New Life
Ft. Libre "Nous y voilà, Brixton" Après peu moins de dix heures de vol et près de d'une heure de taxi vu les embouteillages monstres, j’arrive enfin devant mon nouveau chez moi. J’ai troqué ma vieille voiture contre un billet d’avion pour la liberté. L’immeuble est grand, plutôt bien situé dans un quartier branché.
Le trousseau de clés dans une main, un gros sac dans l’autre et le dernier sur le dos, j’entre tant bien que mal. Je franchis le hall, arrive dans l’ascenseur, qui dieu merci marche, et arrive à mon étage, le dixième.
Trois appartements par pallier, le mien est au fond. J’avance, mes muscles brûlent, je rêve d’une douche, ou mieux d’un bain.
Je ne sais même pas à quoi ressemble l’appart, un contact me l’a trouvé à bas prix, c’est tout ce qui comptait sur le moment. Faut dire qu’après six mois de prison, une cave aurait fait office de palace. J’entre. L’odeur de renfermé me saute aux narines, soit quelqu’un est mort dans cet appartement et y réside toujours, soit je suis la première personne depuis les cinquante dernières années à y pénétrer. Je pris pour la seconde option.
Je jette mon fatras sur le sol et tâte le mur à la recherche d’un interrupteur.
Clic. Pas de cadavre à l’horizon, ce qui est déjà un bon point, mais l’appart est en piteux état.
"Fallait pas espérer mieux vu le prix hein… " Je referme la porte, me précipite sur les fenêtres et les ouvre en grand. Reste la chambre. J’entre, elle empeste le tabac froid et le moisi, les draps sont encore sur le lit, des vestes traînent sur le sol. La désagréable impression de me trouver dans un squat se fait sentir. J’appelle mon contact sur Londres. Non ce n’est pas un squat, mais l’ancien occupant s’est barré du jour au lendemain, le proprio a bradé le loyer pour ne pas avoir à tout déblayer. Rassurée j’entreprends de jeter tout ce qui traîne, draps, habits, tapis et même les rideaux. J’enfourne le tout dans des sacs plastiques 100l, pas moins de six sont nécessaires.
Reste une pièce à découvrir, la salle de bain. Et elle dispose bien d’une baignoire. Sale, mais quand même. J’enfourne les draps de bain, tapis et le rideau de douche dans les sacs restants. Je suis tiraillée entre l’envie de prendre une douche, et celle de ne pas mettre un orteil dans cette baignoire rongée par la crasse. La douche attendra, le ménage aussi, j’ai besoin de prendre l’air. J’enfile une tenue propre, portable dans une poche, portefeuille dans l’autre, et me voilà traîner mes énormes sacs jusqu’aux containers devant l’immeuble. L’air y est étonnement plus respirable. Je me pose sur une marche, m’allume une clope et observe les passants, la circulation, j’apprivoise ce nouvel environnement qui est dorénavant le mien.