"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici I appear missing now _ June&James 2979874845 I appear missing now _ June&James 1973890357
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal


I appear missing now _ June&James

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
I appear missing now _ June&James 1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
» Date d'inscription : 30/09/2016
» Messages : 527
» Avatar : Matthew Bellamy
» Âge : Trente six ans
» Schizophrénie : Nope.
() message posté Mer 8 Nov 2017 - 17:51 par James M. Wilde



« Pieces were stolen from me
Or dare I say, given away?
Watching the water give in
As I go down the drain
I appear missing now »

June
& James




Il y a que parfois je songe à ce temps perdu qui défile devant mes deux prunelles mortes. Il y a que tu les habites pour les enténébrer et que parfois le noir et blanc de l'existence la délave pour la rendre détestable. Il y a que pulsent dans mes veines tant de voix et de hurlements que j'aimerais arracher mes pensées une à une pour m'en débarrasser, expier le corps et l'esprit. Enfin décharnés de toi. Il y a que je m'enfuis toujours mais que je ne sais plus où aller. Car certains jours comme aujourd'hui tu es là. Partout. Partout. Sur les murs qui grisonnent de nos années navrées. Sur mon visage fermé aux autres. Ton nom enfoui au plus profond de mon être. Et pourtant sur mes lèvres. Il y a... Il y a... Tant de toi. Je ne peux disparaître. Car c'est toi qui l'a fait la première.

Je marche. Vite. Trop vite pour oublier. Oublier les lignes. Biaiser l'anarchie pour la contenir encore avant qu'elle ne me dépasse et ne me laisse désœuvré, l'amertume au coeur. L'on me bouscule. Je manque d'insulter chaque personne que je croise et si j'aboie sur certaines, c'est pour éviter qu'elles ne se risquent à m'aborder. Quelle riche idée une fois encore, James Matthew Wilde, de te plonger dans la foule qui ne peut manquer de te reconnaître alors que ta gueule traîne sur les pages des magazines à la mode, grâce au shooting très réussi d'Indianna. L'album s'envole. Moi j'essaye de creuser un peu plus. Encore un peu plus pour m'enfoncer. Je les hais. Tous. À piailler comme des hystériques tout justes lâchés en liberté à se jeter pour avoir un piètre griffonnage de mes mains abîmées. Quand Greg et Ellis sont avec moi je fais mine de consentir mais pas aujourd'hui. Pas quand j'improvise mon envolée factice dans les rues bondées. Je rembarre une connasse qui croit soudain être ma meilleure amie en attrapant mon bras pour faire son selfie de merde, bras que je lui retire d'un mouvement brusque. Ne me touchez pas, putain. Jamais. Encore moins en ce moment. Les gens ne comprennent-ils pas ce que cela produit ? Ils m'ont catalogué un jour, le terme qu'ils ont employé c'est ... Hmm... agressif-agressif je crois. J'ai cru le journaliste pris d'un soudain bégaiement avant de comprendre qu'il s'agissait là d'une terminologie pseudo-savante pour me faire entrer dans la case des dérangés. Mais j'y suis déjà, espèce de con. J'y suis déjà ! Agressif-agressif. Mieux que la passivité. Mieux que contrer l'attaque. Mieux que ne faire que la gérer en l'ignorant. Mieux que la sagesse arborée par tous ces endormis. Moi je mords. Je mords d'abord. Ainsi personne ne m'atteint jamais. Pas même... Pas même... Je ferme les yeux en m'arrêtant. Derrière mes lunettes de soleil, portées dans ce soucis d'anonymat ridicule, accessoirisé comme un monstre de foire qui confond toutes les saisons, le monde vire à la nuit. Moira se dessine dans l'hérésie de ma colère et je ravale cette salive qui brûle encore ma langue de n'avoir pas su mieux la cracher pour vitrioler sa faiblesse. Nous nous sommes vus hier... Hier quand tout était brisé à nos pieds, ma rancoeur sur le front, l'insulte de ses remords dans ses iris. J'aurais voulu qu'elle me secoue. Qu'elle m'écartèle. Qu'elle me fasse mal. Qu'elle réponde à toutes mes piques pour mieux savoir me les renvoyer. Mais non... Rien de cela. Rien du jeu qui fit nos passés reliés. Rien de ce que nous sommes car nous n'existons plus. Il y a... Il y a... Tant d'images déformées de cette nuit-là.

Je frissonne et me remets en marche, de cet automatisme invincible qui doit me porter jusqu'au Sud de la ville afin d'écouter un groupe qui ne m'intéresse pas, pour croire encore me passionner pour la scène de mon propre nightclub. Ils sont jeunes, ils sont bons, je n'ai rien à redire, c'est moi qui les ai sélectionnés. J'ai cru que le leader, Brian, allait défaillir en direct, lorsque je l'ai eu au téléphone pour lui assurer que je me déplacerai en personne. C'était avant le concert au Royal Albert Hall. C'était avant que tout ne bascule. Avant que je ne m'aperçoive que la réussite d'une carrière ne pouvait définitivement pas signifier la réussite d'une existence entière. Avant que je ne comprenne que ça ne suffirait pas. Qu'il me faudrait Moira, et qu'une fois obtenue, j'aurais l'impression de porter plus durement mes fers qu'auparavant, quand le fantasme peignait des infinis, et qu'Explorers m'apparaissait la libération de mes sens, quand à présent ils sont tous entravés par elle. J'aurais pu prendre ma moto, j'aurais pu disparaître dans le bruit et la vitesse de ma déraison lancée sur le bitume. J'aurais dû. Marcher n'est pas aussi apaisant que je ne l'aurais cru. Je heurte une fois encore une autre âme qui blesse le mienne, déjà par trop oppressée, j'éructe, le corps sclérosé par cette colère qui semble destinée à l'humanité toute entière :
_ Allez vous le coller où je pense, votre putain de selfie !
Mais c'est l'ombre qui me répond. J'ai les yeux grands ouverts par la stupeur, mes lunettes abandonnées dans ma poche, à force de me maudire de les porter, mais tout se referme car je ne vois qu'elle. Je ne vois plus que toi, et mon coeur tambourine du paradoxe qui me broie. J'oublie les mots, j'oublie même la colère, je disparais enfin. Car tu viens de réapparaître brutalement. J'ai peur, j'ai chaud, j'ai mal. Je ne sais pas, je perds 15 ans, j'en prends pourtant 120 à ne plus pouvoir me mouvoir et à demeurer là, blême, interdit au milieu des gens qui continuent de nous contourner sur le trottoir. Ce n'est pas elle. Ce n'est pas elle. Non. Non. Ce n'est pas toi. Mon cerveau peint des résurrections malsaines, et il y a tout au fond de moi, une sensation qui dispute à l'horreur une très brutale frénésie. La savoir vivante rend mes iris un bref instant brillants d'un espoir lové contre toutes mes folies, puis... La réalité nous rattrape, me gifle avec l'ironie perverse et cendreuse qui pèse sur ma respiration devenue laborieuse. Je suis là. Je suis là. Et pas elle. Elle... Elle c'est une autre. L'univers est si cruel parfois. Dire qu'elle se nomme June, tout comme sa mère. Dire qu'elle a son visage, même des années après, revenu de quelques limbes pour venir me juger. Je baisse le regard, je ne sais plus si je dois partir, fuir plus loin et prétendre que cette rencontre n'a jamais existé. Je ne peux pas la confronter, pas avec ce qu'elle sait de moi, pas avec tous les souvenirs qui nous relient, ceux que j'ai le plus loin reniés. Ils disent déni. C'est la même chose j'imagine. Je ne suis plus ce garçon-là. Je ne suis plus... Je ne suis que James Wilde. Le masque parfait de la survie hérétique, pulsée par ma musique. Mes yeux lui reviennent, plus froids, mais je peine à assurer ma voix lorsque je souffle :
_ J'espérais ne jamais vous revoir. J'espérais ne jamais revenir ici, cependant. Et... Nous voilà.
Je fourre mes mains encore bandées, les jointures à peine cicatrisées des coups échangés, dans les poches de ma veste en cuir, comme pour lui dissimuler un présent. Aussitôt dérobé. Je ne peux pas masquer mon arcade sourcilière toutefois. J'aurais dû conserver mes lunettes sur mon nez, elle ne m'aurait ainsi peut-être même pas reconnu. L'existence bascule d'un entre-deux qu'on ne saurait vraiment décider. Est-il vrai ? Est-il faux ? La réalité se froisse dans le silence de mes ponctuations. Réalité de nos passés composés. Que je renie. Ils disent déni. Elle dit déni. Elle disait. Qu'ils aillent tous se faire foutre.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Ven 10 Nov 2017 - 9:50 par Invité
Elle aurait voulu prendre le vélo, mais les stations étaient déjà vides. Non de toute façon, il aurait été impossible de lui trouver une place à l'arrivée. Ce n'est pas la bonne heure. Elle avait des courses à faire, elle avait le temps et l'envie de s'aérer. Et une énorme envie d'oublier que les mots ne s’enchaînent pas ces derniers temps. Seulement, elle a une sainte horreur des rues bondées et soudain devant elle un curieux attroupement s'annonçait. Il y a toujours du monde sur les trottoirs de Londres, mais là il serait même difficile de passer. Elle observa un instant le bâtiment à côté et haussa les épaules, aucun lien ne connectait les deux. Tant pis, elle n'était pas non plus agoraphobe, elle jouerait des coudes pour se frayer un chemin. Elle n'avait parcouru que quelques mètres dans la foule qui semblait aller dans le sens contraire du sien lorsqu'elle se fit percuter de plein fouet et insulter. Cependant les mots ne faisaient aucun sens avec elle-même. Elle reprit l'équilibre et se retrouva face à une vieille ombre du passé. Quelqu'un, quelque chose qu'elle aurait préféré garder dans le passé. Il avait changé, jeune homme devenu homme à présent tout comme elle-même n'était plus une jeune femme. Son air sévère se posa sur lui, elle ne souriait pas.

Une seconde elle plongea dans ses pensées. En début de semaine chez le coiffeur elle l'avait vu dans un magasine, chanteur dans un groupe de rock qui commençait à se faire remarquer. Elle avait émis des réserves intérieures sur cette situation. Elle ne le croyait pas assez stable pour faire face à la célébrité, sa créativité musicale en était la preuve même. Les artistes se nourrissent de leurs démons, c'est ce qui faire leur génie. Des équilibristes sur un fil toujours à la limite de tomber d'un côté ou de l'autre. Il joue avec le feu et il sombrera, elle en est sûre. Soudain elle se demanda ce qu'elle faisait ici, serait-il possible qu'elle ait cherché inconsciemment à le recroiser ? Après le coiffeur, elle a écouté sa musique, agréablement surprise et touchée par sa voix. Non, impossible, elle est une femme pragmatique et Londres est beaucoup trop grand pour se fier à la chance.

Son visage impassible masqua sa surprise. Pourquoi tant de froideur, pourquoi cette réflexion cinglante après tant de temps. Elle était son docteur et elle l'avait aidé, comme tant d'autres gamins pendant des années. Mais sans doute porte-t-elle avec elle le souvenir de l'asile et de moments douloureux. Il n'y a pas que ça, et elle le sait très bien, elle le connaît parfaitement pour l'avoir analysé depuis son canapé. Il cherche à la déstabiliser pour lui faire rejoindre son propre état, il avait toujours fait ainsi et il avait presque réussi à l'époque. Nul doute qu'en grandissant il avait parfait sa technique, mais elle en avait connu d'autres et des pires que lui. Il serait sans doute trop égocentrique et narcissique pour l'admettre mais il ne faisait pas partie de ses démons. Pas comme lui. Même si elle n'avait jamais cessé de les comparer et d'admettre leur ressemblance. Elle ne lui donnera pas ce qu'il cherche, elle n'affichera aucun trouble, elle ne le laissera pas l'atteindre par sa noirceur.

« Bien. En ce cas, rien ne t'y oblige, tu as juste à t'écarter pour me laisser passer. »

Son ton est ferme, glacial par l'absence de sentiment qu'elle présente. Il n'y a rien, réellement qui puisse montrer que ses paroles l'ont choquée ou vexée. Tout qui laisse entendre qu'elle n'en a rien faire de lui ou de ce qu'il peut dire, encore moins du fait de le revoir. Même si c'est faux. Même si dans son esprit elle sait qu'il en souffrira et que c'est aussi pour son bien. Elle n'est pas psychiatre pour perdre son sang-froid à la première provocation. Elle a appris à se montrer droite et inflexible et plus encore avec les années. Il serait surpris. Elle est professionnelle. Si elle avait eu une autre réaction, sans doute l'aurait-elle invité à prendre un café, le genre de petits imprévus qu'elle tolère.

Alors qu'elle se décale sur le côté afin de reprendre sa route, un flash de lumière vint l’éblouir. Une horde de fan, voilà donc ce que c'était. Un nuage orageux qui le suit de partout. Il fait si bon d'être célèbre. Le docteur fusille du regard cet étranger aux mœurs invasives, sans crier gare elle lui arrache des mains son téléphone, le jette par terre et l'écrase avec son talon. L'homme abasourdi met assez de temps à réagir pour qu'elle reprenne sa route. Elle lui lâche tout de même qu'il y réfléchira à deux fois la prochaine fois avant de violer l'intimité de quelqu'un d'autre et puis, sans se retourner :

« Bonne journée James. »
Revenir en haut Aller en bas
James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
I appear missing now _ June&James 1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
» Date d'inscription : 30/09/2016
» Messages : 527
» Avatar : Matthew Bellamy
» Âge : Trente six ans
» Schizophrénie : Nope.
() message posté Ven 10 Nov 2017 - 15:40 par James M. Wilde



« Pieces were stolen from me
Or dare I say, given away?
Watching the water give in
As I go down the drain
I appear missing now »

June
& James




Elle ne sourit pas. Non. Non. Elle ne sourit pas. Et moi non plus. Il y a l'arrêt sur image de notre chute immobile en pleine rue, au milieu du monde et du bruit. Je reconnais le froncement de sourcil qu'elle arbore, cet air professionnel que je lui connais, et que pourtant j'aimerais tant ne pas me rappeler avec l'exactitude cruelle d'une réalité devenue cauchemar éveillé. Je l'entends avant qu'elle ne parle, je la vois plus que quiconque, les autres visages devenus anonymes, mon abrutissement aux airs suspects comme ambiance empesée. Suspendue dans l'air du désaveu. Alors elle ne sourit pas. Et moi non plus. Car il n'y a pas d'extase dans cette chute-là, et un retour en arrière n'est pas toujours uni au charme de certains souvenirs. Je n'ai de souvenirs que brutaux de ce qu'elle m'inspire. Et trop de silence pour tous les habiller. J'ai plus froid encore, et les gens qui me bousculent même s'ils n'osent plus véritablement venir troubler mon calme apparent et cette rencontre importune, me font mal à chaque fois qu'ils me heurtent. Le contact physique devient une entrave des plus horribles, la même prégnance que dans ce passé qui nous relie, la même détestation pour un corps qui m'enferme, et que je ne supporte pas à chaque fois qu'un autre en me frôlant me le rappelle. Je me crispe, j'ai des réactions avec une dizaine d'années de retard, le rebours de mes névroses, celles que j'ai pourtant combattues avec acharnement, et presque vaincues. Aujourd'hui j'accepte une main sur l'épaule, pour peu que je m'y sois préparé. J'accepte une accolade, si tant est qu'elle vienne de Greg ou d'Ellis, et même de Moira. Surtout d'elle désormais. De plus en plus. De mieux en mieux. Je crois. Je croyais. Cette semaine, je ne suis sûr de rien, il y a trop de haine pour ma propre déchéance qui se dessine déjà au noir de jais dans mes veines, à chaque ligne de coke qui me distingue de la réalité que je rejette.

Elle n'a pas l'air surpris. Elle n'a pas l'air ravi non plus. Elle a l'air impassible, celui du corps médical. Ma colère est plus brusque encore, alors que je l'accueille avec aigreur. Qu'est-ce que j'attends ? Une délicatesse arrachée à cette mélancolie furieuse peinte aux flashs désagréables du désespoir sur les murs ternes de l'asile ? Non... Il n'y a pas de souvenirs qui ne soient une blessure là-bas. Même mon départ aux atours d'évasion fut une peine supplémentaire, car elle m'a plongé dans l'inconnu, le monde décharné d'elle. Elle avait réellement disparu, de mes pensées, de mon quotidien, de mes fantasmes écoeurés qui s'accrochaient encore à mes iris. Mais ils reviennent en nombre, tous mélangés, tous infamants, liant mon présent complexe avec mon passé perturbé, accouchant d'un monstre de sensations contraires qui me donne la nausée. Je ne veux pas, je ne peux pas penser à elle. Pas en ce moment. Pas maintenant alors que les gens me dévisagent ou me prennent en photo. J'imagine un instant la froideur du papier glacé avec les traits de la psy en face de moi. Un duo ressuscité malgré elle. Un couple dans une réalité alternative, qui n'aurait alors pas sombré dans la mort et la destruction. Celle qui la porterait encore... Elle. Elle. Je ne peux pas penser son prénom. Je ne dois pas. Je n'y arrive pas. Au sien se substitue celui de June, que je peux dessiner en pensées avec moins de dommages encourus.

Le tutoiement me hérisse. J'ai l'impression d'être diffamé par une familiarité malvenue. Celle qui avoue que nous nous connaissons suffisamment bien pour l'employer. Trop bien sans doute. Qu'elle me connaît par coeur, plus exactement. Ou tout du moins qu'elle connaît de moi ce que je fus à 22 ans. Foutu. Estropié. Muet. Ravagé. J'ai l'impression de me présenter à l'identique devant elle, elle me surprend dans un moment où je périclite et où je ne peux qu'afficher ces cernes qui trahissent mes nuits sans sommeil, cette maigreur maladive de drogué, cette fureur dans le regard à ne pouvoir assassiner celle qui me hante pour m'avoir trop deviné. Assassiner ma productrice... Quel terrible choix de langage. Je ne lui retourne pas la politesse, je ne me rapproche pas, je demeure dans cette distance frigorifiée :
_ Aux dernières nouvelles, vous aviez toutes les capacités à le faire par vous-même. Contourner... Ça n'a pas toujours été votre domaine de prédilection ?
Brutalité des mots une fois encore, des reproches sous-tendus, je ne sais pas pourquoi. Je devrais passer mon chemin, entraîner au loin ma kyrielle tapageuse, mais je ne parviens pas à la quitter des yeux. Elle aurait été semblable. Si semblable. Même dans ce ton parfois si froid. Je me contracte pour éviter de trembler sous ma veste. Je suis blessé. Blessé par l'apparition de mes démons, blessé par sa façon de me toiser, blessé par cette distance que pourtant je ne fais que creuser. J'aimerais qu'elle réagisse, j'aimerais que son teint de porcelaine s'empourpre violemment, j'aimerais qu'elle me maudisse. Pourquoi tant de lâches soudain ? J'ai besoin de l'affrontement que l'on dénigre, que l'on continue de me refuser alors que mon corps se voit dévoré par tous les feux de mes désirs inassouvis.

Puis l'aveuglement, une seconde de trop. Mon regard meurtrier se pose sur l'importun, elle est plus rapide que moi dans l'action, règle son compte au coupable, à la fois dans le choix des mots et dans la virulence de son geste. Virulence qui tranche son masque de froideur, laissant deviner la puissance d'une fureur rentrée. Mes prunelles reviennent à sa silhouette dérobée, brûlent la peau de son visage, sur lequel je traque une preuve qu'elle finit par me donner. Mon prénom glisse de ses lèvres, me retourne toute mon altérité. Je fais volte-face à mon tour, avant d'inviter toute cette petite cour à me laisser tranquille désormais dans un langage suffisamment fleuri pour que la plupart obtempèrent. Pour les paparazzi qui se tiennent à des dizaines de mètres, je ne peux rien, je me contente de les ignorer alors que j'allonge mon pas pour me retrouver à son niveau. Je suis si proche d'elle soudain, trop proche, suffisamment pour que mon murmure flatte son oreille :
_ Tant de violence docteur, si peu de maîtrise. Et trop de colère pour le comportement anecdotique d'un idiot qui ne représente rien.
Je tourne la tête pour détourer son profil :
_ Je vous ai connue plus... douce. Même si nous savons vous et moi que ce n'est là qu'une fable qui entoure votre caractère indocile.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Jeu 30 Nov 2017 - 9:19 par Invité
Contourner ? Bien sûr que non elle n'aurait pas pu contourner. Le trottoir est noir de monde, difficile de se frayer un chemin, il aurait dû la laisser passer. D'autant qu'elle va toujours inflexiblement tout droit. Mais est-ce là vraiment le sujet ? Il provoque, cherche à obtenir des réponses. Elle l'ignore, choisi toujours soigneusement ce à quoi elle répond et comment. C'est elle qui contourne ses questions en prenant bien le temps de peser ses mots. Elle sait qu si elle commence à répondre avec précipitation alors elle aura perdu. Avec lui chaque instant est un combat, un duel acharné. Il est épuisant.

Elle a continué, elle a quitté la foule qui se disperse face au cynisme de sa star. Cela lui arrache un sourire fugace, elle aime la tournure qu'elle trouve amusante. Il est toujours distrayant d'écouter des personnes se comporter de façon indécente en public. Elle aurait presque envie de se retourner pour voir les faciès désappointés des fans. Si elles savaient qui elles adulaient au fond. A leur âge, j'aurais très bien pu l'aduler moi aussi. La musique transporte et il chante avec ses tripes.

Elle a continué, d'un bon pas, ni trop lent, ni pressé. Elle ne veut pas avoir l'air de le fuir ni de l'attendre. Au contraire, elle veut tout faire pour qu'il se sente ignoré, pour qu'il ait l'impression qu'elle se fiche de l'avoir recroisé. De toute façon, il la rattrapera, elle en est sûr. Il ne faut lui pas beaucoup de temps d'ailleurs pour venir susurrer à son oreille ; laissant sur sa nuque quelques images troublantes dessinées au pochoir par son souffle chaud. Il n'avait jamais été aussi proche. La proximité avec un patient la gène, rien de plus normal. D'un ton mesuré et parfaitement calme, elle lui répond sans vraiment lui répondre, un art de grande personne qui a le don d'agacer n'importe qui. Elle-même déteste les gens comme ça. Sans s'arrêter de marcher. Jetant un oeil par dessus son épaule, sourcil levé.

« La colère est une émotion parfaitement normal et saine que tous les êtres humains expriment à l'occasion. »

Elle marche toujours, ignorant la suite et son petit geste qu'elle trouve fort déplacé. Tout en lui est déplacé, il a grandit, je dois bien l'admettre. Plus mûr et plus dangereux. Et moi, je n'ai plus de patient, je ne suis pas confrontée à l'un d'eux depuis des années, je n'ai plus l'habitude. Il marche à sa hauteur, toujours trop près. Elle laisse passer quelques mètres avant de s'arrêter et de lui faire face, agrandissant d'un pas vers l'arrière l'espace qui les sépare.

« Ne t'en déplaise, j'étais parfaitement calme. Je tiens à respecter mon serment. J'ai cru voir que tu commençais à être connu. Tu as peut-être envie de te retrouver sur les tabloïds avec ton cher docteur de tes jeunes déboires ? Il leur faudrait peu de temps pour faire le lien. »

Moi non plus. Quoiqu'elle en dise, elle ne pensait pas à lui. Ce n'était pas par générosité. Elle voulait se protéger elle d'une deuxième rumeur. Trop proche d'un autre patient ? Les histoires, surtout les fausses, remonteraient si vite à la surface pour lui exploser au visage. Plus douce ? Il n'a jamais rien connu de moi.

Elle jette un œil sur la rue,avisant un peu plus loin un petit troquet, charmant et intime. Elle lui pointe du menton. Son ton est toujours aussi sec et droit, il en faudra bien plus pour qu'elle s'avoue vaincue.

« Veux-tu prendre un café ou autre chose ? »

Puisqu'il semble vouloir discuter... Bien qu'elle préférerait simplement lui donner la carte d'un de ses collègues pour une consultation. C'est bien ça dont il a besoin, et pour ça qu'il la poursuit. Être écouté. Il le prendrait mal, elle en est sûre. Ou peut-être que c'est elle qui ne le supporterait pas. Donner son patient à un autre. Signe d'échec ? Ou possessivité déplacée...
Revenir en haut Aller en bas
James M. Wilde
James M. Wilde
MEMBRE
I appear missing now _ June&James 1542551230-4a9998b1-5fa5-40c1-8b4f-d1c7d8df2f56
» Date d'inscription : 30/09/2016
» Messages : 527
» Avatar : Matthew Bellamy
» Âge : Trente six ans
» Schizophrénie : Nope.
() message posté Jeu 30 Nov 2017 - 17:06 par James M. Wilde



« Pieces were stolen from me
Or dare I say, given away?
Watching the water give in
As I go down the drain
I appear missing now »

June
& James




Brian attendra. Brian, qui est-ce déjà... Brian. La musique s'évanouit. Disparition. Je n'y pense déjà plus, sans doute que mon portable qui vibre dans ma poche, sans discontinuer, me rappelle inlassablement que je dois me rendre quelque part. Et que je décide de me rendre dans le néant des souvenirs plutôt que de retourner à la réalité. Couleurs enfuies et délavées, je déteste la disharmonie de ses réponses. Je les ai toujours détestées. Je hais les psys, même s'ils m'ont aidé. Je hais les méthodes qui démontrent les armes traitres des mots sous-tendus, je hais le creux des non-dits qui doivent résonner d'une réaction saine, je hais l'évasion futile d'une neutralité au visage d'ange. Je hais. Je masse ma nuque, de manière absente, réflexe ou toc que je conserve tel un stigmate de ce passé qu'elle garde contre ses lèvres trop closes. J'ai presque envie de la singer, comme je l'ai fait autrefois, la parole recouvrée, dans l'intimité de son bureau, quand elle me servait ce genre de facilité. Mais je suis grand dorénavant, j'ai plus d'armes accumulées au fil acéré d'années qui me paraissent parfois trop nombreuses. Je frappe dans mes mains comme pour l'applaudir, avant de la railler :
_ Oh, c'est que l'on enfonce autant de portes ouvertes qu'avant, à ce que je vois. Ça m'a toujours fasciné, ce grand vide au milieu de mots inutiles. Ineptes. Il n'y a pas de péril dans l'acceptation de son impuissance, j'imagine. Ça doit être si confortable.
J'attaque, je réitère, je ne lâche pas l'aigreur qui m'étreint et dévale sur ma langue pour me laisser un goût infâme d'inachevé dans la bouche. Mes mots accusent, tranchent sa réputation, taillent son professionnalisme pour n'en garder que des apparences trompeuses, remettent en cause ses talents, qu'elle déploya pourtant auprès de moi. Mais la fable construite sur les lambeaux de mes souvenirs n'admet pas que je sois débiteur, de personne. Ni de mon père, ni de June, ni de Moira. De personne. L'orgueil me peint un sourire presque détestable. Il n'y a pas de péril dans l'acceptation de sa grande solitude non plus, je le sais. Alors pourquoi la poursuivre pour me raccrocher à ce que j'admets détester ? Pourquoi la douleur quand je ne connais plus qu'elle depuis des jours ? Elle stoppe, elle échappe à la proximité, mon sourire s'agrandit, celui du prédateur qui constate ses effets. Elle n'est pas à l'aise avec moi, quelque part je savoure ce que je devrais craindre avec effroi. Avant que mon sourire ne se fane aussitôt quand la menace du passé lui rend tous ses pouvoirs sur moi. J'ai l'impression de me faire tancer, sa façon de me reprendre est intacte, la candeur de ma réaction égale, cette sorte de stupeur interdite qui me statufie. Mais le temps affermit l'horreur, et dans les échos de réactions prévues se glissent les ténèbres nouvelles de cette vie construite sur des ruines que June n'a fait que me permettre de masquer. Aujourd'hui, l'édifice tout entier chancèle, mes mains abîmées par mes violences blêmissent sous la contracture de cette rage qui m'habite. Je suis trop fixe, ma voix trop posée soudain, et à la fébrilité de retrouvailles iniques je substitue la sévérité de mes nouveaux enfers :
_ Vous devriez vous taire, vos mensonges je les connais. Vous n'avez jamais rien eu à foutre de me préserver, ne venez pas le prétendre aujourd'hui, ne venez pas vous poser en modèle de fidélité à vos putains de serments. Quels serments ? Lesquels ? Ceux qui vous ont fait jurer de me venir en aide ? Mais je n'ai pas besoin de votre aide, je n'en ai jamais eu besoin, je n'ai pas besoin de vous !

Je ferme les yeux, je parle trop fort, mes murmures menacent de devenir des cris parce que tout mon corps quémande cette confrontation qu'elle évite, il veut la violence pour purger la douleur, l'exaltation d'une destruction supplémentaire. Mes dents serrées ravalent difficilement l'idée et les mots qui la préfigurent, je ne sais plus qui je rejette. Mon fantôme. Moira. Ou elle. Toutes ensemble sans doute. Ma main tremble dans mes cheveux, avant que je ne gratte de façon maladive l'un des foutus pansements qui enserre l'une de mes phalanges. Qu'elle se barre, bordel. Pourquoi l'ai-je suivie ? Pourquoi... Mon visage se détourne, je regarde dans la même direction que le bar qu'elle évoque sans pour autant le voir, secouant la tête, renâclant quand toutes mes négations clament évidemment ce que je souhaite. Lui parler. La voir. La voir encore. Parce que si je la regarde, je suis encore un peu avec elle, jugé par ses yeux, brûlé par ses mots. Mes prunelles lui reviennent, l'invitation les enflamme un bref instant. Mes lèvres pincées, je retiens difficilement ce rejet que j'aimerais opposer quand ma tête me hurle d'accepter. L'écho de mes grandes phrases crève pathétiquement. Je n'ai pas besoin de vous. Je n'ai pas besoin de toi. Et bordel, j'en ai toutefois envie. Mes incohérences me troublent :
_ J'ai autre chose à faire.
Brian attendra. Je marche vers le café. J'ai autre chose à faire mais je jette un coup d'oeil par dessus mon épaule pour voir si elle me suit. J'ai autre chose à faire mais je pousse la porte, et la tient pour qu'elle s'engouffre dans la salle toute petite, dont les ombres portées par les paravents dessinent des silhouettes animales et fantasmagoriques sur les murs. Quelle décoration de merde. Je choisis la table qui se masque derrière la figure grimaçante d'un lion. A l'abri des fauves... Ils rugissent tout autour de moi. Non... A l'intérieur sans doute. Mon pied s'agite nerveusement maintenant que j'ai pris place. J'ai autre chose à faire mais je lui parle dans un murmure brisé, alors que ma main farfouille dans la poche intérieure de ma veste pour en sortir une clope :
_ Je ne vais pas très bien. Tu as échoué. Et moi aussi.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
() message posté par Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
London Calling. :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
» He can tell I ain't missing no meal. - Isaac & Alix.
» ALEKS || Gotta stay high all my life to forget I'm missing you ||
» I gotta stay high all my life to forget i missing you (shiraz) v.2
» double halves of wholeness find the missing equal sign (lexie)
» Lilou-June -

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-