mad world

Il n'y avait pas à dire, Leonhard Wolffhart était né dans la bonne famille. Fils d'un professeur d'histoire et d'une mère étant jadis professeur de littérature, il était prédestiné à avoir une imagination débordante.  Dès qu'il fut en âge de lire, il dévora tout d'abord les livres pour enfant, puis ensuite, il passa même aux livres pour adolescents. Le gamin aimait mieux passer du temps avec un livre plutôt qu'à jouer avec son grand frère. On disait de lui qu'il était un peu trop sensible. Les mères des autres enfants le trouvaient bizarre comme s'il était le petit mouton noir. Mais ça ne dérangeait pas ses parents. Certes, Mr. Wolffhart aurait aimé jouer à lancer la balle et aurait aimé regarder le sport avec son fils, mais il acceptait ses goûts et ses envies.  À quoi bon le forcer  à faire quelque chose qu'il n'aimait pas? Il serait tout simplement malheureux et ce n'était pas ce qu'il voulait. À l'âge de huit ans, les parents du gamin divorcèrent. Il n'y avait pas d'animosité entre eux, personne n'avait trompé l'autre. Ils ne s'aimaient tout simplement plus. Leon alla avec sa mère et ils déménagèrent en banlieue de Londres. Cette dernière y avait encore de la famille, puisque c'était là qu'elle avait grandi et non,  à Essen, en Allemagne. Le changement d'environnement ne le dérangea pas plus que cela parce que de toute façon, il n'avait pas vraiment d'amis là où il habitait avant. La seule chose qui le rendit triste fut de ne pas voir son père à chaque jour comme avant.

À l'école, Leonhard était doué dans les langues, l'anglais et tout ce qui touchait les arts. Par contre, pour les mathématiques et les sciences, c'était tout autre chose. Il avait des notes assez médiocres, mais assez pour passer ses cours et monter les années comme tous les autres enfants. Le fait qu'il n'ait pas d'intérêt pour ces matières n'aidait en rien. Pour ce qui était de sa vie sociale, c'était le néant absolu. Les enfants n'allaient pas vers lui et lui, n'allait pas vers eux. Pourtant, le gamin n'était pas maltraité par les autres. Il était plutôt invisible. Au fils du temps, ça commença à le peser, mais il n'avait rien pour sortir du lot. Les livres l'aidaient à se sortir de la solitude et il plongeait avec beaucoup d'intérêt dans ces mondes inventés par d'autres. Lors de ses études en journalisme à l'université, on lui remit des pamphlets pour des voyages humanitaires. Lui qui n'avait jamais été intéressé à parcourir le monde changea d'idée drastiquement lorsqu'il assista à la réunion. Ça l'interpella grandement et il se dit, pourquoi pas faire une pierre deux coups et raconter ses voyages.

Son premier voyage humanitaire fut en Afrique et à partir de ce moment, il en fit minimum un par année tellement il avait apprécié l'expérience. Aider les autres, mais aussi raconter leurs histoires étaient sa nouvelle vocation. À l'âge de vingt-huit ans, Leonhard rencontra lors d'un de ses voyages une jeune femme, une infirmière de profession qui était aussi investi que lui. Le jeune homme tomba éperdument amoureux d'elle, mais alors qu'ils allaient faire leur première sortie ensembles, il fut intrigué par une conversation entre deux individus et voulu en savoir plus. Ce fut sa curiosité qui fit en sorte qu'ils se firent attaqués et qu'elle se fit tuée. Leon ne s'en remis tout simplement pas et se sent énormément coupable de tout cela. Depuis, il essaie de se racheter, mais il est convaincu qu'il ne parviendra jamais à oublier son visage. Il boit d'ailleurs de plus en plus à cause de ce triste événement.  Depuis, il n'est jamais retombé amoureux et  a du mal à s'attacher aux autres. Son plus grand souhait serait de se mettre en contact avec la famille de la jeune femme pour qu'il puisse essayer de se racheter à eux pour sa mort. Il continue depuis à faire ses voyages, à écrire, mais il se repli toujours de plus en plus sur lui-même.