"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici any fool can make a rule + riley 2979874845 any fool can make a rule + riley 1973890357
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() message posté Ven 10 Fév 2017 - 10:28 par Invité

don’t sacrifice yourself too much, because if you sacrifice too much there’s nothing else you can give and nobody will care for you. J’avais posé mon saxophone afin de nettoyer la perce de ma clarinette.  Mes doigts glissaient minutieusement sur le cylindre alors que mes genoux s’arquaient sur la moquette du bureau. Je n’avais pas envie de travailler. Mais encore, y avait-il réellement un jour où je m’intéressais aux dossiers ? Les choses n’avaient pas changé depuis l’arrestation de Romy. Elle m’avait insufflé le courage, un instant, puis je m’étais lassé, retrouvant mes habitudes vagabondes et ma nonchalance habituelle. Le tribunal était bruyant. Le vacarme irritait mes pensées, il m’empêchait de composer une nouvelle partition. C’était le bûcher des criminels. Le retour aux jugements et aux plaidoiries. Je soufflai le biseau de mon instrument. Peu importait les gens. On vivait comme on dansait, au plaisir. Seulement le plaisir. Je souris en appuyant mes coudes sur le rebord du meuble. Je maintenais l’équilibre entre mes lubies et mes passions musicales. Les textes de loi pouvaient attendre – car je n’oubliais pas les valeurs de ces versets moralisateurs. Je connaissais ma bible et mon guide juridique. Cependant, je choisissais de me détourner de ces chemins sinueux pour me diriger vers la voie lactée. Les étoiles Romy. T’es mon étoile. J'suis ton étoile. Je levais lentement les bras, puis mes hanches suivirent les mouvements de ma silhouette. Mes pieds se pressaient sur le parquet afin d’absorber le toucher du bois. Ici, pas de chaussures. C’était plus simple comme ça. Je me tortillais entre les rangements de dossiers. Les pas se succédaient dans le hall, avec ce rythme accordé, et cette discrétion délicate que je connaissais par cœur. Riley quelque chose Lancaster, on travaillait ensemble depuis plusieurs mois. Mais je n’avais toujours pas demandé son prénom. Peut-être fallait-il attendre le bon moment afin de nouer ces liens ridicules. Elle était gentille – un peu trop calme et distinguée. Cependant, elle respectait mes décisions. Elle respectait mon apathie et mon insouciance. Elle ouvrit la porte et je hochai la tête pour lui intimer le silence. J’étais concentré. Il ne devait pas interrompre mon rituel. Après avoir aligné les pièces, je recomposais mes instruments. Je les touchais avec appréhension, de peur de tâcher le matériel. Puis lorsque les formes retrouvaient leur harmonie, je sortais mes feuilles de tabac et mes fragments d’extase. Je roulais le joint dans ma bouche et j’en aspirais le bonheur. Je m’étais habitué à sa présence. Même si je me fichais un peu de ses idées. Elle portait des moufles depuis le début de l’hiver et je trouvais ça drôle. Alors, je lui avais offert une paire pour Noel. Histoire, de soutenir le ridicule. Et aussi parce que je l’aimais bien. «Yo.» Expirai-je en dessinant des cercles avec les vapeurs du cannabis. Elle m’observait avec étrangeté. Je devinais ses appréhensions, son attachement au dossier qu’elle tenait fermement contre sa poitrine. Un jeune étudiant agonisant, débranché par sa petite amie dans un excès de désespoir romantique. Mais c’était contre la loi. Le suicide assisté n’était pas permis dans le pays. Et le juge considérait cet acte comme un homicide volontaire. Je hochai la tête. «Riley tu t’acharnes encore. Faut juste laisser couler. Elle est coupable.» Marmonnai-je en me laissant choir sur le sol. Les arabesques argentées de mon joint enveloppaient mon esprit d’une quiétude délicieuse. Rien ne pouvait m’atteindre. Ma paye arrivait tous les mois, à l’insu de mes efforts ou de mes non-efforts. A quoi bon se prendre la tête pour des sentiments ? Mon attention était égoïste. Je ne l’accordais qu’à mes amis.
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Samia Bukhari
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() message posté Sam 25 Fév 2017 - 10:21 par Samia Bukhari
We all think we’re going to be great. And we feel a little bit robbed when our expectations aren’t met. But, sometimes, our expectations sell us short. Sometimes, the expected simply pales in comparison to the unexpected. ✻✻✻ Coupable. C’était ce que la juge avait décrété il n’y a même pas vingt-quatre heures. En une fraction de secondes, elle avait décidé du futur tout entier d’une personne. Riley n’avait jamais réalisé à quel point ça pouvait être injuste jusqu’à maintenant. A quel point ça ne tenait pas à grand-chose. Un mauvais témoignage, un procureur trop pertinent, une loi absolument illogique. Mais le système est ainsi fait, et c’est sans doute pour ça que Vince ne se bat plus. Parce que la justice n’est qu’illusion. Pourtant, Riley y croyait. Elle croyait au bienfondé des actions de Katie. Elle y croyait dur comme fer, parce que c’était juste. Elle avait empêché quelqu’un de souffrir, pourquoi devrait-elle être punie pour ça ? Tout ça est ridicule.
Coupable. Oui, mais coupable de quoi ? Bien sûr qu’elle l’avait fait, mais ce n’était nullement un crime. Rien à voir avec un tueur en série, ou un mafieux assassinant un témoin gênant, ou encore un violeur récidiviste. Comment peut-on appliquer une peine semblable, à quelqu’un qui a fait le ‘bon’ choix, qui a aidé une personne dans sa dernière volonté ? Riley ne parvient pas à comprendre, ni à réaliser, malgré la décision sans équivoque de la juge. Malgré la nuit passée, Riley ne parvient pas à penser à autre chose. A cette punition injuste, à laquelle elle pourrait avoir le droit aussi. Finalement, c’est sans doute ça qui la perturbe le plus. C’est qu’elle aurait pu faire ce que Katie avait fait. Elle aurait pu glisser un produit mortel dans la perfusion de quelqu’un qu’elle aimait pour le sauver de ses souffrances. Elle aurait pu vouloir que quelqu’un le fasse pour elle, quand elle était malade. Si elle l’était à nouveau.
Et c’est sans doute ça qui fait qu’elle n’arrive pas à passer à autre chose. Ça, et le fait qu’elle ait passé la nuit à revoir le dossier, en long et en travers. Pourtant, elle est loin d’être experte. Elle ne connaît pas toutes les lois, ni toutes les démarches. Elle arrive tout juste dans ce monde, un monde qu’elle regardait de loin jusque-là. Mais Vince connaît tout ça, il maîtrise toutes les notions à la perfection, même s’il refuse de le montrer. Même s’il refuse de les utiliser à bon escient. La seule fois où elle l’a vu s’investir, c’était pour son amie. Ou petite amie. Elle n’est pas sûre d’avoir bien compris. C’est un peu en retard et le dossier toujours collé contre son cœur que Riley entre dans le bureau un peu sombre qu’elle partage depuis déjà quelques mois avec Vince. Elle s’y était habituée. Comme elle s’était habituée à toutes les petites habitudes de son patron. Toutes les petites bizarreries qu’elle ne voit même plus maintenant. «Yo.» La fumée sort de sa bouche. Sûrement pas du tabac, mais elle a appris à ne plus être étonnée. Vince se moque de tout, ou presque. « Salut. » Pas de sourire cette fois. Elle est perdue dans ses pensées. Elle revit la sentence prononcée par la juge hier, encore et encore, ressentant l’injustice toujours plus fort à chaque fois. «Riley tu t’acharnes encore. Faut juste laisser couler. Elle est coupable.» Elle n’est pas étonnée qu’il lui dise d’oublier. Lui ne s’investit pas dans tout ça. Il se fiche que ses clients terminent en prison ou en liberté. Il fait son travail, et passe à autre chose, comme si rien n’avait d’importance. « Bien sûr qu’elle est coupable. Mais ce n’était pas un crime. » C’était la défense que voulait utiliser Riley, sans doute un peu trop idéaliste, mais elle voulait y croire. Et elle veut toujours y croire. « On peut faire appel. Ou bien lancer une pétition. Il faut faire quelque chose. » Riley, elle voudrait changer le monde. Elle voudrait que tout soit juste et beau, mais elle ne sait trop bien que ni la justice ni la vie ne sont justes. Ce qui ne l’empêche pas de vouloir tout changer. D’essayer d’avoir un impact, même si celui-ci est minuscule. Mais sa voix ne peut pas porter assez fort. Et elle n’est pas sûre que Vince veuille utiliser la sienne.

✻✻✻
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() message posté Dim 26 Fév 2017 - 18:19 par Invité

don’t sacrifice yourself too much, because if you sacrifice too much there’s nothing else you can give and nobody will care for you. Comment oublier encore ? La coke était devenue le motif obsédant de ma dérive. Je m’en allais. Je quittais les murs du bâtiment afin de m’épanouir dans la vapeur de ma cigarette. Le tribunal était le cimetière de la justice. Toutes les sentences se ressemblaient. A mes yeux, les peines, les coupables et les innocents n’étaient que les détails insignifiants de la société. Il n’y avait aucune analogie. Les silhouettes se mêlaient dans un nuage difforme et répugnant. Je méprisais le système qui m’avait poussé à marcher jusqu’à la salle de réunion. Je méprisais les sentiments que le coeur invoquait pour se faire un nom. Malgré ma désinvolture, je m’intéressais aux dynamiques du monde. Je furetais dans les couloirs en effleurant les poignées de porte, en respirant l’odeur des autres et leurs réussites. J’étais incapable de faire du mal. Physiquement, émotionnellement, je n’étais qu’une chimère. Personne ne me voyait. Même mes parents, me considéraient comme un idiot. Une déception. L’enfant attardé entre trois. J’avais trente ans et l’âme d’un bambin. Mes doigts se fermaient sur le bord de la chaise. Je caressais l’acajou, le regard émerveillé par le contact délicat du bois. J’imaginais les courbes de l’écorce sous le vent, les arbres florissants. Et Romy, les lèvres pincées sur ma bouche. Le rire insufflé dans mon coeur. On existait dans cet équilibre instable. On s’aimait sans s’appartenir parce qu’on avait peur de grandir. On avait peur de devenir vrais. Et si je devais mourir, je l’aurais condamné à me suivre ailleurs. Je ne lui aurais jamais demandé d’abréger ma souffrance. Car la vraie douleur, c’était partir sans elle. Traverser la lumière sans ses baisers. Sans l’avoir à mes côtés. Alors je ne comprenais pas ces clients. Je ne parvenais pas à assimiler le sacrifice. Je m’en fichais aussi. Les valeurs hippies m’initiaient à l’apathie. Je m’envolais comme un oiseau de Crystal dont les ailes étaient imbibés par la poudreuse. Serais-ce possible que je sois amoureux. C’était trop bête. Même pour moi. Romy était ma meilleure amie. La seule que j’aie eue. La seule que j’aurais jamais. Je me tournais vers la fenêtre. Les brumes de Londres enveloppaient la vitre afin de m’emporter dans les souvenirs. Elle me manquait - mais je ne pouvais pas la voir avant le soir. Sa voix glissait à travers les ondes de la radio. Elle était si agaçante et pourtant, on riait à ses blagues. On se sentait consolé par sa douceur. Je triturais les fils de mon jeans. Le saxophone tremblait sous ma prise. Il avait froid aussi. Je souris alors que l’expression de Riley s’imposait devant moi. Elle me tirait de ma torpeur parce qu’elle voulait sauver la galaxie. Il est plus simple de voler tu sais. J’arquai un sourcil en humant les saveurs âpres du cannabis. « Bien sûr qu’elle est coupable. Mais ce n’était pas un crime. » Je n’allais pas gâcher mon énergie à me moquer. Elle disait n’importe quoi. Son attachement était dérisoire, avec le temps, il finirait par disparaitre. « On peut faire appel. Ou bien lancer une pétition. Il faut faire quelque chose. » J’ouvris grand les yeux - elle débloquait, la petite. «Ah non. J’appelle jamais! En sexe et au tribunal. C’est contre mes principes. Tu peux pas test.» Même après avoir couché avec le sosie d’Amber Heard je n’avais pas appelé. La répétition gâchait le verdict. Katie avait choisi d’honorer les dernières volontés de son ami. Et avec cette décision, il y avait la conséquence de la prison. Je ne pouvais pas l’aider. Je n’avais pas le time. «Ecoute Jolie. On va sortir. Jt'offre une glace pour faire passer bobo. Et tu pourras passer à autre chose. J’sais que tu y tiens mais entre glander et faire la paperasse. Mon choix est fait. » Je hochai la tête avec entendement.
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() message posté Mer 1 Mar 2017 - 15:31 par Samia Bukhari
We all think we’re going to be great. And we feel a little bit robbed when our expectations aren’t met. But, sometimes, our expectations sell us short. Sometimes, the expected simply pales in comparison to the unexpected. ✻✻✻ Avait-elle été stupide de croire que c’était possible ? Que la justice pourrait comprendre, alors même qu’une loi dictait clairement les faits ? Vince le lui avait fait comprendre, sans vraiment le dire. Par son indifférence, par son manque d’intérêt. Mais, lui, il savait dès le début que c’était ainsi que ça finirait. Parce qu’il sait que les lois ne changent pas au bon vouloir des avocats, ni de quiconque. C’est bien plus compliqué que ça. Mais Riley voudrait pouvoir changer quelque chose. Après tout, les lois évoluent, depuis toujours, et heureusement. Pourquoi pas celle-ci ? Surtout que souhaiter la garder s’apparente à de la stupidité, de la part du monde politique. Mais comment pourraient-ils comprendre sans jamais s’être trouvés eux-mêmes dans cette position ? La position de la personne souffrante et qui mourra de toute façon, ou la position de cette personne qui l’aime plus que tout et veut lui épargner une douleur sans nom.
Mais comment comprendre sans avoir vécu ça soi-même ? Riley connaissait celui que les avocats avaient appelé ‘victime’. Elle l’avait rencontré brièvement dans un hôpital, alors qu’ils étaient tous deux malades. Pendant peut-être une semaine, ils avaient partagé leurs souffrances et leurs peurs, et puis elle n’avait plus entendu parler de lui. Jusqu’à cette affaire. Jusqu’à ce qu’il soit mort, enfin libéré de ce corps trop malade pour lui offrir une vie. A quoi bon continuer de vivre quand il n’était même plus capable de prendre sa propre vie ? C’était un suicide, rien de plus. Mais la justice avait refusé de le voir ainsi. Et, pour cela, Katie allait passer des années en prison, alors qu’elle a perdu l’homme qu’elle aimait.
La vie est injuste. Et c’est la raison pour laquelle Riley refuse de lâcher l’affaire. Peu importe ce que lui dit Vince, et qui ne la surprend pas vraiment. Il ne s’intéresse pas à tout ça. C’est son métier mais il ne s’investit pas dans les affaires. Les clients ne font que passer. Il construit une défense, parfois sans trop chercher, le jugement est fait, juste ou pas, et il passe au suivant. Inlassablement. La seule fois où elle avait noté une différence, et pas des moindres, c’était quand il connaissait la cliente. Pour elle, il avait remué ciel et terre. Pour éviter qu’elle n’aille en prison, il s’était impliqué. Et Riley l’avait aidée. Et elle avait découvert un autre Vince, un Vince motivé et particulièrement doué dans son travail. S’il ne manque jamais d’éloquence lors des procès ou autres rendez-vous, il est rare de voir autre chose, de le voir réellement investi. Et Katie n’avait pas fait exception à la règle. Parce que ça ne changeait rien pour lui. «Ah non. J’appelle jamais! En sexe et au tribunal. C’est contre mes principes. Tu peux pas test.» Elle lève les yeux au ciel. Comment peut-il plaisanter sur un tel sujet ? Se moque-t-il donc que des innocents puissent finir leur vie en prison ? Peut-être. Peut-être que Riley aurait dû déjà le réaliser. «Ecoute Jolie. On va sortir. Jt'offre une glace pour faire passer bobo. Et tu pourras passer à autre chose. J’sais que tu y tiens mais entre glander et faire la paperasse. Mon choix est fait. » Elle dépose le dossier sur le bureau déjà encombré, qu’elle a pourtant rangé une énième fois la semaine dernière. « Je n’ai aucune envie de manger une glace alors qu’une innocente est partie en prison. » Pensait-elle vraiment que Vince accepterait de faire quelque chose ? Sans doute que non, mais elle avait voulu essayer. « Tu t’en fiches vraiment ? » La réponse, elle la connaît déjà. « En fait, si c’est pas pour ta copine, tu te fous de tout le monde. Pour moi non plus, tu ne lèverais sûrement pas le petit doigt. » A vrai dire, c’est même étonnant qu’il se soucie d’une seule personne, cela avait surpris Riley. Mais finalement, il restait toujours le même. « Pourquoi est-ce que t’es avocat en fait ? » Dans ses grands idéaux, Riley pense que tout avocat veut un monde juste. Après tout, c’est bien ça, la définition de la justice, non ? Ou se voile-t-elle d’illusions sur un monde, finalement tout sauf parfait ?

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() message posté Mer 1 Mar 2017 - 22:44 par Invité

don’t sacrifice yourself too much, because if you sacrifice too much there’s nothing else you can give and nobody will care for you.  Je ne savais pas comment ils faisaient pour se passionner ici. Les couloirs nauséabonds, les gens hagards, les dossiers pliés sur les bords de tables. Le tribunal me répugnait. On suffoquait dans chaque aspect de la justice. Les histoires se ressemblaient toutes. Il y avait cette même trame ; un accusé, deux avocats et le juge. Le procès se déroulait avec monotonie avant de s’achever par un châtiment. Il y avait toujours un perdant dans la cour. Probablement, moi. L’avocat le moins doué de Londres. Le drogué abasourdi par les vacarmes de la rue. Mes yeux brillaient en fixant les décorations du bureau. La présence de Riley, depuis quelques mois, avaient réussi à sublimer l’espace. Je me sentais moins seul dans ma léthargie. Je pouvais respirer, marcher, me défoncer. Et elle était là. Rayonnante de douceur. Aveuglée par son innocence ridicule. J’aurais pu admirer ses idéaux. La suivre sur le droit chemin. Mais je n’avais pas le temps de laisser mon esprit. Il appartenait aux rails de la coke, aux délicatesses de la poudreuse qui glissait langoureusement dans mes bronches. Je volais. Je m’épandais. J’existais dans un univers argenté. Les étoiles étaient des sourires qui transperçaient ma bouche. Je riais en me redressant contre la chaise. Parfois, je voulais honorer mes engagements. Être un amant pour Romy. Un bon père pour le gosse de Jenny. Un esclave de l’église pour ma mère. Mais ce n’était qu’une illusion. J’étais né pour décevoir mon entourage. Mon pouce glissait sur mon menton avant de marquer une pause au bout de ma langue. Les perles nacrées pétillaient sur mon palais. Au début, j’étais effrayé par les sensations du rush. Je m’étais promis de ne plus jamais y toucher. Mais le désir était incontrôlable. Il me rattrapait afin de me conduire dans cet enfer d’extase. Je ne voulais pas être normal - sombrer dans la sobriété. La vie était ennuyeuse sans la frénésie. Je vacillais en déposant mon saxo. L’expression de Riley était teinté d’amertume. Elle commençait à réaliser. Elle voyait que ces lois nous condamnait.  « Je n’ai aucune envie de manger une glace alors qu’une innocente est partie en prison. » Quelle sacrilège ! Se priver de désert pour les autres. Je fis la moue en m’appuyant sur la porte. Mes jambes étaient devenues flageolantes. Je la toisais sans regarder, sans apprécier les détails de son visage enfantin. « Tu t’en fiches vraiment ? » Honnêtement, oui. Je haussai les épaules dans un geste désinvolte. « En fait, si c’est pas pour ta copine, tu te fous de tout le monde. Pour moi non plus, tu ne lèverais sûrement pas le petit doigt. Pourquoi est-ce que t’es avocat en fait ? » Je ne l’avais pas choisi. Les textes de loi étaient gravés dans ma mémoire mais je n’arrivais pas à m’en sortir.Je n’arrivais pas à être un justicier. L’étreinte euphorisante du cannabis commençait à s’estomper. Le vent se transformait en glace dans mes poumons. Je me tournais vers mon assistante en souriant. «Elle partira en prison anyways. Il faut une décennie pour changer une loi. Je ne fais rien pour toi. A chaque fois que tu rêves de sauver le monde j’fous rien pour toi.» Je me raclai la gorge en m’approchant de sa silhouette. Je posai une main tremblante sur sa joue. Elle était réelle. Le contact de sa peau s’infiltrait dans ma chair. Il me retenait dans cette anarchie. Je souris en murmurant près de son oreille : «Ma jumelle était en faculté de médecine. Je ne pouvais pas risquer la confusion puis il y a la tentation de toutes les substances, alors on m’a envoyé en droit. Les cours réservés aux idiots. Mais je suis trop intelligent pour tomber dans le panneau. Riley, je souffre. Tue-moi avec une agrafeuse. C’est ça ta défense ? Ecoute la mienne : les malades qu’on pas les couilles d’se suicider ont pas l’droit de faire condamner les autres. S’il aimait Katie il aurait sauté du toit. Comment tu peux demander à quelqu’un d’abréger tes souffrances comme ça?» Marmonnai-je sans rompre le contact.
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() message posté Dim 5 Mar 2017 - 11:40 par Samia Bukhari
We all think we’re going to be great. And we feel a little bit robbed when our expectations aren’t met. But, sometimes, our expectations sell us short. Sometimes, the expected simply pales in comparison to the unexpected. ✻✻✻ C’est la première fois que Riley peine à comprendre Vince, réellement. Peut-être est-ce la première fois qu’elle le voit comme il est. Comme un avocat qui se fiche de tout, d’absolument tout. A moins de le connaître personnellement, le destin de ses clients lui importe peu. Ou même pas du tout. Les voit-il seulement comme des personnes ? Elle n’en est pas certaine. Il voit l’affaire, les preuves, les témoignages et les motifs. Il connaît les lois et sait les faire jouer en sa faveur. Mais il se fiche de connaître ses clients. De savoir qu’un d’entre eux a cinq enfants en bas âge, que l’autre a des dettes qu’il ne pourra jamais rembourser, ou encore que l’une ait fait ce qu’elle avait fait par amour. Rien de tout ça ne lui importe.
Riley aurait sûrement dû le réaliser plus tôt. Vince est ainsi depuis le début, l’était sans doute longtemps avant qu’elle n’arrive. Il avait sa réputation au sein du tribunal, mais elle avait choisi de l’ignorer. Et aujourd’hui, elle est déçue. Déçue de constater que les autres avaient raison. Vince pourrait être un bon avocat, mais il ne s’en donne pas les moyens. Parce qu’il s’en fiche. Et la seule fois où il avait voulu gagner un procès, c’était pour sa copine. Et il avait réussi, sans aucun problème. Riley avait même été impressionnée, et s’était investie avec lui, pour l’aider. Parce qu’elle voyait que ça lui tenait à cœur. Mais cette fois, c’était à elle qu’une affaire avait tenu à cœur. Non pas parce qu’elle connaissait l’accusé, enfin elle connaissait la ‘victime’, mais c’était surtout pour ce que tout ça signifiait. Parce qu’elle pouvait s’identifier. Parce qu’elle pouvait comprendre cette décision. Mais Vince n’avait pas su le faire. Ou bien il n’avait pas voulu. Peu importe, le résultat est le même. «Elle partira en prison anyways. Il faut une décennie pour changer une loi. Je ne fais rien pour toi. A chaque fois que tu rêves de sauver le monde j’fous rien pour toi.» Ses rêves sont-ils donc si fous ? Elle ne peut pas être la seule pourtant. Mais face au cynisme de Vince, ses rêves sont ridicules. Et il serait inutile de se battre pour les réaliser. Peut-être a-t-il raison, peut-être cela prendrait-il longtemps. Mais il faut bien commencer quelque part. Mais elle sait aussi que Vince ne sera pas celui qui commencera ce combat. «Ma jumelle était en faculté de médecine. Je ne pouvais pas risquer la confusion puis il y a la tentation de toutes les substances, alors on m’a envoyé en droit. Les cours réservés aux idiots. Mais je suis trop intelligent pour tomber dans le panneau. Riley, je souffre. Tue-moi avec une agrafeuse. C’est ça ta défense ? Ecoute la mienne : les malades qu’on pas les couilles d’se suicider ont pas l’droit de faire condamner les autres. S’il aimait Katie il aurait sauté du toit. Comment tu peux demander à quelqu’un d’abréger tes souffrances comme ça?» A-t-il toujours été ainsi ? Sans doute pas. Il a bien dû lui arriver quelque chose pour qu’il devienne aussi cynique. Mais Riley ne lui demandera sûrement jamais. « Mais parce qu’il ne pouvait pas le faire ! » Sinon il n’aurait jamais demandé ça à Katie, surtout en sachant ce qu’elle risquait. « Tu ne sais pas ce que c’est de souffrir ainsi, de te savoir condamné mais de rien pouvoir faire, ni pour aller mieux, ni pour en finir plus rapidement. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre la mort dans une chambre d’hôpital qui pue. Il n’y a rien de pire que ça. » Mais tout ça, il s’en fichait. Elle lui avait suggéré de dire ça au procès, mais il ne l’avait pas fait. Selon elle, il n’avait laissé aucune chance à Katie. Peut-être que ça n’aurait pas fonctionné, dans tous les cas. Mais il n’avait même pas essayé. « Mais comment est-ce que tu pourrais comprendre ? Certains se battent pour vivre, alors que toi, tu te bousilles la santé ! » Sans s’en rendre compte, elle a haussé le ton, et elle pousse un soupir, regrettant un peu ses paroles. Mais sans arrêter de les penser pour autant. « Et qu’est-ce qu’il y a de mal à vouloir changer le monde ? A vouloir qu’il soit juste ? » Certes, lui, n’en a pas envie, mais ça ne veut pas dire qu’il peut casser ses idéaux ainsi. Ils croient en des choses bien trop différentes mais, avant aujourd’hui, Riley n’avait jamais remis Vince en question. Et maintenant qu’elle a commencé, elle voudrait comprendre. Vraiment comprendre.

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() message posté Sam 18 Mar 2017 - 17:48 par Invité

don’t sacrifice yourself too much, because if you sacrifice too much there’s nothing else you can give and nobody will care for you.  Je prenais mon temps pour observer la vitre. God, Riley m’ennuyait. La lutte contre l’oppression était surfaite. Elle pensait y trouver une sorte de concrétisation, refaire le monde en le saupoudrant de praliné et de copeaux de chocolat ? La justice n’était qu’une perte d’intégrité. En me regardant, elle pouvait compter le nombre d’affaires perdues. Elle pouvait décrypter toute la passion que j’avais mis dans mes plaidoiries au début de ma carrière. Je n’oubliais la frénésie de l’attente, cette envie de décortiquer les livres de lois à la recherche de procès similaires et de bavures dans les textes. J’avais essayé, semblerait-il. Je voulais m’affirmer et rendre mes parents fiers. Mais Hanna m’avait ôté ce plaisir. Elle m’avait dépassé de mille lieux. Sa carrière était florissante et je ne faisais qu’enchaîner les plaintes de mes supérieurs : trop d’insolence, pas assez d’assiduité. Le juge Meyer avait même osé me gronder parce qu’elle arrivait à voir mon slip. Pas faute si elle reluquait. Pas ma faute si mes pantalons étaient tombants. Pas ma faute si j’avais pas envie d’aller chez le coiffeur. Pas ma faute si le cosmos était injuste et que les gens crevaient sous les ponts! Je tendis le bras vers le cendrier. Ma cigarette pleurait sur le socle métallique. La flamme s’était lassée de la pénombre - je me penchai vers le bureau avant de me hisser vers le centre de la pièce. J’avais renié tous ces rêves. Aussi triste cela soit-il, Romy était ma seule raison de me battre. J’avais longtemps justifié cette dépendance en clamant qu’elle connaissait les meilleurs dealers, que la coke qu’elle ramenait était mieux cristallisée que la mienne. Puis j’avais réalisé que j’avais besoin d’elle. Physiquement. Comme un coeur qui s’accrochait à la poitrine. Comme un organe relié au reste de son organisme. Je soupirai en toisant Riley. Ses discours s’enflammaient. Je ne l’avais jamais vu aussi concentrée. Toutes les causes se ressemblaient. Toutes les défaites étaient identiques.  «  Mais parce qu’il ne pouvait pas le faire ! Tu ne sais pas ce que c’est de souffrir ainsi, de te savoir condamné mais de rien pouvoir faire, ni pour aller mieux, ni pour en finir plus rapidement. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre la mort dans une chambre d’hôpital qui pue. Il n’y a rien de pire que ça.  » Je la toisai d’un air désintéressé. Ces histoires ne m’appartenaient pas. C’était la souffrance des autres - j’avais mes propres tourments à endormir sous les joncs de la drogue. J’avais mes addictions et mes OD. «  Mais comment est-ce que tu pourrais comprendre ? Certains se battent pour vivre, alors que toi, tu te bousilles la santé ! » J’aspirais les vapeurs toxiques afin de me laisser porter par l’onde d’insouciance. Sans déconner. Elle avait remarqué aussi. Je laissai échapper un rire moqueur.« Et qu’est-ce qu’il y a de mal à vouloir changer le monde ? A vouloir qu’il soit juste ?  » Mon filtre s’écrasa contre le bout de ma chaussure. Je soupirais en retrouvant vers mon instrument. Mes doigts glissaient avec volupté contre le métal. J’assemblais les pièces en souriant. «T’avais déjà remarqué que j’avais une dent de travers? J’trouve ça rajoute du charme. Hein?» Je continuais mes mouvements. Le saxophone brillait sous les ondoiements de la lampe. Et avec cet éclat, les pensées se chevauchaient dans mon esprit. «T’accuses comme ça. J’en sais rien de la souffrance? Parce que toi t'en sais quelque chose ? Tu ressens à la place des gens ?» Déclarai-je en suspendant mes bras dans le vide. C’est à instant que la vérité me percuta. Elle savait. Elle avait vécu. Je me tournai afin de détailler son expression. Je ne trouvais aucune réponse - et même si je voulais m’en foutre, même si je voulais oblitérer tous ces détails, je me sentais concerné. Parce que c’était Riley. Et qu’on s’habituait à son sourire. On s’habituait à sa présence. Et parfois, lorsqu’on faisait pas attention. On l’adorait.
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Samia Bukhari
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() message posté Mer 12 Avr 2017 - 10:56 par Samia Bukhari
We all think we’re going to be great. And we feel a little bit robbed when our expectations aren’t met. But, sometimes, our expectations sell us short. Sometimes, the expected simply pales in comparison to the unexpected. ✻✻✻ Riley pourrait parler à un mur, ça aurait le même résultat. En fait, non, parce que le mur ne lui répondrait pas en rabaissant tout ce qu’elle pense. Elle a ses opinions, et elle en a parfaitement le droit. Face à Vince pourtant, elle a l’impression d’avoir tort sur toute la ligne. Alors que tout ce qu’elle veut, c’est un peu de justice, de logique. Mais au fond, peut-être que, tout comme Vince réfute la sienne, Riley n’écoute pas l’opinion de l’avocat. Parce qu’elle estime avoir raison. Parce qu’elle sait ce qu’ont vécu Katie et son copain. Ou du moins, elle peut l’imaginer. Comment Vince le pourrait-il ? Lui qui se fout de tout, comment pourrait-il comprendre la souffrance d’un condamné à mort ? De quelqu’un qui ne peut plus rien espérer, rien d’autre que la fin.
Pourtant, Riley avait rencontré Solal, le meilleur ami de Vince, malade lui aussi. Mais celui-ci n’est pas comme tous ceux qui se savent condamnés. Et peut-être faut-il avoir vécu ça personnellement, et non pas par le biais d’un ami, pour le comprendre. Peut-être était-ce pour ça que Katie avait fait ce qu’elle avait fait. Parce qu’elle comprenait, parce qu’elle avait aussi connu ça. Mais Vince n’a sans doute jamais été malade. Pas vraiment. Sa maladie à lui, c’est lui qui la choisit, qui la crée. Et Riley ne peut pas le comprendre. Pourtant, avant cette affaire, elle avait l’impression de réussir à le comprendre de mieux en mieux. Parfois même à le faire un peu changer d’avis. Mais aujourd’hui, elle se heurte à son cynisme, et elle a l’impression de foncer droit dans le mur, et de recommencer, encore et encore, espérant le briser. Mais tout ce qui risque d’arriver, c’est qu’elle finira par ne plus pouvoir se relever. «T’avais déjà remarqué que j’avais une dent de travers? J’trouve ça rajoute du charme. Hein?» Elle pousse un soupir, alors que la pression dans ses épaules se relâche un peu. Elle lui en veut, c’est certain. Mais est-ce que ça sert à quelque chose ? Est-ce qu’elle pourrait y changer quelque chose ? Elle n’en est pas sûre du tout. «T’accuses comme ça. J’en sais rien de la souffrance? Parce que toi t'en sais quelque chose ? Tu ressens à la place des gens ?» Elle baisse le regard, gênée. Elle n’aurait pas dû parler de tout ça. Ça n’apporte rien, sinon le regard presque inquisiteur de Vince. A-t-il deviné ? S’en soucie-t-il assez pour se douter de quelque chose ? Pour comprendre à son implication qu’il y a une raison à cela ? « Non, je… » Mais les mots se perdent dans ses pensées. Elle n’a pas l’habitude de mentir à ce sujet. D’ailleurs, elle ne l’a jamais fait. Parce que le sujet ne vient jamais, sauf quand elle le décide. Pourquoi lui poserait-on la question ? Ce n’est pas vraiment la première chose qu’on demande quand on rencontre quelqu’un. Ni ensuite. Comment pourrait-on supposer qu’une personne a souffert d’un cancer, alors qu’aucun signe extérieur ne le montre ? A part quelques cicatrices, des médicaments qui remplissent son armoire à pharmacie et un traumatisme dont elle ne sait se débarrasser, il ne reste rien de son cancer. « C’est logique, c’est tout. » Se justifie-t-elle. Ça pourrait suffire. Peut-être qu’elle aurait aussi pris cette affaire à cœur si elle n’avait pas elle-même souffert d’une maladie qui aurait pu l’emporter. Peut-être qu’elle aurait trouvé ça d’une grande injustice dans tous les cas. Ou peut-être pas. « Mais je trouverais bien quelqu’un d’autre pour lancer une pétition, ou faire appel. T’inquiète. » Penser que Vince aurait pu changer d’avis était stupide, elle le réalise maintenant. Elle avait laissé sortir toute sa frustration et sa colère face à la décision du juge et à l’insouciance de Vince, sans réaliser à quel point ses reproches étaient inutiles, même si justifiés.

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() message posté Sam 15 Avr 2017 - 18:57 par Invité

don’t sacrifice yourself too much, because if you sacrifice too much there’s nothing else you can give and nobody will care for you.  On vieillissait sur le reflet du miroir, la peau fripée par le mensonge et les conventions. La justice avait imprégné mes draps comme l’effluve d’une cigarette éteinte. J’avais oublié de me battre pour la cause. J’avais oublier de prêter le sermon des avocats. Mes épaules n’étaient pas assez solides parce que j’usais mes efforts dans la cocaina. Et Riley devenait stupide sous mes yeux. Si elle croyait en moi, en nous, au tribunal, je ne la considérais plus. Je m’avançais entre les poussières du bureau. J’avais un message à lui adresser ; celui des insoumis, des ténébreux, des petits toxs merdeux qui suivaient les lignes alambiquées des métros de Londres. Des chanteurs clandestins et des sans domicile fixe qui dormaient sous le pont de la tamise. La vraie souffrance, c’était le manque. Lorsque la peau s’arrachait de de la chair pour se déverser dans les veines putrides, toujours avides de poison et de drogue. Lorsque l’estomac se tordait dans la faim mais les poches était vides et la bouffe ça coûtait du fric. Quand on était prêt à tout pour la dose, pour se sauver de la douleur, pour une foutue seconde de bonheur, même éphémère. Mais putain vendre son cul ne rapportait rien dans les quartiers résidentiels. Il fallait monter jusqu’aux faubourgs, contourner Chinatown et lever l’encre devant les baisses luxueuses et dépravées de la haute. Qu’elle me parle de la souffrance des malades - des âmes frappées par la fatalité, lorsque la mort était le remède à tous les symptômes. Mais que je choisissais de survivre pour sniffer. Lorsque ma mère me retrouvait endormi sur la cuvette des toilettes et qu’elle criait pour me réveiller. Mamma, j’fais un somme dans mon vomi. Et elle priait tellement fort que mon coeur en devenait douloureux. Parce que j’avais mal de la voir souffrir avec moi. Ce n’était pas sa faute. Mais j’aimais l’aiguille et le fixe. J’aimais la froideur de l’acier et la saveur tranchée de l’héro. Et quand le sang perlait au bout de ma narine, ce n’était pas grave parce que je respirais avec le coeur. Je voyais avec le coeur. Je m’en fichais avec le coeur. Mon corps se redressait dans la pénombre. Je lâchais les pièces de mon saxophone afin de la couvrir de mépris - la rage insondable de celui qui refusait les compromis. Elle me prenait pour un guignol.  Et alors ? Je n’avais pas le temps de repasser mes chemises. C’était pour l’écologie, l’électricité ça gâchait la vie des igloo de l’autre côté du pôle. On devrait me remercier au lieu de jeter la pierre sur le plus junkie. Pourquoi les gens, avaient-ils de la compassion pour les cancéreux, et pas les drogués ? « Non, je… » Je ne la croyais plus. La menteuse. Elle me cachait des choses, ses prunelles trahissaient la gêne. Je remuais le bout du nez en m’approchant de sa silhouette. Pour la première fois, je remarquais la fragilité de sa posture. « C’est logique, c’est tout. » Non. La logique c’était fumer un joint sur le balcon et sourire au monde, parce que la paye était là, à chaque fin de mois. La logique c’était ressentir la compassion au compte goutte et acquiescer devant les défaites juridiques. « Mais je trouverais bien quelqu’un d’autre pour lancer une pétition, ou faire appel. T’inquiète.» Alors pourquoi elle me cassait les pieds ? Je levai le bras afin d’attraper son poignet. Je la fixais avec un mélange de frustration et de désinvolture. Je voulais avancer et ignorer toutes ses paroles. Je voulais redevenir l’imbécile heureux. Mais je tenais à Riley. Je m’étais habitué à sa candeur ridicule. «C’est pas logique. Pourquoi tu fais la meuf comme ça?» Je lui imposais ma prise chétive et vacillante. Je ne voulais pas lui faire mal. Mais j’attendais des réponses. «T’insistes comme ça. Katie c’est ta mère ? T’as tué un tuberculeux en phase terminale et t’essaie de contourner la loi ? » M’enquis-je en clignant les yeux.
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() message posté Dim 21 Mai 2017 - 16:21 par Samia Bukhari
We all think we’re going to be great. And we feel a little bit robbed when our expectations aren’t met. But, sometimes, our expectations sell us short. Sometimes, the expected simply pales in comparison to the unexpected. ✻✻✻ Vince et Riley n’ont rien en commun. Absolument rien. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle le réalise, mais elle avait réussi à s’en accommoder. Et même à l’apprécier un peu, sans doute. Après tout, être différent, ça n’a pas à être négatif, tant qu’on le décide. Et c’est en rencontrant des personnes différentes qu’on change, qu’on grandit. Riley a toujours fait en sorte de garder l’esprit ouvert, de ne pas juger trop rapidement quelqu’un qui penserait différemment qu’elle. Et jusqu’ici, ça ne l’avait jamais dérangé que Vince ne soit pas comme elle, ne pense pas comme elle. Au contraire, elle préférait penser qu’ils se complétaient bien. Qu’ils apportaient chacun quelque chose à l’autre. Mais aujourd’hui, son opinion change.
Aujourd’hui, chacun reste campé sur ses positions, et il semble qu’ils ne parviennent pas à se comprendre. Riley ne comprend comment Vince peut agir avec tant de détachement, quand elle a l’impression que la question ne devrait pas se poser. Elle sait bien que la question existe, sinon la loi ne l’interdirait pas, mais elle pensait qu’il serait capable de voir ce qu’elle, elle voit. Qu’il verrait la souffrance du geste de Katie, le courage que cela lui a demandé et l’injustice des conséquences qu’elle subit. Mais non, il ne le voit pas. Ou il refuse de le voir, pour l’effort supplémentaire que ça lui demanderait. Et elle lui en veut, de fermer les yeux sur cette injustice. Elle lui en veut de ne pas utiliser sa position, ses connaissances, pour aider quelqu’un qui ne mérite pas la prison. A nouveau, peut-être est-elle trop idéaliste. Face au cynisme de Vince, elle est toujours trop optimiste. Mais elle refuse de penser que l’erreur vient d’elle. Qu’elle a tort sur cette histoire et qu’il est normal qu’une personne ayant abrégé les souffrances de quelqu’un soit punie pour cela. Non, ce n’est pas l’idée qu’elle se fait de la justice. «C’est pas logique. Pourquoi tu fais la meuf comme ça?» Pourquoi aurait-elle besoin d’une raison pour défendre quelque chose en quoi elle croit ? Certes, il y en a une, mais elle n’est pas la seule. Elle peut sans doute davantage comprendre la souffrance, le désespoir d’un malade qui n’a plus aucune chance. Elle peut comprendre sa demande, que celle qui l’aimait ait accepté d’y accéder. Mais même sans son vécu à elle, l’histoire reste injuste. Pourquoi quelqu’un qui a exaucé le souhait d’un condamné devrait-il recevoir la même punition que de véritables criminels ? «T’insistes comme ça. Katie c’est ta mère ? T’as tué un tuberculeux en phase terminale et t’essaie de contourner la loi ? » Vince parvient donc si peu à se projeter, à comprendre ce que quelqu’un d’autre que lui pourrait ressentir ? Comment n’avait-elle pas remarqué ça avant ? Il ne s’intéresse jamais plus que ça à ses clients, à leur histoire ou même à la vérité mais il reste juste. Du moins, c’est ce que voit Riley. « J’ai besoin d’une excuse pour croire à une justice qui n’envoie pas des innocents en prison ? » Tout ça est ridicule, pourquoi ne le réalise-t-il pas ? Et, même s’il semble suspicieux, Riley n’est pas certaine de vouloir lui parler de sa maladie. Elle ne veut pas que le regard de Vince change. Ou peut-être a-t-elle peur qu’il la rabaisse encore plus qu’il ne le fait parfois. Elle n’en sait rien, mais elle n’est pas encore prête à le lui avouer. « Mais apparemment, c’est trop te demander de comprendre. » Elle est déçue, Riley, vraiment. Sans trop comprendre pourquoi. A quoi s’attendait-elle ? « Passons à autre chose. J’vais ranger un peu. » Elle change de sujet, réalisant que tout ça ne mènera à rien. Aussi de peur que Vince n’insiste sur le sujet et qu’elle finisse par en dire trop.

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