"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici TALK ft Azuria 2979874845 TALK ft Azuria 1973890357
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TALK ft Azuria

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() message posté Jeu 17 Juil 2014 - 17:53 par Invité


I'm so scared about the future and I wanna talk to you


J’avais les yeux rivés sur mon verre de bière.  Je n’arrivais pas à me détacher de la couleur orangé de ma boisson préférée. Je n’arrivais à dissocier mes pensées de mes envies. J’étais l’homme qui avait tout oublié pour aller de l’avant. J’étais l’homme qui avait tout perdu pour mieux se hisser au sommet de la gloire. Mon ambition dévorante était une obsession qui me bouffait de l’intérieur. Mon âme esseulée se consumait au gré de mes efforts acharnés et je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je m’étais peu à peu détaché de mes faiblesses. Je m’étais forgé une toute nouvelle personnalité un cran au-dessus du commun des mortels.  Mais un cran ce n’est jamais suffisant. Tout était désillusion, et rien n’était désillusion. Je déglutis en reportant mon attention sur la jeune barmaid en face de moi. Je la regardais au coin, d’un œil curieux. Je la regardais parce qu’elle était d’une beauté envoûtante et qu'elle était partout dans mon champ de vision. Un éclair de folie brilla au coin de ma bouche étirée. Mes mains se crispèrent sur le rebord du comptoir. Azuria. Je connaissais son prénom pour l’avoir entendu un million de fois raisonner dans la pièce sombre. Sa voix mielleuse surplombait les bruits et les musiques autour afin d’apaiser les divagations de mon esprit. Elle prenait les commandes, préparait les cocktails et j’étais là, la gueule grande ouverte, subjugué par chacun de ses gestes comme s’il s’agissait d’une énième merveille du monde.

Elle s’approchait doucement de mon siège avant de s’éloigner à nouveau. Mon cœur suivait ses déplacements avec application, avide d’une attention qu’elle ne m’accordait pas. Je n’étais qu’un ivrogne de plus, et elle était la femme qui m’avait sauvé la vie. Une comparaison injuste qui titillait ma vanité de trop près. J’arquai un sourcil en commandant un fond de whisky. Ses yeux bleus se posèrent sur moi pour la première fois de la soirée. Je souris bêtement, mais elle ne bronchait pas. A aucun moment. Je ris amusé. J’avais toutes les raisons du monde de détester cet endroit. Le Barfly était l’endroit où je m’étais effondré comme un idiot. Ma tête avait touché le sol dans claquement mat qui avait fait taire tous les enchainements de mon esprit. Les lumières s’étaient éteintes et je m’étais retrouvé suspendu dans le vide. Puis Auzira était sortie de nulle part. Son visage étincelant s’était matérialisé dans l’obscurité qui m’engloutissait. Ses doigts humides s’étaient posés de part et d’autre mon visage, et elle m’avait ramené à la raison d’un simple geste de ses doigts, un simple murmure de sa voix. J’haussai les épaules avec désinvolture, c’était stupide de revenir narguer  ma sauveuse. Mais aussi pervers que cela puisse paraitre, j’avais envie de la voir. Je voulais lui parler et apprendre à la connaitre. Je soupirai en levant les yeux un ciel.

« Un autre fond de whisky. » Chuchotai-je l’air de  ne pas y toucher.

Cette fois il fallait que que je surveille ma consommation d'alcool, histoire de ne pas finir, encore une fois, par terre.
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() message posté Ven 18 Juil 2014 - 15:21 par Invité

you need to talk...

julian p. fitzgerald & azuria l. johnson


Trois heures déjà que je suis là à m'affairer à remplir des verres et servir les clients. Trois heures que je n'ai pas vu passer tant je me dois d'être active et efficace. L'odeur de tabac et d'alcool se mélangent. Cela peut s'avérer dérangeant pour une personne non habituée mais ce n'est pas mon cas. Ou du moins ça ne l'est plus. Le Barfly est devenu ma routine, mon quotidien, si ce n'est pour dire mon second chez moi tant la majorité de mon temps est accordé à ce lieu. Cinq ans déjà que je travaille ici. Devenir barmaid n'était pas dans mes projets mais perdre Maël non plus... Seulement voilà l'occasion s'était présentée à moi dans un hasard qui finalement je crois, n'en était pas vraiment un. Avec dextérité je prépare des cocktails d'une rapidité qui en éblouit plus d'un. Je n'ai pas besoin de réfléchir, pas besoin de penser. Tout se fait machinalement. C'est automatique, comme un vieux réflexe. Cette compétence je l'ai acquise au fil des années et cela m'a permis de garder ce boulot qui me fait vivre. Aussi fou que cela puisse paraître j'ai fini par apprécier ce travail et ce lieu. Ici, je ne suis plus seule. Ou du moins plus vraiment... Le temps de quelques heures je m’échappe de ce gouffre dans lequel je suis depuis bien trop longtemps. Ma souffrance se fait moins forte, affaiblie par la présence et les sourire de ces inconnus. Mais le vide présent en moi ne peut se combler... Et rien ni personne ne peut changer ça. Seul lui en a le pouvoir. Mais il n'est plus là... Cinq ans que son absence m'a détruite. Je ne suis plus qu'un fantôme qui tente désespérément de s'en sortir. Je m'accroche à la vie comme on s'accroche à une bouée au cœur de l'océan. Mais mes forces s'affaiblissent. Je ne suis plus sûre de pouvoir lutter bien longtemps. Seul l'infime espoir de le revoir un jour me garde vivante. Ça et l'amour que j'ai pour ma sœur...

Alors que je suis occupée à essuyer quelques verres, l'homme assis en face de moi passe commande. Je pose mon regard sur lui et lui sert un verre du liquide ambré. Je ne bronche pas et cela l'amuse. Il ne sait pas que le silence est mon arme, ma défense face à ces hommes souvent ivres qui cherchent à se rapprocher un peu trop près de moi. Souvent, je me contente d'acquiescer et d'agir. Je garde cette distance qui me sauve de ces prédateurs aux mauvaises intentions. Mais cette fois-ci c'est différent. Cet homme je le connais. Je l'ai sauvé il y a deux mois. Alors qu'il s'était écroulé sur le sol après avoir trop bu. Je m'étais occupée de lui, parce que c'était mon rôle, parce que j'étais comme ça. Mais le jeune homme s'était contenté de filer sans prendre la peine de me remercier. Cela aurait pu être une histoire anodine, quelque chose d'habituel si depuis ce jour là il n'était pas revenu plusieurs fois ici . Il s’assoit toujours à la même place et pose sur moi ce regard taquin qui me titille mais qui ne m'a pas encore fait réagir. Cela pourrait m'énerver si il n'avait pas ce petit truc en plus qui le démarque des autres hommes présents. Son regard malicieux et son air enfantin le rendent attachant. Je ne connais rien de lui et pourtant l'envie d'en savoir plus se fait ressentir. Et puis, il y a cette détresse dans son regard que seul un œil aiguisé peut remarquer. Il faut avoir vécu la véritable souffrance pour le déceler. Trop de gens se plaignent de problèmes qui n'en sont pas vraiment sans savoir ce qu'est la douleur, la vraie. Moi je l'ai connu. Je la connais toujours et la côtoie au quotidien. Elle fait partie intégrante de cette vie qui est la mienne. Et je suis persuadé que cet homme sait de quoi je parle... « Un autre fond de whisky. » C'est un chuchotement. Comme un secret entre nous. Je souris légèrement face à sa façon de faire. Je le fixe et enfin lui répond. « Vous devriez peut-être ralentir sur la boisson. Je ne voudrais pas avoir à vous sauver de nouveau. » Je lui adresse un clin d’œil moqueur mais amical. Habituellement je ne me permet pas ce genre de choses -excepté avec les habitués de la maison – mais avec lui je sens que je peux me laisser aller. Son air décontracté lui donne un côté abordable qui a le don de me détendre et de me mettre à l'aise.
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() message posté Dim 20 Juil 2014 - 18:45 par Invité


I'm so scared about the future and I wanna talk to you


Mon cœur frémissait au gré de mes pensées perverses. Je clignai des yeux avec lenteur, la main crispée sur mon ventre douloureux : cette appréhension que je ressentais n’était pas nouvelle. J’avais vécu toute ma vie dans la peur et la solitude. Les grands voilages occultant et maussades avaient accompagné chacun de mes pas, ternissant l’image que je me faisais du monde et de ses Hommes. Mes mains tendues frôlaient la lumière sans jamais la toucher. Je crois qu'à force de côtoyer l’obscurité j’étais devenu obscurité à mon tour. Mes épaules dégagées se contractèrent sous le poids de mes tourments et je souris tel l’idiot que j’étais. Mes lèvres sèches frôlèrent la boisson ambrée avec lassitude, un geste mécanique parmi tant d’autres. Je ne quittais pas Azuria des les yeux. Ses longs cheveux bruns encadraient gracieusement son visage lumineux. Je m’égarais dans son regard cristallin lorsque son clin d’œil rompu mon moment de transe.

« Vous devriez peut-être ralentir sur la boisson. Je ne voudrais pas avoir à vous sauver de nouveau. »

Ma bouche s’étira en un faible rictus et j’haussais les épaules comme un enfant pris en flagrant délit. Ma main moite se perdit entre les mèches rebelles de mes cheveux, un énième tic mécanique. Mon esprit se ployait à l’intérieur de ma poitrine, outré par mes comportements frivoles et si différents de l’homme perfide que je m’appliquais à devenir. Je me demandais ce que je cherchais dans cet endroit de pure dépravation sans trouver de réponse convaincante. Ma raison se noyait dans les méandres de mon âme et seul mon cœur était juge. Je fis la moue.

« Je ne sais pas. » Murmurai-je. « Si c’est le seul moyen d’avoir un peu de votre attention je suis prêt à prendre le risque, à condition, bien sûr, que vous promettiez de me sauver à nouveau.»

C’était sûrement une blague de mauvais gout. Après tout je ne connaissais de la jeune femme que ce que mon instinct me dictait. Tel que je la voyais, elle n’était pas la simple sauveuse qui avait réanimé mon corps inerte. Azuria était une délicatesse perdue dans un monde de violence et d’alcool. Une âme esseulée, tout comme la mienne. Je pouvais sentir sa bonté émaner de chacun de ses gestes comme un enchantement. Elle avait connu la douleur sans se brûler. Elle avait réussi à rester intact, égale aux anges bienfaiteurs. Je déglutis avec amertume. Ce n’était tellement pas mon cas.

« Je suis parti comme un voleur ce soir là.»  Assumai-je avant de marquer un silence. « J’ai essayé de vous remercier depuis mais … Je suppose que c’est un peu délicat d’aborder une jolie barmaid sans avoir l’air d’un goujat. » Je souris avec désinvolture. « C'était plus facile d’être un goujat sans rien faire.»  Raillai-je un peu gêné.

Cette situation était quelque peu embarrassante pour moi. J’avais commencé à boire très jeune sans jamais dépasser mes limites. Je suppose que l’alcool à jeun mélangée à quelques joints ce n’était pas l’option la plus saine. Mais depuis quelques temps j’avais trouvé en l’ivresse une compagne de tourments. Je ressentais le besoin irrépressible de m’évader par des moyens peu audacieux, certes, mais qu’est-ce que l’inconscience comparée à l’exaltation de l’oubli ? Qu’est-ce que le danger face à l’espoir vain d’oublier mes injustices? J’étais l’homme qui avait tout perdu pour mieux gagner, mais ma victoire se faisait désirer. Ma victoire se faisait dérisoire. Et parfois même, elle se faisait jamais. Je soupirai.

« Vous savez, je crois que je mérite ce verre de trop. » Confiai-je doucement. « Et je pense que vous en avez besoin aussi.»

Je plissai les yeux, certain d'avoir vu juste. Je l'observais depuis deux mois déjà. J'avais la vague impression de savoir, mais au fond je n'étais qu'un ignare arrogant. Ma main serra sa prise sur mon verre. Encore une fois je me retournais vers l'ivresse, ma seule allier.
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() message posté Mer 23 Juil 2014 - 21:57 par Invité

you need to talk...

julian p. fitzgerald & azuria l. johnson


Perdue. Égarée. J'avais parfois l'impression de n'être qu'une plume se laissant portée au gré du vent. Je ne sais ni où je vais, ni ce que je veux. L'avenir n'est pour moi qu'une forme obscure que je ne peux à peine distinguer tant tout me semble obscure. Des projets ? Je n'en ai plus depuis longtemps. Ils se sont envolés il y a cinq ans. Parce que sans lui, plus rien n'a de sens. Plus rien ne mérite d'être vécu et apprécié. On réalise l'importance qu'une personne a dans notre vie une fois qu'on la perdu. Je ne le sais malheureusement que trop bien... Car malgré les liens que que j'ai réussi à tisser ici en depuis tout ce temps, la solitude ne semble jamais me quitter. Du moins, jamais totalement... Il manque quelque chose, quelqu'un. Maël ne peut être remplacé. Et rien ni personne ne peut changer cela... Je secoue doucement la tête comme pour chasser ces pensées noires de mon esprit et tente de me concentrer sur cet homme qui paraît tout aussi brisé que moi.

« Je ne sais pas. Si c’est le seul moyen d’avoir un peu de votre attention je suis prêt à prendre le risque, à condition, bien sûr, que vous promettiez de me sauver à nouveau.»

Mes sourcils se froncent à sa remarque. Si cela était venu d'un autre homme je me serais probablement braqué. Mais de sa part ça a presque l'air d'un compliment alors je me détends et lui souris. Cet inconnu sort du commun. Sans pouvoir l'expliquer je trouve qu'il parvient sans mal à se démarquer des autres. Il dégage une sorte d'aura qui à mes yeux le rends spécial. Sa blague ne me paraît pas si déplacée. Après tout il vaut mieux rire de la situation que l'inverse. Et puis ça semble plutôt flatteur comme réponse de sa part non ? « Pour vous je pourrais faire un petit effort et vous sauver encore une fois. Mais si vous pouviez éviter je ne serais pas vraiment contre, pour être honnête... J'aurais peur que vous abîmiez le carrelage en retombant de nouveau sur le sol. » Mon regard est moqueur signe que c'est là une petite plaisanterie que je lui fais. C'est risqué. N'importe qui pourrait prendre cette blague de travers, se vexer et partir. Après tout ce n'est pas un souvenir très glorieux pour le jeune homme mais j'espère qu'il allait tout de même prendre ma remarque avec humour car il n'y aucune méchanceté de ma part dans ce que je viens de dire. Au contraire, en le taquinant je lui montre là ma sympathie à son égard. Et ce n'est pas tout le monde qui y a droit. Pour ne pas dire quasiment personne.

« Je suis parti comme un voleur ce soir là. J’ai essayé de vous remercier depuis mais … Je suppose que c’est un peu délicat d’aborder une jolie barmaid sans avoir l’air d’un goujat. Je suppose que c’était plus facile d’être un goujat sans rien faire. »

Je ris légèrement à sa remarque. Je n'étais pas vexée qu'il ne m'ait pas remercier le soir où je l'avais sauvé. Je crois qu'il avait été trop honteux et perdu sur le coup qu'il n'avait su quoi dire. Et puis, le fait qu'il soit devenu un habitué du bar depuis cet incident prouve qu'il n'est pas totalement indifférent face à ce qu'il s'est passé. Une personne réellement arrogante et qui n'en aurait que faire n'aurait pas pris la peine de revenir. Encore moins tous les jours ! Certes son attitude peut paraître un peu étrange, après tout on ne voit pas des hommes venir régulièrement dans le bar où vous bossez sans vous adresser réellement la parole. Nos précédents dialogues ne pouvant être considérés comme une véritable discussion. Cela s'arrêtait toujours à la politesse de base et quelle boisson il désirait commander. Rien de bien croustillant en somme. Mais ce soir c'est différent. La discussion prend forme peu à peu . Je saisi un verre vide que je viens de laver et l'essuie tout en jetant vers lui quelques regards. Faire deux choses à la fois est une technique que l'on doit vite assimiler quand on est barmaid. Il m'a fallu un peu de temps pour pouvoir y parvenir mais désormais je maitrise cette compétence à la perfection. C'est donc sans mal que je peux discuter et être attentive tout en continuant mon boulot. Je le regarde, les yeux pétillant d'espièglerie. Le temps d'un instant j'oublie toute ma souffrance, absorbée par une personne qui parvient à me rendre joueuse. « C'est pour cela qu'il vous a fallu deux mois avant d'oser réellement me parler ? Je ne me pensais pas si intimidante ! » plaisantais-je « Ne vous en faites pas. C'était normal de vous avoir aidé. Et je sais que vous n'êtes pas un mauvais garçon, c'est du moins l'impression que j'ai de vous... J'espère ne pas me tromper. Surtout que vous êtes devenu probablement l'un de nos meilleurs clients. Ce serait dommage que je vous déteste n'est-ce pas ? » Je m'écarte quelques temps du jeune homme pour aller un servir un client qui me fait signe de la main. Nathanael n'étant pas encore là je suis seule au bar. Ça ne me dérange pas, d'autant plus qu'il n'y a pas énormément de monde ce soir. Cela me permet de rapidement retourner auprès du bel inconnu dont je suis la sauveuse. Je le vois approcher son visage comme pour me confier un secret dont nous serions les seuls gardiens. Je m'approche légèrement également, prête à entendre ce qu'il souhaite me dire.

« Vous savez, je crois que je mérite ce verre de trop. Et je pense que vous en avez besoin aussi.» 

Un nouveau rire s'échappe de ma bouche. On peut dire qu'il ne perd pas le Nord celui-là. Mais dans le fond il n'a pas totalement tord. Même si je ne suis pas une grande adepte des boissons alcoolisées -chose plutôt paradoxale lorsqu'on est barmaid- je ne dirais pas non à un petit verre en sa compagnie. Je ne ressens pas spécialement l'envie de boire mais seulement de partager un moment qui se veut convivial. Et si d'habitude je préfère éviter de boire de l'alcool à force d'avoir vu bien trop de personnes se retrouver dans des états désastreux ce soir, je ne disais pas non. « Je n'ai pas le droit de boire durant mon service. Néanmoins -jetant un rapide coup d’œil à l'horloge murale- j'ai ma pause dans 10 minutes. Si vous pouvez patienter jusque là on pourra trinquer ensemble. C'est à vous de voir ! Mais ce sera à une seule condition... Enfin plutôt deux finalement. »
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() message posté Mar 29 Juil 2014 - 23:45 par Invité


I'm so scared about the future and I wanna talk to you


J’étais paumé entre deux enchainements. Pris au piège entre deux battements de cœur. J’avais l’impression d’avoir malencontreusement ouvert la boite de Pandore et d’avoir absorbé tous les maux de l’humanité d'une seule traite. Les lumières s’éteignaient à la fin de chaque scène. Et je me retrouvais plongé dans un rêve effrayant encore une fois. La perte d’Eugenia n’était qu’un événement de trop. J’étais tombé amoureux de ma meilleure amie dans un lycée du Pays de Galle. J’avais foulés les rues pavées de sable et de déceptions sans jamais daigner lui avouer mes réels tourments. C’était mon pire regret. J'avais orchestré ma propre fatalité, le visage placide et la mort dans l'âme.

« Pour vous je pourrais faire un petit effort et vous sauver encore une fois. Mais si vous pouviez éviter je ne serais pas vraiment contre, pour être honnête... J'aurais peur que vous abîmiez le carrelage en retombant de nouveau sur le sol. »

La voix d’Azuria me ramena parmi les hommes. Le brouhaha incessant du bar perturbait le calme plat qui envahissait mon esprit. Je papillonnai des yeux, dans un effort vain de concentrer toute mon énergie dans notre échange.

« Je ne compte pas réitérer cet incident peu glorieux. » Souris-je d’un air coupable. « C’était la première fois. » Me justifiais-je en haussant les épaules avec désinvolture. Je ne voulais pas qu’elle me prenne pour un ivrogne de bas quartiers. J’étais en effet très friand d’alcool et d’ivresse mais je me refusais l’étiquette d’alcoolique. J’étais juste très mal en points. Je posai mes mains tremblantes sur le bord du comptoir. Mon verre à moitié vide me faisait de l’œil, quémandant toute mon attention. Je bu le fond de ma bière cul-sec.

« C'est pour cela qu'il vous a fallu deux mois avant d'oser réellement me parler ? Je ne me pensais pas si intimidante !  Ne vous en faites pas. C'était normal de vous avoir aidé. Et je sais que vous n'êtes pas un mauvais garçon, c'est du moins l'impression que j'ai de vous... J'espère ne pas me tromper. Surtout que vous êtes devenu probablement l'un de nos meilleurs clients. Ce serait dommage que je vous déteste n'est-ce pas ? »

Elle plaisantait, c’était bon signe. Je ne devais pas être aussi terrible comme interlocuteur. Mon incapacité à évoluer en société était une tare rédhibitoire. Je me sentais étrangers parmi les miens. J’avais pourtant passé une grande partie de ma vie à Londres. J’avais grandi dans les banlieues banales avant que ma mère ne quitte ce monde, laissant derrière elle famine et désolation.

« Vous n’êtes pas intimidantes. Vous être très jolie mais pas intimidante. » Soupirai-je timidement. « Je ne suis pas un très bon garçon non plus. »

Je me décalai un peu du comptoir, dressant une certaine distance entre nous. Je pouvais mieux détailler son visage terne et ses longs cheveux bruns. Son sourire éclatant sonnait faux. Je pouvais clairement apercevoir dans ses yeux la lueur de ceux qui avait été abandonné. Le lueur de mon peuple. Je lui souris d’un air dégagé. Je ne voulais pas risquer de lui paraitre rentre dedans. J’étais parfois dragueur et joueur, mais pas ce soir, pas avec elle. Notre semblant de lien voulait que je me tienne à carreaux. Après tout, ce serait dérisoire de jouer la carte de l’arrogance avec une femme qui m’avait vu fléchir.

« Je n'ai pas le droit de boire durant mon service. Néanmoins -jetant un rapide coup d’œil à l'horloge murale- j'ai ma pause dans 10 minutes. Si vous pouvez patienter jusque là on pourra trinquer ensemble. C'est à vous de voir ! Mais ce sera à une seule condition... Enfin plutôt deux finalement. »

J’esquissai d'un simple geste de la tête.

« J’attendrais plus de 10 min s’il le faut. » Promis-je d’un ton solennel.

Je me sentais immanquablement attiré vers ce petit bout de femme. Je ne connaissais pas encore la raison exacte qui me poussait à vouloir lui parler. Sans doute mon avenir incertain, ou la solitude qui devenait trop lourde à porter.

« Je vous offrirais votre meilleur cocktail. » Souris-je en m’accoudant sur ma chaise longue. Je regardai l'horloge, impatient, que ces 10 minutes succombent à mon charme.

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