(✰) message posté Ven 22 Aoû 2014 - 15:28 par Invité
“Little talks and small ashes. Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore. Don't listen to a word I say, the screams all sound the same. ”
-JULIAN FITZGERALD OFFICE, Times UK London Bridge Street.
Austin Monica Jenkins ou, le nouveau sujet de convoitise de la presse londonienne. Je n’étais qu’à moitié intrigué par le fabuleux destin d’un stupide héritier américain, mais je voyais dans cet article si attendu par mes supérieurs, la chance d’une montée fulgurante en grade. Mon esprit ambitieux me jouait souvent des tours, me poussant dans les limites de mes retranchements. Je regardai la pile de dossiers qui jonchait sur le sol et un peu partout sur mon bureau. Je n’étais pas très ordonné quand il s’agissait d’écrire un article, et je l’étais encore moins quand le sujet était creux. Je retins ma respiration en sortant mon paquet de cigarette. Mon corps engourdi ployait sous la pression de mes os. Le stress était une sensation de faiblesse à laquelle il m’arrivait de goûter parfois. Par moments. Rarement. Je me redressai en feuilletant les annuaires et les fiches du jeune homme. Il n’y avait rien de palpitant. Toute sa vie n’était qu’une succession de banalités grandioses et mondaines. Chaque instant de son apprentissage, chaque étape de son parcours, était relatée avec une propreté déroutante. S’en était presque à se demander si quelqu’un n’avait pas fait le ménage avant. Je plissais les yeux en me concentrant sur ses années de perditions à Sacramento. Il y avait anguille sous roche, quelque chose me dépassait dans le récit honorable de son vécu. Pourquoi tout à coup tout plaquer pour recommencer à Londres ? Pourquoi avais-je autant de mal à me fier aux informations qui se trouvaient sous mes yeux ?
-AUSTIN JENKINS, consulting office East London.
Il n’y avait aucune erreur, aucune rature. Pas de lumière et une once d’obscurité. Je retins ma respiration en foulant le bitume gelé. Les dernières lueurs de la journée me filaient doucement entre les doigts, plongeant mon regard perçant dans une atmosphère d’ombre qui lui était familière. Ma langue claqua contre mon palais, avide et excitée par la perceptive du scoop du siècle. Austin n’était pas une personne ordinaire. La puissance de sa famille avait étouffée toute les affaires foireuses dans lesquelles il s’était laissé entrainer. Jusque-là, rien de bien extravagant. C’était une pratique courante dans les hautes sphères du monde entier, tant qu’il n’y avait pas mort d’homme. Je plissai les yeux afin de concentrer mon esprit sur l’étrange vérité que je venais de découvrir. Je voulais une révélation, une conversation poignante et l’illusion d’une supériorité fugace que seule une confrontation pourrait me procurer. Je gravis les marches du hall prestigieux de la boite de consulting où le jeune homme travaillait. Mon cœur se serra, exalté à souhait. Je n’avais jamais envisagé que cet article pompeux sur l’élite américaine en Angleterre, puisse éveiller en moi tant de passion. Je souris en me présentant à l’accueil.
« Hi. Je suis attendu par le petit Jenkins. » Laissai-je échapper, sourire aux lèvres.
La jeune hôtesse, blonde et stupide, clichée et stéréotypée, me fit signe de rentrer après avoir vérifié l’agenda de son patron. J’esquissais de la tête en filant vers les ascenseurs. Mon esprit double continuait de se noyer dans ses divagations et ses envies meurtrières. J’appuyai sur le bouton en me mordant la lèvre inférieure. Lorsque les portes s’ouvrirent et que j’aperçu mon reflet dans le grand miroir au fond du couloir, je pu discerner mon air perfide et mauvais. Un rictus naquit au bout de mes lèvres, tandis que je frappai à la porte du bureau. Je n’attendis pas d’invitation. Mes pas fendirent l’air pour braver le danger. Il était assis derrière son ordinateur, concentré dans je ne sais quel besogne. Je m’approchai à pas lents.
« Jenkins. » Le saluai-je en tendant la main. « Nous devons finir cet article. » M’amusais-je.
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(✰) message posté Ven 22 Aoû 2014 - 23:55 par Invité
Venant de raccrocher le téléphone, je jetais un œil furtif à la montre qui se trouvait à mon poignet. Souvenir de mes 16 ans, elle m’avait accompagné depuis tout comme la voiture de luxe que j’avais reçu en cadeau. Je ne pouvais pas dire que je n’étais pas gâté, ce serait un mensonge éhonté, et de toute façon j’étais loin d’être avide d’hypocrisie concernant le contenu de mon compte en banque. Après tout j’avais eu la chance de tomber sur des parents riches, ce n’était pas ma faute, simplement le hasard. Malgré tout, mon ambition était réellement présente et je ne comptais pas dépendre de l’argent de mon père toute ma vie, j’avais besoin de réussir quelque chose par moi-même, de le rendre fier et de lui prouver que je n’étais plus cet ado effronté qu’il avait connu pendant cette fameuse période qu’on appelle communément crise d’ado. J’avais été vraiment un gamin insupportable, toujours à traîner a droite à gauche avec les mauvaises personnes, rendant la vie de ceux que je pensais être mes géniteurs jusqu’à il y a peu, impossible. Avec le temps fort heureusement j’avais mûri et aujourd’hui que je me retrouvais seul dans cette grande ville inconnue, je n’avais d’autre choix que de m’ouvrir aux autres. Mon argent ne suffirait pas à me faire des amis dans un lieu où personne ne me connaissait, que ce soit pour mon nom ou pour ma fortune. J’aimais ce défi et d’ailleurs je commençais à prendre goût à cette recherche du contact de l’autre, que ce soit l’amitié d’un mec ou le désir d’une fille, éveiller ces sentiments chez quelqu’un était une bataille de plus de remporté contre les préjugés que mon statut avait engendré pendant toutes ces années. Un jour de congé bien mérité se profilait devant moi et j’avais l’embarras du choix quand à mes activités. Je pouvais très bien aller flâner le long de la tamise, armé de mes lunettes de soleil et de ma carte de crédit je trouverais sans doute quelque chose à faire. D’un autre côté je pouvais aussi prendre ma voiture et m’évader dans la campagne anglaise, le Kent qui se trouvait non loin de la capitale était réputé pour être très sympa en cette période de l’année. Rouler cheveux aux vents, un sentiment de liberté qui vous colle aux basques… il n’y avait rien de comparable. Malgré tout je ne pouvais pas me permettre de m’aventurer sur ces chemins boueux dépourvus de tout réseau car il fallait que je sois joignable à tout moment par mes clients actuels qui pouvaient parfois se montrer plus qu’emmerdant, il fallait bien le dire. Comment supporter des coups de fil incessants de personnes qui vous encombrent l’esprit de choses complètement frivoles et dont vous n’avez rien à faire ? C’était une question à laquelle je n’avais trouvé de réponse pour le moment.
A peine le temps d'essayer de décider de mon activité de la journée, que mon patron m'appelait déjà pour me prévenir qu'il fallait que je rapplique illico au bureau. Pourquoi ? Simplement parce qu'un de mes collègue était malade et qu'il fallait que je prenne en charge ses clients pour au moins la fin de la semaine. Non mais franchement, ils allaient me laisser tranquille au moins une journée ? Je n'en pouvais plus de ce rythme de fou qu'ils m'imposaient, j'étais à bout de nerf, il me fallait un bon petit remontant... peut-être un séjour en Californie histoire de voir mes parents, mes amis et de profiter un peu de ma planche de surf qui devait être bien seule sans moi. Je la voyais trôner contre le mur de ma chambre tandis que j'étais déjà assis dans un taxi direction la grande tour qui abritait les bureaux de mon entreprise.
Après une heure de travail acharné devant l'ordinateur, ma secrétaire m'indiqua que quelqu'un était là pour moi. Julian... quel enflure celui-là j'avais déja du répondre à ses questions pour son article pourri et voila qu'il revenait m'emmerder pour je ne sais quel petit détail qu'il avait surement omis de marquer. J'allais bien vite l'expédier, je n'avais pas que ça à faire que de gérer un journaliste de bas étage qui se prenait pour le prochain prix Pullitzer. Mr Fitzgerald, moi qui espérais ne pas vous revoir avant un moment. Je n'ai pas encore eu le plaisir de lire votre article à mon propos, alors je me doutais bien que quelque chose clochait. Vous avez perdu vos notes ? Ou alors vous voulez que je vous raconte quelle était mon conte préféré quand j'étais petit ? Dis-je un sourire en coin planté sur le visage. Mon ironie n'avait d'égal que mon agacement. Je lui serrais la main l'invitant à s'asseoir. J'attendais avec impatience qu'il crache le morceau.
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(✰) message posté Sam 23 Aoû 2014 - 0:35 par Invité
“Little talks and small ashes. Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore. Don't listen to a word I say, the screams all sound the same. ” Il avait ouvert la bouche et toutes ses paroles n’étaient que bruits et agacements à mes oreilles. Je plissai les yeux en serrant sa main avec force. C’était un bras de fer grotesque, une façon immature et stupide de me mesurer à ce gamin pourri et arrogant. Je grinçai des dents avant de sourire d’un air malsain. Il n’était pas question de jouer. J’avais fait le déplacement pour une bonne et simple raison : Le détruire ! Je refusais cet affront qu’il me faisait. Je refusais cette insolence qui fusait dans l’ambiance maussade du bureau. Je lâchai prise en m’asseyant en face de lui, provocateur et hautain. Si Austin n’était pas un homme ordinaire. Je m’accordais le statut d’extraordinaire à mon tour. J’étais l’enfant battu et éclopé. J’avais survécu aux tortures du corps et aux autres supplices pour mieux m’élever au rang des démons. Mon cœur scellé, mon esprit double et mes valeurs bousillées. Il n’y avait jamais rien à perdre pour un esclave de l’ambition. J’étais lancé à la conquête du monde de la communication et du journalisme. C’était un milieu vicieux et j’avais dû plonger dans ses eaux troubles et sombres. Je n’avais pas énormément d’expérience professionnellement parlant, mais je m’étais fait de manière à ne jamais broncher face à l’ennemi. Je m’étais construit de façon à ce que mes cendres renaissent inlassablement. Parce que j’étais le phénix. Parce que ma meilleure amie m’avait un jour offert une légende que je refusais d’oublier. Je déglutis avec lenteur. Mes mains se crispèrent sur les dossiers du fauteuil.
« Sachez que je n’oublie jamais les faits marquants de mes entrevues. » Commençai-je d’un ton froid et dégagé. « Si je n’ai encore rien écrit, c’est que vos récits n’étaient pas bon à poster dans le journal de référence de Londres. » J’arquai un sourcil avant d’émettre un petit rire mesquin. « Je me suis alors dis, en toute bonté d’âme, que je vous ferais la fleur d’une seconde chance. »
Je le défiais du regard. Mon cœur battait dans le vide, avide de poisons et de perfidies. Je me plaisais à croire qu’il y avait deux créatures à l’intérieur de moi qui se battaient pour régir ma conscience. Le chien fidèle à la lumière, et le loup sauvage et hargneux. L’homme honnête rêveur, et le démon enclin au crime. Celui qui gagnait n’était pas le plus fort, mais celui que je nourrissais le mieux. Il n’y avait plus rien de bon en moi. Je servais mes seuls intérêts, convaincu que l’absolution serait au bout du tunnel parfois. Je fermai les yeux quelques instants, avant de me redresser.
« Et si vous me parliez de la sensation de manque, du gout de la drogue, et de vos virées nocturnes ? » Proposai-je sans détour. « On parlera de vos comtes préférés une autre fois. Peut-être autour d’un verre, ou dans un poste de détention. Sait-on jamais que vos parents n’étaient pas le bras assez long pour couvrir l’Europe. »
Je soupirai en faisant la moue.
« Qu’en pensez-vous ? Devrais-je prendre note, ou peut-être que je n'en aurais pas besoin. Mon cerveau saura imprimer chacune de vos déclarations. Je suis un passionné de nature. »
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(✰) message posté Dim 24 Aoû 2014 - 23:51 par Invité
Non mais franchement il devait redescendre d'un étage, si mes interventions n'étaient pas à son goût il n'avait qu'à aller voir ailleurs. Je trouvais les journaliste de plus en plus énervant, et ce métier d'attaché de presse n'arrangeait rien. Mon boulot était d'éviter que des petits fouineurs dans son genre ne mette leur nez dans les affaires de mes clients. Bien sur cette fois il s'attaquait directement à moi, et même si au début j'étais flatté de l'attention qu'on pouvait me porter, je compris bien vite que le Julian était sans doute le pire reporter qui pouvait retracer mon parcours. Après tout ce n'était pas le genre de mec que l'on retrouverait un jour au New York Times, il finirait sans doute sa vie en écrivant les annonces de la rubrique nécrologique pour gagner quelques deniers, et bien sur son nom serait oublié en une fraction de seconde. Pourquoi devrais-je même m'embarrasser de le recevoir... une corvée de plus que je m'imposais par pure courtoisie mais qui pourrait tourner court assez vite s'il n'arrêtait pas de prendre ce petit ton condescendant que je commençais à lui connaître. Dîtes plutôt que nous n'avez rien écrit parce que vous avez passé plus de temps à glander qu'à faire votre travail. D'ailleurs vous me dérangez justement quand moi j'essaie de faire le mien alors je vous prierais de faire vite et de ne pas me faire perdre mon temps en bavardages futiles. Tout en affichant un sourire poli sur mon visage, on pouvait lire dans mes yeux que je l'aurais bien fusillé si j'avais pu. Je soupirais tout en posant mon stylo, réunissant mes papiers pour pouvoir reprendre où j'en étais plus facilement. Je l'écoutais d'une oreille distraite, évitant même de le regarder pour lui faire comprendre de toutes les manières possible qu'il n'était qu'une source de nuisance.
Enfin il aborda la question qui l'amenait ici, et je ne fus guère étonné que ce petit fouille merde était allé chercher dans mon passé de drogué alcoolique quelque chose à pouvoir écrire. Je laissais alors échapper un petit rictus avant de finalement lever les yeux vers lui, me calant dans mon fauteuil. Je ne savais pas que vous couvriez la rubrique potins du journal, décidément la prochaine fois ils vont vous confier l'horoscope vu comme c'est parti ! Et oui pour vous répondre j'ai été alcoolique et même drogué, j'ai un peu trop profité de mon statut privilégié et je me suis fait soigner pour ça. La preuve aujourd'hui je gagne ma vie comme un honnête homme, je n'ai rien à me reprocher. Je haussais les épaules étant à mille lieux d'imaginer qu'il ait pu avoir eu vent de cette affreuse affaire que mes parents avaient étouffé tant bien que mal, m'amenant à aller vivre à l'autre bout de l'Atlantique pour éviter tout soupçons.
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(✰) message posté Ven 29 Aoû 2014 - 15:59 par Invité
“Little talks and small ashes. Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore. Don't listen to a word I say, the screams all sound the same. ” Je le détestais de manière viscérale. Je le détestais jusqu’à me damner. Chaque partie de mon corps, chaque noyau de chaque cellule, lui vouait une haine brûlante. Mon sang bouillonnait dans mes veines avant de s’engouffrer dans mes oreilles. C’était insupportable ! Cette façon qu’il avait de me regarder au coin, ou de feindre la politesse. Ces petites manies et, Grand Dieu, son faux semblant d’honnêteté. Je crispai les mains. Je n’étais définitivement pas le genre de personne avec laquelle il fallait se lancer dans un tel jeu de provocation. Je déglutis lentement. Ma langue devenait folle à l’intérieur de ma bouche, avide de poisons et de nicotine. Je me tortillai dans mon siège afin de mieux lui faire face. Mon visage était sombre, placide et impénétrable. Mais mes yeux fulminaient, trahissant la colère qui martelait mon esprit. Je lui souris d’un air mauvais.
« Je me voue corps et âme à mon travail, Jenkins. Vous devez vous méprendre à mon sujet. » Sifflai-je d’un ton volontairement désinvolte. « C’est ma passion qui m’a amené jusqu’à vous. » Un rire mauvais m’échappa. « Mais je ne m’attend pas à ce que vous saisissiez la subtilité de la situation. On vous a entraîné toute votre vie à profiter de votre position, et pas à vous servir de votre cerveau. » Mon sourcil s’arqua, et ma langue claqua contre mon palais.
Je ne voulais pas laisser mes ressentiments personnels troubler ma façon d’opérer, mais depuis quelques temps, mes pulsions de violences prenaient le dessus. Je me faisais bouffer, littéralement, par les cris de mes démons les plus obscures. Je me redressai lentement en me mordillant la lèvre inférieure, le regard toujours aussi noir.
« Je boirais bien du thé, finalement. » M’amusai-je en faisant remarqué la discourtoisie dont il avait fait preuve. « Pour un jeune homme qui feins la politesse, vous avez encore beaucoup de chemin devant vous. »
Je baissai les yeux sur mon calepin puis je sorti un stylo de la poche intérieure de ma veste. Le tissu de mon costume était lisse et d’un gris profond, en parfait accord avec le genre de pensées qui m’animaient. Je souris discrètement en gribouillant à voix basse : Austin Jenkins est un alcoolique et un drogué. Je levai les yeux afin de le regarder de haut. Mais il se soigne. Il s’est soigné plutôt. Il va bien aujourd’hui. J’articulais correctement, de façon à ce qu’il puisse intercepter chacun de mes piques.
« Toute fois, je me permet de vous rappeler mon statut : Je suis rédacteur en chef de la rubrique in money. Le journal de référence à Londres n’envoie pas n’importe quel débutant pour enquêter sur des personnes de votre envergure. J’espère que vous vous sentirez plus flatté à présent. »
Je croisai les jambes. Mon genou me lança légèrement, mais je ne voulais pas laisser une simple douleur me dévier de ma trajectoire. Austin était lové dans son énorme fauteuil, le visage insouciant. Quel idiot !
« Un honnête homme ? » Répétai-je tout à coup illuminé. « Vous vous qualifiez comme tel ? » Ma voix se fit plus douce, presque amicale. « Votre conscience est-elle donc tranquille en tout point ? »
J’haussai les épaules en souriant.
« Vous conduisez souvent, Monsieur Jenkins ? » Demandai-je en le regardant dans le blanc des yeux.
You better run, better run faster than my bullet !
Et voila qu’il me rebattait les oreilles d’une éthique professionnelle que soi-disant il avait réussi à construire. Non mais il fallait vraiment être culotté pour même oser sortir ce genre d’âneries. Lorsqu’on cherche à déterrer de vieux cadavres de la vie des gens c’est qu’on à tout sauf réussi sa carrière. Les journalistes d’investigations essaient de détruire des cartels de drogue ou de dénoncer des affaire gouvernementales top secrète que l’on a étouffé, ils ne viennent pas harceler un pauvre attaché de presse parce qu’il a la chance d’avoir un père aisé. Je me doute bien que vous avez une passion pour moi, je ne cesse de vous voir partout où je vais, je vais commencer à croire que vous ne voulez pas seulement une interview de ma part… Désolé je ne suis pas intéressé. Un léger sourire s’affichant sur mon visage je continuais de vaquer à mes occupations comme s’il n’était pas là. Je ne voulais absolument pas qu’il pense avoir capté mon attention, c’était d’autant plus drôle de le voir jouer les mecs qui en imposent alors qu’il n’était rien d’autre qu’une punaise sur le pare-brise de ma vie. Et en plus voila que maintenant monsieur s’invitait à prendre le thé, il était décidément incorrigible. Me faisant remarquer mon impolitesse je levais enfin la tête vers lui, me calant dans mon fauteuil avant d’agir. Je pressais un bouton sur mon téléphone qui me mit en relation directe avec ma secrétaire afin de lui demander d’apporter deux tasses de thé. Précisant que si jamais elle en renversait une sur mon interlocuteur elle aurait immédiatement une augmentation. Elle balbutia quelque chose se sentant tout à coup bête avant de raccrocher pour s’exécuter. Excusez-moi, je ne pensais pas que vous resteriez assez longtemps pour profiter d’un quelconque breuvage, vous savez comme j’adore nos petites joutes verbales inutiles. La moindre des politesses était justement de vous épargner la gêne de devoir partir avant d’avoir terminé de boire. Malgré tout, la secrétaire arriva presque instantanément avec les deux tasses, les posant fébrilement d’un côté puis de l’autre du bureau. Je lui lançais un regard complice, lui faisant comprendre qu’elle n’avait pas à exécuter mon ordre, c’était une simple blague, une provocation de plus à l’adresse de mon journaliste préféré. On dirait qu’en effet, votre titre ne reflète pas vraiment votre personne, mais félicitations, vous avez dû être assez bon jusque-là pour avoir gravi les échelons. Malgré tout je ne saurais vous prévenir suffisamment de ne pas trop jouer avec le feu. Comme vous le savez mon père est quelqu’un d’influent, et pas seulement dans le monde de la finance, un coup de fil et hop… enfin nous n’en sommes pas là bien sûr. Je n’avais aucune honte à montrer ouvertement que ma famille était capable du pire comme du meilleur, après tout j’avais arrêté de croire que l’humilité me mènerait un jour quelque part. Le fait d’être honnête et direct avec les gens était d’autant plus rafraichissant. Lorsqu’il commença à me bombarder de questions je compris bien vite qu’il voulait en venir au sujet qui l’avait amené ici. Je l’écoutais attentivement lorsque soudain, il me parla de ma conduite au volant. Sujet presque tabou chez les Jenkins depuis le fameux incident qui m’avait valu ce billet d’avion vers le pays de Shakespeare. Pourquoi cette question ? Je conduis aussi souvent que tout le monde bien que depuis que je suis ici j’ai pour habitude de prendre le taxi pour aller au boulot afin d’éviter les désagréments des bouchons du matin. Dis-je innocemment bien que mon visage avait probablement changé de couleur entre temps. Il avait du comprendre qu’il tenait quelque chose et ne comptait sans doute pas lâcher le morceau avant d’avoir une réponse.
“Little talks and small ashes. Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore. Don't listen to a word I say, the screams all sound the same. ” Je sentais son mépris envers ma personne. Il ne faisait rien pour cacher son dédain, de la même manière que je m’évertuais à lui montrer mon insolence envers son élite futile. Il ne suffisait pas d’être rentier pour gouverner le monde. Certes l’argent régissait un grand nombre de secteurs en ville, mais je me plaisais à croire qu’il fallait une once de subtilité et d’intelligence pour réussir. Mon ambition était ravageuse, elle avait fini par pervertir mon âme, mais à aucun moment je n’avais failli à mon but suprême : Réussir coûte que coûte. Le jeune Jenkins ne semblait pas connaitre ce sentiment d’impuissance et cette rage de vaincre qui grouillait partout dans mon système. Je n’étais qu’un adolescent battu et éclopé dont la marque de haute couture préférée se nommait haillons. Je déglutis en le fixant du regard. Mes yeux azur étaient devenu tout à coup sombre, exprimant la profondeur de mon ressenti. Il n’était pas question que je me laisse faire par un gosse pourri gâté.
« Je dois admettre que l’intérêt que j’ai fini par vous porter est … Personnel. Mais si ça peut flatter votre égo de croire que je cherche à vous séduire pour des raisons plus inappropriées. Qu’à cela ne tienne. Vous, satisfaire est notre priorité, Mr Jenkins. » Ma voix débordait de suffisance mal placée. J’essayais de garder la tête hors de l’eau, et de contrôler la bête sauvage qui se tortillait à l’intérieur de moi. Mais plus cette entrevue s’étalait dans le temps, plus je me visualisais lui encastrer la tête dans un mur. Décidément, je n’étais pas doué avec les gamins. Il pressa un bouton sur son téléphone afin de demander à sa secrétaire de nous servir deux tasses de thé, bien sûr sans manquer de me provoquer par une blague pourrie. Essayait-il de me montrer l’étendue de son pouvoir en proposant une augmentation pour un geste aussi maladroit ? Je fis une grimace sans rétorquer.
« Je ne compte pas boire votre thé, monsieur. Je ne voulais que portez votre attention sur votre négligence envers vos collaborateurs, de manière à ce que cette petite erreur ne se réitère pas lorsque vous serez face à des personnes de votre trompe ; plus importantes, et plus dignes de votre temps que moi. » Je marquai un silence. « Et je ne m’attarderais pas non plus dans un discours inutile. »
J’étais plein de sarcasmes et de mauvaises fois, mais il m’avait mis hors de moi. La secrétaire ne tarda pas à venir avec les breuvages. Je ne lui adressais pas le moindre regard, toujours focalisé sur les affronts que me faisais subir son idiot de patron. Il me menaçait ouvertement, ce qui eue le don de m’amuser. Mon bouche mesquine s’étira avant d’exploser en un rire sonore. J’allais bientôt fêter mes 25 ans, et j’étais déjà au sommet de ma carrière. Je n’avais plus que le titre de rédacteur de chef à décrocher, et j’aurais touché l’absolution. Il devait bien se douter que mes mérites seuls, n’étaient pas suffisant pour me propulser de manière aussi fulgurante. J’avais mes sources et mes sponsors moi aussi. Je ne connaissais que trop bien les rouages de ce cercle fermé qu’était celui des riches.
« Vous savez, l’univers du journalisme est impitoyable. Je me suis fait à l’idée que tout pouvait s’écrouler du jour en lendemain, le jour où j’ai choisi de me lancer. Je porterais aussi à votre attention que j’ai quelques contacts influents dans mon répertoire. Vous ne m'intimiderez pas en vous cachant derrière l'empire de votre père. »
Je me raclai la gorge, en croisant les bras. Il était peut-être temps de délaisser mon calepin pour avoir une conversation d’homme à gamin, ou peu importe ce qu’il était. Son visage s’était bloqué avant de changer de couleur à la citation de son mode de transport extravagant. J’arquai un sourcil.
« Je ne prendrais pas de notes. » Commençai-je en le mesurant du regard. « Vous conduisez comme tout le monde, vous avez donc gardé votre permis. Enfin , nous sommes d’accord qu’un article qui passe la pommade à l’élite étrangère installée à Londres, sous prétexte d’attirer plus d’investisseurs au pays … C’est un peu surfait. Je suppose que votre regard méprisant envers un journaliste mondain est tout à fait justifié dans une pareille situation. Je m’accorde à vous donner raison sur ce point-là. Mais je ne sais pas me contenter de si peu. J’estime que mon rôle en tant que porte parole de la nation, est de dénoncer certaines vérités poignantes : Un meurtre avec délit de fuite, camouflé par un père affluent par exemple. Vous êtes béni mais aucune richesse ne justifie de prendre une vie. L'opinion publique se rangera sûrement de mon coté. »
Je me redressai afin de mieux détailler son visage. Je voulais sonder chacune de ses réactions afin d’en tirer le meilleur sur papier.
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(✰) message posté Sam 13 Sep 2014 - 20:41 par Invité
Je roulais des yeux presque instantanément lorsqu’il commença à me prendre de haut, décidément les gens étaient de plus en plus stupides de nos jours. Il essayait de me prendre à mon propre jeu en jouant les lèche-culs alors qu’il ne voulait certainement qu’une seule chose : pouvoir m’étrangler avec ma cravate. Si me satisfaire était votre priorité vous auriez dû vous épargner le voyage jusqu’ici, ou alors m’envoyer quelqu’un qui soit plus agréable à regarder. Répondis-je simplement un sourire mutin au coin des lèvres. Non pas qu’il n’était pas beau gosse dans son genre de vieil ours mal léché mais il était loin de m’impressionner, et puis à quoi bon m’embarrasser de ce genre d’énergumène dans mes contacts professionnels. Evidemment lorsque mon assistante vint enfin nous apporter le thé, elle me regarda avec un petit air innocent, ne voulant pas exécuter les ordres que je lui avais donné précédemment. J’espérais qu’elle avait compris que je plaisantais simplement, non mais quelle cruche aussi celle-là, je n’étais pas arrivé au point où je donnais de l’importance aux propos du journaliste, non il ne méritait pas toute cette attention, d’ailleurs je me contentais désormais de hocher la tête lorsqu’il venait avec un ton toujours aussi condescendant me rappeler à des politesses qu’il n’avait pas reçu. Je suis ravi que vous ayez quelques contacts, d’ailleurs comme personne ne vous prendra au sérieux lorsque vous raconterez des âneries dans votre article, il faudra au moins ça pour vous éviter d’être viré. Je ne voudrais pas vous paraître impoli bien évidemment, je ne fais que pointer du doigt l’évidence. Lorsqu’il aborda enfin le sujet qui fâche, je fis mine de ne rien comprendre à ce qu’il me disait, mais mon visage ne pouvait que trahir la gêne que je ressentais à l’intérieur. Comment avait-il pu être au courant de cette histoire ? Moi qui étais tout sauf fier de ce que j’avais fait, me retrouver pris au piège par une espèce de fouineur de seconde zone ? Décidément mon père n’était plus aussi bon au jeu du cache-cache car même à sa propre famille il ne révélait pas les plus noirs de ses secrets. Rien que le fait que j’avais été adopté était soigneusement rangé dans un creux de sa tête, c’était tout de même dingue d’apprendre la nouvelle de la bouche d’un frère qui m’était complètement inconnu. J’arquais un sourcil avant d’enfin lui porter toute mon attention. Je me renfonçais dans mon fauteuil avant de croiser les bras et de le regarder dans les yeux. Ce sont de bien belles accusations que vous proférez là, Fitzgerald. Faudrait-il encore qu’elles soient vraies. Je ne sais pas où vous êtes allé pêcher une histoire pareille mais je pense qu’à l’instar de votre visite impromptue, cette source doit être bien inutile. Je ne savais plus vraiment quoi faire ni quoi dire. Je pris la tasse qui me faisait face, me levant de mon fauteuil pour aller la vider, je pris l’initiative alors de me servir un scotch, qui était ce dont j’avais besoin là tout de suite. Moi qui étais un ancien alcoolique, un whisky dans la main… je n’allais faire qu’attiser sa curiosité et ses soupçons mais je m’en fichais complètement. Tout ce que je voulais c’était qu’il me dise clairement s’il avait des preuves de ce qu’il avançait. Dans le cas contraire il pouvait bien aller se faire voir, mais s’il était aussi confiant, ce n’était sans doute pas pour rien. Vous qui me juriez que votre article n’était pas un ramassis de bêtises visant à faire vendre des potins sans fondement, on dirait que vos dires prouvent le contraire. Dîtes moi ce que vous voulez Julian, ce sera beaucoup plus rapide. J’étais désormais des plus sérieux que ce soit dans mon attitude ou mes propos. J’avais même pris la liberté d’appeler l’homme qui me faisait face par son prénom, après tout s’il voulait m’accuser de meurtre je pouvais au moins me permettre cet écart au protocole.
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(✰) message posté Dim 14 Sep 2014 - 2:39 par Invité
“Little talks and small ashes. Cause though the truth may vary, this ship will carry our bodies safe to shore. Don't listen to a word I say, the screams all sound the same. ” C’était la grande apocalypse ! Continuer ce débat stérile avec cet enfant pourri gâté c’était faire un bras d’honneur à toutes les valeurs que je m’étais évertué à suivre pendant des années. Je me calai sur mon siège en fulminant. Je ne devais pas me laisser prendre à son jeu, mais la colère pétaradait dans mes oreilles. Je sentais mon sang bouillonner dans mes veines, faisant contracter chacune de mes viscères et m’affligeant une sorte de douleur sourde. Je déglutis en me mordant l’intérieur des joues jusqu’au sang. Je voulais l’annihiler par la seule force de poing. Je ne rêvais que de gouter les arômes ferreux de son sang souillé par le vice de la richesse. Il ne fallait pas se méprendre, Austin Jenkins, le fils rentier d’un empire corrompu, ne m’atteignait pas plus que ça. Mon mal être n’avait d’origine que mon histoire tourmentée. J’étais né impulsif, et je vivais chaque moment avec une intensité déroutante. Mon destin était à l’effigie des grands diables de l’histoire. J’étais Adrammelch, le grand courroux, empereur parmi les descendants. J’avais la rage d’une bête sauvage et la ténacité d’un virus agressif. Mon cœur martelait ma poitrine avec acharnement, et pendant une courte fraction de seconde, lors de laquelle la folie prit le dessus sur ma conscience, je songeai à me lever afin de l’empoigner par le col. Je secouai lentement la tête. Respire Julian. Ta carrière est en jeu. Respire.
La secrétaire disparut aussi rapidement qu’elle était apparue, et je voyais bien que le jeune homme en face de moi ne me portait que la moitié de l’attention que je méritais. Je crispai les doigts autour de mes genoux sans le quitter du regard.
« Ma seule signature suffit à faire honneur à mon article. » Grinçai-je d’un ton mauvais. Me prendre de haut c’était une chose que je m’évertuais à tolérer, mais dénigrer tous mes efforts, pendant toutes ses années, ça me rebutait. J’étais écœuré par tant de bassesses. Bon j’avoue avoir moi-même recours à ce genre de méthodes sur mes subordonnées, mais ce n’était pas pareil : Ils me devaient allégeance, alors que tout ce que je semblais ressentir pour Austin n’était que haine et mépris.« J’ai envie de tordre ce doigt que vous pointez sur l’évidence de mon soi-disant échec.» Je marquai un silence. « Ai-je pensé trop fort ? » Lançai-je plein de dédain. Bien sûr ma sollicitation n’attendait pas de réponse de sa part. J’enchainai en le prenant de cours. « Vos contacts viendront secouer des liasses de billet sous mon nez lorsque j’en aurais fini avec vous. En attendant l’inévitable, je voudrais porter à votre attention qu’aucune richesse au monde ne me déviera de la trajectoire que je me suis fixé : Vous détruire. »
Mes yeux se posèrent sur lui puis sur l’immense baie vitrée qui surplombait la ville. C’était un bureau ridiculement raffiné pour un être avec aussi peu de classe. Le gout ferreux de mon sang emplissait ma gorge et mon œsophage. J’arquai un sourcil en déglutissant avec rage. Je ne m’étais absolument pas attendu à ce genre de débat menaçant, en débarquant au siège de la société de Jenkins. Je n’avais pas non plus imaginé l’état de mes nerfs lorsque j’avais franchi le pas de la porte. Sa voix stridente revint me hanter. Je plissai les yeux.
« Un bon journaliste ne dévoile jamais ses sources, tout comme un bon criminel ne laisse jamais de preuves. Vous n'êtes pas vraiment un criminel c'est ce qui agrémente le grand apitoiement que je ressens à votre égard, Jenkins. » Je prononçai son nom comme un insulte. Cette histoire n’était pas une illusion que j’avais créée. J’étais sûr des pistes que j’avais suivis. Mon instinct était mon plus grand allier, voilà pourquoi j’étais incorruptible. Je ne pouvais pas tromper ce qui était en moi.
Le jeune se leva en direction d’un mini bar. Il se servi un fond de scotch, et cette vision me tira un sourire. Pas parce qu’il était alcoolique, mais parce que je percevais parfaitement sa détresse. Cette situation lui était inconfortable. Il me lança un regard absent et j'eus l'affirmation que ma quête de la vérité était sur la bonne voie. Cet accès de jovialité, me fit, pendant quelques instants oublier toute l’animosité qui m’habitait. Je souris d’un air malsain.
« Vous savez pertinemment que je ne cherche pas à vendre ma paperasse. The TIMES UK a bien assez de notoriété comme ça. Ce à quoi j’aspire est bien plus grand … Je cherche l’absolution, au même titre que vous. » Je ricanai. « Je ne suis pas blanc comme neige aussi. Je veux un fil accrocheur pour mon article. Dites-moi comment on peut arriver à tromper le système aussi facilement, et on pourra arriver à un arrangement. Soyez ma source. »
Austin n’était qu’un petit poisson. Ce qui m’intriguait était bien plus grand. Pourquoi me contenter d’un bouchée quand je pouvais avoir le gâteau tout entier ?
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(✰) message posté Jeu 18 Sep 2014 - 23:38 par Invité
Tandis que Julian s’attelait à m’emmerder du mieux qu’il pouvait, je ne savais pas si je devais rire ou pleurer. Il portait des accusations à mon égard, qui étaient certes vraies, mais je ne pouvais tout simplement pas concevoir qu’un arriviste comme lui ait eu la chance de mettre la main sur le peu de preuves qu’il devait rester sur cette affaire. Il était vraiment du même acabit que moi malgré tout ce qu’il disait, il respirait l’esprit de revanche, il ne voulait pas simplement écrire un article non, il voulait me détruire. Et après il venait me faire des leçons de morale sur mon soi-disant manque de politesse, non mais franchement. Lorsqu’on n’a pas le bras plus long que son micro pénis, il ne vaut mieux pas proférer des menaces telles que celles-là, n’est-ce pas fitzgerald ? Mon sourire ne pouvait simplement pas s’évanouir, il pensait que j’étais le mal incarné, que j’étais la pire chose que la terre ait pu porter et pourtant, j’étais loin du portrait qu’il dépeignait avec tant de dégoût. Vous savez pour un simple journaliste vous m’impressionnez, vraiment. Je ne pensais pas que quelqu’un aurait un jour le cran de venir me menacer de la sorte, non pas parce que je suis riche, mais parce que c’est complètement stupide. Et d’ailleurs vous qui pensez savoir mieux que tout le monde, je vous rappelle qu’ici ce n’est pas moi qui joue les gros bras, c’est vous. Alors demandez-vous si vous n’êtes pas simplement exactement comme ces gosses de riches privilégiés que vous semblez haïr avec autant de vergogne.
Sans attendre il me fit part de son véritable plan, ce qui me fit immédiatement mourir de rire. Cela méritait clairement que je me prenne un autre scotch. Une fois versé je le vidais d’un trait, gardant mon regard sur la vue imprenable que j’avais depuis mon bureau. Londres semblait s’activer, tout le monde vaquait à ses occupations tandis que là tranquillement dans un bureau de la city, un pauvre idiot qui ne faisait que blablater depuis tout à l’heure essayant tant bien que mal de jouer dans la cour des grands. Si seulement il avait idée de ce qui l’attendait, s’il essayait ne serait-ce qu’une seconde de s’adresser à l’un des contacts de mon père aux USA, il serait sans doute éradiqué de la carte sans autre forme de procès. Je me doute bien que vous devez garder le secret sur vos sources, vous comprendrez donc que de mon côté c’est la même chose. D’ailleurs je suis vraiment désolé de vous décevoir mais je n’ai aucune idée de la façon dont mon père a pu s’y prendre, à l’époque j’ai atterri en rehab, et à ma sortie on m’a mis dans un avion pour Londres directement. Donc même si potentiellement je voulais céder à cet abject chantage je ne le pourrais pas. Je revins m’asseoir à mon bureau tranquillement, le regardant avec un air de défi dans les yeux. Tout en me laissant aller à vérifier et signer quelques papiers en même temps, il ne devait pas croire que je lui accordais trop d’importance, après tout. Julian malgré tout m’intriguait, c’était un mec qui n’avait pas froid aux yeux et je pourrais sans doute être ami avec lui dans une autre vie. Vous savez vous êtes vraiment un drôle de phénomène, je suis rarement secoué de la sorte et j’ai envie de vous connaître un peu mieux, qu’est-ce que vous diriez de nous revoir pour déjeuner ou prendre un verre à l’occasion ? Je me moquais à moitié de lui mais d’un autre côté j’avais réellement envie de le voir dans son élément, était-il un piètre enfoiré qui ne savait rien faire d’autre qu’aboyer, ou pouvait-il aussi avoir un côté fun ? Je doutais qu’il accepte mon offre, surtout que j’imaginais bien qu’il n’allait pas en rester là au niveau de mon affaire, mais comme on dit il vaut mieux garder ses ennemis sous le coude, surtout lorsqu’ils deviennent gênants. Il allait sans doute se dire la même chose et accepter mon offre rien que pour me tirer les vers du nez mais qu’importe, à ce jeu là j’étais bien plus doué que n’importe qui.