“We’re all stories in the end, just make it a good one, eh?” (Galahad)

Je devais me calmer et respirer un bon coup. Je ne désirais pas que notre discussion finisse en engueulade. Je ne souhaitais pas gâcher notre soirée à tous les deux. Malheureusement, plus mon meilleur ami parlait, plus j'avais envie de me lever, tourner les talons et retourner dans mon appartement. Il faisait le gamin, incapable de me donner une bonne raison pour laquelle il ne voulait pas rencontrer Robin. « J’essaie simplement de te protéger, je sais bien que je ne l’ai jamais rencontré et que c’est sans doute quelqu’un de bien, mais rappelle-toi que je pensais la même chose de mon ex avant qu’elle ne montre son vrai visage. Je n’ai pas envie que l’histoire se répète. » me dit-il. J'eus un air étonné. Je ne savais plus si je devais en rire ou en pleurer... La comparaison était très injuste... Je doutais fortement que Robin ait quelque chose à voir avec Jodie... Cette pétasse! Rien que penser à elle, j'avais envie de vomir... J'avais vu venir à cent miles à l'heure sa personnalité désagréable! Je l'avais pressenti avant même de la rencontrer... et l'impression s'était fortement accentuée dès que la blonde peroxydée avait ouvert la bouche.. « Tu penses pas que tu y vas un peu fort là? » lui demandais-je.... Mais c'était une question rhétorique. Oui, il exagérait. « Je ne pense pas qu'on peut comparer Robin à Jodie...Jodie... c'était le diable incarné... Sur le coup, tu n'as pas pensé avec ta tête... Moi, je ne veux pas quelque chose de plus que de l'amitié avec Robin.... Voilà toute la différence. Je ne suis pas aveuglée... » dis-je en haussant les épaules. Mon ton était plus calme désormais. Je ne savais pas pourquoi, mais il fallait en profiter pendant que ça passait! Je pourrais exploser à tout moment. Ça m'était déjà arrivé et Gal était parfaitement au courant de la situation précaire... « Mais je comprends que tu veuilles me protéger. Je fais de même avec toi.... Mais je continue à dire que juger sans raison est simplement injuste surtout après tout ce que je t'ai dit... Je n'ai jamais laissé sous-entendre quoi que ce soit qui pourrait faire en sorte qu'on puisse se méfier de lui... » ajoutais-je, soupirant.

« Peut-être que j’y suis allé trop fort en parlant comme ça de lui, » admit-il finalement maladroitement. Au moins, il s'en rendait finalement compte! Il était temps! « Mais tu sais que j’ai du mal à voir les gens autrement qu’en noir et blanc. » ajouta-t-il.... Ouais, je le savais... Je ne pouvais pas faire autrement moi aussi...  Sur ce point, on était pareil... « Si tu y tiens tant que cela, je peux faire un effort et le rencontrer un de ces quatre. Mais juste pour toi, hein. » dit-il finalement sûrement dans une tentative de faire la paix. Je levai les yeux vers lui, tentant de cacher ma joie. Je ne pouvais pas rester en colère envers lui pour l'éternité quand même?  « Tu m’en veux beaucoup ? » finit-il par me demander, me regardant.

Je retins mes larmes de colère, ravalant ainsi ma fierté. Je devais mettre fin à cette querelle débile et être mature pour une fois. « Non, je ne t'en veux pas.... Merci de faire un effort... » lui dis-je, un léger sourire sur les lèvres. Je m'approchai alors de lui pour le serrer dans mes  bras, pour lui prouver que c'était derrière nous. Un léger bisou sur la joue plus tard, je me reculai et lui sourit. « Et si on parlait d'autre chose? »

We’re all stories in the end.

Oui, bien sûr qu'il y allait un peu fort. Ils le savaient tous les deux. Et c'était vrai qu'il n'avait pas pensé avec sa tête sur ce coup-là. Il haussa les épaules, un peu embarrassé d'avoir pu profaner une telle chose. Son expérience - appelons cela son enfer, plutôt ! - avec Jodie lui avait montré qu'il valait mieux être prudent en amour et c'était pour cela qu'il était si méfiant envers ce Robin qu'il ne connaissait même pas. Enfin, pour le moment, Robin n'était qu'un ami. Rien de plus. Delilah n'était pas amoureuse de lui, aux dernières nouvelles. Delilah, amoureuse. De Robin ? Allons ! Cette pensée, bien qu'absurde, le titillait, cependant. Et si... Et s'il se passait quelque chose entre ces deux-là ? Et s'il s'avérait que Robin était un type bien ? What then ? Que pourrait faire Gal si Robin prenait soin de Delilah comme de la prunelle de ses yeux ? Il serait impuissant... et pas dans le sens sexuel. Dans le sens qu'il devrait regarder sa meilleure amie embrasser un autre gars, sans rien pouvoir y faire. Gal fronça les sourcils. Si une telle chose arrivait, ne devrait-il pas plutôt être content pour elle ? Content qu'elle soit en couple, content qu'elle ait trouvé l'amour. Pourtant, Galahad n'arrivait pas à avaler le morceau. Delilah en couple... Non, décidément c'était trop étrange. Non pas que ça soit impossible ou incroyable, la brunette était magnifique et adorable. Mais... Mais quoi ? Il ne savait pas trop. Leur petite querelle lui brouillait l'esprit, assurément.

« Tu as sans doute raison, » admit-il finalement. Il ne savait pas quoi dire de plus, puisqu'elle avait raison de toute façon. Inutile d'en rajouter une couche. Il finir par s'excuser de façon maladroite. Et encore, il ne s'était pas vraiment excusé. Il s'était surtout trouvé des excuses à son comportement a) étonnant b) louche c) jaloux d) toutes ces réponses. Attendez, jaloux ? Jaloux, lui ? Non. Quand même pas. Gal refoula cette pensée au fond de sa tête. Il n'était pas prêt à analyser les conséquences de cette dangereuse pensée et ce qu'elles impliquaient. Le jeune homme coula un regard à sa meilleure amie, ignorante de la tempête de pensées qui déferlait dans sa tête. Il ne savait plus quoi penser. Il observait ses larmes couler sur ses joues. Il n'aimait vraiment pas la voir pleurer, la voir souffrir. Et le pire, c'était que c'était de sa faute. Sa faute, merde. Et le Prix du Plus Grand Con de la Terre est remis à... roulements de tambour, Galahad Atlas Rosenbach, félicitations, gros con !

Au moins, elle ne lui en voulait pas. S'il pouvait se fier à ce qu'elle lui disait. Elle pouvait très bien cacher sa colère ou sa tristesse pour ne pas qu'il s'inquiète. Ou pas. Elle savait qu'elle n'avait pas à se cacher devant lui, pas vrai ? Putain, il avait l'impression d'avoir créer un froid avec cette stupide dispute. S'il pouvait se donner un bon coup de poing dans la gueule, il l'aurait déjà fait. « Il n'y a pas de quoi, c'est la moindre des choses après avoir agi comme le dernier des cons. Je ne sais pas ce qui m'a pris. » Non, il ne le savait pas, il n'était sûr de rien… mais il avait une petite idée sur la question, en tout cas. Mais tant qu'elle ne lui poserait pas la question directement, il se la bouclerait. Il n'avait pas envie de se mettre dans l'embarras encore une fois ce soir. Une fois suffisait amplement, merci bien.

Lorsqu'elle le serra contre elle et qu'elle l'embrassa amicalement sur la joue, il soupira de contentement en lui rendant le câlin, en humant son odeur. Ses mains s'attardèrent un peu sur sa taille, puis il se recula. Pour l'instant, tout était redevenu comme avant. Pour l'instant, il pouvait prétendre que ce problème était derrière eux. Oui, car il avait la forte intuition que ce ne serait pas la dernière fois qu'il serait méfiant envers un mec qui s'approcherait de trop près de Delilah. Comme on dit, une fois n'est pas coutume. Mais il verrait en temps et lieu. « Je suis bien d'accord. De quoi veux-tu qu'on parle ? » s'enquit-il avec un sourire. Il ajouta, malicieux : « C'est toi qui choisis, honneur aux dames. » Quel gentleman, ce Gal.