"If you look in the face of evil, evil's going to look right back at you." †E.D.S.

Je suis né au Québec. Mes premières années, je les ai vécues dans une réserve autochtone avec ma mère. J’ai que de vagues souvenirs de cette époque, mais je me souviens de la piètre qualité de vie que nous avions. Ma mère travaillait de peine et de misère et n’exerçait pas un métier qui la comblait. En effet, pour garder ses droits ancestraux, elle n’avait d’autres choix que de rester vivre dans une réserve et il y a très peu d’emplois disponibles. Elle travaillait donc beaucoup pour pouvoir se permettre de vivre dans un piteux appartement et nourrir son seul enfant. Ce n’était pas un palace, loin de là, mais au moins, nous avions un toit sur la tête et un repas chaud qui nous attendait en fin de journée. L’alcool et la drogue régnait au sein de cette réserve et dégageait une puanteur horrible, assez forte pour pouvoir encore hanter mes souvenirs. Ma mère, bien qu’elle tentait de cacher son problème de drogues, se trahissait elle-même par une démarche maladroite ainsi qu’une odeur infecte. Je me souviens qu’elle me préparait mon souper un soir et s’était arrêtée de couper les légumes pour renifler une ligne de poudre blanche. Je ne comprenais pas cela avant, mais un peu plus tard, je réalisai que ma mère ne se cachait même plus pour se droguer.

Vers mers cinq ans environ, mon père fit surface. Il venait, apparemment, d’apprendre mon existence, mais ma mère m’avait toujours dit qu’elle l’avait tenu au courant et que c’était lui qui n’avait pas accepté de prendre ses responsabilités avant. Je ne savais pas qui croire, l’inconnu qui arrivait dans ma vie, ou ma mère, droguée la majorité du temps? De toute manière, j’étais beaucoup trop jeune pour comprendre la situation et surtout de prendre une décision. Je me souviens de long combat au tribunal, à savoir lequel était le meilleur parent pour m’avoir, des disputes en a plus finir puis finalement, un ticket en direction de Londres. Ma mère avait finalement accepté de suivre et mon père la laissa venir seulement si elle cessait sa consommation de drogues. Ma mère accepta sur le champ et, une fois arrivée à Londres, suivit une cure de désintoxication.

Malheureusement, ma mère est morte quelques années après. Elle n’est jamais parvenue à cesser complètement sa consommation et ça finit par la tuer. Mon père a donc hérité de moi et il n’a jamais su comment s’occuper d’un enfant. C’était bizarre, il s’était battu pendant des mois pour avoir ma garde, et une fois qu’il m’avait eu, il ne voulait rien savoir de moi. En effet, jamais il n’était venu jouer avec moi, jamais il ne m’avait réellement parlé. Afin d’éviter de jouer avec moi, il m’avait montré les jeux vidéos et me laissait jouer des heures et des heures sans jamais venir m’arrêter.

Je me suis toujours sentit terriblement seul à cause de cela. Je tentais de m’occuper le plus possible et me suis trouvé pleins d’intérêt : la musique, l’art, l’histoire, etc. Mais je me sentais toujours aussi vide. C’est alors que je me suis inscrit au programme Grand-frère. C’était un organisme qui permettait à des jeunes enfants avec des difficultés de pouvoir avoir un grand-frère, quelqu’un qui venait s’occuper de lui. Je me suis inscrit en pensant que, étant plus jeune, j’aurais bien aimé que quelqu’un s’occupe de moi. J’avais le temps et le gout de le faire, alors, pourquoi ne pas essayer ? Je me suis occupé pendant très longtemps d’un jeune garçon, si bien qu’il a marqué ma vie à jamais. J’adorais passer du temps avec lui, je lui offrais des cadeaux, des conseils, j’étais l’épaule sur laquelle il pouvait pleurer au besoin. Puis, lorsqu’il fut assez âgé, il quitta le programme et moi de même. Cependant, nous n’avons jamais cessé de se voir. Il était à présent un ami, une personne très importante à mes yeux.

J’étais maintenant à l’université. J’avais décidé d’étudier et de m’ouvrir ma propre compagnie. Mon père, très fier de voir son fils exceller dans ce domaine, accepta volontiers de me prêter l’argent nécessaire pour me permettre d’ouvrir ma compagnie. Cette compagnie est un franc succès et ce ne fut pas long avant de pouvoir rembourser mon père. Bien que je suis surtout dans les tâches administratives, j’offre toujours mon aide à mes concepteurs et m’intègre au sein de l’équipe. Je contribue beaucoup à la réalisation des jeux vidéo. Mon équipe et moi sommes très proches. Je leur offre toujours, au moins une fois par an, un voyage de deux à trois semaines dans un pays tous ensemble afin de s’inspirer pour un nouveau jeu. Ce sont des voyages toujours très agréables.

Vers la fin de mes études, j’ai rencontré une jeune femme. Nous étions de très bons amis, nous avions plusieurs points en communs et nous passions la grande majorité de notre temps ensemble. Puis, un beau jour, nous avons… Et bien.. Euh… Disons que nous avons eut plus de plaisir que d’habitude… Elle m’annonça qu’elle était enceinte. Étrangement, je désirais garder cet enfant. Nous n’avions jamais été un couple, mais nous étions si proches, toujours ensemble à rire et à s’amuser. Je me disais que d’avoir un enfant avec elle, ça ne serait pas si mal? Ce que j’étais jeune et naïf…

Pendant la grossesse, tout se passait bien. Je m’occupais d’elle et elle faisait attention à son alimentation et son mode de vie. Puis, lorsqu’elle accoucha, à peine quelques semaines après, elle m’annonça qu’elle avait fait une erreur. Elle ne se sentait pas prête à s’occuper d’un enfant et de vivre en couple. J’ai tenté tant bien que mal de la convaincre du contraire, mais j’ai fini par accepter et respecter son choix…

Me voilà donc aujourd’hui. J’ai trente et un ans et une fillette de cinq ans, qui est tout pour moi. Je voyage de temps à autres et je suis PDG d’une entreprise de jeux vidéo, un métier que j’adore. Je n’ai plus de nouvelles de la mère de ma fille, ce qui m’attriste beaucoup. Je ne vois plus non plus le jeune garçon dont je m’occupais. Lorsque ma fille est née, je lui ai demandé d’être le parrain, mais il disparu et ne m’a plus jamais donner signe de vie. Je m’inquiète, mais je suis en colère également. Comment a-t-il pu partir ainsi ? M’enfin bref, j’essaie de ne pas trop penser à ces choses négatives de ma vie et plutôt de me concentrer sur ma vie présente et les petits bonheurs qui m’entourent.