(✰) message posté Lun 3 Nov 2014 - 17:57 par Invité
I CAN'T TELL YOU WHAT IT FEELS LIKE
David ? Davon ? Devon ? Je sais plus…
En fait, je mentirais si je disais que je ne me souviens même pas de son prénom. Je sais seulement qu’il connait ma mère, mon père et qu’il a un curriculum vitae assez suffisant pour qu’il passe la porte du manoir familiale pour qu’on me pousse à le rencontrer. Autant dire que j’ai déjà beaucoup d’apriori dès que je l’ai vu.
Ingénieur dans l’armement ? Non ? Mécanicien ? Je l’écoute d’une oreille et de l’autre, j’essaie d’être la plus sourde possible. Le pire dans tout ça, c’est que je n’ai même pas l’impression qu’il remarque vraiment qu’il m’ennuie. Je dois être trop gentille.
Je crois qu’il a parlé de ma robe. Oui, je crois que c’est ça. Elle est très décolletée, mets en valeur mes formes et mes cheveux donnent un effet sauvage bien coiffé. Et beh, tu es sûr de ne pas être gay ? Je soupire, je m’ennuie.
Booh… et alors ? Tu crois que je ne t’ai pas vu regarder mes seins pendant dix minutes avant que je trouve une raison de te faire lever les yeux. Je ne tiens pas en place, je suis incapable. Je lui demande de m’emmener, de m’étonner…
Une dernière chance ? Oui, la seule et la dernière. J’ai l’habitude avec les hommes comme lui de donner une autre chance. Je suis incapable d’être maintenue, une seule personne, une femme, y est parvenue à ce résultat sur mon petit corps et les attributs qu’il avançait sont bien différents de « cette » personne.
Je frémis rien que d’y penser et je préfère penser à autre chose. Calmer ce corps tendu par une pensée qui ne devrait pas être, un souvenir qui devrait même ne pas avoir eu lieu. Devlin ? Dave ? Bref, D. doit m’aider à l’aimer… au moins un peu ?
Il réussit au moins à me satisfaire sur un point : l’endroit. Un bar Old Age connu dans la ville pour être très ancien et la bière particulièrement bonne. Je me sens satisfaite de ça. Il a probablement gagné un point.
Une petite moue se joue sur mon visage pendant que j’inspecte les lieux alors qu’on se faufile jusqu’à une table pour deux, près d’un mur. Je m’assois et croise les jambes. Je sens le regard de certains mais je m’en moque. J’aime bien qu’on me regarde, même si c’est pour ma poitrine.
Je préfère ça qu’à des regards parce que je suis une championne de tennis. J’aime gagner mais la célébrité, ce n’est pas mon truc. Je préfère être considérée comme une personne à part entière. Bon ok… j’aime qu’on me félicite, ça aussi… c’est plaisant.
Pas comme cette main qui se pose sur la mienne. J’aimerais bien la retirer mais je n’ai pas envie de le froisser.
Juste au moins, pour qu’il paie les consommations, je n’ai rien sur moi. Pas même un téléphone portable. Un serveur vint alors passer commande. Je ne la connais pas du tout mais elle est si souriante et semble partager de jolis sourires avec mon « prétendant ». Je glisse ma main dans mes cheveux pour essayer d’avoir un peu de contenance.
Je préfère ignorer et non pas l’inverse. Il se tourne vers moi.
Je fais mine de l’écouter, acquiesçant à chaque fois qu’il parlait. Finalement, je pense que j’ai peut-être eu raison. J’attends la bière avec impatience, c’était mieux de boire que de risquer de me casser un ongle à force de tapoter la table du bout des doigts.
Et quand mon vœu fut exaucé, je ne m’attendais pas à ce que le destin m’apporte un cadeau en même temps que le verre. Non pas une sucrerie, pas un autre verre de la part d’un homme séduisant mais la vision d’une petite blonde aux yeux de biche…
Plus aucun son de la part de D. me parvenait. Son existence devenait un néant total. Il n’y avait plus qu’elle et je me rendais compte que c’était mal. Mon esprit martèle mon âme pour me rappeler à quel point ce n’est pas bien, c’est mal et anormal.
Je baisse mon visage, ramène mes cheveux mais c’est déjà trop tard. Elle est là pour nous, pour moi. Elle pose les verres et moi je trouve le moyen de capter la main de D. dont j’essaie d’échapper pour éviter qu’elle ne le voie.
J’ai comme le besoin de ne pas qu’elle se fâche. Qu’elle ne me déteste pas. Qu’elle ne croit pas que j’appartiens à quelqu’un.
Ma main se relâche de la contrainte, retourne près de mon corps mais manque de faire tomber le grand boc de bière. Le tiers du contenu se renverse sur ma poitrine avant que je le rattrape à temps. Les grossièretés sortent de ma bouche.
De mes yeux, sortent des petites étoiles quand mon regard se retrouve plonger dans le sien. Plus rien existe à part elle. Plus rien est important…
La main de D. tapote mon épaule. « Alix ? »
Je secoue ma tête, constatant finalement les dégâts : « Oh, je suis désolé… » Mais que faire ? Il n’y a pas de serviette en papier. Elle a un torchon mais je n’ose lui emprunter, je n’ose même plus la regarder maintenant.