cette année, je vais aimer quelqu'un qui me mérite : moi. (suzy)

Nous vous demandons un minimum de 500 mots pour votre histoire. Vous pouvez la présenter de la forme que vous le désirez (extrait de journal intime, RP, rendez-vous chez un psychologue, interview, ect...).


« Je vous dépose toutes les deux. Et pas de bêtises ! Que sa mère ne m'appelle pas en panique, sinon je vous assure que vous serez punies, toutes les deux ! » Assise à l'arrière de la voiture, j'observais les paysages défiler, sans écouter réellement ma mère qui ne cessait de nous sermonner. Elle savait que j'étais du genre à faire tout ce qui me passait par la tête, et parfois même, à être effrayante. Que ma petite sœur, elle, le visage angélique, les yeux clairs et les cheveux blonds, représentait parfaitement le stéréotype de la fille à qui on fait confiance, celle qui ne fait jamais de bêtises et bien sûr, celle que tout le monde aime. Ma mère gara la voiture dans l'allée de cette immense maison, du haut de mes onze ans, j'avais l'impression que c'était un château. Elle nous fit sortir de la voiture, et moi, grand sourire sur les lèvres, je la suivais jusqu'à la porte d'entrée, un cadeau dans les mains. « Suzy. C'est l'anniversaire d'Amelia d'accord ? Tu le sais, j'espère ? Ne porte pas l'attention sur toi, s'il te plaît… » Je hochais la tête en guise de réponse. J'avais l'habitude d'être intense quand je le voulais. Ding Dong. Une dame blonde, guindé avec un air hautain nous ouvrit la porte. Je n'attendais pas pour lui tendre le cadeau que j'avais dans les mains. En réalité, c'était l'anniversaire de sa fille, qui était aussi une très bonne amie à ma petite sœur de huit ans. « Oh merci, c'est très gentil ! » Ma sœur courue à l'intérieur, et moi, je lançais un regard à ma mère, attendant son autorisation pour entrer à l'intérieur de ce château immense. « Vas-y. » Je suivis alors ma sœur pour aller m'amuser avec les autres enfants qui faisaient partie de la soirée pyjama. « Vous savez, je pensais que vous ne viendriez qu'avec Charlotte. Il n'était pas prévu que vous ameniez aussi Suzanne. » Ma mère, le regard dubitatif, observa cette femme qui semblait avoir un balai là où vous savez. « Écoutez-moi bien surtout. Suzanne est quelqu'un de bien. Elle est profondément gentille alors je refuse que vous la mettiez à part ou que vous la preniez de haut. C'est ma fille ! Et elle a autant le droit que, Charlotte de jouer avec des enfants de son âge. » « Oui, mais vous avouerez bien que votre fille est… Bizarre. » Ma mère offusquée, fit un pas en arrière, le regard noir et haineux. « Ma fille fait tout pour s'intégrer ! Vous m'entendez ? ABSOLUMENT TOUT ! Elle ne sera pas souillée par une femme comme vous. Et si j'apprends qu'il s'est passé quoi que ce soit avec Suzanne, je peux vous assurer que je vous amènerais en justice, peu importe les moyens financiers que vous avez. Je me battrais pour elle, jusqu'à mon dernier souffle. Votre mari m'a dit qu'il n'y avait aucun souci à ce que mes DEUX filles viennent ici. Alors vous acceptez le cadeau et vous faîtes votre boulot de bonne femme au foyer. Je viendrais chercher Suzanne et Charlotte demain. Bonne soirée, Madame. » Elle tourna les talons, pris la voiture et retourna à notre maison.


« Eh salut la folle. » Je secouais négativement la tête, la tapant avec mes mains, je n'étais pas loin de faire une crise. Je m'avançais alors rapidement avec une démarche presque menaçante vers cette fille qui avait osé me traiter de folle. « Ne m'appelle pas comme ça, je ne suis pas folle ! JE NE SUIS PAS FOLLE ! » Je sautais sur la blonde qui m'avait appelé comme ça quelques minutes plus tôt. Incontrôlable, je ne savais absolument pas ce que je faisais. Je commençais à la ruer de coups, hurlant dans les dortoirs de la prison. « JE NE SUIS PAS FOLLE ! JE NE SUIS PAS FOLLE ! C'EST TOI LA FOLLE ! » La fille ne bougeait plus, du sang giclait à droite et à gauche. Jusqu'à ce qu'un gardien vienne à nous pour nous séparer, me tirant violemment en arrière. « Détenue tu va au trou ! » Je me débattais, essayant de retourner sur ma proie, mais rien à faire, le gardien avait beaucoup plus de force que moi. « JE NE SUIS PAS FOLLE ! » Nous avions fait plusieurs spectateurs, toutes les femmes de la prison m'observaient. Je les entendais chuchoter à mon sujet, rire de moi, et moi, je me sentais juste impuissante face à cette situation. Le gardien, m'emmena dans un endroit beaucoup plus sécurisé, dans une chambre qui ressemblait à une cage avec pour seuls meubles, un matelas à même le sol, un toilette et un lavabo. Il m'enferma à l'intérieur, et me recroquevillant sur moi-même, je me balançais d'avant en arrière, essayant de faire descendre ma crise. « Non, je sais que je ne suis pas folle. Maman m'a dit que je ne l'étais pas… » Des larmes coulaient le long de mes joues, mes cheveux étaient en bataille et moi, j'aurais seulement aimé que ma mère soit là pour moi, qu'elle me prenne dans ses bras et qu'elle me rassure, comme elle savait si bien le faire. « Tu l'es peut-être. On m'a dit que tu avais tué quelqu'un. » Je levais la tête, les yeux gonflés et rougis à cause de mes larmes. « Qui est là ? » J'observais autour de moi, mais j'étais bien seule dans cet espace qui ne devait même pas faire 6 mètres carré. « Par la voie d'aération. » Je tournais mon regard vers une grille, et me tira jusqu'à cette dernière, jusqu'à m'adosser contre le mur. « C'était un accident. Je n'ai jamais voulu tuer Robbie… Je voulais seulement jouer avec lui… » Je mis ma tête entre mes bras, inspirant profondément, comme pour chasser les flash-back qui menaçaient de refaire surface. « On m'a dit que c'était un enfant. » Je mis mes mains sur mes oreilles, je ne voulais plus entendre personne. Non, il fallait que je sorte d'ici et qu'on me laisse tranquille.


« Alors Suzanne, comment vous allez aujourd'hui ? » Je tournais le regard vers ma psychologue et lui offrit un sourire. « Je sens que ça va être une bonne journée. Et je me sens beaucoup mieux. » J'attrapais un rubik's cube qui se trouvait en face de moi et commençait à faire tourner les anneaux de ce dernier. « C'est bien Suzanne. Tu as fait tellement d'efforts depuis la première fois que nous nous sommes vues. Tu sais que je suis fière de toi, j'espère ? » J'acquiesçais, satisfaite. « Merci. Moi aussi, je suis fière de moi. » Il fallait dire ce qui était. Je n'étais plus la fille violente et colérique que j'avais pu être dans le passé. Je sentais que je pouvais faire de nouvelles choses, prendre en main ma vie et être qui je voulais réellement. « J'ai été accepté pour travailler chez un fleuriste au centre de Londres, vous savez. » Les fleurs avaient une vertu apaisante pour moi, elles me donnaient de la joie et je n'avais besoin que de choses positives dans ma vie, pour mettre derrière moi toutes mes péripéties. « Mais c'est super ça Suzanne ! Vous voyez, je vous l'avais dit, vous allez pouvoir reprendre votre vie en main et laisser cette terrible histoire carcérale derrière vous. » « Oui. » Je reposais le rubik's cube terminé en face de moi, et esquissa un large sourire victorieux. « Notre séance est terminée. On se revoit la semaine prochaine, même heure ? » Je me levais du fauteuil dans lequel j'étais resté assise pendant plus d'une heure. « Oui docteur. Semaine prochaine, même heure. » Je lui serrais la main, puis sortie de son bureau. Je passais par l'accueil et attendis que la secrétaire me donne mon ordonnance pour mes médicaments. Il fallait que je passe à la pharmacie pour refaire mon stock et éviter d'être à court. Je ne pouvais pas me permettre de louper un jour de médicaments, il fallait que je sois assidue, cela me permettait de ne plus être violente et de canaliser mes crises de folie. J'étais une nouvelle femme, et j'étais fière de celle que j'étais devenue.