live fast die young › liv

( N O W   Y O U   S E E   M E ) ⊰ i was screaming loud tonight, can you hear my voice this time? tu te laisses tomber dans le canapé tout juste installé, et tu regardes distraitement le plafond. tu y es enfin. votre appartement. votre liberté. t'as emménagé avec zach, enfin. pour n'importe quel couple, ce serait un accomplissement. un grand pas.
sauf que zach et toi n'êtes pas un couple.
le drame de ta vie.
il a toujours été là. tu as toujours été là. lui et toi, toi et lui. depuis le bac à sable. depuis les innombrables pâtés de terre que tu avais essayé de lui faire manger, à l'époque. déjà, à l'époque, tu veillais sur lui. tu jouais des poings pour te débarrasser de ceux qui lui cherchaient des noises, tu partageais tes barquettes trois chatons avec lui. il t'avait fallu quelques années pour que les sentiments transmutent. depuis le début, il était le soleil, et tu étais tombée dans son orbite. il avait toujours été là, et il ne t'avait jamais vue. jamais.
cet appartement aurait dû être ta chance. mais il y avait juliet, aussi. et tu étais heureuse de veiller sur elle. tu l'avais toujours été. et tu aurais aimé pouvoir donner un coup de pouce au destin. londres, c'était ta chance. ta chance de briller dans tes études, comme toujours. ta chance de montrer à zach qui tu es véritablement.
tu te penches vers lui, délibérément, alors qu'il contemple le tas de carton avec l'air pénétré qui le caractérise. il ne te jette même pas un regard, et tu soupires.
une fois de plus.

( D A R K   S T A R ) ⊰ baby don't hurt me, no more tu es dans le noir. tu as peur. tu as froid. ton corps est agité de tremblements que tu ne parviens plus à contrôler. ça fait si longtemps que tu es dans cette pièce que tu as perdu la notion du temps. dans le noir depuis tant d'heures solitaires que tu es incapable de savoir si c'est la nuit ou le jour. ton corps est douloureux des coups qu'on t'a portés. tous les coups. la femme s'est pas retenue, avec toi. elle n'avait aucune raison de le faire. tu fermes les yeux, et tu sens de nouveau l'odeur chimique, le chiffon sale sur ton nez, quand, terrifiée, tu as réalisé qu'on t'enlevait. tu revis la première fois où tu t'es réveillée dans ce taudis sombre et humide. tu sens la première brûlure infligée par la femme te déchirer la peau du dos, encore une fois. tu entends tes propres hurlements déchirer le silence, et tu serres les paupières, encore un peu plus fort.
tu l'as immédiatement reconnue, la femme. osana cartwright. l'une des plus grosses prises de ton père. l'une des plus grandes réussites de sa carrière. et ton père, il a été sa chute, sa déchéance.
elle a décidé de lui faire payer.
elle a décidé de te faire payer.
t'as supplié, si longtemps. si longtemps que tes lèvres en sont sèches, et que tes murmures en sont devenus inaudibles.
la torture de ton corps n'est rien face à celle qui déchire ton esprit.
tu entends un bruit de pas, et tu rouvres les yeux brusquement, avant de ramper vers un coin de la salle pour t'abriter. tu te recroquevilles en position foetale, pour te protéger des coups. mais le pas est lourd, ce n'est pas la femme. tu vois l'éclat dans les yeux de l'intrus, et tu trembles. la femme ne t'a jamais violentée. peut-être n'était-elle pas de ce bord-là. mais ce serait l'ultime injure qu'elle ferait à ton père. parce que ce type-là n'allait pas se gêner. 'alors, fillette. on va s'amuser, toi et moi.' il te force à le lever et te plaque sur le mur, et ses mains courent sur ton visage et ta gorge. le dégoût t'envahit, t'as envie de vomir. tu lui craches au visage, et il te gifle, violemment, tellement que ta tête sonne comme milles alarmes. 'petite garce.' tu entends juste le bruit de sa boucle de ceinture qui heurte le sol de béton, et le tambourinement violent de ton coeur dans ta poitrine.
puis l'explosion.
la porte, qui se fracasse.
les hurlements des flics qui entrent.
celui, plus fort que tous les autres, de ton père.
et tu t'effondres dans ses bras, après une semaine.

( W H O  I S  I N  C O N T R O L ? ) ⊰ you should be scared of me ton rire déchire la nuit londonienne, il s'envole comme le chant de mille oiseaux. il est sincère, ton rire, presque joyeux. l'éclat des réverbères se reflète sur le cuir sombre de ta veste, alors que tu enfonces affectueusement ton coude dans les côtes de l'un de tes nouveaux amis. des gens que t'aurais jamais fréquentés, quelques semaines plus tôt.
seulement, tu n'étais plus la même fille que quelques semaines plus tôt.
tu lui arraches le slim jim des mains, et l'outil brille comme un poignard dans la nuit. 'laisse faire les pros, tom.' ta voix est tranchante, et tu ne la reconnais plus vraiment. tu ne te reconnais plus vraiment non plus. le jeune homme hausse un sourcil amusée, souffle une bouffée de fumée, et toi, tu t'approches de la luxueuse voiture. une maserati. un joli bolide.
quand ton père t'a appris à forcer les voitures et les serrures, il n'imaginait probablement pas que tu défierais la loi. ce n'était qu'une activité père-fille innocente pour sa future ingénieure de gamine. seulement, toi, tu es tombée au fond du trou, et les seuls moments où tu te sens vivante, c'est quand tu poignardes la loi en plein coeur, et quand tu es avec zach. mais zach ne te voit pas, il ne t'a jamais vu, et tu ne parviens pas à lui dire ce que tu as vécu, il ne peut pas comprendre. alors tu l'évites un peu. et tu n'as plus que ça. ces bêtises.
d'un geste agile, tu déverrouilles la voiture, et tu paralyses rapidement l'alarme. t'es probablement la meilleure chose qui soit arrivée à ton microcosme de gang. tu décoches un sourire victorieux au loup alpha, un regard brûlant. 'admets que je suis ton porte-bonheur, tom.' tu te penches vers lui, et ton souffle lui glisse sur la joue. 'admets-le.'