too much love to handle

Lorsque le temps froid s’installait à Londres, rien de comparable au Canada, le cerveau de Rioja se retrouvait en pleine hibernation. Elle fonctionnait sur une même routine : boulot et maison. Le plus souvent, Rio essayait d’éviter le froid. Pourtant, elle était ici, à Zermatt. En pleine station de ski. De son plein gré, la jeune femme avait acheté un billet d’avion à bon prix afin de prendre la direction de la Suisse. À cette idée, Rioja n’avait pas longuement réfléchit, elle avait presque accepté tout de suite. Pas parce qu’elle cherchait à fuir ce qui se tramait dans sa vie puisque son fleuve autrefois perturbé était désormais calme, très calme. Bodevan et elle s’étaient retrouvés. Il y avait toujours des étapes à franchir, mais pour la première fois depuis près de deux ans, Rioja avait foi. En son couple. En son mariage. Mais parce que des vacances, loin de Londres lui ferait du bien. Un séjour entre amies, ça lui changerait les idées. Puis, qui n’aimait pas skier et profiter un peu de la neige ? Rio se rappelait les quelques fois où sa famille avait pris des vacances d’hiver. Les quelques cours pris à l’adolescence étaient très loin dans les souvenirs de Rioja, mais elle ne s’inquiétait pas trop. C’était comme le bicycle, ça allait lui revenir. De toute manière, Rioja s’était contentée de prendre les pistes les plus simples… Celles qu’on donne aux débutants. Pas trop longtemps comme elle ne supporte pas le froid. Trente minutes, peut-être, avant qu’elle se dirige à l’intérieur de la station de ski. Ce n’est que plus tard que Rioja quitte la chaleur de l’intérieur pour retourner à l’extérieur. Du bas de la piste, c’était presque beau tous ses gens qui glissaient dans sa direction tandis que les flocons tombaient au sol, une image que Rioja n’avait pas vu depuis quelques temps. De la neige qui tombe du ciel. Elle se croyait en enfance, admirative comme ça. Finalement, Aija la rejoint. Les premières minutes sont silencieuses et Rioja sait qu’au fond, quelque chose trame dans la tête de son amie. « Alors, qu’as-tu fais de ton après midi ? Tu as bien profité de la neige ou tu es allée faire un tour au spa ? » Debout, face à Aija, elle relève le regard pour la regarder. Elle ne s’était pas attendu à l’entendre prendre la parole après quelques minutes de silence. « J’en ai profité quelques minutes puis je suis entrée à l’intérieur. Je conseille fortement un tour au spa, j’ai l’impression d’avoir rajeunit de dix ans. » Surtout qu’elle fêterait bientôt son trentième anniversaire. « Les paysages sont beaux de là-haut ? » Elle aussi pose une question anodine. Inutile dans toute l’histoire, mais forcer quelqu’un à parler ne fait pas partie du caractère de Rioja. Elle attendra qu’Aija le fasse de son propre gré.

« Comme si tu avais besoin de rajeunir ! Tu as vu ton teint éclatant ? Tu n’as jamais été aussi belle ! » Rioja sentait le rouge lui monter aux joues bien qu'Aija ne soit pas la première à le lui dire. Mais Rioja commençait à voir les ravages que l'âge faisait sur son visage, il n'était plus aussi ferme qu'auparavant. Tout au fond d'elle, Rio le sentait que la trentaine serait difficile pour elle malgré le fait que vieillir ne lui avait jamais fait peur. Peut-être que ce n'était qu'une façade réconforte, même la nouvellement trentenaire n'en savait absolument rien. « Plus je commence tôt, plus je m'évite des rides. » Avait-elle simplement décidé de répondre avec un petit sourire. Avoir 30 ans, ce n'était pas rien. « Mais je te prendrais surement au mot et j’irai y faire un tour, ça ne pourra que me faire du bien d’aller décompresser un peu. » Rio voyait bien que la tête d'Aija n'était pas entièrement présente, mais si le spa l'aidait un peu, elle était heureuse de l'aider. « Si tu as besoin de compagnie, tu connais mon numéro. » Elle lui offre un sourire tout en la regardant attentivement. Rioja était ainsi. Elle analysait les gens avant de poser des questions, avant de s'aventurer sur un chemin. Elle n'y allait jamais sans avoir plus ou moins l'approbation de la personne parce qu'elle-même détestait lorsqu'on s'incrustait dans sa vie. Et c'était une tactique que Rioja avait apprise avec les années de journalisme. « De toute beauté ! Je suis habituée aux paysages scandinaves où l’on a malgré tout moins de montagnes et surtout moins de pics aussi hauts, tout est beaucoup plus plat. Là c’est un tout autre type de paysages et c’est tout aussi magnifique ! » Une activité parfaite pour une ancienne gymnaste de haut niveau. Oui, elle s'était renseignée à son sujet. Elle avait même été impressionnée par son talent. « Ça me donne presque envie d'y aller pour y prendre quelques photos. » Probablement la seule raison qui pousserait Rio à se rendre en haut complètement de la maison. « Je suis désolée, je ne suis pas la plus bavarde aujourd’hui … Je devrais être la plus heureuse du monde d’être dans un lieu aussi beau et en d’aussi bonne compagnie, mais je n’y arrive vraiment pas … » Un mince sourire compatissant s'afficha sur le visage de Rio. « Ne t'en fais pas. Pas besoin de prétendre être heureuse quand tu ne l'es pas même dans des lieux aussi enchanteurs que la Suisse. » Sa main allait se déposer quelques secondes sur l'avant-bras de Aija, dans un but réconfortant. « Si je peux me permettre, que se passe-t-il ? » Aija lui avait ouvert la porte pour qu'elle se permette de poser la question.