Amalia | Mes sentiments ne trouvent pas à se développer dans les mots

« Everything's okay »

« Je vais bien. » Voilà la réponse qu'elle donnait tout le temps. Et c'était la seule réponse qu'elle donnait puisque c'était généralement la seule réponse qu'on voulait entendre. Ainsi même lorsque la haine, le doute et la douleur la rongeaient, et, qu'il ne suffisait que d'un petit rien pour que tout son monde explose, elle esquissait ce petit sourire en coin qu'elle accompagnait de sa psalmodie. Trois petits mots, dans lesquels elle mettait tant de ferveur qu'elle y croyait parfois elle-même. Oui , « Je vais bien » était la seule réponse qu'elle donnait, attendant naïvement le jour où une personne ne se contenterai pas de cette réponse. Le jour où une personne ne se laisserai pas duper par cette réponse machinale. Et il  fut cette personne. Contrairement aux autres, il ne lui demanda pas comment elle allait mais il se contenta simplement de s'asseoir à côté d'elle en silence. Tout son être appelait au calme et au réconfort et alors, elle comprit qu'il était peut-être cet celui qu'elle avait toujours attendu, pour enfin oser dire « Non, ça ne va pas... »

« He's one in a million

Elle se surprit à commencer à s'attacher à lui, à se demander si c'était la bonne ou la mauvaise personne. Ce qu'il pouvait bien penser d'elle et surtout si il pensait à elle, autant qu'elle pensait à lui. Elle avait peur que tout ne s'arrête d'un coup, puisqu'elle savait l'amour éphémère :elle avait finit par le comprendre à travers les milliers de livres qu'elle avait pu lire sur le sujet. Les plus plus belles histoires étaient généralement celles qui finissaient le plus mal et pourtant cela ne l'empêchait pas d'y croire. Lui,  était l'objet de prédilection de ses pensées : elle savait que dorénavant, il y aurait un "avant" lui et un "après". Le bonheur éprouvé à ne pas se prendre la tête lui semblait de plus en plus lointain. Elle s'en éloignait au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de lui.

« Detach from the past to reborn ? »

Il lui proposa de le suivre au bout du monde , et l'espace d'une fraction de seconde, elle sentit la terre se dérober sous ses pieds. Le monde proposait de s'offrir à elle pourvu qu'elle veuille s'en saisir. Et c'était tout ce dont elle avait toujours rêvé, la partie intégrante de ses désirs les plus inavoués : voir le monde autrement qu'à travers ses livres. Voyager aussi loin c'était bien plus qu'expérimenter une nouvelle manière de vivre, c'était la promesse d'un renouveau, d'une renaissance et ce avec lui.  Malheureusement, comme bien souvent : la réalité vint rattraper le rêve : elle ne pu se résoudre à laisser son père derrière elle. La perspective d'une nouvelle vie l'enchantait certes, mais pas au point de sacrifier son ancienne vie. Bien entendu, cela suggérait qu'elle le laisse aller au bout du monde sans elle. Ce qu'elle fit, mais non sans lui faire promettre d'appeler et d'écrire tous les jours. Une promesse qui fut tenue...du moins les premiers temps. Puis les appels se firent plus rares et les lettres aussi mais sans disparaître pour autant.

« The come-back »

Un an s'écoula avant qu'il ne marque son retour. Une année durant laquelle elle l'attendit. Elle savoura l'instant de le revoir, mais il semblait avoir changé. Il avait l'air distant, presque fuyant et ses yeux, ils ne brillaient plus lorsqu'ils se posaient sur elle. Elle crut d'abord à un effet de son imagination. Mais les jours passèrent et ses impressions s’avérèrent exactes : elle comprit alors qu'il n'était revenu que physiquement, et que son âme et son cœur étaient restés quelque part là-bas. La joie qui l'avait animée à l'idée de le revoir après tout ce temps avait laissé place à la douloureuse et implacable vérité : il n'était plus amoureux d'elle. Elle l'avait comprit rapidement, avant que lui même ne le comprenne ouvertement d'ailleurs. Et bien qu'elle fut trop fière pour laisser paraître sa douleur, elle ne l'était pas suffisamment pour partir avant que lui ne le fasse. Alors elle resta auprès de lui, acceptant l'idée douloureuse qu'ils n'auraient bientôt plus de suite. Elle avait peur et mal; mais cela ne fut rien à côté du vide qui lui explosa littéralement au visage, le jour où le couperet tomba. « C'est fini » avait-il dit. Elle, était restée silencieuse. Elle avait peur qu'il ne parte et maintenant qu'il était parti, elle avait encore plus peur. Elle resta figée, le coeur planté dans le ventre et dans la gorge. Elle ne voulait pas qu'il entende : c'est toujours effroyable le bruit d'un coeur qui se brise. Elle eut l'impression soudain d'être une alpiniste à qui on venait d'enlever la paroi de la montagne à laquelle elle était accrochée. Même préparé, c'est toujours un coup sec le moment où ça lâche. C'était exactement ce qui lui était arrivé : la montage s'était dérobée et elle était partie à la renverse sans pouvoir se rattraper à rien.