Jasper - dreams come true

« Je me demande parfois si tu penses aux enfants quand on voit leurs seconds prénoms à chacun… » « Et moi, je me demande ce qui m’a pris d’accepter de coucher avec toi et de me marier ! » Et c’était reparti pour un tour. Mes parents avaient l’art et la manière de se reprocher les trucs les plus cons pour mieux s’engueuler. A croire que c’était une passion chez eux. Jamais, on ne les avait vus heureux et pourtant, ils avaient eu quatre enfants ensemble. Depuis quelques jours, ils avaient décidés de divorcer. Pourtant, ils se prenaient toujours autant la tête. J’entendais ma sœur pleurer tant et plus dans son lit. Evidemment, personne ne l’entendait. Mes géniteurs occultaient à eux seul tout l’espace sonore. Sans un bruit et du haut de mes sept ans, je me décidai à aller calmer Lucynda. J’avais pris l’habitude de m’en occuper. J’aimais beaucoup ma petite sœur. Je l’adorais. Ça me changeait de mes deux frères. Surtout d’Andreas. Toujours à jouer au chef parce que monsieur était l’aîné et par la même occasion, on devait lui obéir et j’en passe. Onze ans et c’était déjà l’autorité réincarné. Un vrai tyran. Je quittais la chambre de ma sœur quand je la vis se rendormir profondément. Au même moment, mes parents avaient arrêtés de se balancer les pires horreurs au visage. Enfin, le calme…  J’avais appris à profiter de ce silence salvateur même si il ne durait jamais longtemps.

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« Mon chéri, oublie pas que tu as tes devoirs à faire avant de sortir avec tes amis. C’est important si tu ne veux pas devenir comme ton bon à rien de père. » Même divorcé et remarié, ma mère arrivait encore à critiquer mon paternel. De la haine à l’amour, il n’y a qu’un pas mais, je commençais à croire qu’ils ne l’avaient jamais franchi ce pas. C’était ma mère qui avait réussi à avoir ma garde principale ainsi que celle de Lucynda. Mes deux frères avaient atterri dans l’autre maison et à vrai dire, je ne m’en portais pas plus mal. Surtout que j’avais hérité d’un autre frère qui aurait pu être mon jumeau vu qu’on avait exactement le même âge. Soit treize ans. « Lâche tes bouquins deux minutes, Jas’, j’ai un truc à te montrer ! » Je me retournai vers le nouveau venu. « Parce que tu crois que je suis en train de bosser par passion, là ? Tu sais bien que ma mère veut que je frôle l’excellence pour ne pas devenir comme mon père, Ethan. » « Ouais, bah t’es mal parti… » Je levais les yeux au ciel avant de le rejoindre derrière son ordinateur. C’était un passionné de graphisme. Tout le monde disait que c’était un véritable génie dans le domaine et je ne pouvais qu’approuver quand je voyais l’étendue de son talent. « Tu me préviens quand tu te décideras à créer ton propre jeu vidéo ! » Je le disais sur le ton de la plaisanterie mais, je savais qu’il en était capable. La difficulté n’avait jamais fait peur à Ethan.

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J’avais réussi à esquiver un énième dîner familial organisé par la femme de mon père. Quelque chose coinçait avec ma belle-mère. J’avais l’impression que tout chez elle respirait la fausseté, l’hypocrisie. Bref, elle me sortait par les yeux sauf qu’il était hors de question que je gâche l’ambiance. Ils avaient tous l’air ravi d’être ensemble, toutes générations confondues. Je leur avais fait croire que j’avais un entrainement de natation supplémentaire en vue d’une compétition pour m’éclipser. Je m’étais échoué près du skate-park de mon quartier et je méditais, clope au bec. Je n’étais pas dépendant de ce truc mais, de temps en temps, ça m’arrivait d’en allumer une. « Tu vas finir par être à court d’excuse, petit frère… » Je sursautais en entendant la voix d’Andreas derrière moi. Evidemment, celui-là n’avait rien gobé. Bien trop observateur pour ça. « J’espère que tu as prévenu papa de ton départ précipité… Il va s’inquiéter de la disparition de son fils prodige, sinon. » Mon frère s’installa à mes côtés avant d’esquisser un sourire « La version officielle, c’est que Olivia m’a appelé totalement désespérée et tu sais combien Papa l’adore alors il m’a autorisé à partir. » « Tss… Je croyais que tu avais cassé avec cette fille ? » « C’est le cas mais… à part toi, personne ne le sait. » Un soupir s’échappa de mes lèvres. Et dire que tout le monde pensait qu’Andreas était un garçon adorable… Un manipulateur en puissance, oui.

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« Je sais que tu adores te dépenser, que tu aimes le sport à un point hallucinant… mais, s’il te plait… Sois plus prudent la prochaine fois. Tu n’imagines pas à quel point on était mort d’inquiétude quand l’hôpital a appelé pour dire que tu avais fait une très mauvaise chute… » Je baissais les yeux sur mon plâtre tout en continuant à écouter ma sœur. J’avais fait le con, ça.  Je n’en doutais pas. « Je suis désolée, Lucy… Je ferai attention la prochaine fois. » Elle me sourit tristement. Elle savait pertinemment que je ne me calmerai pas de ce côté-là. Qu’importe mes allers-retours à l’hôpital, j’avais besoin de cette adrénaline, c’était plus fort que moi. J’avais besoin de dépasser mes limites. C’était le seul moyen que j’avais trouvé, étant gamin, de stopper les disputes de mes parents. La seule façon d’attirer leurs attentions sur autre chose que leurs petites personnes. Je savais que c’était égoïste comme pensée mais, je m’en fichais. C’était la vérité, après tout. Qu’importe le sale quart d’heure que j’allais passer, ensuite. J’assumais mes conneries. Chose que mes parents n’avaient jamais réussi à faire complètement.

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« Tu m’aimes ? » Je regardai Ava avec des yeux ronds. C’était quoi cette question débile ? C’était soirée câlins à chaque fois qu’on se retrouvait. J’étais un véritable gentleman avec elle. Plus d’une fois, Ava m’avait même dit que j’avais tout du mec parfait et qu’elle était heureuse de sortir avec moi. Et au bout de près de huit mois de relation, voilà ce qu’elle me sortait ? What the fuck ? « Je veux dire… Tu n’es pas juste là pour coucher avec moi ? Tu m’aimes vraiment ? » C’est officiel. Les femmes sont vraiment des êtres à part. « Ava, pourquoi tu me demandes ça ? Qu’est ce qui te prend ? » Elle était mal à l’aise. Elle regardait un peu partout en se triturant les mains. Où était passé la fille forte qui m’avait fait craquer ? Peut-être que c’était une nouvelle version de Mr Hyde et Dr Jekyll… le côté psychopathe en moins… Elle ouvrit la bouche puis la referma. De mon côté, je commençais à perdre patience. « Je veux rompre. » «Heureusement que j’étais le mec parfait. Je comprends mieux pourquoi le prince charmant préfère s’occuper d’un bois plein de ronces plutôt que de secourir toutes les filles en détresse du coin… Et je peux savoir pourquoi tu veux tout arrêter ? Alors que pas plus tard que hier, tu étais dans ton délire de futur commun. T’es schizophrène ? » Vu la tronche scandalisée qu’elle tirait, j’y avais sûrement été un peu fort… « Le prince charmant se transforme en crapaud à ce que je vois… Mais pour te répondre, je veux m’amuser avant de m’engager dans un truc sérieux. Or, toi et moi, ça a trop duré. Alors, je te laisse, Jasper. » Elle s’en alla tout en me jetant un dernier regard noir. Visiblement, le coup de la schizo ne passait vraiment pas…

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Bientôt vingt-quatre ans d’existence dans la belle ville londonienne. J’adore ma vie. Certes, je suis toujours célibataire. Ce que m’avait sorti Ava est resté et j’ai suivi sa voie. S’amuser pendant qu’il est encore temps. Je sais qu’un jour, j’aurais une famille mais, c’est encore un projet dans les cartons. J’attends la fille imparfaite idéale. En attendant je vis à Hammersmith en colocation. On s’éclate pas mal là-bas. J’ai l’impression d’avoir encore dix-huit ans quand on est tous réunis. C’est super cette sensation et c’est toujours pratique d’avoir des amis à disposition pour déstresser du boulot. Même si là, encore, j’adore ce que je fais. Coach sportif… Avouez que c’est plutôt classe ! Je sais que j’ai encore toute la vie devant moi et qu’elle me réserve plein de surprises. J’ai hâte. Je suis prêt à relever n’importe quel défi. Après tout, un Orwell n’a jamais peur de rien, non ? we were infinite