i've had enough, of the dreadful cold and from the flames, appears salome (lennon)

« Lenny, petit chieur, rends-moi ma gameboy ! » Kit, le troisième enfant des Haggerty, courait après son petit frère -qu'il qualifiait la plupart du temps de "petit chieur" ou de "résidu de fausse couche"- à travers la maison, suivit par Dobby, leur nouveau labrador. « Jamais ! La mienne est cassée. » « C'est de ta faute si elle est cassée, rends-moi la mienne ! » « C'est pas vrai, menteur ! » Malgré les apparences, Lennon et Kit s'entendaient plutôt bien. La plupart du temps en tout cas. Etant les deux petits derniers de la famille, ils complotaient souvent ensemble contre leurs aînés et montaient des plans pour leur rendre la vie dur. Un jour par exemple, ils avaient remplacé le shampoing de leur sœur Ollie par du décolorant -elle avait eu droit à un joli jaune pisse et n'était pas allée en cours jusqu'à ce qu'on lui fasse une couleur- ou encore, ils avaient changé le sandwich aux rillettes de leur frère Blaise par un sandwich à la pâté pour chien. Ça n'avait fait rire personne, sauf eux naturellement. Lennon n'était pas réellement ce qu'on pourrait appeler un sale gosse, il aimait juste beaucoup embêter les gens, et venant d'une famille de quatre enfants, il faisait tout ce qui était possible pour qu'on le remarque un minimum -et ça marchait très bien.

Si Londres lui manquait ? Bien sûr que Londres lui manquait. C'était sa ville. L’Angleterre, son pays. Et voilà qu'ils se retrouvaient tous à Paris. Une ville inconnue, un pays inconnu, une école inconnue. Lennon connaissait tout le monde à Londres, de la petite vieille qui vendait des clopes, aux clodos de sa rue. Il était né là-bas, avait toujours traîné avec les mêmes gens, ici il ne connaissait absolument rien ni personne. Après le départ de son mari, la mère de Lennon avait voulu changer totalement de vie et avait décidé sur un coup de tête de retourner en France. En embarquant, bien sûr, tous ses gamins. Aucun des enfants Haggerty n'étaient contents de déménager. Ils aimaient tous profondément Londres, se voyaient faire leur vie là-bas, y élever leurs gamins, mais leur mère avait, encore une fois, été égoïste.

Ça faisait maintenant deux ans qu'il était retourné en Angleterre et habitait à Londres. Après que sa mère l'ait foutu dehors sans rien de plus qu'un sac contenant ses quelques affaires, il avait vécu quelques semaines dans le métro de Paris, volant pour pouvoir manger. Il avait ensuite réussit à trouver un petit job et avait économisé pour se trouver un minuscule chambre dans Paris. Puis il avait rencontré Liz. Liz, pour lui c'était la fille parfaite. Elle était magnifique, il ne voyait plus qu'elle. Il aurait tout fait pour Liz, même crever. Mais elle le tuait à petits feux, tout le monde le disait, elle était tout sauf bonne pour lui. Il a mis du temps à s'en rendre compte, et ils se sont même mariés, mais il a fini par réaliser. Liz elle était pas faite pour lui. Elle l'aimait oui, mais Liz elle aime pas comme les autres. Elle le trompait régulièrement, mais pour elle c'était normal. Un jour il en a eu marre, a demandé le divorce et s'est cassé. Ça va faire quatre ans qu'il n'a plus eu de nouvelles d'elle. Peut-être qu'elle a trouvé quelqu'un d'autres, peut-être qu'elle est morte à cause de la coke. Ça l'étonnerait même pas.

« Donc, elle a porté plainte pour harcèlement. » « Je vois. Assez commun, ça arrive très souvent. Et, est-ce faux ? » « Bien sûr que c'est faux, ça serait même plutôt elle qui m'harcèle pour que j'accepte un rendez-vous. Malheureusement pour elle, j'ai une certaine préférence pour les hommes. Beaucoup de personnes pourraient témoigner, le problème étant qu'elle a de l'argent et des connaissances pour corrompre le juge. Pas moi. » Cette connasse de Mindie, une fille de se promotion à la fac, avait porté plainte contre lui la semaine dernière après qu'il ait refusé un énième rendez-vous avec elle. Cette fille était complètement folle. Tous ses ex le disent. « C'est pour ça que j'ai fait appel à vous, Mr. Hodgkins. Je suis totalement ruiné maintenant, mais on m'a dit que vous étiez le meilleur. Mais vraiment, j'ai dû faire un crédit et ça m'emmerde bien. » Raphael Hodgkins eu un léger sourire face à la franchise et la spontanéité de son client. Oui, il était un des meilleurs, si ce n'est le meilleur, mais oui, il était très cher. « Bon. Très bien, je vais prendre votre cas. » Lennon le fixa quelques instants, l'air totalement perdu. Il ne pensait pas que Mr. Hodgkins accepterait de prendre son cas ; après tout, il devait pouvoir en trouver des biens plus intéressants, mais Lennon avait réellement besoin de lui. Mindie pourrait facilement lui pourrir la vie et il s'était déjà assez démerdé pour s'en sortir, alors ce n'est pas une petite connasse dans son genre qui allait tout détruire. « Sérieusement ? Oh bordel. Merci. »

Ça faisait maintenant plusieurs semaines que Lennon et Raphael travaillaient ensemble sur le dossier, essayant de rassembler le plus de personnes possible pour témoigner contre Mindie. Lennon essayait de passer au moins un soir par semaine à l'appartement de Raphael -le sien étant toujours occupé par son abruti adorable colocataire. Jusque là, Raphael avait toujours commandé à manger, mais ces derniers jours Lennon avait commencé à cuisiner, n'en pouvant plus de la bouffe commandée. « Sérieusement, ça t'arrive de manger de la vraie nourriture ? » « Je n'ai pas le temps de cuisiner. » « Oh, je vois. Monsieur ne sait pas cuisiner mais préfère dire qu'il a des choses plus intéressantes à faire plutôt qu'apprendre à faire à manger. » Raphael ne répondit rien mais sourit légèrement, ce qui confirma les doutes de Lennon.

Lennon devait l'avouer : oui, il aimait bien Raphael. Du genre, bien... beaucoup bien. Mais Lennon avait vingt-quatre ans et Raphael, si sa mémoire était bonne, approchait des trente-sept. Certes, il aimait les hommes un peu plus âgé, mais là... Et puis Raphael était avocat, Raphael était riche, Raphael ne venait pas du même monde. Si Lennon n'était pas en colocation, il ne pourrait pas payer le loyer tous les mois, ni même manger correctement tous les jours. Et il aurait été obligé d'abandonner son chat Rory, ce qui était totalement inacceptable. Pour faire court, Lennon était persuadé que Raphael ne voudrait jamais de lui. Abruti.

Un jour, Jude lui avait dit « Non mais sérieusement, tu couches avec ? Parce que t'es tout le temps chez lui, on te voit plus. Rory s'inquiète tu sais. Alors si tu couches pas avec, je comprends pas. » Lennon lui avait dit d'aller se faire voir. Néanmoins, les paroles de son abruti adorable meilleur ami l'avaient fait réagir. Était-il si souvent que ça avec Raphael ? Après tout, ils étaient passé au jugement depuis trois semaines et avaient gagné -suite à quoi, ils étaient allés au restaurant, histoire de fêter ça- et ils se voyaient pourtant toujours autant. Lennon se trouvait des excuses bidons, du genre "Je vais y aller ce soir juste pour vérifier s'il a mangé." mais il restait pourtant plusieurs heures chez Raphael et ne rentrait chez lui que très tard dans la nuit. Il avait aussi remarqué les petits gestes que l'avocat avait envers lui, comme les effleurements de leurs mains/épaules/ou autres parties du corps (pas cette partie, bande de dégueulasses) de plus en plus fréquents, le fait qu'il se rapproche de lui jusqu'à le toucher quand ils regardent la télévision ou encore cette fâcheuse habitude qu'il a de voler des trucs dans son assiette quand il a fini la sienne. Se pourrait-il qu'il y ait plus que ce qu'il ne pense entre eux ? Bordel. Putain de bordel. Et foutu Jude.