homeward bound ☆ Lyra

Elle avait 10 ans. Elle regardait le monde par la fenêtre, derrière des lunettes bien trop grandes pour son fin visage. Ses cheveux blonds encadraient celui-ci tandis que les enfants courraient et rigolaient. Sans se douter qu'un regard les suivait, une moue enfantine plantée sur ses lèvres. Les rejoindre, c'est tout ce que Lyra souhaite. Courir, sauter, tomber. Rigoler, sourire et bouder. Tout ça, c'est du passé. Mais l'a telle déjà connu ? La blonde n'arrive clairement pas à se souvenir d'un jour où elle n'a pas été entourée de ses deux gardes du corps bien trop imposant. Rufus et Kentin. Mieux connu sous le surnom "Pinky and the Brain", attribuée gentiment par Lyra. Plus ou moins. Ses mains glissent sous son menton et s'applique dans une position confortable. Lyra s'approche un peu plus de la fenêtre et la vitre lui renvoie son image. L'image de son unique compagnon de jeu, elle-même. Ricanant, Rufus lance nonchalamment une boule de papier sur Kentin qui se contente de soupirer. Des vrais enfants. Mais trop grands. Et payés par son père. Elle s'en est rendu compte petit à petit qu'ils n'étaient pas là pour jouer ou rire avec elle. Ils étaient là pour la garder à l'abri du monde extérieur. La fillette qui rêvait d'aventures et de découvertes se retrouvant piégée dans une emprise dont elle n'a pas encore compris le sens. Prise au piège entre les mains d'un père qui l'a oublié, comme il a oublié sa mère. Leur mère. Ne l'ayant jamais connu, sa tristesse n'a atteint son apogée qu'au moment où son père a choisi de la retirer de l'école. De faire d'elle une véritable prisonnière. Elle avait peur mais Lyra ne peut rien faire, ne peut rien dire, seulement subir et attendre. Qu'un jour peut être, tout s'arrête. Que la blonde redevienne une enfant. Pas seulement dans ses rêves.

Regarde moi ça ! T'as triché, comme d'habitude ! Reviens ici ! Elle a 16 ans. Ses lunettes sont toujours trois fois trop grandes pour son visage, elle a toujours ce doux sourire au coin des lèvres. Mais ses yeux sont éteints. La plupart du temps, quand elle reste coincée entre ses 4 murs, à écouter la mélodie du silence se mélangeant avec sa respiration. A noter chaque fissures, chaque tapisseries qui ornent les murs. Quand le bruit de ses pas résonnent et lui donnent l'illusion de traverser le hall d'un lycée. Son coeur est lourds de regrets, de rêves inachevés mais son sourire ne quitte pas ses lèvres. Seules les apparences comptent et son père n'apprécie pas ce qu'il pourrait trouver sur le visage de sa fille cadette. Face à lui, sous son regard inquisiteur et derrière son bureau de marbre, Lyra ne sait jamais où se mettre, écoutant cette voix neutre et implacable lui dictant sa conduite, lui donnant des ordres et oubliant jusqu'à son anniversaire. Qui est aujourd'hui même. La blonde court après la grande silhouette qui s'éloigne, un rire résonnant sur son passage. Sa robe de couleur bleu roi virevoltant autour d'elle comme un voile, sa course est arrêtée par les bras bien trop musclés de son grand frère qui la tient en l'air comme si elle n'était qu'un vulgaire moustique. Ses yeux bleus plongent dans ses orbes si semblables aux siennes et chaleureuses et ils rigolent. Comme un seul être. Ils ont joués à un jeu de combat et il a gagné, encore une fois. Lyra n'accepte jamais l'échec. Surtout quand il s'agit de son frère. Elle lui sourit et agrippe ses épaules quand il la dépose sur le sol. Avouez-le, Capitaine Kirk, vous êtes définitivement, un TRICHEUR ! Ponctuant ses paroles par un doigt inquisiteur planté dans son torse et un sourire en coin, Lyra le regarde garder ce sourire qu'elle aime tant tandis qu'il se passe une main dans ses cheveux bruns. Désolé Spock, il faut croire que vous avez perdu votre capacité à me battre dans n'importe quel domaine ! Ils sourient et s'éloignent l'un à côté de l'autre. Lui qui a toujours accepté cette vie, une part que la blonde ne comprend pas, il a ce sourire secret qui cache tant de choses. Et dans ce sourire, elle y voit bien plus qu'un secret. Lyra y voit son avenir.

Il pleut mais c'est sans importance. Son regard glisse sur la chaussée et le monde qui passe à ses côtés, sans prêter attention à la jeune femme plantée au milieu de la chaussée, trois valises autour d'elle, des larmes sur les joues. Elle a 21 ans et ses yeux viennent pour la première fois d'apercevoir un taxi. Elle vient de prendre l'avion pour la première fois et entendre l'accent Anglais qui l'intrigue tant. Lyra les regarde et pleure. Encore une fois, ses larmes touchent un sol qu'elle foule pour la première fois. La voilà à Londres, seule. Seulement accompagnée de ses valises qui pèsent bien plus lourd maintenant que la blonde est seule pour les porter. Les paroles de son frère résonnent encore dans ses oreilles quand celui-ci la conduisait à l'aéroport, une tension palpable dans l'habitacle de la voiture. Je fais ça pour toi, Lyra, pour nous. Vis ce que je n'aurai jamais, apprend ce que je ne saurais. Je ne supporte pas l'idée de te voir disparaître sous les plans de notre père. Vas-t'en et laisse tout derrière toi. Même moi. Ses poings se serrent autour de sa valise et ses yeux s'ouvrent en grand, se rendant compte d'un détail plus ou moins important. Ouvrant son sac, la jeune femme en tire un portefeuille bien vide, ne contenant que quelques livres pour lui permettre de prendre un taxi et réserver une chambre une nuit. Oups.

Miss Riddle ? Pouvez-vous me rejoindre rapidement ? ; Tout de suite, Mr Powell. Son regard reste quelques instants sur l'écran où la page de discussion reste ouverte, son nom n'étant pas encore en ligne. Elle soupire et se relève de sa chaise de bureau, plaçant correctement sa robe orange et faisant claquer ses talons noirs jusqu'à la porte de son bureau. Celui-ci, très concentré, regarde l'écran de son ordinateur comme s'il voyait un extraterrestre. Se retenant de rire face à sa réaction, la jeune femme s'approche de lui et prend le problème en main. Ses mains virevoltent sur le clavier, réglant le problème en moins de temps qu'il fallait pour lui de finir sa tasse de café. Son patron, PDG d'une grande multinationale, n'a jamais su se servir des ordinateurs. Le genre à télécharger n'importe quel logiciel et se retrouver avec des virus pullulant sur son écran. Elle soupire et sourit, ses poings se soulevant dans les airs en signe de victoire. Que ferais-je sans vous, Miss Riddle ? Vous êtes une réelle sauveuse. Rigolant et rougissant sous son compliment, Lyra se relève dignement. Il n'y a pas de quoi, vraiment, c'était enfantin pour moi. Il fallait seulement... Enfin, il ne vaut mieux pas se lancer dans les détails, on en aura jamais fini sinon ! Vous avez encore besoin de moi ? ; Non, merci encore ! Mon rendez-vous de 15h est sur le point d'arriver, j'espère qu'il ne sera pas en retard cette fois ! Sur ses paroles, il lui permet de rejoindre son bureau, Lyra fronçant les sourcils à l'arrivée de son "rendez-vous". Aussi professionnel que la jeune femme puisse être, cet homme la révulse. Aussi confiant, fier et hautain qu'il en a l'air, il n'en est pas moins pire en réalité. Le représentant d'une entreprise rivale avec ses beaux costumes à 1000 livres, sa démarche assurée et sa mâchoire à en faire rêver. La jeune femme se donne une gifle et ses yeux se portent sur l’ascenseur qui s'ouvre face à elle, révélant l'homme qu'elle redoute tant, un sourire aux lèvres. Il s'approche, Lyra refusant de relever la tête de son écran avant qu'un toussotement ne l'oblige à se parer d'un faux sourire. L'homme la scrute de son regard mélangeant moquerie et amusement. Miss Riddle ? Pouvez vous prévenir Mr Powell que je suis là ? ; Bien sur Mr Wayne. S'emparant de son téléphone, la jeune femme se concentre sur sa manucure, une belle French manucure recouvrant ses ongles. Il finit par prendre le chemin du bureau de son patron après son appel, Lyra soupirant de soulagement sous la perte de ce regard bien trop perçant. Les pas cessent soudain et son coeur rate un battement. Au fait, jolie robe. Elle s'accorde à votre teint à la perfection. Un clin d'oeil, un sourire en coin et il disparait dans le bureau, la laissant la bouche entrouverte, les joues rosés et le coeur à la dérive. Sa main trouve le chemin vers son visage avec aisance et elle se surprend à s'insulter mentalement et à haute voix. Ses yeux reviennent sur son écran, fixant l’icône absent avec anxiété, espérant qu'il reviendra, qu'il lui reviendra rapidement pour lui permettre d'oublier cet arrogant mais tellement sexy représentant.