Don't cry, no tears around me ♫ Jay Young

Londres, c'est comme pour les autres grandes villes. Quand on habite à quelques minutes voir une heure, une heure et demi de la capitale, on dit "J'viens de Londres !". Mais en fait, pas vraiment. Du coup, les gens ne savent pas forcément qu'on met un temps fou à se déplacer jusqu'à la ville. On nous prend pour des condescendants, à nous voir arriver en retard en cours. C'était mon cas, lorsque j'étais à l'université. Mais finalement, un jour, une fille a prit la peine de me demander si je faisais exprès de rater le début des cours magistraux. Cette fille, je suis sorti avec elle. Parce que je suis comme ça : Si on s'intéresse à moi, tant mieux. Sinon, je ne suis pas quelqu'un de gênant. Je suis plutôt sympa. Pourquoi ? Parce que je ne me prends pas la tête tout simplement. Je ne me suis jamais prit la tête.

Je suis l'aîné d'une famille de trois enfants en tout, alors je suis bien content d'être quelqu'un d'aussi calme. On a besoin de calme, surtout quand on est le frère aîné d'une paire de jumeaux de huit ans de moins que nous. Ah au fait, moi c'est Jay, Jay Pitt Young. Comme mon père. Mon père s'appelle Pitt et c'est un ouvrier abîmé par le travail de chantier, mais un sacré bosseur, car le boulot, ça finit souvent par payer. Il est devenu par la suite chef de projet, dans des constructions nationales. Un métier pas facile, on a connu des temps difficiles, financièrement parlant quand j'étais gosse, mais dans l'ensemble on a toujours eu ce qu'on voulait. Parce que mon père n'a pas arrêté de travaillé lorsque ma mère, Linda, est tombée malade. Cancer de la thyroïde. Mes frères étaient petits, alors je devais aider à la maison. Les devoirs de mes frangins, mes propres études, et la maison aussi, histoire que mon père ne soit pas débordé en rentrant.

C'était dur, et en soit, ça m'a fait grandir plus vite. Le sens des responsabilités, on me l'a imposé à partir de mes quatorze ans. Ma mère s'est battue. Longtemps. À mes dix neuf ans, alors que j'entrais à l'université, ma mère a arrêté de se battre. Et ça c'était le pire. Mes frères ont jamais vraiment comprit à quoi tout ça avait servit, puisqu'à la fin, elle était morte quand même. Je leur ais répété un million de fois qu'elle a fait tout ça pour espérer un jour guérir et pouvoir continuer de s'occuper de ses enfants. Mais elle n'a pas réussit. Je pense que mes petits frères, Phil et Sam, lui en ont voulut pendant un moment. Le temps que la douleur s'estompe. Du coup, vu qu'il n'y avait que mon père pour subvenir à nos besoins, j'ai décidé de me débrouiller pour les études. Pas d'appartement d'étudiant à Londres, pas de colocations. J'avais tellement la pression du manque d'argent que j'en ai raté mon permis bizarrement, deux fois. Je travaillais l'été pour me payer mes études et pour pouvoir gérer mes dépenses tout seul. Ça, mon père s'en est bien rendu compte, et m'a toujours dit que j'étais courageux. Que je l'aidais en faisant ça. De toutes façons, c'était une façon de faire comprendre que la mort de ma mère n'avait pas été inutile. Elle m'avait permise de devenir quelqu'un de responsable et d'indépendant. De toutes façons, depuis gosse, j'avais toujours trouvé chaque vie importante. C'est peut être ce qui explique mon choix de m'embêter à aller étudier à Londres. Pourquoi Londres ? Le musée d'Histoire Naturel, et ma passion sans limite pour la paléontologie. Cambridge de toutes façons, c'était beaucoup trop cher pour nous. On pouvait pas se le permettre.

J'suis un type de la classe moyenne, et je le resterais probablement toute ma vie. J'ai finit mes études. J'ai maintenant trente et un ans, et j'ai décidé de m'installer enfin à Londres, pour commencer enfin à vivre ma vie pleinement. Bien sûr, la famille pour moi, c'est super important. J'ai besoin d'avoir mes proches au téléphone, souvent, y comprit mes deux monstres de frères. Mais au moins, avoir mon appartement me laisse le temps de me consacrer à ma vie privée, de consacrer plus de temps à mes amis, et pouvoir peut être enfin me caser avec une fille bien. J'me prends pas la tête...