Nathaniel Lysander McCan -<< God laughs because suffering is a human thing >>

Le petit Nathaniel, il est né dans une petite banlieue paumée de Glasgow dans une famille de cons. Des parents, un grand frère, tout ce qu'il faut pour vivre heureux, mais non. Sa mère était une employée de bureau classique, pas très causante, pas très marrante non plus. Elle n'était pas le stéréotype de la femme soumise à son mari mais ne se rebellait pas pour autant. Une femme tranquille, tout le contraire de son mari. Brute par excellence, d'une idiotie et d'un sexisme sans pareil, le père de Nathaniel n'était pas un tendre. Il les emmenait souvent dans la forêt, lui et son frère, pour leur apprendre à chasser, à repérer les proies, à tuer cruellement sans aucune raison, à devenir ce qui était sa définition de l"Homme", le vrai. L'enfance de Nathaniel ne fut pour lui pas très intéressante, jusqu'à ce qu'il ne découvre sa passion pour le dessin, et l'art en général. Ainsi, il utilisait des tas et des ats de feuilles pour pouvoir créer, dessiner, s'exprimer, et ce dès son entrée à l'école primaire. C'était toujours plein de couleur, toujours très beau, toujours plein de bonheur. On le laissa faire, "gribouiller", comme disait son père, parce que l'on pensait que tous les enfants de son âge aimaient dessiner et que ça passerait très vite. Cependant, le talent et la précision de l'enfant ne cessaient d'augmenter, et les ambitions commençaient à germer dans son esprits, en même temps que toutes ses idées. Il voulait faire des écoles d'art, des grandes études, pourquoi pas pour devenir un peintre ou un dessinateur professionnel ? Cependant, ces idées ne plaisaient pas à son père. Le dessin, ce n'était pas viril, c'était un truc de filles, un truc de tapettes, quelque chose dont il fallait l'écarter à tout prix. Alors, dans l'année de ses 14 ans, son père prit la décision de lui enlever tout ce qu'il possédait, et tout ce qui constituait sa passion : ses feuilles, ses feutres, ses crayons, ses pastels, ses pinceaux, tout. Toutes ses esquisses furent brûlées, tous ses dessins et ses tableaux décrochés des murs pour subir le même sort. L'adolescent supporta très mal qu'on lui enlève sa possibilité de s'exprimer, et tout bascula à cet instant. Il se mit à faire les mauvais choix, à fréquenter les mauvaises personnes, et à découvrir des choses qu'il aurait aimé ne pas trouver. Les drogues, par exemple. Le cannabis, tout d'abord. En soirée, avec les copains, puis plus tard tout seul, dans sa chambre, dans le jardin. Cette plante lui permettait de rêver, d'imaginer, de créer, alors que tout cela lui avait précédemment été enlevé. Ce substitut lui convenait très bien, malgré tous les inconvenients qu'il entraînait. Nathaniel s'en fichait, il n'avait plus que ça. Puis, plus tard, il découvrit une seconde chose qui bouleversa sa vie : son homosexualité. Vous savez, 14, 15 ans, c'est l'âge des premiers amours, l'âges des premiers baisers, l'âge des premières caresses maladroites avec les filles de l'école. Mais les filles de l'école ne lui avaient jamais plu, sans qu'il ne sache réellement pourquoi. Il se rendit alors simplement compte que les filles, ça ne lui plaisait tout simplement pas, quand il se prit à regarder le torse, les fesses et les cuisses à peine formés d'un des garçons de sa classe. Il n'avait pas eut trop de mal à l'accepter, cette différence, et avait commencé à flirter avec les adolescents qui le voulaient bien. Certains étaient comme lui, d'autres se cherchaient encore, mais ça ne l'empêchait pas de vivre sa sexualité comme n'importe quel jeune de son âge, en cachette de ses parents, évidemment. Cependant, vers l'âge de 17 ans, alors que son copain de l'époque s'essayait à toutes sortes d'expériences, Nathaniel tenta la cocaïne. C'était bon, c'était étrange, ça lui faisait se sentir bien. Il rêvait mieux, plus clairement, les couleurs étaient plus vives, les créations plus vivantes. Il ne savait pas comment il en était arrivé à consommer, mais ça devenait de plus en plus regulier. Pas assez pour que son apparence ne soit changée, mais juste ce qu'il fallait pour que ses parents ne se rendent compte de l'addiction leur fils, qui était déjà défoncé quand il rentrait, le soir, après sa journée de cours. Alors, scandalisés par la conduite si dépravée de leur fils, ils le mirent à la porte, préférant se débarasser du problème plutôt que de l'aider à s'en sortir. Même son frère, qui pourtant était le seul à l'estimer un minimum, ferma les yeux, et fit comme s'il avait toujours été fils unique. Blessé, se retrouvant soudainement sans rien, il s'installa chez son petit-ami, et sa descente aux enfers commença. ce fut lorsqu'il goûta l'héroïne, qui lui fit faire le pire des bad trips de toute son existence et le rendit malade plusieurs jours, qu'il se rendit compte qu'il allait gâcher sa vie et qu'il ne pouvait pas continuer comme ça. Il quitta son petit ami, et se sevra de force dans des conditions atroces, avec le peu de moyens qu'il avait. Au lieu de fumer un joint, au lieu de se faire un rail, il reprit ses feuilles et se remit à dessiner. Progressivement, il retrouva les automatismes qu'il avait oublié depuis de si nombreuses années, et malgré quelques rechutes, il parvint à abandonner la came après plusieurs longs mois de sevrage. Il décida alors, après avoir obtenu son diplôme de justesse, de partir pour Londres où il décrocha une bourse, tout juste de quoi vivre, et un logement étudiant qui lui permettait simplement de démarrer une nouvelle vie, loin de ses parents, loin de ses démons, loin de tout ce qu'il avait connu auparavant, pour retrouver son joli monde onirique, son monde de rêves, son monde de couleurs.