Une journée comme une autre signifiait une journée au travail, pour Charlie. Mais la jeune femme aimait tellement son travail, elle avait tout donné pour arriver jusqu’ici –être son propre patron, posséder sa propre maison d’architecture- qu’elle ne se laissait pas casser le moral par une journée remplie de travail.
Et en ce moment, du travail, elle en avait plus qu’elle n’aimerait. En même temps cela voulait dire que ses méthodes, son équipe et sa façon de voir les choses plaisaient aux gens, ils demandaient après elle plus qu’elle ne démarchait les clients. Etre débordée, se coucher à part d’heure (quand on a le temps de dormir), ressemblait à un zombie ou un robot sur pilote automatique, avoir l’impression de ne plus avoir de vie en dehors du bureau, et plein d’autre choses : c’est fatiguant ; Charlie ne regrette cependant pas l’époque où elle devait démarchait, faire des prix cassés pour être sûr de décrocher un contrat, souvent ridicule. Non, ça, elle ne le regrettait pas une seconde.
La jeune femme était en plein meeting avec une partie de son équipe, ils avaient trois contrat en ce moment et Charlie avait donc décidé de répartie ses employés en trois équipes avec elle-même en chef de projet – en bonne patronne qu’elle était. Elle devait aussi s’occuper des rendez-vous pour des prochains contrats avec des nouveaux et/ou anciens clients, et elle se chargeait également des entretiens pour trouver un stagiaire dont elle avait vraiment besoin. Il n’y avait pas encore beaucoup de réponses à son annonce, mais elle ne perdait pas espoir. Elle était fatiguée, occupée comme jamais, mais elle gardait le sourire.
Un sourire qui s’afficha en grand sur son visage, quand l’afficheur de son cellulaire annonça un appel de Blake, son meilleur ami. Cela faisait plusieurs jours, deux ou trois elle n’aurait pas pu dire avec exactitude avec tout ce qu’elle avait en tête, plusieurs jours donc qu’elle n’avait pas eu de nouvelles. La dernière fois qu’elle avait essayé de l’appeler, elle était inquiète et l’appelait pour qu’il la rassure, elle avait besoin de lui – égoïste, peut-être. Et puis au fil de la soirée, elle s’était calmée seule et aidée par son petit ami aussi, ça ne l’empêcha pas d’envoyer plusieurs textos le lendemain cherchant à comprendre son silence. Mais pas de réponse. Elle s’inquiétait sans vraiment s’inquiéter. Elle le connaissait par cœur, oui, et se doutait que le travail devait le submerger tout comme de son côté, sachant qu’il viendrait vers elle quand les choses se calmerait. Apparemment, les choses se calmaient aujourd’hui. Etant en meeting, elle ne pouvait pas se permettre de décrocher, il ne lui en voudrait pas et de toute manière elle le rappellerait rapidement après, lors de sa courte mais méritée pause déjeuner.
Le meeting fini, Charlie fila dans son bureau et quand elle fut assise prit le temps d’écouter le message vocal laissé par Blake.
Salut c’est moi, je sais j’ai pas donné de nouvelles et je suis un impardonnable cas désespéré mais tu m’adores alors tu me pardonnes de toute les manières. C’était pour te dire que je t’emmenais déjeuner, alors prépare toi, je serai au cabinet dans 20 minutes. J’ai un casque pour toi. Bisous. Elle rigola en ordonnant à sa boîte vocale de supprimer le message, et rassembla ses affaires. Il ne lui laissait pas le choix : sa pause déjeuner sera à l’extérieur et plus longue que prévue. Elle sortit de son bureau en dressant mentalement la liste des choses à faire ou régler pour chaque équipe et contrat.
La première chose était qu’ils prennent tous une pause déjeuner, à l’extérieur et au frais de l’agence. Charlie refusait que ses employés se tuent à la tâche pendant qu’elle passer un bon moment avec un ami, même si très souvent elle restait au bureau et mangeait un sandwich tout en continuant de travailler alors qu’elle avait envoyé tout le monde déjeuner –mais c’était elle le patron, après tout.
Alors qu’elle était en train de converser avec un client, le rassurant que l’équipe en charge du projet le concernant était compétente, la blondinette pu voir une moto se garer devant son cabinet. Elle ne quitta pas le conducteur des yeux jusqu’à ce qu’il lui fit un signe, auquel elle répondit, avant de redonner son entière attention au client. Après quelques secondes, le client semblait rassuré et elle le raccompagna jusqu’à la porte, saluant ses employés, leurs souhaitant un bon appétit et leurs demandant d’être de retour dans deux heures grand maximum. On aurait pu dire que Charlie était une chef d’entreprise gentille, mais c’est juste qu’elle avait du temps à rattraper avec Blake, elle ne voulait juste pas que ses employés soient de retour au travail avant elle – ce n’était pas juste.
Une fois arrivée près de la moto, elle sourit de nouveau, et s’adressa au conducteur.
Bien le bonjour, inconnu.Charlie ne lui en voulait pas, mais si elle pouvait tirer profit de la situation, elle le ferait. Tirer profit était beaucoup dire, elle le taquinerait autant qu’elle pourrait et aussi longtemps que ça la fera rire, mais elle lui avait déjà pardonné ses jours de silence. A vrai dire, non, elle n’avait rien pardonné tout simplement parce qu’il n’y avait rien à pardonner. Même si elle aurait aimé ne serait-ce qu’un cours texto lui disant que tout allait bien et la promesse qu’ils se parleraient très vite.
(c) Bloody Storm