"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Be careful about first impression... | James Wilde 2979874845 Be careful about first impression... | James Wilde 1973890357
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() message posté Jeu 5 Avr 2018 - 20:35 par Invité

Il pleuvait à torrent. Le vent soufflait fort tandis qu'un son de Starset résonnait dans mes oreilles. Je me demandais comment était-ce possible que je ne me sois pas encore envolé. Mes Dr. Martens ne quittaient miraculeusement pas le sol mouillé. J'avais bien fait de ne pas mettre des chaussures en toile, finalement, mes pieds restaient ainsi bien au sec. Je ne pouvais pas en dire autant du reste de ma personne. Bien qu'étant un petit peu protégé par mon parapluie, j'étais juste incapable de le tenir de sorte à ce qu'il n'y ai pas plein de gouttes de pluie qui m'atteignent à cause du vent. Après que je sois sorti de la bouche de métro, ma coiffure n'avait pas fait long feu. Quelle impression allais-je donner ?
En ce lundi pluvieux, je profitais de mon début de soirée pour aller au Viper Room pour en voir le gérant afin de lui demander si mon groupe et moi-même pouvions se produire dans son établissement de nuit. Je venais en quelque sorte en porte-parole car mes amis n'avaient pas pu se libérer. A vrai dire, j'y allais un peu au culot dans la mesure où nous n'étions pas spécialement connus et que je n'avais jamais essayé de le contacter au téléphone au préalable. J'étais juste moi avec quelques documents. J'étais assez confiant jusqu'à ce que la pluie apporte sa généreuse contribution à l'image que je renvoyais.

Je tâchai de me dépêcher tout en luttant contre les aléas météorologiques afin d'en limiter les dégâts sur ma personne pour paraître le plus présentable possible. Il me fallut quelques minutes pour arriver au Viper Room. Je devais être l'un des premiers à arriver car il n'y avait pas grand monde, tout en sachant qu'on était lundi. Et ça n'avait pas encore ouvert. Ce fut en voyant les personnes bien habillées que je me rendis compte que ma tenue n'était pas forcément appropriée à ce type d'endroit que je ne fréquentais pour ainsi dire jamais si ce n'était pour les concerts. J'eus envie de faire demi-tour avant de me dire que je n'avais pas fait ce chemin pour rien.
Les personnes présentes se trouvaient sous le auvent. Il y avait un groupe de cinq personnes: trois filles, deux garçons. Une des filles portait une jupe crayon que je trouvais extrêmement courte. La plupart d'entre eux fumait. Un peu plus loin, toujours à l'abri de la pluie, il y avait un homme qui avait aussi une cigarette entre les doigts. Il portait une sorte de badge. De là où j'étais, je ne voyais pas ce qu'il y avait écrit dessus et même avec l'obscurité, j'allais bien avoir du mal à lire. Mais on pouvait aisément supposer que c'était un membre du staff du night club. Peut-être le videur, me disais-je. Je retirai alors mes écouteurs et m'approchai de cet homme, dans l'espoir de ne pas me faire recaler. J'avançai d'un pas déterminé mais mon assurance s'envola un tantinet quand je me retrouvai devant lui.
« Bonsoir Monsieur, je cherche le gérant du Viper Room. Serait-il possible de le voir ? » demandai-je poliment, mes phrases étant ponctué par des "euh" parasites.
J'avais l'impression d'être arrivé comme une fleur. Je n'avais jamais fréquenté ces lieux. Je ne savais pas à quoi ressemblait le gérant en plus de ne même pas connaître son nom. Il ne me connaissait ni d'Adam ni d'Eve d'une façon plus que très probable. Ma coiffure ne ressemblait pratiquement plus à rien et je n'avais pas la tenue adéquate pour aller en boîte de nuit bien que je ne comptais pas m'y attarder. Ah, et j'étais seul, mais ce n'était qu'un petit détail.


Tenue de Max:
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James M. Wilde
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() message posté Ven 6 Avr 2018 - 0:30 par James M. Wilde


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Maximilian
& James





Il y a des jours comme ça. Il y a des jours où j'ai envie de tous les buter un par un. Des jours où ils me regardent vociférer avec leurs yeux de merlan frit sans plus jamais savoir bouger quand j'aimerais que tout ce petit monde se mette à gigoter. Entre Kaitlyn qui a cru bon se pointer avec une bonne demie-heure de retard et Phil qui a osé, crime de lèse-majesté, bouger tous les projos pour - a-t-il prétendu, ce connard - créer ainsi une ambiance plus tamisée, je suis à cran. Ajoutez à cela Vega qui fume dehors depuis on ne sait plus quand et Paul qui cherche sans doute la sortie la plus proche avant que l'orage ne finisse par s'abattre sur le coin de son nez, je suis éminemment bien servi ce soir. Greg est bien entendu aux abonnées absents, complètement accaparé par notre jolie et non moins exigeante agent afin d'organiser des détails assommants concernant notre prochaine tournée. Et me voilà comme un con, à les haranguer pour qu'ils finissent par me comprendre, plutôt que d'être peinard au studio en train de répéter. Il faut dire que j'ai depuis plusieurs semaine par trop négligé le Viper. Il faut dire également que chacun est chamboulé de me voir ici, bouger en tout sens, quand ils ont pris des habitudes bien moins alertes en mon absence. Ils se sont relâchés, ils ont oublié ce que c'était que de m'avoir sur le dos, à les tanner en permanence. Alors il y a des jours oui, où je suis là, et où tout doit filer droit. Ce n'est pourtant pas compliqué hein ? Le filtre de ma clope serré par mes dents qui manquent de le sectionner, je réitère mes remarques méprisantes à l'endroit de ma barmaid :
_ Tu vas te magner Kait' oui ? On s'en tape de ta retouche maquillage, putain, on ouvre dans deux heures et je me contrefous que le grand brun qui te fait de l'oeil soit en train de s'imaginer enchaîner 62 positions avec toi quand il sera l'heure de débaucher ! Il y a même pas assez de verres à disposition, par l'Enfer ! Il faut que je vienne jusqu'ici pour les essuyer avec ton foutu chemisier ? C'est quoi cette couleur d'ailleurs ? C'est laid. Je vais perdre un dixième à chaque oeil à te regarder.
Kaitlyn porte un fin sourire, tandis qu'elle essuie les reproches et ma voix qui caracole, staccato, comme si je menais une charge infernale. Elle se dit que ça fait du bien de me retrouver par ici sans doute, parce qu'elle ne fait que commenter, depuis tout à l'heure, face à mon stress grandissant :
"Mais oui, James, mais oui."
Et cela n'améliore pas du tout mon humeur. D'ombrageuse, elle se fait plus mordante quand Phil me fout un spot en pleine gueule. Je suis sur la scène, en train de vérifier tous les amplis, dans mes habits coutumiers. Du noir, des pieds à la tête, jean et t-shirt, les lunettes de soleil dans l'encolure, une peau blême qui trahit toutes les errances et les erreurs accumulées lors de mon long passage à vide. Il n'y a pas de groupe ce soir sur scène, mais qu'importe, je veux que tout soit en place pour la semaine entière.
"Comme ça, c'est mieux ?"
_ Putain ! Non ça n'est pas mieux. N'importe quel minet qui viendra chanter demain soir finira avec une foutue canne d'aveugle. Plus bas. Je te préviens, si je monte, c'est toi que je passe par la balustrade.
Ellis, le bassiste de mon groupe, troisième membre de notre formation avec Greg, est venu prêter main forte à la dernière minute, et il ricane, dans un coin, tandis qu'il s'occupe des divers branchements à mes côtés. Je soupçonne Phil de l'avoir appelé en catastrophe, en mode "au secours, la peste est là, viens-nous sauver", mais ça n'est pas un mal car je ne suis pas certain d'être véritablement en état de contribuer à la soirée entière, quand je récupère encore difficilement de mes excès et des violences qui se sont ensuivies. J'étire ma nuque, rompue par la nervosité, avant de zyeuter mon régisseur pour opiner :
_ Voilà, merci. C'est bon, tu peux descendre. Magne. Y a encore tout le panneau électrique de l'alcôve à droite qu'il faut réparer.
Comment ont-ils pu laisser mon club dans un tel état, foutre dieu ? C'est à peine si je suis chez moi, je ne peux que bloquer sur des détails sans doute très insignifiants pour tout un chacun mais qui deviennent des obsessions dès lors que j'ai le malheur de les repérer. Je ne supporte pas quand quelque chose n'est pas parfait. Surtout en ce moment, quand la promotion de notre dernier album culmine, me prenant des heures de négociations assommantes ou encore m'occupant en des interviews qui m'irritent au plus haut point. J'ai hâte de partir... J'ai également hâte de me consacrer entièrement au projet personnel que je continue de murmurer à l'oreille d'Eleah. Gregory s'inquiète, sorti de ma dépression alanguie dans l'horreur, je lui suis revenu hyper-actif et l'un et l'autre nous ne savons guère le temps que cela durera.
_ Il fait quoi Vega ? Ça fait pas quinze minutes qu'il est sorti ?
"Cinq je pense."
_ C'est déjà trop...
"Il vérifie la file d'attente, je te rappelle que c'est toi qui viens de lui demander. Pour quoi déjà ? Ah oui Narcisse Ier, pour savoir si les gens sont plus nombreux que lorsque Greg fait l'ouverture à ta place. Sauf que Greg ne l'annonce pas sur twitter, lui..."
J'ai un sourire ravageur :
_ Ouais, mais moi je voulais une foule déchaînée ce soir, je ne suis pas un être à savourer la tranquillité.
"Hmm... Nous non plus visiblement..."
_ Sèche tes larmes, blanc-bec, Wells t'a complètement ramolli ma parole. Son règne est terminé !
Et tous se regardent, avant de soupirer lourdement.

Dehors, Vega fume en effet sa clope avant de prendre officiellement du service. Il tente de reconnaître quelques habituées dans le petit groupe qui s'est formé devant, et plisse des yeux pour détourer les visages. La brune, il en est sûr, est déjà venue plusieurs fois, elle balance toujours des regards aguicheurs à James et c'est sans doute à cause de l'annonce qu'il a faite il y a une heure sur son compte officiel qu'elle s'est précipité ici. Le temps que la nouvelle se répande et ils seront bien trop nombreux pour tous aller s'entasser dans la salle principale du nightclub, même si la pluie risque d'éroder la détermination des moins opiniâtres. Les volutes se condensent à cause de l'humidité ambiante, la pluie semble redoubler. Bientôt, il dévisage un jeune homme qui a l'air d'un gosse, plutôt mal à l'aise, un peu trop poli aussi, qui cherche justement le grand manitou. Le videur sourit, un rictus de fripon, comme celui que porte tous les membres de sa famille :
"Toi, si tu cherches le gérant en te pointant comme ça au débotté, c'est soit que tu n'as pas froid aux yeux, soit que tu n'as pas l'ombre d'une idée de qui tu demandes à voir gamin."
Il faut dire que le "gérant" s'affiche en des allures ténébreuses sur des affiches dans tout Londres en ce moment. Les ventes des places débuteront la semaine prochaine. Vega hausse les épaules, un peu emmerdé parce que le petit n'a pas l'air d'un fan en délire qui viendrait pomper l'air de James jusque dans sa boîte. Les gens se tiennent plutôt bien au Viper, c'est un club sélect, puis on évite de balader les trois membres des Wild en pleine foule, on les met derrière le grand bar qui joue le rôle de barricade, ou bien sur scène, ou encore dans les coins VIP où personne n'ose se pointer. Les garçons savent désacraliser le star-système en la jouant comme ça, et ça marche plutôt bien. On les voit, ils sont là parmi leurs convives, ils bossent comme tout le monde, ils ne sont pas en représentation. Et si un crétin hurlant souhaite leur arracher leurs frusques, bah... on le balance dehors et puis voilà.
"J'sais pas trop, je te dirais bien que c'est pas forcément le moment pour..."

La porte de service qui s'ouvre brusquement, parce que je viens de la pousser, précédé d'un pas martial qui retentit encore sur le béton armé du couloir.
_ On peut savoir pourquoi ça fait vingt minutes que tu regardes trois abrutis qui ont su braver la tempête ? J'aimerais que tu aides Phil à porter les fûts derrière le bar et...
Oui, le temps est très relatif dans ma tête. Dans une seconde, ça fera sans doute quarante minutes que Vega est sorti. Whatever. Je m'interromps, notant soudain la présence étrangère que je scanne, des pieds à la tête. Maigrelet, tout trempé, décoiffé, inconnu au bataillon. Je tire sur le filtre de ma clope avant d'exhaler sur le côté pour ne pas lui en foutre plein la gueule :
_ T'es qui toi ? La file d'attente c'est là-bas et... honnêtement hein, si tu cherches l'escape game du coin, ou la fontaine à soda, c'est pas ici, tu te gourres d'adresse.
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() message posté Sam 7 Avr 2018 - 0:26 par Invité

Le vigile me dévisagea pendant quelques secondes qui m'eurent parues longues. Je me surpris à me demander si je n'avais pas une tâche sur le visage ou si je n'avais pas dit une bêtise. « Gamin », m'appela-t-il si affectueusement. Honnêtement, je laissai passer la remarque. Il n'était ni le premier, ni le dernier. Je savais que je faisais beaucoup plus jeune que mon âge, on n'avait cessé de me le répéter depuis peut-être le collège. Même encore à ce jour, ayant commencé à approcher la trentaine en fêtant mon vingt-sixième anniversaire il y avait de cela peu de temps, je continuais d'entendre ça. C'était devenu comme mon deuxième prénom. Maximilian Gamin Berkeley. Donc, ce n'était pas ça qui m'avait intrigué le plus, dans ses paroles. Le vigile parlait de son patron comme un mec à craindre, un petit rictus au coin des lèvres. Bien que son expression fut un peu moqueuse, je trouvai à ses dires une dimension sérieuse. J'étais sceptique, ça se lisait sur mon visage. Je le dévisageais, intrigué. Quoi ? Qu'est-ce qui allait se passer si je voyais ce gars là ? La pire chose qui était susceptible d'arriver, c'était de me faire recaler dès la première minute.
« C'est Pablo Escobar votre boss ou quoi ? »
C'était la première chose qui me passait par la tête. L'homme haussa les épaules comme s'il était désolé pour moi tandis que la pluie redoublait d'intensité. Je gardai mon parapluie à la main car le auvent, au final, ne servait pas à grand chose. Face au vigile, j'étais dans l'ignorance la plus totale. J'avais presque l'impression qu'il avait pitié de moi avec mon air de chien mouillé. Alors qu'il commençait à me dire quelque chose, je sursautai soudainement quand la porte s'ouvrit dans un grand fracas. « Oh putain ! » avais-je lâché de surprise assez fort pour qu'il n'y eut que le vigile et moi-même pour l'entendre.

Il s'agissait d'un homme à qui j'aurais donné à peu près quarante ans qui venait de sortir de l'établissement. Il était vêtu tout de noir. Son teint blafard ressortait particulièrement dans la semi-obscurité, comme si une pâle lueur lunaire émanait de ses pores (comme l'autre là, Edward dans Twilight). Il se dégageait de lui une certaine énergie, prestance que je n'aurais su qualifier. Je sus que c'était lui, ce fameux gérant. Je le trouvai d'emblée assez intimidant. Ne remarquant guère ma présence, il commença à sermonner son employé. J'en profitai pour analyser ses traits du visage. Ils semblaient tirés par la fatigue et vieillis assez prématurément. Mais il n'avait pas l'air faible pour autant, loin de là. Et surtout, cette apparence me disait quelque chose. Je ne parvenais pas à mettre la main dessus.
Il finit par rapidement voir que j'existais. Il me dévisagea comme si j'étais une étrangeté. Lentement. De la tête au pied. Je me sentais tellement jugé. Je n'avais pas particulièrement de problème de confiance en moi mais j'évitais son regard inquisiteur. Que voulez-vous faire face à ça ? Je ne savais pas quelle était la bonne attitude à adopter. J'étais quand même venu avec un objectif. J'essayais d'oeuvrer pour. De but en blanc, il me demanda qui j'étais et ce que je foutais ici. Je tournai mon regard en direction du sien. J'avais une tête de poupon à côté de lui. C'était simple, il me prenait pour un gamin qui ne connaissait rien à la vie. Il ne le disait pas, mais c'était largement sous-entendu à mes yeux. Il semblait me prendre pour ces jeunes étudiants tout juste entrés à la fac, un peu geek ou intello à faire des escapes games et à ne pas encore boire d'alcool. Bien que j'avais été ce garçon là, j'avais grandi entre temps. Mon dernier escape game remontait à une semaine certes mais je n'en restais pas moins un jeune adulte responsable. Ce genre de jeu avait beaucoup de répercussions positives sur le cerveau, en plus et les vieux adolescents n'en avaient pas l'exclusivité.
J'essayais de me donner une contenance malgré mon apparence catastrophique. Je voulais qu'il me prenne au sérieux. Je chassai mon intimidation et me tenais bien droit. Je devais montrer que j'avais de l'assurance à revendre. Bon Dieu, que j'aurais préféré que John y aille à ma place. Lui, au moins, on l'aurait pris au sérieux.
« Bonsoir, je suis Maximilian Berkeley. Je cherchais à vous rencontrer justement. »
Je devais parler fort pour qu'il puisse m'entendre par dessus les clapotis sonores de la pluie. Par politesse, je vins lui serrer la main. J'essayais de lui faire comprendre par la communication non verbale que je ne venais pas faire la fête. J'aurais plus vite fait de lui exposer directement ce que j'espérais.
« Ce n'est peut-être pas le moment mais je me demandais si vous aviez quelques instants à m'accorder pour parler de quelque chose. »
J'étais assez fier de moi, d'avoir pu passer au delà de mon intimidation et d'avoir su me donner un air un peu plus professionnel. J'espérais ne pas essuyer un refus, qu'il oublie un tout petit peu mon apparence. Il n'avait pas l'air d'un homme commode. Si déjà, j'avais la possibilité qu'il m'écoute quelques minutes, je trouvais ça bien.

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() message posté Sam 7 Avr 2018 - 13:32 par James M. Wilde


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Vega rit de bon coeur à la remarque du jeune homme qui devant lui ne s'en laisse pas compter. Le videur n'est pas très grand, mais il est massif et ses bras qui semblent entièrement tatoués attirent en général l'attention, les muscles saillants sous l'encre aux couleurs délavées. Mais il lui adresse un léger sourire en coin, prêt à lui rétorquer qu'au moins avec Escobar on saurait à quoi s'en tenir, quand Wilde est trop changeant pour cela, passant d'une euphorie très communicative à des airs meurtriers en si peu de temps que parfois il est très difficile de comprendre ce qui fut le déclencheur d'un tel basculement. Tout le monde a appris à faire avec, pire encore, tout le monde sait dorénavant ne plus faire trop sans, l'aura du leader distillant des instincts farouches et protecteurs sur ce que l'on pourrait nommer son clan. Les membres sont fidèles. Voilà pourquoi le videur barre la route, et que qui que soit cet inconnu, aussi aimable qu'il puisse paraître, il ne se permettrait pas de le laisser pénétrer ainsi dans le Viper Room sans consulter le grand Oracle. Surtout lorsqu'il balance déjà ses foudres alentours. Mais, les instincts de James semblent le mener jusqu'ici et Vega sursaute et a la présence d'esprit de s'écarter afin d'éviter le battant de la porte qui s'ouvre à la volée. Bien. Au moins n'aura-t-il pas à se déplacer.

Je n'entends pas le hoquet de surprise du freluquet qui nous flanque et laisse à mon videur le soin de s'effacer, parce que j'ai déjà la grande obligeance de lui tenir la porte pour ne pas en plus condescendre à lui demander une seconde fois de se grouiller. Il comprend mes regards et ne tarde pas à rejoindre Phil qui galère avec un fût de bière irlandaise que nous venons de réceptionner. Le contre jour, depuis l'immense salle backstage, qui s'ouvre derrière le couloir d'où je viens d'émerger, nimbe les quelques ombres de lueurs presque fantasmagoriques. Sur ce fond rayonnant son camaïeu de grisaille, je me tiens désinvolte à sonder les yeux bruns qui se relèvent sur moi, sans ciller une seconde, plongé en eaux troubles d'une première découverte d'un autre qui ne m'appartient pas. Ce sont toujours des moments d'exception, ceux où l'on traque ce qui dans l'inconnu pourrait sortir de l'ordinaire, venir basculer l'émotion pour la rendre palpable. Je le trouve l'air d'un égaré, à l'ombre de son parapluie, alors que les torrents se déchaînent, manquant de noyer sa silhouette. Je balance mon mégot au loin, avant de le voir dériver jusque dans le caniveau, mes yeux toujours dans les siens, attendant une rhétorique quelconque quand mes instincts m'ont aussitôt propulsé sur les sentiers de l'ironie. Celle que je manie à merveille, dès lors que l'on menace de m'envahir et que je n'y suis guère préparé. Mon monde est cloisonné, pas celui que je dessine ou manipule, mais bien ma sphère quotidienne, où mon personnage public m'abandonne pour laisser libre cours à mes airs innocents ou mes joies les plus simples. Mais tout dans mon visage se claquemure, l'extérieur me toise, je zyeute par dessus son épaule pour voir si les paparazzi sont à l'abri, ailleurs, lassés d'une proie qui ne semble plus très prompte cette semaine à faire ces éclats que l'on pourrait graver le temps d'une double page, bonne à jeter dès lors qu'on l'a lue ou dévorée avec l'avidité d'une curiosité malsaine. Mais ils ne sont pas là, et le garçon se présente, sans doute plus mûr que je ne croyais vu son élocution. Tout est poli chez lui, presque distingué je dirais, un peu trop sur mon seuil, cela me déstabilise. Soit l'on a le don de hurler dans mon sillage, soit l'on m'aborde en m'insultant parce que l'on ne peut pas me piffrer. La plupart du temps, on minaude, on rougit, et on se carapate sans savoir soutenir mon regard. Et souvent, fort heureusement, l'on se tait. On se tait et on me fout la paix. Il tend sa main, je la saisis d'emblée, fermeté de posture, raideur due aux a priori.
_ Super, et qu'est-ce que ça peut me foutre ?
Mon inconvenance est pire face à sa bienséance, il y a chez moi toutes ces alarmes qui font que je rejette le milieu huppé dont je suis issu, et que je me plais à vitrioler de mes mots crus, ce depuis l'adolescence. Sauf sans doute lorsque je n'ai plus à me défendre d'une incursion. Je ne me présente pas, je pars toujours du principe que l'on connaît mon existence. Mais je l'écoute cependant, suffisamment piqué par son entrée impromptue pour vouloir creuser, quoique prétendent mes phrases. Parler de quelque chose. Il en a de bonnes. Je grogne :
_ Bien sûr que ce n'est pas le moment. Ce n'est jamais le moment, mais si tu attends que ce le soit alors tu louperas toujours le coche.
J'hésite, mais pas longtemps, car je suis joueur, je veux savoir ce que tout ce préambule annonce. Mais pas question de m'éterniser sur le seuil de ma boîte, car si ce type ne m'incommode pas, ou pas encore, je sais que d'autres ne tarderont pas à le faire et je n'ai guère la patience de les souffrir maintenant. Je semble donc le planter là, revenant sur mes pas mais au dernier moment je laisse la porte entrouverte et aboie :
_ Tu bouges, oui ?
Quelques pas, la porte se ferme, et je jette un coup d'oeil par dessus mon épaule pour voir s'il m'a suivi. Je farfouille dans la poche arrière de mon jean pour sortir mon paquet de Morley et glisse de nouveau une cigarette entre mes lèvres, suffisamment stressé pour devoir compenser quand les lignes de coke me manquent tant. Ma silhouette maigre ploie sous le bonheur d'une première bouffée, c'est toujours la meilleure, avant de continuer ma marche dans le couloir de service, austère, passant une première porte sur ma gauche (la salle principale), un double battant métallique sur ma droite (mon ascenseur privé pour le penthouse). Je le traîne dans mon sillage jusque dans la salle arrière des lieux, celles qui se découpe en plusieurs espaces, pour stocker les vivres, les instruments, aménager des vestiaires pour les groupes, un coin salon pour patienter, ainsi qu'une petite loggia ouverte qui jouxte la réserve et qui sert de bureau. Je file en direction de l'immense sofa, auprès du grand piano à queue que l'on laisse dormir ici quand il n'est pas sur scène pour moi. Je m'y laisse tomber avant de l'inviter sans même plus le regarder :
_ Tes minutes défilent déjà et je ne suis pas réputé pour ma patience. Soit tu m'expliques, soit tu te tires. Et la porte est en face, elle mène au parking, ça te changera de paysage, qu'on ne dise pas que je ne sais pas faire voyager mes invités, hein ? Par pitié ne me dis pas que tout ton beau langage veut simplement m'arracher un énième autographe...
Je souffle ma fumée en direction du plafond tandis que Phil et Vega passent, et passent encore, chargés de tout l'alcool qu'il faut ramener jusque dans le nightclub, pour ravir tous les assoiffés qui ne tarderont pas à se glisser dans les entrailles de mon établissement.
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() message posté Dim 8 Avr 2018 - 11:33 par Invité

J'avais très vite saisi le tempérament de l'homme en face de moi. Il semblait avoir un très fort caractère. Il ne me quittait pas du regard, j'avais du mal à garder mes yeux braqués vers les siens. Il avait une forte présence, une forte aura. Je lui serrais la main. Il avait une sacrée poigne. Et son langage... Non pas que j'étais une petite nature facilement outré ou susceptible mais il n'avait pas une langue précieuse, quoi. C'était une chose qui comptait énormément dans la manière avec laquelle nous percevions une personne. Il ne s'embarrassait pas de politesse, non plus. C'était très éloigné de ce à quoi j'étais habitué. Avec les membres du groupe, nous négligions pas mal la bienséance entre nous. Mais quand je travaillais et même auparavant dans le cadre scolaire, j'étais obligé de surveiller mon langage et mon attitude et cela avait tendance à se répercuter dans les autres domaines.
Au début, j'avais cru qu'il m'avait tout simplement rejeté, me disant que ce n'était jamais le moment. J'avais juste à faire demi-tour et rentrer chez moi regarder la Casa De Papel. Quand il commença à se retourner à en s'en aller, je sortis directement des écouteurs -qui avaient déjà eu le temps de s'emmêler- pour le chemin du retour. « Tant pis. » me dis-je. Tandis que je les démêlais, j'entendis le gérant aboyer contre moi. Je levai encore mon regard vers lui. Il avait laissé la porte entre-ouverte et m'attendait. Donc il voulait finalement m'accorder quelques minutes ? Sans poser de question, je m'exécutai et la porte se refermai derrière moi tandis que je refermai mon parapluie qui gouttait sur le sol. Je l'emportai avec moi. Il vérifia si je le suivais. Il marchait rapidement mais j'arrivais quand même à le suivre en regardant autour de moi. Il avait sorti une cigarette. Un fumeur compulsif ? Il me semble qu'à peine deux minutes avant, il venait de jeter un mégot.

Le couloir que nous traversions n'était pas très chaleureux. Il était même assez austère. Les murs étaient nus, l'air froid. La pièce n'était que très peu éclairée. Cela changeait beaucoup du British Museum où je passai une bonne partie de mes journées. Et même, c'était très différent du studio du groupe où on travaillait nos chansons. En soi, nous procrastinions aussi énormément à côté des répétitions. Arrivés au fond du corridor, nous entrâmes dans une salle. Elle semblait servir à beaucoup de choses. Il y avait des instruments (dont un superbe piano à queue), des stocks, un bureau, un sofa... Le tout se divisait en différents espaces. Le gérant s'installa négligemment, m'invitait à faire de même sans croiser mon regard. Je m'approchai mais décidai de ne pas m'asseoir. Il me somma de me dépêcher d'expliquer la raison de ma présence ici. Il me défendit aussi de lui demander un autographe. Ainsi, il était connu. Au fur et à mesure, j'arrivais à restituer les pièces de ce puzzle mémoriel.
Ça sentait la clope, dans cette pièce. Faute au gérant qui semblait avoir l'habitude de fumer ici, très certainement. Deux employés, dont le gérant, passaient à intervalle régulier préparant l'ouverture du nightclub. J'eus un moment d'hésitation en les regardant faire avant de répondre à mon interlocuteur, ramenant mon regard vers lui. Je cherchai mes mots en posant mon sac au sol.
« En fait, j'ai été chargé de venir à votre rencontre pour vous demander une requête. »
Est-ce que c'était le bon mot à employer ? Peu importe. Je ne pouvais plus faire marche arrière. J'avais l'impression de perdre mes moyens alors que pas du tout, je devais m'en sortir globalement bien. Je me rassurais en me disant que cet homme n'allait pas me bouffer, de toute façon son estomac avait l'air beaucoup trop petit pour m'engloutir complètement vue sa maigreur, que si je parvenais à parler à une vingtaine d'interlocuteurs au quotidien sans buguer, je pouvais faire de même avec lui. Même s'il ressemblait à un vampire.
« En fait, je suis membre d'un groupe, Untitled. Nous sommes quatre gars et on se demandait si on pouvait bien se produire dans cet établissement de temps à autre. »
C'était tellement gonflé de demander ça comme ça, sans même parler du groupe. Nous n'étions très probablement pas aussi connus que cet homme. Mais ça nous convenait très bien ainsi. Nous en demandions pas plus mais si l'occasion se présentait, nous n'aurions pas refuser non plus. Tout de même, j'ouvris mon sac pour sortir une pochette contenant quelques documents à savoir des photocopies de nos pièces d'identité -ça pouvait toujours servir-, des partitions, des paroles de quelques chansons. J'avais hésité à y insérer une lettre de motivation mais les gars m'avaient fermement défendu de le faire. Les papiers avaient un peu pris la flotte sur les côtés. C'était du grand n'importe quoi.
« J'ai ramené quelques documents pour que vous puissiez vous faire une idée. Des partitions et des paroles de chanson. Nous avons fait quelques reprises mais depuis un ou deux ans, on écrit nos chansons nous-même. J'ai apporté une clef USB avec trois-quatre d'entre elles, si vous avez le temps. Attendez, je la retrouve... » expliquai, le nez fourré dans mon sac à la recherche de cette fameuse clef USB.
Je constatai avec tristesse au passage que mon exemplaire du treizième tome de la saga de l'Epouvanteur avait aussi un peu pris la flotte. Je pris garde à ce qu'il ne voit pas l'ouvrage pour éviter encore une fois qu'il me prenne pour un enfant. Cette série, je la suivais depuis que j'avais douze ans. Je trouvai enfin la clef USB que je tendis au gérant avec un sourire poli mais embarrassé.
Dedans, j'y avais mis trois chansons qu'on avait estimé être les plus peaufinée, avec les autres ou qu'on avait jugé comme étant assez représentatives. Il y en avait une notamment qui portait sur l'harcèlement scolaire menant au suicide du à l'homophobie. De façon implicite, elle faisait aussi référence à la perception de l'homosexualité (et du suicide) par la la religion, quand on était croyant. Mais si l'on avait pas quelques clefs de lecture, ça pouvait être difficile à percevoir. Nous étions influencés par beaucoup de styles musicaux. Le rock des années 60 et 70, le slam, le classique, le metal aussi un peu... J'aurais peut-être du dire ça oralement.
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James M. Wilde
James M. Wilde
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() message posté Dim 8 Avr 2018 - 14:52 par James M. Wilde


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Maximilian
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La brûlure de la clope silence quelque peu mes angoisses et me laisse un bref instant uniquement conscient de nos deux présences, distancées par le vide de la salle backstage qui bruisse d'une activité agréable. Dans mon dos, les deux immenses panneaux escamotables qui permettent d'installer sur la scène du Viper le matériel que nous mettons parfois à disposition des groupes débutants, parfois même le piano, pour peu qu'il y ait eu une négociation acharnée à mon endroit et beaucoup de confiance tissée. Jamais mes guitares, qui trônent sur certains racks jusqu'ici, tant je finis par les collectionner, même si la plupart sont actuellement en balade dans le studio de Oaks Production. Je le sens plein de cette raideur respectueuse, au seuil de la confrontation, à ne savoir vraiment s'il consentira à y plonger. Un préambule encore, qui se fait l'écho de ce qu'il me baragouinait tout à l'heure, sans pour autant me délivrer plus d'indices sur les raisons de sa présence en mon royaume en ce début de soirée. Mes yeux lui reviennent brusquement, impact de mon intolérance qui se fiche dans son corps. Je commence à en avoir assez des gants blancs dont il s'encombre pour m'approcher comme si j'allais le bouffer tout cru. Même si c'est presque autre chose en ce qui le concerne. Il ne balbutie pas, non, il entame presque une sorte de parade, comme par respect. Un respect dont je ne sais que faire tant mon égo cherche soit l'idolâtrie la plus triviale, soit la détestation la plus abyssale. Dualité de mon esprit corrompu, je fais l'effort de me taire pour ne pas le tancer, mes lèvres serrées en une moue réprobatrice, comme pour mieux le hâter. Va-t-il se lancer et tomber, putain ! Nous atteignons finalement, après un très léger silence, la cause de sa venue ici, et je hausse un sourcil, un brin plus avenant désormais que je me surprends à l'envisager avec un intérêt plus prégnant. Avec sa petite tenue, ses airs de gentil garçon et son timbre très posé, je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il joue dans un groupe. Je raille :
_ Vous avez appelé votre groupe, Untitled ?
Bien entendu, je balaye l'air comme pour remettre à bien plus tard un quelconque accord de ma part, quand je ne sais absolument pas quelle est leur musique et si elle vaut la peine que je perde mon temps à l'écouter. J'ai pour autant très bien compris la requête difficilement excavée et la grave dans ma tête, la morgue au bord des lèvres qui jouent avec la fumée de ma Morley. Ma boutade n'est pas méchante sur le nom de leur groupe, c'est un peu l'hôpital qui se fout de la charité quand j'ai appelé le mien, à l'aube de mes 17 ans, Wild, pour faire un jeu de mot avec mon patronyme. Egocentrique, je vous le disais...

Je le laisse patauger quelque peu, avec une once de sadisme afin qu'il continue à s'imposer. S'il veut gagner sa place, je ne lui mâcherai pas le travail et me voilà bientôt obligé de tendre le bras pour récupérer une sorte de dossier qu'il me confie comme s'il s'agissait là d'un entretien formel. Bon sang ! D'habitude, les mecs viennent me voir quasiment bourrés, en m'appelant "Wilde" avec une main dans le dos et des idéaux débiles plein la tête. Ça change. Je ne sais pas si c'est pire ou mieux, dirons-nous que j'apprécie la surprise. Je feuillette ce qu'il me confie, avant de froisser dédaigneusement les feuilles où leurs papiers d'identité s'exposent, comme de bons élèves, balançant mon ouvrage sur la table basse devant moi. L'une des boulettes roule sous un grand fauteuil.
_ Je ne suis pas un flic, y a pas de contrat formel ici, tu es sélectionné, élu par mes soins, tu te pointes, tu joues, tu te tires. Je te paye pas, tu me dois rien. Tu bois à l'oeil, parce que je suis pas un salaud. C'est juste la chance de profiter d'un live, avec l'acoustique qui va bien, et tu peux me croire, ici l'acoustique je l'ai façonnée. Puis pouvoir baiser qui tu voudras ensuite parce que tu auras été sur la scène de ma boîte et que ça veut dire quelque chose dans notre foutu milieu. Peut-être même déclencher l'intérêt, des journaux ou d'un producteur. Mais là, c'est tout sauf une promesse, parce que passer ici peut te servir ou te desservir foncièrement.
Je le gratifie d'un regard en coin quand j'évoque tout cela, mon monde sans limite, sans carcan, sans ces obligations qui nous relient tous et nous exsanguent jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de ce que nous fûmes un jour, à hurler dans le noir. Mon monde, ses ombres et ses lueurs. Les groupes ici s'exposent à la renommée comme à la vindicte. Mon nom peut les élever ou les entacher, tout dépend à qui l'on s'adresse. Même si l'on ne peut m'ôter mon goût certain pour une musique qui fascine, ma réputation exécrable ne peut être gommée. Je m'arrête quelque peu, me demandant s'il s'agit de ces opportunistes qui rôdent plus encore autour du Viper maintenant que nous avons fait ce grand concert au Royal Albert Hall et prouvé que malgré notre exil américain, nous pouvions remplir toutes les salles d'Europe, pour peu que nous y consentions. Il n'a pas l'air d'être comme ça, l'avidité ne dévore pas son visage qui semble demeurer professionnel. Un bon point.

Je m'intéresse plus avant aux partitions, lit la musique et les paroles, tissant leurs harmonies dans ma tête, avec cette facilité jadis acquise lors de ma formation musicale et toute classique. Il y a quelque chose... Là dans les coins, que ce soit dans l'écriture débutante qui porte déjà des engagements sous-tendus, une passion dans les termes, comme dans les portées qui se déroulent sous mes regards concentrés.
_ Donne.
Un ordre, presque une exigence fiévreuse, comme si j'avais envie d'entendre dans leur interprétation ce que je viens de disséquer dans mes esprits. J'ouvre l'ordinateur portable qui sommeille bravement, de jour comme de nuit, abandonné ici, avant d'enfoncer avec un geste précis et sec la clef USB qu'il m'abandonne.
_ Qu'importe ce qu'il y a dessus, je ne te donnerai ma réponse que si je vous entends en live auparavant.
Je le préviens, parce que je me doute qu'il me confie des ébauches enregistrées en studio qui n'auront rien de la teneur brutale que l'on peut ressentir en direct. Mais il faut bien présenter son travail sous ce genre de format étriqué, c'est sûr. Je lève une main pour lui interdire de parler au moment même où le premier titre débute. Je lance même un "vos gueules" aux deux autres qui causent à déplacer leurs putains de fûts et j'entraperçois mon régisseur refermer la porte avec déférence. J'écoute. Langueur d'une rythmique d'intro, puis stupeur de tempos dont je saisis de nombreuses influences. Trop nombreuses peut-être. Presque brouillonnes. Comme nous. Comme nous, à l'époque. Ils disaient tous qu'il y avait trop, que l'on ne pouvait pas emmêler les genres ainsi. Mais moi j'aime ça. Tout ensemble, la multitude de touches qui déclenchent des émotions, pas toujours compatibles. J'écoute. J'écoute encore. Le laisse attendre dans un silence seulement perturbé par la musique qu'il m'a offerte, le long de trois titres qui doivent ressembler à une mise à nue pour lui, vu que je ne commente pas. Parfois je le regarde, comme pour saisir ces émotions dont j'ai appris à me nourrir, puis je reviens à la chanson. Des thèmes jeunes, forcément, un fond de révolte, comme toujours. Mais je ne crache pas sur ce que portent ceux qui doivent imposer leur marque dans un monde qui ne veut résolument pas d'eux. L'on ne veut pas d'une jeunesse qui brisera les codes, et cherchera sa voie. Cela me plaît assez. Mais mon expression ne trahit rien, et lorsque le vide se crée, aucun sourire ne vient réchauffer mon visage. Je le tourne lentement dans sa direction. Comment a-t-il dit qu'il s'appelait ? Maxence ? Maxwell ? Maximilian je crois. Je ne l'appelle pas cependant :
_ C'est pas mal. Ça se laisse écouter.
Chez moi, c'est une sorte de compliment. S'il avait été passablement mauvais, je lui aurais balancé sa clef USB à la gueule. Il y a sans doute une maturité à acquérir, mais jamais la scène du Viper ne vient déformer les artistes qui s'y produisent. C'est juste un élan consenti et une émotion partagée.

Je me laisse réfléchir, lui désigne le fauteuil une nouvelle fois pour qu'il finisse par y coller ses miches, j'en ai ma claque de devoir relever la tête comme ça. Je passe une main dans mes cheveux, les dérangeant au rythme de mes songes avant d'opiner sentencieusement :
_ Bon, t'as du pot, j'ai rien à foutre demain en fin de matinée. Tu te débrouilles comme tu peux avec tes trois copains, mais vous ramenez votre matos et vos culs jusqu'ici. Vous jouerez un titre, et vous aurez le public le meilleur dont on puisse rêver. Mon groupe au grand complet. Si jamais ça me convient - oui parce que les deux autres n'ont qu'un droit de veto, faut pas pousser - alors ouais, vous viendrez jouer une soirée. Peut-être plusieurs si je vous en donne l'occasion. Mais avant, j'ai une question... Tu vas voir, elle est hyper simple.
Fatidique également. Mais cela je me garde bien de le lui dire, sachant qu'il le comprendra tout seul. Je laisse un blanc de circonstance, mes yeux félins qui détourent sa silhouette :
_ Pourquoi veux-tu jouer sur mes planches ?
Pourquoi est-il l'émissaire, pourquoi ici et pas dans un autre bar, pourquoi moi, pourquoi lui, pourquoi souhaiter ce genre de live quand ils se confronteront à un public plus exigeant qu'ailleurs, pourquoi risquer de perdre toute crédibilité si jamais je me risque à tout gâcher, pour peu que je me laisse porter par mes instincts de destructions ? Pourquoi. Pourquoi. C'est toujours la question que je pose, car je ne crois pas que la musique puisse être un hasard, ou encore un simple loisir. Parce que je n'accepterai personne qui ne me prouve pas être digne du temps accordé. Parce que s'il transite dans mon monde, il devra apprendre à en manier les codes ou en sera à tout jamais exclu.
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() message posté Mar 10 Avr 2018 - 11:34 par Invité

Au début, quand je commençais à parler, j'avais eu l'impression de l'ennuyer. Je ne réussis à capter réellement son attention que quand je commençais à parler de musique. Je lui semblait peut-être moins insignifiant et plus digne d'intérêt. C'était comme s'il ne s'était pas attendu à ce que je sois dans un groupe de musique. Qu'est-ce qu'il imaginait me concernant ? Il railla un peu le nom de notre groupe, Untitled. Ce n'était un nom choisi au hasard. On ne voulait tout simplement pas le nommer. Tout comme certains poètes ne donnaient pas de nom à leurs vers. Et plus accessoirement, nous n'avions pas vraiment d'idée. Nous voulions quelque chose de simple. Au final, ce nom de groupe faisait parfaitement l'affaire.
« En fait, c'était notre volonté de ne pas lui donner de nom . » expliquai-je brièvement.
C'était paradoxal. Parce qu'après tout, notre groupe avait un nom quand même. Mais je pense être arrivé à faire comprendre l'idée.
Je me sentais stupide à dérouler mon petit speech. On aurait dit un entretien d'embauche. Pourtant, ça n'avait presque rien à voir. Il ne laissait passer aucune expression faciale donc je ne savais pas si ce que je faisais été vain ou pas. Cela ne m'aidait pas à orienter mon attitude. D'ailleurs, il avait négligemment chiffonné les photocopies de pièce d'identité. Je leur avais dit que cela n'avait servi à rien. Mais depuis qu'on avait failli se faire recaler parce qu'un gérant d'un bar avait cru qu'Erwan et moi on était mineurs, John préférait qu'on prenne des précautions.
Je fouillais dans mon sac pendant qu'il m'expliquait grosso modo son mode de fonctionnement qui n'avait rien pour me rassurer. Je m'en fichais de ne pas être payé, je gagnais assez bien ma vie. Je me fichais aussi de boire à l'oeil, de pouvoir achever ma soirée avec une jolie fille. Ça faisait des années que cela ne m'était pas arrivé sans que cette abstinence m'eut été imposée par quelqu'un d'autre que moi-même. Cela ne m'intéressait pas. En fait, c'était tout ou moins que rien. Il n'y avait pas d'entre deux à jouer ici. Si ça se trouve, on avait fait le premier pas pour foutre en l'air Untitled. C'était de ça dont j'avais peur, assez légitimement. Je sentais d'une façon brève son regard se poser sur moi alors que j'avais mis la main sur la clef USB.
Je reposai mes yeux sur lui, hagard, toujours en essayant de rester professionnel. Il avait entrepris de lire les partitions et les paroles que je lui avais donné. Je n'aurais su décrire cette appréhension qui me tenait quand il m'ordonna pratiquement de lui donner la clef. Je m'exécutai. Directement, il prit un ordinateur portable qu'il alluma et inséra la clef dans la fente prévue à cet effet sous mon regard reflétant la crainte. Il m'avertit qu'il allait aussi falloir que l'on joue en live. J'acquiesçai. Alors que la première composition commença à retentir, je m'apprêtais à lui expliquer certaine chose avant qu'il me fasse signe de me taire. Il aboya également sur ses employés pour se concentrer exclusivement sur la musique.

Une introduction musicale sans aucune pulsation rythmique marquée. La batterie est exempte. Gamme mineure. Une impression de temps qui s'allonge à l'infini par les notes tenues très longtemps. Aucune parole. Cette introduction était pensée afin de référer à une composition religieuse, un requiem. Les paroles commençaient en même temps que la batterie commençait à se faire entendre. Le champs lexical de la lumière et de l'ombre. Référence au Caravage, maître du clair-obscur, du sacré et du profane. Allusion à la pomme, celle d'Adam, le péché originel. Rimes embrassées propices à l'évocation des passions amoureuses. Rimes plates symbolisant l'absence de vie. La chanson s'adressait directement au Père céleste sous couvert du père de famille. J'en connaissais les paroles par coeur.
Je me sentais mis à nu. Si l'on m'avait mis nu sur une scène devant un grand public, cela serait revenu au même. Il ne faisait aucun commentaire. Les minutes me paraissaient tellement longues. C'était comme si il scrutait la musique. Je n'avais aucune idée de ce à quoi il pensait. Est-ce que c'était mauvais ? Est-ce qu'il appréciait ? Est-ce qu'il détestait ? La deuxième chanson, assez différente de la première, portait sur la société de consommation, les conditions de travail misérables des ouvriers dans les pays qui fabriquaient nos téléphones, nos vêtements. Le travail des enfants. La troisième était plus optimiste. Elle parlait d'un couple qui a décidé de se marier à seulement 18 ans malgré les jugements de la société et qui eut une vie heureusement. Parce que dans la vie, on a toujours besoin de quelque chose de positif.
Au bout d'une éternité, on en vint enfin à la fin des trois morceaux, laissant place à un silence pendant lequel le gérant ne dit rien. Il tourna lentement son regard vers moi. Je tâchai de le regarder dans les yeux, plein d'appréhension. Je crois que j'avais retenu ma respiration à ce moment là qui reprit quand il me dit que ce n'était pas mauvais, que ça "se laissait écouter". Je supposais que c'était bon signe. Seulement, est-ce qu'il avait assez apprécié pour laisser jouer Untitled sur la scène du Viper ? J'en étais beaucoup moins sûr. Dans mon esprit, une musique qui se laissait écouter était une musique qui passait à la radio mais que tu aimais bien mais sans plus.
Comme j'étais resté debout, il désigna de nouveau le sofa pour que je m'y assois. J'obtempérai, cette fois, ayant peur que mes jambes finissent par me lâcher au cas où il m'aurait dit quelque chose à tomber par terre. Je le regardais en tâchant de ne pas être trop insistant. Il passa la main dans ses cheveux. Je restais muet. Je me sentais incapable de parler dans l'immédiat. Enfin, il me somma de passer le lendemain en fin d'après-midi avec la totalité du groupe pour faire une démonstration en live devant son groupe. Son groupe. Ainsi, il avait un groupe. Il me dit également de rapporter tout le matos. Vraiment ? Tout le matos ? Même la batterie et le synthétiser ? Ça allait être compliqué pour le coup. Et autre ombre au tableau: j'étais sensé travailler le lendemain à ce moment là. Merde. Merde. Merde. Mais je n'osai pas lui dire donc j'acquiesçai docilement. Tant pis, j'allais essayer de m'arranger. Puis, il s'apprêta à me poser une question « hyper simple ». J'avais peur. Qu'est-ce qu'il voulait me demander ? Il me questionna alors sur le pourquoi on voulait jouer au Viper Room.

Je me laissais quelques secondes pour réfléchir, ponctuées par un long « Eeeeuuuh » en ne pouvant détacher mon regard du sien. Mon visage n'affichait littéralement aucune expression.
« Euh... Parce que pourquoi pas ? »
Ok, ceci n'était pas une réponse suffisante. Pas une réponse tout court d'ailleurs. Je cherchai alors rapidement quelque chose d'autres à dire. J'aurais dû prévoir cette question. En fait, je savais que j'avais la réponse. Mais elle ne me venait pas en tête immédiatement. J'étais en mode "warning error". Pourquoi devait-il vraiment y avoir une raison ?
« Il s'agit d'une décision prise communément entre les membres du groupe. On se disait que ça pourrait faire une expérience sympa. A ce que j'ai compris, votre night club a une certaine popularité à Londres et est très différent de ce à quoi on est habitué. On s'est dit que se confronter à un public différent serait intéressant. » expliquai-je au nom du groupe.
Je n'exprimai en aucun point mon opinion personnelle car déjà je venais en tant que porte-parole du groupe et pas de moi-même. Et je pensais que cela allait aussi nous desservir. Je ne jouais pas pour devenir connu mais seulement parce que j'aimais ça. Si jamais nous étions recalés, j'allais très vite passer à autre chose puisque ce n'était pas ce qui importait le plus dans ma vie. J'avais un travail à côté que j'adorais, d'autres loisirs, une famille, des amis, même si c'était quelque chose de cher à mon coeur également.
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James M. Wilde
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() message posté Mar 10 Avr 2018 - 19:14 par James M. Wilde


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Les volutes s'enferrent dans les recoins de mes pensées dorénavant parées de leur musique. Je la dénoue et continue de la détailler tout en cherchant la sensation qui parviendra à surnager le vide de toutes les autres aigreurs que je porte en moi. L'impact. Le mot ou l'accord qui saura ébrécher la surface et la laisser façonnée par la rencontre que ce jeune homme a provoquée. Je pense que c'est le premier titre qui demeure en filigrane. Parce qu'il trahit l'indécence d'un drame, l'ambiguïté de mots qui se rencognent parfois dans des silences encore plus éloquents. Il y a quelque chose là-dedans. Quelque chose de touchant, qui me remue les tripes et un très bref instant sans doute que l'émotivité transige avec mon personnage pour se parer de mes yeux clairs. Qui se posent sur lui de longues secondes. Des secondes qui abandonnent un bref instant l'armure et qui me laisse démuni dans la douleur d'un écho. C'est une connexion fugace qui cherche jusqu'à Maximilian la parure pour la lui arracher. Les démons quémandent déjà les blessures mais je les contiens tous sous mes airs acérés. La dualité s'opère... L'émotion embrasse mes outrages. Je ne souris pas. Je crois même que je plains qui a su écrire ça... Car l'on ne se débarrasse pas d'une souffrance pour demeurer indemne. À moins que je ne projette sur une jeunesse exsangue de mon corps malmené par les excès de mes humeurs ce qui broya la mienne. Peut-être n'ont-ils qu'une conscience aiguë de tourments extérieurs ? Une voix pour libérer ceux qui ne s'expriment pas ? Peut-être. Peut-être. Peut-être est-ce pour cela que leur groupe ne porte aucun nom. Car il se prête à tous. Tous ceux qui les écoutent. J'aime bien cette idée. Je termine ma cigarette avant de l'écraser vivement dans le cendrier en lui exposant mes exigences. Il me semble ébranlé, la mise à nue n'a rien de simple et si je le plains quelque peu je ne me laisse pourtant pas fléchir. Je me rencogne dans le canapé disséquant très attentivement chacune de ses réactions au fur et à mesure que les mots dévalent ma bouche à une vitesse impressionnante. Chaque soubresaut, chaque inclinaison des épaules, chaque souffle qu'il mate sous sa cage thoracique. Mon observation se cisèle, avive les lames qui finissent par se dévoiler sous couvert de ma question. Et là je le vois perdre pied. Peut-être pas parce qu'il craint mes réactions mais bien parce qu'il n'a pas anticipé l'argumentaire qu'il lui faudrait déployer. Et l'on a vu plus éloquent que heeuuuu. Plus encore que pourquoi pas. Même si cette candeur me fait soudainement ricaner. Je fais un geste, amical tout en murmurant, pour l'encourager à continuer :
_ Mais encore...
Ce qui vient aussitôt est une combinatoire totalement désincarnée. Disons attendue, la réponse type que l'on balance à un recruteur étayée de quelques originalités ou compliments. Sympa. Popularité. Intéressant. Les trois mots giflent mon visage qui se renfrogne. Cela manque... Manque... De tripes. Même s'il vient de les balancer là sur la table basse en me laissant écouter leurs compositions. Suis-je trop exigeant ? Sans aucun doute. Je siffle entre mes dents serrées, un brin méprisant :
_ Tu m'en diras tant. Tu m'étonnes que ce lieu est populaire. J'y suis. Dis-moi donc ce que je ne sais pas.

Je laisse ma posture afficher une fausse décontraction que l'on pourrait décrire blasée. Mais mon regard, lui, est tout sauf éteint. Bien au contraire, le contraindre à rencontrer les cordes m'intéresse, pour qu'il combatte un peu plutôt que de me laisser sur ma faim. Je me sers un verre avant de lui proposer la même chose :
_ Un scotch ? Parce que tu as presque l'air d'être au seuil de l'évanouissement mon grand. Écoute...
Mon ton de voix est moins abrupte, presque cordial en définitive parce que je vois bien que je prolonge une torture qui n'est pas pour le laisser à son aise.
_ Tu es là, ici et maintenant. Pas tes trois copains, alors la réponse en mode chorus si tu veux, je peux facilement la deviner. Tu n'as pas, genre, une opinion à toi à me servir ? Tu disparais dans ce "nous" collégial ou y a quelque chose digne d'intérêt dans ta carcasse ? Qui écrit dans ton groupe ? La musique. Et les paroles ? Je m'en cogne moi des raisons objectives. Je veux savoir pourquoi toi, ça t'intéresse. Peut-être que tu t'en tapes tu me diras ? Tu fais ce qu'on te dit puis c'est tout, c'est ça ?
L'arrogance reparaît dans une moue carnassière. Je le secoue quelque peu, il faut dire que j'adore ça. J'ai toujours eu cet orgueil en bandoulière, même à son âge, cet orgueil terrible qui m'a à la fois fermé beaucoup de portes et ouvert d'autres horizons tous ensemble. Qui faillit également me foutre une sorte de damnatio memoriae sur la tronche dans tout Londres. Jusqu'à l'année dernière plus personne ne voulait nous produire. Alors je m'interroge sur les motivations de quelqu'un d'aussi différent. Savoir si c'est un choix ou une contrainte. Un hasard si ça se trouve. C'est marrant qu'il n'ait même pas tant tiqué que cela quand j'ai annoncé la venue de Greg et Ellis demain. J'aurais été très désarçonné du trio au grand complet. J'ai comme une intuition subite que si ça se trouve il ne sait même pas qui on est. Je ne sais guère ce qu'il faut en penser... Est-ce le signe que nous avons su protéger le Viper et décorréler ainsi nos deux professions ou bien que la jeunesse ne nous écoute pas ? Après tout, nous ne sommes pas parole d'évangile non plus. Mais ce serait assez tordant qu'il ne connaisse même pas notre existence. J'ai un sourire en coin quand je demande à brûle pourpoint :
_ T'es à la rue toi... Tu sais pas trop où tu fous les pieds ni à qui tu t'adresses non ?
Des lueurs enfantines dansent dans mes prunelles. J'avoue que si c'est vrai c'est extrêmement cocasse.
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() message posté Dim 15 Avr 2018 - 21:31 par Invité

Pendant un bref instant, nos regards se croisèrent. Je détournai presque aussitôt le mien sans avoir eu le temps d'analyser son expression. J'étais gêné et c'était peu dire. La première chanson qui passait me tenait à coeur car ce sujet me semblait tellement actuel. J'avais besoin de mettre tout ça sur du papier à musique, même si les membres d'Untitled m'avait pas mal aidé. Elle était la consécration d'un de mes plus grands regrets d'adolescence. Au lycée, je connaissais un garçon. Je m'entendais plutôt bien avec lui, on se parlait régulièrement sans pour autant qu'on soit réellement amis. Un jour, il avait décidé de faire son coming-out, ne plus cacher son homosexualité. D'après ce que je savais, sa famille était catholique, ils allaient à l'église tout les dimanches. Il me semble que ses proches avaient très mal réagi à ça. Et à l'école, ce n'était guère mieux car beaucoup de personnes étaient fermés d'esprit. On riait beaucoup sur lui. Il était victime de beaucoup de remarques homophobes, de blagues de mauvais goût, parfois de violence. Tous ses amis avaient fini par lui tourner le dos, aussi. Psychologiquement, ce devait être très dur. Et j'avais pris l'initiative non pas de l'aider mais de m'éloigner. Non pas parce que j'étais homophobe, loin de là. Je ne voulais juste pas être associé à lui. Qu'est-ce qu'on peut être stupide quand on est au lycée. Ce garçon avait besoin d'aide mais personne ne l'aurait aidé. Il était seul. Des fois, je le voyais en mauvaise posture et au lieu d'aller lui porter secours, tout ce que je faisais, c'était de faire comme si je ne voyais rien. Après tout, ce n'était pas ma faute, n'est-ce pas ? Je ne pouvais rien y faire. Vint un jour où on apprit sa mort: il s'était suicidé. Cela m'avait fait un choc, j'eus comme une prise de conscience. Il n'aurait pas du mourir. Ce n'était pas anodin ce qu'on lui faisait subir tout les jours. J'étais tout aussi coupable que ceux qui lui faisaient explicitement du mal. Je voyais mais je restais inactif. J'étais témoin. Ne pas agir face à de telle situation, c'était accepter ce qui se produisait sous nos yeux. Encore quand j'y repensais -c'est-à-dire souvent-, je me sentais horriblement coupable. C'était le message que nous voulions faire passer à travers cette chanson, voilà pourquoi elle me tenait tant à coeur.

Le gérant se servit un verre de scotch et m'en proposa, précisant que je semblais avoir pâle mine. Je déclinai l'offre en secouant la tête poliment, préférant être raisonnable pour être sûr de garder toute ma tête. Son ton fut différent que précédemment, beaucoup moins brute, plus cordial. Je le regardais tandis qu'il me reprochait de ne pas être assez personnel, de "disparaître" dans le groupe. Il en vint même jusqu'à remettre en cause mes motivations et ma passion. Je n'appréciais pas ça car c'était totalement faux. Je sentais l'agacement monter en moi. Je venais au nom du groupe et pas au nom de moi-même. Cela ne faisait pas de moi un bête suiveur. Et son air arrogant. Malgré l'irritation, je réfléchis l'espace de deux secondes avant de dire des conneries et me vint en tête l'hypothèse qu'il me mettait à l'épreuve en m'assimilant à un mouton sans personnalité.
« Je fais de la musique parce que j'aime ça et que j'ai des choses à dire. Il n'y a pas d'autres raisons. Et si je veux jouer au Viper Room ça a l'air cool, c'est tout. Pourquoi devrait-il y avoir d'autres raisons ? Et si je ne parle pas de moi, c'est simplement parce que je viens pour le groupe. Je ne vais pas chanter tout seul sur la scène si vous acceptez, il me semble. »
Je crois que l'agacement transparaissait dans le ton de ma voix. Je détestais quand on me demandait de me justifier sur ce genre de truc. Ce n'était pas de moi dont était venue l'idée de chanter au Viper Room. Je n'avais jamais entendu parler de cet endroit auparavant. Alistair avait dû une fois m'en parler, mais je n'en avais absolument pas le souvenir. Je ne m'intéressais pas à ce genre de chose. J'étais le gars qui passait sa journée au musée à qui il arrivait de manger au restaurant le soir avec des potes quand je n'étais pas entrain de regarder des films et des séries sur Netflix en essayant de rattraper mon retard dans Orange Is The New Black ! J'en étais encore à la saison une.
Mon irritation s'envola quand il émit l'hypothèse que j'étais à la rue. Je le regardai soudainement avec des yeux ronds. Plein d'émotions se confrontaient de mon esprit. De l'étonnement, de l'hilarité, de la vexation, de l'incompréhension. Comment en était-il venu à penser ça ? J'avais vraiment l'air d'être à la rue ? C'était une blague ? Avec ce genre de gars là, on ne pouvait jamais en être vraiment sûr. Surtout que je n'étais absolument pas à la rue et que je savais parfaitement où j'allais. Enfin, pour la deuxième affirmation, ce n'était pas tout à fait vrai. Et certes, je ne savais pas vraiment à qui je m'adressais, même son visage ne cessait de me parler.
« Euh... J'veux bien que ma coiffure soit assez approximative, c'est à cause de la pluie, et qu'ils paraissent peut-être gras, j'ai pas eu l'occasion de vérifier... Je veux aussi bien admettre que j'ai peut-être l'air un tout petit peu débraillé... Mais je suis pas à la rue non plus. Enfin, qu'est-ce qui vous fait penser ça ? »
J'avais rarement vu des sans-abris avec un smartphone, des Dr. Marteens et un trench. Plus j'y pensais, plus cela me semblait être une plaisanterie. Mais dans le doute, je préférais mettre les choses au clair. Ce gars-là me paraissait imprévisible.
« Mais j'avoue que c'est la première fois que je mets les pieds ici et que j'ai du chercher le chemin sur internet et utiliser le GPS. Et votre visage me dit quelque chose. » rajoutai-je en totale franchise, déconcerté.
En fait, j'habitais même à trois ou quatre stations de métro d'ici, dans le quartier de Bloomsbury. Je n'avais pas eu besoin de traverser tout Londres. J'habitais également assez proche de mon lieu de travail mais pas trop non plus parce que le loyer était cher.
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James M. Wilde
James M. Wilde
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Be careful about first impression... | James Wilde 1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
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() message posté Ven 20 Avr 2018 - 17:00 par James M. Wilde


« Be careful about first impression... »

Maximilian
& James




Les secondes suspendues ne m'apprennent pas grand chose, la retenue du garçon est prégnante. Presque insidieuse parfois pour le genre d'animal que je suis, toujours prompt à m'immiscer dans le plus cru de nos comportements pour tous les dévoiler. Les déchaîner aussi. Mais l'on peut dire sans doute que le déchaînement de Maximilian n'est pas là, il est même entièrement absent. Un garçon sage, dans tout ce que le terme recouvre de sensations contraires. La sagesse de celui qui attend, qui savoure, prend son temps. Mais la sagesse aussi qui enchaîne et qui voute, celle qui vous retient. Cette dernière je ne l'ai jamais véritablement maîtrisée, et parfois même le mépris n'est pas loin lorsque je surprends ces gens qui en sont entièrement perclus. Enfermés dans leurs chairs, quand l'anarchie déborde de mes lèvres. Un sourire en coin, un autre, plus de mégot dorénavant pour les dessiner autrement. Il ne se dévoilera pas. Pas maintenant. Pas si tôt. Il me faudra apprendre la patience, celle que je hais aussi, si prompt à me précipiter. Attendre le long d'une gorgée qui réchauffe ma gorge et vient remplir le creux mortifère de mon ventre qui digère bien trop d'images, bien trop de désaveux. Il ne boit pas, bien entendu, et je me laisse aller dans ce foutu sofa, prenant des aises pour mieux savoir l'observer, j'attends la rupture qui ne vient pas. Je continue de chercher l'arrogance qui peut-être se dissimule sous des airs angéliques. Il ne peut pas en être dénué, tout le monde rencontre tôt ou tard les aspérités confondantes de la vanité. Surtout lorsqu'on se fait créateur, n'importe quel art, l'écriture, la musique ou encore la matière brute, il y a forcément dans nos instincts d'artiste ceux qui s'apparentent à une louve qui défendrait sa portée. Les crocs vont-ils se montrer ? Mordras-tu donc un peu ? Juste un peu... J'ai un sourire plus large quand je le vois se statufier, même si le temps qu'il utilise pour mieux se contrôler me donne des envies indistinctes. J'inspire brusquement parce que je remâche mes mots, laissant la place aux siens. Tout mon visage se fige dans l'attention des syllabes qui sortent avec bien plus de précipitation. Les arguments ne me convainquent pas totalement, il y a de ce trop peu, quand j'aimerais tant frôler les flammes. Quelque chose à façonner sans doute. A pousser plus encore peut-être. En ai-je vraiment l'envie, moi qui continue de me couper de quiconque m'approche ? En ai-je vraiment le besoin ? Une phrase une seule :
_ Des raisons sans doute louables, mais c'est le ton qui les délivre qui m'intéresse.
Parce que l'énervement est là, sous-jacent, dans certaines tournures, sonorités étranges dans sa bouche. J'aime mieux ça. Mon regard se plisse, mais demeure avenant, je ne suis guère son ennemi. Je soupire légèrement, laisse aller ma main comme pour tracer une perspective dans l'air, le dessin d'un avenir probable :
_ Mais le ton, on pourra le parfaire, le trouver également.
Je demeure sibyllin même si l'emploi du futur ouvre l'ensemble des possibles, les tripes à l'air, entre nous dans cette pièce.

Cependant, la conversation prend une tournure cocasse, surtout quand je comprends qu'il bafouille mon assertion, la comprenant au sens littéral. Alors sans même prévenir, c'est un rire entièrement libre qui me saisit. Un rire sans dissimulation, un rire moqueur certes, mais presque enfantin. Je frappe du plat de ma main sur mon genou, peinant presque à y croire. Non mais vraiment ? Bordel de merde. Je m'exclame :
_ Putain, toi tu es quelque chose. A la rue ! A l'Ouest. A la ramasse. Deux de tension. Tête en l'air. Evaporé. Comment dit-on déjà dans des vrais mots qui iront avec ton genre de distinction. Ah oui... Distrait. Mais bon, j'avoue que tu viens de confirmer l'idée tu vois. J'ai des expressions de vieux ou quoi ? Nan. Réponds pas à cette question-là, je te le déconseille fortement.
Je secoue la tête en le désignant, mon rire dorénavant dans mes yeux qui brillent lorsque je le regarde. Au moins a-t-il ainsi le don de changer mes idées noires. Je frotte distraitement les cheveux dans ma nuque. Qu'il ne sache pas qui je suis m'est... plutôt agréable. J'avoue n'y être que très peu habitué et la rencontre est pour le coup rafraîchissante :
_ T'inquiète pas pour ça, tu finiras peut-être pas raccorder tout ton esprit en vrac et te rappeler de moi. Je ferai tout pour en tout cas, comme je ne risque pas de t'oublier.
Je termine mon verre, le fait claquer sur le revêtement de la table basse avec une inspiration satisfaite. Avant de lui indiquer la sortie :
_ Tu sais quoi, ramène donc ta tronche demain et celle de tes amis. Je me demande s'ils sont aussi largués que toi, ou si c'est juste ton genre. Oublie pas l'heure hein... Ou le chemin.
Je raille, en haussant un sourcil, mais mon attitude est devenue bonne enfant. Quelque part, je suis persuadé qu'il s'entendrait à merveilles avec Greg, qui parfois rêve ainsi, dans les nuages, jusqu'à peiner percuter tous les mots qui sortent si vite de ma bouche. Je me fous allégrement de sa gueule quand ça arrive d'ailleurs. On ne va pas changer d'habitude hein. Je copie les fichiers sur mon ordinateur, histoire de pouvoir les écouter de nouveau, avant de retirer la clef et de la lui lancer pour qu'il la rattrape au vol.
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