"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici (williams-norton) even if it worked out 2979874845 (williams-norton) even if it worked out 1973890357
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() message posté Jeu 16 Oct 2014 - 17:07 par Invité


I don't wanna work out,
even if it worked out
johnathan norton & maisy williams-norton
♔ ♔ ♔ ♔ ♔


C'était le genre de choses dont on ne parlait pas, ou du moins plus. Johnathan et moi étions devenu un de ces couples qui ne fait que se croiser au dîner, échanger quelques politesses, quelques sourires, et qui partageaient le même lit le soir. Notre quotidien se résumait à ceci désormais. Après deux ans de mariage, la situation avait tourné au vinaigre. Quatre ans que nous étions ensemble (si on mettait à part l'épisode de la pseudo tromperie qui avait failli déjà nous mener à un mariage), deux ans que nous étions mariés, deux ans que nous étions à Londres. Tout avait pourtant bien commencé. On avait été heureux. Et depuis février, on devait faire face à la pire des épreuves au monde, celle que l'on avait même pas imaginer traverser un jour : le handicap de John.
J'avais adapté ma vie en fonction de son handicap, on avait tout changer. L'appartement était maintenant adapté à une personne handicapée : les largeurs des portes, la salle de bain, le revêtement des sols. J'étais condamnée à me voir heureuse dans les moments où il finissait par sourire. Ce n'était pas l'enfer, mais en tout cas ça en avait le goût.
Mais il était tout pour moi. Et je l'avais juré devant Dieu : pour le meilleur et pour le pire.
Ce n'était pas parce qu'il était handicapé qu'il n'essayait pas non plus de satisfaire mes besoins, ou notre vie de couple, ou notre envie de fonder une famille. Parce que oui, aussi étonnant que ça puisse paraître, la petite populaire capricieuse intimidée par le mariage et les enfants avait changé d'avis : grâce à lui. Willow, ma petite chienne, ne continuerait pas à faire office d'enfant de substitution bien longtemps. On voulait notre famille. On voulait fonder la famille Williams-Norton. Notre famille. Sans pour autant répéter le schéma de la famille Williams. Mais le fait est qu'on essayait sans résultat pour l'instant. Aucun résultat.
Tout allait contre nous. Ces derniers temps. Ces derniers temps, et ça ne continuerait pas. Du moins je l'espérais de tout mon cœur. Ca ne pouvait pas continuer comme ça. On avait pas le droit de me faire souffrir encore une fois dans la vie alors que j'avais fini par trouver l'homme de ma vie.
Il restait l'homme de ma vie, même en fauteuil roulant.

Nous étions à table. On se fixait, puis on reprenait nos fourchettes en main. On avait déjà usé notre quota de phrases bateaux à utiliser lors du diner : comment s'est passée ta journée, qu'est-ce que tu as mangé à midi, y avait du monde sur la route du retour, on m'a parlé d'une pièce, pas de nouvelles du médecin, blablabla. On ne parle pas du sujet bébé. Et dear Lord. Ca me stresse.
Et si on ne pouvait pas concevoir ? Et si quelques choses clochait avec nous ? Et si nous étions dans l'impossibilité d'avoir des enfants un jour ? Ma mère était tombée enceinte par accident et l'avait regretté toute sa vie. Et moi, qui souhaitait tombé enceinte, ni arrivait même pas. Coup du sort ?
Je pose la fourchette à côté de l'assiette, pose les coudes sur la table et prend une inspiration.
« John » Je reprends encore une inspiration. Merde, je n'arrive pas à parler. Je n'arrive plus à m'exprimer. Je me censure de peur de lui faire encore du mal, de le rabaisser, de le faire se sentir mal, encore.
« John, ça fait huit mois qu'on essaye d'avoir un bébé, et ça ne marche pas... » Je me sens ridicule en disant ça. Des couples essayent pendant des années avant de se poser des questions. Non, je suis une flippée de la vie et quelque chose en moi me dit que toutes les chances sont contres nous, contre moi.
« J'pense qu'on devrait faire des tests »
BOUM, comme une bombe. Du moins c'est ce que je ressens.
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() message posté Lun 27 Oct 2014 - 17:28 par Invité

I don't wanna work out,
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❝ maisy cara williams-norton ∞ johnathan stefan norton


« Ok, c'est bon John tu peux le faire. Il suffit juste que tu te concentres, que tu ne penses pas à ta jambe. Tu veux juste aller jusqu'à l'armoire pour récupérer un pantalon, c'est tout. Cinq mètre à faire, tu n'as ni besoin de tes béquilles, ni de ton fauteuil. » Johnathan était debout, les mains appuyées d'un côté sur le panneau du pieds de lit et de l'autre sur le porte manteaux. Il se parlait à lui-même, tentant de ne pas parler trop fort et ainsi ne pas passer pour un total abruti auprès de sa femme. Depuis l'accident et son réveil d'opération chirurgicale, le jeune homme n'avait fait qu'avancer en fauteuil roulant ou bien péniblement avec d'abord deux béquilles, puis une seule. Mais il n'avait jamais réussi à marcher sans aide du tout. Et pourtant, ça n'était pas faute de le vouloir. Il était cependant tiraillé entre une envie de bien faire immense, et une incapacité physique qui le bouffait littéralement de jour en jour. Mais ce matin, il s'été réveillé avec une envie un peu plus forte. La première chose qu'il avait vu en ouvrant les yeux étant le visage d'ange de sa petite femme, cela lui avait donné de la force dès le matin. il avait tout de même fait semblant de dormir lorsqu'elle-même avait ouvert les yeux et également lorsqu'elle s'habillait pour quitter la pièce. Il ne voulait pas qu'elle le voit ainsi, même si pour le coup, c'était déjà raté. Il voulait pouvoir un jour venir vers elle en marchant et la prendre dans ses bras pour lui montrer à quel point il tenait à elle.

woof ! Eh bien ça ne serait pas pour aujourd'hui malheureusement. Alors que John avait réussi à faire deux pas vers l'avant, lâchant les meubles, Willow, la chienne de Maisy qui était un peu devenu la sienne également avait sauté du lit et s'été mise à lui aboyer dessus. Certainement as méchamment, elle devait avoir envie de jouer, ou bien d'appeler sa maîtresse pour qu'elle voit ce que faisait son mari, -mais cette hypothèse était bien moins crédible.. John, surpris, perdit l'équilibre et s'étala littéralement sur le sol comme le déchet qu'il était depuis plusieurs mois. « Saleté de chien ! » La chienne lui répondit avec quelques aboiements avant de déguerpir en direction de la cuisine où se trouvait Maisy. John tenta tant bien que mal à atteindre son fauteuil dans la chambre et s'y hissa avec encore plus de difficultés que d'habitude. Quand Maisy entra dans la pièce lui demandant ce qu'il s'été passé, il lui répondit à peine avant de s'éloigner misérablement.

Le reste de la journée se passa exactement comme les précédentes. Maisy parti travailler tandis que John traînait à la maison en attendant la venu d'un infirmier pour sa rééducation quotidienne. Une routine à laquelle John avait prit l'habitude et à laquelle il ne se souciait même plus. Il faisait quelques efforts en présence de sa femme car malgré toute cette merde, il ne voulait pas qu'elle se lasse, et qu'elle le laisse tomber. Mais lorsqu'il s'agissait de faire la conversation à un infirmier qui lui faisait mal et ne cessait de lui balancer ces phrases clichées qu'il ne supportait plus, c'était une autre paire de manches. Mais il avait dépassé le stade de la colère et avait arrêté de l'insulté dès qu'il commençait à ressentir une douleur dans un mouvement.
Puis l'infirmier quittait l'appartement, et John se servait une bière devant une de ces émissions de télé bidons. Il s'été même mis à la télé réalité, lui qui détestait ça. Puis Maisy revenait du travail, et il faisait un petit effort pour sourire un minimum malgré la tristesse se lissant sur ses cernes, ses rides incroyablement visibles et sa barbe de plusieurs semaines.

Et le dîner se passait exactement comme chaque jour. Des questions inutiles posées sur la journée de l'autre puis le silence. Brisé de temps à autre par un "passe-moi le sel" lourd de sens.
Mais ce jour-là, les choses changèrent. Maisy prit la parole en prononçant tout d'abord simplement le prénom de John. Ce dernier, légèrement surpris mais plutôt content releva la tête, affichant un air interrogatif. La suite vint très vite. « John, ça fait huit mois qu'on essaye d'avoir un bébé, et ça ne marche pas... » L'éclopé baissa à nouveau la tête. Il attendait la suite: Maisy voulait qu'ils fassent des tests. Et John ne savait pas quoi dire.

« Peut-être qu'on n'a pas besoin de faire ses tests ! Ben oui après tout, je suis handicapé, alors peut-être que mes nageurs le sont aussi ! » Il avait dit cela sur un ton si plat et inexpressif que ça n'allait pas avec la phrase. Il ne savait pas comment s'expliquer, mais il avait l'impression que tout était de sa faute. Cela passait certainement pour de l’apitoiement inutile, mais en même temps c'était certain qu'il y était pour quelque chose. « Mais d'accord. On fera les tests si tu le veux. » Il s'entendait parler et avait envie de s'auto frapper. Il avait l'air tellement blasé, et pourtant cela ne traduisait certainement ses pensées profondes ! Il avait envie de ce bébé ! Il le voulait vraiment, et surtout avec Maisy ! Cela faisait longtemps qu'il en avait envie et il avait très bien su le lui dire plus d'une fois ! Il n'était tout simplement plus le même.


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() message posté Sam 1 Nov 2014 - 19:49 par Invité
♔ ♔ ♔ ♔ ♔


Moi, Maisy Williams, était désormais mariée. Moi qui avait longtemps dit que je ne voulais me marier de peur de reproduire le même genre de mariage que mes parents, moi qui avait longtemps considéré le mariage comme une prison. J'étais mariée, depuis deux ans. On avait été plus qu'heureux jusqu'en février dernier. J'avais connu ce qu'était le bonheur, me faisant finalement regretter tout ce que j'avais pu dire à propos du mariage. Ce n'était pas une prison quand on avait trouvé la bonne personne. John était ma bonne personne. Et j'avais longtemps cru que notre bonheur serait infini. Qu'après tout ce que j'avais déjà traversé, rien ne pourrait se mettre en chemin du bonheur parfait qu'on filait lui et moi. Et pourtant.
Nous n'avions jamais pensé que ce genre de situation nous arriverait. On était comme tout le monde, à se dire que de toute façon, ça n'arrivait qu'aux autres. J'avais eu un pressentiment, quand il avait acheté cette moto, je crois. Ou alors, je me faisais des films, cherchant encore une raison pour me sentir coupable de tout ça. Je voulais me sentir coupable, je voulais que Johnathan arrête de se sentir coupable pour tout ça. Je voulais lui retirer quelque chose des épaules. On essayait d'être heureux depuis février. On essayait tant bien que mal. Mais il y avait quelque chose qui bloquait. Un truc que nous ne pouvions pas réglé. Nous savions tous les deux que nous nous forcions à sourire pour que l'autre ne sombre pas. Ou du moins c'était l'impression que j'avais. Et pourtant, nous ne faisions que nous mentir : si on s'unissait et qu'on se battait au lieu de prétendre que tout allait bien... C'était comme si Johnathan n'avait plus rien qui le motivait. Il ne travaillait plus, il ne pouvait plus faire de sport, il était bloqué à la maison. Autant de choses qui devait le rendre fou. Alors oui, à mes yeux, il allait mal. Malgré tous les sourires qu'il pouvait m'adresser, malgré tous les mots doux qu'il se forçait à dire tous les jours, il était démotivé. Il n'avait plus rien à quoi se raccrocher. Et ça me désolait.
Ou peut-être que c'était moi qui en rajoutait des couches. Peut-être que j'avais trop longtemps gouté au bonheur, que j'en avais pris l'habitude et que je ne savais plus ce qu'était la vie : pleine d'obstacles tous plus durs les un que les autres à surmonter. J'avais oublié que d'un jour à l'autre tout pouvait s'arrêter. Tout pouvait être perturbé. Ce jour était arrivé en février dernier et j'attendais impatiemment le jour où on serait délivré de tout ça, le jour où il finirait pas me dire chérie je peux marcher le jour où je l'accompagnerai courir, le jour où il assisterait à la naissance de son premier enfant. Le jour où on serait de nouveau complètement heureux.
Et c'est pour ça que je tenais tant a avoir un enfant avec John. J'espérais, inconsciemment, que ça lui donnerait la force de se relever, pour son enfant. C'est pour ça que j'y tenais. C'est pour ça que huit mois, ça me semblait long, trop long. Huit mois que j'attendais qu'il ait une raison pour se battre pour de bon. Parce que oui, il était à bout, déprimé, mais moi aussi. Où était passé mon John, souriant, prêt à tout pour moi ?
Mais j'avais promis : pour le meilleur et pour le pire.
Je me sens bête d'évoquer le sujet comme ça, de tout lâcher comme une bombe pendant un diner qui ressemble à tous ceux qu'on a déjà pu avoir depuis l'accident. C'est bête de ne plus supporter de se retenir, c'est bête de ne plus se retenir de parler, juste à ce moment là.
« Peut-être qu'on n'a pas besoin de faire ses tests ! Ben oui après tout, je suis handicapé, alors peut-être que mes nageurs le sont aussi ! » Je ne pouvais déceler aucune colère dans sa voix, juste de la culpabilité. Je rajoutais sur son dos de la culpabilité, alors qu'il portait déjà celle de la situation dans laquelle nous étions. Quel genre de femme étais-je, pour foutre encore la faute sur son mari diminué ? « Mais d'accord. On fera les tests si tu le veux. »
Je lâche ma fourchette et prend une profonde inspiration, encore. Oui, parce que la culpabilité de le faire se sentir coupable, me donne envie de pleurer. Encore, toujours. Comment puis-je être capable de lui mettre la faute dessus ? Ou de le laisser penser que c'est le cas ? Parce que ce n'est absolument pas ce que je voulais dire. J'inspire de façon exagérée, encore une fois. Je sens les larmes au bord de mes yeux. Et si je pleure devant lui, il va se sentir encore plus coupable.
« C'est pas ce que je voulais dire John... Enfin... » Ma voix est chevrotante, l'émotion prend le dessus sur moi, ou du moins, essaye. Non, je ne pleurerai pas devant John. « C'est pas toi le problème, enfin c'est peut-être moi. J'veux dire, la fausse couche c'était moi le problème, je pense. Je crois. Ca peut pas être un problème de spermatozoïdes. C'était mon corps qui portait ce bébé, pas toi. Donc c'est peut-être moi... » Je repense à cette fausse couche. Oui, il y a failli avoir un bébé. On a cru qu'il y avait un bébé. Pendant une courte période, on avait un espoir. On a cru que le ciel était en notre faveur, que tout allait marcher, et puis non.
« Et toi comme moi on veut ce bébé, on en a besoin... Enfin, déjà, parce qu'on veut une famille... Et puis je sais pas, ça pourrait te faire du bien aussi, de tenir ton enfant dans tes bras, de te dire que t'as été capable de faire ça... J'en sais rien. C'est pour nous. Tu sais très bien que ça va pas fort en ce moment. Je m'inquiète pour toi. »
Même si j'essaye de la retenir, une petite larme réussit à s'échapper et couler le long de ma joue.
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() message posté Dim 2 Nov 2014 - 19:42 par Invité



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flashback

Johnathan était nerveux. Mais dans le bon sens du terme. Voilà maintenant six mois que sa femme Maisy et lui-même tentaient désespéramment de concevoir. A vrai dire, John pensait que faire l'amour une fois sans préservatif suffirait à ce que Maisy tombe enceinte. Après tout, cela arrive à un tas de personnes, même celles qui ne souhaitent en aucun cas avoir d'enfants ! Mais cela ne fonctionna pas aussi simplement pour eux. Ils ne cessaient de faire des tests de grossesse, espérant à chaque fois que les deux lignes apparaîtraient, mais il n'y en avait qu'une seule à chaque fois, et la déception qui allait avec. Il avait fallut un bon mois à John pour se remettre de son handicap au point de pouvoir faire l'amour à sa femme, et ça n'était toujours pas aussi simple qu'à l'époque. C'était dur physiquement, mais également mentalement. Se poser la question de savoir si on ne dégoûte pas sa femme avec une jambe endormie ? Si elle ne fait pas semblant de prendre du plaisir ? Si elle ne va pas avoir ailleurs pour mieux se satisfaire ? Mais John prenait sur lui, et faisait tout les efforts du monde pour ne pas sombrer dans ces interrogations encore sans réponse.

Mais il y a un mois de cela, le test était apparut positif ! Ce fut la plus grande joie jamais vécut pour le couple et John n'en était pas revenu. Ce même jour, il avait quitté son fauteuil et avait marché debout sur ses deux jambes pour la première fois. Il avait prit sa femme dans ses bras et l'avait serré aussi fort qu'il l'avait pu. Ce fut un mois de pur bonheur après les tests leur assurant qu'ils allaient vraiment avoir un bébé. Un mois à discuter du sexe du bébé, de la nouvelle configuration de la maison pour l'installer, de l'emménagement de leurs emploi du temps, et surtout du choix du prénom. Un mois hors du temps qui avait été tellement bénéfique à John ! Ce dernier s'était mis à la rééducation plus que jamais et avait fait des progrès inouïs. Un vrai petit miracle. Jusqu'à ce jour.

John se trouvait dans la salle d'attente des urgences. Maisy s'été plaint de douleurs atroces dans le bas ventre depuis un ou deux jours, et des saignements étaient apparus la veille. Ni une, ni deux, ils avaient appelés un taxi direction l'hôpital où Maisy fut prise en charge très rapidement. Mais depuis, Johnathan n'avait plus eu de nouvelles. Il attendait donc, tapotant des doigts machinalement.
C'est alors qu'un médecin vint le voir, lui expliquant qu'il pouvait venir voir sa femme. John attrapa ses béquilles à la volé et se précipita aussi vite qu'il le pouvait ans le couloir que lui indiquait le médecin. Il retrouva alors Maisy, allongé sur un lit, en larme. John se douta alors de ce qu'elle allait lui annoncer, mais ne voulant pas y croire tant qu'il ne l'aurait pas entendu, il s'avança vers elle, prenant sa main entre les siennes. « John....john, il... il est.. il est parti... » Les paupières du jeune homme se fermèrent si fort qu'il finit par ne plus les sentir. Il se pencha finalement vers Maisy et déposa un baiser sur son front, posant finalement sa tête dans le creux de son cou. « Je suis désolé. »

present day

Et voilà où ils en étaient à présent. Le décès du fœtus ne les avait pas découragés, bien que John avait quelques peu stoppé ses efforts. Ils avaient continués à essayer, coûte que coûte. Mais malheureusement, la joie qu'ils avaient vécut ne revint pas.
Et John se sentait un peu coupable. Il était presque persuadé que le fait d'être paralysé d'une partie de son corps entraînait des problèmes ailleurs. C'était évident après tout non ? Une partie de son corps qui est morte entraîne un dysfonctionnement musculaire et nerveux, et certainement des problèmes d'hormones ! Il n'était ni médecin, nu étudiant en médecine, mais il se doutait bien que tout était lié. Alors oui, il se sentait coupable d'une certaine façon. Mais en même temps, ils avaient réussi à créée un bébé. Ou plutôt l’œuf et l'embryon qui va avec ! Et ça, c'est pas rien. Un de ses nageur avait fait tout le chemin jusqu'à la trompe et avait percé toutes les couches de l'ovule. Alors peut-être que c'était le corps de Maisy qui n'avait pas accepté ce bébé. Mais John ne voulait pas lui remettre la faute dessus. Après tout, ils ne connaissaient pas les raisons.

Il observait sa femme, et voyait parfaitement qu'elle se retenait de pleurer. Les larmes commençaient à remplir ses yeux et sa respirations se faisait plus forte, plus prolongée et forcée. Il ne voulait pas la voir pleurer. Il ne voulait pas la voir triste tout simplement. Pare qu'il savait parfaitement que c'était lui qui la rendait comme ça. Que c'était de sa faute si elle s’angoissait. C'était lui qui avait faillit mourir en moto, renversé par un camion et qui vivait entre un fauteuil roulant et une paire de béquille depuis. Et c'était elle qui était contrainte de le supporter tout les jours, à cause d'un stupide "Je promets de le chérir, dans la santé et la maladie". Et il la voyait se justifier, tenter de lui retirer la culpabilité des épaules. C'était tellement absurde. Ils essayaient de se protéger tout les deux, de la pire des façons. Ils s'aimaient tellement qu'ils ne voulaient plus voir les choses en face. « Maisy, je suis certain que cette fausse couche n'était pas de ta faute. » Mais il ne savait pas. Il ne pouvait pas savoir. Il voulait simplement la rassurer.

Il ne quittait plus ses yeux à présent, tentant de lui faire passer tout l'amour qu'il éprouvait pour elle afin qu'elle reste forte et qu'elle ne s'effondre pas. Et puis il cherchait la force en elle également. Cette conversation, aborder ce sujet, tout ça lui donnait également envie de pleurer. Malgré tout, John aperçoit une larme couler le long de la joue de Maisy. Il baissa alors les yeux, écoutant son explication. Il finit par relever la tête, et, portant sa main à la joue de sa femme, il balaya la goutte d'eau salé d'un revers de pouce. « Je sais. Je sais que tu t'inquiète, et que ça ne va pas, mais je te promets, je fais du mieux que je peux. Mais c'est dur. » Il n'était pas en colère. Et ne voulait pas qu'elle se sente agressée, mais il avait besoin qu’elle sache que ça n'était pas facile pour lui et que malgré tout, il faisait tout pour qu'elle soit heureuse.

« Je le veux ce bébé. Pour moi, mais pour toi aussi. Et je veux aller mieux. Alors je vais le prendre ce rendez-vous. Dès demain, on va à l'hôpital et on se débrouille pour l'avoir ! » Attrapant les roues de son fauteuil, John manœuvra jusqu'à la commode où se trouvait le téléphone, et il composa le numéro du spécialiste qu'ils avaient vus lors de la fausse couche.
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() message posté Ven 28 Nov 2014 - 18:50 par Invité
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« Je le veux ce bébé. Pour moi, mais pour toi aussi. Et je veux aller mieux. Alors je vais le prendre ce rendez-vous. Dès demain, on va à l'hôpital et on se débrouille pour l'avoir ! »
C'était tout ce que j'avais retenu de la mini-dispute qu'on avait eu avec Johnathan ce soir. Dispute, si on pouvait appeler ça une dispute. Il avait haussé le ton un petit moment, et je m'étais retenue de pleurer. Tout ça ne faisait que me rappeler une certaine période de notre vie commune, ou même un certain épisode bien précis. Notre seule et unique rupture. Ce qui m'avait permis de réaliser que j'avais besoin de lui pour me sentir vivante et complète. Et cette phrase, cette phrase, ô cette phrase ! Elle me remettait dans l'esprit qu'il était bel et bien l'homme de ma vie, pas un énième salopard que la vie avait foutu sur mon chemin : c'était le bon. Malgré sa maladie, son handicap, il voulait qu'on trouve une raison de s'accrocher et de retrouver un semblant de bonheur. Parce que oui, ce bébé pouvait clairement être la clef pour ouvrir la porte vers un état euphorique qu'on appelait « bonheur » et qu'on avait fermé derrière nous depuis trop longtemps.
 « Je le veux aussi ce bébé John... Je veux notre bébé... » avais-je lâché dans un murmure alors que mon mari se déplaçait jusqu'au téléphone en fauteuil roulant. Je savais ce qu'il voulait, il voulait dès à présent contacter un spécialiste. Et je l'observais prendre les choses en main depuis ma chaise. Je n'avais pas bougé d'un pouce. L'émotion est encore là. Elle me maintient encore immobile. Encore, toujours. Et voir John se déplacer en fauteuil me fait de la peine, même si je devrais avoir l'habitude, avec le temps. Huit mois qu'il est dans cet état. Huit mois que je vois ce fauteuil tous les jours. Huit mois que j'espère ne plus voir ce maudit fauteuil sous mes yeux au réveil. Parce que c'est dur. Pour lui comme pour moi. Il n'est plus le même John. Pas qu'il ne soit plus l'homme que j'aime, loin de là. Il est juste différent. Il ne va plus courir chaque matin et ne me tanne plus pour que je l'accompagne. Il ne me parle plus de football, ni de sport dont je n'ai jamais entendu parler. Ca me paraît loin, cette époque la. Et ça me manque, horriblement.
J'entends John prendre un rendez-vous. Je l'entends insister. J'entends juste  « Demain ? » et des histoires d'horaires. John semble s'être réveillé. Comme s'il venait de réaliser que ce bébé, la confection de ce bébé serait notre échappatoire à cette situation plus que pesante. Il reprenait sa place d'homme de la maison. Il reprenait des responsabilités. Il s'imposait.
Et quand il pose le téléphone, il me sourit et se remet à table. Je suis encore immobile, presque muette de le voir agir de la sorte. De le voir se rendre compte que j'en ai besoin moi aussi. Et que je me sens presque plus coupable que lui de ne pas réussir à tomber enceinte. Du moins, pas une nouvelle fois. De ne plus pouvoir lui donner cette chance, cette espoir, comme la dernière fois : cette fois où j'avais fais une fausse couche.
 « Merci. » Et il peut lire dans mon regard tout l'amour du monde.

***

Je n'ai pas dormi de la nuit. Je suis rester, allongée sur le dos, scrutant le plafond, écoutant les ronflements de Johnathan. Et maintenant, je suis là, dans le cabinet d'un spécialiste, fatiguée, à scruter des schémas d'utérus tout en serrant la main de mon mari. Je suis pommée, je me sens pommée, comme si j'étais égarée et que tout cela n'avait aucune part de réalité. Ca semblait irréel après tout, d'être là, parce qu'on arrivait pas à concevoir. Nous étions plutôt jeunes. A cette période de leur vie, certaines personnes tombaient enceintes sans le vouloir : et il y avait moi.
Une part de moi-même se demandait si le fait d'avoir le profil d'un ex addicte à la cocaïne et à l'alcool n'avait pas de lien direct avec mon problème. Et si mon corps avait été totalement flingué par ces merdes ? Et si c'était pour ça que j'avais perdu le bébé ? Et si finalement, le problème, c'était moi ? Ca l'avait toujours été.
 « Monsieur et Madame Norton, pardonnez moi du retard ! » Le spécialiste me sort immédiatement de mes pensées. Me perturbant par la même occasion. Je me lève du siège, pour lui serrer la main. John, quant à lui, est mécaniquement forcé par son corps à rester assis. Le docteur lui serre la main, puis s'installe à son bureau.  « Toujours bloqué dans ce fauteuil Monsieur Norton. Ne vous inquiétez pas, je suis persuadé que vous courrez bientôt un marathon ; patience est mère de tous les maux ! » Sa remarque me met mal à l'aise. Mais je souris. Ce type peut sûrement nous aider.  « Donc, quelles sont les nouvelles ? Pas de grossesse je suppose si vous êtes ici et que vous demandez mon aide. »
Arrogant, oui, voilà, arrogant : je le trouve arrogant. Tellement arrogant que c'est la main de John qui déguste le fait que je n'apprécie plus autant cet homme que la dernière fois.
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() message posté Mar 23 Déc 2014 - 17:39 par Invité



“I don't wanna work out, even if it worked out”
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« Bonjour, j'aimerai prendre un rendez-vous avec le docteur Jefferson s'il vous plaît. » Téléphone en main, John avait également repris sa vie en main. Il s'agissait là d'un tout petit pas en avant, mais c'était déjà beaucoup pour lui et pour sa vie de couple. Il jeta un petit sourire en direction de Maisy, le temps que la personne qu'il avait eu en premier à 'appareil lui passe le docteur. Il était maintenant décidé à faire bouger les choses. A y voir plus clair dans toutes ces tentatives ratées, ces déceptions et cette tristesse qui envahissait chacune de ses pensées. Après quelques minutes d'attente, il reconnut la voix du médecin qui les avait pris en charge lors de la fausse couche. Cela ne faisait que remuer de mauvais souvenirs dans la tête du jeune homme, mais il devait passer outre afin de pouvoir avancer. « Bonjour docteur, j'aimerai fixer un rendez-vous avec vous car cela fait maintenant plusieurs mois que l'on essaie de concevoir à nouveau avec ma femme, et cela ne fonctionne pas. Nous aimerions donc avoir votre avis. » Jefferson marmonna un d'accord et John entendit les pages de son agenda tourner plus ou moins rapidement. Le médecin lui proposa alors une date dans un mois. « C'est bien trop tard ! Je veux un rendez-vous dans la semaine au maximum ! » Le docteur marmonna une nouvelle fois, les pages se tournèrent encore un peu jusqu'à ce qu'il lui propose de prendre la place d'un autre couple qui avait annulé pour le lendemain. « Très bien, à demain docteur. » John raccrocha ors le téléphone et souris à nouveau à Maisy avant de se remettre à table.
Et le "merci" de sa femme finit de lui remonter le moral pour la soirée. Ils reprirent le cours de leur repas comme si de rien n'était. Cette discussion avait eu une bonne fin finalement. Même s'ils ne savaient pas ce qui les attendait par la suite, ils avaient fait une avancé assez conséquente.
John eu un peu de mal à s'endormir ce soir-là, bien trop excité pour le rendez-vous du lendemain, mais il trouva le sommeil dans les bras amoureux de sa femme.

the next day


Le jeune couple prit un taxi tôt le lendemain afin de se rendre à l'hôpital où ils avaient rendez-vous. Après de longues minutes d'attente dans une salle remplie de couples, enceinte, ou pas encore, ils finirent par être abordés par la secrétaire qui leur indiqua d'entrer dans le cabinet, en attendant que le docteur arrive. John avait beau savoir que le métier de médecin n'était pas facile, cela l'énervait de toujours devoir attendre après les soins. Ils ne venaient là que pour des conseils, savoir ce qui n'allait pas dans leur vie sexuelle pour ne pas parvenir à concevoir, mais c'était tellement important pour John qu'il avait l'impression que c'était équivalent à une fracture ouverte.

Le docteur Jefferson finit par arriver, s'excusant vaguement et serrant la main de Maisy, puis celle de John. Il formula ensuite une phrase que John préféra effacer de son esprit. Il avait horreur de parler de son handicap, et surtout d'entendre les gens dire qu'il sera sans aucun doute sur pieds dans très peu de temps. Qu'est-ce qu'ils peuvent en savoir après tout ? Il ne préfère tout simplement pas se donner de faux espoirs. « Donc, quelles sont les nouvelles ? Pas de grossesse je suppose si vous êtes ici et que vous demandez mon aide. » John sourit machinalement. Cette remarque avait l'air si peu professionnelle. C'était comme s'il n'en avait rien à faire des sentiments de ses patients. Il n'était intéressé que par la pratique. John savait que c'était un bon médecin. Il s'été occupé d'eux pendant la fausse couche, mais au final, il n'avait pas pu leur donner de verdict quant à la raison de l’événement. Il leur avait dit qu'aucun des deux n'était plus fautif que l'autre, et qu'un deuxième essai seulement pourrait les éclairer. Trop effondré pour chercher plus loin, le couple n'avait pas relevé. Mais maintenant, ils voulaient des réponses.

« En effet, ça fait maintenant quatre mois que nous avons perdu le premier bébé. » La gorge de John se noua soudainement, et ses doigts se resserrèrent un peu plus fort sur ceux de Maisy. « Nous n'avons pas laissé tomber, et nous avons des rapports sexuels non protégés assez réguliers. Nous essayons même de s'y mettre un peu plus quand c'est le bon moment du cycle de Maisy, mais rien ne vient. Elle ne tombe toujours pas enceinte. » Sa voix était légèrement tremblante, mais il essayait de garder un ton sûr de lui. « Je vois.. Eh bien la seule chose que je peux vous proposer, c'est des tests, tout simplement. Pour vous Maisy, il s'agira d'une prise de sang afin de doser vos hormones, ainsi qu'un prélèvement vaginal pour voir l'état hospitalité de votre épithélium. Et pour vous Johnathan, il faudra faire une analyse de sperme. On peut faire tout cela aujourd'hui, dans le laboratoire juste à côté, et nous recevrons les résultats dans un ou deux jours. Nous fixerons alors un second rendez-vous, me permettant d'étudier les résultats et de conclure. » John tourna alors la tête vers Maisy. Pour lui c'était évident: ils allaient faire ces tests, et le plus vite possible. Et quand son regard croisa celui de sa femme, il comprit qu'elle était du même avis. Ils acquiescèrent donc, permettant au médecin de les renvoyer vers la secrétaire qui les conduirait au bon endroit. Il leur serra la main et leur précisa qu'ils devraient payer auprès de cette même secrétaire juste après les analyses. L'entretien avait duré 5 minutes en tout et pour tout, et ils allaient certainement faire exploser leur compte en banque. Cela irritait John au plus haut point -surtout qu'il n'avait pas vraiment d'argent, étant au chômage depuis un moment- mais il n'en dit rien.

La secrétaire leur donna les indications de afin de trouver le laboratoire d'analyse qui se trouvait dans le bâtiment juste à côté de l'endroit où ils se trouvaient actuellement. Ils se dirigèrent donc au bon endroit, et patientèrent encore dans une salle d'attente avant qu'on ne vienne les chercher séparément. John donna un baiser à sa femme, lui disant qu'il l'aimait et qu'il espérait que tout se passe bien.
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() message posté Jeu 25 Déc 2014 - 18:25 par Invité
♔ ♔ ♔ ♔ ♔


Et si je m'étais foutue en l'air avec toutes les conneries de ma jeunesse ? C'était la question qui me hantait, depuis la fausse couche. On dit souvent que les avortements peuvent provoquer des difficultés à tomber enceinte par la suite, mais encore une fois : j'écoutais uniquement ce qu'on me disait à la télévision et j'avais des bases aussi bonnes en biologie qu'un enfant de trois ans. Tout ce que je savais, c'était parce que je l'avais vu à la télé. C'était tout, j'étais une inculte. Je n'allais pas plus loin que le « papa met la graine dans maman et au bout de neuf mois il y a une plante qui sort ». Mais oui, je n'avais jamais pensé que mes années de débauche pourraient avoir un impact sur ma vie future -qui devenait ma vie présente. En même temps, je n'avais jamais imaginé avoir une vie future et encore moins celle-ci. Encore une fois, qui aurait pu deviné que moi, Maisy Williams, finirait la bague au doigt avec le désir de finir en cloque ? Personne n'aurait misé la dessus. Même pas moi.
Mais oui, je n'étais pas scientifique et j'aurai été un charlatan plus qu'un médecin, mais mes anciennes addictions pouvaient avoir foutu un sacré bordel dans mon organisme. Rendant ce petit truc qui me faisait office de corps hostile pour un petit enfant.
Et pourtant qu'est-ce que je pouvais le désirer ce gamin. Le nôtre, le fruit de notre amour à Johnathan et moi. Amour semé d’embûches. Au moins, on pourrait lui dire à quel point il avait été désiré. A quel point on avait fait des pieds et des mains pour l'avoir. A quel point sa mère l'attendait. A quel point il avait été une sorte de messie. Je l'imaginais enfant roi, avec des parents totalement gagas de lui et qui s'aimeraient encore plus après sa venue au monde. J'avais hâte. J'étais arrivée à ce moment dans la vie d'une femme que j'avais cru ne jamais vouloir, le besoin d'être enceinte et d'avoir un enfant.
C'était pour ça qu'on était là, assis comme deux cons dans le bureau d'un médecin prétentieux qui nous demandaient des trucs dont les réponses étaient évidentes. Oui, si on est là c'est qu'on arrive pas à concevoir, couillon va. Qu'il nous dise plutôt pourquoi nous n'avions pas ce que nous désirions ? Ah ! Ca c'était la bonne question à laquelle il fallait donner une réponse !

Johnathan ne fait que répéter ce que je sais déjà au médecin. Ma main se serre autour de la sienne. Je n'aime pas ce bureau. Pour la simple et bonne raison que je me sens défectueuse. Ma mère n'a pas eu besoin de venir dans un tel bureau, je suis un accident. Je suis défectueuse. J'ai un défaut de fabrication. Et quelque chose au fond de moi me pousse à croire qu'il s'agit plus de moi que de John. Je suis le problème. Je suis toujours le problème.
 « ...Elle ne tombe toujours pas enceinte. » Coup de poignard dans le ventre boum. Ce n'est pas intentionel de la part de John, mais malgré tout, je le prends mal aussi. Nos mains se serrent un peu plus et l'autre main serre mon ventre. J'attends ce que le docteur Jefferson peut faire. Il a un nom qui sonne américain. Holy crap. Pourquoi un bon vieux anglais ne peut-il pas s'occuper de nous ?
« Je vois.. Eh bien la seule chose que je peux vous proposer, c'est des tests, tout simplement. Pour vous Maisy, il s'agira d'une prise de sang afin de doser vos hormones, ainsi qu'un prélèvement vaginal pour voir l'état hospitalité de votre épithélium. Et pour vous Johnathan, il faudra faire une analyse de sperme. On peut faire tout cela aujourd'hui, dans le laboratoire juste à côté, et nous recevrons les résultats dans un ou deux jours. Nous fixerons alors un second rendez-vous, me permettant d'étudier les résultats et de conclure. » Je ne comprends pas la moitié de ce qu'il raconte. Ma compréhension se limite à tests, prise de sang, prélèvement, analyse, sperm. Mais j'acquiesce. J'acquiesce parce qu'au final, c'est John qui va me prendre par la main et m'emmener au bon endroit, je le sais. Parce que je suis dépassée par les événements tout simplement et que peu à peu je le revois reprendre sa place d'homme. J'ai l'impression que son handicap n'est plus qu'une barrière minime. Ou alors je me fais des illusions. Mais Dieu que cette illusion peut faire du bien, même si elle ne durera pas. Alors on acquiesça tous les deux, John & moi, pour faire comprendre qu'on les ferait ces tests. De toute façon, nous n'allions pas dire non. On ne pouvait pas dire non : sinon on ne pourrait jamais savoir ce qui pouvait bien clocher.
 « On pourra demander à mon père un peu d'argent pour financer tout ça, il comprendra que c'est pour le bien de sa progéniture. Enfin, il a plutôt intérêt à comprendre. » Parce qu'elle était loin l'époque où James Williams payait tout à sa fifille chérie. Il estimait qu'elle mariée, il n'avait plus besoin de lui donner des vivres. Déjà qu'avec une ex-femme gourmande, ce n'était pas bien facile. Mais il comprendrait. Papa comprenait toujours quand il avait le temps.

La secrétaire nous amena au bon endroit pour les analyses. On finit par être pris en charge individuellement et avant de partir John me glissa un  « Je t'aime, tout se passera bien tu verras. » à l'oreille. Si ça avait pour but de me rassurer, ça m'avait fait encore plus paniquer. Pour la simple et bonne raison que tout n'allait pas forcément bien se passer. Peut-être que j'étais tout simplement la mauvaise femme pour lui s'il voulait avoir des enfants, peut-être que j'étais le problème.
Et je subis tous ces fichus tests. Que ce soit la prise de sang ou l'examen vaginal par un médecin qui n'était même pas le mien. Et les médecins restaient de marbre, ne laissant pas transparaitre le moindre indice quant aux résultats.
C'était méchant à dire, mais pendant un bon bout de temps, j'eus espérer que ce soit John le problème dans l'équation.

****

Et quelques jours plus tard, on finis par avoir les enveloppes, enfin. A la maison. Je les scrutais sur la table de la salle à manger, assise en face de John. Depuis les tests, il faisait de plus en plus d'effort par rapport à son handicap. Comme s'il s'attendait à ce que les résultats prouvent que tout allait bien et que nous n'avions qu'à persévérer un peu. Que bientôt, il tiendrait son enfant dans ses bras, debout sur ses deux jambes parce que tout s'était déroulé normalement.
 « Tu ouvres ou je le fais... De toute façon, je suis incapable de comprendre ce qu'il y aura marqué. J'ai fais stylisme et design à la fac, pas médecine. Pas le QI pour. Bref. N'oublies pas que je t'aime promis? » Les larmes sont déjà au bord de mes yeux, prêtes à couler : parce que j'ai peur. Peur que tout devienne pire. Encore.
Et que je n'étais pas sûre de pouvoir supporter plus.
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() message posté Ven 26 Déc 2014 - 14:53 par Invité



“I don't wanna work out, even if it worked out”
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Seul dans cette petite pièce aux murs immaculés et à l'odeur trop propre pour être agréable, John avait l'impression d'être une souris de laboratoire qu'on observait à travers un mini trou dans le mur, tandis qu'il devait faire sa petite affaire. Il savait parfaitement que tout ceci était pour son bien, et le bien de son mariage, mais les choses étaient bien trop tristes et compliquées depuis trop de temps pour qu'il ne parvienne à se concentrer. Il tourna alors quelques minutes en rond, prenant de grandes inspirations et tentant de ne pas paniquer. Il savait ce qu'il avait à faire: il devait remplir cette foutue fiole. Des magazines avaient été déposés sur la petite table dans un coin de la pièce. Il les prit et jeta un coup d’œil rapide. A une époque, il ne lui aurait pas fallu plus de 2 minutes pour se mettre en conditions et donner au laboratoire ce dont ils avaient besoin. Mais là c'était différent. Il n'était pas dans son état normal, et sa tête lui interdisait presque d'être sexuellement excité. La seule chose qui fonctionnait réellement, c'était sa femme et l'amour qu'elle lui donnait à chaque fois qu'ils se retrouvaient à faire des galipettes dans le lit conjugale. Il décida alors de se concentrer sur cette pensée. Sa femme. Maisy. Et uniquement elle.

Il sorti de la salle avec un air terriblement gêné. Il y avait du monde dans la salle d'attente, et clairement, tout le monde savait ce qu'il avait due faire là-dedans. Le personnel médical agissait cependant de façon très professionnelle. N'exprimant aucune expression gênante ou même gênée sur leur visage, agissant comme s'il venait tout juste de se faire prélever un tube de sang. C'était leur boulot après tout, mais c'était vraiment agréable. John les remercia donc avant de retourner dans la salle d'attente. Maisy l'y rejoignit quelques minutes plus tard. Sil avait pu se lever à ce moment-là et la prendre dans ses bras, il l'aurait fait. Mais il ne pouvait pas. Il prit alors la main de sa femme entre les siennes et la porta à sa bouche. Il déposa un long baiser.
Maisy avait certainement remarqué que John était inquiet à propos des frais. En effet, à peine tu tombais malade, il était nécessaire de payer une blinde pour on ne sait pas trop quoi. John n'avait jamais vraiment compris le principe de faire payer les gens pour sauver leur vie. Dans leur cas, s'ils n'avaient pas assez d'argent, ils devraient simplement abandonner l'idée de fonder une famille ? Il en était hors de questions. John préférait donner tout ce qu'il avait pour comprendre ce qu'il se passait que de laisser tomber à la première difficulté. De plus, comme Maisy le disait, ils avaient des proches à qui demander de l'aide ! « Oui et je pense que ma tante ne sera pas contre nous aider un peu. J'ai aussi quelques économies avec le foot à New-York ! » Joué en professionnel pendant plusieurs mois avait été un gros avantage ! Ils avaient claqué pas mal dans le mariage, mais John en avait tout de même gardé de côté en cas de force majeure.

Ils rentrèrent finalement à la maison, et décidèrent de ne pas vraiment parler des tests et de tout ça. John appela sa tante le soir-même, lui racontant qu'elle lui manquait et qu'il avait besoin de parler avec elle. Dans la conversation, il ne parla même pas de l'argent qu'il souhaitait lui demander. Il avait presque oublié d'ailleurs, il voulait simplement la voir elle, et Caithleen. Il se décida alors que les deux jeunes femmes viendraient à Londres le mois suivant, pour au moins un mois.

two days later


Johnathan était éveillé depuis 7 heures du matin. Comme chaque jour depuis qu'ils étaient allé passer les tests. Dès qu'il était réveillé, il s'étirait quelques minutes avant de s’asseoir sur le bord de son lit, les pieds posés sur la moquette, les mains de chaque côtés de ses fesses, sur le matelas. Il prenait finalement deux ou trois inspirations avant de poser tout son poids sur ses pieds, dépliant ses jambes au fur et à mesure, et s'élevant tout doucement. ça avait été comme une électrochoc qui lui avait traversait le corps, de la tête jusqu'au bout des orteils. Il avait ressenti des sensations tout à fait nouvelles dans sa jambes entièrement invalides et sa tête lui disait de ne plus rien lâcher maintenant que le destin lui avait donné un coup de pouce. Il essayait alors de marcher tranquillement, jusqu'à atteindre son fauteuil. La toute première tentative ne fut qu'un désastre, et réveilla même Maisy en panique, mais il se remit vite sur pieds, afin de réessayer. Ce jour-là, il parvint à atteindre son fauteuil sans trébucher une seule fois. Il soupira de bonheur en s’asseyant sur le fauteuil. Il allait réitérer l'expérience au moins 5 fois durant la journée.

Il se dirigea vers la boîte aux lettre pour la deuxième nouvelle coutume du matin. Le courrier. Et aujourd'hui, il y avait deux enveloppes, une portant le nom de Maisy, l'autre celui de John, et toutes les deux avec le cachet du centre hospitalier en haut à gauche de l'enveloppe. John soupira longuement, formant un nuage de vapeur. Il gelait à l'extérieur, mais le stress mélangé à l'excitation le gardaient bien chaud. Il finit par rentrer, se dirigeant vers la salle à manger. Il déposa les enveloppes sur la table avant de se lever de son fauteuil et de s'installer sur une chaise. Il fixa l'enveloppe pendant de longues minutes, attendant que Maisy se lève et le rejoigne.

La jeune femme ne tarda pas, et elle trouva d'ailleurs John sans aucun problème. Elle s'assit en face de son mari, se mettant à son tour à fixer les enveloppes. Pas un mot ne fut prononcer avant que Maisy ne pose la question fatidique. Qui allait ouvrir les enveloppes ? Qui allait être celui connaîtrait les résultats avant l'autre ? Qui aurait la lourde tâche d'annoncer l'issu à l'autre ? « Dit pas de bêtises ma puce, tu es plus intelligente que ce que tu te laisse croire ! Et moi j'ai fais STAPS, j'ai quelques notions en anatomie mais ça s'arrête là. » Il avait toujours trouvé que Maisy était un bout de jeune femme très intelligente, l'intelligence ne se cantonnant pas seulement à la culture. C'était pour cela qu'il l'aimait, et également pour son imagination débordante et la passion qu'elle avait pour ce qu'elle faisait. « Je t'aime aussi. »
John s'empara alors des lettres qu'il ouvrit une après l'autre, en sortant le contenu sans le lire. Il ne savait pas par quelle lettre commencer. Et si un seul des deux était responsable de l'absence de grossesse ? Il ne voulait pas la blesser, il décida donc de prendre le papier le concernant. Il passa un tas de blahblah avant de trouver le véritable résultat qu'il se mit à lire tout haut. « Spermogramme: comptage: 50 000 spermatozoïde = cryptozoospermie. VCL (Vitesse curvilinéaire) = 20 et VSL (Vitesse de progression linéaire) = 5. Linéarité = 25 c'est-à-dire asthénozoospermie. » Johnathan ne comprenait pas la moitié de ce qu'il lisait, mais il voyait bien qu'il y avait des mots compliqués, et pour lui, mots compliques = problèmes. Dieu merci, il y avait une conclusion claire et précise écrite par les spécialistes pour mieux comprendre la totalité. « Conclusion: le spermogramme montre un quantité de spermatozoïde plus faible que la normale (100 000) pour un même volume de sperme. De plus, la qualité des spermatozoïdes est altérée due à une mobilité deux fois moins importante que le minimum de la norme. Pour une conclusion quant à un éventuel traitement, veuillez consulter votre médecin spécialisé dans les plus brefs délais. »

La feuille tomba des mains de John tandis que tout un tas de mots compliqués s'entrechoquaient dans son esprit. Il n'avait pas compris exactement ce qu'il se passait, mais ce qu'il savait c'est qu'il avait un problème. Et donc, que tout cela était certainement de sa faute et entièrement de sa faute. « C'est de ma faute. C'est moi qui ai un problème. C'est à cause de moi tout ça. Si j'avais pas eu cet accident, on en serait pas là. » Il s'apitoyait sur son sort, tandis que la lettre concernant les résultats des examens de Maisy gisait toujours au centre de la table.
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() message posté Dim 28 Déc 2014 - 18:30 par Invité
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« Dit pas de bêtises ma puce, tu es plus intelligente que ce que tu te laisse croire ! Et moi j'ai fais STAPS, j'ai quelques notions en anatomie mais ça s'arrête là. » Je lui souris, comme pour masquer mon stress. Malgré tout, je tremble comme une feuille à l'idée que deux enveloppes, l'une à mon nom et l'une au sien puisse nous dire ce qui clochait et pourquoi je n'étais pas encore grosse comme une baleine ou pourquoi un mini Williams-Norton ne courrait pas dans toute la maison. Ah nos années fac. Sans Fordham, nous ne serions certainement pas là. Du moins, pas ensemble ; qui sait ce que nous serions. Je ne serai surement pas rentrée à Londres et j'aurai arrêter mes études encore plus tôt pour finir ma vie aux crochets de mon père. Et Johnathan aurait surtout évité tout un tas d'ennuis. Dont l'accident. A y réfléchir, nous ne serions pas là si je ne l'avais pas décidé, et il n'aurait pas fait d'accident : il serait valide si je n'étais pas rentrée dans ma vie. Je déglutis alors, et serre la main de mon mari.  « Avec STAPS il y a moyen que tu comprennes quelque chose. Moi je peux te parler de tissu et de matériaux, c'est tout. Si on parle de robe, je peux gérer, mais médecine ? » Il est vrai que j'ai déjà du mal à comprendre le médecin quand il me dit que j'ai une rhinopharyngite ou une sinusite : je ne sais pas ce qu'il peut y avoir de différent entre les deux là. 
Johnathan me dit qu'il m'aimait, aussi, me permettant de décompresser un peu, de souffler. Au moins, on avait ça : on s'aimait. N'était-ce pas ce qu'il y avait de plus important ? L'amour qu'on se portait et qui nous avait amené à nous marier et à vouloir notre propre famille ?
Il finit par prendre l'enveloppe qui lui était adressée et lu à voix haute ce que le papier disait. Mon cœur battait plus fort que ce à quoi je pouvais m'attendre. Je stressais. Et si, c'était moi le problème ? J'étais le problème. Je devais être le problème. C'était moi qui avait foutu ma santé en l'air pendant toute mon adolescence et avait continué avec la cigarette. Moi et juste moi. Il ne méritait pas d'avoir encore des soucis de santé. Et même si j'avais souhaité que ça soit lui qui ait le problème, je regrettais maintenant mon souhait. J'étais une personne horrible. On avait beau s'aimer, John avait fini par se marier avec une personne horrible qui lui souhaitait des malheurs. Mais quel genre de personne j'étais nom de dieu !
Les mots qui sortait de la bouche de Johnathan était trop compliqué pour que je puisse comprendre un mot. Si bien que mon esprit fit une sorte de burn-out, un court instant. Rien ne rentrait, rien ne sortait. Que des souvenirs. Un jour je lui avais dis, à l'époque et j'étais encore la femme la plus réticente du monde à l'idée du mariage et des enfants, que si je devrais le faire un jour, ça serait avec lui. L'univers, le destin et le karma s'étaient réunis pour nous mettre des bâtons dans les roues.
La feuille tomba alors par terre. John tremblait presque plus que moi : il était figé.
« C'est de ma faute. C'est moi qui ai un problème. C'est à cause de moi tout ça. Si j'avais pas eu cet accident, on en serait pas là. » Je ramassais la feuille pour lire la conclusion : moitié moins de spermatozoides dans son sperme à cause de sa mobilité réduite. Je prends une grande inspiration, m'assoit sur ses genoux et prend son visage entre mes mains. Il a tout pris en main pendant quelques jours, c'est à mon tour de prendre le relais. Apparemment, c'est ça le mariage, soutenir l'autre, toujours encore, tout gérer jusqu'au moment où tout devient impossible à gérer pour une seule personne. Je caresse son visage et plonge mon regard dans le sien.
Merde, je les veux ses enfants, je veux qu'ils aient ces yeux, son regard, son sourire -bien que rare ces derniers temps-, ses manies. Je veux qu'on puisse remplir la pour-l'instant chambre d'amis. Je veux que ces fichus enfants portent notre nom, qu'on se batte pour les prénoms, qu'on devienne les meilleurs parents du monde, le couple le plus accompli au monde qui puisse exister.
Et on les aura. Même si on devra se battre plus que n'importe quel couple, mais on le fera. Et on les aura.
 « Mon amour.. » Les larmes coulent silencieusement le long de mon visage. Je réalise peu à peu que les obstacles seront plus nombreux jusqu'à ce que l'on puisse exhauser notre rêve.  « Avec des si on refait le monde. Dans ce cas, si nous n'étions pas venu à Londres, tu n'aurais pas eu cet accident : et ça serait ma faute. Ce n'est pas ta faute. » Mes mains carressent son visage, tentant sans cesse de l'apaiser. Mais je le connais bien, je sais qu'il peut en un instant s'énerver.  « Ouvre la mienne, c'est peut-être moi qui pose le plus gros problème... Qui sait. On est peut-être deux incapables prédestinés à adopter un petit chinois » Je remarque dès lors le manque de sérieux de ma réponse. Merde. Quand est-ce que j'arrêterai de dire des trucs comme ça.
Je prends alors une grande inspiration.  « Au pire, qu'est-ce que ça change. N'oublies pas ce que je t'ai dis John, l'important c'est qu'on soit ensemble » Je lis sur ces lèvres ce que je viens de lui dire ; c'est ce qu'il y a de plus important et c'est ce que je lui ai toujours répété.  « Et puis il y a pleins d'autres solutions pour avoir des enfants à nous... » Je dépose un baiser sur son front, espérant l'avoir calmer.
 « Ouvre mon enveloppe, qu'on soit fixés. »
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() message posté Lun 29 Déc 2014 - 17:55 par Invité



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Il était sonné. Complètement out. Un sentiment, un état qu'il connaissait malheureusement trop bien et qu'il aurait aimé ne jamais revivre. Son cerveau avait sortait à quelques mois auparavant, alors qu'il venait tout juste de se prendre un camion de plein fouet. Il était tellement content de pouvoir conduire sa moto. Jusque-là, il n'avait pu conduire que celle de l'auto-école, celle de Colin, et la vieille moto que sa tante avait donné. Il s'agissait de la vieille bécane de son grand-père. Une antiquité qui n'avait pas été montée depuis des dizaines d'années, mais qui roulait encore. Avec un peu de travail et l'aide d'amis, John avait réussi à la refaire briller et à donner un peu de peps au moteur. Juste de quoi pratiquer un peu. Rien de bien exceptionnel, mais c'était suffisant pour lui. ça avait d'ailleurs été une véritable galère de la transporter de New-York à Londres, mais ça c'est une autre histoire.
Non, cette fois, c'était sa moto qu'il avait acheté avec l'argent qu'il se faisait avec l'équipe de foot. Les jeunes étant de plus en plus doués, ils montaient de division, permettant à John, leur entraîneur, de gagner un peu plus d'argent. Cela était même passé quasiment du simple au double. Il avait eu l'idée de s'acheter cette moto quelques mois avant l'accident, et il avait pris son temps pour se l'offrir. Principalement parce que Maisy n'était pas chaude du tout, ce qui le refroidissait lui à son tour. Mais également car il voulait faire le bon choix.
Et maintenant, la moto est sous une bâche dans le garage, certainement impossible à conduire, et lui il est dans un fauteuil roulant, en train d'apprendre qu'il ne pourra jamais faire de bébé à sa femme.

On lui avait dit un tas de fois que la route vers la guérison serait un enchaînement de hauts et de bas. Des joies, suivis de peines, puis à nouveau de joies. De soleil et de pluie. Un ascenseur émotionnel qui avait fait ses preuves jusque-là, c'était clair. Mais John était fatigué. Fatigué de penser que tout s'arranger pour finalement prendre un coup violent derrière la tête, lui rappelant le jour où il avait foutu sa vie en l'air. Il était fatigué de se relever après chaque chute, fatigué de s'asseoir à nouveau dans ce fauteuil, après avoir réussi à faire sans ses béquilles. Fatigué de tout. Il finirait certainement par perdre complètement espoir, et cela ne serait certainement plus du tout réversible.
Il restait planté là, la tête entre les mains, se répétant dans la tête que c'était sa faute. Les larmes commençaient doucement à se former dans ses yeux. Et il sentit Maisy s’assoira sur ses genoux. Enfin, il le sentit sur un seul genou quoi. Prenant son visage entre ses mains, elle plonge son regard dans le sien, l'obligeant à écouter attentivement ce qu'elle a à lui dire. Il l'écoute alors, regardant les larmes couler le long du visage de sa femme. Elle est belle. Elle est toujours belle. Mais il la préfère quand elle ne pleure pas. Il la préfère quand elle lui sourit, quand elle lui fait des blagues débiles, quand elle joue avec son nez, quand elle lui gratte l'oreille pour le faire enrager. Toutes ces choses qu'ils n'avaient plus vécues depuis plusieurs mois. Toutes ces choses simples qui lui paraissent maintenant essentielles. Il est perdu sans sa Maisy. La vraie Maisy.

« Ouvre la mienne, c'est peut-être moi qui pose le plus gros problème... Qui sait. On est peut-être deux incapables prédestinés à adopter un petit chinois » Il sourit de l'intérieur, incapable de bouger les muscles de sa bouche pour étirer ses lèvres en un sourire. Impossible. Il n'avait pas beaucoup souris depuis l'accident. Mais la remarque de Maisy le calma un peu. « L'important c'est qu'on soit ensemble. » Les mots sonnent bien dans la bouche de Maisy. Il y croit presque. Mais pour se convaincre, il doit se l'entendre dire. Il répète alors. « L'important c'est qu'on soit ensemble. » Il pose alors sa main sur la joue de la jeune femme, essuyant les larmes d'un revers de pouce. « L'important c'est qu'on soit ensemble. » Tandis qu'elle dépose un baiser sur son front, il ferme les yeux, se répétant la même phrase dans la tête. Plus il la dira, plus elle sera vraie.

Il tend finalement la main, attrapant le papier que contenait l'enveloppe au nom de Maisy. Cette fois, il décide de passer directement au petit résumé: inutile de s'entraver avec des mots trop compliqués que ni l'un, ni l'autre ne va comprendre. « Je te passe les termes médicaux que j'ai pas compris dans mon bilan. Conclusion: les résultats du prélèvement cervical  semble démontrer une quantité extrêmement inférieure à la normale (quasi nulle) de glaire cervicale (substance présente au niveau du col de l'utérus, nécessaire à la capacitation des spermatozoïdes). Il s'agit ici d'une cause fréquente de stérilité féminine. Pour une conclusion précise, veuillez contacter votre médecin spécialiste dans les plus brefs délais. » Johnathan repose la feuille, relevant les yeux vers Maisy. Il resserre un peu plus l'emprise de sa main alors posée sur sa hanche. Il ne sait pas quoi dire, même si tout est clair: c'est leur faute à tous les deux s'ils ne parviennent pas à avoir d'enfant.

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