Let me describe your mental illness

Enfance tranquille et sans histoire dans un quartier résidentiel de Bristol, au sein d'une famille des plus normales. Des parents aimants, parfois un peu ferme et un brin trop exigeants. Un petit frère à la fois pénible et adorable. Il n'y avait pas grand chose à en dire. Les parents gagnaient plutôt bien leur vie, le pays se portait bien lui aussi et ils avaient bien profité des trente glorieuses pour construire leur petite vie à la fois terne et classique. Mais ils ne s'en plaignaient pas. Tous les étés la famille allait passer du temps chez leurs grands-parents, un mois dans le Surrey et un autre dans le Lake District avec les cousins. Parfois ils allaient faire un petit tour en Irlande ou ailleurs dans le nord de l’Europe.
L'enfant devint adolescente et mena toujours une vie des plus normales. Il y eut bien sûr une phase rebelle qui se traduit par une garde robe gothique, quelques mensonges et autres désobéissances mineurs. Avec son frère elle s'entendait très bien désormais et tous les deux faisant la paire. June restait malgré cela une bonne élève, pas très concentrée mais avec des facilités lui permettant de garder des notes convenables. Et puis un fait notable vint enfin rendre leur vie un peu plus anormale ! Pour la jeune fille c'était comme si le réveil matin sonnait pour la première fois afin de lui annoncer le début de sa vie, ce qu'elle avait tant attendue allait se produire ! Malheureusement, ce n'était pas directement pour elle et elle jalousa son frère pendant un moment. Forcément lorsqu'on est gosse, on a tellement envie d'être spécial d'une façon ou d'une autre...
Son frère avait été diagnostiqué schizophrène. Une nouvelle tragique pour lui et pour les parents, encore plus pour elle mais pour d'autres raisons plus égoïstes. Alors même que ce diagnostic se fit à la suite d'un déplorable incident. Elle était tellement en colère et immature à l'époque qu'elle n'avait pas vu la souffrance qu'éprouvait son frère face à la maladie. A tel point qu'elle se vengea en remplaçant ses médicaments par des placebos. Elle n’imaginait pas alors les possibles conséquences, elle n'y connaissait rien. Un autre incident quelques semaines plus tard mit fin à sa bêtise ; en passant si près d'un véritable drame elle réalisa alors la gravité de la situation. Elle ne se confessa pas mais se rapprocha de nouveau de son petit frère, plus que jamais même et se découvrit une passion pour le fonctionnement de l'esprit et surtout pour ses travers.
Ainsi elle continua ses études de façon bien plus sérieuse, bien décidée à avoir les notes nécessaires à ses ambitions. Elle entreprit de faire médecine puis rentra en internat de psychiatrie. Elle finit son doctorat avec brio et trouva une place de choix dans un asile londonien. Dans cet asile elle put également participer à des programmes de recherche et aider de nombreux jeunes à traverser les plus grosses crises de leur existence. Ses recherches portèrent leur fruit et elle fut reconnue dans le milieu.
Et puis du jour au lendemain et sans aucunes explications elle quitta l'asile qu'elle avait fréquenté plus de quinze ans. Elle se mit alors à écrire des livres regroupant les résultats de ses recherches ou narrant son travail avec certains patients particuliers. Et si elle continuait à superviser les recherches à l'université et à donner des conférences pour ses compères, plus jamais elle ne reprit place sur son fauteuil de consultation.
Une rumeur circulait malgré tout, on disait à demi-mots qu'elle avait été remerciée par le directeur.