— save the world from ourselves, soana

Forte Il n'y a aucun doute, Soana est forte. Elle se relève toujours, ne se plaint jamais et ne se repose sur personne d'autre qu'elle-même. On pourrait penser que c'est par honte, par fierté, mais c'est tout le contraire : elle ne veut pas être un fardeau. Depuis son plus jeune âge, elle a fait preuve d'une force incroyable. Toujours active, toujours à vouloir aider les gens autour d'elle. Sensible, hyper-sensible parfois, elle aidera les autres avant de s'aider elle-même, ne voulait qu'une chose étant petite : aider ses parents, ses voisins, ses camarades à l'école. Tous ceux qui avaient un impact dans sa vie et qui semblaient vouloir de l'aide. Du vieil homme à un petit chat. Elle voulait régler les problèmes de tout le monde, ne pensaient jamais aux siens. Forte. Elle se pense, se sait assez forte. Assez pour porter le fardeau de ces parents. Assez pour porter le fardeau de sa sœur, son frère. Assez pour porter le fardeau de toute l'île. Elle vivait dans une bulle, sa bulle, sa petite île loin de la civilisation moderne, cette petite île qui avait l'air paradisiaque, épargner par le capitalisme. À tort... Comme tant d'autres familles, celle de Soana se tuait au travail pour un salaire minimum. Forte. Assez pour survivre à sa réalité, pour la vivre même, pleinement et sans regret, en faisant ce qu'elle n'est qu'importe les conséquences. Forte. Assez pour saisir l'opportunité qui lui est donnée, de quitter son île natale, d'essayer de vivre et survivre ailleurs. Forte. Assez pour ne pas se plaindre, se débrouiller seule. Assez pour continuer de vivre, malgré tout.

damaged people are dangerous
they know they can survive



Soana attendait son tour.

Londres était connu pour ces nombreuses cabines téléphoniques partout dans la ville. Vous les avez déjà vues, vous les connaissez. C'est grande cabine téléphoniques rouges, plus accessoires qu'autre chose aujourd'hui. La plupart des gens, aujourd'hui, ne voyaient ces cabines que comme des appâts à touristes, une relique londonienne d'époque qui serait restée, un accessoire vintage à la ville la plus belle du monde. Soana attendait patiemment devant cette cabine téléphonique rouge et se souvenait de son arrivée dans cette magnifique ville, de comment elle avait regardé chaque détails de cette ville avec attention et comment elle s'était émerveillé devant chaque nouvel objet qui tombait sur son chemin, y compris cette cabine. Ca avait beau faire bientôt dix ans qu'elle vivait ici, elle s'en souvenait comme si c'était hier. Elle avait pris plusieurs de ses nombreuses pièces qu'elle avait à l'époque et avait fait un appel à l'étranger, chez sa mère. Elle lui avait parlé de comment Londres était mieux que tout ce qu'elle aurait put imaginer, et qu'elle l'appelait depuis une des célèbres cabines écarlate de la ville. Sa mère lui faisait promettre de l'appeler souvent, Soana promet inutilement de toujours l'appeler d'une de ces cabines.

Alors la voilà, dix ans plus tard, à attendre que la cabine se libère. La pluie tombe sur elle, mais elle est couverte par sa veste à capuche. Ca ne la décourage pas, il en faudrait plus. Et à se point de sa vie, beaucoup plus. Elle finit par entrer dans la cabine, où elle se croit à l'abri. Elle sort les quelques pièces qu'elle avait réussi à collecter et compose ce numéro qu'elle connaissait par cœur, le numéro de la maison. « Allô ? » Un sourire se dessine sur son visage. Malgré tout, Soana n'avait jamais perdu son magnifique sourire, mais ce sourire était plus sincère que les autres. Elle était heureuse, véritablement heureuse. « Mama, c'est moi. » Entendre le crie de surprise et de soulagement de sa mère ne fit que plus plaisir à la jeune femme. « Sohan, Soana est à l'appareil ! » Sohan Greaux, son paternel, son modèle. Beaucoup de gens lui crédite sa force, mais elle sait très bien de qui elle vient elle, de Lana Cumbà. « Est-ce que ça va ma chérie ? Tu manges bien ? Tu travailles bien ? Tu veux que je t'envoie de l'argent ? Ton père a gagné un bonus ce mois-ci, tu sais, on peut se le permettre... Et puis ça nous ferait plaisir de t'aider, tu nous manques tellement... Nell ne parle que de te rejoindre, ton père essaie de la calmer, mais on sait bien qu'on ne peut pas la retenir... Mais toi, tu vas bien ? » Lana était un véritable moulin à paroles, en comparaison Soana était bien discrète, mais elle n'en avait pas honte, ça ne la dérangeait pas. Au contraire, ça lui avait manqué. Elle aimait sa vie à Londres, mais parfois sa maison lui manquait. Tout n'était pas facile, au contraire tout semblait difficile, mais ça semblait en valoir le coup. Il y avait plus de jours où elle aimait sa vie que le contraire, mais à cet instant précis, Soana passait une mauvaise journée. Forte, oui, Soana était forte, mais tout le monde avait le droit de craquer. La vie de Soana sortait à peine d'une période noire, sombre, une période si dure qu'elle semblait lui avoir pris quelque chose. Un peu de sa joie de vivre, de son espoir en l'humanité avait disparu, mais elle ne voulait pas que sa mère ne l'entende alors elle a simplement dit : « Tout va très bien Mama, je voulais simplement entendre ta voix... » Mensonge, avec un peu de vérité. Soana mentait si rarement que personne ne le soupçonnait quand elle le faisait réellement. Sa mère n'avait pas réfléchi une seconde fois à ce que sa fille venait de lui dire, si elle disait que tout va bien : c'est que tout allait bien. Je dois te laisser maintenant... Je travaille demain, il faut que je rentre.. Mensonges. Soana n'avait pas de travail, pas encore. Elle n'avait nul par où aller, que dans la rue. Elle enchaînait les mauvaises décisions, les mauvaises relations, plus toxique, les unes que les autres, toujours plus dévastatrices que la dernière. Toutes l'avaient emmené à ce moment, un sac-poubelle contenant toutes les possessions qu'elle avait, sans endroit où aller.

Sans abris.

Personne n'aurait pu deviner, personne ne le savait. Vivant une nuit dehors, une nuit dans un refuge pour femmes. Personne n'aurait pu s'en douter, elle faisait semblant, ne se plaignait pas, agissait comme si elle s'en sortait alors qu'elle ne survivait à peine. Demander de l'aide n'est pas quelque chose qu'elle fait souvent, mais il a bien fallu. Une simple discussion a changé sa vie. Soana avait décidé de se séparer de son chien, de le donner, elle ne pouvais plus e permettre de l'avoir. Le fond du gouffre, elle l'avait atteint, mais elle essayait de garder la tête haute. Cette femme, qui la regarde, lui demande son histoire. Elle craque, lui dit tout. Lui raconte comment elle essayait de survivre dans la magnifique jungle qu'était Londres, comment elle avait passé des années avec un travail qu'il ne lui plaisait pas, préférant le laisser et poursuive ses rêves, comment elle avait fui l'emprise d'une ex contrôlant ces faits pour se retrouver là, maintenant, des mois presque une année après, ces choix l'ayant mené à ce moment décisif. « Votre rêve ? » Les yeux de Soana s'illuminent. Elle passa les dix minutes suivantes à lui parler de son amour des bêtes, de sa passion, de son animal à elle. Elle avait l'habitude d'en avoir plus, beaucoup plus. Poissons, chat, chien, et même un lézard. Elle n'a plus que le chien aujourd'hui... « Je suis désolé... Je ne peux pas m'en séparer. » Elle prend son retriever dans ses bras, ce relique d'une vie plus facile. « Il est avec moi depuis le début, je ne peux pas faire ça... » Elle l'avait adopté dès son arrivée dans le pays, il était avec depuis trop longtemps pour qu'elle s'en sépare. « Je comprends... » La dame lui sourit, à elle, au chien, le caresse. « Je travaille à l'aquarium sea life de Londres. » Elle lui tend une carte. « Appelez-moi demain, je pense que je peux vous trouver une place quelque part. »

Faith in humanity, restored.