que je me souvenais plutôt bien de la liste des invités. Je m'empressai alors de composer le numéro de Josette (oui, c'est comme ça que je surnomme mon bro) tandis que je pris plus de temps pour contempler le cadavre de la fête. Il restait les balles de pistolets de la bataille. Elles étaient toutes vides, bien entendu, je ne laisse jamais une bouteille d'alcool quel qu'elle soit, vide. Bon, ça ne sert pas à grand-chose de me trouver des excuses, c'est juste parce que j'aime boire. Ce n'est pas pour autant que je suis alcoolique, je ne suis presque jamais bourré lorsqu'il fait jour, par contre la nuit je dois avouer ne pas vraiment me restreindre.
Chaque petits bruits sortant du combiné me provoquaient un mal de crâne assez violent, mais j'arrivais à le supporter. Il fallait que je sois courageux pour pouvoir retracer ce qu'il s'était passé lors de sa fête et accessoirement récupérer mes clés. Puisque oui, j'avais oublié de vous faire partager la perte de mes clés, enfin ce n'est pas essentiel. L'appel se déroula sans problème, Josette me disait que lorsqu'il avait décidé de rentrer chez lui je lui avais confié mes précieuses clés, mon petit trésor. Je me félicitais intérieurement, pour une fois j'avais été raisonnable.
Tout le monde était parti tôt apparemment. J'étais resté avec une jolie jeune femme qui avait du s'enfuir à l'aube, cela expliquait donc le mystère de la chemise ouverte.
Je passais chez Josette qui me rendit mes propriétés et je sortis d'un café où j'étais bien entendu entré plus tôt. Ulysse (alias Josette) était mon voisin et donc mon appartement était tout proche mais je ne peux pas vivre son mon café et ma balade matinale. C'était mon remède contre les cuites. Ça marchait presque à tous les coups. Encore une fois, ce fut automatique, une seule gorgée suffit à me remettre en place, un beau sourire charmeur et éclatant apparu sur mon visage. Ma bonne humeur était mystérieusement revenue. C'est pour ça que je me fis pardonner de mes précédentes injures en adressant au soleil un petit « Good Morning sunshine » avant de continuer ma route vers mon appartement.
Je ne suis pas le genre de personne à prendre le métro, le bus ou n'importe quel véhicule. Disons que je préserve l’environnement, que je suis bien trop paresseux pour monter sur une bicyclette. La vérité c'est simplement que je suis dans cette optique de profiter de la vie et je crois au destin. Je pense que c'est l'empêcher d'agir si j'utilise un véhicule. Imaginez-vous, lorsque vous étiez en train de suffoquer dans un tunnel sous-terrain, moi je prenais l'air, m'arrêtant par-ci par là pour manger une crêpe, tester un joli canapé qui m'avait plu dans la vitrine ou même acheter une batterie en soldes me disant que s'essayer à la musique n'est pas une si mauvaise idée. Bien entendu lorsque votre concierge vient vous faire une remarque à ce sujet vous comprenez que ce n'était pas une super pensée. Et ainsi je devais me démener pour me faire rembourser cet encombrant instrument.
Mais bon, cela est une autre histoire et ce n'est pas ce jour-ci que je me pris pour Megan White. Cinquante minutes plus tard je me trouvais devant mon appartement et cinq minutes après dans mon lit, une bière à la main avec des restes de pizza et ma télécommande de télévision.
Les bières s'enchaînaient tandis que les heures avançaient et pendant que les autres jeunes étaient en train de s'instruire pour avoir un avenir assuré dans le futur, moi je me contentais de me lamenter de mon côté pathétique tandis que j'enviais Ian Solo en regardant Star Wars. Pas parce qu'il avait réussi à se taper la princesse aux cheveux qui ressemblaient à des cookies à la fin du film mais, plus parce que lui il osait faire les choses...pas comme moi. Je me sentais misérable des fois.
Je m'attaquai maintenant à une bouteille de whisky. Vous vous souvenez quand je disais que je n'étais jamais bourré en journée ? Ce n'est pas totalement vrai, ça m'arrive quelquefois. N'ayez-pas pitié pour moi, j'ai toutes les cartes en main, je suis juste incapable de gagner le jeu et même d'en comprendre les règles.
Ensuite, une sieste bien mérité, se coucher à six heures du matin ça épuise un peu.
Un coup de fil, une fête, je bois, une fille, je drague, mon appartement, mon lit, le lendemain matin et là trou noir, je ne sais plus qui elle est et comment je suis arrivé là. Voilà comment résumer la suite de ma journée, de mes journées au final, car elles sont presque toutes similaires. Ce n'est juste pas les mêmes musiques, pas les mêmes lieux et pas les mêmes personnes, mais moi je reste le même, je ne change et je ne changerai jamais, pas parce que je ne le veux pas, mais parce que j'en suis incapable.
Voilà à quoi se résume ma vie, je crois qu'il n'y aura jamais rien d'intéressant à en tirer.