"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Who wants flowers when you're dead ? Nobody. ┊Rachel-Mary. 2979874845 Who wants flowers when you're dead ? Nobody. ┊Rachel-Mary. 1973890357
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Ethan I. Hemsworth
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() message posté Sam 8 Juil 2017 - 2:19 par Ethan I. Hemsworth

Who wants flowers when you're dead ? Nobody.
Je m'étais arrêté sur cette phrase. Je connaissais le bouquin par coeur, pourtant, je ne m'étais jamais attardé dessus aussi longtemps. Ce livre, c'était le préféré de mon frère, celui qui lui donnait l'impression magique que l'auteur était un ami, quelqu'un qui pourrait le comprendre. Je crois bien que c'est le seul véritable ami qu'il ait eu de toute son enfance à part moi. Je l'ai lu plein de fois moi aussi, aujourd'hui je l'offre à mes plus grands, ceux qui me baratinent, ceux qui sont trop polis pour m'envoyer chier, ceux qui ont cette petite étincelle de révolte au fond d'eux, mais moi je reconnais la grande sensibilité qui les anime réellement. Je la vois avant qu'ils ne s'en rende compte. Parfois ils le connaissent déjà, à chaque fois je peux être sûr que le gamin l'a posé sur sa table de nuit y'a déjà un bail et que quand son conseiller d'orientation lui demandera quel est son livre préféré, il dira the catcher in the rye, comme tout un tas de gamins avant lui, comme plein d'autres le diront bien après. Mais il s'en foutra de ne pas être original, de ne pas passer pour un petit génie, parce que ce livre-là l'aura compris lui, lui et personne d'autre, lui mieux que n'importe qui. Il suffisait que je lève la tête de mon bureau pour me retrouver envahi de dessins reprenant la couverture. Si je fixais un mur plus de deux secondes, je me retrouvais écrasé sous les sabots de chevaux fougueux, flamboyant d'un orange sans pareil, comme avalé par un couché de soleil. Un des dessins sortait du lot. Ca ne me surprenait pas. Les talents de ce jeune patient ne m'avaient jamais surpris, peut-être parce qu'il ressemblait à mon propre frère sur bien des points. Je lui avais dit, une fois, puisqu'il semblait réceptif à l'humour noir, que même avec un coeur malade il s'en sortirait toujours mieux dans la vie que mon frère dont la tête était irrécupérable. Il avait ri. Et voilà que je me retrouvai tout seul dans mon bureau à me demander si j'entendrai encore son rire, à me dire que, non, je n'aurai vraiment aucune envie de fleurir sa tombe. Putain c'que je pouvais me sentir con. J'avais été banquier pendant des années, avais refusé des prêts immobiliers et des créances à des familles sûrement tout à fait sympathiques sans le moindre scrupule. Ce métier avait fait de moi un requin, un mec qui aurait protégé sa famille contre vent et marrée tout en se foutant bien que tous les gens autour crèvent. Mais c'était bien moi, là, prêt à pleurer un patient pas encore mort. Je peux dire que j'avais bien emmerdé la déontologie. Ne pas s'attacher à un patient. Ne pas sortir du cadre d'une séance. Toute ces règles à la con... Tiens ! Je ne devrai même pas sortir de mon sacro-saint cabinet ! Je mets au défi n'importe qui sur cette terre de se retrouver enfermé dans une pièce avec un môme pendant une heure chaque semaine et de ne pas s'attacher à lui.

Ce petit-là, je l'avais emmené au pub. Ouais, à tout juste quinze piges. En fin d'après-midi, quand c'est calme, quand il n'y a pas de contrôle d'identité, que personne ne se soucie de savoir si c'est mon gamin ou pas ni ne me regarde lui passer ma pinte pour qu'il en siffle une gorgée. Faut dire que le petit gars est un malin. Il m'avait eu avec son histoire de ne peut-être même pas atteindre la majorité, et que, franchement, ça serait trop badant de mourir sans avoir foutu un pied dans un pub. Comprenez, sans s'être murgé bêtement la gueule au moins une fois. Mais il marquait un point, sa malformation du coeur impliquait qu'il pouvait le lâcher à tout moment, même bien avant ses vingts ans. Je ne savais pas trop ce que les chirurgiens bidouillaient au bloc, ne connaissant que les aspects très théoriques de sa maladie et m'étant concentré sur la thérapie familiale tout au plus. Lors de l'une d'elles, j'avais présenté à lui et sa mère la chirurgienne Parker-Davis pour les rassurer, brièvement, par peur de la gêner. Je ne suis pas médecin... J'ai même pour ainsi dire de très mauvais souvenirs des médecins... Mais elle, je la croise souvent à la machine à café, elle sortant d'une opération longue, moi fuyant ma secrétaire qui voulait toujours me refourguer tout un tas de paperasse, ou essayant de me vider la tête après une consultation... chiante ? Hm, bah non. Le vilain requin sans scrupule n'a pas totalement disparu on dirait. Toujours content de la retrouver, très content depuis que mon chirurgien de beau-frère a repris les rênes du service. Un vrai fantôme. Moi qui me pensais condamné à occuper mes pauses comme un vieux loup solitaire... La pédiatre avait été une jolie surprise. J'aurais presque pu prier pour que cette jolie surprise perdure quand elle sortirait du bloc et que je la verrai, qu'elle me dise que tout c'était bien passé et que le gamin s'en sortirait. Nos métiers se connectaient, moi apaisant les enfants qu'elle avait soigné, elle soignant les enfants que je suivais. C'était quasiment toujours elle qui les opérait, enfin, ceux souffrant autre part que dans leur tête. Heureusement que je ne suivais pas uniquement des enfants atteints de maladies graves ; faire les cents pas dans mon bureau pendant des heures, je ne pourrais pas le supporter tous les jours. D'ailleurs, vu que je devenais dingue, je décidai d'aller tourner en rond ailleurs. Dans le couloir tout d'abord, puis plus proche du bloc opératoire. Je m'attendais à ce que le bruit des portes battantes me sorte de mon mutisme à tout instant, agressant Rachel-Mary d'un "ALORS ??", mais ce fut tout l'inverse. Je me sentis soudainement étouffer, aussi fort que si quelqu'un m'empoignait la gorge, pris de panique. Une seule option : sortir. Réflexe vital. Merde. Mes deux mains s'accrochèrent immédiatement à la grille d'un petit balcon. Je ne savais même pas où j'avais atterri. Ca ressemblait à un de ces petits espaces extérieurs pour fumer. Ca devait être ça. Peu importe. De l'air, c'était tout ce qu'il me fallait. Je respirais de nouveau, les mains légèrement tremblantes. Plus rien à voir avec mon patient mineur sur le billard... Que ces foutues blouses blanches. Que ce grand couloir tout blanc interminable. Que l'attente. Que l'angoisse. Que ça. Tout me revenait en pleine figure, condamné à revivre la mort de mon bébé jusqu'à la fin. Je ne m'attendais pas à ce que ça me revienne... Ne m'y attendais plus... Tout à coup saisi par la colère, je sentis que si Rachel sortait du bloc, il faudrait que les nouvelles soient bonnes, sans quoi j'allais foutre un sacré bordel...


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Rachel-Mary Parker-Davis
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() message posté Sam 8 Juil 2017 - 21:31 par Rachel-Mary Parker-Davis

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Les maladies congénitales étaient vraiment la pire chose au monde. Une malformation cardiaque comme celle du jeune adolescent que le Dr  Davis était en train d’opérer. Elle avait pris une grande inspiration avant de commencer, c’était son petit rituel.

-Lame de dix.

Il n’y avait rien de pire, parce qu’arrivé à un certain stade, l’intervention chirurgicale était la seule option. Elle ne pouvait être pratiquée trop tôt si l’enfant était de constitution fragile, mais il ne fallait pas non plus trop tarder au risque de voir le patient décéder avant même d’avoir tenté quoi que ce soit.

-Ecarteur.

Le palpitant du jeune homme à présent isolé, le sang redirigé par le biais d’une dérivation dans le reste du corps, Rachel-Mary pouvait enfin s’attaquer au « cœur » du problème. La pression était toujours énorme lorsqu’on opérait un enfant, mais pour l’américaine, c’était son quotidien. Et elle était l’une des meilleures, ce qui lui avait valu le poste de chef de pédiatrie. Elle était mondialement connue dans le corps médicale pour sa méthode de transplantation sur les nouveaux-nés, et elle n’eut aucun mal à se faire engager au Great Ormond Street Hospital lorsque son mari, le célèbre Maxwell Davis, avait décrété qu’il était temps de venir habiter dans sa ville natale.

-Défibrilateur, chargez à cinquante !

Le bruit assourdissant du moniteur indiquant un arrêt cardiaque avait retenti. Ne se laissant pas dépasser par les événements, après tout c’était à prévoir, la pédiatre plaqua les palettes de part et d’autre de l’organe.

-On dégage ! lança-t-elle avant d’activer le courant.

Le cœur se remit à battre et Rachel reprit sa besogne pour réparer la malformation. Elle ne pouvait pas arrêter maintenant, c’était soit elle le réparait aujourd’hui, soit il mourrait sur la table. Le palpitant s’affaiblissait de semaine en semaine, le gamin ne pouvait plus attendre une greffe, et il avait été décidé par les parents, sur conseil du Dr Davis, que l’opération était sa seule chance. Sa dernière chance.

Méticuleuse, comme toujours, Rachel ne prêtait pas attention au personnel médical autour d’elle, et surtout pas aux internes qui griffonnaient dans leur coin ou spéculaient aussi silencieusement que possible sur les chances de survie du jeune patient.

Après de longues heures que la chirurgienne n’avait pas comptées, elle sortit enfin du bloc, après avoir retiré ses gants jetés nonchalamment sur le sol du bloc déjà souillé de nombreuses compressent ensanglantées. Retirant sa charlotte de sa tête et la glissant dans sa poche, elle retira le mode avion de son téléphone portable et constata sans plaisir qu’un SMS de son mari venait d’arriver. Finalement, son congrès à Paris était annulé et il était d’une humeur de chien. Ça voulait dire qu’elle passerait encore une soirée pire que ce qu’un cauchemar pouvait laisser entrevoir. Pourquoi n’allait-il pas quand même voir la capitale française ? ça lui ferait du bien, et à elle aussi, un peu d’air ! D’ailleurs, il lui en fallait et tout de suite, elle avait l’impression d’étouffer soudainement. Elle se précipita vers l’un des petits balcons où bien souvent les fumeurs se rejoignaient pour s’en griller une. Ouvrant la porte avec fracas, elle se précipita vers la rambarde pour prendre une grande inspiration, comme si elle remontait d’une apnée de plus de deux minutes. Elle ne s’était même pas rendu compte que quelqu’un était déjà là.

Ethan Hemsworth, le psychologue. Elle était souvent amenée à le rencontrer depuis son arrivée à l’hôpital, et pour cause, ils avaient bon nombre de patients en commun.

-Mr Hemsworth, lacha-t-elle en guise de salutation.

Ethan était séduisant, bien que n’étant pas son type, et c’était pour ça entre autre qu’elle ne se permettait pas de familiarités avec lui. Maxwell était du genre jaloux possessif, déjà aux Etats-Unis, et depuis qu’ils étaient à Londres, c’était pire. Alors s’il apprenait qu’elle se faisait des amis et qu’elle parlait un peu trop avec des hommes, et des canons qui plus est, elle passerait probablement un sale quart d’heure.

Reprenant son souffle, Rachel lui adressa un petit sourire poli en tournant la tête vers lui. Elle se rappela que le patient qu’elle venait d’opérer était également un des siens. Ils avaient parlé longuement à propos de son cas, et c’était même Ethan qui avait présenté Rachel à la famille.

-Josh va bien, s’empressa-t-elle d’annoncer. Il y a eu quelques complications, mais il est désormais hors de danger. Il est en salle de réveil à l’heure actuelle. Il lui faudra deux bonnes heures pour émerger je pense. Je vais aller parler à ses parents dans cinq minutes, si vous voulez venir…

Elle avait juste besoin de reprendre ses esprits. Si seulement elle pouvait rester toute la nuit à l’hôpital… Mais il y avait fort à parier que Maxwell enverrait son chauffeur la chercher, et qu’il ne tolèrerait aucun retard de sa part. Sa vie conjugale  était bien plus stressante que sa vie professionnelle. Quand certain rentraient chez eux à toute hâte pour décompresser de leur lourde journée de travail. Pour le Dr Davis, c’était tout l’inverse, elle se rendait avec entrain à son travail pour décompresser de ses pesantes soirées à son domicile.

Le jeune opéré en aurait pour plusieurs jours d’hospitalisation, mais cela faisait déjà tellement longtemps qu’il était au Great Ormond Street Hopsital qu’il n’était plus à cela près. Et son départ ferait sans doute tout drôle au personnel de pédiatrie qui s’était attaché à ce gentil garnement. Mais Rachel était heureuse d’avoir pu contribuer à le faire rentrer chez lui sous peu. Les parents du gamin faisaient partie des rares parents à ne pas être insupportables. La jolie brune n’était certes pas très objective puisqu’elle supportait de moins en moins les adultes depuis quelques années. Elle avait eu tellement de désillusions. Mais toujours était-il que ceux, ça allait. Ils avaient une réelle dévotion pour leur fils, et c’était admirable. Pour une fois, faire le compte-rendu ne serait pas une corvée.

En le regardant, Rachel trouva qu’Ethan n’avait pas l’air bien. Mais elle n’était pas du genre à se mêler de la vie de ses collègues, ce qui lui permettait d’attendre d’eux qu’ils ne se mêlent pas de la sienne, aussi n’osa-t-elle pas demander quoi que ce soit.





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() message posté Sam 26 Aoû 2017 - 1:56 par Ethan I. Hemsworth

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Je ne savais pas grand chose sur les maladies congénitales. En réalité, j’apprenais le nom de nouvelles maladies chaque jour, une routine très peu plaisante. Je chérissais chaque entretient avec un enfant sans souci de santé. Mais Josh… Ce gamin était spécial. Pas seulement à mes yeux. Non vraiment. C’est toujours difficile de mettre des mots là-dessus, car c’est impossible d'expliquer en quoi une personne est tellement spéciale à quelqu’un qui ne l’a jamais rencontrée, et je n’ai pas envie de m’étaler sur le sujet en parlant de ce petit comme s’il était mort et enterré. Typiquement le genre de trucs qu’on fait aux cérémonies funéraires, or il ne pouvait pas y avoir de cérémonie parce que le docteur Parker-Davis allait le sauver. C’était aussi simple que ça. Armé de mon auto-conviction sans faille, il ne me restait plus qu’à imaginer comment se déroulait l’opération façon série télé. Une femme fan de Grey’s anatomy, faut croire que ça laisse des traces. Non, je n’avais pas de meilleure référence sous la main. Le temps passait lentement, devenant plus abstrait seconde après seconde, mes pas de plus en plus nerveux, m’entrainant dans les couloirs blancs sans fin. Tout ne devint que plus abstrait encore. J’avais beau exercer au sein de l’hôpital depuis plusieurs mois maintenant, je n’étais toujours pas très à l’aise quand je devais rendre visite à des petits malades dans leur chambre aseptisée. Autant dire que je n’avais jamais mis les pieds dans un bloc opératoire, si ce n’est bien sûr pour la naissance de ma fille voilà des années. C’était d’ailleurs le seul souvenir joyeux que je gardais de l’hôpital en général. Chaque matin, je traçais jusqu’à mon couloir, mon bureau, et il m’arrivait de ne pas en sortir de toute la journée sauf quelques jours de la semaine pour emmener ma fille déjeuner. Ava. Un deuxième souvenir d’hôpital aurait dû emplir mon coeur de bonheur, celui de la naissance de son petit frère. Sauf que cet évènement me hante de jour comme de nuit, me torture, par surprise, me prend au dépourvu quand je pense être guéri. Je me crois capable de travailler dans le lieu de mon pire cauchemar, d’y être entouré de mômes, tout me le laisse penser, puis voilà que je me mets à penser au son du défibrillateur. Je me demande s'ils ont secoués Josh avec cet engin comme ils ont secoué mon fils et j’ai soudainement envie de vomir. Je sens que je pourrai m’étouffer en me retenant de vomir, là maintenant, si je ne trouve pas de quoi respirer.

« Mr Hemsworth »

Mes mains s’accrochaient encore à la barrière de sécurité quand j’entendis cette voix m’interpeler. Aussi fort que si je cherchais à m’empêcher de sauter par-dessus. La voix de Rachel-Mary. La voix porteuse de -il le faillait- la bonne nouvelle. Je restais dans la même position un moment, parce que bouger aurait été imprudent. J’aurais pu me retourner brusquement, lire l’échec et la mort sur son visage, et m’écrouler devant elle. Egoïste, c’était ce que je craignais le plus. Voir ma carapace de psychologue éloquent se fracasser sur le sol. L’incertitude me poussa également à reprendre ma respiration quelques secondes, jusqu’à ce qu’elle devienne raisonnable, identifiant le plus discrètement possible l’endroit où je me retrouvais. L’idée que la chirurgienne m’ait vu courir en trombe dans un couloir me traversa l’esprit, mais je la chassais vite. Si par mégarde j’avais bousculé ou effrayé un membre du personnel, ce ne devait pas être Rachel. Non, mon intuition me souffla que mes mains s’accrochaient à la foutue barrière depuis plus longtemps que je ne le pensais. Sûrement plusieurs minutes avant qu’elle ne sorte du bloc. La façon dont mes doigts se tétanisaient en desserrant leur emprise confirma ma théorie.

« Mme Parker-Davis »

Je la saluai sur le même ton un brin trop solennel à mon goût, tournant finalement la tête. Oh bien sûr d’entre ses lèvres ça sonnait très bien, des miennes… franchement pas naturel. Qu’elle croit que je l’ignorais et me prenne pour un malotru étranger aux bonnes manières, franchement rien qui ne m’empêcherait de dormir. Qu’elle ait pu voir le trouble dans mes yeux au bord des larmes si je les avais posés sur elle plus tôt, en revanche, j’aurais peut-être bien préféré sauter par-dessus bord ! En voyant son visage, je réalisai quelque chose, frappé par une évidence que je n’arrivais pourtant pas à identifier. Quelque chose dans sa façon de respirer, son air de ne pas être totalement consciente d’être là, devant moi. Peut-être que je me plantais, que ce que je croyais voir n’était que le pâle reflet de ma propre errance mentale. Tout de même, en cet instant nous étions les mêmes, deux réfugiés dans la petite source d’air tout en étant étranger l’un à l’autre, et ça me fascinait. En le réalisant, un sourire se dessina au coin de mes lèvres, serein, sincère. Mon premier geste naturel depuis nos salutations.

« Josh va bien. »

Trois mots. Trois petits mots suffirent pour que mes bras reprennent enfin leur place le long de mon corps se détachant légèrement des barreaux pour s’y adosser.

« (…) si vous voulez venir. »

Apparemment, elle ne s’était pas arrêtée à cette bonne nouvelle. Moi si. Il me fallut un moment pour l’enregistrer, m’assurer que j’avais bien entendu, ne prêtant pas trop attention aux explications techniques fournies par la sauveuse de mon patient.

« Euh oui. Oui bien sûr, je vous suis. Je ne pense pas partir avant son réveil de toute façon. Mais vous voulez peut-être prendre quelques minutes pour vous ? »

Je répondis par mécanisme, disant oui parce qu’on me proposait une invitation, une qui devait concerner Josh -quoi d’autre ?-. Quant à ma suggestion, ce serait malhonnête de la prétendre désintéressée. Je n’avais aucun souci à me montrer malhonnête, surtout pas quand j’avais moi-même besoin d’un instant pour me remettre de mes émotions. Je me tenais toujours nonchalamment contre le balconnet, une attitude me ressemblant davantage que toute les politesses échangées avec la médecin. Je devais être un fin psychologue après tout, pour m’encombrer de ce genre de formalités avec elle. Je n’épargnais personne à l’hôpital. Même s’il me plaisait d’être vu comme un véritable gentleman, je m’étais vite rendu compte que si la femme devant moi n’était pas Amanda, ça perdait tout intérêt. Je ne prenais pas de gants avec ma secrétaire, évitais de croiser tout docteur sans la moindre gêne, pourtant avec Rachel-Mary c’était différent. Je m’efforçais de m’adresser à elle de la façon la plus respectueuse possible, copiant ses tournures de phrase et son vouvoiement. Pour n’importe qui d’autre, le Docteur Parker-Davis aurait été Rachel, tout simplement Rachel, ou, puisque nous avions partagé quelques pauses cafés, un surnom familier et ridicule qui n’aurait sans doute fait rire que moi, probablement en irlandais. Mais non, Rachel tenait à ces formalités de docteur ceci et madame cela, alors je m’y appliquais, ne voulant pas la contrarier. Elle était la première blouse blanche de l’hôpital à ne pas me donner envie de fuir -hormis mon beau-frère bien entendu-, avec laquelle je ne me demandais pas ''mais qu’est-ce que je fous-là’’ chaque fois que je la croisais. Ce petit miracle méritait bien quelques efforts de ma part.

« Merci. » Je guettai un nouvel air surpris du coin de l’oeil. « C’est sûrement bizarre de la bouche de quelqu’un d’autre qu’un parent, mais il fallait que je vous le dise. »

Ce que j’avais réellement en tête, c’était qu’avec elle comme pédiatre mon fils ne serait pas dans un cimetière. J’aurais aimé le lui dire, mais je n’en fis rien.

« Je parie que même en sortant après les parents, je ne serai quand même pas le dernier à partir. »

J’osai un sourire taquin, léger, ne voulant pas paraitre présomptueux. S’il y avait une chose une seule que je savais à propos du docteur Parker-Davis, c’était qu’elle rentrait toujours chez elle plus tard que le veilleur de nuit. J’exagère à peine. J’aurais pu rivaliser avec elle si je ne trouvais pas les pubs plus plaisant que l’hôpital pour y passer mes nuits.


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() message posté Mer 30 Aoû 2017 - 10:59 par Rachel-Mary Parker-Davis

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Force était de constater qu’il était impossible d’être seul dans un hôpital, même en cherchant des coins où personne n’allait. Le Dr Davis avait besoin de prendre un peu l’air et avait choisi cette petite terrasse d’ordinaire toujours déserte et s’était trouvée prise au dépourvu en y voyant Ethan Hemsworth. Le psychologue était l’un des rares collègues qu’elle n’avait pas envie d’envoyer promener, sans doute qu’il lui semblait moins stupide que les autres. Ce que Rachel ignorait, c’était que cet homme était un ami proche de Frank et que d’ailleurs ce dernier l’avait chargé de garder un œil sur elle. Nul doute que si elle l’avait su, la pédiatre n’aurait pas apprécié, même si cela venait de Frank.

Ethan avait l’air quelque peu crispé, mais Rachel n’était pas là pour le psychanalyser. Elle le salua et il lui rendit la politesse, l’appelant « madame » au lieu de « docteur » ce qui la fit sourire, puis se rappelant qu’il était le thérapeute de l’enfant qu’elle venait d’opérer, elle le rassura immédiatement sur son état de santé. Voilà qui lui ferait une « répétition générale » pour le discours qu’elle tiendrait aux parents d’ici quelques minutes et qui probablement comprendrait les mêmes propos. Le charmant brun sembla rassuré en entendant la bonne nouvelle, ce qui fit plaisir à Rachel. Rares étaient encore les membres du corps médical qui prenaient leur travail à cœur et se préoccupaient réellement des patients. Hemsworth semblait différent, il était comme elle, visiblement. Il le démontra encore lorsqu’elle lui demanda s’il souhaitait l’accompagner pour parler aux parents. En effet, le psychologue sembla partant et même annonça qu’il ne quitterait pas l’établissement hospitalier avant le réveil du jeune garçon, ce qui fit sourire de plus belle la pédiatre. Elle hocha ensuite la tête à sa question.

-Oui, j’aime bien prendre l’air après une intervention aussi lourde. J’ai besoin de m’aérer pour avoir les idées claires.

A son tour, la chirurgienne s’accouda à la rambarde du balcon et prit une grande inspiration, observant l’horizon. Son esprit se mit alors à vagabonder lorsque le psychologue rompit le silence en lui disant merci. Surprise, l’américaine tourna la tête vers lui, et il reprit la parole.

-Je n’ai fait que mon travail. Vous semblez beaucoup apprécier ce jeune patient. Il est vraiment adorable, c’est vrai.

Rachel adorait les enfants et si son mari ne s’était pas avéré être l’enfoiré qu’il était, elle aurait été ravie d’être maman. Mais elle se refusait à laisser un enfant venir au monde pour avoir un père tel que lui. Quand elle songeait à son enfance parfaite avec deux parents aimants, elle aurait voulu offrir la même chose à un bébé. Mais comment cela serait-il possible avec un pervers narcissique ? Elle s’était fait une raison, et malgré les souhaits du célèbre Maxwell Davis à la tête de la boite informatique du même nom, la chirurgienne faisait son possible pour que la famille ne s’agrandisse pas. Ethan reprit la parole, gageant sur le fait que le Dr Davis serait la dernière à partir. En effet, c’était dans ses habitudes. Partir la dernière, arriver la première. Voyant son sourire, il fut communicatif.

-C’est que… j’ai beaucoup de rapport à terminer. Je n’aime pas les confier aux internes, mentit-elle.

Enfin, évidemment qu’elle n’aimait pas leur confier quoi que ce soit, mais à la vérité, avec le temps qu’elle passait sur place, elle était bien souvent à jour dans ses dossiers. Mais elle faisait son maximum pour avoir de bonnes raisons de rester enfermée dans son bureau.

-Vous savez ce que c’est, j’imagine que vous aussi vous en avez un paquet, n’est-ce pas ? demanda-t-elle dans l’espoir de ne pas se tromper.

Reportant son regard sur l’extérieur, le parking des visiteurs commençait à se vider. Machinalement , elle revoyait en pensée celui des autres hôpitaux qu’elle avait connus. Deux à San Francisco. Celui où elle avait fait son internat de chirurgie, et la clinique mondialement réputée où elle travaillait avant que son mari ne décide qu’il fallait venir s’établir à Londres. Quitter San Francisco avait été un véritable crève-cœur pour Rachel qui n’avait pour ainsi dire jamais vécu ailleurs. Mais Maxwell était prêt à tout pour lui rendre la vie impossible et arriver à ses fins. Rachel se sentait plus seule que jamais, du moins c’était le cas avant que Frank ne refasse irruption dans sa vie, tel un chevalier de contes de fées. Et avec lui, les sentiments avaient refait surface, ceux qu’elle avait enfoui pour s’éviter des désillusions voilà une petite trentaine d’années. Quelle erreur. Si elle avait su. Mais avec des « si », on referait le monde. Rachel, elle, referait bien sa vie, mais c’était impossible.

-Josh sera ravi de vous voir à son réveil, je pense que votre présence le rassurera.

L’enfant avait bien été préparé à son opération, et ce depuis plusieurs semaines. Cette préparation consistait entre autre à des séances avec Ethan Hemsworth visant à le rassurer mais surtout à lui faire extérioriser ses craintes dans le but de les apaiser. Rachel aussi était disponible pour répondre à ses questions et celles de ses parents pour faire en sorte que toute la famille soit la plus sereine possible. Evidemment, tout parent qui se respecte ne pouvait être totalement en confiance en sachant son enfant le thorax ouvert sur une table d’opération dans un bloc, mais la chirurgienne avait fait son maximum pour qu’ils sachent qu’elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour guérir leur fils. N’était-elle pas l’une des meilleures après tout ? C’était avec des cas comme celui du petit Josh qu’elle se disait qu’elle ne gâchait pas son talent à se terrer à Londres alors qu’elle pourrait exercer dans des cliniques mondialement réputées comme lorsqu’elle était à San Francisco. Mais de toute façon, elle n’avait aucun pouvoir décisionnel, alors elle s’estimait déjà heureuse que sa notoriété lui permette de continuer à travailler sans que Maxwell n’ait son mot à dire. C’était déjà ça de gagné.

Son regard chocolat braqué sur le parking, elle voyait quelques voitures quitter l’espace. Les parents de Josh avaient l’autorisation de rester à l’hôpital cette nuit, mais ce n’était pas une raison pour les faire trop attendre. La belle brune se retourna, dos à la rambarde, et regarda son interlocuteur.

-On peut y aller quand vous voulez.





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