| ( ✰) message posté Jeu 17 Juil 2014 - 15:44 par Invité with you i try to feel again J’avais passé la journée perché dans ma tour de glace, fixant le soleil des yeux, me mesurant à lui dans un ultime combat. Je sentais la fièvre grouiller sur mes joues étourdies par l’alcool mais ce n’était jamais assez pour me faire capituler. Eugenia ne quittait plus mes pensées. Elle était revenue à la charge, plus forte que jamais, brouillant ma perception des choses et réduisant tous mes efforts en poussière. Je retins mon souffle. Je lui avais avoué mes secrets les plus intimes, je lui avais tenu la main avec toute la sincérité dont j’étais capable, mais ce n’était jamais assez. Rien n'était jamais assez ! J’étais toujours tiraillé par les mêmes envies tourmentées. Le même rêve bizarre revenait sans cesse dans mon esprit. Un rêve ou mon amour n’était pas qu’une passade d’adolescent. Je me levai d’un bond : quitte à perdre l’esprit ce soir, autant le faire à ses côtés. Je pris ma veste, direction London West, Hammersmith.
Mon cœur martelait ma poitrine au fur et à mesure que je m’avançais dans les sombres rues de Londres. Il se faisait tard. Il se faisait froid et triste. Je levai les mains au ciel, priant une force invisible de m’épargner cette fois. Dans un monde peuplé d’étrangers, Ginny était la seule dont j’avais réellement besoin, le temps d’une soirée, le temps d’apaiser mes démons. Ce n’était pas une heure pour rendre visite mais tous les codes d’étiques me passaient par-dessus la tête. Rien ne m’importait. Mes pieds s’étaient engourdis dans ma course effrénée. Je m’interdisais de penser, de réaliser à quel point mes intentions étaient malsaines. Je refusais d’admettre ma bêtise tant que je ne l’avais pas commise. Je déglutis en bifurquant à droite, à l’endroit exacte ou se trouvait l’immeuble d’Eugenia. Le large hall était parsemé de rampes et de pentes en tout genre pour faciliter le déplacement de personnes en fauteuil. Je plissai les yeux. La réalité ne faisait que me percuter à nouveau. Je me dirigeai vers l’ascenseur avant de stopper net. Il serait plus judicieux de prendre les escaliers, ce serait me laisser le temps de me préparer. Je dévalai les marches deux par deux, posant mes mains sur les murs par moments. Ces mêmes murs qu’elle avait dû frôler un millions de fois. Ce même couloir qu’elle avait longé à maintes reprises. Je touchai la sonnette du bout des doigts.
Eugenia be there, be there, be there …
La grande porte en bois vernis s’ouvrit sur son sourire étincelant, exactement tel que je l’avais imaginé durant tout ce temps. Eugenia était là, en face de moi, dressée sur ses deux jambes. Chaque courbe de son visage était à mon niveau. Ma main se crispa dans la poche de ma veste et je lui souris comme un idiot. J’avais l’impression d’être tombé dans une machine à remonter le temps. J’avais l’impression de l’avoir finalement retrouvé. Mes pensées tournoyaient dans ma tête à une vitesse vertigineuse. Mon visage inexpressif ne laissait en rien filtrer mes émotions, tout se passait à l’intérieur ; c’était les feux d’artifices, une avalanche de sensations que j’avais cru perdus à tout jamais.
« Je peux rentrer ? » Soufflai-je en faisant un pas en avant. La jeune femme agrandi la fente de la porte et je pu l’apercevoir dans toute splendeur. Je pu voir sa silhouette fine se fondre dans le décor avec élégance. Je pu voir ses vêtements orner son allure de poupeé; Et je pu voir que ce n’était pas Eugenia. Je déglutis. « Scarlet… »
Je n’étais pas déçu de la voir. Je connaissais la jeune femme depuis le lycée, et ça faisait toujours plaisir de voir des visages du passé … Sauf quand ceux-là étaient exactement identiques aux chimères d'un amour perdu.
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