"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici You have my heart for eternity. Ft Eugenia - Page 2 2979874845 You have my heart for eternity. Ft Eugenia - Page 2 1973890357
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You have my heart for eternity. Ft Eugenia

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() message posté Dim 13 Juil 2014 - 19:49 par Invité


I just can't get the emotions to come out

J’étais là, le visage niché dans ses cuisses, les larmes roulant le long de mes joues creuses. J’étais là, et je me laissais aller dans mes retranchements, dévoilant encore une fois mes faiblesses. J’avais si peur qu’elle ne comprenne pas elle aussi. L’abandon me terrorisait, et ma terreur me rendait méchant. Je me pressais contre ses jambes, espérant lui faire ressentir tellement plus qu’un vulgaire fourmillement. Je voulais lui insuffler la force de courir à nouveau. Peut-être ainsi pourra-t-elle venir à ma rencontre. Peut-être pourra-t-elle me tirer des bas-fonds sombres qui m’avaient fait prisonnier. Ma bouche se courba, exprimant la douleur qui étirait chacun de mes muscles. J’étais peut-être un type arrogant et vaniteux, mais ce n’était que la surface. Ce n’étais que l’homme que j’étais devenu, et pas celui que j’étais réellement. Je pouvais entendre les hurlements de mon cœur, mais je ne ressentais plus rien. Tout n’était que bruit pour une personne comme moi. Mes mains moites serraient leur prise sur le métal et sur les roues de son fauteuil. Ma peau s’écorchait, malmenée par la force de mon étreinte mais j’osais espérer que ces blessures, comme toutes les autres, ne seraient que des marques sur mon corps. Un rappel de mon combat incessant pour la liberté. Je me redressai avec lenteur, mon visage se posa à nouveau sur Ginny. Sa voix mélodieuse berçait mon esprit engourdi de promesses que je refusais de croire. Le soleil couchant avait emmené tous mes espoirs avec lui, nous plongeant dans ce qui était la concrétisation de notre triste vérité : C’était fini. Articles soigneusement découpés dans un classeur ou pas.

« Shh. Tu ne m’as pas cherché mais on s’est retrouvé quand même. »

Je serrais ma prise sur elle. Je l’avais trouvé, mais pour combien de temps encore ? Allais-je survivre à un nouveau rejet de sa part ? Je me sentais vide, complètement désabusé. Mon enfance, notre passé, notre histoire… tout me semblait irréel. J’avais besoin d’une nouvelle raison pour aller de l’avant. Une putain de bonne raison, mais tout ce que je pouvais voir n’était que ruines et poussières. J’étais seul au milieu des décombres et des souvenirs. Ma douleur était cuisante, elle circulait dans mes veines au même titre que mon sang et les différents nutriments dont mon organisme avait besoin. Je me noyais de l’intérieur. Parfois il me semblait que j’étais déjà mort. Alors je m’accrochais à elle, comme mon dernier espoir de salut. Mais plus j’ouvrais les yeux, plus les larmes coulaient. Ce n’était pas sain !

« Shh. Tu ne m’as pas cherché mais on s’est retrouvé quand même. Je ne vais nulle part, d’accord ? Nulle part. »

Elle avait beau me le repérer, mon âme rebelle refusait de se faire avoir une seconde fois. Je plissai les yeux, secouant la tête machinalement dans l’espoir vain de chasser mes doutes et mes angoisses. Je savais que c’était impossible. Toutes ces choses sombres et malhonnêtes, faisaient partie intégrantes de ma vie à présent ! Je tirais ma force des ténèbres. Je maudissais le monde et ses habitants. Tous ceux qui avaient fini d’une façon ou d’une autre par m’exclure. Je ne pouvais plus briser un cœur qui était en morceaux. Je ne pouvais plus faire confiance à une personne que je m'interdisais d’aimer. Je soupirai.

« Shh…»

Ses chuchotements apaisaient mes tourments. Je me détachai doucement d’elle, le visage blême. Je sentais les veines sous mes yeux battre au gré de ses paroles, stimulants mes sens engourdis. Je lui fis face, toujours à genoux. Soumis et abattu par les coups de feu qui s’abattaient sur nous. Je ne pouvais rien faire d’autre, je n’avais pas  d’autre choix : Je ne pouvais pas lui faire confiance.

« On a changé. On est tous les deux différents. Mais je ne vais plus te fuir. On va se revoir. On va s’engueuler. On va se détester. Puis finalement on va faire la paix et recommencer. Je vais découper tes articles dans le journal, tu vas me dire que c’est minable. Tu vas vouloir pousser mon fauteuil et je vais te dire d’aller te faire voir. Je vais désapprouver certaines de tes habitudes et tu vas me dire que je n’ai strictement rien à dire sur ton mode de vie. Puis il y aura les choses positives. J’aurais un match de tennis à jouer et tu viendras me supporter. Tu auras une promotion et je te féliciterais. On a changé. Mais je pense que je suis prête à vivre tout ça sans regarder notre passé. »

Je lui souris tristement. Ce monde féerique ou notre amitié pourrait renaitre de ses cendres me paraissait si loin. Je n’étais pas pessimiste, juste fatigué d’être déçu. Je pris appuis sur les dossiers de son fauteuil afin d’embrasser suavement sa joue. Un geste de tendresse qui m’avait semblé innocent, mais qui avait remué tout à l’intérieur de moi. Je déglutis en m’éloignant.

« Tu joues au tennis ? » M’enquis-je. « Je viendrais bien, mais ne t’attend pas à me voir en tenue de cheerleader. » Raillai-je. « J’aurais sûrement l’air TERRIFIC dedans, mais non. »

Je marquai une pause.

« La terre ne tournerait pas rond, si tu n’étais pas avec moi. » Je lui tendis la main. « Tu as promis de ne plus me quitter … » Soufflai-je dans ma barbe. « Je sais que j’étais venu ici pour te dire A dieu, mais je ne peux pas juste rebrousser chemin sachant que tu es là quelque part. Tu as besoin de moi. Je sais que tu ne supportes pas l’idée d’être dépendante de quelqu’un. Mais je ne suis pas quelqu’un. Je suis l’adolescent en sang que tu as soigné et recueilli tant de fois. Je suis la main que tu m’as tendu un jour. » Je soupirai. « Et je t’aime. Avec toute la force et avec tous les sens cachés que ces mots peuvent bien porter. »

Je me relevai en tapotant le tissu de mon jeans. Mon genou se ploya, me tirant un gémissement. Je souris gêné, avant de me rassoir sur mon banc. A quelques millimètres d’elle, sa chaleur salvatrice ne pouvait plus m’atteindre, mais la simple pensée qu’elle était là, quelque part, à mes cotés, m’emplissait de joie. Il faisait si froid. Il faisait triste. Je voulais l’embrasser pour soulager sa peine. Je voulais pleurer toutes les larmes de mon corps pou soulager ma peine. Je grinçai des dents en enfonçant le bout de mes doigts dans la plaie sur ma cuisse. Ma main se crispa, tentant tant bien que mal de contrôler les maux qui me rongeaient. Mais je savais que mon seul remède n’était autre que la pieuse prière de mon âme éplorée, pour un Dieu qui m’avait abandonné. Pour elle.  

« Tu pourrais rester avec moi cette nuit. »

Je lâchai la bombe, tout sourire, inconscient de la portée de mon invitation. En tout cas, sur le moment. Je la regardai blême. Mais qu'est-ce qui m'avait pris ?
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() message posté Dim 13 Juil 2014 - 23:29 par Invité
“let's count your scars.”  “why?”  “because then I can see how many times you needed me and how many times i wasn't there.” ✻✻✻ Ses lèvres sur ma joue réveillèrent en moi sans doute beaucoup trop de souvenirs, de mirages, de songes. Je ne m’étais pas attendue à un tel geste de sa part ; je n’avais pas songé à ce qu’il puisse se pencher vers moi pour m’embrasser comme un enfant aurait pu le faire. Comme il aurait pu le faire il y avait des années de cela. J’étais perdue, perdue entre celui que j’avais toujours connu et celui que je savais malsain. Perdue entre la vision naïve que j’avais de lui et celle qu’il renvoyait sans cesse à ceux qui pouvaient croiser son chemin. Je ne savais pas s’il m’avait embrassé dans l’unique but de me faire du mal ou simplement parce qu’il en avait eu envie, lui aussi. Je ne savais pas si son geste avait été calculé pour me briser ou s’il avait simplement répondu à une quelconque pulsion. Il m’avait lui-même dit qu’il cherchait simplement à ressentir quelque chose ; que les filles passaient, que rien n’arrivait. J’avais peur de finalement devenir comme les autres. J’avais peur de n’être qu’une victime, de n’être que sa victime à lui, de n’être que la représentation d’un souvenir sauvage qu’il tentait de retrouver comme on pouvait tenter d’attraper de la fumée entre nos doigts. Je me voulais forte et fière, mais j’avais fini par abandonner les armes face à son regard vert bien trop vite. Je me voulais forte et fière, mais il ne faisait que me rendre faible. Mes sentiments me rendaient faible. Mes sentiments me perdaient. Je n’étais qu’une poupée de porcelaine dans ses mains tantôt soigneuses, tantôt colériques. Il pouvait me briser aussi facilement qu’un château de cartes pouvait s’écrouler. Le voir pleurer me brisait le cœur. Le voir s’accrocher à mes jambes me faisait plus de mal que nécessaire. Je savais qu’il ne croirait pas à mes promesses. Je ne songeai même pas qu’il le veuille, de toutes manières. Cependant, après tout ce qui avait bien pu se passer, j’avais simplement besoin de m’accrocher à mon passé. De m’accrocher à lui. De m’accrocher à nous. Le soir de mon accident, il m’avait perdu. Cependant, il avait sans doute oublié que je l’avais perdu de mon côté également. La seule différence était que mon geste avait été volontaire. Je l’avais choisi. Et, de toute mon existence, cela avait sans doute été la décision la plus difficile, bien au-delà de celle qui avait consisté à accepter mon handicap. En essuyant ses larmes, j’essayais ses douleurs, mais j’essuyais également mes regrets et mes peines. « Tu joues au tennis ? » me demanda-t-il, et j’hochai la tête. Mon cœur semblait voler. Papillonner. Il se détachait lentement de ma poitrine pour venir retrouver les yeux de Julian sans que je ne puisse rien n’y faire. J’étais impuissante face à lui. « J’ai repris. Tu te souviens, avec Scarlet on jouait toutes les deux en étant plus jeunes… Maintenant, je joue en club. Tennis fauteuil, ils appellent ça. » Un petit sourire vint habiter mes lèvres. Un petit sourire chargé d’une innocence passée.   « Je viendrais bien, mais ne t’attend pas à me voir en tenue de cheerleader. J’aurais sûrement l’air TERRIFIC dedans, mais non. » Je me mis à rire, lui donnant un petit coup dans le bras pour souligner sa bêtise. C’était sans doute idiot, mais ses commentaires sarcastiques m’avaient manqué. J’avais l’impression de l’entendre partout dans ma tête, dans mon cœur, dans mon âme. Il s’était détaché de moi mais il était toujours là. Il s’était détaché de moi mais il avait laissé sa trace sur mon corps, sur mon cœur. Je lui appartenais. Je le savais depuis le tout début. Cependant, je doutais qu’il s’en rende compte.
Non. Il ne pouvait pas savoir. Il ne pouvait pas se douter que, malgré les mois, je n’avais toujours pas tourné la page. Il ne pouvait pas se douter que, malgré les mots, mon cœur lui appartenait encore tout entier. Il ne pouvait pas se douter que, malgré tout ce qu’il s’était passé, il n’y avait eu que lui dans mon cœur. Que lui à tout jamais. Il était beau. Il avait le visage d’un ange. Tout le monde pouvait tomber pour lui. Il avait encore toute une existence à vivre. Moi, ma vie n’était composée que de lui, et ce depuis des années. « La terre ne tournerait pas rond, si tu n’étais pas avec moi. » me déclara-t-il, et j’eus du mal à soutenir son regard. Il me tendit sa main. Je l’observai sans réellement comprendre où il souhaitait en venir.   « Tu as promis de ne plus me quitter… Je sais que j’étais venu ici pour te dire adieu, mais je ne peux pas juste rebrousser chemin sachant que tu es là quelque part. Tu as besoin de moi. Je sais que tu ne supportes pas l’idée d’être dépendante de quelqu’un. Mais je ne suis pas quelqu’un. Je suis l’adolescent en sang que tu as soigné et recueilli tant de fois. Je suis la main que tu m’as tendue un jour. Et je t’aime. Avec toute la force et avec tous les sens cachés que ces mots peuvent bien porter. » Mon cœur sembla oublier de battre durant l’espace de quelques secondes. J’eus l’impression de retomber à l’instant précis où mon corps avait finalement décidé de cesser d’exister, sur la table d’opération, il y a un peu plus d’une année désormais. Puis les battements revinrent. Plus forts. Plus rapides. Obscurcissant ma vue et brouillant mon ouïe. Ils revinrent de la même miraculeuse manière. Mes joues rosirent sans que je ne parvienne à les contrôler. Alors, doucement, je saisis ses doigts avec ma main, et je les serrai fort, si fort. « Comment tu m’aimes, Julian ? » lui demandai-je, presque tremblante, mon regard plongé dans le sien. « Oui, j’ai besoin de toi. J’ai toujours eu besoin de toi. Mais je ne choisirais plus pour toi. Je l’ai déjà fait et ça n’a pas fonctionné. Je l’ai déjà fait et ça nous a presque détruits. Alors, d’accord. Je te laisse juger si tu m’aimes suffisamment fort pour parvenir à t’adapter à mon handicap. » D’accord, tu peux m’aider. D’accord, tu peux venir tenter de secourir l’épave que je suis devenue. Je déglutis avec difficultés. Il ne pouvait pas l’entendre, non. Il ne pouvait pas entendre mon cœur qui battait bien trop vite, bien trop fort. Il ne pouvait pas entendre ce cœur qui ne désirait que lui, lui cette personne qu’il ne pourrait jamais avoir. Il ne battait que pour lui. Il ne battait que pour lui et il ne s’en rendait même pas compte.
On ne pouvait pas se battre contre son propre destin, après tout.
Julian se releva, poussant un petit gémissement à cause de sa blessure au genou, avant de finalement se rasseoir sur le banc où il s’était trouvé. Je continuai de l’observer. Je choisissais chacune de mes paroles de peur de le blesser. Je choisissais chacune de mes paroles de peur de le faire fuir. « Tu pourrais rester avec moi cette nuit. » Je revins sur Terre. Et je fronçai les sourcils. Mon regard retrouva le sien et je tentai de comprendre ce qu’il souhaitait dire ; mon regard retrouva le sien tandis que mon cœur s’affolait tout seul dans ma poitrine. J’avais peur de comprendre. Peur de comprendre ce qu’il désirait. Peur de me faire des idées, également. Beaucoup trop d’idées. « Rester comme lorsque tu venais te réfugier chez moi ? » demandai-je. La porte de chez moi lui avait toujours été grande ouverte. Ma mère n’avait jamais posé de questions. J’avais passé des nuits entières à tenter de le calmer. Des nuits à lui parler. Des nuits à m’assurer qu’il allait bien, simplement parce que je m’en faisais pour lui. Simplement parce que je l’aimais. « Ca dépend. Il y a un ascenseur chez toi ? » J’esquissai un sourire en coin, même si au fond, j’avais l’impression d’être vide. Je ne voulais pas me faire d’idées. Je ne voulais pas mal interpréter ses paroles. Pire encore, j’espérais qu’il ne disait pas cela pour satisfaire un plaisir malsain derrière tout cela. J’espérais qu’il ne cherchait pas à me faire du mal. Après tout, il ne devait pas croire mes promesses. De mon côté, je peinais à savoir qui je devais croire entre l’enfant abandonné et l’homme corrompu. « Je pourrais, oui. Mais je ne suis pas sûre que ça soit une excellente idée, tu sais. Je prends de la place, après tout. » Je lui adressai un sourire, prétendant que cela ne me touchait pas. Prétendant que je prenais la situation avec enjouement plutôt qu’avec questionnement. J’avais peur de comprendre. Peur de comprendre qu’il veuille sans doute que me blesser encore plus. Peur de comprendre qu’il ne cherchait pas la même chose que moi. Peur de comprendre qu’il ne ressente pas les mêmes émotions qui m’habitaient les entrailles.
Ces émotions qui me rongeaient. Qui me rongeaient tout doucement.
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() message posté Mar 15 Juil 2014 - 5:04 par Invité


I just can't get the emotions to come out

#I’m gonna give you my heart. Go on and tear me apart. I don’t care if you do. #

Plus je la fixais, plus la vérité sur ce qu’elle représentait à mes yeux me percutait : Ginny était un ange déchu sur terre, et j’étais l’homme privé de paradis. Je me laissais aller pendant un court instant. Mes rêves disparaissaient sous mes paupières, emportés par un vent revanchard. Tout n’était que chimère, oscillant dans les ténèbres. Tout n’était qu’illusions, crée par mon esprit. Je n’étais rien d’autre qu’un grain de poussière, un point noir qui se détachait d’un autre point encore plus noir.  Mon visage était assaillit par des émotions que je ne pouvais plus contenir. Un profond soupir, souleva ma poitrine avant de s’échapper d’entre mes lèvres. Je n’avais jamais réalisé la fascination, et la perversion que je nourrissais pour cet idéal de nature si belle et si simple. Au-delà de l’amour que je lui portais, ailleurs que les baisers que je lui avais volé, mon âme immortelle succombait devant elle.   Dans la nuit noire, son visage berçait mes songes d’enfant. L’immense maison abandonnée semblait moins effrayante lorsqu’elle était illuminée par ses sourires et les éclats de sa peau translucide. Sa bouche rosie et suave récitait les incantations magiques qui m’avaient sauvé la vie. Je m’étais promis de lui donner tout mon amour. J’avais bravé les dangers et les océans, nageant à travers l’inconnu pour la retrouver, mais Ginny n’était jamais été là ou mon cœur me menait. Nous étions destinés à sombrer dans deux profondeurs différentes, à deux endroits que tout opposait. Mes pensées martelaient ma poitrine, sommant ma raison d’arrêter ce supplice. J’étais l’enfant rejeté, l’enfant battu et le cœur volé. Quand je me regardais dans le miroir, mon reflet exprimait toutes les douleurs que je m’étais interdites. J’avais troqué mes valeurs contre une beauté implacable. Le temps c’était arrêté sur mon visage inanimé. J’étais resté là, bloqué sur la ligne de départ, à l’endroit précis où elle m’avait égaré. J’étais l’étudiant accoudé au mur, fixant la bague qu’il n’avait jamais su donner. Ma chambre d’internat semblait étrangement immense, si froide et si sombre. Elle arborait l’allure de mes cauchemars. J’avais beau allumer les lumières, les feux d’artifices, rien n’était comparable au visage étincelant de Ginny. Je baissai la tête. Ma mémoire ne valait plus rien à présent. Mes mains crispées sur son fauteuil refusaient de la laisser à nouveau. Nous étions assis sur un banc de Hyde Park, j’avais rêvé de cette rencontre depuis trop longtemps.

« J’ai repris. Tu te souviens, avec Scarlet on jouait toutes les deux en étant plus jeunes… Maintenant, je joue en club. Tennis fauteuil, ils appellent ça. »

Elle parlait avec aisance, comme si j’étais à nouveau Julian le meilleur ami et non l’escroc qui s’était fait bouffé par ses ambitions de grandeur. Je souris, contractant chaque muscle de mes joues. Pour la première fois, depuis une éternité, je me redécouvrais humain. Je la contemplais pendant un long moment, les yeux imbibés d’émotions.  Ma bouche se courba tandis que je lui soufflais un simple « Oui je me souviens ». Elle pressa ses doigts contre les miens, et mon absence se prolongea. « Comment tu m’aimes, Julian ? ». Mon estomac se serra. Son étreinte de plus en plus forte, trahissait sa détresse, et me libérait de mon imaginaire. Non. Ne me réveille pas, je ne veux pas, je ne peux pas me réveiller … Mon esprit somnolant flottait dans le vide qui m’entourait. J’étais occupé dans la béatitude de mon inconscient jusqu’à ce qu’elle rampe sur moi, s’immisçant en moi comme un venin mortel. Comment étais-je supposé répondre à une telle question ? Je retins mon souffle.« Je t’aime beaucoup comme un meilleur ami » M’avait-elle répondu un jour. Ma bouche ruminait ses paroles depuis une décennie. Je papillonnai des yeux en me détachant de sa prise.

« Je t’aime. » Murmurai-je. « Je t’aime quand je suis assis en face de toi. Je t’aime quand je suis embrouillé et que c’est le désordre dans ma tête. Je t’aime quand je fume ma première cigarette le matin, et quand ils passent tes séries préférées à la télé.  Je t’aime surtout le soir quand je n’arrive pas à dormir, et que je me souviens de ton corps blottit contre moi, ou de l’éponge humide que tu passais sur mes plaies ouvertes. Quand je me réveille du pied gauche, ou que je me coupe en me rasant, et quand les insultes fusent dans ma tête. Je t’aime comme ça. »

Je ramenai mes mains sur mes cuisses. Ma main moite chercha le contact de mon paquet de cigarettes à travers le tissu de mon jeans. Je sortis mon briquet, d’un geste las. Tant de déclarations, me fatiguaient.

«  Oui, j’ai besoin de toi. J’ai toujours eu besoin de toi. Mais je ne choisirais plus pour toi. Je l’ai déjà fait et ça n’a pas fonctionné. Je l’ai déjà fait et ça nous a presque détruits. Alors, d’accord. Je te laisse juger si tu m’aimes suffisamment fort pour parvenir à t’adapter à mon handicap. »

J’haussai les épaules avec désinvolture.

« Tu auras plus de mal à t’adapter à mes handicaps. » Souris-je, en allumant  ma première cigarette. J’inhalais la nicotine et ses différents arômes avec délectation. Ce n’était pas sain, mais ce geste quotidien m’apaisait pendant mes instants de doutes. Ce n’était pas scientifiquement prouvé, mais ma conviction suffisait à leurrer mon esprit dépendant. Je tirais sur mes poumons, et je pouvais sentir les douces caresses de ma mère sur mon visage. Je pouvais entendre la fausseté d’une cornemuse que mon père adorait dans une époque lointaine ou j’avais encore une famille. Je soupirai en écrasant ma cigarette à peine entamée. C’était trop mal pour si peu de bien. Trop de souvenirs oubliés que je refusais de matérialiser. Je me raclai la gorge en passant la main dans ma chevelure rebelle.

Ginny se perdait dans ses divagations. Je ris de gaité de cœur. Elle était adorable, mais aussi idiote. Je comprenais son appréhension. Ce sentiment qui amplifiait chaque battement, chaque souffle. Je souris, l’air le plus dégagé possible.

« Rester comme lorsque tu venais te réfugier chez moi ? Ca dépend. Il y a un ascenseur chez toi ? Je pourrais, oui. Mais je ne suis pas sûre que ça soit une excellente idée, tu sais. Je prends de la place, après tout. »

« Ce ne serait pas vraiment comme quand je me réfugiais chez toi. Certes il y'a quelques plaies récentes sur mon torse que tu pourrais soigner mais à part ça … Je suis grand maintenant ». Récitai-je d’un ton solennel. La confusion brouillait ma perception des choses, mais j’usais de mes dons de rédacteur arrogant pour rester insondable. Je souris. « Passons la nuit ici. » lançai-je d’un air sérieux. «  A la belle étoile. Comme lorsque je fuguais et que tu me ramenais des provisions en douce. » Je souris. « Reste avec moi, ou tu voudras. Ici ou ailleurs. »

Ce  n’était pas qu’une invitation anodine. C’était l’appel d’un cœur brisé, auquel je ne pouvais rien. Je n’avais pas su stopper mon corps de trahir mon secret. Je ne voulais pas.
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() message posté Mer 16 Juil 2014 - 1:04 par Invité
“let's count your scars.”  “why?”  “because then I can see how many times you needed me and how many times i wasn't there.” ✻✻✻ J’aurais aimé que tout revienne à la normal. Que nous finissions par retrouver notre équilibre instable. Que nous continuions notre chemin là où nous l’avions laissé. Cependant, je n’y croyais qu’à moitié. Mes paroles fusaient et mes pensées dérivaient. J’aurais aimé tellement de choses, après tout. J’aurais aimé refaire le passé. J’aurais aimé marcher. J’aurais aimé lui avouer plus tôt les sentiments que j’avais bien pu nourrir à son égard. J’aurais aimé ne jamais avoir eu à le quitter. J’aurais aimé lui faire comprendre que je l’aimais, que je l’aimais de tout mon cœur, peu importe les situations, peu importe le fil de notre histoire. J’aurais aimé que son père ne le batte pas. J’aurais aimé que sa mère ne meure pas. J’aurais aimé lui dire que je voulais aller au bal de promo, finalement, la dernière occasion que j’aurais eu de danser. J’aurais aimé que notre monde continue de n’être habité que par nous deux. Mais toutes ces choses que j’avais bien pu espérer ou auxquelles je continuais de croire n’étaient que des mensonges, des chimères, des écrans de fumée que je ne pouvais pas attraper entre mes doigts.
Malgré tout ce que je pouvais bien penser, la personne assise en face de moi n’était pas celle que je connaissais. Il était comme un inconnu ; un homme que je n’avais fait que croiser, un homme qui n’avait fait que de me blesser. Je revoyais, au fond de son regard, l’éclat de cet adolescent que j’avais l’impression d’avoir connu toute ma vie, mais il ne faisait qu’aller et venir, il ne faisait que m’abandonner et me retrouver, effacé par des réactions impulsives et libéré par des moments de faiblesse. Certains de ses sourires me ramenaient dans mes plus profonds souvenirs ; ses soupirs me rappelaient la triste réalité. Nous ne nous connaissions plus. Nous n’étions que des âmes perdues, des âmes errantes qui s’étaient connues lorsque leur monde ne s’était pas encore complétement effondré. Nous n’étions que des âmes perdues, des âmes déchirées et qui continuaient de se détruire sans même y réfléchir, sans même prendre la peine d’y resonger. J’avais mal, mal au cœur, mal au corps, et pourtant je m’accrochai aux signaux d’espoir qu’il me renvoyait de temps à autre. Je m’accrochai à mon Julian, mon Lip, mon meilleur ami, cette seule personne que j’avais su aimer aussi fort. Il ne devait pas se rendre compte de tout cela. Il ne devait pas se rendre compte que certaines de ses paroles me ramenaient sur Terre et me poussaient à me demander ce qu’il souhaitait réellement me sous-entendre. J’étais perdue. Perdue entre les deux personnes qu’il pouvait être. « Je t’aime. » me répondit-il, mettant un terme aux pensées qui s’entrechoquaient dans mon esprit. «  Je t’aime quand je suis assis en face de toi. Je t’aime quand je suis embrouillé et que c’est le désordre dans ma tête. Je t’aime quand je fume ma première cigarette le matin, et quand ils passent tes séries préférées à la télé.  Je t’aime surtout le soir quand je n’arrive pas à dormir, et que je me souviens de ton corps blotti contre moi, ou de l’éponge humide que tu passais sur mes plaies ouvertes. Quand je me réveille du pied gauche, ou que je me coupe en me rasant, et quand les insultes fusent dans ma tête. Je t’aime comme ça. » Il s’arrêta avant de tâter nerveusement ses poches de pantalon. Je l’observai, perdue dans une seconde de ma vie qui semblait durer des décennies, tentant d’accepter l’idée de ce qu’il pouvait bien venir de m’avouer. Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il me fasse ce genre de déclaration ; j’avais songé à ce qu’il me dise que j’étais idiote de poser ce genre de questions, qu’il n’avait absolument aucun compte à me rendre et que je n’avais aucun droit de savoir. Il m’avait prise de court. Il m’avait surprise. Et, tout le peu d’assurance que j’avais bien pu conserver semblait s’être envolé au fur et à mesure qu’il m’avait répété le mot je t’aime. Je demeurai silencieuse. Je demeurai simplement silencieuse parce que j’avais peur de trop en dire ; j’avais peur de ressembler à ces filles idiotes et romantiques capables de dire les choses les plus mielleuses qui soient. Je déglutis avec difficulté, luttant pour que mes joues demeurent pâles. « Tu auras plus de mal à t’adapter à mes handicaps. » me répondit-il lorsque je lui lançai qu’il devrait se faire à mon handicap. Je levai doucement un sourcil, tandis qu’il sortait une cigarette pour l’allumer entre ses lèvres. « Tes handicaps ? » lui demandai-je avec douceur. J’avais du mal à imaginer. Du mal à interpréter. Je pris une profonde inspiration en jouant avec mes propres genoux, traçant de larges cercles avec le bout de mes doigts. « Raconte-moi. Je te raconterai les miens. » J’étais curieuse. J’avais peur. Je n’étais qu’un océan d’émotions qui ne savait plus quoi ressentir. Je me doutais qu’il était comme moi, quelque part ; au-delà de mes jambes, certains aspects de mon existence n’étaient plus pareils. J’étais habitée par des terreurs nocturnes une fois la nuit venue ; j’étais sujette à des crises d’angoisse fréquentes, durant lesquelles mes cris étaient incontrôlables. Je vivais dans la peur. Je vivais dans la solitude, également.
Je vivais dans la solitude et je n’osais pas me dire que cela serait enfin terminé. Je pensais toujours qu’il finirait par me fuir. Qu’il finirait par s’en aller. Et ce malgré tout l’amour qu’il pouvait prétendre me porter. Après tout, j’avais toujours peur de la pitié. De cette pitié qui finissait par me ronger.
Ses paroles me perdaient. Ce qu’il était également. Je ne savais pas qui était en face de moi, ni même à qui je pouvais bien m’adresser. Il était imprévisible. Il était comme un océan ; un océan d’émotion, un océan de haine, un océan d’amour, un océan en tempête ou un océan calme. Chaque vague était différente ; à mesure que notre conversation s’étalait, il me surprenait, et je me retrouvais mal à l’aise, confuse, incapable de déterminer si j’interprétais correctement certaines de ses paroles ou si je venais à doucement me perdre dans mes propres songes. « Ce ne serait pas vraiment comme quand je me réfugiais chez toi. Certes il y'a quelques plaies récentes sur mon torse que tu pourrais soigner mais à part ça… Je suis grand maintenant » me dit-il. Je fus incapable d’interpréter son regard. Alors, simplement, mes yeux vinrent se poser sur le mégot de sa cigarette qu’il avait à peine fumé ; je me mordillai distraitement l’intérieur de la joue, tandis qu’une nouvelle foule de souvenirs me submergeait sans que je ne puisse la contrôler. « Passons la nuit ici. A la belle étoile. Comme lorsque je fuguais et que tu me ramenais des provisions en douce. Reste avec moi, où tu voudras. Ici ou ailleurs. » Je me mis à rire en songeant de nouveau à ce que j’avais bien pu faire pour ses yeux verts et son sourire d’ange. Je secouai la tête en observant le ciel qui s’assombrissait doucement. « L’Hyde Park ferme bientôt. On va se faire jeter dehors. » l’informai-je doucement. Je connaissais les horaires par cœur. Je connaissais chaque entrée. Pire encore ; cela m’amusait, il y a quelques années, de descendre à la station Lancatser du métro pour m’y rendre. Avant, cela ne m’aurait pas dérangé de défier les gardes et de tenter de rester à l’intérieur durant la nuit. Désormais, cela relevait de l’impossible. J’étais dépendante, après tout. Dépendante d’une vie qui se voulait de bon sens et réaliste. « Mais je reste avec toi ce soir. Amène-moi où tu as l’habitude d’aller. Dans un bar, en boîte, sous un pont, chez toi, en Ecosse, peu importe. » J’haussai les épaules. « Ça fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de faire quelque chose de complètement idiot. » Cela faisait depuis mon accident. Depuis ce jour où je m’étais condamnée toute seule. Un léger sourire était sur mes lèvres ; je retrouvais peu à peu confiance tout en demeurant sur mes gardes. Il continuait de me perdre, après tout. Il continuait de mélanger mes sentiments. Je pris une profonde inspiration en l’observant, passant mes mains sous mes jambes immobiles. « Je t’aime de la même manière que tu peux bien m’aimer, tu sais. » finis-je par lui ajouter. Je n’avais plus de dignité, après tout. Je n’avais plus de fierté. Il m’avait tout pris et je lui avais tout donné sans même l’ombre d’une seule et simple hésitation.
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() message posté Jeu 17 Juil 2014 - 4:50 par Invité


I just can't get the emotions to come out

#I'll be your ghost, your game, your stadium. I'll be your fin, deep down entrapped like one. #

Il s’était passé un temps fou sans que je n’aie vu son sourire étincelant, ou les fines courbes de son visage se froncer à chacune de mes remarques déplacées.  Il s’était passé un long moment depuis la dernière fois que j’avais rencontré ses yeux émeraude. Notre rencontre fortuite  au Starbucks ne comptait pas. Ce n’était qu’une pale imitation de ce nous étions réellement. Je crispai la main sur le rebord de mon banc. J’avais retourné la situation dans tous les sens, je m’étais accroupi priant comme un écervelé, mon cœur battait la chamade mais ça ne fonctionnait pas. Je ne pouvais plus rien ressentir. J’étais en cavale, fuyant un karma qui me collait au train. Mon âme esseulée se noyait dans les profondeurs des océans, poussée à l’extrême par une envie d’évasion que je ne pouvais contrôler.  Je venais de jeter mon cœur dans les airs. Ses parois fragiles s’étaient étirées sous la pression du vide avant de craquer en mille morceaux. Tout n’était que poussière. Tout n’était que cendres. Et j’étais là, seul responsable de cette tragédie. Mon esprit s’élevait bien au-dessus de ma conscience, défiant toutes les lois de la pesanteur et plus encore. Ma raison vacillait au gré des pales reflets de la lune, mais à aucun moment je ne pouvais me libérer de Ginny et de ce qu’elle représentait à mes yeux. Il y a une morale derrière chaque douleur. Une leçon de vie à apprendre. Mais ce n’était pas mon cas. Ma douleur refusait de se détacher, elle était là, à chaque instant, à chaque moment, me remettant à ma place. Ma douleur ne se détachait pas, elle était perdue à jamais. Je retins ma respiration en posant mes yeux sur Eugenia. Mon corps sonnait creux sans elle. J’avais bafoué tout cet amour et cette compassion pour mieux grandir, mais à l’intérieur je n’étais qu’une âme d’enfant déchirée par la perte de ce qui lui était le plus cher. Mes lacunes n’étaient pas physiques. Elles dépassaient l’entendement et les sciences occultes. Je souris en me penchant doucement vers elle.

« Tes handicaps ? Raconte-moi. Je te raconterai les miens. »

« Tu veux que je me confie ? Là ? Maintenant ? » Raillai-je, en me dérobant. « Tu pourrais tout deviner de moi si tu y mettais un peu de cœur. » J’haussais les épaules en regardant au loin. Mon petit sourire au coin cassait la promiscuité de mon air dégagé. Mon arrogance filtrait à travers chacune de mes paroles, dressant une distance de sécurité entre moi et celle qui avait un jour été ma meilleure amie. Je la regardais d’en bas. Son visage serein était maculé d’une mélancolie qui se brisait à la surface du mur qui séparait nos deux mondes. Moi, ici-bas,  assis sur le trône des enfers, et elle vivant parmi les Hommes. « Je n’ai rien à raconter que tu ne sais déjà. » Finis-je par souffler avec douceur.

Je pouvais entendre les vestiges de mon cœur fustiger dans l’obscurité de la nuit. Ses sons grouillaient sur ma peau à une vitesse vertigineuse, imprimant chaque oscillation de mon esprit. J’étais un matériel inflammable qui s’embrasait de l’intérieur. Je fermais les yeux. Les ténèbres avaient gagné ma raison, à force j’étais devenu ténèbres à mon tour. Eugenia était le feu ardent et j’étais la gazoline qui se déversait partout autour de cet endroit féerique. Je pouvais sentir les vestiges de son cœur battre dans un coin de l’obscurité. Elle était rongée par le mal aussi. Alors je restais dans le monde des ombres à ses côtés. Après tout nous étions les amants maudits, destinés à nous briser.

Je rêvais souvent de la forme qu’aurait pu prendre nos existences si les choses avaient été différentes. Les mirages d’un bonheur inachevé brouillaient ma vision. Alors je me persuadais qu’on ne recevait pas qu’une seule vie. Que chaque monde nous rapprochait un peu plus de l’autel fleuri. Je me consolais en pensant que nous en étions à la toute première partie, et que le reste était bien meilleur.

« L’Hyde Park ferme bientôt. On va se faire jeter dehors. »

Sa voix mélodieuse raisonnait dans mes oreilles comme  un appel à l’aide. Je déglutis en papillonnant des yeux.

« Pas si je loue l’endroit pour la nuit. » Riais-je avant de me reprendre. « Je déconne, je ne ferais pas quelque chose d’aussi stupide ! » Cette remarque était trop romantique pour que je puisse complètement l’assumer. Je souris amusé par ma propre bêtise, je venais de lui déclarer ma flamme et pourtant je n’osais toujours pas aller au cœur des choses. Foutaises !

« Mais je reste avec toi ce soir. Amène-moi où tu as l’habitude d’aller. Dans un bar, en boîte, sous un pont, chez toi, en Ecosse, peu importe.  Ça fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de faire quelque chose de complètement idiot. »

Je souris à sa remarque.

« Es-tu entrain d’insinuer que je t’entraine dans la débauche ? » Je fis la moue avant de me redresser sur mon siège. « J’ai fumé ma première cigarette parce que tu avais dit une fois que ça donnait un air mystérieux.» Je marquai un silence, captivé par son aura majestueuse. « Tu m’as influencé par des façons que tu ne soupçonnes même pas. »

Ma main tendue se posa sur la sienne avec douceur. Je pouvais clairement voir, qu’au-delà des apparences et de nos moments de complicité retrouvés, elle ne me faisait toujours pas confiance. De la même manière que je ne pouvais pleinement l’aimer. Nous avancions doucement vers notre perte. Une descente aux enfers qui me semblait presque charmante. J’étais perdu entre les bruits que j’entendais et la mélodie que je préférais le plus au monde.

« Tu as peut-être raison, je traine souvent dans les bars ou avec des filles peu fréquentables. Mais depuis que je sais  … » Je lâchai prise, reposant mes mains sur les rebords de mon banc. « Je me réfugie dans mon bureau. C’est mon endroit préféré en ville. J’ai l’impression de surplomber Londres. J’avoue que n’est pas aussi excitant que nos aventures d’ados, mais je te ferais rentrer en douce si ça peut t'amuser.»

Je n’étais pas sûr que c’était une idée brillante de lui faire découvrir mon nouveau monde. Son amour était un poison pour moi. Un jeu stupide que j’étais condamné à perdre à chaque fois.

« Tu sais moi-même je ne suis pas sûr de mes intentions. » Lançai-je tout à coup. « Je ne veux vraiment pas te blesser, mais … J’ai toujours l’impression que nous sommes un champ de bataille. Je  voudrais rendre les armes et arrêter de me battre contre toi. Je voudrais ne pas t’aimer pour une fois. »

Je passai ma main dans ma chevelure dorée.

« Je gère ma carrière en mettant de côté les autres. En oubliant qui je suis réellement. » Avouai-je d’une traite.« Et ce n'est pas toujours la solution la plus facile. »

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() message posté Jeu 17 Juil 2014 - 22:36 par Invité
“let's count your scars.”  “why?”  “because then I can see how many times you needed me and how many times i wasn't there.” ✻✻✻ Les apparences étaient bien souvent trompeuses. Nous prétendions encore nous connaître en étant de parfaits inconnus ; nos gestes étaient similaires à ceux que nous avions bien pu avoir l’un envers l’autre auparavant mais ils n’étaient plus motivés par les mêmes désirs. Par les mêmes motivations. Par les mêmes personnes. Inlassablement, je mordillais l’intérieur de ma joue jusqu’à ce que cela finisse par me faire mal ; cela avait le don de me maintenir sur Terre et d’observer la situation sans mes illusions. Sans mes putains d’espoir. Je ne parvenais pas à être complètement sereine, à être complètement assurée. Des centaines et des milliers d’émotions différentes m’assaillaient. Des centaines et des milliers d’émotions me tourmentaient. J’aurais aimé pleurer et rire en même temps. J’aurais aimé le serrer de nouveau dans mes bras et lui demander de partir. J’avais souvent entendu dire que le passé n’était qu’une chose qui nous retenait de penser au futur ; en cet instant précis, mes souvenirs m’empêchaient d’envisager les différentes options qui s’offraient à nous. Il me promettait de rester à mes côtés sans savoir si nous étions encore faits pour nous entendre. Il me promettait de me soutenir sans savoir si j’étais encore la même, si j’en valais encore la peine. Il me promettait un futur sans savoir si notre passé avait encore une réelle importance. Nous nous étions rencontrés. Nous nous étions aimés. Puis la réalité nous avait rattrapés.
Cette fatalité tournait, encore et encore, dans mes pensées, assombrissant mon esprit et obscurcissant mon cœur. J’étais amoureuse de lui, oui. Je l’avais toujours été. Cependant, je ne réussissais plus à savoir si j’aimais le souvenir que j’avais de lui ou bien si je l’aimais lui, sans aucune condition. Cependant, je ne réussissais plus à savoir si cet amour était réel ou s’il n’était que l’illusion de la personne que j’avais bien pu être. Je ne faisais pas plus confiance en mes sentiments que je pouvais avoir confiance en lui. J’étais tourmentée, oui. Mais j’étais suffisamment forte pour garder la tête haute. Suffisamment forte pour l’observer avec un regard calme et presque paisible, tandis qu’il poursuivait ses promesses. J’avais envie d’y croire, plus que personne, sans aucun doute. J’avais envie d’y croire et de croire en nous. Nous, les meilleurs amis. Nous, les personnes qui s’étaient aimés et qui avaient été bien trop pudiques pour s’en rendre compte. Après tout, nous nous étions rencontrés. Nous nous étions aimés. Puis la réalité nous avait rattrapés et nous n’avions fait que retourner au début de notre relation. A cet instant précis où nous nous étions rencontrés, nous, les deux âmes vagabondes. « Tu veux que je me confie ? Là ? Maintenant ? Tu pourrais tout deviner de moi si tu y mettais un peu de cœur. Je n’ai rien à raconter que tu ne sais déjà. » Je l’observai presque avec insistance, comme pour deviner ce qu’il voulait bien me sous-entendre. Il affirmait cela comme s’il pensait que je le connaissais encore ; j’avais le sentiment, au fond de mon cœur, qu’il se trompait. Il s’était passé une année, après tout. Il pouvait s’être passé un nombre incalculable d’évènements dont je n’avais pas encore la connaissance. Je ne connaissais pas ses handicaps. Pas tous, du moins. Mon regard plongé dans le sien, je continuai de l’observer avant de finalement rendre les armes, abandonnant la bataille que je pouvais bien avoir avec mes propres sentiments. Avec la personne que j’avais bien pu être il y a un peu plus d’une année.
Je le connaissais, je ne le connaissais plus. Il était enveloppé dans une aura de mystères que je ne parvenais plus à comprendre.
Je me demandais s’il ressentait les mêmes choses que moi. S’il avait cette même impression de ne plus me connaître. Doucement, je finis par reprendre la parole pour lui annoncer qu’une nuit à la belle étoile ne serait pas possible ; il se mit à rire, et j’esquissai un sourire au bout de mes lèvres en l’observant. « Pas si je loue l’endroit pour la nuit. Je déconne, je ne ferais pas quelque chose d’aussi stupide ! » Mon sourire ne fit que s’agrandir, et je secouai la tête en levant les yeux au ciel. J’eus presque l’impression que mon cœur avait loupé un battement ; cependant, je ne m’y attardai pas, pensant à autre chose, refoulant au plus profond de mon être les semblants de propositions que ses paroles pouvaient bien prendre. Je me fichais de rester ou non dans le parc ; je me fichais de la belle étoile ou non. Je m’accrochai simplement à la promesse de rester ensemble durant une nuit. J’avais l’impression que nous avions le droit à un instant hors du temps. A un moment où nous pourrions être sains et saufs. « Es-tu en train d’insinuer que je t’entraine dans la débauche ? » me demanda-t-il lorsque j’évoquai d’autres possibilités. Je me mis à rire, d’un rire clair et cristallin, tout en hochant la tête. « J’ai fumé ma première cigarette parce que tu avais dit une fois que ça donnait un air mystérieux. Tu m’as influencé par des façons que tu ne soupçonnes même pas. » J’esquissai un sourire, une foule de souvenirs remontant doucement à la surface. Je me souvins de toutes ces choses que j’avais bien pu lui demander. Je me souvins de tout ce que je l’avais incité à faire. Je rougis légèrement, honteuse ; je n’avais jamais réellement eu de limites, après tout. J’avais eu besoin d’un accident pour en connaître. « Oh, si, je pense que je dois avoir une assez bonne idée de mon influence sur toi. » lançai-je avant de m’éclaircir la gorge. « Combien de fois je t’ai fait pénétrer en douce dans un commissariat avec moi pour que je puisse mettre mon nez dans des choses qui ne me regardaient même pas ? Sans doute trop… Ca figure sur la liste de mes regrets, d’ailleurs. Et dans le tas il y a sans doute les cigarettes et mes sentiments inavoués. » J’haussai la tête avec un petit sourire innocent. Je l’avais tiré vers le bas. Je m’en rendais compte, d’une certaine manière ; je m’en voulais, également. Sa main vint trouver la mienne en douceur, et je me focalisai sur le rythme de mon cœur. Je devais me calmer. Il devait se calmer. Ses pulsations étaient si fortes qu’elles m’étourdissaient. « Tu as peut-être raison, je traine souvent dans les bars ou avec des filles peu fréquentables. Mais depuis que je sais… Je me réfugie dans mon bureau. C’est mon endroit préféré en ville. J’ai l’impression de surplomber Londres. J’avoue que n’est pas aussi excitant que nos aventures d’ados, mais je te ferais rentrer en douce si ça peut t'amuser. » Je mis quelques secondes avant de finalement sourire. Je ne m’étais pas attendu à ce qu’il me dise cela, je ne m’étais pas attendue à ce qu’il m’avoue que notre dernière rencontre avait suscité chez lui des changements d’habitude. Je ne savais pas si cela était une bonne ou une mauvaise chose .Je ne savais pas si je devais prendre cela du bon ou du mauvais côté. Une nouvelle fois, je me perdais. Je me perdais dans notre entre-deux.
Notre situation était instable. Notre situation était délicate. Après tout, nous étions perdus hors du temps ; quelque part entre le passé et le futur, loin du présent et loin de nos sentiments et de ce que nous étions. « Tu sais moi-même je ne suis pas sûr de mes intentions. » finit-il par me déclarer, répondant à mes interrogations sur ses motivations. « Je ne veux vraiment pas te blesser, mais… J’ai toujours l’impression que nous sommes un champ de bataille. Je voudrais rendre les armes et arrêter de me battre contre toi. Je voudrais ne pas t’aimer pour une fois. » J’eus l’impression que ses paroles me brisèrent. Je l’observais sans cligner des yeux, luttant contre les larmes qui menaçaient de remonter doucement. Je voulais être forte. Je voulais être fière. Je voulais lui montrer que j’étais capable de tout encaisser, de tout supporter. Je voulais lui montrer que j’étais une survivante. Pas une victime. « Je gère ma carrière en mettant de côté les autres. En oubliant qui je suis réellement. Et ce n'est pas toujours la solution la plus facile. » Il passa une main dans ses cheveux et je déglutis. Sa main toujours dans la mienne, je passai mon pouce sur le dos de sa main, effleurant sa peau sèche avec douceur. « Mais c’est la solution qui marche. Je comprends. » répondis-je dans un murmure. Il avait réagi de la même manière que moi, au final. Il s’était isolé dans un autre monde, loin de celui des autres. Je pris une profonde inspiration, détournant le regard pour ranger mes idées. « Ce n’est pas grave. Je pense que seul le temps nous dira quant à tes intentions, nos sentiments, notre relation. » poursuivis-je. « Je sais que tu ne veux pas me blesser, mais j’ai peur que tu le fasses quand même. Mais ce n’est pas grave. Je suppose que je l’aurais mérité. Ou que tu ne l’auras pas fait volontairement. Peu importe. Là, maintenant, je veux simplement passer du temps avec toi, sans prétendre qu’on est encore ces mêmes adolescents, sans prétendre qu’on est encore meilleurs amis. Je veux simplement passer du temps avec toi, Julian du présent. » Je lui adressai un petit sourire avant d’exercer une légère pression sur ses doigts et relâcher ma prise. Alors, je reculai simplement d’un mètre mon fauteuil, et je le défiai du regard. « Je veux voir votre bureau, monsieur Fitzgerald. Et tout de suite. On ne fait pas attendre une fille. » Je me mis à rire doucement, avançant de quelques mètres vers la sortie du parc, jetant un regard derrière moi pour m’assurer qu’il me suivait bien. Pour m’assurer que mon passé était toujours là.

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() message posté Dim 20 Juil 2014 - 3:05 par Invité


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Je n’essayais même pas de justifier la dualité de mes actions. Je savais exactement ce qui se passait à l’intérieur de moi ; c’était les feux d’artifices qui avaient fini par tout brûler, les torrents de lave qui avait fini par tout emporter. Mon cœur renaissait de ses cendres, frémissant à chaque battement, reprenant une cadence qui se voulait correcte mais je savais qu’il était trop tard pour moi. Le phénix vivait éternellement, mais il perdait un peu de sa majesté après chaque mort comme j’avais perdu tous mes espoirs. Ma main continuait à se presser contre celle d’Eugenia comme pour me rappeler à l’ordre. Elle était mon ancre dans un océan tumultueux, et la seule personne que j’aie réellement aimé. Mes yeux meutris se posèrent sur son visage d’ange. Elle riait à nouveau à mes remarques stupides, mais je savais que ce n'était plus la même personne. On ne pouvait pas survivre à une année d’absence, en se voilant la face ou en prétendant que tout allait pour le mieux. Je serrais son étreinte avant de ramener sa main sur ma joue. Je la frôlai du bout des lèvres.

« Tu peux penser ce que tu veux de nous. Tu peux avoir peur aussi. Mais tu m’as tellement manqué. » Marmonnai-je dans ma barbe. Je savais qu’elle ne pouvait m’écouter qu’à moitié, que les seuls bribes de mots qu’elle arriverait à déchiffrer ne suffiraient pas à lui faire comprendre alors je bisoutai sa main à la place.Je la regardais la boule au ventre. Ses éclats d’amour perdus étaient si petits. Ses poussières du passé m’entaillaient le creux des reins. Mon corps engourdis ne répondait plus que par caresses et délicatesse. Ma bouche se crispa et je me surpris à imaginer ce à quoi ressemblerait un baiser de Ginny. Je me surpris à visualiser des dunes de sables ou l’air était frais et l’eau abondante. Ma langue claqua contre mon palais, aspergeant mes muqueuses sèches de salive et de désillusion. Je m’accordais le bénéfice du doute. J’acceptais de me perdre dans mes tourments une dernière fois pour elle, un dernier soir, avec elle. Je me languissais d’un réveil à ses cotés ou mes yeux clos pourraient papillonner un million de fois avant de rencontrer la douceur de son sourire, ou ma bouche sèche pourrait voler un énième baiser furtif. Je déglutis en souriant. J’étais vil et perfide. Je la blesserais continuellement, tel était mon châtiment !

Elle s’éclaircit la gorge avant de presser son doigt contre le dos de ma main. Je lui accordai toute mon attention et plus encore.

« Oh, si, je pense que je dois avoir une assez bonne idée de mon influence sur toi. Combien de fois je t’ai fait pénétrer en douce dans un commissariat avec moi pour que je puisse mettre mon nez dans des choses qui ne me regardaient même pas ? Sans doute trop… Ca figure sur la liste de mes regrets, d’ailleurs. Et dans le tas il y a sans doute les cigarettes et mes sentiments inavoués. »

J’haussai les épaules avec désinvolture, comme si je ne partageais pas son avis, comme si je ne connaissais aucun regret. Une tentative débile et machiste de ma part de rester digne et hautain.

« Ce n’est plus important. J’adore fumer. J’ai toujours adoré avoir quelque chose en bouche … » Lançai-je avant d’être rattrapé par l’énormité de mes mots. Je plongeai mon regard dans le sien, perdu. Mon esprit était complètement à l’ouest. Lui faisais-je des avances ou n’étais-ce qu’un autre hasard ? Je plissai les yeux afin de me détacher de son emprise. Ginny avait l’air d’avoir plus de maitrise que moi. En tout cas son visage impassible réussissait à taire chacune de mes divagations. Je reportai mon attention sur notre conversation.

« Mais c’est la solution qui marche. Je comprends. Ce n’est pas grave. Je pense que seul le temps nous dira quant à tes intentions, nos sentiments, notre relation. Je sais que tu ne veux pas me blesser, mais j’ai peur que tu le fasses quand même. Mais ce n’est pas grave. Je suppose que je l’aurais mérité. Ou que tu ne l’auras pas fait volontairement. Peu importe. Là, maintenant, je veux simplement passer du temps avec toi, sans prétendre qu’on est encore ces mêmes adolescents, sans prétendre qu’on est encore meilleurs amis. Je veux simplement passer du temps avec toi, Julian du présent. »

Un rire m’échappa.

« Ce ne sont pas des choses qui se contrôlent en effet. Sauf que le temps n’y est pas pour grand-chose. Je sais qu’une année loin de toi n’a fait que me rendre malheureux. » Je marquai un silence avant de poursuivre : « Le Julian du présent … Je ne suis pas sûr de savoir qui il est réellement. Je le sens torturé la plupart du temps. »

Je soupirai.

« Tu n’as sûrement pas besoin de quelqu’un comme ça dans ta vie. »

Mes mots n’avaient aucun impact sur mon esprit. Tout sonnait faux, et incroyablement injuste. Il faisait froid. Mon sang gelé restait stoïque, incapable de nourrir mes émotions. Je souris d’un air terne. Ginny n’était pas ma perte. Je m’étais perdu tout seul parce que j’étais inconscient des dangers du monde extérieur, parce que j’étais resté confiné dans mes désillusions trop longtemps. Le silence était salvation. Mais le silence était solitude et je commençais à devenir fou sans elle.

« Je voulais réussir pour que tu puisses entendre parler de moi un jour, quand tu seras vielle et que tu auras tout oublié de moi. Ecrire, c’est ma marque dans le temps. »

Eugenia recula de quelques mètres avant de me sourire. Elle était enjouée et enthousiaste mais j’avais peur de ces leurres du passé. J’avais peur de retomber encore une fois.

« Je veux voir votre bureau, monsieur Fitzgerald. Et tout de suite. On ne fait pas attendre une fille. »

Je me levai comme un automate. Mes mains fendirent l’air avant de se poster de part et d’autre ses roues.

« Mais tu n’est pas une fille. » Raillai-je en me penchant. Mon souffle au dessus de son visage faisait frémir sa peau par endroit, et je tombai à genoux devant elle. « Puisque nous sommes ensemble cette nuit et qu’il n’y a plus aucune notion spatio-temporel je pense que je peux être complètement honnête le temps d’une soirée. Je crois que je peux réaliser l’un de mes plus anciens fantasmes. » Ma voix se brisa dans ma gorge. « C’était Luke ton premier baiser ? » M’enquis-je. « Il te tournait au tour parfois, et je ne l’aimais qu’à moitié pour ne pas dire pas du tout. »

Je fis la moue avant de la pousser vers moi. Je ne sentais plus mon cœur, ni le monde autour de moi. Tout n’était que vide et j’en avais assez de ce lien rompu. Je frôlai ses lèvres doucement une première fois, puis une seconde avant de harper sa bouche. Je fermai les yeux avant de me laisser glisser le long de son cou. Ma main tremblante empoigna sa taille et je serrais ma prise avec désespoir. Je la suppliais de ne plus oublier cet amour déchu. Je la suppliais de ne pas oublier cet homme perdu. Parce que c’était une belle histoire d’amour après tout. Je me détachai les joues cramoisies.

« J’ai toujours pensé que ce serais ici que je le ferais. Je pense que je nous devais bien ça après tout ce temps. Un premier baiser. »

Je caressai doucement le dessus de sa tête avant de me relever avec lenteur. Je ne pouvais plus m’empêcher de vivre après ce soir. Ce sort surpuissant qui nous avait détruits ne pouvait être rompu que par le fruit d’un véritable amour.

« Maintenant on peut aller à mon bureau, jeune fille. »


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() message posté Dim 20 Juil 2014 - 21:57 par Invité
“let's count your scars.”  “why?”  “because then I can see how many times you needed me and how many times i wasn't there.” ✻✻✻ Nous n’avions été que des enfants, des gamins qui s’étaient cru immortels et invincibles. Nous avions vécu dans notre monde. Nous avions vécu en dehors du temps. Les pensées se bousculaient dans mon esprit, et au fil des divagations de mon cœur, je venais à me demander si je regrettais chacun de mes gestes, chacun de ces instants qui avaient rendu notre amitié si unique. J’aurais aimé que les choses soient différentes ; cependant, je me surprenais à ne pas ressentir le moindre remord à propos de toutes ces choses que nous avions bien pu faire ensemble. J’aurais simplement aimé faire plus.  J’aurais simplement aimé profiter d’avantage. J’aurais simplement aimé aller plus loin. J’avais été paralysée par la peur, plus jeune ; j’avais tant craint de le perdre que j’avais préféré me taire et l’aimer en silence. Ce que je n’avais pas su était que, dans tous les cas, j’avais été supposée le perdre. Je ravalai ma salive en même temps que je ravalai mes souvenirs. Je ne pouvais plus me perdre de songer à un passé qui m’avait filé entre les doigts ; la seule chose réelle était ce présent qui me passait si singulier et si particulier. J’observai Julian dans les yeux. Ses doigts serrant les miens brûlaient mon épiderme ; j’avais l’impression qu’ils traçaient les chimères d’une existence plus heureuse que j’aurais pu avoir si j’avais fait les choses correctement. Ils me brûlaient mais je ne bougeais pas. Ils me brûlaient mais je restai là. Malgré tous mes efforts, mon esprit persistait dans ses divagations ; je me voyais lui avouer mes sentiments en étant plus jeune. Je me voyais enfin avoir la possibilité d’être sienne et lui d’être mien. Je me voyais dans ses bras. Je me voyais effleurer ses lèvres. Je me voyais rester avec lui le soir où ma sœur m’avait appelé pour que je vienne la chercher.
Je me voyais debout, sur mes jambes, à ses côtés, le jour de notre mariage. Je me voyais danser dans une robe blanche. Je me voyais faire le tour du monde, escalader des montagnes, sauter dans des piscines, faire de la bicyclette dans les rues d’Italie pour notre voyage de noces. Je me voyais faire toutes ces choses que je ne pourrais plus jamais faire.
Je sentis les couleurs de mon visage m’abandonner une nouvelle fois. Je focalisai mes pensées sur mon rythme cardiaque bien trop saccadé, et je pris une profonde inspiration comme pour me calmer. Je me retrouvai à regretter des instants que je ne n’avais jamais eu l’occasion de vivre. « Ce n’est plus important. J’adore fumer. J’ai toujours adoré avoir quelque chose en bouche… » me répondit-il et j’esquissai un vague sourire en levant les yeux au ciel. A l’époque, j’avais été innocente et inconsciente. A l’époque, je ne m’étais pas rendue compte de toutes ces choses qui me paraissaient bien trop évidentes désormais. J’avais été aveugle. Aveuglée par mes propres sentiments pour me rendre compte qu’il faisait tout ce que j’avais bien pu lui demander. Pour comprendre que chacun de ses gestes avaient témoigné de cet amour infantile qu’il m’avait porté.
Je l’avais perdu, je m’étais perdue. Nous n’étions que des âmes égarées. Nous n’étions que des âmes étrangères. Je me refusais de croire que notre relation redeviendrait aussi simple. Je me refusais de croire que les choses seraient faciles. Je subissais un mélange antithétiques d’émotions et d’envies ; je souhaitais me concentrer sur notre passé disparu et continuer de le voir, je souhaitais le connaître, lui, tout comme je préférais garder mes distances. Je m’accrochais à des sentiments basés sur des mensonges ; je m’accrochais à ce temps qui nous avait déjà prouvé qu’il n’était pas en notre faveur. « Ce ne sont pas des choses qui se contrôlent en effet. Sauf que le temps n’y est pas pour grand-chose. Je sais qu’une année loin de toi n’a fait que me rendre malheureux. » me lança-t-il et je l’observai, le regard malheureux. « Le Julian du présent… Je ne suis pas sûr de savoir qui il est réellement. Je le sens torturé la plupart du temps. Tu n’as sûrement pas besoin de quelqu’un comme ça dans ta vie. » Je fronçai les sourcils, puis finis par balayer ses paroles d’un geste de la main. J’aurais aimé lui dire qu’il se trompait. Qu’il avait faux. Mais je n’en savais rien, au fond. J’avais simplement conscience que j’étais une personne plus fragile que les autres, sans doute, même si je me bornais à prétendre le contraire.   « Je voulais réussir pour que tu puisses entendre parler de moi un jour, quand tu seras vielle et que tu auras tout oublié de moi. Ecrire, c’est ma marque dans le temps. » J’esquissai un sourire, presque nostalgique, observant les formes abstraites que prenaient les nuages dans le ciel. C’était si grand. Pourtant, j’avais l’impression d’être enfermée dans mon propre esprit. « Comme si c’était possible, que je puisse t’oublier. » lui répliquai-je. « J’aurais sans doute été cette admiratrice anonyme qui t’aurais harcelé de courrier durant toute ta carrière. » J’haussai les épaules, mes paroles teintées d’un humour feint. Je ne faisais qu’avouer la vérité en faisant passer cela pour du sarcasme. Il ne m’aurait fallu que quelques semaines de plus, si je ne l’avais pas rencontré sur mon chemin, pour céder et taper son prénom et son nom dans un moteur de recherches.
Pour me rendre compte qu’il avait réussi à ma place.
Je finis par reculer et me dégager, presque, de son emprise. Malgré la confusion de mes sentiments, je tenais à cette nuit qui se profilait doucement devant nous. Malgré la confusion de mes sentiments, je tenais à découvrir son monde. Il posa  ses mains sur mes roues. « Mais tu n’es pas une fille. » me lança-t-il et je ne trouvai rien de mieux à répliquer que de lui tirer la langue comme une gamine. Il se mit à genoux devant moi. « Puisque nous sommes ensemble cette nuit et qu’il n’y a plus aucune notion spatio-temporel je pense que je peux être complètement honnête le temps d’une soirée. Je crois que je peux réaliser l’un de mes plus anciens fantasmes. » Je fronçai les sourcils, tandis que sa voix se brisait. Je ne savais pas où est-ce qu’il désirait en venir, et j’avais presque peur de le découvrir. « C’était Luke ton premier baiser ? Il te tournait au tour parfois, et je ne l’aimais qu’à moitié pour ne pas dire pas du tout. » J’éclatai de rire, d’un rire franche et sincère, cristallin et sonore. Je plaçai une main dans ma bouche comme pour masquer mon sourire hilare. « Luke Wildwood ? Sincèrement, Lip ? » lui demandai-je sans doute trop fort, tandis que mon rire continuait de me tordre les entrailles. Je tentai de prendre une profonde inspiration pour me calmer. Mais je me retrouvai de nouveau prisonnière par des rires au bout de quelques secondes. « Mon Dieu, jamais de la vie. Il me rendait dingue à toujours me suivre comme un chiot perdu… Non, mon premier baiser c’était seulement à l’université. Joaquim Eaton, pendant une soirée. Mais le plus drôle dans l’histoire est qu’il avait trop bu et qu’il m’a prise pour quelqu’un d’autre. Il m’a pris par surprise, alors je l’ai frappé. Je crois que je lui ai cassé le nez d’ailleurs. » racontai-je en levant le nez en l’air, réfléchissant à cet épisode de ma vie. Je poussai un profond soupir en haussant les épaules. « Bon, d’accord, mon vrai premier était à la maternelle. Je suis presque sûre qu’il devait s’appeler Gabriel. Ou quelque chose comme ça. » J’avais été sage, d’une certaine manière. Sans doute trop. J’avais passé mon adolescence à me murer dans le monde que je m’étais créée avec Julian. Puis, à l’université, les choses avaient légèrement changé. J’avais expérimenté certaines choses sans jamais aller trop loin. J’avais commencé à vivre mais le restant de mon existence m’avait prise de court.
Il attira mon fauteuil à lui après avoir fait une moue en écoutant mon récit. Le reste sembla provenir d’un rêve. Tout arriva bien trop vite pour que mon esprit comprenne le déroulement des évènements. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Ses lèvres effleurèrent les miennes comme elles avaient bien pu le faire dans mes rêves. Dans mes songes. Puis elles revinrent emprisonner les miennes, et sa main se glissa le long de mes hanches. Mon cœur se mit à battre vite. Si vite que j’en perdais la notion du temps, la notion des choses. Ses lèvres étaient aussi douces que ce que j’avais bien pu imaginer. Mes mains se glissèrent sur ses joues fiévreuses, comme si cela me permettrait d’éterniser cet instant que j’avais eu l’impression d’attendre durant une existence entière.
Puis, finalement, il se détacha de moi, et je revins sur Terre.
Cela ne voulait rien dire. Rien dire du tout. « J’ai toujours pensé que ce serait ici que je le ferais. Je pense que je nous devais bien ça après tout ce temps. Un premier baiser. » m’expliqua-t-il. Je me rendis compte que je tremblai. Que je tremblai comme une feuille. Sa main caressa le haut de mon crâne, et mes yeux le suivirent lorsqu’il se releva. Mon cœur battait cette détresse qui s’était déversée dans mes veines. Mon cœur battait cette peine qui m’assaillait dans mes entrailles. « Le premier et le dernier baiser ? » lui demandai-je dans un demi-murmure. J’avais l’impression de flotter. De flotter dans le ciel. Avant de finalement me rendre compte qu’il n’avait fait que m’offrir des chimères et tomber. « Tu ne nous devais rien du tout, Julian Fitzgerald. » marmonnai-je. « Surtout pas des semblants d’illusions. » J’aurais aimé lui dire que ses lèvres avaient été comme dans mes songes. Cependant, mes réflexes défensifs reprenaient le dessus ; je m’étais blessée toute seule dans mes espoirs et mes désillusions. Il m’avait donné un baiser. Désormais, j’en désirais des centaines. « Maintenant on peut aller à mon bureau, jeune fille. » Je fronçai les sourcils avant de comprendre à quoi il faisait référence. J’hochai la tête, sans doute avec plus de vigueur que nécessaire. Puis, sans réellement l’attendre, je commençai à m’avancer. « On prend le métro, ou bien ? » lui demandai-je d’une toute petite voix, la gorge serrée. J’avais l’impression qu’il me brisait le cœur une seconde fois, alors qu’il n’avait sans doute même pas souhaité me faire du mal. « Si tu veux pousser mon fauteuil, je ne te dirais rien. Prends ça pour un privilège. » Ma tentative d’humour sonna presque creuse. Sonna presque comme un appel de détresse. J’avais l’impression que toutes mes forces m’avaient abandonné ; elles m’avaient abandonné à l’instant où mon cœur s’était brisé pour la millième fois.
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() message posté Lun 21 Juil 2014 - 2:30 par Invité


I just can't get the emotions to come out


Je vivais chaque instant à ses cotés comme si c’était le dernier. La vie m’avait appris de ne jamais la tenir pour acquise. Ce n’était la faute à personne. C’était la faute à nos étoiles et aux orbites qui se noyaient dans l’atmosphère à milles lieux les uns des autres. Ma main se crispa dans le vide. Si elle avait été là, à chaque moment ou j’avais eu besoin d’elle, j’aurais peut-être été moins seul dans ma douleur. J’aurais pu m’élever pour être l’homme loyal et digne qu’elle voyait en moi. J’aurais pu lui offrir la stabilité et toute l’affection qu’elle méritait d’avoir. Je fermai les yeux pendant une fraction de secondes, visualisant une vie qui n’était pas la mienne. Je soupirai. Tout ceci n’était que mirage. Et je n’étais qu’une épave abandonnée, vacillant au gré des vents et des marées, là ou le destin voulait bien de moi.

Deux âmes vagabondes. Deux âmes égarées là ou les lignes du ciel divergeaient. Nous étions voués à ne jamais se rencontrer trop longtemps. Mon cœur se brisait un peu plus à chaque fois, malmené par des sentiments que j’essayais de refouler de toutes mes forces. Eugenia était bien plus tenace et forte qu’elle ne le pensait. Elle était la fille que l’on ne pouvait oublier. La fille qu’on ne voulait jamais quitter. En tout cas à mes yeux. Mes blessures cicatrisées se rouvraient doucement, saignant à blanc pour un amour interdit. La douleur ne me quittait jamais, elle était tatouée sur chaque parcelle de ma peau, déformant mon épiderme et les illusions que je me faisais de mon futur.

Une nuit ensemble. Un dernier instant de répit avant qu’il ne soit trop tard. Avant que l’âge ne prenne le dessus et que mon cœur ne soit trop fatigué pour pomper toute mes émotions. Avant que l’insouciance de la jeunesse ne soit trop ridicule pour servir de prétexte à nos baisers volés. Je me ployai sous l’effet de l’adrénaline, oubliant ma raison et toutes les promesses que j’avais bien pu faire auparavant. Je voulais me perdre dans le temps et l’espace. Je voulais profiter de mes dernières minutes de grâce afin de remémorer à jamais cet endroit féerique : Vaste plaine verdoyante ou la vie pétaradait de couleurs rougeoyantes et lumineuses. Vaste pleine ou il pleuvait sans cesse pour assouvir la soif de la terre et des roseraies multicolores. Je posai ma tête sur l’épaule d’Eugenia pendant un cours instant ou l’émotion perla au coin de mes yeux. Le parfum de ma douce mère ne quittait jamais ses chemisiers et ses longues boucles brunes, ou n’étais-ce qu’une énième perversité de mon esprit ? Un autre leurre qui aveuglait tous mes jugements ? Je reniflai son odeur à plein poumons comme si ma vie ne tenait plus qu’à un fil. J’étais un rêveur. Mes pensées étaient imagées et pleines de couleurs, mais cette sensation allait au-delà de ma créativité. Eugenia, me dépassait de trop loin. Elle me décevait par ses réactions froides et ces distances de protection qu’elle dressait inlassablement entre nos deux corps. Comme si la destinée n’était pas assez chienne, ou comme si le temps n’était pas un assez redoutable ennemi, elle me tuait à petit feux. Je papillonnai des yeux avant de me dégager.

Le petit récit de ses aventures à l’université était un supplice à mes oreilles. Je ne répondais pas, ravalant ma rage et les quelques grains de jalousie qui épiçaient ma salive. C’était peut-être fini, mais ce n’était pas terminé pour autant. Je serrai ma mâchoire assez fort pour canaliser mes ressentiments. Luke Wildwood, Joaquin Eaton, ou le petit Gabriel … N’étaient rien d’autre que les chanceux qui avaient foulés les landes que je convoitais depuis si longtemps. Les landes que j’avais fini par abandonner par dépit. Ginny, détruisait chacun de mes rêves par ses mots. Je baissai la tête, plongé dans le silence et les déceptions incessantes de mon cœur. Je voulais la sommer de se taire. Je voulais crier pour qu’elle capitule, mais je retenais une démonstration de violence inutile.

« Le premier et le dernier baiser ? »

Je souris tristement à sa question, qui je l’espérais était rhétorique. Je n’avais aucune réponse à donner. Aucun espoir à partager. Mon cœur suspendu entre la mort et la vie grouillait à l’intérieur de ma poitrine, persuadé au plus profond de lui, qu’une infime part de mon être, serait toujours là, attendant un second baiser.

Il lui suffisait de plonger son regard dans le mien. Il lui fallait me regarder avec plus d’application et de sincérité. Et elle aurait fini par trouver au fond de mes iris l’image inversé d’un totem ancestral qui lui était adressé. Je déglutis avec lenteur.

« Tu ne nous devais rien du tout, Julian Fitzgerald. Surtout pas des semblants d’illusions. »

« Je ne suis pas d’accord. » Lançai-je à mon tour. « Ce ne sont pas des illusions mais des souvenirs joyeux. » Je marquai un silence. « Je suis heureux de t’embrasser. Ça me semblait presque légitime après tout ce temps. »

Je n’étais pas très convaincant. Les fantômes du passé hantaient chacun de mes enchainements. Je croyais être sain et sauf derrière ma tour de glace et d’arrogance, mais la pression était trop forte et les murs de ma prison fondaient comme neige au soleil, me laissant à découvert, face à une femme que je ne connaissais plus. Je me tournais dans tous les sens, à la recherche d’une échappatoire ou d’un élan de bonté qui pourrait me sauver. Mais il me semblait que chaque bouffée d’air, chaque senteur et chaque frôlement de lèvres me perdait encore plus dans les tourbillons de l’incertitude. Eugenia, t’aimais-je au point de perdre la raison ? au point de devenir fou de rage et de douleur ? Ce lien était-il si fort ?

« On prend le métro, ou bien ? »

Sa petite voix me fit frémir. Ce n’était que quelques notes dans l’immensité du parc, mais je vivais dans un monde fragile. Je retins mon souffle avant de m'approcher doucement d’elle.

« Si tu veux pousser mon fauteuil, je ne te dirais rien. Prends ça pour un privilège. »

Un sourire terne déforma les contours de ma bouche. Ce n’était pas drôle ; la voir coincée sur une chaise n’était vraiment pas drôle. J’haussai les épaules avec lassitude.

« J’ai ma voiture. » Soufflai-je avant de reprendre. « Mais ça ne me dérange pas de prendre le métro si tu es plus à l’aise. »

Je me postai en face d’elle une seconde fois. Je n’étais plus sûr de rien. Je ne comprenais pas la dualité de mes actions, ni la complexité des sentiments que je ressentais. Je me sentais inutile sans cet amour en dormance. Je me sentais vide, lorsque détaché de mes souvenirs.

« Ginny … » Commençai-je. « Ne sois pas trop cruelle. Ce n’est pas moi qui suis parti. Je ne suis jamais parti. Je n’ai jamais changé ma façon de t’aimer. Je n’ai jamais joué. C’est une tournure d’événements que personne ne pouvait prédire. Ce sont des décisions prises dans le feu de l'action. Tu es là, mais il n’en reste pas moins un abandon. Alors non ce ne sont pas des chimères que je sème au vent, ni des paroles en l’air dans le but de nourrir une vendetta qui je le sais, finira par me détruire en premier. Je suis juste là, vulgaire pantin, exactement comme tu voudrais que je sois. » Je souris. « Et je tiens à toi, bien plus que les mots ou les baisers volés. Tu es la partie de mon humanité que je n’ai jamais pu supprimer. Alors excuse mes écarts de conduites, ce ne sont que les restes d’un sentiment qui refuse de capituler. Mais il capitulera ! »

Mon regard se voulait convaincant, mais je tremblais à l’intérieur, effrayé par l’énormité de mes propos. Je soupirai.

« Allons à mon bureau pour regarder Londres de haut. » Finis-je par proposer en avançant dans l'obscurité.
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() message posté Lun 21 Juil 2014 - 15:15 par Invité
“let's count your scars.”  “why?”  “because then I can see how many times you needed me and how many times i wasn't there.” ✻✻✻ J’avais l’impression que le temps s’était arrêté. Qu’il nous avait abandonné. Qu’il nous avait délaissés sur le bord de la route sans prendre la peine de nous attendre pour poursuivre son chemin. Son visage s’était peut-être niché dans mon cou, mais je sentais encore ses lèvres sur les miennes. Elles étaient là. Elles avaient marqué ma bouche avec leur emprunte, elles l’avaient brûlé au fer rouge pour marquer leur passage. Sentait-il mon pouls qui avait perdu tout contrôle ? Entendait-il mon cœur, ce cœur qui ne battait que pour lui ? J’étais assaillie par les émotions. Par les sensations. J’étais à la fois heureuse et triste, joyeuse et blessée. J’étais si partagée que tout me tourmentait ; je me surprenais à vouloir qu’il m’embrasse de nouveau, mais mon esprit me hurlait de m’en aller. Je me surprenais à vouloir le sentir tout contre moi, mais mes pensées me juraient qu’il devait garder ses distances. Enfant perdue, gamine tourmentée, jeune femme déçue. J’avais l’impression que ce geste que j’avais attendu durant toute mon existence me blessait bien plus qu’il ne me convenait ; je voulais que tout cela recommence tout en sachant qu’il s’agirait d’une mauvaise idée. Je voulais qu’il m’embrasse. Mais je me rappelais que cela ne signifiait rien pour lui. Je voulais qu’il m’aime. Mais je me rappelais que tout cela ne serait plus possible. Alors, tandis qu’il se détachait doucement de moi et qu’il semblait emporter mon cœur avec lui, je peinais à l’observer et à parler. Ma voix était fébrile, faible, coincée dans une gorge serrée qui peinait à s’en remettre. Il n’était qu’à quelques centimètres, mais il me paraissait loin, si loin. Il n’était qu’à quelques centimètres, mais je sentais le fossé qui s’était creusé entre nous devenir bien plus grand qu’avant. Je n’osais plus plonger mon regard dans le sien comme j’avais bien pu le faire auparavant pour deviner tout ce qu’il pouvait bien penser. Je n’osais plus l’observer de peur d’avoir besoin de l’embrasser. Je n’osais plus tout court. Je n’osais plus rien. J’étais la fille handicapée, celle qui se retrouvait paralysée dans ses propres impulsions. « Je ne suis pas d’accord. Ce ne sont pas des illusions mais des souvenirs joyeux. » me répliqua-t-il. Mon cœur rata de nouveau un battement. J’eus peur qu’il s’arrête. Qu’il s’arrête exactement comme il avait bien pu le faire sur la table d’opération quelques heures après mon accident. Comment pouvait-il me parler de souvenir ? Notre baiser n’était pas un souvenir. Il était une erreur. Une erreur qu’il n’aurait pas dû commettre, puisqu’elle m’attirait doucement vers le bas. « Je suis heureux de t’embrasser. Ça me semblait presque légitime après tout ce temps. » Je demeurai silencieuse. Je ne comprenais pas ce qu’il souhaitait me dire. Je ne comprenais pas qu’il puisse se satisfaire de ce geste, de cette vieille envie qu’il avait décidé d’accomplir. Je me demandai ce que cela représentait pour lui, également ; je demeurai dans l’obscurité, perdue entre ce que je pensais et ce que je ressentais, trop confuse pour m’attarder sur ce qu’il ressentait lui, en cet instant.
Mais je ne réussissais pas à regretter. Pire encore, je souhaitais revivre cet instant qui m’avait semblé bien trop court. Mais il ne m’avait offert qu’une seule possibilité, et je n’avais pas d’autre choix que de tenter d’oublier ce que ses lèvres provoquaient contre ma peau.
Malgré tout, ma soirée lui appartenait toujours. Revenir sur Terre fût dur ; je dus me faire violence plusieurs fois avant que mes pensées parviennent à s’assembler de manière cohérente. Pourtant, malgré tout, son baiser me revenait sans cesse en mémoire. Encore et encore. Inlassablement sans que je ne parvienne à m’en échapper. « J’ai ma voiture. Mais ça ne me dérange pas de prendre le métro si tu es plus à l’aise. » me répondit-il. Je sentis mon rythme cardiaque s’affoler. « On peut prendre la voiture. » marmonnai-je d’une petite voix, avant de me racler la gorge. « On y va en voiture. » J’espérais que mon ton paraissait assuré. La vérité était que je ne montais plus dans les voitures. Les rares fois où ma mère m’avait contrainte de le faire, elle avait fini par m’administrer des calmants. Mais je pouvais le faire. J’en étais persuadée. J’étais forte. Je pouvais lui prouver que je l’étais. Je pouvais lui montrer que je me débrouillais, que je ne me laissais pas abattre. Si je n’avais jamais réussi à monter en voiture pour moi-même, je pourrais réussir pour lui. Quelque part, également, je ne voulais pas lui montrer toute cette honte que je pouvais ressentir en prenant les transports en commun. Je ne voulais pas sentir les regards se poser sur nous. Je ne voulais pas entendre les pensées des étrangers se résumer à il a bien du courage de l’accompagner ou bien quel dommage qu’il soit coincé avec une personne handicapée. Mon regard se posa sur son sourire, et je détournai le regard pour ne plus à avoir à contempler son amusement. « Ginny… Ne sois pas trop cruelle. Ce n’est pas moi qui suis parti. Je ne suis jamais parti. Je n’ai jamais changé ma façon de t’aimer. Je n’ai jamais joué. C’est une tournure d’événements que personne ne pouvait prédire. Ce sont des décisions prises dans le feu de l'action. Tu es là, mais il n’en reste pas moins un abandon. Alors non ce ne sont pas des chimères que je sème au vent, ni des paroles en l’air dans le but de nourrir une vendetta que je le sais, finira par me détruire en premier. Je suis juste là, vulgaire pantin, exactement comme tu voudrais que je sois. » finit-il par déclarer, mais je ne parvins qu’à entendre la moitié de ses mots. Mes pensées allaient vite. Beaucoup trop vite. « Et je tiens à toi, bien plus que les mots ou les baisers volés. Tu es la partie de mon humanité que je n’ai jamais pu supprimer. Alors excuse mes écarts de conduites, ce ne sont que les restes d’un sentiment qui refuse de capituler. Mais il capitulera ! » Je levai mon regard pour l’observer dans les yeux, cherchant à comprendre s’il me disait la vérité. Cette vérité qui me faisait presque du mal mais qui se devait d’arriver. J’avais l’impression de voir autre chose dans la profondeur de ses pupilles sombres. Des choses qui venaient contredire tout ce qu’il pouvait bien m’avoir affirmé. « Je ne veux pas que tu sois un vulgaire pantin, Lip. Juste toi-même. » lui répondis-je doucement. « Je n’ai jamais changé ma façon de t’aimer même en partant, tu sais. Je sais que ça ne m’excuse en rien, que ça ne change rien, mais je veux que tu comprennes que même loin de toi tout ce que je ressentais pour toi n’a pas disparu. » Je me retins d’ajouter un pour l’instant en guise de maigre vengeance à ses mots qui m’avaient blessé ; cependant, je demeurai silencieuse, trop soucieuse pour me permettre de lui vouloir du mal volontairement.
Il finit par soupirer et s’avancer dans le jour qui tombait doucement. « Allons à mon bureau pour regarder Londres de haut. » J’esquissai un vague sourire avant de finalement le suivre, aussi silencieusement que je le pouvais. J’observai les alentours, de peur de croiser certains regards ; cependant, l’Hyde Park était calme, presque désert, et je me sentis soulagée de ne pas avoir à affronter les pensées des autres. La pitié des autres. Les interrogations des autres. Julian m’emmena jusqu’à l’endroit où il avait bien pu garder sa voiture ; je l’observai quelques instants sans bouger avant de finalement me reprendre. Je contrôlai ma respiration. Je contrôlai cette panique qui se déversait doucement dans mes veines. Je secouai la tête ; rien, absolument rien, ne pouvait m’arriver. Pourtant, mon accident me revenait sous forme de flashback. Pourtant, mon accident animait mes pensées d’images floues aux couleurs ensanglantées. Je pris une nouvelle profonde inspiration, et je levai la tête vers Julian. « Je vais avoir besoin d’aide. » lui lançai-je. Je tentai de prendre sur moi. De me dire qu’avoir besoin d’aide n’était pas si dégradant. Il m’avait juré qu’il voulait m’aider ; alors je tentai de lui montrer que je voulais honorer ses propres paroles envers moi. « Il faudra simplement que tu m’ouvres la porte. Après, je pense que je pourrais m’asseoir toute seule en m’aidant des poignées. Il faudra que tu plies mon fauteuil, il suffit de rabattre le repose-pied, appuyer ici et ça devrait être bon. Tu peux le mettre dans ton coffre. » J’énonçai les étapes d’une voix claire, comme si j’avais fait cela des centaines de fois. La vérité était que toutes les personnes qui avaient déjà dû le plier pour moi, un jour, connaissaient la marche à suivre : je n’avais jamais eu à l’expliquer à voix haute. Je n’avais jamais eu à m’exposer de la sorte. Je m’étais confortée dans mon monde sans jamais demander d’aide à ceux qui n’avaient pas vécu mon quotidien depuis une année. « Et après, je pense qu’on peut y aller. » Je l’observai avant de détourner le regard. Il avait souhaité s’embarquer dans mon quotidien. Il m’avait promis que ça ne le ferait pas fuir. Pourtant, j’avais attendu, à chacune de mes paroles, l’instant où il me dirait que c’était sans doute trop pour lui. Je repensai à notre baiser. Mais j’étais si honteuse que je n’osais même pas espérer qu’il puisse y en avoir un jour un autre.
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