"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Yeah Boy and Doll Face - Rory&Oli 2979874845 Yeah Boy and Doll Face - Rory&Oli 1973890357
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Yeah Boy and Doll Face - Rory&Oli

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() message posté Lun 26 Mai 2014 - 18:36 par Invité
Je ne me souviens pas pourquoi j’ai accepté de faire ce shoot, mais si je pouvais, je retournerai dans le temps pour sortir une excuse et refuser. Tout d’abord, les photoshoots ça n’a jamais été mon fort. Je me fais toujours engueulé dessus quand on doit en faire pour les promo de nos singles et albums. Je suis du genre dissipé, je le sais, je ne tiens pas en place plus d’une demi heure. Et généralement ces shoots ont tendance à être interminables. Bon ok c’est pour une super marque. Burberry. Et c’est très flatteur d’avoir été contacté pour faire parti du shoot. Mais pourquoi ils sont obligé de faire ça en dehors de la ville ? Ok ce n’est pas bien loin, juste une heure de voiture, une heure et demi avec la mauvaise circulation, mais ce n’est pas la porte à côté quand même. J’ai du me lever à l’aube pour être sur place à l’heure. Bon ok c’est mon manager qui est venu me réveiller à l’aube. Il est un peu comme ma nounou. Toujours à être là pour me dire où je dois être et à quel heure. Je ne sais pas ce que je ferai sans lui. Je serai juste perdu dans cet emploi du temps de fou que j’ai parfois.

J’arrive tout juste à l’heure au point de rendez vous. Je me fais vite prendre en charge par une jeune fille qui m’amène au coin maquillage et coiffure. Je leur dis de rien me couper comme cheveux. Je ne veux pas repartir d’ici en pleurant parce que j’aurai une coupe que je ne veux pas. J’ai du mal à rester éveillé, j’ai sommeil. Elle m’apporte un café, ce qui est très apprécié. Je suis encore en train de me maudire d’avoir accepté. Je suis sans mes potes du groupe, je sens que je vais me faire chier. J’essaie de me mettre en tête que c’est Burberry et que ça va être bien pour le porte monnaie et pour mon image. On me dit que je peux garder mon piercing au nez, ça ne m’était même pas venu à l’esprit de devoir l’enlever. Je réalise doucement que Burberry ce n’est pas une petite marque, c’est la grande classe anglaise et d’un coup je me sens bien mieux de savoir qu’ils me laissent quand même être moi même.

Ensuite, place à l’habillage. Ce qui est quand même le truc le plus important vu que c’est pour une nouvelle collection. Une fois prêt avec la première tenue (clique) (un pantalon noir, des belles bottes et une veste en cuire que je leur piquerai bien) je me fais accompagner dans la salle du shoot. Je sais qu’il va y avoir d’autres personnes avec moi pour les photos, je ne sais pas qui exactement. Sûrement des pro dans le métier. Ils vont me prendre pour un guignol à côté d’eux. J’espère que ça va être assez drôle et avec une bonne ambiance, sinon je vais pas tenir longtemps en place. Je vois une jeune fille un peu plus loin, elle est vraiment très jolie. Elle a l’air d’être une de ces filles qui n’ont pas besoin de tant de maquillage pour être remarqué. On me dit que c’est ma partenaire pour le shoot. Je vais jusqu’à elle et l’assistante qui est à mes côtés depuis mon arrivé ici nous présente.

« Rory, je te présente Oliver. Oliver, Rory. »

Je tends la main pour la saluer et l'assistante s'éclipse après nous avoir présenté mutuellement. Elle doit avoir autre chose à faire que me baby sitter toute la journée.

« Enchanté Rory. Joli prénom. C’est le diminutif de quelque chose ? »

Je connais quelqu’un qui s’appelle Lorelaï qui se fait surnommer Rory. Je vais essayer de pas être trop lourd, je sais qu’avec les jolies filles des fois je me laisse aller et je dis n’importe quoi. Oui je suis du genre à être impressionné par les filles parfois et comme je suis pas doué en drague, je finis toujours pas passé pour le clown de service. J’espère qu’elle est cool cette Rory, parce qu’on va passer une grande partie de la journée ensemble. Je crois qu’on a pas mal de fringues à se mettre sur le dos pour illustrer toute la collection.

« Prête pour la journée ? »



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Margot Bernstein-Woolf
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() message posté Sam 21 Juin 2014 - 14:34 par Margot Bernstein-Woolf

strike the pose,
just strike the pose
oliver calloway & rory hepburn.
♔ ♔ ♔ ♔ ♔

A la base, j’avais juste fais une seule campagne, une seule, pour récolter assez d’argent pour payer une ou deux années de fac. En même temps, pour se faire afficher sur des panneaux publicitaires de cinq mètres sur deux en plein centre ville en sous-vêtement, j’avais plutôt intérêt à être bien payer. Sauf que, le fait était qu’apparemment, j’avais un profil parfait pour faire du mannequinat, d’après mon « agent ». A vrai dire, poser, ce n’était pas réellement mon truc. C’était à la base quelque chose qui me permettait de vivre et de faire des études. Je n’avais pas envie de me laisser dans une carrière professionnelle dans le mannequinat ; je n’étais pas une de ces filles venant de la campagne ayant pour seul but d’être aussi épaisse qu’une feuille de papier pour pouvoir défiler pour Chanel ou Dior. J’avais juste eu besoin d’argent et poser en sous-vêtement m’en avait apporté. Je n’avais pas voulu qu’on me rappelle, pour me dire que j’avais, je cite « le profil parfait pour une autre campagne »
Ok, ça faisait toujours un peu d’argent, mais ce n’était pas mon but principal dans la vie. Soren n’aurait pas voulu que sa sœur devienne une de ces pimbêches abrutis par le semblant de célébrité que leur offre l’affichage de leur visage dans des magasines.

Mais bon, là, c’est Burberry. Alors d’une certaine façon, même si je ne veux pas être une de ces mannequins à la Cara Delevingne, je ne peux pas refuser une telle offre. C’est un honneur que mon agent m’annonce que Burberry était intéressé par mon profil, en sachant que les seuls photos qui constituent un book que mon agence s’est chargée de faire ne contiennent que des photos de moi en petite tenue. Et puis ça met un peu de beurre dans les épinards. Pas énormément, faut l’avouer. Je m’attendais à un peu plus de la part de la marque.

Bien que je n’ai pas fais énormément de shooting dans ma vie, une fois arrivé sur le lieu du shooting j’ai fais comme d’habitude, je me suis présentée, installée en loge, faites maquillée, coiffée. Je me suis laissée faire. Je n’ai pas eu mon mot à dire. De toute façon, il fallait se laisser faire. Je n’avais rien a dire quant à l’image que j’allais renvoyé, c’était la marque, le mec chargé du photoshoot qui décidait de l’image que je renverrai. Et puis finalement, une fois habillée –oui, étonnant, première fois qu’on me demande de porter des vêtements à un shoot- de la tête aux pieds, on me ramène vers la salle, où on me présente mon partenaire de shoot –tout aussi étonnant d’en avoir un.
« Rory, je te présente Oliver. Oliver, Rory. »
Je souris et serre la main que le type me tend. C’est un blond un peu fin, avec un piercing au nez. Il me dit réellement quelque chose. Il doit présenter un truc à la télévision. Ou bien j’ai du le voir dans un magasine. En tout cas, il est mal à l’aise ici, ça se devine à des kilomètres à la ronde : ce n’est pas un mannequin. Puis la nana qui m’a ramené ici s’éclipse. Ok meuf.
« Enchanté Rory. Joli prénom. C’est le diminutif de quelque chose ? »
Je souris. Non, ce prénom n’est le diminutif de rien. Je ne sais même pas pourquoi mes parents ont choisi ce prénom qui sonne plus masculin que féminin, bien qu’ils prétendent que c’est un prénom mixte.
« Enchantée Oliver, c’est ça ? » Je parle fort, comme d’habitude. Même si je porte un appareil auditif, j’ai toujours besoin de parler plus fort que la plupart des gens, pour m’entendre. « Et merci pour le compliment ! Ce n’est pas un diminutif, c’est comme Rory, dans Doctor Who, vous voyez ? C’est un peu masculin, mais j’aime bien » Je ris. Des fois je ferais mieux de la fermer.

« Prête pour la journée ? »
Je lève les yeux au ciel. Non, je n’en ai pas réellement envie mais bon, l’anglaise que je suis n’a pas pu résister au fait de faire une campagne que je suis. Limite pour s’en vanter un peu.
« Ouais, ça promet d’être cool »
Je hôche la tête, comme pour me convaincre que ouais, ça se passera bien. Pitié oui, ça doit bien se passer. Mais ça m’obsède, ce type me dit quelque chose.
« Oliver, excusez moi, ou excuse moi, je ne sais pas si on doit se tutoyer ou quoi. Je vais peut-être passer pour une inculte, mais j’ai la sensation que je devrais vous connaitre. Enfin je crois. Peut-être ? »
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() message posté Dim 29 Juin 2014 - 14:12 par Invité
La dite Rory est encore plus jolie quand elle sourit. Ca ne m’étonne pas qu’elle soit mannequin, elle est vraiment magnifique. Maintenant que je suis près d’elle, son visage me dit quelque chose mais je n’arrive pas à le replacer. En y réfléchissant un peu je me dis que c’est sûrement d’une pub ou une autre collection de fringue que je l’ai vu. J’avoue que je suis le genre de type qui s’arrête dans la rue pour mater une jolie fille sur un panneau d’affichage. Je pense la tête pour bien voir tout en détail aussi oui. Je le fais généralement quand je suis seul par contre, ou pour faire mon intéressant.

« C’est ça. »

Elle parle un peu fort et ça me surprend sur le coup, je dois faire une tête un peu bizarre d’ailleurs. Elle me dit que son prénom n’est pas un diminutif et me donne l’exemple de quelqu’un qui s’appelle Rory dans Doctor Who. Malheureusement j’ai jamais regardé cette série. Apparemment c’est un prénom de mec, ça lui plaît, et je dois avouer que ça me plaît aussi. J’ai toujours préféré les filles qui étaient un peu garçon manqué, mais je n’ai rien contre les autres. Je suis ouvert à tout.

Je demande à la belle Rory si elle est prête pour la journée et elle confirme qu’elle est prête et même que ça va être cool. J’espère qu’elle a raison, mais pour l’instant je n’ai pas à me plaindre. Les fringues qu’ils me font porter me vont comme un gant, je pourrais porter ça dans la vie de tous les jours. Je crois que je comprends mieux pourquoi ils me voulaient moi pour la campagne, c’est tout à fait mon genre. Rory me demande si elle doit me connaître je souris un peu plus largement quand elle me dit ça.

« Je suis dans le groupe de musique. D.A.R.K Paradise. »

Et au cas où le nom du groupe ne lui parle pas, je commence à fredonner le refrain de notre chanson la plus connue. Cette chanson qui passe très régulièrement à la radio depuis quatre ans maintenant. Ce single, notre deuxième ou troisième single est resté numéro 1 aux Charts UK pour plusieurs mois. Ce fut le début de la gloire avec cette chanson.

« Tu vois ou toujours pas ? Et ouais je préfère qu’on se tutoie ouais. »

Ma baby sitter revient vers nous peu après pour nous dire que le shoot va commencer. Je sais bien qu’on aura encore tout le temps du monde de discuter Rory et moi, on en a une tonnes de vêtements à se mettre sur le dos aujourd’hui.

Le shoot commence, je fais ce qu’on me dit de faire, j’essaie en tout cas, je ne suis pas forcément à l’aise, même pas du tout. Quand on me dit de me tourner plus vers Rory, mes yeux se baisses jusqu’à ses lèvres et je les contemple en me perdant un peu. Mes yeux remontent ensuite aux siens et je lui fais un petit sourire timide. Cette fille m’impression. J’entends le photographe qui prend des tonnes de photos, ce qu’il voit doit lui plaire enfin, j’espère. Après ce premier shoot terminé, je vois l’habilleuse qui est pas loin avec toutes les fringues que je vais devoir porter. J’aurai cru qu’on aurait un endroit un peu plus intime pour se changer, visiblement non. Je me fais escorter jusqu’à elle et elle me montre la prochaine tenue. Je commence à me désaper, me retrouvant en débardeur d’abord, puis j’enlève mon pantalon, me retrouvant en boxers. Je ne suis pas pudique, mais il faut dire que j’ai une jambe artificielle et ça fait toujours retourner les yeux vers soit. Je fais attention à ne pas me préoccuper des regards éventuels et je mets les firngues qu’on me donne. On retouche ma coiffure rapidement et je suis de nouveau sous les projecteurs avec Rory.

« Ca va être du travail à la chaîne j’ai l’impression. J’ai entendu qu’on a quelque chose comme 20 tenues à mettre. »

Je ris un peu, j’essaie de détendre l’atmosphère, mon atmosphère surtout.

« J’espère qu’on aura le droit de repartir avec quelques fringues gratuites. »

Parce que y’en a vraiment beaucoup que je récupèrerai bien. Je tombe amoureux de plus en plus de cette collection au fur et à mesure que je vois la suite des fringues que je vais devoir mettre pour cette campagne. Je suis content de voir qu’ils nous laissent un peu de temps pour discuter avant de reprendre tout de suite le shoot. Ou peut être qu’ils sont juste en train de faire quelques réglages avec leurs appareil photos.

Je me mords la lèvre en regardant Rory.

« Moi aussi j’ai l’impression de déjà t’avoir vu quelque part… Mais ça doit sûrement être sur un panneau publicitaire… non ? »

Comme elle est mannequin, enfin, je crois, si faut c’est quelqu’un comme moi, qui a été appelé pour la campagne parce qu’elle correspond à l’image qu’ils veulent donner.


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Margot Bernstein-Woolf
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() message posté Lun 30 Juin 2014 - 17:32 par Margot Bernstein-Woolf
♔ ♔ ♔ ♔ ♔


C’était Burberry. C’était ce que je devais continuer de me répéter. Je ne voulais pas devenir mannequin, je ne voulais pas défiler pour Karl Lagerfeld d’ici un an ou deux, je ne voulais pas devenir une de ces mannequins super-exposée aux médias comme Victoria Beckham –quoi que, finir avec un footballeur ça avait du bon. C’était Burberry. Ma seule et unique campagne pour Burberry. Elle ne me rapporterait pas gros malgré ce que l’on pouvait croire, mais je ne ferais pas de mannequinat pour survivre. N’empêche en y pensait, les types à la tête de la boîte étaient des sacrés idiots : ils avaient voulu pour leur publicité une fille qui avait posé en sous-vêtements. Je n’allais pas m’en plaindre mais bon, ils auraient pu choisir une fille qui avait déjà posé habillée.
Apparemment, ce n’était pas mon corps cette fois-ci, qui les avaient intéressés. C’était mon minois, ma bouille, ma façon de poser devant l’objectif qui les avaient attirés. Mon agent avait dit, je cite, « tu es faite pour faire ça » Non. Soren, mon petit frère, aurait sûrement été content de voir sa sœur faire quelques pubs, il aurait été fier de voir que sa sœur était assez jolie pour faire du mannequinat, mais il n’aurait sûrement pas voulu que j’en fasse mon métier.
Oui, je vivais en fonction de ce qu’un petit frère décédé.

J’ai donc bien entendu le prénom de mon partenaire, encore heureux, puisque j’ai mon appareil. La production est au courant que je ne peux pas l’enlever, c’est inscrit dans mon contrat. Alors après, ils photoshopent, ils font ce qu’ils veulent, mais si ils veulent que je comprenne un peu ce qui se raconte sur le plateau, je suis bien obligée de le garder. Encore quelques choses qui me rend particulière. Ma surdité est une chose à laquelle je ne peux rien, et c’est les autres qui doivent s’adapter à moi. Et ça me désole. Ca me désole d’être un handicap pour les autres. D’être une sorte de boulet qu’on force à supporter.
« Oliver c’est cool. Rory c’est mieux. » je souris, ironie bien sûr. « Et c’est classe d’avoir un prénom plus masculin. Sinon je me serais appelée Madeleine. C’est joli, mais bon. »
Des fois je ferais juste mieux de la fermer.
Oliver finit par répondre à ma question. Oui. Je suis sensée le connaitre.
« Je suis dans le groupe de musique. D.A.R.K Paradise. » dit-il avant de se mettre à fredonner une chanson.
C’est aussi tout aussi handicapant de se retrouver face à une célébrité et de ne pas la connaitre, ou savoir ce qu’elle fait : c’est mon cas. Je ne connais absolument pas ce groupe de musique et l’air qu’il fredonne ne me dit rien du tout. C’est l’inconvénient d’avoir des goûts musicaux en désaccord avec l’époque dans laquelle je vis. Je suis née au mauvais moment : c’est ainsi que je le vois. J’aime des groupes de rock indépendants, j’écoute des choses que personnes n’écoute et si ce sont des choses connues : il s’agit de musiques des années soixante ou soixante-dix.
Je me mords la lèvre et commence presque à rougir. Je finis par lui faire un grand sourire, espérant que ça puisse effacer la déception que je lirai sur son visage par la suite.
« Je ne connais pas du tout. Vraiment, désolée… » J’ai l’impression que mes muscles du visage sont tout aussi gênés que moi de ne pas connaitre Oliver et son groupe. « J’écoute vraiment pas les trucs modernes, je suis restée sur les classiques. » Du genre AC/DC et autres. Mais je préfère me taire, de peur de passer pour une folle qui a atterrie en deux mille quatorze à cause du Tardis.
De toute façon mon père m’a toujours dis que je n’étais pas normale, que je n’aimais pas les choses qui étaient faite pour moi. Deal with it, papa.
Le shooting se fait naturellement. Tout est pour moi normal : comme si j’étais née pour faire ça. Comme si j’étais née pour être devant l’appareil. Les fringues que je porte sont plutôt jolies –pour une fois que j’en porte pour faire des photos. Ce shoot est agréable à faire. Pour moi. Oliver est bien plus mal à l’aise. Il n’est pas mannequin après tout. Il n’est pas habitué à cela. Il n’est pas dans son élément. Il me fait rire, c’est mignon de le voir perdu comme ça. Il me fait sourire.
On part alors se changer. Ce n’est pas très intime ici. Il ne faut pas être pudique. Même si nous ne sommes pas dans le même coin pour nous changer, je vois Oliver. Et je vois que je ne suis pas la seule handicapée à ce shooting. Il manque effectivement une jambe au blond. Je me sens un peu mal, puis je me rappelle que je déteste le fait qu’on puisse éprouver un tel sentiment à mon égard.
Il se demande alors si on aura le droit de repartir avec les fringues qu’on a porté : naïf. Bien sûr que non. Quoi que, à lui ils en laisseront bien.
Je ne fais que lui sourire. En fait, je n’en sais absolument rien.
« Moi aussi j’ai l’impression de déjà t’avoir vu quelque part… Mais ça doit sûrement être sur un panneau publicitaire… non ? »
Je souris, un peu gênée. Je n’en suis ni fière, ni honteuse, de cette publicité. Mais bon. C’est fait. Et ça fait bizarre de se dire que je suis placardée dans tout Londres.
« Campagne pour de la lingerie. Je suis affichée partout dans Londres. J’avais besoin d’argent pour payer mes études. » J’hausse les épaules. « Faut croire que cette fois-ci, ils ont bien voulu m’habiller. »
Je lui souris, et lui tape sur l’épaule : je le taquine. Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’il me prend de frapper une célébrité ?
J’hésite longtemps. Mais l’histoire de la jambe reste dans ma tête. Merde. Je demande ou pas. J’en parle ou pas ?
« J’ai vu, pour ta jambe. Désolée. »
Des fois, je devrais la fermer.
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() message posté Sam 5 Juil 2014 - 13:26 par Invité
Elle me taquine disant que son prénom est bien mieux que le mien. Elle rajoute qu’elle aurait pu s’appeler Madeleine.

« Oui c’est très beau. Ma soeur s’appelle Madelynn. »

Remarque complètement inutile, mais j’avais envie de le dire quand même, parce que je trouve ça marrant comme coïncidence. Ok ce n’est pas le même prénom, mais presque. Il faut m’ignorer de toute façon, quand je suis sobre et que j’ai une fille magnifique sous les yeux, je dis souvent, très souvent, ok tout le temps, de la merde. Je suis facilement impressionnable. Surtout qu’elle ne connait pas mon groupe. Je lui ai même chanté un bout de notre plus grand tube. Non ça ne lui dit rien. Je me sens un peu con sur le coup mais oui, on ne peut pas être connu du monde entier non plus. Il y a plein de gens qui n’écoutent pas la radio, qui ne regardent pas les chaines musicales, et qui sont juste pas intéressé par ce genre d’actualité. Ca me fait me sentir encore plus insignifiant à ses côtés. Je n’ai même pas mon statuts de pseudo rock star pour m’aider à garder la face devant elle. La plupart du temps je dis des blagues pas drôle, ou des grosses boutades et toutes les filles - ou presque - sont mortes de rire, juste parce qu’elles me trouvent adorable ou bête, mais je suis connue alors c’est cool.

Pour se justifier et sûrement pour ne pas me blesser, elle ajoute qu’elle écoute que des trucs classique. J’hoche la tête et je n’ai pas vraiment le temps d’ajouter autre chose parce que le shoot commence. Elle a l’air complètement à l’aise, je ne sais pas si c’est vraiment le cas ou si c’est qu’elle arrive bien à faire « comme si ». Nan obligé elle est juste à l’aise parce que c’est son métier, et c’est normal. Je suis sûr que si je la mets sur une scène devant 6000 personnes pour chanter là ce serait moi qui aurait l’air à l’aise et pas elle. Oui j’aurai l’air à l’aise, je ne le serai pas forcément, ou du moins pas au début. J’ai toujours ce stresse avant de monter sur scène, mais c’est bien, ça fait parti du plaisir. Si je me lasse de monter sur scène et que ça ne me fait plus ressentir tout ça, je pense que ce sera le moment où je commence à me lasser.

On se change, on revient, on a le temps de discuter encore, elle me dit qu’elle a fait une campagne de lingerie. Aucun doute que c’est de là que je me souviens d’elle.

« Oooooh, ouais je vois maintenant ! »

Je fais oui de la tête plusieurs fois en la regardant, oui oui ça me revient très clairement. Elle est vraiment bien foutu. Faudra que je jette des coups d’oeil vers son coin habillage au prochain changement, pour voir si je peux apercevoir un peu de chair. Elle me met une petite tape sur l’épaule, ce qui me fait sourire. Je suis encore un peu en train de l’imaginer dans cette lingerie, oui c’est plus fort que moi. Sauf qu’elle me parle de ma jambe et ça me fait redescendre sur Terre d’un coup. Je trouve ça bizarrement cool qu’elle ait osé faire une remarque là dessus. Peu de gens osent. Mais je trouve ça bien, il vaut mieux en parler une bonne fois pour toute, comme on dit en anglais « it’s the elephant in the room ».

« Oh ouais. Ma non-jambe tu veux dire. »

Je souris en disant ça. Je n’ai pas de mal à en parler, encore moins quand c’est fait de manière aussi simple qu’elle, qu’il ne s’agit pas de moquerie ou quoi que ce soit. Le sujet de ma jambe fait partie de ma vie quotidienne. C’est comme parler de mes magnifiques cheveux, ça fait parti de moi et je ne peux rien y faire à part l’accepter.

« Pas besoin de t’excuser. C’est pas toi qui m’a coupé la jambe. Et ouais, c’est cool que t’en parle. C’est rare les gens qui osent. Mais ça me dérange pas d’en parler. »

Quand je dis que ça me dérange pas, c’est parce que je suis habitué surtout, mais là que la « date anniversaire » des attentats approche à grand pas, j’avoue avoir toujours un peu plus de mal. Mais je sais que la vie continue, j’aurai pu mourir, donc c’est peu cher payé pour continuer à être en vie. Surtout que j’ai une vie que j’aime plus que tout.

« Si j’avais pas perdu ma jambe, je crois que je ne serai pas là avec toi aujourd’hui. J’ai commencé à jouer de la musique pendant ma convalescence. »

Tous les fans du groupe connaissent cette petite anecdote à mon sujet, mais comme elle ne connait pas D.A.R.K Paradise, je peux me la jouer intéressant à dire ce genre d’information. Le photographe est encore en train de faire des réglages ou je ne sais quoi, et je suis mitigé entre avoir envie qu’il se bouge le cul pour qu’on puisse passer à la tenue suivante et rester là à discuter avec Rory. J’avoue que discuter avec elle autour d’un café serait tout de suite plus plaisant que sous des projecteurs avec plein de gens autour qui nous dévisagent tout le temps.

« Et toi ? T’as eu un moment décisif dans ta vie sans quoi tu ne serais pas là avec moi aujourd’hui ? »

Pourquoi j’aime dire « avec moi » comme ça ? Je ne sais pas, mais cette Rory me plaît et j’ai bien envie d’en apprendre plus sur elle. Bien que notre conversation n’est pas du tout privé, mais complètement public, je pense qu’on peut quand même en apprendre chacun les uns sur les autres. Je suppose que tous ces gens ont signé des clauses de confidentialité pour tout ce qui se passe pendant ce photoshoot. Enfin j’espère.

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() message posté Mer 3 Sep 2014 - 12:45 par Margot Bernstein-Woolf
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Oui, j'ai fais une campagne pour de la lingerie. Je me suis quasiment dénudée devant un -en fait, non, une dizaine de personnes- photographe, alors que je n'avais jamais fais ça avant. Et il n'y a pas eu de problèmes. Je n'ai pas été très gênée, le shooting s'est très bien passé. Trop bien. Sinon on ne m'aurait pas rappelée et je n'en aurais pas fais une seconde. Et je ne serai pas là du tout. Pas d'Oliver. Pas de Burberry. Pas de fierté de pouvoir appeler ma petite soeur et de lui dire que j'avais posé pour quelqu'un d'autre qu'un photographe pervers qui s'était, à coup sûr, rincer l'oeil pour le mois. Sans vouloir me vanter. Alors oui, d'une certaine façon, je pouvais être heureuse d'avoir commencé comme ça, sans but précis -juste celui de l'argent- et de finir par faire une telle campagne, avec une célébrité qui plus est, même si je dois avouer que je ne connais absolument pas cette personne. Enfin si, de faciès. Mais de là à savoir pourquoi elle est célèbre...
D'ailleurs, est-ce que je pouvais considérer que j'étais un peu célèbre, à ma façon ? J'étais tout de même affichée dans tout Londres. Parfois certaines personnes se retournaient sur moi. Sûrement en train de se demander Est-ce que c'est la fille du panneau publicitaire ? Pourtant, ils ne m'arrêtaient pas dans la rue. Je n'avais pas besoin d'un garde du corps. Je n'avais pas d'autographe à signer. J'étais certaines qu'ils ne connaissaient même pas mon nom. Pourquoi le connaitraient-ils après tout ? J'étais la fille qui s'était foutue à poil pour de la lingerie, rien de plus, rien de moins.
Oliver voyait qui j'étais maintenant. Amen. Même si ça ne changeait rien au fait que c'était moi aussi ma première campagne du genre. Habillée quoi.  Je lui souris. Pas que j'aime pas parler de ce qui m'a donner l'occasion d'être ici, mais bon.

Et j'ai malheureusement entamer le sujet concernant sa jambe. Ou plutôt son absence de jambe. A croire que j'avais le chic pour tomber sur des handicapés et de sympathiser avec. Lui, Eugenia. Mon handicap à moi -qui n'était pas moteur- me forçait peut-être inconsciemment à m'approcher de ces personnes et d'être beaucoup plus compatissante, sans pour autant apporter une sorte de pitié et de gêne que je savais ô combien insupportable.
« Oh ouais. Ma non-jambe tu veux dire. » dit-il un sourire sur les lèvres.
Automatiquement, je souris à mon tour.
« Peut-être que je parlais de l'autre qui est admirablement sexy »  Et je rigole toute seule, à ma propre blague. Au moins, je suis sûre qu'elle a fait rire quelqu'un : moi.
Mais non, bien sûr, c'est évident que je parlais de sa non-jambe, pour le citer. Comme ça doit être étrange de vivre avec un membre en moins, de dépendre de quelque chose d'extérieur à notre corps qui ne remplacera jamais une vraie jambe, par exemple. D'une certaine façon, c'était assez similaire à mon problème de surdité : je portais un appareil auditif à mon oreille droite -la défectueuse- mais cela ne remplacerait jamais, et ne me donnerait jamais, un sens de l'audition parfait. Je ne percevrais jamais la vie de la façon dont une personne lambda la percevait. Alors d'une certaine façon, Oliver et moi étions similaires : il avait perdu un membre, j'avais perdu un sens.
« Pas besoin de t’excuser. C’est pas toi qui m’a coupé la jambe. Et ouais, c’est cool que t’en parle. C’est rare les gens qui osent. Mais ça me dérange pas d’en parler. »
Il semble malgré tout un peu... Nostalgique, enfin non, pas nostalgique. Triste. Comme n'importe quelle personne, il aurait voulu garder sa jambe oui. Comme moi j'aurais aimé pouvoir entendre. Sa jambe lui manquait. Et c'était normal. Moi, le fait d'avoir une audition parfaite ne pouvait pas me manquer : je n'en avais jamais eu une.
« Encore heureux que ce n'est pas moi qui te l'ai coupé. J'aurais fais ça comme un charlatan. Je suis aussi douée de mes mains que tu es doué derrière un objectif. » Je le taquine, encore, mais sur le coup j'ai un peu peur qu'il le prenne mal. Allez, il doit bien savoir que ce n'est pas Mariano Di Vaio ou autre derrière l'objectif.
Il en arrive à me raconter que finalement, sans cette perte d'une jambe, il ne serait pas musicien. C'est assez marrant tout de même, comme chaque personne à besoin d'un électrochoc dans sa vie pour se rendre compte de ce qu'il veut vraiment. Comme si, confronté à une perte, ou un évènement marquant, on avait soudain une prise de conscience. Oui, c'est ça que je veux faire
« Et toi... »
Je n'écoute pas le reste de sa phrase. Je sais ce qu'il veut savoir. Pourquoi je me suis mise à poser en petite tenue. La seule chose à laquelle je ne pourrais pas répondre, c'est pourquoi on m'avait choisi moi pour cette campagne. Des filles jolies avec un CV plus intéressants que le mien, ça devait réellement courir les rues.
Je soupire. Lève les yeux au ciel. Je dois empêcher les larmes de couler. Le maquillage merde, pense au maquillage. Ca va bientôt faire un an, pourtant, quand je vais en parler, j'ai les larmes aux yeux. Bientôt un an que Soren nous aura quitté. Ca m'en donne des frissons. Je soupire encore avant de me mettre à parler. Pour sûr, ma voix va être toute tremblotante.
« Mon petit frère est mort il y a un an. Accident de voiture. J'étais la conductrice. Avant sa mort, j'étais un peu en année sabbatique en durée indéterminée depuis l'obtention de mon diplôme. Sauf que quand il est mort, j'ai décidé de vivre tout ce que lui ne pourrait jamais vivre, par ma faute. Et ça passait par les études. Sauf que je ne suis pas une Rotchield. Alors j'ai du déménager pour la fac, et faire des photos pour payer cette dite fac, et ma vie à Londres. »
J'ai clairement l'impression d'être un pauvre petit caliméro.
« C'est pas le déclic le plus joyeux du monde, faut l'avouer. » Je renifle. « Et sinon, pour partir sur une note plus drôle : c'est ton premier shooting ou l'objectif te met vraiment mal à l'aise ? » Grand sourire.
Comme quoi, j'avais fais une jolie rencontre à ce shooting. Ce n'était pas à tout le monde que j'allais déballer tout ça.
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() message posté Dim 7 Sep 2014 - 23:38 par Invité
Elle me complimente sur mon autre jambe. Enfin, mon unique jambe. C’est sympa de sa part de plaisanter là dessus, ça me fait même plaisir. Je ris avec elle à cette petite plaisanterie. C’est peu de gens qui oserait parler ouvertement comme ça d’un handicape. Je lui dis d’ailleurs et elle réplique en me taquinant bien comme il faut. J’ouvre ma bouche de manière à montrer combien je suis outré par ce qu’elle vient de dire.

« Hey donne moi des conseils au lieu de te moquer ! »

Elle a l’air habitué elle, c’est son métier après tout, c’est normal. Enfin je dis ça, être dans le groupe de musique D.A.R.K Paradise c’est mon métier et je ne m’y habituerai jamais. Je suis trop chanceux de vivre cette vie de rock star (ou presque). J’ai tout les avantages et presque pas d’inconvénients. Je râle quand il faut se lever tôt pour faire de la promo, mais j’adore ça une fois qu’on est sur place. Comme pour aujourd’hui. Je lui demande ce qui a fait dans sa vie qu’elle se retrouve sous les projecteurs ici avec moi.

Dès que je vois son changement de comportement je regrette d’avoir poser cette question. Je n’aurai pas pu deviner que ça la mettrai dans un état pareil. C’était une question des plus banales. Je fronce un peu le nez, je m’en veux de la mettre dans cette situation. Quand j’écoute son récit ça me fend le coeur. Je ne sais pas quoi dire alors je reste à l’écouter. Elle se met même à renifler. Pas très classe pour une mannequin.

« Désolé pour ton frère… » 

Pas classe de ma part d’avoir fait pleurer une fille. Elle change de sujet et je crois que ça vaut mieux pour tout le monde que nous passions à autre chose. Je ne fais donc aucune remarque supplémentaire à propos de son histoire. Je ne saurai pas quoi dire et il n’y a rien à dire de toute façon. Le deuil tout ça, c’est personnel. Je suis quand même bien surpris qu’elle ait partagé ça avec moi. C’est pas vraiment le genre de truc qu’on évoque à une première rencontre. Mais oui je lui avais posé cette question et on était quand même passé dans une zone assez intime de conversation à parler de ma jambe. Enfin, si elle en a parlé, c’est qu’elle devait se sentir assez à l’aise pour le faire je suppose. Il faut que j’arrête de me creuser la tête et que je lui change les idées, ce serait mieux.

« C’est pas mon premier shooting ! »

Je ris un peu, elle est doué pour changer l’atmosphère en un clin d’oeil. La voir sourire déjà me fait du bien. Je n’aimais pas du tout voir ses larmes dans ses yeux. Je vais essayer de faire attention à ce que je dis maintenant. Ou peut être qu’en fait elle avait besoin d’en parler. Se confier à des inconnus des fois c’est ce qui fait le plus de bien.

« C’est mon premier shooting Burberry et c’est assez intimidant ouais… »

Je me mords la lèvre et je me passe une main dans les cheveux. Une maquilleuse vient rapidement nous faire une retouche de dernière minute avant qu’on reprenne le shoot comme il se doit.

On enfile encore des dizaines de fringues. On fait toute la collection. Je garde un sourire accroché au visage et je sors des conneries pour faire sourire Rory.

« Ca va là, j’ai pas l’air trop stressé ? »

Je me moque de moi gentiment. Je sais pas si j’ai vraiment l’air stressé mais en tout cas je dois avoir l’air super beau. Parce que ces dernières fringue que j’ai enfilé sont juste parfaite. Encore une veste en cuire trop stylé et un jeans trop bien coupé. Je me sens carrément canon dans ces fringues. Je regarde Rory et ouais je ne suis pas contre quelques conseils qu’elle pourrait me donner. C’est impressionnant quand même de poser pour le grand Christopher Bailey. On enfile notre dernière tenu et je commence à avoir bien faim. On a quelques trucs à disposition pour grignotter mais j’ai envie de manger un bon truc. J’ai surtout envie de retourner chez moi et dormir. Je me suis levé super tôt mine de rien et je suis debout depuis plusieurs heures. Je commence à le sentir sur ma jambe amputé. Au bout d’un moment ça devient un peu douloureux si je ne fais pas de pause.
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Margot Bernstein-Woolf
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() message posté Mer 10 Sep 2014 - 15:51 par Margot Bernstein-Woolf
♔ ♔ ♔ ♔ ♔


J'étais et je serai jusqu'à la fin de ma vie une personne qui ressentait facilement de l'empathie pour les gens qui m'entouraient, que je les connaisse personnellement ou non. On pouvait très bien considérer cela comme un défaut, un problème qui nous empêche de passer par dessus les sentiments des autres et de ne se focaliser que sur nous. J'étais ce genre de fille incapable de laisser une personne seule dans son coin -ou du moins lorsqu'on lisait la solitude dans les yeux de la dite personne-, incapable de ne pas s'arrêter sur une personne quand je lisais la détresse sur leur visage. L'empathie pouvait très bien être aussi perçue comme de la pitié. Un peu à vrai dire. C'était des sentiments qui pouvaient attirer la pitié qui attiraient aussi l'empathie. Et bien que je sois ce type de personne qui aime se savoir utile, donner de l'attention, je n'aimais pas qu'on soit comme moi, avec moi. Un point en plus pour souligner la complexité de la Rory. Si j'étais seule, morte de solitude, je préférerai qu'on me laisse. Oui. Complexement complexe.
En racontant mon histoire à Oliver, je ne cherchais absolument pas à ce qu'il me plaigne. Je ne voulais pas me plaindre. Je ne veux tout simplement jamais me plaindre. Ma vie est telle qu'elle est. Aussi malheureuse ou le contraire qu'elle puisse être. J'arrive à parler ouvertement de Soren, mon petit frère disparu, oui. Mais ce n'est pas pour me faire plaindre et entendre que je suis une pauvre fille, qui n'a pas eu de chance dans la vie et qui a du passer par une épreuve réellement difficile : je sais tout ça. Je me le suis déjà dis, et j'ai finis par l'accepter. De toute façon, je n'en avais pas le choix.
Alors même si ma voix tremblait un peu en évoquant le prénom de mon défunt petit frère, que j'avais les yeux mouillés, les mains qui se secouent un peu sans que je l'ai voulu, j'ai fini par l'accepter. Tout du moins, je pense que je l'ai accepté. Et il faut croire que plus j'en parle, mieux je me porte. Même si Oliver était un parfait inconnu quelques heures auparavant, je ne voyais aucune raison de ne pas en parler. Soren, son accident, sa mort, faisaient partie de ma vie et comme pour ainsi dire, avaient presque déclencher la mienne. Je n'aurais sûrement jamais réalisé ce dont j'avais besoin pour être heureuse sans ça. Même si j'avais du perdre quelque chose qui m'était cher : c'était peut-être un mal pour un bien après tout.
Tellement malheureux et égoïste de dire ça dans un tel contexte.
« Désolé pour ton frère… » Il paraît gêné. En même temps ce n'est pas tous les jours que des mannequins qu'il connait à peine (et surtout, juste pour un shooting) lui déballent leurs vies. J'aime à croire que je suis à part. Que je suis moi même et que je n'essaye pas de rentrer dans les clous et d'être par conséquent une pâle copie de toutes les personnes qui m'entourent. Je suis originale, je suis moi-même, et personne n'est comme moi. Alors oui, je déballe peut-être toute ma vie et les étapes difficiles de celle-ci par le biais d'une simple question et il peut en être choqué, mais c'est ainsi et par autrement. « Soit pas désolé, c'est pas de ta faute, c'est de la mienne. » Je baisse la tête en disant ça. Oui, on peut sentir une once de culpabilité dans ma voix. Mais elle n'est pas contrôlable, cette once. Elle fait partie de moi, et que je souhaite ou non l'exprimer, cela ne dépend pas de moi. C'est comme si mon corps laissait parler mes sentiments les plus profonds sans que je le veuille. Malgré un deuil difficile, une pseudo-acceptation, j'y pensais toujours. Et personne sur cette fichue terre ne pourrait m'enlever de l'esprit que j'étais la responsable de cette tragédie. J'y reconnaissais mes fautes, et je les avais presque accepté.
Et comme à mon habitude, quand un sujet devient quelque peu trop sérieux à mon goût, je m'en éloigne totalement. « C’est pas mon premier shooting ! » Je ne peux m'empêcher de rire. Il est plus mal à l'aise que moi lors de mon premier shooting -alors que, j'aime à le rappeler, j'avais très, très, très peu de vêtements sur mon dos. Sa gêne, sa maladresse me touche. Ca a presque du charme de le voir comme ça. Il est mignon. Faut l'avouer. Un peu bad boy comme ça. Pas réellement mon genre -mais est-ce que j'en avais un au moins ?
« On dirait que tu t'es retrouvé là par erreur ! Tu ne devrais sérieusement pas prendre ça au sérieux. Amuse toi un peu, mets toi dans la peau de quelqu'un d'autre. De toute façon, si les photos ne leur plaisent pas, ils photoshoperont. Après tout, c'est toi qui fait toute la campagne alors ils ne pourront pas mettre à la trappe tes photos. » Je pars totalement dans un autre délire incompréhensible là. « Je sais, je ne comprends même pas ce que je raconte là, moi non plus. Et si tu as compris, je t'appelle Boss. Bref. C'est un jeu de rôle. Dans un jeu, on s'amuse. Pense à ça. »
Débile comme théorie. Ca voudrait dire qu'en posant pour de la lingerie, je m'imaginais comme une aguicheuse ou une professionnelle de l'amour. Lol. Non, quand même pas.
Les fringues défiles, les décors aussi. On doit boucler ça aujourd'hui. Heureusement. Je ne suis pas mannequin. Je ne fais pas ça pour vivre, théoriquement. Même si c'est plaisant et valorisant de poser pour Burberry ; trop de photos tue la photo.
« Sérieusement, détends toi Oliver. Si tu écoutes mes conseils, que tu te donnes à fond et que tu passes par dessus ton stress, je te paye un coup, sinon : rien du tout. » Je lui souris entre deux photos.
Non mais je me prends pour qui à proposer ça comme ça, une aguicheuse ?
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() message posté Dim 21 Sep 2014 - 1:21 par Invité
Elle me dit de ne pas être désolé, mais je ne sais pas quoi dire d’autre. Je n’aime pas l’entendre dire que c’est de sa faute. Ca doit être horrible de se sentir responsable de la mort de quelqu’un comme ça. Mais encore une fois je ne sais pas quoi répondre à ça. Ce n’est pas le genre de sujet de conversation habituel que j’ai avec une fille. Heureusement que la conversation file dans une autre direction. Je n’aurai pas supporté longtemps de la voir toute triste comme ça. Elle me taquine à propos de mon air sûrement coincé. Elle pense que c’est mon premier shoot, mais ce n’est pas le cas.

Je ris à ses remarques. Elle veut vraiment que j’ai l’air moins d’un étranger dans le coin. Ouais j’ai vu de la lumière je suis venu et j’ai décidé que j’allais me laisser prendre en photo avec des tonnes de super fringues sur le dos. Non ça n’arrive jamais par hasard ce genre de truc dans la vie. J’aime bien les conseils qu’elle me donne. En gros il faut être acteur pour faire mannequin. Sauf que je suis ni l’un ni l’autre. Je suis chanteur et musicien. Je suis sûr que Christopher Bailey n’apprécierait pas que je change ma façon de me comporter pour un shoot. Il m’a voulu pour la campagne pour qui je suis, pour mon style, ma façon d’être. Ce type est vraiment adorable, j’ai eu la chance de le rencontrer de nombreuses fois. J’ai toujours des invitations à tous les shows Burberry. On a même participé avec mon groupe à un de ces gros show pour l’ouverture d’une nouvelle boutique Burberry en Chine. Il aime mettre en avant des groupes d’Angleterre. UK represent !

« Je sais pas si je vais être doué pour me mettre dans la peau de quelqu’un sans avoir bu une seule goutte d’alcool. »

Je ris un peu et je réalise au passage que j’ai soif. Ca fait quelques heures que je suis là et je n’ai rien bu. Au moins ça aura le don de ne pas me donner envie de pisser. Un mal pour un bien, mais si je tombe par terre parce que je fais un malaise, ça ne va pas être très drôle. Non ça n’arrivera pas. J’ai déjà fait des concerts de deux heures entières sans rien dans l’estomac. Je suis un dur à cuire. Il m’en faut plus pour tomber dans les pommes. Par contre il en faut peu pour que mon ventre se mette à gargouiller. C’est arrivé très souvent en interview.

« Nan c’est plutôt un shot de Tequila qu’il me faudrait. »

Je me sens con de dire ça mais c’est vrai. Y’a que ça qui pourrait me détendre là. On continue de se faire prendre en photo. On plaisante, on se dire plein de truc pour se faire rire mutuellement et ouais, ça marche à peu près comme technique. On peut dire que je me mets dans la peau d’un clown pas drôle. Les blagues pas drôles c’est celles qui font le plus rire des fois et ça marche. Apparemment elle doit pas se rendre compte que c’est ma façon de me détendre parce qu’elle me dit de nouveau qu’il faut que je me détende et je fronce le nez. Je pensais que je faisais un bon job. Elle parle de me payer un coup.

« Ah là on parle de chose intéressantes. Nan mais c’est maintenant qu’il me le faut ce coup. Un truc bien fort. »

Une des habilleuses vient nous prévenir qu’il n’y a plus qu’un set de fringues à mettre après celui là. On se fait prendre en photo et je fais des grimaces quand le mec ne prend pas de photos. Ou pas. Je crois qu’il en chope une ou deux où je tire une tronche. Je crois que j’en peux plus, mais on y est presque. Il faut que je tienne bon.

« Je crois que je vais m’effondrer et m’endormir comme un bébé dans mon taxi retour… »

C’est limite si j’ai pas envie des bras de ma maman pour me sentir bien après cette matinée épuisante. J’adore Burberry et Christopher, mais la prochaine fois je demanderai à faire ça dans l’après midi plutôt qu’à l’aube. Heureusement qu’il sont fait des miracles avec leur maquillage. Il est vrai qu’il y a photoshop aussi après qui passe dans le coin. Personne ne verra que j’étais fatigué. Tout le monde verra que notre perfection. Surtout la sienne. Tous les mecs seront scotché sur Rory bien sûr. Elle est tellement hot. On termine enfin avec la dernière tenue.

« Je vais partir en gardant ces fringues sur moi. J’en ai marre de m’habiller et me déshabiller. Je viens d’être vacciné pour du shopping pour les six prochains mois. »

J’en peux plus. J’essaie de garder un air jovial pour ces dernières photos mais je pense qu’à manger un bon truc, boire un bon truc, et m’installer dans mon taxi retour chez moi. Dans mon lit. J’irai sûrement liker la page facebook de Rory au passage. Oui je suppose qu’elle est quand même connue dans le showbiz. On verra bien ce que je trouve quand je taperai son nom sur facebook. On achève enfin les photos et je lève les bras au ciel.

« Donnez moi un Halleluja ! »


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() message posté Dim 28 Sep 2014 - 18:56 par Margot Bernstein-Woolf
♔ ♔ ♔ ♔ ♔


Qui aurait cru que je ferais une rencontre aussi agréable à un shooting ? Après tout, j'avais pris l'habitude de rencontrer des personnes (non des mannequins) tout à fait exécrable, invivable, dotée de plus de manière qu'une seule personne peut physiquement en contenir, hautaine etc. Et là il y avait eu Oliver. Petit timide dans le métier, membre d'un groupe de musique -que je ne connaissais pas. Ca avait son charme. Un peu. Quand même. Est-ce que c'était une théorie qu'on pouvait explorer ? Est-ce que c'était obligatoire qu'on trouve à un membre d'un groupe de rock un peu de charme ? Est-ce que c'était une théorie du même genre que « les mannequins finissent toujours avec les footballeurs » ? On pouvait se baser sur Mick Jagger : pas une bombe mais pourtant c'était aujourd'hui -encore oui, ça avait de quoi être dégoutant- un sex symbol. Est-ce que quand on collait une étiquette « star du rock » on devenait forcément plus sexy ? Est-ce qu'il en était de même pour moi d'ailleurs ?
C'était une sorte de question qu'on pouvait se poser après tout. Est-ce que justement je ne pourrais pas en faire une thèse tiens ? Ahah. Non. On aurait sûrement du mal à me prendre au sérieux.
Mais pour quelqu'un qui doit jouer déjà un certain jeu sur scène, cela ne doit pas être facile non plus de s'en créer encore une autre pour l'objectif. J'ai l'habitude personnellement, et puis, c'est les seuls fois où je sors de mon rôle de Rory Hepburn pour une sorte d'inconnue qui se la pète devant l'objectif. C'était presque de la schyzophrénie d'une certaine façon : je changeais de personnalité, presque de personne, d'un moment à un autre, même si c'était contrôlé et volontaire. On ne pouvait pas demander à n'importe qui de faire ça.
« L'alcool ne résout pas tous les problèmes » Je lui réponds lorsqu'il fait référence à son besoin de boire un coup pour se sentir à l'aise et changer de personnage. Moi, en ayant bu, je deviens juste très caline et gentille. Mais je reste Rory. Rory en pire même. Mais c'est toujours assez drôle à voir après tout. Je suis un spectacle.
 « Allez, pour le coup, ça devrait te motiver ! Et tout est dans la tête ! Il suffit de te convaincre que tu as déjà bu un petit coup et puis zoooooooou tout passera mieux ! » Je souris. Au fond je n'en suis pas convaincue moi même.
Ca se passe dans la tête est le genre de phrase la plus débile du monde. Elle fait partie d'une sorte de palmarès de phrase débile pour essayer de se convaincre et de se rassurer. Sauf que non. C'est nul.
« Je crois que je vais m’effondrer et m’endormir comme un bébé dans mon taxi retour… » On ne vient vraiment pas du même monde lui et moi. Il retourne chez lui en taxi. Moi en bus. Youhou. C'est ça la différence entre une star du rock adulé de tous et une mannequin qui ne fait des photos que pour survivre et payer ses études. Qu'est-ce que ça aurait été si j'avais été étudiante dans une école super cher ? Je serai tout le temps à poil pour payer mes études c'est ça ? Là ça va, à la limite c'est pas si fréquent que ça.
Il est fatigué, et moi aussi après tout.
A la fin du shooting, il me demande un hallelujah pour en avoir enfin terminer de ce shooting. Ouais, moi aussi ça me semblait un peu long. Même si c'était Burberry. Et devant son état, je me dis qu'il ne serait peut-être pas plus mal de remettre ce verre. Après tout, il était plutôt agréable et ça ne me dérangererait pas le moindre du monde de le revoir un autre jour. Pourquoi pas ? Et puis il était musicien quoi. Ca c'était sex. Même si je n'écoutais pas sa musique.
 « Bon, écoute pour ce verre... On est tous les deux assez crevés et puis... Cette rencontre m'a vraiment bien plus alors on pourrait remettre ça pour le verre en question... Ou bien tu pourrais m'inviter à un de vos concerts pour que je puisse enfin découvrir ton fameux groupe de musique ! » Je lui souris et écris mon numéro sur un petit morceau de papier.  « Tiens, appelle moi un de ces quatre ! »
Je lui souris encore, dépose un baiser sur sa joue, et pars, presque fière de moi, du studio, espérant que oui. Il me rappellera un jour.
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