eliena ❝ everything i didn't say ❞

Épuisé, je m'installe devant une chaise, celle de Noam en face de moi, pour commencer à le faire manger. Lyla et Thalia ont toutes les deux remarqué mon air déconfit et se sont proposées à le faire mais je leur en demande bien assez : j'ai passé la moitié de la nuit et de la matinée auprès de Caleb à l’hôpital, c'est maintenant mon tour de m'en occuper. Je prends son bain en mode automatique et le mets au lit de suite après : je ne sais pas ce que les filles lui ont fait faire de la journée mais lui aussi a grandement besoin de sommeil. J'envoie un rapide texto à Selena pour lui signaler que je passerai la chercher à la fin des visites et qu'on ira manger, puis je me rends à mon tour à la salle de bain. Une douche n'efface pas mes cernes mais elle me fait tout de même le plus grand bien et je me sens revivre -  moitié - en enfilant mon jeans et mon t-shirt. Quand l'alarme du téléphone retentit pour me signaler qu'il est l'heure de partir, je fais un bond dans le fauteuil, paniqué à l'idée d'être en retard pour le boulot. Il me faut quelques secondes pour réaliser que nous sommes encore en début de soirée - et surtout que je ne travaille pas. Enfilant ma veste, j'embrasse rapidement les filles sans leur dire ou je me rends. Pour dire vrai, je n'ai même pas mentionner " l'accident " de Caleb. Thalia fonçerait le voir immédiatement - ce qui est la dernière chose que je désire et je pense pouvoir dire qu'il en est de même pour lui. Quand à Lyla... Je suis certain que Selena s'est déjà chargée de lui délivrer le message mais sans en être certain, je ne dis rien. Elle est loin d'être fan de Hyland de toute façon, elle se contenterait probablement de hausser les épaules. Qu'est ce que ça peut lui faire.

La musique me tient éveillé sur le trajet. Je ne suis pas au point d'être un danger public au volant mais avouons que je ne pourrais pas me faire 200 kilomètres aujourd'hui sans sombrer. Garé sur le parking de l’hôpital, j'hésite un long moment à passer rapidement voir Caleb, juste histoire de montrer ma tête et fini par me raviser. On a bien assez discuté ce matin, il doit être complètement épuisé et heureux de nous voir enfin le laisser fermer les paupières. Je mets le moteur en route en voyant Lena sortir de l’hôpital et allume les phares en même temps pour qu'elle remarque ou je suis. A chaque pas, je réalise que nous n'avons pas vraiment eut un moment à deux depuis que je l'ai embrassé "sans raison". A part les quatre longues heures d'attentes de cette nuit ou Caleb était notre seule préoccupation. J'ai tout fait pour ne pas avoir à m'expliquer, n'ayant aucune envie de lui mentir ou de tout mélanger. Le fait est que je suis complètement paumé, je ne sais pas quoi penser, je ne comprends pas ma façon de penser et d'agir - qui ne me ressemble pas du tout - ces dernier temps alors je ne vois pas ce que je peux dire pour que quelqu'un d'autre me comprenne. Je n'ai aucun argument. La portière s'ouvre et je lui adresse un sourire compatissant. « Comment il va ? » Je doute que son état aie tant changé depuis ce matin mais soit. Je n'ai pas vraiment peur pour son état actuel, c'est plutôt sa sortie qui me fait peur et le fait qu'il puisse retoucher à quoi que ce soit. « Qu'est ce que tu veux manger? Promis on ne traîne pas, je suis sur que tu rêves de voir ton lit... Mais je ne te lâche pas tant que tu n'as pas avalé quelque chose. » Elle est sans doute aussi épuisée que moi, si ce n'est plus, mais il faut qu'elle mange, je suis persuadé qu'elle n'a rien avalé depuis hier soir. Je n'attaque pas directement sur la conversation que nous devons absolument avoir, j'espère en un sens l'éviter vu notre fatigue commune. Mais la repousser ne changera rien, j'attends juste le bon moment et là, tout de suite, il s'agit de Caleb et non de nous.

everything i didn't say

ELIAS IOANNIS-HANWELL & SELENA HYLAND

A chaque instant ou la vie me prouve par A + B que mon monde est en pagaille, Charlie me revient à l'esprit. Non pas que je l'oublie par moment. Dés que je pose mon regard sur Noam, les souvenirs avec sa mère m'envahissent. Malheureusement, je n'arrive même plus à me souvenir de nos deux années de bonheur, tout ce que je vois c'est mon enquête et son départ. Ma trahison et son abandon. Si j'avais eut l'intelligence d'écouter ma mère et ne jamais lui révéler a vérité, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Je vivrais dans le mensonge mais heureux, marié, avec une mère à offrir à mon fils. Au lieu de ça, il récolte un déménagement sur un autre continent et un père complètement paumé, bien que je me donne du mal pour que mes conneries ne se ressentent pas sur lui. J'observe Selena se diriger vers la voiture en traînant les pieds et me mord la lèvre inférieure en poussant un long soupire. Elle, Caleb. Je foire tout, avec tout le monde. Et elle n'a visiblement aucune envie de me voir, bien que je mette ça sur le coup de la fatigue.

Je serre la mâchoire et me contente de ré-attacher moi-même ma ceinture avant de mettre le moteur en route. Elle ne veut pas me parler, ce que je ne peux clairement pas lui reprocher. Je tourne la tête vers elle, moment qu'elle choisi pour me signaler qu'elle n'a pas besoin de moi. Je pousse un long soupire, ayant l'impression de n'entendre que ça depuis des semaines. Arrête de nous materner, arrête de penser qu'on a besoin de toi. Et eux ils se posent la question si je n'ai pas besoin moi de me sentir utile ? « C'est aussi ce que Caleb a dit et on a vu le résultat hein? » J'ai légèrement haussé le ton sans le vouloir. Je m'en veux immédiatement et détourne le regard. Il m'a demandé de l'oublier, de sortir de sa vie et j'étais à deux doigts de le faire. Si Lena n'avait pas été aussi paniquée hier soir, je ne me serais pas bouger pour l'aider. Je l'ai fait pour elle et non pour lui. « Désolé... » Je murmure de manière à peine audible. Je sais qu'elle ne fera pas de conneries si je la ramène chez elle, là, tout de suite mais tout de même. En plus de me rassurer, nous accorderait un bref moment ensemble. Je tourne la tête vers elle le regard compatissant et plein d'incompréhension quand elle me remercie. N'importe qui aurait réagit de la même façon, elle ferait bien de me démonter pour ne pas avoir réagit plus vite. Je lève les épaules et pousse un long soupire. « T'as pas à me remercier Lena. » J'agite la tête négativement et regarde droit devant moi, bien que le soir tombé ne m'aide pas à voir quoi que ce soit. « Merci à toi d'avoir compris que quelque chose clochait. On s'est un peu embrouillé, je suis venu pour toi, pas pour lui. Si t'avais pas insisté... » Je lève les yeux, préférant ne même pas imaginer le pire à nouveau. On a eut toute la nuit pour se faire des films avant d'être rassuré, ça m'a suffit. Je ne sais même pas pourquoi je lui donne autant d'informations alors que je pourrais me contenter d'un de rien. Sans doute parce que je m'en veux, parce qu'il aurait pu mourir sans que je ne bouge le petit doigt. Juste parce qu'il m'a demandé de ne plus interférer dans sa vie. L'accident a au moins eut le mérite de le changer d'avis sur ce point, d'accepter mon amitié mais j'aurais sans doute préféré qu'on ne se parle plus jamais que d'en arriver là. Je pousse un long soupire et l'observe à nouveau. « Désolé de t'avoir évitée après t'avoir embrassé. Je ne voulais risquer de me prendre la tête avec toi aussi. C'était immature. » Je ne peux en revanche pas lui demander pardon de l'avoir embrassé dans un premier lieu, ne sachant toujours pas si je le regrette vraiment ou non. Je ne pense pas que ce soit le cas. Ça ne le serait clairement pas s'il n'y avait pas cette histoire avec Caleb autour.

Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment est-ce que nous avons fait pour que l’ambiance entre nous deux soit si… pesante ? Fut un temps où sa présence me plaisait, presque plus que celle de n’importe quelle autre personne de mon entourage. Fut un temps où mon sourire ne quittait pas mes lèvres lorsqu’il était près de moi. Fut un temps où nous partagions beaucoup, nos rires comme nos craintes, nos joies comme nos larmes. Mais à présent, je me retrouve face au fait accompli : tout a changé. Rien n’est plus pareil entre nous et, si j’ai déjà pu sentir une certaine tension s’imposer entre mon frère et moi depuis son réveil, j’ai cette même impression qui me colle à la peau maintenant que je suis dans la voiture d’Elias. J’évite soigneusement son regard, mes gestes se montrant nerveux. Je suis agitée, mais j’essaye de ne pas le montrer. Je bénis sincèrement ma passion pour le théâtre sur ce coup, car ma facilité à me glisser dans la peau d’un personnage tout autre que ma vraie personne m’aide largement à jouer la comédie et à dissimuler ce capharnaüm de sentiments étranges et négatifs qui s’entrechoquent en moi comme des particules explosives. Tout ça n’est pas normal. À quel moment exactement Elias et moi avons cessé d’être proches ? Certes, je connais la réponse à cette question. Ce foutu baiser a absolument tout changé. Il a tout gâché. Notre amitié, notre complicité… tout semble s’être évanoui depuis ce jour où il a débarqué chez mes parents sans prévenir pour me trouver, emprisonner mes lèvres des siennes sans raison et partir sans demander son reste. À croire que je suis incapable de garder une relation stable avec les hommes, en amour comme en amitié.

Qu’il arrête de prendre soin de moi comme si j’étais une autre de ses sœurs. Il ne me doit rien, et je sais prendre soin de moi. Je veux juste qu’il me ramène chez moi, me laisse tranquille et me permette ainsi de mettre de l’ordre dans mes idées. Il ne semble pourtant réellement pas décidé à m’accorder cela, étant donné qu’il contre-attaque sur un front qui manque de me faire bondir de mon siège. Tournant vivement la tête vers lui, j’ouvre grand mes yeux avant de froncer les sourcils en le fixant d’un air mauvais. « Je t’interdis de... » Mais il ne me laisse pas terminer, s’excusant presque aussitôt. Je ravale alors mes paroles, mordant ma lèvre inférieure en prenant à nouveau soin d’éviter tout contact visuel avec lui. Mes yeux se perdent alors en direction de l’extérieur, sans observer un point fixe. Je ne reste cependant que très peu de temps silencieuse, le remerciant alors pour ce qu’il a fait la veille. Sans son aide, Caleb serait peut-être mort à cette heure là et… je ne préfère pas y penser. Elias m’assure pourtant ne pas avoir à le remercier, ce qui a le don de laisser un voile d’incompréhension prendre possession des traits de mon visage. Il me retourne les remerciements, soulignant le fait que je suis celle ayant remarqué que quelque chose ne jouait pas avec mon frère, tous les deux s’étant visiblement embrouillés. Je n’étais pas au courant. Gardant mon sang-froid, je ne cille pas lorsqu’il ajoute être venu pour moi et non pour lui, mon cœur s’emballant de trop et me coupant presque la respiration. Souffle Selena. « J’aurais dû comprendre que quelque chose n’allait pas bien avant ce soir là... Et ne commence pas avec tes "si". Il est hors de danger maintenant, c’est tout ce qui importe. » lui réponds-je après qu’il ait émis l’hypothèse que sans mon entêtement, les choses auraient pu mal se finir. Je ne veux plus y penser. Tout est derrière nous, cette abominable soirée est terminée et Caleb est bel et bien en vie. Tournant à nouveau la tête, je passe une main nonchalante dans mes cheveux, un soupir retenu m’échappant malgré moi. Pourquoi faut-il que la vie soit si compliquée ? Pourquoi ne puis-je pas retrouver mon enfance, cette période si innocente où seuls la cachette que je choisissais pour me dissimuler alors que Caleb comptait jusqu’à cent ou les vêtements que je décidais d’enfiler à ma poupée importaient ? Je sens le regard d’Elias se poser sur moi et me retiens de faire de même. Pourtant, lorsqu’il reprend la parole, mon attention se porte naturellement sur lui. Mon myocarde se tord, mon sang bat dans mes veines avec force, me donnant le tournis. Il n’est pas sérieux ? Il veut parler de ça maintenant ? Arborant parfaitement le masque de la fille imperturbable alors que tout en moi éclate, je m’autorise quelques secondes pour l’observer avant de prendre la parole. « Qu’est-ce qui était immature ? De m’avoir embrassée ou de m’avoir fuie durant des jours comme un lâche ? Je t’avoue que personnellement, je penche plutôt pour la seconde option. Mais bon, tu restes un mec après tout, assumer vos actes n’est pas vraiment programmé dans votre génétique d’après ce que je sais. » Ma voix s’est montrée étonnamment calme alors que mon discours est absolument ironique et cassant. Je sais malheureusement que ma quiétude est éphémère et cèdera sa place à une explosion si Elias insiste, ce pourquoi je soupire avant de lui demander : « Eli... je suis fatiguée, je veux pas parler de ça maintenant. Ramène-moi chez moi, s’il te plait. » Vaine tentative, je m’en doute. Mais qui ne tente rien n’a rien.

J'ai envie d'être là pour elle, besoin de l'être aussi pour me faire pardonner, en quelques sortes. Pourtant je regrette déjà ma proposition de venir la chercher et passer un moment avec elle. Caleb me maudit surement de le faire, bien que je ne suis pas certain qu'elle lui aie dit que j'attendais sur le parking. Et la situation entre nous est presque aussi tendue que lorsque je suis en présence de son frère. J'aurais juste du la laisser tranquille et rester en famille, seules personnes avec qui je réussi à ne pas me rendre la tête dernièrement. Heureusement car si je venais à m'embrouiller avec les fille sou mes parents, je ne sais franchement pas comment je m'en sortirais. Son regard menaçant se pose sur moi à l'instant même ou je l'attaque sur l'overdose de Caleb mais elle s'arrête net devant mes excuse. Pitié, ni elle ni moi n'avons la tête à s'arracher les cheveux en se hurlant dessus. Lorsqu'elle me dit qu'elle aurait du s'en douter, je pince les lèvres. Selena parle de ne pas refaire le monde avec des si mais c'est exactement ce qu'elle est occupée à faire en se rendant responsable de ne pas l'avoir vu plus tôt. « Il a tout fait pour le cacher, je ne refais pas tout avec des "si", mais ça marche pour toi aussi. T'aurais pas pu le deviner Lena. » Moi oui. Pas le deviner, je le savais. « Alors que moi, je savais. » Cette confidence sort à voix haute alors que j'aurais aimé qu'elle ne sache pas, lui donnant toutes les raisons de m’assassiner. Je baisse les yeux un moment avant de prendre une bonne inspiration pour tenter de me justifier - quoi que je dise, je suis en tord de toute façon. « J'l'ai trouvé défoncé y'a un peu plus d'un mois dans un pub. Le jour ou je suis passé te voir... Il ma juré qu'il n'avait rien pris mais c'était évident... On s'est disputé et j'ai laissé tomber. » Je me suis pris toutes les critiques du monde ce soir là, j'étais à deux doigts de le démolir pour dire vrai. Au lieu de m'inquiéter de son problème, je l'ai laissé en plan comme il me l'a demandé à maintes reprises. Mêles toi de tes affaires, j'ai pas besoin que tu me sauves. Je ne suis pas un junkie. C'est cela oui. « J'ai pas vu qu'il avait un problème, j'ai cru que c'était juste la connerie d'une soirée. » Je déglutis. J'ai surtout trouvé l'explication qui m'arrangeait pour ne pas revenir là dessus et risquer une énième dispute entre nous. Faut dire que Caleb a aussi trouvé un excellent moyen de m'embrouiller l'esprit histoire que j'ai un tas de choses auxquelles penser avant ça.

Soit. Il est hors de danger, même si maintenant que je me suis confié à Selena, je ne suis pas sure qu'elle aie autant d'envie de s'arrêter à la conclusion que le principal est qu'il va bien. Elle va m'arracher les yeux et me les faire manger, ce que je mérite. Comme si je ne l'énervais pas suffisamment, je me sens obligé d'en ajouter une couche, j'ai besoin de vider mon sac et de pouvoir retrouver une relation "normale" avec elle.  Assumer vos actes n’est pas vraiment programmé dans votre génétique d’après ce que je sais. Me mordant la joue, je l'observe en silence. Je déteste l'idée qu'elle me mette dans le même sac que tous les autres mais elle n'a pas tout à fait tord. J'ai fuis. Mais pour des raisons qu'elle ignore, que je ne peux même pas évoquer. « C'est pas question d'assumer Lena... Je n'savais juste pas quoi te dire, j'ai agis sur un coup de tête et je n'ai pas envie qu'on perde tout ce qu'on avait juste parce que je suis trop con pour réfléchir avant d'agir. » Je n'avais clairement pas vu l'amitié que je risquais de ruiner ce soir là. La seule chose que j'avais à l'esprit était que je n'avais plus aucun compte à rendre à Caleb et qu'il était donc hors de question que je me prive de quoi que ce soit avec Lena pour lui. « Comme tu veux, ouai. On en parle pas aujourd'hui, ni demain. Jamais, ça te va comme ça? Je suis lâche, je n'assume pas, on peut juste prétendre que ce n'est jamais arrivé, ce sera plus simple pour tout le monde. » Je tourne la tête vers la route et démarre enfin la voiture. Je m'en veux de m'énerver ainsi alors que l'idiot qui a tout nié depuis un mois, c'est moi et non elle. Je n'aurais pas du aborder le sujet avec elle, encore moins pour lui révéler que c'est précisément le soir ou j'ai découvert que son frère se défonçait que j'ai ressenti le besoin de l'embrasser.

Je n’aurais pas dû accepter de le retrouver. Lui comme moi sommes fatigués, il aurait eu meilleur temps de rentrer, de passer du temps avec ses sœurs, de s’occuper de son bout de chou plutôt que de s’amuser à jouer le grand frère avec moi comme il pouvait le faire naturellement avant de tout foutre en l’air avec un baiser. Bon, j’avoue, je dois sûrement dramatiser cette histoire et me prendre la tête plus que de raison, mais il ne faut pas trop m’en demander en cet instant. Je suis à cran, j’ai passé la nuit sans dormir, à tenter de me persuader que je ne perdrai pas mon frère. J’atteins un point où mes nerfs ne tiennent pas la moindre surdose de tension, et en ce moment, l’agitation et l’irritation qui règnent dans la voiture sont tellement palpables que je crois en ressentir la pression sur mes épaules et contre mes tempes, si fort que j’en ai le tournis. Mais plus moyen de faire marche arrière. Oh si, je pourrais très bien quitter la voiture et rentrer chez moi à pieds. Sauf que je n’en ai pas la force. La logique de Selena Hyland. Et pourtant, le sujet dont nous traitons me donne réellement envie de prendre mes jambes à mon cou. Faire le lien entre mon état actuel et l’overdose de Caleb, il n’a pas mieux à faire sincèrement ? Je me contente alors de lui assurer que l’essentiel reste que mon frère soit à présent en sécurité, ce dont j’essaye moi-même de me convaincre. Pourtant, je sais que j’aurais pu empêcher ce tragique épisode. Si j’avais prêté un peu plus d’attention à mon aîné, peut-être aurais-je pu détecter ce qui clochait avant qu’il ne commette le geste de trop. Elias s’empresse pourtant de me contredire, m’assurant que je ne pouvais pas l’avoir deviné étant donné qu’il avait tout fait pour me le cacher. Je soupire. Sentant mon agacement s’atténuer tranquillement, il revient pourtant en force lorsqu’il ajoute que lui savait. Il savait… Il savait quoi ? Pardon ? « Attend… Quoi ?! » le harcèle-je un peu trop fort, tournant vivement la tête pour poser sur lui des yeux ronds. Qu’il ne me dise pas qu’il était au courant que Caleb touchait à de la drogue, car si c’est le cas, je le démonte. Père d’un gamin ou non, je le tue sur place. Je l’étripe, le brûle, le noie, l’écrase, le lapide, le pend. Et pourtant, quand il m’explique la situation, tout ce que j’arrive à faire, c’est de le regarder d’un air partagé entre le désespoir, la colère et la panique. Il savait… il savait et il ne m’a rien dit. Il n’a pas vu qu’il y avait un problème, voilà l’argument qu’il me sort pour se défendre. Non, évidemment, parce que toucher à la drogue est parfaitement normal. C’est un geste anodin que tout le monde fait quotidiennement. « Juste la connerie d’une soirée ? T’es sérieux là ? » Il se fout de moi. Il se fout vraiment de moi, c’est impossible autrement… J’ai cru que c’était juste la connerie d’une soirée. Comment a-t-il pu ne pas s’inquiéter plus que ça pour lui ? Et pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? Je suis sa sœur, bon sang ! Si j’avais découvert que Lyla touchait à ce genre de choses n’aurait-il pas aimer que je le tienne au courant ?

Et cette révélation ne suffit pas, il faut encore qu’il s’en prenne à moi sous un autre angle d’attaque en choisissant cette fois-ci le sujet délicat et épineux du baiser qu’il m’a donné. Je l’accuse de ne pas assumer, comme tous les autres hommes que j’ai pu connaître, et je sais avoir raison. Pourquoi serait-il parti aussi précipitamment sinon ? Et pourquoi aurait-il passé des journées, si ce n’est des semaines à éviter tout contact avec moi ? Il a été parfaitement lâche, je le sais et il le sait. Pourtant, il s’amuse à me contredire une fois de plus, m’exposant le fait qu’il ne voulait pas en parler car son acte n’était autre qu’un coup de tête irréfléchi et qu’il ne voulait pas prendre le risque de perdre l’amitié que nous partagions. « Fallait y penser avant. » marmonne-je, dents serrées au point de m’en faire mal à la mâchoire. Irréfléchi et lâche. Voilà ce qu’il est. Je lui demande finalement de me ramener chez moi. Je suis morte de fatigue et tout ce que je viens d’entendre m’irrite. Je ne veux pas me disputer avec lui, je veux juste m’enfermer dans ma chambre pour relâcher la pression et dormir, en espérant que demain sera une meilleure journée. Mais m’écouter et respecter ma demande aurait été trop simple pour lui. Alors évidemment, il se renfrogne et me rentre dedans de plein fouet, me balançant qu’on ferait mieux de faire comme si rien ne s’était passé. Si mes yeux étaient des revolvers, il serait mort sur place. Me tournant sur mon siège pour lui faire face, j’empoigne le volant pour l’empêcher de conduire après avoir démarré, rapprochant mon buste du sien pour me montrer plus menaçante. « Non mais, tu joues à quoi là Elias ! C’est toi qui décides de lancer ce sujet, et maintenant tu fais des caprices dignes d’une enfant de quatre ans ? Arrête un peu. » Je le sermonne, comme une mère le ferait avec son fils. Mais c’est ce qu’il est à mes yeux en cet instant. Il n’est qu’un gamin irresponsable, loin de l’image parfaite qu’il m’avait renvoyée du père responsable et de l’ami fidèle. Fronçant les sourcils, je sens ma vue se brouiller de larmes, trop rapidement à mon goût, ce qui m’oblige à déglutir pour garder mon calme. Ou du moins pour ne pas céder, car ma colère, je suis incapable de la retenir. « Sur un coup de tête donc ? Et tu as décidé de le faire le soir où t’as compris que mon frère se défonçait avec je ne sais quelle merde ? Putain mais Elias, t’as pensé à quoi ?! Ça t’a pas percuté que c’était sûrement plus grave que ça ? Je croyais que c’était ton meilleur ami… On n’abandonne pas nos meilleurs amis dans des moments pareils juste pour une dispute. » m’exclame-je, frappant le volant du plat de ma main avant de la retirer avec précipitation. Trop… tout ça, c’est beaucoup trop. Gardant mes yeux larmoyants rivés sur lui, ma colère se dissipe, comme si le coup que je venais de donner à la voiture m’avait permis de décharger ma haine. Pourtant, je la sens encore présente dans mes entrailles, ronronnant de plaisir en déversant en moi des vagues de tension désagréables. « Je sais pas ce que c’est ton problème, mais il faut que tu arrête de me considérer comme un objet qui te permette de calmer tes pulsions, et encore moins à te venger. J’ai un cœur au cas où tu ne le sais pas, et… t’es vraiment trop con ! » Ma voix s’est montrée faiblarde, ce jusqu’à ce que je me rende compte que je parle trop et que je risque par conséquent d’en dire trop concernant ce que je ressens. Je l’envoie donc finalement paître, reprenant une position normale sur mon siège, croisant les bras en ramenant une main contre ma bouche, mes yeux bleutés se perdant au-travers du pare-brise. Quel crétin.

Mon honnêteté me perdre un jour, à moins que ce soit ma connerie. Pourquoi lui annoncé que je savais que Caleb touchait à ses merdes quand j'aurais très bien garder tout cela pour moi? Ce n'est surement pas lui qui aurait dévoilé l'information, annonçant en même temps que ça faisait un bon moment. « Juste la connerie d’une soirée ? T’es sérieux là ? » Je serre la mâchoire et tente de garder mon calme, pour la bonne et simple raison qu'elle a tous les droits de me maudire. Je le fais moi-même depuis plusieurs jours et d'autant plus depuis quelques heures. Depuis qu'il a faillit perdre la vie à cause de mon manque d'attention. Je n'ai plus vu que notre petit bordel sentimental, nos disputes à répétitions oubliant complètement qu'il m'avait lâché un tas d'informations lorsqu'il était sous l'influence de ces substances. je ne sais pas si j'ai juste chercher à ne pas le voir ou s'il joue juste très bien son jeu mais un comme l'autre, j'ai été con. J sursaute lorsqu'elle attrape le volant et appuie sur le frein automatiquement pour éviter de devenir un danger public et risquer nos vies à nous aussi. Un drame pour la journée m'a suffit, merci. « Des caprices? Tu ne veux pas en parler, on en parle pas, point. J'vais pas te forcer à le faire Lena! » J'ai mal choisi mon moment, certes. Mais je me sens plus mal que jamais et j'ai besoin de savoir maintenant que je ne l'ai pas totalement perdue elle aussi. Alors non, ce n'est pas le bon moment mais c'est le seul que j'ai trouvé et le fait qu'elle refuse qu'on en discute m'énerve. Je suis parfaitement conscient que tout ne peut pas avoir lieu quand je le décide, qu'il s'agit d'un caprice et d'égoïsme mais juste ce soir, j'ai voulu me rassurer. Au lieu de ça, je creuse ma propre tombe pour qu'elle n'aie plus qu'à m'y pousser. « C’était pas juste une dispute. Tu ne sais pas de quoi tu parles... Tu n'sais pas ce qui s'est passé, tu n'sais rien. Arrête! Juste arrête! Tu crois que je ne m'en veux pas d’avoir laissé passer ça? Tu crois que je ne me répète pas depuis hier soir qu'il aurait pu y rester parce que j'ai préféré sortir de sa vie juste parce qu'il me l'a demandé? Parce que t'as tord, je ne me le pardonnerai jamais et j'ose même pas imaginer s'il y était resté mais c'est pas le cas! Il est sauvé, tu ne m'as pas dis de ne pas refaire le monde avec des " si " ? » Je déglutis et tente de ravaler mes larmes et le peu de dignité qu'il me reste. Si toute fois il m'en reste. Caleb a faillit perdre la vie et j'ai ignoré qu'il se défonçait, pire j'étais à deux doigts de ne pas répondre à l'appel au secours de Selena juste pour ces foutus sentiments entre nous. Ça aurait pu le tuer sans que je ne lève le petit doigt. « T'es pas un objet Lena... Je suis désolé si j'ai pas vu que Caleb allait mal et je suis désolé si c'est ce que tu penses. Je... je suis juste dépassé, je ne sais pas quoi faire ou dire mais je tiens à toi. J'ai aucune envie de te perdre. » Je pense à Thalia et maudis l'espace de quelques secondes Caleb. Je lui en veux tellement d'avoir pu toucher à ma petite sœur et m'avouer dans le blanc des yeux qu'il s'est servi d'elle parce qu'il me voulait moi. S'il a réussi à trouver les mots pour me déstabilisé et que je ne le démonte, ça ne change pas le fait que je lui en veux à mourir pour ça. « Je voulais pas qu'il y aie quoi que ce soit entre nous parce que je ne voulais pas manquer de respect à Caleb ou risquer de foutre en l'air notre amitié pour nous. Sauf qu'après la dispute, je me suis dit qu'il ne valait clairement pas la peine que je reste éloigné de toi. C'est parti de lui mais c'était pas de la vengeance. » Caleb avait juste perdu tout mon respect ce soir là, entre ma soeur et ses yeux défoncés. Il m'avait fait oublié toutes les raisons qui me poussaient à rester loin de sa sœur. Je m'en voulais encore plus d'avouer tout ça à Selena alors que je n'envisageais plus rien avec elle - la situation s'était beaucoup trop compliquée pour moi, Caleb ne me le pardonnerait pas - mais je devais me justifier. Sincèrement cette fois. « J'ai foiré, je suis un petit con mais je tiens à vous deux. Plus que tu ne le crois. » Je tourne la tête vers elle, cherchant désespérément son regard. Je ne peux pas me résoudre à l'idée de la perdre elle le jour ou je retrouve - en quelques sortes - Caleb. J'ai conscience que la co-habitation des Hyland dans ma vie risque d’être compliquée et pour le coup, j'aimerais juste effacer ce dernier mois et retrouver leur amitié à tous les deux. J'ai l'impression que ma vie s'écroule comme un château de cartes sans pouvoir rien y faire, en étant l'imbécile qui souffle dessus. New York me manque. Ma vie sans turbulence ou seul mon fils et ma carrière comptaient me manque, c'était fade mais mes sentiments ne jouaient pas aux montagnes russes, tout en jouant avec les les autres. Je n'ai plus qu'à tendre la pelle à Seli pour qu'elle m’assomme et creuse définitivement mon trou, en espérant que quelqu'un s'occupera comme il se doit de Noam. Pour le peu de stabilité que je lui apporte en ce moment, il ne s'en portera que mieux si je disparais.

Des caprices oui, c’est exactement ce qu’il est en train de faire. Et ça me rend folle. Il me rend folle. Au point de faire naitre des nuages annonçant la pluie dans le ciel de mes iris. J’ai le cœur qui bat si fort que cela ne me surprendrait pas si je finissais par le vomir. Mes jambes tremblent, j’en remercie le ciel d’être assise et non debout. Il s’exclame ne pas me forcer à en parler si je ne le souhaite pas, pourtant, il a lancé le sujet. Il s’est montré honnête, certainement trop, et c’est suite à ma réaction qu’il s’est renfermé en affirmant que cela ne servait à rien d’en parler et que nous n’aborderions jamais le sujet. Il savait, il ne pouvait que se douter que je n’allais pas vouloir discuter de ça, pas maintenant, pas après ce qu’il s’est passé la nuit dernière, pas en état d'ores et déjà à fleur de peau. Quoi qu’en réalité, il ne sait rien. Il ne sait pas à quel point je pense à lui depuis notre baiser, il ne sait pas à quel point je me flagelle mentalement de toujours me repasser cette scène dans ma tête, il ne sait pas qu’il a tout chamboulé, que je ne sais plus quoi penser par rapport à lui, par rapport à nous. Parce que là est la vérité : je ne sais plus où j’en suis et je ne sais plus comment le considérer. Il reste le meilleur ami de mon frère, le frère de ma meilleure amie et, par extension, un ami très proche à mon cœur. Mais toutes les sensations que j’ai pu ressentir au moment de sentir ses lèvres contre les miennes, ce presque manque qui m’a rongée jusqu’à pouvoir le revoir –dans des circonstances que j’aurais préféré éviter, certes-, tout ça n’est pas anodin et a le don de me retourner la tête en plus du cœur. Je ne me plonge cependant que très peu de temps dans mes réflexions, car Elias me rentre bien rapidement dedans, me parlant comme il ne l’a jamais fait. Mes cils papillonnent, retenant les larmes qui viennent irradier ma vue. Chacun de ses mots m’assomment, me taillent le cœur en pièces. Si bien que, lorsqu’il se tait après sa longue tirade, je ne peux me retenir de l’attaquer à mon tour, lui jetant un regard haineux et torturé. « Si je ne sais rien, alors explique-moi ! J’en ai plus que marre d’être prise pour une idiote par tout le monde. Caleb, toi, tout le monde me tient à l’écart, personne ne me dit rien. J’ai fait quoi pour mériter ça ? Tu m’le dis ? J’ai fait quoi pour qu’on me tienne dans le secret, pour que mon propre frère se soit amusé à jouer avec sa vie sans me parler de tout ça, pour que je sois incapable de comprendre ce qu’il se passe ? Explique-moi ! Pourquoi il t’a demandé de sortir de ta vie ? Pourquoi t’as été incapable de l’aider ? » À bout de souffle, je pince mes lèvres, sentant mon corps tout entier trembler. Je ne comprends plus rien. Et être dans cette situation d’incompréhension et d’ignorance me rend folle. On parle de Caleb, de mon frère, de celui pour qui j’irais donner jusqu’à ma vie. Et on parle du crétin à côté de moi, Elias, ce mec qui me fait douter de tout et qui pourtant m’apporte la stabilité dont j’ai tellement besoin. Alors qu’il m’explique, qu’il mette des mots sur les zones de floues qu’on m’a imposées, car je n’accepterai pas d’être prise pour une imbécile une seconde de plus. Il m’assure alors ne jamais m’avoir traitée comme un objet, me demandant de l’excuser et m’expliquant que c’est suite à sa dispute avec mon frère qu’il a compris que cela ne servait à rien qu’il dresse une barrière entre nous deux par respect pour lui. Une claque en plein visage. De quoi est-ce qu’il parle ? « Pourquoi j’arrive pas à te croire quand tu me dis ça… ? » le questionne-je d’une petite voix mal assurée lorsqu’il m’affirme qu’il n’a pas agi par vengeance. Je ne le crois pas. Il est venu m’embrasser après avoir appris que Caleb avait couché avec sa sœur. Comment ne pas penser qu’il a fait ça pour prendre sa revanche sur mon frère ? Une larme s’échappe de mes yeux suite à un battement de cils, je l’efface d’un revers de main, sentant mon myocarde s’alourdir chaque seconde un peu plus. « J’ai foiré, je suis un petit con mais je tiens à vous deux. Plus que tu ne le crois. » Mon cœur se retourne, je suis obligée de fermer les yeux et de baisser légèrement la tête pour ne pas craquer. Il tient à moi et il me l’affirme après tout ça. Mais plus que je ne le crois ? Qu’est-ce qu’il entend par là ? Qu’est-ce qu’il raconte ? Qu’est-ce qu’il… Merde ! « Je tiens aussi à toi Eli… » souffle-je en rouvrant mes paupières pour poser mes yeux larmoyant sur lui. Je tiens à lui, c’est évident… je ne me mettrais pas dans des états pareils si ce n’était pas le cas. Mais si seulement il pouvait percevoir les battements de mon palpitant… Comprendrait-il seulement qu’il a tout chamboulé en moi ? « Et t’es pas un petit con… Excuse-moi… Je suis désolée de m’emporter comme ça, c’est juste que… j’ai eu la peur de ma vie cette nuit et… je sais plus où me mettre dans toutes ces histoires, je sais plus où est ma place. J’suis perdue. » Ma gorge se serre et il en faut de peu pour que je ne me mette pas à pleurer. Détournant alors le regard, je dirige mon attention au-travers du pare-brise encore une fois, sentant mes perles lacrymales trembler au bord de mes cils. Portant un coude contre la fenêtre, j’appuie le dos de ma main contre mes lèvres entrouvertes, tentant vainement de ralentir les battements acharnés de mon cœur. Je dois me calmer, il faut absolument que je me calme…

Je ne sais pas comment m'y prendre pour la rassurer sans en venir au fond du problème. J'aimerais qu'on remonte dans cette chambre d'hôpital que je puisse m'accrocher à Caleb comme à une bouée de sauvetage, qu'il trouve les mots qu'il faut avec moi. Sauf qu'il s'agit de la dernière chose dont il a besoin. Me voir paumé - pour changer - et m'arracher la tête avec sa tête, alors que je suis certain qu'il ne veut même pas nous savoir dans la même voiture. Il m'a donné une chance de choisir Selena, en affirmant ne rien ressentir pour lui, et je ne l'ai pas saisie. Aussi facile soit-il de mentir, je n'ai pas pu lui dire qu'il ne représentait rien, encore moins que je voulais construire quelque chose avec Lena, n'étant sur ni de l'un ni de l'autre. Mais je ne veux plus me poser la question car je veux juste retrouver leur amitié à tous les deux et arrêter de déconner avec les sentiments. Je garderai ça bien au fond de moi mais je n'en peux plus de retourner ce problème dans ma tête jour après jour. La détresse de Selena et ses paroles me brise le coeur, je m'en veux d'avoir haussé le ton et de cherché à me justifier. J'aurais tout aussi bien pu la ramener en silence et nous n'en serions pas là. Lui balancer tout ce qui a pu se passer me traverse l'esprit, elle me détesterait mais avec une bonne raison de le faire. Égoïstement, j'ai besoin de vider mon sac. Il est pourtant hors de question que je lui révèle quoi que ce soit, Cal' ne me le pardonnerait jamais. Tout comme je ne le ferais pas s'il allait tout dire à Thalia, qui est déjà détruite à l'idée d'avoir perdu sa virginité avec un mec qui ne veut rien savoir de plus d'elle. Connard. Il a besoin de l'amour de sa sœur là tout de suite et non de ses reproches et sa haine, car clairement, elle va nous haïr. Je nous oublie un instant et cherche mes mots pour expliquer ce bordel sans entrer dans les détails. « T'as pas une idiote Lena... Je... J'avais aucune idée de pourquoi il a commencé. Il m'a parlé de son accident de voiture avant que tu n'arrives tout à l'heure... Il l'avait jamais mentionné avant et j'ai pas tout compris, je ne veux pas le forcer à parler... Mais il ne dort plus et c'est apparemment la seule manière qu'il a trouvé pour tenir le coup. » Je fais une légère moue, ignorant si Caleb lui a parlé de ses cauchemars et du manque constant de sommeil du à cet accident. Je n'ai eut le droit qu'à quelques mots à ce sujets, j'ignore toutes les circonstances mais qu'il aie pu s'ouvrir à moi me rassure. J'espère juste ne pas le trahir en le confiant à Selena mais il a besoin d'autant de réconfort qu'il ne peut en avoir. Je sais qu'elle attend de moi des réponses quant à note dispute mais je ne peux pas vraiment lui en donner. « Pour le reste, personne cherche à te tenir à l'écart... c'est juste que c'est entre Caleb et moi... » Je me pince les lèvres mais c'est ainsi et elle va devoir faire avec - ou plutôt sans. Elle ne me confie pas tout ce qu'il se passe avec Lyla. « On aurait pas du s'énerver à ce point, c'était des conneries. Je t'assure que c'est fini. » Tout va bien. Fin. Je ne compte pas prononcer un mot de plus car je suis à deux doigts de tout lui révéler, ce qui serait une erreur encore plus grosse que de la - les - avoir embrassé dans un premier temps. Est-ce que tout est vraiment arrangé? Je n'en ai pas la moindre idée, je ne sais pas quand il sortira d'ici quelle version de mon meilleur ami je vais retrouver mais je ne compte plus l'abandonner, c'est un fait. Je ne réagis pas quand elle précise qu'elle ne me croit pas et me contente de l'observer. Quoi que je dise, elle pensera que c'est en rapport avec Thalia et qui peut l'en blâmer? Mon cœur bat à tout rompre, je me maudis tellement d'avoir parlé - ou plutôt agis dans un premier temps. La main tremblante, j'hésite et fini par la poser sur son épaule en me tournant vers elle. « Je suis vraiment désolé... J'ai jamais voulu qu'on en arrive là et encore moins te faire du mal...  » soufflais-je. J'ose à peine parler de peur de déclencher de nouveaux cris, ou pire des larmes. « Et c'était pas le jour pour en parler... J'vais te ramener chez toi. » Clairement pas. Foutu égoïste. J'ai voulu me rassurer et constater que je ne l'avais pas perdue mais ai-je pensé une seconde à ce qu'elle voulait elle? A comment elle se sentait? Non. Parce que je n'en avais pas la moindre idée.