Adriel Theïs Greggson ►Ne buvez pas au volant ! Buvez à la bouteille !

Nous vous demandons un minimum de 500 mots pour votre histoire. Vous pouvez la présenter de la forme que vous le désirez (extrait de journal intime, RP, rendez-vous chez un psychologue, interview, ect...).
   

Je faisais parti des 108 879 habitants il y a 23 ans à Cambridge. 80 km au nord de Londres. C'était le bon vieux temps. Le temps où je me faisais chouchouter, où je n'avais qu'à crier pour qu'on me donne ce que je voulais. Le temps de l'innocence, de l'insouciance, des femmes qui courraient à moi, et se penchaient au-dessus du landau pour voir comme j'étais beau. J'étais bercé, déjà, dans une douce arrogance et je savais que si je souriais en gazouillant, les copines de ma mère s'exclameraient de tout un tas de compliments pour moi, et me prendraient chacune leur tour pour m'écraser le visage contre leur poitrine en me câlinant. Ce doux moment que mon cerveau de bébé ne se souviendra guère qu'au travers de clichés pris pour immortaliser l'instant. Si seulement j'avais pu en profiter mais j'étais là qu'un enfant. Un nourrisson. Que des parents gâteux s'occupaient jour et nuit ne me laissant pratiquement pas dormir de peur que, dans mon sommeil, je ne cesse de respirer ou que, dans ma chambre, je ne me volatilise entre mes peluches et mes coussins. Une mère inquiète pour moi, toujours, sans cesse, me couvant même parfois un peu trop et un père un peu plus laxiste qui ne pensait qu'à me faire faire des bêtises pour avoir le rôle du bon copain. Parce que dans tout couple, un des parents aiment être plus apprécié que l'autre pour son enfant. C'est ainsi que je savais qu'avec mon père j'aurais cette complicité que je n'aurais pas avec ma mère. Pourtant, je les aimais tout autant l'un et l'autre. Ma mère avait cessé de travailler pour pouvoir s'occuper de moi quand mon père, lui, se contentait de travailler d'arrache-pied dans le transport pour ramener l'argent nécessaire à nous nourrir. Nous n'étions pas vraiment pauvre mais nous étions loin d'être riche. Les fins de mois étaient difficiles pour eux quand moi j'en profitais le plus, se sacrifiant pour toujours me contenter.


J'ai 4 ans. Quatre petites années et mon monde se voit chamboulé par l'arrivée d'un petit être. J'avais bien remarqué le ventre de ma mère s'arrondir et j'avais bien compris que ça n'était pas vraiment normal. Ma mère n'a eu de cesse de me répéter que j'allais avoir un petit frère et à défaut de me parler comme si j'étais idiot, je savais parfaitement ce qui m'attendait. Certes, je n'aurais plus l'attention exclusivement tournée sur moi mais j'étais devenu 'grand' et j'allais avoir de grandes responsabilités. Quand je l'ai vu pour la première fois, j'ai tout de suite aimé son regard. Comme si j'étais tombé amoureux de ce petit bout qui portait mon sang. Autant dire que j'ai tout de suite pris mon rôle de grand-frère très à coeur et je remplaçais maman à toujours vérifier qu'il aille bien, qu'il ne risque pas de se blesser, qu'il soit toujours heureux. Je refusais, par contre, de lui changer ses couches ou même de voir ses fesses sales. Pour moi, il n'y avait rien de plus dégoûtant. Passé ça, mon petit frère était pour moi l'amour de ma vie, la raison pour laquelle j'allais bien grandir pour toujours le protéger. Avec mon frère nous avons grandi soudés et complémentaires. Jamais l'un sans l'autre, toujours à s'entraider et, parfois, à s'entretuer quand nous n'étions pas d'accord. Bien que lui, soit bien plus doué à l'école que moi. J'étais fier de lui et c'est ce qui comptait. Il devint un adolescent vraiment beau et nous étions toujours là à nous donner des défis quant à la drague. J'étais vraiment un piètre dragueur et dans ce domaine, il excellait pendant que moi, je ramais. Liés comme les deux doigts de la main, il eut le coeur lourd de me voir partir pour Londres pendant que lui était obligé de rester à Cambridge pour continuer ses études. Il a des rêves que je n'ai pas ici et pour moi, il était temps de partir à l'aventure comme je l'ai toujours désiré, lâchant mon passé pour courir vers le futur. Bien entendu, il n'y a pas un jour sans que nous nous téléphonions ou nous contactions par textos.


Londres. Je n'ai pas trouvé plus belle ville pour débuter ma petite vie. Je pense, d'ailleurs, que c'est là que tout doit commencer. Je sais que je vais rentrer dans une belle galère, parce que je pars à l'aventure, que je n'ai pas vraiment beaucoup d'argent et, surtout, que je vais devoir trimer pour aller là où je désire me rendre. J'ai promis à mes parents de dormir à l'hôtel mais j'ai surtout envie d'économiser au moins pour pouvoir manger plus tard. Je ne vais donc pas à l'hôtel, mais dans un bar et me contente de faire connaissance avec quelques demoiselles. Mon charme opère. Je ne dormirais pas dans la rue cette nuit. Je n'aurais qu'à filer le lendemain matin venu après une bonne petite douche bien méritée. Et c'est ce qui se passa. J'avais rapidement disparu, le lendemain pour ne lui laisser aucune trace. C'est ainsi que je fis jusqu'à me trouver un premier job. J'avais le droit d'être logé si mon employeur me donnait un peu plus de travail à faire, ce que j'acceptais bien évidemment. Je travaillais donc dans un bar où une chambre m'était attribuée. Avec l'argent mit de côté, je pouvais me prendre un petit appartement qui ne payait pas de mine, mais dont le loyer n'était pas trop élevé. Et là j'ai commencé à profiter un peu de Londres parce que, jusque-là, je n'en avais pas vraiment profité. Je commençais à me faire des potes, les sorties s'enchaînèrent, je perdais mon premier emploi après avoir manqué 3 jours de boulots sans explication. Franchement, me faire virer avait été mérité. J'enchaînais d'autres boulots avec autant de 'sérieux'. Et ça se passe pareil même maintenant. Je vis comme je l'entends sans vraiment me préoccuper du lendemain. J'ai décidé que j'étais le seul maître de ma vie et que je ne pourrais m'en prendre qu'à moi-même si je finis par échouer. Pour l'instant je n'y pense pas. Je veux vivre et même si ça doit comporter tous les aléas de la vie.