Oriane •• Just keep following the heartlines on your hand [TERMINEE]

Monégasques à l'ethnie asiatique. Comment est-ce possible ? Un simple mot pour justifier cela : l'adoption. En tout cas, c'est ce qu'il en est pour les jumelles Lefebvre. Deux petites filles... Que dis-je? Deux petits bébés nés à St. Luke's International Hospital à Tokyo, adoptés et emportés à l'âge de deux mois hors de leur pays d'origine. Ce jeune couple de monégasque ne pouvant avoir d'enfants, ont fait appel à la solution de l'adoption, tout comme la plupart des personnes dans leur cas. Ce ne sont pas les deux jumelles qui s'en plaindraient, aujourd'hui. Bien au contraire. Bien qu'éprouvant un amour filial sans borne pour ses parents, il est déjà arrivé à la petite Oriane de se questionner sur leur mère biologique se confortant par la même occasion au refus catégorique de Juliette d'en entendre un traître mot sur le sujet. Pour l'aînée des jumelles il n'y avait pas à pinailler dessus. Si leur mère les avait abandonnés c’était tout simplement qu’elle n’avait pas voulu assumer ce rôle et il n’y avait donc aucune raison de chercher à savoir qui elle était réellement. Il faut dire que les deux jeunes adolescentes avaient beaucoup souffert durant leurs années collèges des remarques déplacées de la part de certains de leurs camarades. Ces derniers ne cessaient de pointer les différences physiques évidentes entre les parents et les enfants de la famille Lefebvre. Sans doute est-ce de là dont venait la rancœur de Juliette pour leur mère biologique. Aussi Oriane, ne tenta plus jamais ne serait-ce que de l’évoquer.

Les réactions des jumelles face à ces brimades étaient bien différentes l’une de l’autre. Chose qui continuait à prouver qu’elles avaient des caractères opposés. Si Juliette répondait par la violence, déchainant la douleur affligeait par des mots à coups de poings, Oriane faisait tout pour rester calme et statique. Elle ne voulait pas répondra à tout cela et s’exerçait du mieux qu’elle pouvait à ignorer toutes ces paroles blessantes. Cela ne voulait bien entendu pas dire qu’elle ne souffrait pas. Au contraire. Au début,  la douleur était forte allant jusqu’à lui tenailler le cœur et l’estomac à tel point qu’elle en avait la nausée. Elle faisait tout pour ne pas pleurer. D’un autre côté, tout cela lui aura permis de se construire une armure à tel point  qu’elle finit par ne plus leur prêter attention. L’hypocrisie des gens est dégoutante, surtout quand ceux qui vous critiquaient tant sur votre différence viennent vous tourner autour à peine quelques années après. En effet, au lycée les deux sœurs devinrent populaires. Elles avaient grandi et passaient de l’adolescence au stade de jeunes adultes. On ne pouvait clairement pas dire qu’elles étaient laides et du fait de leur origine, étaient pratiquement considérées comme des beautés exotiques. Car oui, le nombre d’asiatiques n’y était pas très élevé. C’était une sorte de revanche sur la vie et Oriane ne se gênait pas pour écarter de son entourage et des attentions qu’on lui portait, tous ceux qui autrefois l’avaient blessée. C’est aussi à cette période que leur passé et la question de l’adoption a cessé de les troubler. Petit à petit, les pièces du puzzle se mettaient en place et à chaque question, une réponse commençait à faire son apparition.

C’est vers la fin du lycée, qu’Oriane connue la joie du premier amour en étant invité par le garçon pour qui elle avait eu le béguin en fin de collège. L’un des seuls qui ne l’avait pas taquiné sur l’adoption à l’époque. Timide, elle n’avait jamais osé dire quoi que ce soit et c’était convaincu qu’un béguin n’était pas une raison suffisante pour imposer ses sentiments à qui que ce soit. Et oui ! Tout ça ressemble à la mise en place d’un contexte d’un drama sur les amourettes adolescentes. Si le jeune homme se dirigea vers l’école de commerce internationale de Monaco, Oriane se tourna avec sa sœur, vers une licence LLCE Anglais à la Faculté de Lettres de Nice. C’était une langue qu’elles maitrisaient déjà très bien. Tout allait bien pour la jeune femme. Amour, études, famille. A côté de la faculté, elles créèrent une chaine Youtube. Au commencement, c’était l’idée de Juliette qui voulait partager sa passion pour les jeux vidéo et particulièrement, ceux d’horreur. Ce qu’Oriane avait du mal à comprendre de ce côté-là.

Pour Oriane, cette période de sa vie a défilé vite. Bien trop vite. La deuxième année de licence, elles sont parties à Londres, pour ensuite revenir faire la troisième à Nice. Grâce au jeu sur Slenderman, leur chaine Youtube a explosé en popularité. Si la jeune brunette participait à ça, c’était uniquement pour faire plaisir à sa sœur. Sinon jamais elle n’aurait fait tout cela.  Bien entendu. Le bonheur ne perdure jamais longtemps dans une vie d’homme. Et sans des bas, on ne saurait pas ce que le mot « bonheur » veut dire réellement. Malheureusement, pour en comprendre le sens, certains le paie très cher. C’est ce que ressentit Oriane lorsqu’elle apprit pour le cancer de son copain. Au début, elle le vécut très mal, d’autant plus que ce dernier lui avait caché durant un certain temps. Le temps que cela dura, fut une agonie et elle ne quitta jamais le jeune homme faisant tout son possible pour le soutenir à chaque instant. Mais, point de solution miracle pour une fin heureuse dans ce scénario-là. Le jeune homme fut vaincu par sa maladie, tout simplement. Comme d’autres avant lui et encore d’autres après le seraient.  La jeune femme fut dévastée intérieurement, mais essayait de faire bonne figure. Le seul point positif était sa sœur qui était là pour la consoler et la soutenir dans ces moments douloureux.  C’est ainsi qu’à l’âge de 20 ans, Juliette les entraina toutes les deux vers Londres afin de s’y installer. De l’extérieur, on aurait pu croire à une lubie absolument pas sérieuse, mais Oriane savait que Juliette désirait l’éloigner de souvenirs encore trop douloureux et accorder un peu de repos à sa jumelle.  Assez vite, Oriane repris du poil de la bête et battit sa nouvelle vie dans la capitale anglaise, accompagnée d’un soutient infaillible qu’était sa sœur. Elles ont ouvert une petite boutique faisant office de café-manga qu'elles tiennent toutes les deux et ont mis beaucoup plus de temps et de travail dans leur métier de Youtubeuses, dont elles pourraient parfaitement vivre sans avoir à bosser pour joindre les deux bouts. La vie à Camden est paisible et Oriane a même tenté de recommencer une relation une fois, mais aucun des deux n’était vraiment prêt. Voici donc sept ans qu’elles sont dans cette ville. La jeune femme a en plus de son magasin, commençait à faire ses propres vidéos sur leur chaine Youtube. Comme quoi, qui vivra verra et tout arrive à point à qui sait attendre.