"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Disappointed • Frankona 2979874845 Disappointed • Frankona 1973890357
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Disappointed • Frankona

Sharona K. García-Brown
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() message posté Sam 2 Juin 2018 - 23:11 par Sharona K. García-Brown
Juin 2018

J'ai pas vu passer l'année scolaire, en gros.

J'ai rencontré le frère de Nik à la rentrée, et ça me laisse toujours une drôle d'impression. Je crois qu'ils se sont un peu retrouvés, j'ai pas trop osé poser de questions, mais j'ai cru comprendre que Nik avait fini par rencontrer quelqu'un, et je trouve ça cool qu'il ait réussi à m'oublier. Je pouvais pas lui apporter ce qu'il attendait, pas assez vite en tout cas. Peut-être qu'un jour j'aurais réussi, j'en sais rien. Je sais juste qu'à ce moment-là, c'était trop tôt. Beaucoup trop tôt.

Et puis il y a eu Nathan. Et même s'il a disparu de ma vie presque aussi vite qu'il y est entré, je sais que beaucoup de choses ont changé grâce à lui. Est-ce que je lui en veux ? Un peu, j'ai eu le sentiment d'avoir été abandonnée, une fois de plus. Mais s'il avait pas été là, j'aurais pas demandé à Frank les coordonnées de son pote psy, j'aurais pas commencé à être suivi, à avancer sur le plan de ma phobie du contact. J'aurais jamais fait un petit pas pour commencer à accepter que quelqu'un puisse me toucher, que moi-même je puisse toucher quelqu'un autrement que pour le cogner.

J'ai été dévastée quand Frank a dû partir, viré du pays à cause du connard de mari (ex-mari) de sa dulcinée, j'ai cru que j'allais faire un meurtre, mais les choses se sont relativement vite arrangées - heureusement, parce que je crois que je serais devenue folle sinon. Je pouvais pas le perdre lui aussi, c'était pas possible. Je me suis fait engueuler par Brahms quand ma rage s'est ressentie pendant nos répéts et que j'ai failli me faire du mal à trop forcer sur ma cheville. Je crois que c'est la première fois depuis notre premier contact où je lui ai expliqué ce qui m'était arrivé, où je lui ai parlé de ce que je ressentais. Le reste du temps, on n'avait pas besoin de mots : la danse suffisait. Et il a compris tout de suite que Frank était revenu à notre répétition qui a suivi son retour, parce que sa transpirait de chacun de mes mouvements.

Et puis il y a eu Noël et sans commune mesure, je crois que ça a été le plus beau Noël de toute ma vie. Chez nous, toutes ensemble, avec les proches des filles, avec Frank et Rachel, Betty et son fils, Marlon qu'est passé rapidement avant de rejoindre ses parents... J'ai vu quasiment tous ceux que j'aurais pu espérer voir, tous ceux dont la simple pensée me met le sourire aux lèvres, et je crois que c'est un souvenir qui me restera toute ma vie, un que je chérirai jusqu'à la fin de mes jours, et jusqu'à peu, j'en avais pas tant que ça.

Et depuis... Et bien depuis il y a les cours, le taff, mes colocs adultes et bébé, les vidéos avec Aeris, la danse avec Brahms, et je vois plus le temps passer. D'autant moins qu'en plus de Brahms, j'essaie de voir pas mal Andras depuis que j'ai vu son père le cogner, et puis il y a eu la bombe lâchée par la mère de Derek au diner... et ça remplit pas mal mon emploi du temps, faut avouer. Pas que mon emploi du temps, d'ailleurs, parce que je suis un peu perturbée, je dois admettre, même si je le dis pas. Le soir quand je me couche, je suis vannée, mais en dehors de mes deux potes aux situations familiales aussi pourries que la mienne, c'est de la bonne fatigue. J'envoie régulièrement des sms à Frank, pour le tenir au courant de mes progrès, de mes semaines, d'un peu n'importe quoi, juste pour ne plus jamais le laisser dans l'ignorance pendant des semaines, des mois. Je me rends bien compte que j'ai pas tant de réponse que ça, mais je veux pas non plus le harceler non plus... Mais en même temps, on arrive à la fin de l'année scolaire, donc, et j'ai l'impression que plus ça va, et moins j'ai de retour. Et ça m'inquiète.

Alors pour une fois que j'ai un peu de temps, je me suis déplacée jusqu'à Hammersmith, jusqu'à la caserne, et je suis tombée sur Rachel, qui a fini par me mettre au courant d'un peu de ce qui est arrivé pendant les dernières semaines et le silence de celui que je considère plus comme un père que mon propre géniteur. Et je suis en train de faire les cents pas, énervée comme jamais, quand il arrive finalement dans son salon. Pourtant quand mon regard croise le sien, ma première réaction est pas de lui en coller une comme je me l'étais imaginé, mais de lâcher ces quelques mots :

- Fais ce que je dis pas ce que je fais, hein ?

Je sens que mon regard devient un peu trop brillant, et je me détourne aussitôt, regagnant son canapé qu'il y a je ne sais plus combien de temps que j'ai quitté pour m'y laisser tomber, les bras croisés sous la poitrine, en signe évident de ma frustration.

- Tu pensais vraiment que j'en saurais jamais rien ? Ou peut-être que je suis qu'une pauvre gamine pas capable de comprendre, tout juste bonne à se plaindre, hein ? Putain, je croyais qu'on se faisait confiance !

Que tu savais que tu pouvais me faire confiance, et que je pouvais, aussi, être un peu là pour toi, comme tu l'es pour moi... Mais je me suis trompée, visiblement, et ça me blesse autant que je flippe pour toi...

@Frank Turner
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() message posté Dim 24 Juin 2018 - 19:21 par Frank Turner
JUIN  2018
Enfin  l'accalmie après la tempête


Voilà plusieurs jours que le soleil a réélu domicile sur Londres. Nous sommes en juin, le contraire aurait été étonnant, mais je crois, qu'on ne s'habitue jamais à revoir l'astre solaire nous affubler de sa chaleur en terres en anglaise. Et puis la chaleur et elle aussi de la partie. On monte facilement à 25 degrés l'après-midi. Je me bénit donc d'avoir, l'année passée fait une razzia sur le rayon ventilateur. On va également pouvoir faire le plein de glace et de cocktail aux melons. Oui, l'été est de retour, mais pas que. Rachel a repris depuis peu les chemins du bloc, une délivrance autant pour elle que pour moi, après des mois mouvementés entre thérapie de couple, séances individuelles chez le psy et forcément les fameuses quelques semaines passées en centre pour me défaire d'une prémisse d'addiction à l'alcool.Nous avons beaucoup souffert, Rachel plus que moi et je n'aurais de cesse de lui allouer la plus grande des admirations et de me sentir fier d'être à ses côtés et de m'avoir choisi malgré mes défaillances, de m'avoir pardonné malgré mes faiblesses et de m'aimer malgré ma multitude de défauts. Je crois, sans trop m'avancer, que les épreuves que nous avons subies, si dans un premier temps, nous ont éloigné l'un de l'autre, nous ont par la suite permises de nous retrouver. Je devais juste accepter de m'être ma fierté de côté, tout comme le fait que je n'avais pas à porter toute cette responsabilité sur mes épaules. Des épaules nouées de problèmes qui plus est. Je portais aussi le deuil de mon père qui avant de retrouver le créateur, m'avait laissé son dernier cadeau empoisonné, ne manquant pas au passage de trahir une dernière fois ma confiance. Je ne voulais pas l'avouer alors et peut-être que je ne m'en étais pas rendu compte, mais cet ultime affront avait profondément atteint le petit garçon que je n'étais plus et qui espérait encore de façon inconsciente, retrouver celui qui fut jadis son héros pour lui dire au revoir dans les meilleures conditions.

Même ça, il me l'avait enlevé ne manquant pas au passage de me faire découvrir la famille qu'il s'était construite loin de nous. « Loin » semblait relatif, car il ne s'était pas gêné pour tromper ma mère, tromperie par laquelle était né mon demi-frère, un enfant de prime abord illégitime, qui est par la suite devenu son fils, sa fierté. J'en ai voulu à ce demi-frère et malgré les bonnes relations, je crois que je lui en veux encore bien malgré moi d'exister. Je travaille là-dessus, que l'on se rassure, pour preuve, je le laisse gérer l'entreprise. Si ça ce n'est pas de la confiance, je ne sais pas ce qu'il faut. Toujours est-il que l'on s'éloigne et à mon sens, nous nous perdons en futilité. Moi dans cette histoire, qu'est-ce que je fais présentement ? Et bien, je me prépare à enfiler mon costume cravate, comme tous les matins. Il est un peu plus contracté que celui que je portais à NY dans le cadre des affaires.« - Sha, il est tôt ! » furent mes toutes premières paroles, qui auraient pu être précédées d'un « tu aurais pu m'appeler » que je n'eus fort, heureusement pas le loisir de prononcer en laissant la tornade rancunière pénétrer cette caserne où nous avions, quelques mois plus tôt, passé un merveilleux noël. Je compris alors, sans rien lui demander et en me focalisant sur sa réplique, le pourquoi du comment de sa colère et je ne pouvais lui en tenir rigueur, une fois encore j'avais de toute évidence merdé avec une personne qui m'étais chère. Je referme alors la porte derrière elle, prenant le temps au passage d'alerte l'un de mes inspecteurs, par sms, que je serais en retard. Me délestant de ma veste que je déposais sur le porte manteau, je pris la direction du salon et déposa mon fessier sur le canapé pour être tout près de ma jeune protégée. « - Je vais déjà commencer par te présenter mes plus plates excuses pour ne pas avoir ou peu répondu à tes messages. Sharona, ce n'est pas qu'une question de confiance, ni de compréhension. Tu sais, même mon frère n'a su qu'après coup que j'allais mal. C'est même lui qui m'a trouvé dans ce pub, quelques mois plutôt, en train de me torcher la gueule. J'avais tellement honte si tu savais. J'ai fait n'importe quoi après le vi.... L'agression de Rachel. J'ai gardé ma souffrance pour moi, comme lorsque j'ai perdu ma mère. Et une fois encore, je me suis rendu compte, après coup, que ce n'était pas la meilleure chose à faire que de tout garder pour soit. Et puis tu semblais aller mieux, je ne voulais pas t'accaparer, ni te faire sombrer avec moi. Est-ce que tu comprends ? »




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() message posté Lun 25 Juin 2018 - 0:38 par Sharona K. García-Brown
« - Sha, il est tôt ! »

C'était ça où je me dégonflais. Je venais pas, je restais avec mes interrogations, ma rancoeur, mes doutes, et c'est pas vraiment un cocktail qui fait bon ménage chez moi. Et si je suis clairement pas fan de ce que j'apprends, je suis pas fâchée d'être venue, au final, pour pas être restée davantage dans l'ignorance. Alors ouais, il est tôt, mais on s'en fout. Et ouais, j'aurais pu prévenir, mais j'aime autant que non, parce que je sais pas si ça lui aurait pas permis de me sortir des réponses préparées à l'avance, et c'est pas de ça dont j'ai besoin. J'ai besoin de la vérité, la sienne, sa version des faits. J'ai besoin de son honnêteté, surtout, et de la preuve que je compte un petit peu dans sa vie, et pas que comme un boulet qu'il se traîne depuis des années.

« - Je vais déjà commencer par te présenter mes plus plates excuses pour ne pas avoir ou peu répondu à tes messages. Sharona, ce n'est pas qu'une question de confiance, ni de compréhension. Tu sais, même mon frère n'a su qu'après coup que j'allais mal. C'est même lui qui m'a trouvé dans ce pub, quelques mois plutôt, en train de me torcher la gueule. J'avais tellement honte si tu savais. J'ai fait n'importe quoi après le vi.... L'agression de Rachel. J'ai gardé ma souffrance pour moi, comme lorsque j'ai perdu ma mère. Et une fois encore, je me suis rendu compte, après coup, que ce n'était pas la meilleure chose à faire que de tout garder pour soit. Et puis tu semblais aller mieux, je ne voulais pas t'accaparer, ni te faire sombrer avec moi. Est-ce que tu comprends ?
- Evidemment que je comprends vu que j'ai tendance à faire pareil... »

C'est sorti tout seul, un peu trop sèchement cependant.

« - Mais on devait éviter ça, non ?... Je suis pas ta... »

Ta quoi au juste ? Je sais même pas comment décrire ouvertement notre lien. Il est comme un père pour moi, je le sais au fond, mais est-ce qu'il le ressent comme ça ? Aucune idée. Comment il me présente, du coup, s'il doit parler de moi ? Aucune idée. Est-ce que ça lui arrive, seulement, de parler de moi, autrement que comme la petite chose fragile qu'il a suivie après son agression ? Rien que l'idée d'être réduite à ça me fout hors de moi, et je me relève, incapable de rester en place.

« - ...ta pote que quand ça va bien. Et que t'en aies pas parlé à ton frangin non plus, c'est pas une excuse !... »

Je secoue la tête, dépitée, énervée à vrai dire autant contre lui que contre moi-même. Pourquoi je me mets dans cet état, d'abord, hein ? Il vient bien de me présenter des excuses, et il va mieux, même Rachel le confirme, alors pourquoi je peux pas juste en rester là, dire "ok, bon, c'est pardonné, on n'en parle plus, mais la prochaine fois, tu viens me voir, hein ?" et nous laisser tous deux filer bosser ?

Peut-être parce que je me sens plus inutile que jamais, tout simplement. Peut-être parce que si je peux pas l'aider lui, qui m'est si proche, comment je peux espérer pouvoir faire quoi que ce soit pour Andras ou Derek, hein ? Peut-être que c'est ça qui me bouffe, davantage que le fait qu'il n'ait pas réussi à venir m'en parler. Et peut-être aussi que le déclencheur de tout ça me rend malade. Le viol de Rachel. Il s'est repris, mais c'est bien ce qu'il allait dire, n'est-ce pas ? Je soupire, reviens finalement vers lui, les doigts noués.

« - Comment va Rachel ? Pourquoi tu m'as rien dit de ce qui lui est arrivé ?... »

Eclair de lucidité soudain.

« - Enfin non, ça je crois que je visualise pourquoi... »

Pour me ménager, encore et toujours. Parce qu'il avait sans doute peur que ça réveille de mauvais souvenirs chez moi, j'imagine. Pourtant... pourtant je crois que ça aurait été plus facile pour moi que pour d'autres de la comprendre, non ? Mais je suppose que pour elle aussi, je suis que la gamine paumée que Frank se trimballe depuis des lustres...

« - Elle a l'air de tenir le coup malgré ce qui lui est arrivé... Elle est tellement forte, Rachel, tu m'étonnes que tu sois tombé amoureux d'elle... »

J'esquisse un sourire, comme si ça pouvait signifier que l'orage était passé. Mais même si c'est sans doute le cas, cette conversation est loin d'être terminée...
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() message posté Sam 30 Juin 2018 - 22:05 par Frank Turner
JUIN  2018
Enfin  l'accalmie après la tempête


On fait du mal aux autres de bien des façons et souvent nous ne nous en rendons compte que trop tard, voir jamais, sauf si notre victime nous le fait savoir. Je me sentais bête d'avoir tenu Sharona loin de moi, encore plus après avoir joué les moralisateurs à de nombreuses reprises. Une fois n'est pas coutume, ma défaillance m'explosait en pleine figure et laissait paraître au grand jour l'une des victimes collatérales de mon forfait. Je ne voulais pas en arrivée là, Sharona méritait mieux qu'un silence radio après tout ce qu'elle avait vécu, après tout ce que nous avions partagé, il était évident que je pouvais compter sur elle, autant qu'elle pouvait compter sur moi. Enfin le « moi actuel » et non le déchet d'il y a quelques mois. Je ne lui aurais été d'aucune utilité. Toujours est-il que je lui devais à juste titre des excuses et une fois n'est pas coutume, je monopolisais la conversation avec un soliloque, qui je l'espérais, nous permettrait d'avoir une conversation dénuée de la moindre tension. Doux rêveur ! Bien sûr qu'elle m'en voulait et je ne pouvais que comprendre. Serre les dents et accepte de prendre les coups ! Tu l'as mérité espèce d'idiot ! Mais je ne pouvais continuer à me flageoler de la sorte, car la froideur de l'échange m'indiquait que ma comparse n'était peut-être pas encline à un pardon trop rapide et qu'il me faudrait certainement sortir les rames.

« - Ok, tu es en colère ! » lançais-je avec une légèreté qui me surpris tant la situation ne s'y prêtait pas. « - Peut-être que tu devrais commencer par redescendre en pression. Je peux te préparer un café si tu veux, un thé ou même une infusion ! » J'allais être en retard, c'était évident, mais n'étais-je pas le patron ? Jusqu'à preuve du contraire, si, mais cela était si récent que je peinais encore à m'habituer à ce nouveau statut. « - Sha ! » commençais-je plus sérieusement « - Tu as raison d'être en colère et tu es parfaitement en droit de me faire la morale parce qu'effectivement je me suis très mal conduit. Oui tu n'es pas juste une pote que je peux appeler de temps en temps. J'apprends de mes erreurs, crois-moi ! C'est un travail de longue haleine, mais je m'en donne les moyens. Allez viens t'asseoir ! » Je l'entraînais alors vers la cuisine ouverte et plus précisément vers le plan de travail autour duquel j'espérais la voir prendre place pour ensuite lui préparer une tasse de café, de thé, de chocolat, tout ce qu'elle voudra. « - Qu'est-ce que tu prendras ? » Moi, j'optais déjà pour un autre café, le deuxième depuis le levé. Et alors que je me livrais à la préparation, l'interrogation de ma petite protégée me délesta aussitôt de la légèreté que j'arborais jusqu'à présent.

« - Elle va bien mieux maintenant, elle a repris le boulot et va enfin pouvoir faire ce qu'elle fait le mieux, aider les autres. Ça n'a pas été facile, tu sais, mais elle a tenu bon. Nous nous sommes sorti mutuellement la tête de l'eau pour mieux remonter à la surface. Oui, c'est une femme forte et je suis tellement fière d'elle, tellement fière de partager sa vie... Pour le moment, ce n'est pas encore officiel, mais ça le sera sûrement quand elle aura divorcé. Ça aussi c'est une délivrance, on pourra enfin vivre notre histoire sans se poser de question. » Je lui rendis son sourire et déposa un mug devant elle tout en récupérant les quelques pancakes qui restaient sur l'assiette. « - Sha, je ne veux pas qu'on se brouille parce que j'ai encore fait des conneries. Est-ce que je peux demander une dernière chance ou est-ce que je vais devoir ramer un peu avant d'avoir ton pardon ? »




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() message posté Mer 18 Juil 2018 - 1:11 par Sharona K. García-Brown
« Ok, tu es en colère ! »

Bien sûr que je lui en veux ! Bien sûr que je suis en colère ! Il le serait certainement tout autant si la situation avait été inversée. Mais j'ai beau tout autant savoir que ça ne résoudra rien que je m'énerve pendant une heure, je n'arrive pas à me calmer et ma gestuelle autant que mon discours s'en ressentent.

« Peut-être que tu devrais commencer par redescendre en pression. Je peux te préparer un café si tu veux, un thé ou même une infusion ! »

Le ton léger, dérisoire, presque, me hérisse le poil, et je fais d'autant plus les cent pas, un peu pour me donner une contenance et surtout pour ne pas partir encore plus en live que ce n'est déjà le cas, et avoir des mots que je regretterais plus tard. J'aurais sans doute pas eu cette intention pour grand monde d'autre, mais c'est Frank, et j'ai vraiment pas envie de me brouiller à mort avec lui, même si je suis en colère sur l'instant, et pas qu'un peu.

« Sha ! Tu as raison d'être en colère et tu es parfaitement en droit de me faire la morale parce qu'effectivement je me suis très mal conduit. Oui tu n'es pas juste une pote que je peux appeler de temps en temps. J'apprends de mes erreurs, crois-moi ! C'est un travail de longue haleine, mais je m'en donne les moyens. Allez viens t'asseoir ! »

J'ai fini par me laisser faire, un peu piquée au vif lorsqu'il m'a interpelée, mais surtout soulagée qu'il ne me serve pas de leçon du type que je n'avais pas à m'inquiéter pour lui, que c'était son rôle de le faire pour moi, et pas l'inverse ; des trucs qu'un père sortirait à sa môme, sauf qu'il y a longtemps que plus personne a vraiment ce droit sur moi, même si Frank est sans doute la personne qui se rapproche le plus de ce concept à mes yeux.

« Qu'est-ce que tu prendras ? »

Je soupire, lasse, me laisse tomber sur un des sièges avant de le regarder se servir un café.

« T'as du lait avec ton café ? Je peux lui piquer un peu de chocolat ? »

Parce que le café noir, ,je suis pas super fan. Et les feuilles infusées encore moins. Sauf peut-être le chai, éventuellement, et encore... Bref. C'est pas le plus important, et la mention de Rachel focalise mon attention sur autre chose, et me détourne de ma colère aussi, ce qui est sans doute une bonne chose si on veut avoir une vraie conversation.

« Elle va bien mieux maintenant, elle a repris le boulot et va enfin pouvoir faire ce qu'elle fait le mieux, aider les autres. Ça n'a pas été facile, tu sais, mais elle a tenu bon. Nous nous sommes sorti mutuellement la tête de l'eau pour mieux remonter à la surface. Oui, c'est une femme forte et je suis tellement fier d'elle, tellement fier de partager sa vie... Pour le moment, ce n'est pas encore officiel, mais ça le sera sûrement quand elle aura divorcé. Ça aussi c'est une délivrance, on pourra enfin vivre notre histoire sans se poser de question. »

Des nouvelles plutôt positives, donc, malgré les circonstances douloureuses. Malgré les écueils passés. Et malgré moi, je sens bien mon coeur qui se serre à l'idée de ne pas vraiment avoir de place ici non plus. Il a Rachel, et son fils. Et c'est super, pour rien au monde je ne voudrais que ça lui soit ôté, bien évidemment ! Il en a tellement bavé, ils ont tellement ramé pour arriver là aujourd'hui. Mais égoïstement, je peux pas m'empêcher d'être triste parce que dans tout ça, il n'y a pas vraiment de place pour moi. La preuve, je n'ai pas été au courant de sa descente aux enfers.

« Sha, je ne veux pas qu'on se brouille parce que j'ai encore fait des conneries. Est-ce que je peux demander une dernière chance ou est-ce que je vais devoir ramer un peu avant d'avoir ton pardon ? »

Un hoquet désespéré m'échappe, comme je réprime un sanglot, refuse de laisser mes yeux s'embuer de larmes qui ne demandent pourtant qu'à couler. T'as pas compris que si j'étais là, assise avec ce putain de chocolat entre les mains, c'était que t'étais déjà pardonné ? Que même si toutes les tensions sont peut-être pas complètement retombées, j'ai absolument pas envie non plus qu'on reste brouillés ? Je porte la tasse à mes lèvres pour me donner une contenance, et tenter plus ou moins en vain de faire passer la boule au fond de ma gorge.

« Dans quel monde tu crois que je pourrais ne pas te pardonner ? »

Je tiens trop à toi, Na*, est-ce que tu t'en rends compte ?

« Promets-moi que tu me laisseras pas dans le vide s'il te plaît... Tu peux me promettre ça ? Sincèrement ? Réellement sincèrement ? Qu'il y aura toujours une petite place pour moi, ici... S'il te plaît... »

Une supplique, plus plaintive que je voudrais. C'est pour ça que ça me fout hors de moi. Parce que ça me fait mal. Parce que je suis blessée, et que j'ai peur aussi. Alors s'il te plaît Frank, rassure-moi, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Et promis, j'arrête de te gueuler dessus...

*Na : Père en hopi, disons un truc approximatif dans sa tête pour désigner la figure paternelle qu'il représente...
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() message posté Jeu 19 Juil 2018 - 16:03 par Frank Turner
JUIN  2018
Enfin  l'accalmie après la tempête


La relation que j'entretiens avec Sharona est spéciale. D'abord victime, elle est devenue ma protégée, puis mon amie et au vu de son jeune âge, je me suis octroyé un rôle un peu plus paternel à son égard. Un rôle que j'acceptais, mais sans les responsabilités en quelques sortes. Oui, j'avais failli en choisissant de taire mes malheurs et en la tenant éloignée tout comme la plupart de mes proches. Ça m'emmerdait encore de devoir l'admettre inlassablement, mais j'imagine que c'est ma punition et que je dois l'accepter à défaut de le supporter. La situation était donc tendue et je savais que même mon humour ne pourrait, cette fois, me sortir de ce mauvais pas. Alors autant tout assumé et ne rien cacher ! Mais avant toute chose, je devais, à défaut d'être un bon père de substitution, m'acquitter de mes devoirs d'hôte. « - Tu veux un peu de lait dans ton café ? » Non, banane, elle voulait un chocolat, une alternative que tu n'avais évidemment pas proposée. « - Oui, j'ai du chocolat en poudre, Bowie adore ça ! » Et il est vrai qu'il en raffolait. Chaud ou froid, le chocolat en poudre était incontestablement son petit plaisir du matin et du goûter. Je pris donc le mug pour le vider et échangea sans mal le café pour un chocolat chaud que je passais dès lors au micro-ondes avant de reporter mon attention sur ma chère et tendre Sharona qui continuait à fulminer malgré les efforts qu'elle tentait vainement de déployer.

Évoquer mon parcours, mais plus encore évoquer Rachel me permit d'entrevoir une porte de sortie dans ce qui me semblait être un affrontement à sens unique. Sha était inquiète et pour désamorcer la situation, je devais impérativement mettre en avant nos progrès à Rachel et moi et le fait que nous allions beaucoup mieux. Je suis son exemple, et même si ça m'emmerde de m'éprendre, je le lui dois, mais plus encore, je me dois de lui faire savoir à quel point elle est importante dans ma vie, autant que peuvent l'être Dylan, Rachel, et même Bowie. Elle est de ma famille, celle que je me suis construite ici, comment pourrait-il en être autrement ? « - Tu étais en droit de ne pas me pardonner ! Je te promets vraiment, le plus sincèrement du monde, que jamais plus, je ne ferais d'impasse sur toi. Si j'ai un problème, je t'appelle, aussi minime soit-il. Tu auras toujours ta place ici Sha ! Je n'ai même pas besoin de te le promettre, tant c'est évident. Dylan t'aime bien, Bowie t'adore et Rachel t'apprécie. Tu fais partie de la famille, n'en doute pas une seconde. Et je me sens tellement honoré que toi, tu m'accordes une place si importante dans ta vie. Je ne veux absolument pas qu'on se dispute d'accord ?! Bon maintenant que le drapeau blanc est sortit et que je suis un peu moins con que la dernière fois, tu consens à me raconter un peu ce qui se passe dans ta vie? Maintenant que je suis le boss, tu vois, je peux même me permettre de sécher. Alors vas-y, j'ai tout mon temps ! » Je ne pus que sourire davantage en la voyant se décrisper. C'était ma première victoire, mais rien ne semblait acquis, loin de là.




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() message posté Mar 24 Juil 2018 - 22:23 par Sharona K. García-Brown
Tu rigoles j'espère ? Pas un bon père de substitution ? 'Tain Frank, heureusement que je lis pas dans les pensées des gens, sinon je t'engueulerais encore, mais pour une raison tout autre cette fois. Pas un bon père de substitution. Mais si tu savais ! T'es tellement à des années lumière de ce qu'a pu être mon propre père. Pas pour rien que ça m'a mise autant en colère, en réalité. C'est bel et bien parce que je suis loin de m'en fiche. Parce que tu comptes pour moi. Parce que, oui, t'as cette image de père adoptif dans mon coeur et dans ma tête, même si je sais pas bien le dire ou le montrer. Parce que personne a vraiment pris soin de moi comme t'es capable de le faire. Même si comme tout le monde, tu fais de conneries parfois. Je sais bien au fond que c'était un peu pour me protéger. Par fierté aussi, mais sur ce point, est-ce que je peux vraiment la ramener ?

« Tu veux un peu de lait dans ton café ?
- ...
- Oui, j'ai du chocolat en poudre, Bowie adore ça ! »


Bah j'avoue que je m'en doutais un peu, hein... En tout cas j'espérais. Mais quel parent d'un enfant de son âge n'a pas un peu de chocolat chez lui, hein ? Et comme je suis pas une vraie adulte... Il a changé ma tasse dans laquelle il avait machinalement commencé à verser du café, et pendant que le micro-ondes amène ma boisson à une température appréciable, il me parle de Rachel, et de ce que j'ignorais encore en grande partie. Ces derniers mois, je n'ai guère eu de nouvelles. Pas par Rachel, on n'a pas encore eu le temps de réellement lier connaissance si ce n'est rapidement à Noël, et pas par lui non plus. Alors les bribes d'informations qui me parviennent me font tomber des nues. Je sais juste qu'elle a été agressée, qu'elle s'en est sortie, qu'elle tâche de tenir le coup. J'ai pas vraiment les détails, et je suis pas certaine de les vouloir.

« Tu étais en droit de ne pas me pardonner ! Je te promets vraiment, le plus sincèrement du monde, que jamais plus, je ne ferais d'impasse sur toi. Si j'ai un problème, je t'appelle, aussi minime soit-il. Tu auras toujours ta place ici Sha ! Je n'ai même pas besoin de te le promettre, tant c'est évident. Dylan t'aime bien, Bowie t'adore et Rachel t'apprécie. Tu fais partie de la famille, n'en doute pas une seconde. Et je me sens tellement honoré que toi, tu m'accordes une place si importante dans ta vie. Je ne veux absolument pas qu'on se dispute d'accord ?! Bon maintenant que le drapeau blanc est sortit et que je suis un peu moins con que la dernière fois, tu consens à me raconter un peu ce qui se passe dans ta vie? Maintenant que je suis le boss, tu vois, je peux même me permettre de sécher. Alors vas-y, j'ai tout mon temps ! »

Putain si tu savais comme ça me touche ! Je me rabats sur une gorgée du chocolat qui vient de trouver sa place devant moi parce que... merde une famille... c'est pas vraiment un concept que j'ai beaucoup côtoyé, et même si la coloc' en est clairement le premier pan... Ok clairement, dans ma tête, les habitants de la caserne aussi. Est-ce que je devrais dire que ma soeur fait office de mère de substitution et que Frank remplace le père que je n'ai pas vraiment eu ? Mmmh... Je suis pas sûre que je mettrais des mots là-dessus, pourtant c'est sans doute loin d'être faux.

« Je vois pas trop bien en quoi c'est un honneur, je suis pas la reine d'Angleterre... »

Je suis rien du tout, même.

« Mais ça me fait du bien d'entendre ça. De savoir que je compte pour toi, autant que tu comptes pour moi... »

Ces mots sont sortis avec peine de ma bouche, c'est pas des choses que je parviens à dire facilement. N'empêche que je les ai dits, parce que j'en ressentais le besoin, et peut-être que lui aussi en a besoin.

« Et j'aime pas non plus qu'on se dispute. »

Je déteste ça, même. J'ai trop peur que ça soit pour ça que tu disparaisses de ma vie.

« Mais tu sais dans ma vie... Bah ils se passent grand chose de plus : je suis toujours à l'école, je devrais finir là cet été si je me merde pas sur les exams. Je fais toujours des vidéos d'urbex avec Aeris, et de la danse à petit rythme avec Brahms. Je voudrais qu'il reprenne sa carrière, cela dit, même si j'adore ce qu'on fait, il perd son temps avec moi, il peut redevenir pro, lui... »

Je réprime un soupir, sans équivoque. Que ce danseur étoile décide de danser avec moi, c'était juste irréel, et j'ai pas envie de m'en passer. Mais il mérite mieux que notre petit duo amateur. Il mérite de retourner sur de vraies planches, à Garnier, au Bolchoï... à la Royal Ballet s'il ne veut plus quitter l'Angleterre. Mais je pourrai jamais le suivre et il mérite de prendre à nouveau son envol.

« Enfin bref, je passe mes exams à la fin du mois, je vis toujours avec les filles, je continue de voir Ethan, et de bosser au diner. La routine quoi... »

J'imagine pas encore que dans quelques semaines, je pourrai ajouter "j'ai rencontré une fille super mais je sais pas comment gérer ça" à cette liste...
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() message posté Dim 29 Juil 2018 - 22:44 par Frank Turner
JUIN  2018
Enfin  l'accalmie après la tempête


Il s'est passé tant de choses en aussi peu de temps. Des évènements bons comme mauvais, des montagnes russes émotionnelles qui m'ont mené au plus bas et au plus haut. Je suis tombé tant de fois, avant de définitivement me relever, plus fort et meilleur que je ne l'étais avant. Plus sociable et pas juste avec les jeunes victimes, mes anciens collègues peinaient même à me reconnaître. Je ne m'interdisais plus de sourire à présent, ni d'être aimable. D'ailleurs, il n'était pas rare que je me charge de ramener du café aux bureaux ou quelques pâtisseries pour récompenser le travail de mes inspecteurs. Ajoutez les compliments à la liste des changements. J'étais plus enclin à en faire, histoire de booster mon équipe. Cette nouvelle imagine ne me déplaisais pas pour ne rien vous cacher. Jouer les odieux connards était épuisant et contre-productif. Malgré les progrès, je n'étais pas en reste côté boulettes et la présence de Sha doublée de sa colère me le rappela. Quelque part, c'était douloureux et cela me ramenait quelques années en arrière à l'époque même où je me servais du boulot pour fuir une réalité que je n'acceptais pas, à savoir la maladie de ma mère. Sortir les rames était encore à l'ordre du jour et nul doute qu'une simple tasse de chocolat chaud, aussi bon soit-il, ne serait suffire. Alors j'entreprends de faire entendre le plus beau, le plus sincère de mes soliloques afin de lui faire entendre la valeur qu'elle a pour moi. Je sais que c'est ce qu'elle veut entendre sans oser le dire tout haut. Je ne suis pas du genre à m'épandre de la sorte, sauf avec les gens qui comptent vraiment.

« - Je sais à quel point c'est difficile pour toi d'être sentimentale et moi-même ça me touche de t'entendre dire tout ça et de réagir ainsi. Je pense que pour les gens qu'on aime, il faut parfois se livrer à quelques concessions.Tu n'es pas d'accord ? » Je décidais donc de m'asseoir et de savourer un autre café pour mieux accompagner Sharona. Munit de mon portable, je prenais cependant le temps de prévenir que je risquais d'arriver en retard et qu'il ne fallait pas s'en inquiéter. Et une fois le texto expédié, je pouvais reporter mon attention sur ma petite protégée en m'enquérant, non sans curiosité, de sa situation actuelle après avoir pris le temps d'échanger au préalable sur la mienne. « - Hey, ne commence pas comme ça ma grande ! Je suis sûr qu'il s'est passé pleins de choses ! » tentais-je pour essayer de lui redonner le sourire, je n'aimais pas la voir s'inférioriser de la sorte. Malheureusement pour moi et je le sais, les mauvaises habitudes ont la vie dure. « - Sha, arrête de penser que les gens perdent leur temps avec toi. Tu es extraordinaire ! Et tu as tout un tas de qualités ne l'oublie pas. Je te l'écrirais sur un tas de post-it si ça peut t'aider à y croire. Bon pour l'école et les examens, tu me tiens au courant. Cette fois, promis je répondrais présent ! » Mon portable se mit alors à sonner « -Il faut que je décroche, c'est le boulot. Tu m'excuses ! » Portable greffé sur l'oreille je quittais le tabouret sur lequel je venais d'élire domicile. « - Turner, j'écoute ! Cavanaugh ! Je me disais bien aussi ça faisait longtemps que vous ne m'aviez pas appelé. Non le dossier Warren est sur mon bureau. Comment ça ? Ok, j'arrive ! » Et c'est l'air désolé que je revenais sur mes pas. « - Je dois impérativement rejoindre le poste. Écoute voilà ce que je te propose. Ce soir, si tu n'as rien prévu, tu viens dîner. Ca te va ? »




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() message posté Sam 8 Sep 2018 - 9:45 par Sharona K. García-Brown
La vie est faite de hauts et de bas, il paraît. Les bas, j'en ai vu des tas, j'y étais habituée, je crois. Mais j'ai le sentiment que je commence seulement à voir quelques hauts, et que les chutes sont d'autant plus difficiles à encaisser. Et c'est pas comme si j'étais pas du genre à céder facilement à la colère, alors forcément, là, je suis en rogne, terriblement en rogne. Mais c'est parce que je suis blessée, et que c'est comme ça que je réagis. Frank le sait bien, et je vois bien qu'il fait tous les efforts du monde pour me calmer et me rassurer. Je finis même pas réussir à me livrer un peu, c'est tout dire...

« - Je sais à quel point c'est difficile pour toi d'être sentimentale et moi-même ça me touche de t'entendre dire tout ça et de réagir ainsi. Je pense que pour les gens qu'on aime, il faut parfois se livrer à quelques concessions. Tu n'es pas d'accord ? »

J'esquisse finalement un sourire devant la véracité de ses propos, hoche doucement la tête. Les gens qu'on aime. Je sais pas dire ça. Je sais pas lui dire que je l'aime comme un père, plus que celui qui porte officiellement ce nom, parce que depuis cette nuit-là au diner, il a toujours été là pour moi. J'aurais pu être une victime parmi la longue liste de ses dossiers, j'étais même pas dans la cible, trop vieille parmi les multiples plaintes concernant des mineurs qu'il traitait. J'aurais pu être refourguée à un collègue, oubliée dans l'instant. Mais non, il est toujours là. Même quand il reste aux abonnés absents pendant des mois, comme j'ai moi-même été capable de le faire par moments. Alors j'entreprends de résumer brièvement sa période d'absence, mais je reste persuadée que ma vie est bien plus monotone - bien que remplie - qu'il ne l'imagine.

« - Hey, ne commence pas comme ça ma grande ! Je suis sûr qu'il s'est passé pleins de choses ! Sha, arrête de penser que les gens perdent leur temps avec toi. Tu es extraordinaire ! Et tu as tout un tas de qualités ne l'oublie pas. Je te l'écrirais sur un tas de post-it si ça peut t'aider à y croire. Bon pour l'école et les examens, tu me tiens au courant. Cette fois, promis je répondrais présent ! »

J'allais répondre que réellement, il ne s'était pas passé grand chose d'autre que la routine, mais son téléphone a sonné, et je le laisse attraper l'appareil, une main soutenant ma tête comme je le regarde faire.

« - Il faut que je décroche, c'est le boulot. Tu m'excuses !
- Mmmh mmmh... »

Je crois que je sais déjà qu'il ne va pas pouvoir rester. Je sirote distraitement mon chocolat, mais le coeur n'y est pas vraiment. J'aurais aimé qu'on ait plus de temps, et ça me frustre. Mais c'est le boulot, je peux pas lui en vouloir... et au fur et à mesure de sa conversation, j'ai la confirmation de mon ressenti.

« - Turner, j'écoute ! Cavanaugh ! Je me disais bien aussi ça faisait longtemps que vous ne m'aviez pas appelé. Non le dossier Warren est sur mon bureau. Comment ça ? Ok, j'arrive ! »

Un soupir m'échappe et je termine ma tasse, prête à prendre la porte presque aussitôt.

« - Je dois impérativement rejoindre le poste. Écoute voilà ce que je te propose. Ce soir, si tu n'as rien prévu, tu viens dîner. Ca te va ?
- Ca me va. J'ai que mes révisions de prévues, et une pause ne sera pas superflue. Va. Ils t'attendent. »

Je suis déjà à la porte, prête à lui foutre la paix. En vrai, j'aurais voulu rester, faire un caprice pour qu'il reste un peu avec moi, mais j'ai pas vraiment le droit de faire ça. Et je suis partie avec un petit sourire et un signe de la main, comme si tout allait bien. Mais je suis pas si fière que ça quand j'arrive au diner, et que j'apprends que Derek a été viré dans la nuit.

***

J'ai eu beau réclamer, j'ai pas réussi à obtenir ses coordonnées, et Marlon et Betty ont aucune idée de comment le joindre. Putain pourquoi j'ai pas pris son téléphone avant, hein ? Mes collègues ont tout fait pour me calmer, mais ça a servi à rien, et j'ai juste failli me faire virer à mon tour, à parler mal à tout le monde sous le coup de la colère et de la frustration.

« - Sha... »

C'est l'air peiné de la jeune maman après qu'on m'a collé un avertissement qui me fait un peu redescendre et je suis son conseil de me focaliser sur quelque chose de positif, vu que je peux de toute façon rien faire pour le reste. Et après quelques sms pour savoir à quelle heure je peux venir à la caserne, deux heures d'un cours qui ne m'a malheureusement pas passionnée, j'ai abandonné l'idée de passer chez moi pour revenir directement chez Rachel et lui, une grande boîte de cupcakes du diner dans les bras pour pas arriver les mains vides.

« - Je savais pas quel parfum prendre, alors j'ai pris un peu de tout... »

Comme si ça pouvait justifier qu'il y en ait pour douze alors qu'on va être que tous les trois, je crois...

@Rachel-Mary Parker-Davis @Frank Turner
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() message posté Mar 11 Sep 2018 - 12:41 par Frank Turner
JUIN  2018
Enfin  l'accalmie après la tempête


Il était content de retrouver sa petite protégée, et ce, malgré les premières minutes placées sous le signe de la rancœur pour une jeune demoiselle en proie à la colère et comment ne pas l'être en de telles circonstances. Frank avait encore gaffé, mais n'étant plus du genre à se fustiger, le flic accepta sans mal les critiques et consentit à faire tout ce qui était en son pouvoir pour se rattraper et veiller à ne plus recommencer. Il voulait s'améliorer, être enfin la meilleure version possible de lui-même et depuis le retour de « désintox » bien que la période soit trop courte et l'addiction moindre, il semblait être reparti d'un bon pied, prêt à tout affronter et à être l'épaule sur laquelle on pouvait à nouveau se reposer. Malheureusement pour lui et plus encore pour Sharona, les retrouvailles et l'échange furent de courte durée. Le Capitaine Turner avait de nouvelles responsabilités et ne pouvait les démettre et puis il tenait trop à son emploi, à ce nouveau rôle, une seconde chance lui avait été offerte et il n'avait certainement pas l'intention de tout gâcher. Cependant, il n'en oubliait pas ses autres impératifs et proposa tout naturellement à la jeune demoiselle de revenir le soir-même pour venir dîner. Pour ainsi dire, il ne lui laissait que peu d'alternatives, mais savait qu'elle ne s'en offusquerait point. Il s'en voulait quand même un peu de devoir partir comme un voleur. Ainsi, il attendit d'avoir rejoint le bureau, soit une vingtaine de minutes plus tard pour envoyer un texto à Sharona.
«  Excuse-moi d'être parti aussi vite. Je pense être rentré vers 19 h. Peut-être que Rachel sera là avant moi ! »
Une fois le message expédié, il put sans attendre retrouver le jeune officier Cavanaugh qu'il suspectait d'être un peu trop fayot sur les bords tout en étant du genre à stresser pour un rien. Et effectivement, le dossier tant recherché se trouvait bel et bien dans le bureau de Frank, premier placard à gauche, comme la plupart des dossiers en cours « - Vous aurez des cheveux blancs avant l'âge Cavanaugh ! » Le Capitaine put donc retourner à son bureau. Il devait prendre rendez-vous avec l'assistante sociale en charge du dossier Warren. Au préalable, il en profita pour jouer une fois encore du clavier, en envoyant un message à Rachel. « Coucou mon amour ! Changement de programme pour ce soir ! J'ai invité Sharona à dîner pour me faire pardonner. À ce soir. Je t'aime ! »   Le message expédié, il retourna ses obligations.

Frank allait un peu moins sur le terrain puisque désormais, il dirigeait son unité. Il profita donc du rendez-vous chez l'assistante sociale pour bouger. Les autres inspecteurs étant indisponibles pour la plupart, il tenait là, la bonne excuse. L'entrevue s'étira sur deux heures. Il était question d'une adolescente placée en centre après plusieurs suspicions de violence. Ce n'était pas la première fois que cela se passait, Frank voulait de ce fait, mettre les points sur les « i » pour que cela ne se reproduise plus et que l'adolescente quitte ce foyer misérable où on ne lui apportait rien, si ce n'est de la violence. Au sortir de l'entretien, le flic semblait sur les dents, mais se réjouissait d'avoir ouvert sa gueule pour la bonne cause. Il regagna son véhicule de fonction, puis le bureau où il retrouva ses inspecteurs. Il leur fit un dernier topos, avant de récupérer ses affaires et rentrer à la caserne. « - Je suis rentré ! » Il attendit une petite minute avant de réitérer son appel. De toute évidence, Rachel n'était pas encore rentrée. « - Bon bah, je ne vais pas me risquer à cuisiner moi ! » Et sans surprise, il se rua vers le frigo, récupéra le flyer du resto japonais et commanda plusieurs petites choses, en espérant contenter tout le monde. À peine eut-il finit de passer commande, que l'on sonna. Tout sourire, il se présenta donc à la porte et tomba nez à nez avec Sharona qui n'était de toute évidence pas venue les mains vides. « - Heureusement que j'ai oublié de commander un dessert ! Entre ! » Il lui laissa de l'espace avant de refermer la porte sur son passage « - J'ai commandé Japonais, je n'ai pas osé me risquer à préparer quoique ce soit. Tu connais mes talents pour la cuisine ! Rachel ne devrait plus tarder ! Tu veux boire quelque chose ? On a de l'Arizona à la pêche, du soda, du Perrier ou de l'eau ! Qu'est-ce qui te ferais plaisir ? »
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