Life is a cruel game + William

Quelqu'un a dit un jour, l'argent ne fait pas le bonheur. Ceux qui n'ont pas d'argent diront que c'est faux, parce que sans argent on a constamment peur de manquer et de ne pas pouvoir offrir à ses enfants ce qu'ils méritent. Ca n'a pas été mon cas bien entendu. Je suis né dans une bonne famille, avec une cuillère en argent dans la bouche c'est vrai. Pourtant moi je peux vous dire que ça ne fait pas tout. Être riche n'a pas fait que mes parents aient passé plus de temps avec moi ou avec mon frère, au contraire, sans doute que ça les a éloignés de nous. Souvent les gens font des enfants parce que c'est dans l'ordre des choses mais pas parce qu'ils en ont vraiment envie. Il n'y a que nos grand parents maternels qui étaient heureux d’accueillir deux nouveaux membres dans cette famille, et qui se sont occupés de nous comme le méritaient des enfants qui n'ont rien demandé à la vie. Cependant je pense que je peux difficilement me plaindre, mon enfance n'a pas été malheureuse, nous faisions front avec mon frère et tous les deux nous avons toujours été une équipe capable de déplacer des montagnes.

Et j'ai grandi avec cette conscience qu'en tant que frère aîné, héritier de cette famille il fallait que je prenne en main la situation, que je gère, que je sois toujours au mieux de mes performances scolaires, des activités sportives et de mes relations sociales. Ce côté élitiste j'ai eu du mal à m'en défaire, et parfois je me demande si je m'en suis défait. Est ce que je cherche à tout prix la perfection ? Quand j'étais plus jeune j'étais comme ça, un psy à dit à ma mère que je devais apprendre à lâcher prise. Vous voulez savoir la vérité ? C'est quelque chose que je n'ai appris à faire que récemment dans ma vie, mais je pense que je n'en serais pas là aujourd'hui si ça n'avait pas été pour mes ambitions, ma volonté et mon côté perfectionniste.
Revenons quand même à nos moutons. Pendant mon adolescence j'ai pratiqué beaucoup de sport, seule chose qui m'a permis de canaliser le stress de cette vie que je me suis infligé. Entre le rugby et le polo mon coeur a toujours balancé. Sans doute parce que je suis anglais, et que je viens de la haute société. Je n'ai pas une réelle affinité avec les chevaux pourtant, même si on m'a mis au cours d'équitation tout petit. C'est comme le violon. Je sais en jouer, j'ai appris à aimer ça, mais clairement c'était pour faire plaisir à un quelconque parent éloigné qu'on m'a forcé à en faire. Si on m'avait demandé mon avis je crois que je n'aurais pas fait de musique, plutôt du dessin mais quand je m'en suis rendu compte je me suis mis en tête que c'était déjà trop tard.

La première copine que j'ai un jour ramené chez moi n'existe pas. Du moins il est arrivé que mon frère en rencontre, mais pour ce qui est de mes parents et/ou grands parents ça n'est  jamais arrivé. Pourquoi ? Je n'ai jamais ressenti le besoin de les mêler à ma vie privée, et puis je n'ai jamais eu de relation assez longue pour avoir un besoin de formaliser les choses de façon si solennelle. Qu'on se le dise, c'est rarement moi qui mettais un terme à mes relations. Aucune n'a jamais réellement supporter passer après le travail, après la réputation, ou même de ne pas arriver à égratigner la carapace acquise par la force des années.

Donc vous allez sans doute me demander quel travail ? Passons d'abord par la case études. J'ai intégré Oxford comme c'est de coutume chez les Stuart. A cette époque là j'avais une idée peu précise finalement de ce que je voulais faire. Une période assez floue de ma vie, et où je me suis renfermé sur moi même. Et ce jusqu'à ce que mon grand père me fasse une proposition que je n'ai pu refuser. Reprendre le flambeau. Son flambeau, l'édition Londonienne. C'est en parlant avec lui que le projet s'est développé. Comment ? Lui même avait des idées qu'il n'avait jamais eues l'occasion de développer, et il me les donnait. Être à la tête de ma propre maison d'édition quand je sortirais de l'école. Moi je lui offrais une autre perspective d'avenir encore par la suite : l'international.

Je ne pensais pas qu'un jour pourtant je sortirais de l'Angleterre pour habiter ailleurs qu'à Londres. Pourtant il y a 4 ans j'ai décidé de m'installer à Wellington en Nouvelle Zélande pour développer le marché océanique. Il faut dire que ça a coïncidé étrangement avec la période où mon père a été malade, et où il faisait sonné mon portable du matin jusqu'au soir. J'ai fui, je sais c'est mal mais je n'en pouvais plus. J'ai passé un an là bas, un an loin de tout ce que je suis et ce que j'ai jamais été. C'est là que j'ai revu mon comportement. En revenant j'étais loin d'être la même personne. C'était une parenthèse dans ma vie, qui s'est quand même un peu refermée avec le temps mais j'ai essayé d'en garder le meilleur. Surtout, le lâcher prise... Ce n'est pas comme si je travaillais moins, si j'avais réussi à fonder une famille depuis que j'étais rentré, mais au moins de temps en temps je m'accorde de couper les ponts avec le travail.