"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Showtime ♪ Alinael 2979874845 Showtime ♪ Alinael 1973890357
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Nathanael E. Keynes
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() message posté Sam 16 Juin 2018 - 0:02 par Nathanael E. Keynes
Début juin 2018

« Ca marche. T'inquiète, je m'arrange. Au pire vous ferez notre première partie. »

Une petite attaque lancée pas vraiment au hasard, parfaitement vouée à le piquer au vif. Faire réagir sa fierté. Tester sa réponse. Je sais bien qu'elle ne va pas tarder à arriver, et c'est complètement fait pour. Même si je ne suis pas vraiment sérieux, au fond. Mes preuves, ici, j'ai plus à les faire. Alors si je dois les programmer un de nos soirs, je pense que ça posera problème à aucun de nous trois de chauffer la salle pour ceux qu'on accueille. Mais je vais pas lui dire comme ça non plus, faut pas déconner.

Il y a trois semaines, plus ou moins, qu'Alistair a débarqué ici contre toute attente et que de façon tout aussi inattendue, on s'est retrouvés à livrer des bouts de nos vies qu'on n'aurait peut-être pas soupçonnées, qui tranchent en tous les cas drastiquement avec le milieu d'où on vient. Et je mentirais si je disais que j'y ai pas repensé depuis. Parce que c'est perturbant de réaliser les points communs qui nous lient. Outre notre milieu d'origine, nos pères odieux, intolérants, on se retrouve avec la même passion pour la musique, le même besoin de monter sur scène au fond des tripes... et une attirance commune pour les personnes du même sexe, manifestement. Et si je m'efforce de mettre ça sur le compte de sa belle gueule, je peux pas nier que j'y suis pas complètement indifférent. Même si au fond, je sais bien que c'est pas que son joli minois qui rentre en ligne de compte. Que tout le reste de cette conversation est loin d'être neutre pour moi, tout comme pour lui. Et que cette chanson inachevée m'a trottée dans la tête pendant les semaines qui viennent de s'écouler, clairement. J'ai envie de l'entendre achevée, c'est une évidence... Même si c'est pas vraiment la seule raison qui me pousse à les faire monter sur scène cette semaine.

Et on est en train de s'installer Rika, Kaspar et moi, avec l'aide de Nathan qui se fait un plaisir de me chambrer quand mon bassiste est un peu plus loin - parce qu'il sait que Tyler reste son meilleur ami et qu'il imagine comme tout le monde je suppose que sa position est un peu délicate -, quand les membres d'Untitled entre à leur tour. Un échange de regard entre Nate et moi, et je délaisse la sono à ses bons soins pour aller accueillir nos invités du soir, traverse donc le bar pour les rejoindre à l'entrée, reconnais chacun d'eux à leurs instrus...

« Salut les gars, je suis Nate, ravi de vous avoir ici ce soir ! Mmmh... Laissez-moi deviner... John, le chanteur, Erwan à la batterie et Max, le bassiste, c'est bien ça ? Kaspar est en train d'installer ses cymbales, et Rika est quasi prêt mais Nathan et eux vous montreront sans souci où vous caler et le matos que vous pouvez squatter si vous voulez... »

Je les laisse prendre de l'avance, tandis que mon regard s'attarde sur Alistair, et que je cale mes mains dans les poches de mon jean slim noir, l'air nonchalant.

« Sooooooo... Pas trop perturbé de faire des infidélités à Wilde ? »

Sourire narquois sur le visage, j'attends sa réponse, à peu près certain qu'elle va fuser dans la seconde. Pour ma part, c'est clairement un double plaisir que de les avoir là ce soir, d'une part parce que j'imagine assez mal que je puisse être déçu même si je n'ai eu qu'une partition comme jugement de leur talent, et d'autre part parce que "piquer" un groupe au Viper, même ponctuellement, ça reste une petite victoire personnelle pour le moins appréciable. Et c'est pas comme si c'était un plaisir que des oreilles, d'ailleurs, pour la peine, mais ça, je le garde pour moi. Quoi que mes regards soient peut-être un peu trop appuyés, bon. Mais je fais genre en détournant le visage et posant les yeux sur les membres qui commencent à faire connaissance, là-bas.

« Bon, on s'est dit qu'on allait être cool et vous chauffer la salle comme on est en terrain connu, plutôt que l'inverse. On est en public conquis, nous, ici, après tout... »

T'as vu comme on est beaux joueurs ?
Mouais, ou pas.
Et je m'attends à une réponse assez immédiate à vrai dire, mais je l'aurais bien cherché.
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Alastair H. Pratt
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() message posté Sam 16 Juin 2018 - 7:35 par Alastair H. Pratt
« La premiè…!?»

À l’autre bout de la ligne, le pianiste se taisait. D’un geste qui aurait pu être comique, il distança son Iphone de son oreille et regarda l’appareil presqu’incrédule. Les Untitled jouaient au Viper Room. Ils faisaient maintenant le dernier segment de bien des shows, là-bas. Et la foule était en liesse, quand les Wilde ne volait pas le spectacle. Putain… Alistair n’attendait que Max, John et Erwan arrivent à se libérer tous ensemble pour passer cette foutue entrevue avec un des journalistes culturels de la BBC, Jonathan Perse. Entrevue dont il rêvait éveillé jour et nuit, maintenant. Ses réponses étaient déjà toutes faites, sans sa tête. Et celles qu’il supposait de Max le décontenançaient toujours. L’amour honnête et innocent de la musique. Perse et le reste du monde en serait tout aussi estomaqué, il le savait.

La BBC One. La fucking BBC One.

Et ce type lui demandait de faire la première partie de son groupe?! Alistair soupira lourdement et se passa la main dans le visage. Penser au reste du groupe. Ils s’en foutaient encore. De la première ou de la deuxième partie. Ils ne faisaient pas encore la différence, eux. Le gosse de riche ravala de peine et de misère l’affront en s’efforçant de prendre un ton joyeux.

« Ouais… Ouais absolument. On sera là pour propulser ton groupe aux étoiles, tiens. »

Et Alistair raccrocha, avec une moue ténébreuse.

Trois semaines qu’il avait rencontré Keynes à l’improviste dans son propre bar. Il avait pataugé dans ses propres pensées contraires pendant une bonne dizaine de jours avant de lui donner une réponse formelle du groupe. Tant de points communs et des yeux remplis de paroles qui l’attiraient comme un papillon de nuit vers la lumière. Une cage dorée aseptique. Une façon de pensée complètement désaxée, l’envie de se libérer du carcan toxique dont ils avaient hérité… et la dépendance à la musique. Le fait qu’il savait que Nate aimait les mecs, comme lui…

Il avait composé une chanson, à propos d’étoiles, presque juste à cause de lui. Pour lui dire à quel point Keynes l’avait secoué et pour l’avertir, au fond, à quel point il était sans doute rendu trop égaré dans le ciel pour un type aussi à terre que lui. Le reste du groupe avait collaboré à cœur joie, sans se rendre compte de rien. On avait même décidé, pour une putain de fois, que la voix un peu éraillée et nasillarde d’Alistair contrastait vraiment bien avec celle de John, pour le refrain de la fin.

Ils arrivèrent avec tout leur matos, une demi-heure avant l’heure prévue, comme d’habitude. Le Viper Room et leur premier show leur avaient montré la voie. Pas de gentillesse ni de bons samaritains, quand venait le temps d’être prêt à l’heure.

Mais alors qu’ils se préparaient à installer leur équipement, un autre groupe avait pris leur place. Les LuSt. Les autres membres du groupe froncèrent les sourcils mais Keynes les accueillit avec tout le sourire du monde, en leur annonçant que finalement, ils feraient la dernière partie. John, Max et Erwan se relaxèrent en éclatant de rire et en faisant les politesses et les blagues de rigueur. Erwan ne laissait jamais sa place, en terme d’âneries et de fous rires. Alistair ne fit que sourire avant de se concentrer sur son clavier qu’il fallait quand même transporter dans le backstage, en entente d’être branché à la sono.

Lorsqu’il revint, Keynes l’attendait, les mains dans les poches d’un jeans qui ne le dessinaient que trop bien, le sourire aguicheur. Alistair éclata d’un rire gamin et taquineur.

« Oh mais, je n’appartiens à personne, moi. Pas même à Wilde»


Phrase qu’il avait cent fois entendu au Viper Room. De la part d’Eleah, l’amante de Wilde et sa partenaire improvisée de danse. De la part même de son mentor, le temps d’un clin d’œil abyssal. Lui qui avait appartenu toute sa vie à son père, à Harold Gerald Alexander Pratt Jr… Ce soir, Alistair n’appartenait pas à qui que ce soit. Juste au hasard et au bien-être de son groupe.

Il éclata de rire de plus belle lorsque les LuSt leur laisèrent la dernière partie, avec un bonhommie effarante qu’il n’avait vu de sa vie. Rien à voir avec le ring de boxe qu’était le Viper Room. Il lança un regard de travers à Max qui discutait candidement avec un des membres de l’autre groupe.

« Écoute, c’est comme tu veux. Moi, j’ai déjà chaud et je suppose que ton audience sue déjà autant de ta présence comme de la mienne. Let the music  flow, darling. »
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() message posté Sam 16 Juin 2018 - 18:13 par Nathanael E. Keynes
« La premiè…!?»

Je souris comme un crétin de l'autre côté du fil, presque certain qu'il est en train d'en faire une jaunisse. Je suis pas vraiment sérieux, mais il est pas obligé de le savoir. C'était trop tentant de le faire marcher, et vu son évidente ambition, c'était clair qu'il allait même carrément courir. Bingo. Je l'entends au silence, à ce soupir étouffé qui précède sa réponse faussement enjouée.

« Ouais… Ouais absolument. On sera là pour propulser ton groupe aux étoiles, tiens. »

Les étoiles... Peut-être bien que je les atteindrai jamais. Peut-être bien que je ferai que regarder les autres, comme lui, les toucher du bout des doigts, envieux. Et puis sans doute que mon regard tombera sur la salle du Lucky Star, sur mes employés/potes ravis de bosser ici. Sur les membres de LuSt et leurs sourires quand on se prépare à monter sur scène, même si c'est quarante personnes plutôt qu'un stade de dix mille personnes. Ou sur les pages de mon blog et leurs vues et commentaires... Et je me dirai que j'ai tout de même pas complètement tout foiré. Que si j'ai pas décroché les étoiles, j'en ai vu commencer à briller, peut-être même aidé certaines à le faire. Peut-être même qu'un tout petit éclat brille au sein de chacun d'entre nous, ici, et que c'est ensemble qu'on donne son nom à cet endroit qui me tient tellement à coeur.

J'ai pas le temps de renchérir en tout cas qu'il a raccroché, et j'éclate de rire, sous le regard circonspect de Kassandra à qui j'explique en gros les choses.

« Tu sais qu'ils auraient juste pu refuser ?...
- Ouais je sais mais j'ai pas pu résister. Ils viendront, t'inquiète. »


Quitte à ce que je dévoile la vérité en amont, histoire d'apaiser les tensions. Mais ça a même pas été nécessaire. Ils sont venus comme prévu, et Kaspar et Rika ont échangé un regard entendu en voyant leurs mines surprises au vu de la programmation réelle. D'un coup, l'atmosphère s'est détendue, et le matos a été installé de mains expertes - les leurs autant que les nôtres. J'attends le retour du pianiste les mains dans les poches, balance une connerie de plus, qui a le don de le faire rire, cette fois.

« Oh mais, je n’appartiens à personne, moi. Pas même à Wilde. »

Est-ce que j'ai le droit d'apprécier autant cette information ? Pas sûr. Et je garde mes pensées pour moi, jette un regard à Rika qui discute tranquillement avec l'autre bassiste, pendant que le bar commence à se remplir. Des habitués, des inconnus mélangés. Comme toujours. On est prêts à monter sur scène en moins de temps que prévu, la force de l'expérience visiblement.

« Écoute, c’est comme tu veux. Moi, j’ai déjà chaud et je suppose que ton audience sue déjà autant de ta présence comme de la mienne. Let the music flow, darling.
- Wouldn't have said it better myself ! »


L'évocation de nos deux notoriétés fait naître un large sourire sur mon visage. Ouais, certains ici n'attendent plus que ça : le moment où les premières notes vont retentir, où les baguettes vont commencer à frapper les peaux tendues, où les premiers mots vont monter de nos gorges, portés par nos musiques. L'heure approche, les balances sont presque achevées, et je vais pas tarder à aller mouiller mon v-neck gris imprimé sur scène. Quelques minutes avant l'heure dite et la tension monte. Les baguettes de Kaspar roulent entre ses doigts, Rika s'est isolé pour faire le vide et pas céder au trac qui s'évanouira quand il aura tiré les premières notes de sa basse, et moi je fais le tour de toute l'installation une dernière fois avant le grand saut, donne quelques directives habituelles aux membres du personnel du bar qui n'ont pourtant rien d'extraordinaire...

Et LuSt se présente sur la scène, la salle réagit, comme à chaque fois. Dès les premières notes, les réactions sont là, les cris, les applaudissements dans la salle, les habitués qui reprennent certains refrains, les sourires et l'énergie de Rika, Kaspar et moi... Je prends jamais autant mon pied que quand je suis là-haut, ma gratte dans les mains, mon micro devant moi qui crache ma rage, ou transmet mes émotions... Je me ménage pas non plus, partage des moments de complicité avec Rika sur certains solos, laisse mes doigts se perdre sur mes cordes, jusqu'aux dernières notes. Nos chansons s'enchaînent, balades pleines d'émotions ou rocks endiablés pour lesquels on se donne à fond, et puis ces deux dernières chansons (12) en rappel avant de laisser la place et d'annoncer Untitled comme un groupe ami à qui on se doit de faire un triomphe, ce qui ne manque pas vraiment. Notre public répond à l'appel. Le leur ne risque pas de leur faire faux bond.  

Et c'est en nage mais un sourire extatique sur les lèvres que je passe le flambeau, et retourne derrière mon bar pour nous servir trois pintes bien méritées, le temps qu'Untitled s'installe, et commence à jouer. Il me faut un moment pour redescendre de mon nuage une fois que j'ai ma bière entre les mains mais dès que John a pris la parole, toute mon attention se trouve focalisée sur leur musique, les mots qu'ils ont sortis de leurs tripes, et ce qu'ils transmettent à nos deux publics, prêt à en retenir le maximum et à pondre un article à leur sujet dans les prochains jours... même si ça, je ne leur en ai pas parlé.
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() message posté Dim 17 Juin 2018 - 8:47 par Alastair H. Pratt
Erwan lui avait demandé de l’aide pour installer la batterie sur scène. Ils attendaient patiemment le signal pour procéder. Max devait sans doute essayer de recoiffer ses mèches rebelles quelque part, histoire d’essayer de relaxer et John accordait sa guitare en causant nonchalamment avec une jolie fille, comme si de rien n’était. Un début de soirée typique, quoi. Les yeux rivés sur l’avant de la scène, Alkistair écoutait. C’est que les LuSt, ils étaient bons. Excellents, même. La guitare déchirait. Leur énergie et leurs refrains étaient contagieux. Les gens avaient rapidement commencés à chantonner leurs paroles qui portaient l’espoir, même quand tout semblait aller mal… Nate se démenait sur scène et lâchait des sourires complices à son groupe, la sueur lui collait déjà au front et sa ferveur était séduisante.

Alistair eut un doute. Un gigantesque doute. Leurs morceaux n’avaient rien à voir avec tout ça. Ils était beaucoup plus tristes, beaucoup plus sombres… certains plus lents… Si les habitués de l’ambiance Viper en redemandaient… Qu’en serait-il de ceux du Lucky Star? Peut-etre auraient-ils dûs se contenter de la première partie? Peut-etre que…

«… le connais déjà, ce mec? Avoir su, on aurait plutôt envoyé Max ici… »

Alistair se regarda Erwan d’un air perdu et prit quelques secondes avant de retrouver le fil de la conversation. Erwan le regardait, un sourcil haussé et le sourire en coin.

« C’est… c’est le fils d’un bon ami de mon père et…»


« Attends… un autre petit prince? Bon dieu!!!!! Ça ne paraît pas du tout… Pas que tes airs princiers ne t’aille pas à merveille, hein… Mais lui, il est VRAIMENT sympa… Et mignon, en plus… »

Erwan se tourna vers les musiciens qui faisaient fureur sur scène, avant que son éternel sourire ne disparaisse, quelques instants.

« Hey, Ali, tu crois qu’après le show, on pourrait aller se prendre un de tes putains hamburgers de princesse, juste toi et moi? J’aimerais… j’aimerais vraiment te causer d’un truc… »

Le pianiste voyait la silhouette de Nate se détacher sous les projecteurs et rugir sur le stage. Agacé, Alistair fit tomber ses bretelles le long de tes jambes, renfonça le bonnet sur sa tête et se tourna vers le batteur avec un air affable. Il savait de quoi Erwan voulait parler.

« Ce soir? Oh vieux… Ça te dérange si on remet ça plus tard cette semaine? J’ai pas la tête à ça… tu me connais, moi, après les shows…»

Erwan sourit tristement et secoua la tête d’un air presqu’habitué et fit un clin d’œil à son acolyte.

« Pas de problème, M’dame la Marquise. Hey! Je crois que ça va être à nous! Allez, une, deux et trois…»

Les dernières vibrations de la guitare électrique de Keynes firent place au silence et les Untitled furent présentés en grande pompe devant une foule déjà surchauffée. Leurs premiers morceaux reprirent le rythme effréné de leurs comparses du début et les spectateurs se déchainèrent de plus belle. Remarquerait-elle que les paroles étaient déjà un peu plus noires que les chansons précédentes? Que le rythme était un brin plus lugubre et presque aussi langoureux qu’une dernière étreinte? Alistair ne savait pas. En symbiose avec son piano, il faisait éclater sur scène ses propres distorsions, ses propres frayeurs et questionnements, crachés par la voix chaude et suave de John.

Et puis les derniers morceaux arrivèrent, plus sombres et plus recherchés que jamais. Si la foule du Viper y était habitué, avec la tonalité abyssale des Wilde… comment réagirait celle du Lucky Star après les balades entrainantes des LuSt? Le pianiste devait admettre qu’il était presque effrayé… Oui, ils auraient dû faire la première partie.

Ils enchainèrent sur leurs deux dernières chansons. Celle qui avait failli faire éclater leur groupe alors que les partitions n’étaient pas complète lorsque Wilde l’avait écouté en exclusivité. Les premières notes distordues du piano firent résonner la salle alors que l’angoisse de la basse et de la guitare les faisaient répéter inlassablement les mêmes accords avec le soutien de la batterie qui jouaient de plus en plus fort pour donner un refrain ou les notes isolées du piano se fondaient enfin dans le désespoir poignant de la guitare pour unir enfin la voix sensuelle de John et celle, plus grinçante du pianiste.

Song to say Goodbye, avec sans doute des paroles un brin différentes

Ils durent attendre que la foule cesse de les applaudir pour entamer ce qui devait être leur dernier morceau… du moins en apparence. Un morceau qui contrastait totalement avec la rage et les envolées de notes précédentes. Erwan baissa doucement ses baguettes et Max se détendit enfin pour le reste de la pièce et laissa toute la place au chanteur et au pianiste pour qu’ils synchronisent leurs notes isolées, pour mieux laisser toute la place aux paroles et à la voix presque tremblante de John. Alistair se mit doucement à fredonner les dernières notes au micro, en se berçant au rythme hypnotique de la mélodie.

Right where it belongs

Et ce fut tout.

La foule retint son souffle pendant une minute. Pour digérer la musique, sans doute.

Puis les applaudissements fusèrent à tout rompre. Alistair poussa une mèche de cheveux de son front pour mieux regarder les gens qui ovationnaient et sourit doucement.

Puis, une fois que John les ait tous présentés, sous une deuxième ronde d’applaudissements, il trouva le premier prétexte pour s’éclipser dehors et se fumer une clope tranquille.


* Je voulais aussi leur faire chanter Pink Water 2 mais ça jurait un peu. Mais Alistair garde cette chanson sous la manche.
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() message posté Dim 17 Juin 2018 - 18:04 par Nathanael E. Keynes
Je m'en lasserai jamais. Je m'en passerai jamais. Quand je serai grabataire, incapable de me lever, je suis sûr que j'aurai toujours ma guitare dans les mains. Peut-être que je jouerai autre chose, autrement. Mais je jouerai. Je vois pas comment ça pourrait être autrement. Et là sur scène, je suis clairement dans mon élément. Je vis, je vibre, ici, plus que jamais. Et je laisserai personne me l'ôter, c'est une certitude.

Je suis loin d'imaginer, alors que je suis sur les planches en train de balancer toute mon énergie à un public conquis, la discussion qui se lance entre les membres d'Untitled. Et même si je l'entendais, je crois pas que j'en saisirais tous les enjeux. Ca me regarderait de toute façon pas vraiment, quand bien même ma curiosité naturelle se satisferait assez mal de rester sur des suppositions vagues. Pour l'heure, elle a suffisamment à faire avec la découverte de ce que l'autre groupe a dans le ventre.

Et putain c'est qu'ils sont bons, eux aussi ! Le public s'y trompe pas, se déchaîne sur leurs basses autant que sur les nôtres. Pourtant la différence de style n'est pas inaudible. Leur propos plus mélancolique. Et comme l'enchaînement de leurs morceaux les amène subtilement vers plus de noirceur, les paroles se font plus désespérées et je reconnais dans la seconde le morceau inachevé que j'ai commenté trois semaines plus tôt. Un sourire à la réaction attendue du public et je joins mes propres cris à ceux de la foule, siffle même d'approbation avant que le silence ne finisse par se faire et que le piano d'Alistair ne résonne de notes désespérées. Kaspar se penche par-dessus le comptoir, me confirme ce que je pense et qu'il partage quant à l'excellence du groupe. Mais je suis de nouveau accaparé par la voix de John, par la mélodie de Pratt, par le contenu empli de la même obscure mélancolie que le gosse de riche a manifesté devant ce comptoir l'autre jour. Je finis ma bière, les doigts tremblant, tandis que l'assistance retient son souffle, avant d'applaudir à tout rompre les musiciens qui se préparent à descendre de scène après avoir tour à tour été présentés, comme nous trois un peu plus tôt. Je vois Rika écraser une larme, dont les émotions sont plus à fleur de peau que quatre-vint-dix-neuf pour cents de l'humanité. Faut dire qu'il est plus sensible encore que moi qui le suis déjà pas mal, parfois bien malgré moi, et qu'il a pris le parti de faire avec, de même pas en avoir honte... Alors que moi je fuis, littéralement. Je bats en retraite, vers la sortie, après avoir sorti mon paquet de clope de mon blouson pour en griller une, le temps de retrouver une contenance.

Sauf que je suis pas seul à l'extérieur, et j'esquisse un sourire alors que la fumée s'insinue dans mes poumons et qu'il allume sa propre clope. J'hésite un instant, prêt à lancer une pique à la con de plus, et puis...

« T'as fini par la boucler ta chanson finalement, et en beauté. Vous volez pas votre place au Viper, clairement... »

Et puis c'est la vérité qui passe mes lèvres, alors que je regarde fixement de l'autre côté de la rue, porte à nouveau ma cigarette à ma bouche en tâchant de limiter le tremblement de mes doigts.

« Et moi je suis pas fâché de vous avoir volés au moins pour ce soir. »

Les clients du bar non plus, à l'évidence. Putain mec, vous revenez jouer quand vous voulez !

Je fume ma clope, le temps de reprendre un peu contenance. Déjà que de base, il me faut un temps certain pour redescendre de la transe dans laquelle la scène peut me mettre, ce qu'Untitled a généré d'émotions dans la foulée n'aide clairement pas à m'en faire sortir. Je finis ma clope, mais ça suffit clairement pas, et je finis par me tourner vers lui, comme s'il pouvait atténuer ça alors qu'il est certainement encore dedans vu qu'il vient tout juste de lâcher son clavier.

« Tu m'en voudras pas de pas être trop loquace tout de suite, je suis encore pas complètement là... »

Et je m'allume une clope supplémentaire, comme je me fais la réflexion intérieure qu'il y a toutes les chances pour que lorsque je retournerai à l'intérieur, ça soit pour aller squatter la scène à l'arrache, de façon totalement improvisée, mais clairement indispensable. Un boeuf sorti de nulle part, où je ne sais absolument pas encore ce que je vais me retrouver à jouer, mais tout ce qui me passera par la tête, jusqu'à ce que je sois suffisamment épuisé pour retrouver la terre ferme, ce qui n'est pas pour tout de suite à l'évidence...
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() message posté Lun 18 Juin 2018 - 9:34 par Alastair H. Pratt
Alors que les volutes de sa cigarette l’enveloppait pour mieux rejoindre les voûtes célestes, Alistair fixait la devanture d’en face, perdu dans ses pensées.

Mais qu’est-ce qu’Erwan avait bien pu vouloir lui dire, tout à l’heure? Cela faisait maintenant presque deux ans qu’il évitait de se retrouver seul à seul avec lui. Pour mieux fuir cette conversation qu’il faudrait bien avoir un jour. À propos de leur rupture brutale et du malaise que cela causait, même après tout ce temps, au sein du groupe. Il savait qu’Erwan le questionnerait sur son voyage à Rome et il ne voulait pas aborder le sujet. Avec personne. Et encore moins avec le batteur. Comment admettre à son ex que tout avait dégénéré parce qu’il avait voulu s’éclater un peu, dans une ville étrangère, à son insu? Comment admettre qu’il était rentré dans ce putain de bar pour un peu de plaisir charnel, trop loin de Londres, alors qu’ils s’étaient promis que rien n’arriverait, même à distance? Comment lui dire qu’il n’y avait plus de sentiment? Bordel, leur relation plus ou moins admise n’avait duré que huit mois… Huit mois… Comment lui dire que maintenant, il n’y avait plus qu’une admiration certaine pour son talent de musicien et que le reste se confondait en une épouvantable culpabilité et en un lien distordu qui éveillait chez lui les pires flashbacks, dès qu’il pensait à ce qui avait suivi sa petite trahison?

Comment admettre à la dernière personne à qui on avait réellement fait l’amour qu’on avait le sida, maintenant? Il avait promis à Max qu’il le dirait aux autres mais…

Alistair espérait seulement qu’Erwan ne voulait pas quitter le groupe à cause lui. Il avait été impossible, ces derniers temps, le pianiste le savait. Mais Untitled sans Erwan, son improvisation à la batterie et son éternelle bonne humeur, c’était impossible et…

Une présence à côté de lui le fit sursauter et il faillit échapper sa clope. Keynes venait de s’adosser au même mur que lui, nicotine au bec. Les compliments sur leurs prestations fusèrent, en toute franchise. Alistair rougit. Bien sur que la foule avait apprécié. Elle gobait tout, comme toujours. La pire musique comme la meilleure. Alistair bafouilla les mondanités d’usage et se tut pour mieux sentir le brulement des toxines dans ses poumons.

Puis il faillit s’étouffer sur sa cigarette en éclantant d’un rire bon-enfant, lorsque Keynes lui avoua s’isoler pour fuir le blues de la scène. Il jeta son mégot dans la rue avant de continuer à rire plus doucement.

« Oh putain! Je pensais que j’étais le seul weirdo à réagir ainsi! Les autres sont tous là à célébrer leur victoire musicale et moi… Moi, il faut que je m’isole. Pour mieux digérer la musique que je viens de cracher et le silence qui arrive ensuite. Cet épouvantable silence… Ça me tue à chaque fois. »

D’un geste presque gracieux, il tira son boitier de la poche de sa chemise, l’ouvrit et tira une autre clope. L’étincelle de son zippo éclaira les arêtes de son visage trop sérieux et les mèches teindues noires qui lui collait encore au front. Il expira un large nuage bleuté vers le haut avant de reprendre.

« Mon batteur n’arrête pas de me comparer au Loup-Garou de Londres, dans ces moments-là. Il ne faut pas  vraiment trop essayer de me causer et les pauvres filles qui essaient de flirter avec le quidam qui leur reste du groupe fuient presque en courant, dans ces moments-là. Faut croire que ce n’est pas tout à fait la pleine lune, ce soir. »

Il fit un clin d’œil au chanteur de l’autre groupe et le détailla subtilement, lui et sa mignonne faussette au menton puis il inspira de nouveau et murmura, d’une voix un peu éraillée.

« Je ne sais pas toi… Peut-être que c’est juste moi qui est complètement barjot… Mais je ne suis pas capable de soutenir ce vide qui survient après chaque concert. Ça me prend un moment seul, pour redescendre sur terre, tu vois. Je pourrais jouer et rejouer encore. »

Alistair fit un sourire en coin, pour mieux renforcer la confidence.

« Lors de notre première audition au Viper, j’étais malade. Grippé comme un chien avec une intoxication alimentaire de la mort. Et on avait tellement pratiqué la veille que je suis tombé dans les pommes devant lui. Je ne comprends même pas pourquoi Wilde ne nous a pas juste jeté à cause de ça… Un musicien qui tombe sur scène, ça n’a rien de vendeur… Mais non, il nous a gardé. Il est même venu s’assurer que j'allais me reposer et que je serais bien là à la date prévue. Je suis incapable d’arrêter de jouer. C’est plus fort que moi, tu vois. Si c’était juste de moi, je serais sur scène toute la nuit…»
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() message posté Lun 18 Juin 2018 - 13:33 par Nathanael E. Keynes
Je le vois même pas rougir sous les compliments. Je suis là sans être là, une part de moi est encore sur scène, avec ma musique. Une autre derrière le bar, transcendée par la leur. Alors avant que je sois capable de tenir une conversation normale, ahem... Il va me falloir une certaine dose de nicotine, je crois. Et d'alcool. J'entends vaguement les bafouillages d'usage en réponse à mes compliments sincères, mais comme tout ce qui ramène à mon autre vie, celle d'avant, ça se perd dans un coin de mon esprit, quelque part à la frontière de ma conscience. Ca n'a pas d'importance, mon message est passé, c'est tout. Mais je finis quand même par m'excuser de mon manque de sociabilité assez peu habituel, ce qui génère un éclat de rire assez inattendu qui me fait enfin tourner la tête.

« Oh putain ! Je pensais que j’étais le seul weirdo à réagir ainsi ! Les autres sont tous là à célébrer leur victoire musicale et moi… Moi, il faut que je m’isole. Pour mieux digérer la musique que je viens de cracher et le silence qui arrive ensuite. Cet épouvantable silence… Ça me tue à chaque fois.
- Ce putain de silence ouais... »


Faut que je l'encaisse et il y a pas quarante solutions. Soit je m'isole, soit je trouve une compagnie pour le combler. Tout dépend de l'état d'esprit dans lequel j'ai fini le concert. Bizarrement, ce soir, j'ai plus besoin d'isolement que de remplacer l'adrénaline de la scène par des endorphines... Pourtant à regarder la lueur de son briquet éclairer les traits de son visage, zébré des mèches brunes collées à son front, je pourrais assez facilement me laisser tenter...

« Mon batteur n’arrête pas de me comparer au Loup-Garou de Londres, dans ces moments-là. Il ne faut pas  vraiment trop essayer de me causer et les pauvres filles qui essaient de flirter avec le quidam qui leur reste du groupe fuient presque en courant, dans ces moments-là. Faut croire que ce n’est pas tout à fait la pleine lune, ce soir.
- I guess not. »


Mon sourire aguicheur répond à son clin d’œil, tout comme mon regard en coin à cet instant.

« Je ne sais pas toi… Peut-être que c’est juste moi qui est complètement barjot… Mais je ne suis pas capable de soutenir ce vide qui survient après chaque concert. Ça me prend un moment seul, pour redescendre sur terre, tu vois. Je pourrais jouer et rejouer encore. »

Si tu savais comme je te comprends ! Le vide quand on redescend de scène, j'ai jamais compris comment les autres arrivaient à en faire abstraction. Je dis pas que je suis toujours seul pour le combler, bien loin de là, mais l'idée est là. C'est comme une sensation de manque, j'imagine. Tu prends le temps et le malaise qu'il faut pour te sevrer ou tu changes de came quand tu peux plus te procurer l'ancienne.

« Lors de notre première audition au Viper, j’étais malade. Grippé comme un chien avec une intoxication alimentaire de la mort. Et on avait tellement pratiqué la veille que je suis tombé dans les pommes devant lui. Je ne comprends même pas pourquoi Wilde ne nous a pas juste jeté à cause de ça… Un musicien qui tombe sur scène, ça n’a rien de vendeur… Mais non, il nous a gardé. Il est même venu s’assurer que j'allais me reposer et que je serais bien là à la date prévue.
- Faut croire qu'il est plus sensible qu'il y paraît... ou suffisamment intelligent pour pas jeter une perle seulement parce qu'elle est encore coincée dans sa coquille. »


Un sourire en coin à mon tour comme je reprends à peu près ses mots de la dernière fois concernant le patron du Viper. Et cette métaphore est ringarde, je sais, on va juste la passer sous silence et ça ira bien, n'est-ce pas ? Pas ma faute si mes neurones sont restés accrochés à son piano et à ma gratte...

« Je suis incapable d’arrêter de jouer. C’est plus fort que moi, tu vois. Si c’était juste de moi, je serais sur scène toute la nuit… »

Une nouvelle fois, j'inhale une bouffée de ma cigarette avant de renchérir. Parce qu'il m'ôte les mots de la bouche, une fois de plus.

« Je ferais pas mieux, à moins... disons qu'on m'occupe autrement. »

Allusion pas très fine aux nuits pas très catholiques qui peuvent suivre un concert si la bonne personne vient me chercher. Je drague plus comme je pouvais le faire avant Tyler - quoi que je sais pas trop définir ce que je suis en train de faire avec Pratt - mais je rechigne pas forcément à me faire draguer par un ou une belle gosse dans mon bar. Ni à passer la nuit dans ses draps, histoire d'oublier un temps que les miens sont vides.

« Enfin je me fais violence pour pas paraître juge et partie, tu vois, mais c'est rare que j'y retourne pas... Il y a des soirs où on n'est même pas programmés, mais en fin de nuit quand tout le monde a fini, je pique la place avant que Jawadd boucle tout. Ca fait marrer Nate et Kassie, mais ils sont bien contents de venir me rejoindre quand le coeur leur en dit. »

Sous-entendu : la porte est ouverte, t'as complètement le droit de venir t'installer aussi, mais j'ai pas trop besoin de faire un dessin, si ?

« J'essaie juste de laisser une pause entre la programmation officielle et mes interventions inopinées, histoire de laisser tout le monde souffler. »

Un regard appuyé à son attention, je me fais aucune illusion quant au fait qu'il pense encore à la scène qu'il vient de quitter. Mais tout le monde a clairement pas encore soufflé, et je me promets de leur laisser encore un peu de temps avant de remontrer ma trogne sous les projecteurs.

« J'ai besoin d'une bière. »

Un ton catégorique, comme si je venais de découvrir une vérité universelle alors que j'écrase mon mégot et le range un peu trop sagement dans mon paquet. J'ai juste besoin de quelque chose pour m'occuper les doigts et l'esprit, et j'ai pas envie de vider mon paquet de clopes dans la minute.

« ...ou d'un whisky. »

Nouvelle oeillade aguicheuse, j'ai bien compris où allait sa préférence, et clairement, je l'invite à se joindre à moi, qu'on aille se caler dans un coin du bar un peu excentré pour patienter, le temps que je le traîne - pas trop difficilement, j'imagine - à nouveau sur scène. L'idée de ressortir ma gratte me démange plus que de raison, mais je me fais réellement violence pour patienter, et celle de, peut-être, pouvoir la mêler à son piano me rend beaucoup plus impatient qu'il ne faudrait, quoi que je m'efforce de ne pas - trop - le laisser paraître.
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() message posté Mar 19 Juin 2018 - 18:31 par Alastair H. Pratt
S’occuper autrement.

Tout au long de son adolescence et sa vie d’adulte, Alistair avait toujours procédé ainsi : fuir le vide et le silence par tous les moyens fugaces possible. L’alcool, l’herbe, la coke sur la table du salon de ses parents un peu trop absents, un peu trop étrangers. Et le plaisir charnel éphémère qui guérissait, l’espace d’un court instant, l’absence de l’autre. Mais quel autre? Cela n’avait pas vraiment d’importance. L’autre, l’absence de symbiose que le concept représentait, sans doute. Le sentiment d’appartenance corrompu et le déraillement des connexions humaines. La musique avait apaisé le vide. Le sexe était venu la combler temporairement lorsqu’elle n’était plus là.

Mais Alistair n’avait même plus ce refuge, maintenant.

Il fit un sourire pâle à Keyne et tira plus fort sur sa cigarette, le regard perdu dans le vide.

Il y avait à peine plus de deux ou trois ans, il aurait entrainé le garçon depuis longtemps - sans même y penser à deux fois - dans les toilettes de son bar pour bâtir son propre territoire fugitif sur le corps du fils de l’ancien ami de son père. Un vingt minutes d’apogée qui se serait terminé par un échange de numéros. Un bout de papier ou un message SMS qui aurait fini dans la corbeille respective de chacun.

Mais les choses n’étaient plus comme avant et le seul territoire qu’Alistair osait conquérir maintenant était la réappropriation de sa propre carcasse corrompue et le contrôle de ses angoisses. Il regarda l’incandescence de sa cigarette et leva la tête pour détailler celui à côté de lui, ouvertement. Il regarda presqu’avec fascination l’autre éteindre son mégot et le remettre sagement dans son paquet, pour le refumer sans doute plus tard. Une habitude économe qu’Alistair n’avait jamais eu. Il extirpait tout, jusqu’en se brûler le bout des doigts et jetait le reste au vent. Sans doute une métaphore de sa propre façon d’aborder la vie.

« Enfin je me fais violence pour pas paraître juge et partie, tu vois, mais c'est rare que j'y retourne pas... Il y a des soirs où on n'est même pas programmés, mais en fin de nuit quand tout le monde a fini, je pique la place avant que Jawadd boucle tout. Ca fait marrer Nate et Kassie, mais ils sont bien contents de venir me rejoindre quand le coeur leur en dit. »

L’étincelle ne fut pas longue à revenir dans ses prunelles. Oh mais l’invitation était claire! Revenir à l’improviste sur scène sous les acclamations de la salle. Il se souvenait encore du délire qui avait suivit l’apparition-surprise des Wild au Viper Room alors que les Untitled venait tout juste de serrer leurs équipements. Alistair se souvint de la rage qui l’avait ébranlé lorsque Wilde lui avait volé les impressions de l’audience qui pourtant quelques minutes avant, flottait sur les notes des Untitled. Les autres gars accepteraient-ils de remonter sur scène? Accepteraient-ils qu’il empoigne son clavier dans le backstage pour simplement faire déferler des notes à tout rompre jusqu’au petites heures du matin?

Oh sûrement et puis… et puis, il éprouvait soudain une soif insatiable de la musique entrelacée d’un piano et d’une guitare tout à coup. Si soif…

Et de whisky, tiens. Et de tout ce que Keynes pouvait bien dire ou faire. Mais il ne fallait pas trop rêver. Alistair le savait maintenant trop bien. Il extirpa la dernière bouffée de sa cigarette, pesta lorsque la braise lui brûla le pouce et refit un grand sourire à son acolyte. Au diable le reste! Seule la dance de leur musique sur la scène comptait.

« Tu… leur laisse combien de temps pour souffler, à tes habitués, lôôôve?»
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() message posté Mer 20 Juin 2018 - 0:27 par Nathanael E. Keynes
Un sourire pâle pour toute réponse, et le silence, cet affreux silence, qui s'installe à nouveau. Le quartier fourmille, pourtant, c'est Soho et à cette heure, c'est sans doute un des endroits les plus vivants de Londres... Et pourtant, le silence me semble assourdissant. Le sourire pâlichon de Pratt m'échappe, je reste coincé dans mes propres pensées, ma propre absence, m'efforce de participer à une conversation qui nous rapproche et me semble à la fois parfaitement inutile, stérile. Comme si on énonçait tous deux des évidences dans nos modes de fonctionnements qui n'avaient pas lieu d'être explicitées. Pourtant, on ne se connaît pour ainsi dire pas, lui et moi. Mais chaque morceau de discussion qu'on partage renvoie à une part de la vie de l'autre, plus étrangement encore que nos passifs familiaux.

J'ai pas l'intention de rallumer ce mégot, mais ma maniaquerie prend des proportions plus fortes encore dans les moments où je ne suis pas serein, et je suis loin de l'être : L'état de manque ne s'efface pas, sans doute que sa présence à mes côtés n'aide en rien d'ailleurs, à ce niveau-là, et tous mes efforts sont mobilisés pour ne pas retourner instantanément sur la scène. Je suis pas vraiment aidé dans cette démarche quand mes dires allument cette étoile au fond de ses yeux, et je réalise à quel point ils avaient pu être ternis tout ce temps. Bordel, me regarde pas comme ça, mec, ou je jure plus de rien...

Je me détourne juste pour l'entendre pester quand l'extrémité incandescente de sa clope vient lui brûler les doigts, fronce les sourcils en me demandant si tout va bien, mais l'incident ne retient pas plus d'une fraction de seconde son attention, guère davantage la mienne comme un large sourire accroche mon regard.

« Tu… leur laisses combien de temps pour souffler, à tes habitués, lôôôve ? »

Love. C'est pas la première fois qu'il m'appelle ainsi et si je le prends comme une blague, au fond j'y suis pas complètement indifférent. Love. C'est pas vraiment un truc qu'on connaît bien chez les Keynes, mais ça a l'air que c'est plus absent encore chez d'autres. Love... Je bats en retraite, à nouveau, pénètre dans mon bar en lui tenant la porte pour qu'il m'y suive avant de me décider à répondre comme il passe près de moi.

« Quelque chose comme une demi-heure en général... Mettons... »

Je regarde ma montre, estime très approximativement depuis combien de temps on squatte à l'extérieur et rajoute :

« Mettons encore un gros quart d'heure, le temps d'un verre... »

De whisky, donc, que je nous sers avant que mes musiciens ne prennent congé. Je crois que Rika n'a pas trop envie d'être témoin du reste de la soirée, j'imagine dans l'idée de ne pas avoir à mentir à Tyler si jamais des questions venaient à être posées, et Kaspar va sans doute aller récupérer sa petite chez ma mère. Je sais pas ce qu'il va en être de ses musiciens, à lui, mais le temps qu'il échange avec eux si besoin, moi je signifie à @Javadd Amara que je vais certainement y retourner, ce dont il a depuis un moment pris l'habitude maintenant. Et je nous guide vers le fond du bar où une banquette se libère par chance, un peu à l'écart du reste de la clientèle, de sorte qu'on puisse s'y installer le temps que le quart d'heure évoqué s'achève... Et après avoir levé mon verre dans sa direction, j'y porte mes lèvres sans le quitter lui des yeux, et sans doute que je devrais pas le fixer comme ça.

Mais Love... Putain, m'appelle pas comme ça, où je réponds vraiment plus de rien. Pas maintenant. Pas après la scène. L'alcool. Et ce besoin viscéral de combler le silence...
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() message posté Mer 20 Juin 2018 - 9:30 par Alastair H. Pratt
« Un quart d'heure?!  J'espère qu'il te reste encore une de cette excellente bouteille de scotch pour m'appâter sinon, je ne réponds plus de rien. »

En roulant des yeux et portant la main d'un geste théâtral, Alistair éclata d'un rire joyeux avant d'envoyer son mégot sur le trottoir d'une chiquenaude avant de suivre docilement le propriétaire du bar à l’intérieur.

Le bar s’était vidé un peu, vu l’heure tardive mais de nouveaux clients commandaient leurs premières boissons et le petit bar était encore bien rempli. L’audience était toujours là, plus réchauffée que jamais. Il repéra John et Erwan, assis à une table ronde, près de l’entrée loin de la scène en compagnie d’une inconnue qui n’avait d’yeux que pour le chanteur. Erwan lui, têtait sans doute sa énième pinte de bière en regardant distraitement la salle et un des barmans tatoués. Le pianiste fit signe à Keynes de l’attendre un instant avant de rejoindre momentanément les membres de son propre groupe, en trépignant d’excitation.

« Hey les mecs!! Deux ou trois morceaux de plus, ça vous dit?! On pourrait rejouer nos vieux covers d’avant, hein?  Les Beatles, Oasis, Our Lady Peace! Don Maclean! Keynes… Keynes va nous accompagner! Une deuxième guitare, ce serait marrant, non?! Et…Mais où est, mon Baby Boy? »

« Parti se coucher, Ali. Max te fait dire Bonne nuit, d’ailleurs. Il bosse tôt demain, lui. »

John accota son menton sur sa main, en fronçant les sourcils, un sourire moqueur aux lèvres et prit un air faussement désolé avant de faire un clin d’œil à la fille qui les accompagnait et qui gloussait doucement.

« On se demandait où tu étais d’ailleurs. D’habitude, tu broies tout seul du noir au comptoir avec ton soda ou tu pars enfumer les toilettes. On a même été voir si tu n’avais pas décidé de te noyer dans la cuvette, juste au cas où. On a tout rangé sauf ton clavier et ton ampli. On s’est dit qu’au pire, tu les reprendrais demain, en taxi. Tu habites à deux pas d’ici, non? »

La fille gloussa de plus belle tandis que le chanteur prenait une gorgée de bière. Erwan lui, ne faisait que le regarder sans rien dire, avec ses grands yeux un peu trop insistant. Alistair voulut râler mais John leva la main en signe de paix.

« Mais vaaaas-y, toi! Nous on est un peu vanné et on ne bouge plus. Et je ne voudrais pas laisser cette charmante demoiselle toute seule. Déjà qu’elle attend son amie coincée dans la paperasserie depuis des heures… On t’a déjà vu improviser des solos de la mort et Keynes ne ressemble pas non plus à un débutant. Et on a déjà donné toute une performance ce soir. On ne t’en voudras pas si tu joue un peu sans nous, promis. Allez, éclatez-vous, on vous écoute! »

Il lui fit un clin d’œil. Le pianiste resta debout un instant à les dévisager avant de rejoindre Keynes au fond du bar sans demander son reste. Au fond, ça l’arrangeait bien. John avait raison; improviser un solo interminable lui manquait atrocement. Il dut se retenir pour marcher nonchalamment et ne pas courir rejoindre Keynes et discuter des morceaux qu’il comptait vouloir jouer.

**

Lorsque le pianiste fut hors de portée de les entendre, déjà au fond, la jeune femme éclata de rire, suivi de John qui sortit un billet de 10 livres de son portefeuille qu’il claqua sur la table avec une moue ringarde.

« 10 livres qu’avant la fin de la soirée, Pratt et Keynes vont mettre à toute épreuve la solidité du mur mitoyen des toilettes. Moi, à ta place Erwan, j’irais pisser toute cette bière maintenant pendant qu’elles sont encore libres. Allez, sort le pognon…»

Le batteur prit une autre gorgée de bière et secoua la tête, en riant, plus doucement.

« Tu n’exagères pas un peu? Depuis combien de temps tu as vu Alistair avec qui que ce soit, hein? Tu sais bien à quel point il est sauvage, quand on s’approche trop près de lui, après les shows… »

Sous l’insistance des deux autres qui rigolaient de plus belle, Erwan sortit hasardeusement 10 autres livres de sa poche et le posa sur le précédent, avec un sourire en coin. Un 20 livres se déposa sur la pile et les trois compères se retournèrent tous pour dévisager la superbe jeune femme rousse qui venait à peine de s’assoir à leur table.

« 20 pôôuunds that the show had just begun, darrrlings. I cannae wait to see which one of ye is rrrright, lôôôve. »

Le visage de la jeune femme qui accompagnait John s’éclaira de plus belle.

« Oh! Tu as finalement réussi à te libérer?! Ton patron est un monstre de te faire travailler le soir, comme ça! J’y croyais plus, Agnès!* »

**


Accoté sur le cuir de la banquette, dos à la salle, Alistair décida de ne plus accorder d’attention à ses comparses. Pour ne pas trop se sentir coupable de jouer sans eux. C’était la règle du groupe. Aucune pratique ni aucun concert s’ils n’étaient pas tous les quatre réunis. Cette règle l’avait sauvé plus d’une fois. Mais John et Erwan étaient d’accord, non? Il chassa ses idées noires, entrechoqua son verre contre celui de Keynes en maintenant le contact visuel, comme le voulait la superstition.

Les effluves fumées le revigorèrent et ses joues rosirent de plus belle lorsqu’il constata que Keynes le regardait toujours, derrière son verre. Il lui retourna la pareille, avec un sourire timide avant de se mordiller le pouce et de détourner un peu les yeux. Mais à quoi il jouait, là? Rien ne pouvait plus se passer comme avant. Même si il avait rarement rencontré un type comme lui qui le comprenait autant. Il prit une large gorgée d’alcool avant de se rapprocher un peu, les paumes posées à plat sur la table.

« Alors! Qu’est-ce que tu veux jouer? »

* Voir We got some rules to follow
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