I loved you, I love you; I always have & I always will Je me souviens de la première fois que je l'avais vu, le sentiment qui s'était emparé de tout mon corps quand son regard s'est ancré dans le mien. Mon coeur avait fait un bon dans ma poitrine, avant de rater un battement et de battre à nouveau dans un rythme incontrôlé. Je me souviens aussi de la chaleur entre mes hanches, une douceur intense qui remontait doucement dans mon dos, éveillant des frissons le long de mon échine. J'étais restée scotché sur place, n'écoutant même plus ce qu'une de mes amies me racontaient. Nous étions tous invités à l'ouverture d'une galerie portée sur la sculpture, les pièces étaient magnifiques et si elles n'étaient pas si hors de prix, j'en aurais volontiers acheté une, surtout celle que je contemplais depuis l'autre bout de la pièce. Je m'étais excusé, prétextant le besoin d'aller chercher un verre de champagne pour m'approcher de l'œuvre d'art en question. C'était le buste en fil de fer d'une femme nue, étirant au loin ses bras, tout cela dans une posture dramatique. Je faisais le tour de la statue tout en observant chacun des contours du fil. Bien entendu, j'avais l'inconnu dans mon champ de vision, le regardant du coin de l'œil se diriger doucement jusqu'à moi. Il se posta en face de moi, l'œuvre entre nous.
« Qu'est-ce que vous en pensez ? » Demanda-t-il, tout en regardant le travail méticuleux qui avait été fait.
« C'est magnifique et si cela ne coutait pas une petite fortune, je l'aurais surement acheté. » Nous échangeâmes un regard pendant quelque instant, laissant le bruit autour de nous prendre place. Nous avions tous les deux compris ce qui se passait à cet instant-là, juste par un regard, juste par un sourire en coin. Mais je n'étais pas du genre à me donner aussi facilement. Alors qu'il tentait une approche pour effacer un peu plus l'espace entre nous, je me remis en marche, feintant d'observer une autre sculpture. Il ne tarda pas à arriver, se plaçant juste derrière moi. Son souffle caressait ma nuque, éveillant en moi mille et un papillons qui battaient frénétiquement leurs ailes. Il sentait bon aussi, un parfum frais et masculin qui embaumait l'endroit où nous nous trouvions. Sa bouche n'était pas loin de mon oreille alors qu'il prononçait tout bas quelques mots sur ce que nous étions censés regarder et son créateur. Je me mordis doucement la lèvre inférieure, un tic que j'avais à chaque fois qu'il était question de séduction. Je me retournais doucement, lui tendant la main pour les présentations.
« Calypso Winstead. » Lançais-je tout en le regardant droit dans les yeux.
« Jack, Jack X » répondit-il, tout en prenant ma main dans la sienne, ce simple contact entraîna mon cœur à rater un battement.
Ils ne nous avaient pas fallut longtemps avant de commencer à tomber pour l'autre, laissant nos sentiments s'exprimer au grand jour. Être avec lui m'apportait tellement de choses, d'abord beaucoup d'amour, il ne lésinait jamais avec ses preuves d'affection. Il y avait aussi des moments intenses durant lesquels Jack me faisait ressentir toute sorte d'émotions fortes et mélangées, je me découvrais alors et m'épanouissais telle une fleur sous le soleil du printemps. Nous étions complices avec toujours ce besoin d'être près de l'autre et de se prendre la main. Il était mon meilleur ami, mon confident, un parfait amant et surtout mon petit ami. On se retrouvait souvent à jouer comme des gosses, faisant une bagarre de mousse à chaque fois que nous faisions la vaisselle ou encore chassant l'autre à travers la maison pour le peinturlurer de terre glaise bien fraiche. Notre couple allait sur ses trois mois, toujours aussi pleins de rebondissements et de surprises. C'était l'après-midi, en plein milieu ou à la fin de la journée, je n'en avais aucune idée et c'était bien mon dernier souci. Nous étions en train apprécier d'être allongés sur le lit, collé l'un contre l'autre. Sa main passait le long de mon dos, caressant ma peau du bout de ses doigts, ma tête reposait sur son torse, là où, je pouvais entendre son cœur battre. Nous venions encore de courir après, les bras barbouillés de terre.
« On est bien ensemble, hein ? » Lança-t-il, brisant le doux silence de la pièce. Un grand sourire naquit sur mes lèvres à cette question.
« Je dirais même très bien. » Rétorquais-je, tout en relevant ma tête avant de déposer un tendre baiser sur sa bouche. Lentement et sans me quitter des yeux, il avait glissé sa main libre dans ma chevelure, mettant arrière une mèche qui me cachait les yeux.
« Je suis nul à ça, mais j'y vais. » Souffla-t-il, tout en fermant les yeux, un instant. Je le regardais jouant l'air curieux, même si j'avais déjà une idée de ce qu'il allait me dire.
« Je t'aime, Caly. » Cette simple phrase me fit devenir la femme la plus heureuse du monde.
« Attends, tu pleures ? » Ajouta-t-il paniqué devant ma réaction. Il se releva légèrement, complètement perdu devant moi.
« J'aurais dû me taire. » Tout de suite, je posais mes mains sur son torse, les glissant jusqu'à son cou.
« Non, non ! Surtout pas ! Ce sont des larmes de joie, Jack ! » Expliquais-je pour le rassurer. Soulager, il reposa la tête sur l'oreiller, passant sa main sur son visage avant de se relever à nouveau pour me faire face. Je ne l'avais pas quitté des yeux, même alors qu'il essuyait la dernière goutte sur ma joue.
« Je t'aime tellement... » Soufflais-je avant de prendre possession de ses lèvres et de l'embrasse, collant mon buste contre le sien.
La barre des trois ans était passée, les choses étaient vraiment sérieuses, il n'était plus question de petite amourette, mais d'une vraie relation. Vous savez le petit couple que vous ne retrouvez jamais l'un sans l'autre, que tout le monde trouve adorable et bien, nous en étions un. Jack savait tout ce qu'il y avait à savoir de moi, à part l'histoire de la secte. C'était juste impensable de lui en parler, j'avais bien trop peur de sa réaction, d'en parler avec quelqu'un autre que ma sœur jumelle ou mon ancien psy. En trois ans, j'avais réussi à contourner le sujet, mais quand votre petit ami veut tout savoir de vous, ce n'est pas très facile. Je faisais en sorte de lui répondre vaguement avant de changer la discussion, cela marchait assez souvent. C'était tout de même le bonheur entre nous, mais les choses ne restent pas toujours jolies.
« T'es sûr que ça va ? Tu n'as pas dit grand-chose de la journée. » Lança-t-il, alors que nous revenions d'un mariage d'un de ses cousins. Je fis un signe vague de la main avant de monter dans ma chambre, même en trois ans, nous vivions séparément, je me voyais mal quitter ma soeur, mais la demeure de Jack me faisait tout autant sentir comme à la maison.
« Caly, parle-moi. » Rétorqua-t-il, en me suivant. Et moi qui croyais qu'il allait rester en bas pour me laisser tranquille, je m'étais gourée.
« Je vais bien Jack. » Mentis-je, tout en me déchaussant, il fallait que je change de vêtements, que j'enlève cette robe.
« Je sais quand tu mens. Parle-moi, Calypso. » Il s'approcha de moi, dé-zippant mon habit, alors que je lui faisais dos. À force, il arrivait à prédire mes gestes et à lire en moi.
« Ta mère est une femme adorable et tu sais que je l'adore, mais elle a tendance...elle a tendance à vouloir pousser les gens. » Il cligna des yeux plusieurs fois avant de pouffer de rire, comme si ce que je venais de lui dire était une blague.
« Ce n'est pas marrant, Jack. Elle n'a pas arrêté de parler de mariage et d'enfant, en me regardant droit dans les yeux. » L'homme que j'aimais tant s'approcha de moi, déposant ses mains sur mes épaules, avant de m'embrasser sur le front.
« Ma mère est juste excitée d'avoir des petits enfants, un jour. » Mon visage se décomposa en l'entendant dire ça. Certes, je nous voyais mariés et propriétaires d'une jolie maison sur la bordure de Londres, mais il n'y avait pas d'enfant autour de nous, juste une tonne de chiens.
« Je ne veux pas d'enfant, Jack. » Soufflais-je, tout en me délivrant, j'enfilais une paire de jeans et un haut avant de lui faire face. Son visage était figé, ses sourcils froncés. Je savais que cette nouvelle allait faire l'effet d'une bombe.
« Je ne comprends pas, pourquoi ? » Je passais une main dans ma chevelure et gardais ma lèvre inférieure prisonnière entre mes dents pendant un instant.
« Je ne suis pas faite pour être mère, je ne veux pas tourner comme la mienne, faire sub- » Je m'étais arrêté en plein milieu de ma phrase, ne voulant pas en dire plus et donner plus d'information sur ma famille.
« Je ne peux pas, Jack. Ne cherche pas à savoir pourquoi, s'il te plait... » Je voyais bien qu'il commençait à s'énerver sur ce passé, que je gardais secret.
« J'ai le droit de savoir pourquoi, tu penses ça de toi. Tu es l'une des femmes les plus aimantes que je connaisse et je sais que tu serais une merveilleuse mère. Alors, pourquoi ? » Ce qui se passait à cet instant présent, c'était le début de la fin de notre histoire. Je secouais ma tête alors que des larmes commençaient à couler le long de mes joues.
« Je ne peux pas. » Il s'était levé du lit et dirigé jusqu'à moi, cherchant dans mes yeux pour découvrir la vérité.
« J'ai le droit de savoir Calypso. Ça fait trois ans, merde ! » Sans même le remarquer, je secouais ma tête encore plus rapidement avant de me défaire de son emprise, il fallait que je parte, les souvenirs noirs resurgissaient et l'empressement de Jack devenait si pesant.
« Je ne peux pas. » Répétais-je à nouveau avant de m'approcher rapidement de la porte.
« Tu sais que si tu passes la porte, c'est fini entre nous Calypso. » S'était-il exclamé d'un ton froid. Je mettais arrêtée net dans ma course, prenant un instant pour le regarder une dernière fois. Son regard était rempli de peine et d'incompréhension.
« Je suis désolée... » Je fermais la porte derrière moi et déambulais l'escalier avant de prendre la porte de m'enfuir loin.
Une autre porte ouverte dans une galerie d'art et bien entendu, j'étais invitée. C'était le genre d'évènement dans lequel, j'aimais bien me rendre. Le champagne était bon, les petits-fours délicieux et les oeuvres d'art souvent à couper le souffle. J'aimais m'entourer de ce petit monde, m'imprégner des toiles ou des sculptures et imaginer certaines dans ma demeure. Et puis, cette ancienne sensation se réveilla, l'effet de se sentir observer par quelqu'un en particulier. Il était là, je le savais tout comme je pouvais le sentir. Jack était derrière moi et me retourner n'avait pas été une mince affaire. J'avais pris une grande respiration avant de faire volt face et à peine avais-je posé mes yeux sur lui qu'ils s'ancrèrent dans son regard. Cela faisait maintenant un peu plus de deux ans que je ne l'avais pas vu. Après notre rupture, j'avais appris qu'il avait déménagé pour le travail, je ne pensais pas qu'il était revenu à Londres. Je lui offris un sourire auquel il répondit sans attendre.
« Bonsoir l'étranger » Lançais-je, alors qu'il était à peine à un mètre de moi.
« Bonsoir Caly. » C'était tellement bon de le prendre dans mes bras, de pouvoir sentir son parfum et de gouter à la chaleur de sa peau.
« Cela fait un bail qu'on ne sait pas vu.» Rétorquais-je, tout en lui souriant. Jack hocha de la tête avant de boire quelques gorgées de sa coupe de champagne.
« Deux ans. Qu'est-ce que tu deviens ? Toujours vétérinaire ? » Demanda-t-il sans me quitter des yeux. Ce fut à mon tour d'acquiescer de la tête et de boire mon verre.
« J'ai entendu que tu étais installé à Bristol » Lançais-je pour continuer la discussion, je ne voulais pas que cela s'arrête, c'était tellement bon de lui parler.
« Je suis de retour en ville, Bristol n'est pas vraiment fait pour moi. » Expliqua-t-il, tout en grimaçant légèrement. Je n'y avais jamais mis les pieds, mais pourtant, on m'en avait dit que de bonnes choses.
« Ca te dirait de boire- » Je m'étais arrêté de parler, Jack et moi venions de dire la même chose et à l'unisson. Je riais légèrement avant de déposer ma coupe vide sur une des tables.
« Avec plaisir. » Répondit-il avant de m'offrir son bras. Je passais le mien autour du sien et le suivis à l'extérieur. Nous étions toujours au bar alors que l'une des serveuses nous annonçait la fermeture.
Sur le coup, les deux étions surpris de voir que le temps avait passé à une vitesse folle, mais aucun de nous ne voulait que cela finisse pour autant, alors nous nous dirigeâmes à son nouvel appartement. J'y retrouvais une atmosphère familière, les meubles étaient les mêmes que dans mes souvenirs. Ce qui arriva quand il ferma à clef la porte d'entrée, je ne l'avais pas programmé, lui non plus je pense. Nous nous retrouvâmes à passer une nuit corps, contre corps, réveillant nos sentiments enfouis, mais qui ne s'étaient jamais effacés.