Il était prêt. Il portait son t-shirt de Game of Thrones, celui avec des dragons dessus, qu'il s'était procuré la semaine dernière ainsi que des shorts. iPod en main, une oreillette enfoncée au creux de l'oreille, l'autre pendant sur son torse, il était prêt. Mais, car bien sûr il y avait un "mais", tout aussi prêt qu'il était, il ne pouvait se mettre à courir puisqu'il devait attendre pour cela une certaine demoiselle. Ariadna, son amie des sports. Tout comme lui, le sport était pour elle un besoin vital et ils se donnaient régulièrement rendez-vous pour des matchs amicaux de badminton, de tennis ou tout simplement pour des séances de jogging pendant lesquels ils papotaient de tout et de rien. Cependant, Ariadna n'était pas là, et ce malgré qu'il était déjà quinze heures et demi alors qu'ils avaient convenu de se rejoindre à l'entrée d'un petit parc tranquille à quinze heures très précisément. C'était très bizarre. Et embêtant, c'était le moins qu'on puisse dire. Gal lui avait envoyé quelques sms et avait même essayé de l'appeler, mais en vain. Aucune réponse de sa part, c'était le néant. Comme si elle l'avait oublié, rayé de sa vie.
Les bras croisés, il finit par se laisser tomber sur un banc de parc vacant, une moue imprimée sur le visage. Il était un peu inquiet, mais aussi mécontent de ce retard. Surtout que ce n'était pas la première fois qu'elle prenait tout son temps pour se pointer. Et pourquoi, là était toute la question. Elle était tellement... secrète. Muette sur son passé, quasiment aussi sur ses sentiments. Il appréciait sa compagnie, mais avait la désagréable impression de ne pas du tout la connaître. Une étrangère, voilà ce qu'elle était. Pourtant, il aurait adoré pouvoir la considérer comme son amie, seulement, le pouvait-il lorsqu'elle n'agissait pas vraiment comme telle ? Car enfin, une amitié ne peut pas aller qu'en sens unique. Il se disait qu'un jour, il faudrait bien qu'il le lui fasse comprendre, n'importe comment. Et ce jour n'était peut-être pas si loin que ça. Car son retard d'aujourd'hui était un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il regardait autour de lui. Des passants qui promenaient leurs chiens, des coureurs qui haletaient comme des chiens. Mais pas d'Ariadna à l'horizon. Il soupira, toujours assis sur son banc. Quinze heures trente-cinq. Elle dépassait vraiment les bornes, celle-là. Si elle n'était pas là à quinze heures quarante-cinq, il partirait à la course sans elle, voilà. Tant pis pour elle. Et il la bouderait jusqu'à ce qu'elle lui explique ce qu'il se passait. Bouder, c'était peut-être puéril, mais il s'en moquait. Il s'en était toujours moqué, parce que ça marchait, au moins. Avec ses parents, avec tout le monde. Probablement aussi avec Ariadna.
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