"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Penn Law: Legal 290 Law and Lawyers of Sir Walter Scott [HELGNIAN] 2979874845 Penn Law: Legal 290 Law and Lawyers of Sir Walter Scott [HELGNIAN] 1973890357
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Penn Law: Legal 290 Law and Lawyers of Sir Walter Scott [HELGNIAN]

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() message posté Sam 22 Avr 2017 - 9:20 par Invité


Penn Law: Legal 290 Law and Lawyers of Sir Walter Scott

Two souls with but a single tought, two hearts that beat as one. - John Keats



Il patientait dans le couloir, les coudes sur les genoux. Jean, t-shirt, veste noire simple, pas du tout l’archétype d'un homme d'affaire, d'un homme de la Haute. Avec les années, il n'avait pas changé. Il ne portait pas de lunettes, n'avait pas de cheveux gris encore. avachi comme il l'était, on l'aurai pris pour un djeuns qui va se faire remonter les bretelles par le directeur du lycée. Pas du tout, il était un homme marié, bien qu'il ne portât d'anneau au doigt. Entre ses pieds, coincé par ses mollet, il y avait une petite mallette dont il jouait avec la poignée passant le temps en silence. Il soupira. Se rappelant les faits qui l'avaient poussé à venir jusqu'ici. Officiellement, il était un donateur anonyme. Dis comme ça, on penserait à une banque de sperme, non, non, non. Il voulait devenir mécène, offrir quelque chose au peuple britannique, sans pour autant donner son nom. Il n'aimait pas ça, donner son nom, il avait l'impression qu'on le foutait sur un piédestal et ça, ça ne lui convenait pas. Alors il resterait anonyme. Mais pour faire un don, anonymement, il faut un "parrain". Et ce parrain, il l'avait trouvé à son club. Sir Galloway était un membre inconditionnel du Savile's Club et depuis son retour à Londres, il l'avait entendu parler et rabâcher que la Conservatrice du Patrimoine du British Museum était absolument splendide et magnifique, bref, tout un tas d'adjectifs qui en effet correspondait parfaitement à la jeune femme. Il le savait déjà, néanmoins, puisqu'elle était sa meilleure amie, sa confidente. Il trouva alors ce prétexte pour prendre rendez-vous sans donner son nom (une fois de plus). Sir Galloway était plus que ravi de voir "la jeunesse" s'impliquer dans la vie patrimoniale de Londres et c'était donc sous SON nom que le jeune homme avait scellé son destin.

Parce que oui, ce rendez-vous était d'une importance capitale. Oh pas pour le patrimoine qu'il tenait dans sa petite mallette. Mais simplement parce qu'il avait terriblement peur qu'elle le rejette, ou que cela se passe mal, une nouvelle fois, quand elle découvrira le fameux mécène anonyme. Pour vous expliquer plus en détail, il y a huit ans, ils étaient les meilleurs amis du monde, ils s'entendaient tellement bien qu'on aurait cru un frère et une sœur complices. Et pourtant, ils n'étaient pas de la même famille, pas même du même pays. Il était anglais de la Haute, elle était finlandaise. Il y a sept ans, ils eurent une terrible querelle et il baissa les bras, s'enfuyant et dans la nuit, et du pays. Il prit ses affaires et quitta le continent pour un autre, plus grand, plus vaste, plus sauvage. Il ne voulait penser à tout cela, il ne voulait devoir admettre ou renier, enfin... Il partit, point final. Alors revenir aujourd'hui, c'était comme affronter Goliath. Une femme s'approcha, ce qui le tira de ses réflexions. "Madame la Conservatrice n'est pas joignable malheureusement, j'ai peur qu'il ne vous faille patienter trop longtemps. Ils ont des problèmes dans la Bibliothèque du Roi. Voulez-vous prendre un autre rendez-vous?" Il secoua la tête, de gauche à droit et vice-versa. Non, ce n'était pas grave, il reviendrait plus tard, avec ou sans rendez-vous, parce que ce n'était qu'un prétexte après tout. Et grâce à la secrétaire ou l'employée, il savait où ELLE se trouvait. La Bibliothèque du Roi. Il avait arpenté le British Museum un milliard de fois déjà avec elle et il aurait pu y retourner les yeux fermés. D'ailleurs, il se saisit de la mallette à ses pieds, remercia bien poliment la susnommée employée et quitta les coulisse du Musée. La Bibliothèque du Roi était une longue pièce qui aujourd'hui faisait office de corridor sur l'un des côtés du Dôme central. Il quitta donc les bureaux administratif et se retrouva dans l'ancien Salon des Manuscrits. La Bibliothèque du Roi était juste après, droit devant lui.

Il inspira longuement. Ok, maintenant, la question était... Comment l'aborder. Au fur et à mesure qu'il marchait dans cette looooongue (beaucoup trop longue) allée, il se posa mille questions. "Salut, ça boum? Après 7 ans, quand même."... Non. "Yo, la miss, t'as encore grossi à ce que je vois?" Encore moins, ce n'était pas poli de dire ça et puis, la voyant de dos, il voyait bien qu'elle était toujours la même. Belle comme un cœur. Il eut un petit pincement au cœur. Il n'aurait jamais dû partir comme cela. Le pouce de sa main gauche tenta de chatouiller son annulaire, mais il ne portait plus son alliance alors cela ne servait à rien, il fourra donc sa main dans sa poche, alors que l'autre tenait encore la mallette. Allez, qu'on sonne le gong et qu'on implore le Jugement Divin. Il entrouvrit les lèvres, mais impossible de sortir un seul son. Son regard dévia sur une vitrine non loin de lui. Il vit une assiette en céramique représentant l'une des Fables d’Ésope "le coq et le renard", daté de 1771. Il eut une idée, alors se tournant vers ladite assiette, il prit la parole, s'assurant de parler suffisamment fort pour l'interpeler, elle, mais pas trop non plus pour ne pas perturber le reste des visiteurs.

- 1771? Mais c'est aussi la date de naissance de Walter Scott, peut-être l'un des plus célèbres poète écossais. Ca serait un honneur qu'il soit dans la Bibliothèque du Roi.


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() message posté Sam 22 Avr 2017 - 20:33 par Invité
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire - Amélie Nothomb

Je ne suis pas de la Haute société, je n’ai jamais appartenu à une riche et grande famille d’aristocrates, ou que sais-je. Cependant, ma famille a toujours eu une bonne situation. Mon défunt père était un dentiste de renom dans la ville d’Helsinki où nous avions toujours vécu. Ma mère quant à elle, était une historienne passionnée et une professeur à l’université à ses heures perdues. C’est elle qui m’a transmis la passion de l’histoire et de l'archéologie; mais elle a toujours été beaucoup plus fermé d'esprit que moi lorsque de nouvelles théories historiques pointaient le bout de leur nez. Sûrement à cause de son penchant pour la religion, chose qu’aujourd’hui je ne partage plus avec elle. En fait, je ne partage plus grand chose avec elle, si ce n’est quelques lettres de temps à autre. Souvent envoyées et reçues aux mêmes dates d’ailleurs. L’air frais de la Finlande me manque souvent, et l’odeur de la vieille bâtisse où j’ai grandi aussi. Je ne peux qu’imaginer à quel point la maison doit paraître vide à présent que mon père est décédé, et que je suis définitivement partie. Je n’ai jamais eu de frères ou de soeurs, alors ce genre de pensée m'assomme toujours d’un léger pincement au coeur. Je me rappelle lorsque j’ai quitté le pays, mes parents ne pensaient pas que je tiendrais longtemps là-bas, dans le Grand Brouillard. Et pourtant, cela fait déjà plus de dix années que j’y vis. Je mentirais si je disais que je n’ai jamais pensé à retourner vivre auprès de ma mère, surtout après tous les événements tragiques que j’ai vécu ces dernières années; la vie londonienne n’a pas été de tout repos pour moi. Mais je crois qu’on s’habitue à la douleur, tout comme à l’absence. C’est ensuite ces deux choses qui nous tiennent le mieux compagnie, et qui nous rappelle à quel point nous sommes vivants.

Habillée d’une robe entièrement en dentelle, j’aurais sûrement l’air tout droit sorti de l’époque victorienne si on ne s’attardait pas plus sur la longue de la jupe, ou sur les détails de la tenue. En effet, le col et les longues manches sont en dentelles noires et fines, pour ne pas dire transparentes; Le buste de la robe est ornée de broderie blanche, tandis que la jupe est du même raffinement, mais noire. Le haut de l’habit se conclue sur un col claudine avec un long noeud en tissu couleur corbeau. La robe tombe juste au dessus de mes genoux, et épouse mes formes d’une manière élégante, sans jamais être vulgaire. Mes collègues ont l’habitude de me voir porter ce genre de vêtement. Tous ceux qui me connaissent savent que c’est ainsi que j’aime m’habiller. Après tout, comme disait Françoise Giroud dans “Mon très cher amour”, l’élégance est toujours noire. Pas besoin de porter des bijoux et de montrer sa richesse pour être raffinée, il suffit juste de savoir porter la couleur des ténèbres. Moi j’aime la porter sous forme de dentelles, j’ai de nombreuses robes du même style que celle que j’aborde aujourd’hui. Et puis, chacun investit dans ce qui lui chante, n’est-ce pas?

❧ ❧ ❧

La matinée se déroule plutôt mal. Pour ne pas dire de façon catastrophique. Je dois l’avouer, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même; cette fois, pas question de rejeter la faute sur une des réceptionnistes ou un de mes collègues. Je suis la seule maître de mon emploi du temps, et j’ai surestimé la vitesse à laquelle je pourrais enchaîner la journée. J’ai rendez-vous avec mes supérieurs sur les coups de dix heures, et notamment avec le directeur du British Museum, pour une réunion dans la Bibliothèque du Roi. Il est question de discuter de certaines restaurations d’objets présents dans cette immense pièce, qui se sont détériorés ces dernières années. J’avais également noté la semaine dernière un rendez-vous avec un donateur anonyme, parrainé par Sir Galloway que je connais plutôt bien puisqu’il n’en est pas à sa première visite ici, ni à son premier don. C’est grâce à ce genre de personne que le Musée peut accéder à de nombreuses restaurations, aménagements, travaux en tout genre, et il est capital de toujours les accueillir convenablement. Seulement voilà; mon rendez-vous avec ce donateur est prévu à onze heures, et lorsque je regarde ma montre pour la cinquantième fois de la journée, il est déjà onze heures vingt-cinq. Je suis bien évidemment toujours au chevet du Directeur, à l’écouter raconter ses anecdotes historiques que tout le monde a déjà entendu dix fois. Tout cela m’énerve, et je bouge nerveusement mes pieds, impatiente; cette réunion avec la direction ne semble jamais se terminer. Mon stylo tapote frénétiquement sur mon grand calepin, et je me mords la lèvre, mon esprit divague nerveusement auprès du donateur anonyme qui, s’il n’est pas déjà parti, doit se retrouver vraiment offusqué que je le fasse miroiter ainsi. Après tout, il ne vient pas pour se faire arracher une dent, mais bien pour nous donner de l’argent. Mais je ne peux pas quitter ainsi mes supérieurs alors que la réunion n’est pas terminée. Je prends donc mon mal en patience, alors que le cadran de ma montre affiche déjà onze heures trente. Une de mes assistantes fait soudainement irruption dans la pièce; elle pousse l’encombrante porte qui surplombe une des deux extrémités de la bibliothèque, et s’avance vers nous en faisant clapoter ses talons noirs sur le parquet lustré de la pièce. Le son résonne comme un tambourinement incessant, et me détache définitivement de la conversation se déroulant entre mes supérieurs. La jeune femme, légèrement plus petite que moi malgré ses plus hauts talons, porte de longs cheveux blonds lisses et une paire de grosses lunettes noires. Personne ne semble se préoccuper de sa présence à part moi, qui fronce les sourcils dès qu'elle arrive à quelques mètres de nous. Elle me fait signe de la rejoindre ; je m'excuse auprès de mes collègues et supérieurs, et me dirige vers elle d'un pas enjoué. « Qu'est-ce que tu veux Cathy, je t'ai dis que j'étais en réunion ce matin, tu ne dois pas nous déranger. » Je chuchote, mais mon ton est délibérément froid et accusateur. La jolie blonde rougit, donne un coup d'index sur le centre de ses lunettes pour les remonter vers le haut de son nez ; puis elle ressert l'emprise sur les documents qu'elle tient fermement contre sa poitrine. « Pardon Helga, c'est juste que le donateur, il vous attend toujours, et bref, je me disais que peut-être ça serait bien que vous alliez le voir ou quoi, parce que ça craint quand même non ? » Oui, ça craint, comme elle dit. Mon visage se détend légèrement, je ferme les yeux durant quelques secondes le temps de réfléchir à la meilleure solution. Puis je les ouvre à nouveau, et je regarde le Directeur par dessus mon épaule. Cet homme me fera une scène si je décide de m’éclipser maintenant, et m'étripera si je lui explique que je pars pour rejoindre un donateur anonyme, qui plus est une connaissance du Sir Galloway, que j'ai déjà fais attendre plus d'une demi-heure. Je me tourne rapidement vers mon assistante. « Retourne voir le donateur et dis lui que je ne peux pas le recevoir aujourd'hui. Propose-lui un autre rendez-vous d'accord ? Je ne peux pas quitter la réunion alors qu'on parle de restauration. » J'attends qu'elle acquiesce, me faisant comprendre qu'elle a bien enregistré le message. Puis je la contraint à tourner les talons dans la direction de l'entrée qu'elle a emprunté. « Allez dépêche-toi, je n'ai pas que ça à faire. » dis-je d'une voix détachée tout en lui donnant une petite tape dans le dos. Je retourne ensuite près du groupe afin de reprendre la discussion en cours de route.

Il est presque midi lorsque le Directeur et l'ensemble de mes supérieurs semblent s'accorder sur l'idée que c'est moi qui devrait faire un répertoire de toutes les pièces à restaurer dans la salle. Non pas que cela me dérange, puisqu'après tout il s'agit de mon travail, mais je ne pensais pas qu'il eut vraiment besoin d'une réunion de pratiquement deux heures pour en arriver à cette maigrichonne conclusion. « Faites nous un inventaire, et on avisera après » s'est-il finalement exclamé avant de sortir de la Bibliothèque du Roi accompagné de sa bande de joyeux lurons. Je me suis ensuite retrouvée pratiquement seule, et le moindre de mes faits et gestes semblent raisonner dans l'immensité de la pièce comme on jetterait un cailloux dans un puit très profond. Autour de moi, il n'y a que quelques petits curieux, mais pas plus de dix personnes. Je m'adonne rapidement à la tâche, puisqu'après tout, plus vite ça sera commencé, plus vite ça sera terminé. Dans ce silence envoutant, où seul le bruit de mon crayon sur la feuille de papier et les murmures des visiteurs se font entendre, je ne peux m'empêcher de penser à mon fils ; comme bien trop souvent lorsque je demeure seule. J'hésite à envoyer un message à Ethan, Jude, ou même Kintarô pour leur demander de leurs nouvelles, parce que j'aurais peut-être plus l'impression d'avoir de la compagnie, et que ça m'évitera de devenir aussi morose. Je sens un nœud se former dans ma gorge à mesure que les minutes passent, et que les souvenirs défilent. Mais j'essaye de me concentrer sur mon travail, de ne pas y penser. Peut-être que je devrais appeler une de mes assistantes pour m'aider à la tâche. Et puis, j'entends la grande porte de la bibliothèque, la même que Cathy et mes supérieurs ont à tour de rôle emprunté, s'ouvrir à nouveau. Je n'y fais même pas attention, tout bonnement parce que j'ai mieux à faire. Ça peut être quelqu'un qui travaille au Musée ou un simple passant, ça m'est bien égal ; et c'est pour ça que je ne dégaine même pas un regard vers la personne qui vient de pénétrer les lieux. Surtout si c'est pour me rajouter un truc à la longue liste des choses que je dois faire aujourd'hui. Heureusement que j'aime ce métier -et que je suis bien payée- sinon je ne suis pas sûre que je supporterais qu'on me charge de travail ainsi. Je continue donc l'avancée de mon inventaire alors que j'entends les pas se rapprocher de moi. Puis de nouveau plus un bruit, à part le crissement du stylo sur mon calepin, et les murmures des visiteurs. Soudain, une voix masculine assez proche de moi s'exclame de façon fortuite  « 1771? Mais c'est aussi la date de naissance de Walter Scott, peut-être l'un des plus célèbres poète écossais. Ca serait un honneur qu'il soit dans la Bibliothèque du Roi. » Je relève légèrement la tête sans pour autant arrêter de griffonner sur ma feuille de papier. Sur le coup, je dois avouer que je ne comprends pas de quoi il est question pour ce qui est de la date. Mais en incorrigible curieuse -surtout quand il s'agit du musée où je travaille-, je ne peux pas m'empêcher de venir en aide à cet âme en peine de Walter Scott vraisemblablement. Je termine donc ma phrase écrite, et je tourne la tête en direction de l'homme ayant parlé quelques secondes auparavant. « Il y a toute une section sur Walter Scott dans l'aile " Prints and... " » Je ne peux pas finir ma phrase. Tout simplement parce que j'ai l'impression de voir un fantôme, là devant moi. Un fantôme du passé. Un visage que je n'ai jamais pu oublier, et qui semble être exactement le même que dans mes souvenirs. Comme si nous nous étions quitté hier, alors qu'en vérité, cela faisait déjà sept ans. Je sursaute presque lorsque nos regards se croisent. Je blottis mon calepin fort contre moi pour ne pas le lâcher dans la surprise, et je me mord la lèvre pour ne pas crier. Pendant quelques instants, il ne passe rien, absolument rien. Je me demande si je ne suis pas en train d'halluciner, tout simplement. Ninian et son sourire, Ninian et sa dégaine toujours décontractée. Je m'approche de lui, faisant plusieurs pas vers l'avant, jusqu'à me retrouver à une distance à la limite du convenable. Ninian avec les mêmes tâches de rousseurs, celles que je pourrais cartographier par cœur, mais Ninian avec quelques ridules autour des yeux qui n'étaient pas là avant. Je reste bouche-bée, et je me fais violence pour ne pas toucher ce visage en face de moi, juste pour m'assurer que je ne suis pas folle, que je n'imagine pas tout ça. Mais je sens son odeur, celle que j'avais oublié, et dont je me rappelle à présent. « Ninian c'est toi... » Finis-je par dire dans un murmure, ma voix tremblante comme elle n'a pas tremblé depuis des années, incertaine, déboussolée. Ça sonne comme une question, et ça tambourine dans mon pauvre cœur meurtri. Puis soudain, je me rappelle, je me souviens de notre dernière discussion ; comme si juste avant, je ne m'étais rappelée que des bons moments, et de Ninian comme mon meilleur ami, celui qui m'a compris comme jamais personne ne l'avait fait avant. Mais maintenant je ne me souviens que de la rage et des mots échangés ce soir-là, alors que je venais de perdre mon fils, alors que je venais de divorcer. Je m'éloigne comme une prise de conscience, et je fronce les sourcils. Je baisse les yeux et j'aperçois la mallette qu'il tient d'une main. Soudain, la question qui sonne comme une évidence sort de ma bouche encore endolori par la surprise. « Qu'est-ce que tu fais ici ? »



☆☆☆ Beerus
@NINIAN MEYRICK
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() message posté Dim 23 Avr 2017 - 17:49 par Invité


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Two souls with but a single tought, two hearts that beat as one. - John Keats



Cette assiette, aussi finement décorée était-elle n'intéressait pas forcément l'homme à la malette. C'était uniquement la date qui avait attiré son attention. 1771. Naissance de Walter Scott, mais également, si mes souvenirs sont bons d'Antoine Gros, un peintre français. C'est également l'année où Francisco de Goya a peint le Sacrifice à Pan. Mais 1771 c'est aussi la dernière année de certains grands hommes, comme le Roi de Suède, Adolphe-Frédéric, comme Thomas Gray un poète compatriote. Mais pour dire l'entière vérité, l'homme n'en avait rien à faire de la date. C'était la seule chose qu'il avait réussi à dire pour éviter de paraitre trop... idiot devant la femme qu'il venait de retrouver. "Salut, j'suis rentré". "Coucou, poulette". "Pardonnez-moi, je cherche mon amie". Non, non, rien de tout cela. Il ne savait pas comment attirer son attention autrement qu'ainsi. Il se sentait véritablement idiot de ne pas oser. Après tout, n'étaient-ils pas amis depuis bien des années? Une petite dispute n'était pas grand chose. Il soupira, craignant en faire de trop... ou pas assez. Il ne savait plus comment l'aborder et craignait terriblement sa réaction. Ils avaient parlé de tout et de rien auparavant, sans jamais se quereller, ou bien alors, cela n'était que peccadille et ils avaient oublié le lendemain. Mais cette fois-ci, cela était bien plus douloureux. Il avait honte, d'être parti comme cela, de n'être jamais rentré, de ne lui avait jamais expliqué, de ne pas lui avoir dit, posément, calmement, de ne pas l'avoir contacté durant toutes ces années. Il aurait dû et il s'en voulait. Mais comme on disait si bien, Alea Jacta Est, le Sort en est jeté. Et en ce jour un peu maussade de Janvier, il n'y avait plus de retour en arrière. Il était là et il allait la retrouver.

« Il y a toute une section sur Walter Scott dans l'aile " Prints and... " »

Le curieux jeune homme eut un fin sourire en coin, non pas qu'il se moquait, oh que non, mais qu'il se souvenait des pages de brouillon de Sir Walter Scott dans les vitrines de la collection qui lui était réservé. Mais en même temps, il aurait préféré les voir ici, dans l'Ancienne Bibliothèque du Roi, siège des "Lumières" de l'Angleterre. Sir Walter Scott avait participé à cet... "éclairage" littéraire de la Grande Bretagne. Il inspira profondément, tournant son regard sur la femme, maitresse des lieux.

« Ninian c'est toi... »

Elle semblait choquée, interdite. Elle avait bien raison. Il avait bafoué toutes les règles de bienséance en ne s'annonçant pas. Il aurait pu donner son nom pour le rendez-vous, il aurait pu l'appeler, il aurait pu demander directement à la secrétaire de la prévenir. Mais non, il avait franchi toutes les barrières pour arriver, à l'impromptu, sans rien dire d'autres que cette idiotie sur le poète écossais. Il se mordit la lèvre inférieure, partagé entre le doute qui l'assaillait encore et l'envie irrésistible de lui sauter dans les bras. Mais il avait été bien élevé et il ne se permettrait pas de gestes aussi déplacés, surtout en public.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Question logique. Question rhétorique peut-être? Mais question totalement logique, pourtant, il n'avait aucune réponse à lui donner en cet instant. Il restait fixé dans ses yeux. Ses iris si belles, si douces, si... profondes. Comment avait-il pu s'en séparer pendant aussi longtemps? Il s'en voulait encore plus. Pourtant, il n'avait pas résisté à la retrouver, à peine ses valises de retour sur les terres britaniques. Il y a quelques jours, il avait atterri à Glasgow, était rentré sur "ses" terres, avait arrangé quelques affaires et était revenu presque immédiatement à Londres. Il n'avait pas passé quelques jours que déjà il avait cherché à contacter la Conservatrice et ce fut à ce moment qu'il eut l'idée d'utiliser Sir Galloway. Les secondes passaient et il fallait trouver une réponse. Que dire? La vérité? Un mensonge gros comme le nez? Avec Helga, il était inutile et incorrect d'user d'un mensonge. Il osa un petit sourire, agitant un petit peu la mallette, toujours dans sa main droite.

- Je viens faire un don... quelques babioles trouvées dans le fond du grenier. Et... je pensais qu'elles seraient bien mieux ici, sous ta garde, que de servir de cale-livres sur une cheminée. Ce qui en soit était purement et simplement vrai. Mais il n'y avait pas que cela. Et je suis venu te voir aussi. Tu m'as manqué. Ca, c'était encore plus vrai.


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() message posté Mer 26 Avr 2017 - 0:37 par Invité
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire - Amélie Nothomb

Il règne une ambiance étrange à présent. Tu es là devant moi, et combien de fois j'ai pu rêver de ce moment. Oh Ninian, Ninian mon tendre ami, le plus proche que j'ai pu avoir. Tu étais là, et l'instant d'après, tu avais disparu. Je me rappelle de cette fameuse soirée, celle où nous nous sommes disputés ; je ressasse en boucle tous les regrets que j'ai pu avoir dans ma vie, alors j'y repense souvent. Cette dispute était tellement puérile, j'ai regretté chaque mot sortant de ma bouche. Et pourtant c'est ceux-là que j'ai prononcé . Des idioties, et ma culpabilité exposées au grand jour. Bien sûr, ça n'était pas de ta faute, c'était de la mienne. J'ai profité de ta présence, j'ai bénis chaque instant passés à tes côtés, au dépit de ceux passés avec ma famille. Mes remords ne pourront jamais être effacés. Ais-je fais les mauvais choix ? Est-ce que passer moins de temps avec toi aurait vraiment protégé ma famille ? Sept ans en arrière, tu me rappelais trop cette ancienne vie révolue ; celle où j'avais un fils, un mari, un équilibre parfait. Et c'était difficile, tellement difficile de croiser ton regard sans sentir mon cœur se meurtrir. Je n'étais qu'une enfant, au plus profond de mon âme. J'avais trouvé l'ami, le confident, c'était si excitant. Et peut-être plus que ça, mais non, je m'y suis toujours résignée. Même y penser, c'était de trop, Dieu ne me l'aurait jamais pardonné. Mais aujourd'hui, tu es de nouveau là. Et j'aurais pu croiser ton regard, et ressentir exactement la même chose : de la douleur, de la peine, de la culpabilité ; penser à Dieu, le supplier qu'il me pardonne. J'aurais pu ressentir tout cela, mais c'est en croisant ton regard aujourd'hui que j'ai compris. J'ai compris que sept années avaient passé.

❧ ❧ ❧

Il me voit à présent, les yeux cernés par les nuits blanches et les souvenirs encombrants ; le corps amaigri par les nombreuses fois où j'oublie de me nourrir, l'esprit trop occupé à ressasser. Je suis si loin de la femme qu'il a connu. Lorsque nos regards se sont croisés à l'instant, j'ai eu l'impression que pour lui, le temps n'avait pas eu d'effet. Il a l'air d'être toujours le même, alors que je suis si différente. Un cœur cassé en deux, recollé médiocrement parce qu'il doit continuer de battre ; une femme brisée par la tristesse, par la mort et par la vie. Je me sens misérable sous son regard émeraude. Et pourtant ; je reste stoïque, droite comme un piquet. Je ne veux pas montrer mes faiblesses. Parce que je suis une femme fière. Et parce que je suis sur mes gardes. Il est devant moi, comme une apparition, comme un doux rêve devenu réalité. Parce que je l'ai cherché Ninian. Après notre dispute, j'étais allée chez lui, je voulais qu'on en parle. Mais il était déjà loin, très loin. Ça, je ne le savais pas, mais je savais juste qu'il était parti sans prévenir. Alors j'étais restée sur cette note amer pendant sept ans. Sans savoir où était parti l'ami, sans comprendre ce départ précipité. Oh, je l'ai détesté Ninian, comme jamais je n'ai détesté quelqu'un auparavant. Parce qu'il m'avait abandonné. J'avais perdu mon fils, j'avais quitté mon mari ; Et puis j'avais été abandonné par mon meilleur ami. Les premières années sans lui, j'ai imaginé cette scène, celle d'aujourd'hui, au moins un million de fois. Je m'imaginais lui hurler dessus, je m'imaginais très en colère. Les années suivantes, je m'imaginais plus tolérante, peut-être froide mais surtout pleine de questions. Les fois où je pensais à ce moment devenait plus rare à mesure que les années défilaient ; Au final, la vie a suivit son cours, et j'ai accepté l'idée de ne plus jamais le revoir. Ma mère me disait souvent « Quand on cherche quelque chose on ne le trouve pas. C'est quand on ne le cherche plus qu'il revient à nous. » Ça m'énerve d'admettre à quel point elle peut avoir raison parfois.

Trop de questions tournent dans ma tête, je ne sais même pas par où commencer. La première qui sort de ma bouche, alors que je me recule, c'est ce qu'il fait ici. Parce qu'après tout, c'est la plus évidente. Je ne pensais pas le revoir un jour, et je ne pensais certainement pas qu'il prendrait la peine de venir jusqu'à moi. Et puis pourquoi après sept ans ? C'est si long sept ans, j'ai l'impression d'avoir vécu une éternité entre ce moment et le dernier où je l'avais vu. J'attends ma réponse, impatiente. Je sens que mon cœur est sur le point d'éclater. Je fais tourner mon crayon entre mes doigts parce que je me sens terriblement angoissée. Mais mon regard ne se détourne en aucun cas du sien. Il est ancré, impassible. Ninian sourit je me sens me liquéfier sur place. Je ne suis pas sûre d'avoir vu plus beau sourire que celui-là en sept ans. Mais je n'exprime aucune émotion, même si mon emprise sur le calepin que j'ai entre mes bras s'est encore intensifié. Si ça continue, le carton pliera bientôt. Si seulement il savait tout ce qu'il se passe dans ma tête. Et puis finalement, une réponse sort de sa bouche, celle que je m'efforce de ne pas fixer. « Je viens faire un don... quelques babioles trouvées dans le fond du grenier. Et... je pensais qu'elles seraient bien mieux ici, sous ta garde, que de servir de cale-livres sur une cheminée. » Je jette à nouveau un œil à la mallette qu'il fait bouger de droite à gauche. Sa voix me rend si nostalgique. Je prends une grosse bouffée d'air. Je sens que les larmes me montent aux yeux. Oh non Helga, tu ne pleureras pas. Je déteste tellement ma sensibilité. Parce qu'après sept années sous silence radio, je m'attendais à bien mieux comme réponse. Si nous étions seuls dans cette immense bibliothèque, je l'aurais maudis. Là, juste à cet instant. Mais je me contiens, une fois de plus. Parce qu'il y a des gens autour de nous, parce que je n'ai pas envie de passer pour une folle hystérique. Et parce que je ne suis pas faible. Oh non, il n'aura pas le plaisir de m'entendre dire à quel point j'ai pu être triste sans lui, à quel point je me suis inquiétée de ne jamais le voir revenir. Je profite du petit silence qui s’immisce entre nous, et je pose finalement mon calepin et mon stylo sur la vitre entourant les fameuses assiettes représentant les Fables d’Ésope. Je soupire. Puis je suis prête à prendre la parole à mon tour ; prête à jouer mon rôle de conservatrice, une pointe de déception dans le cœur. Puisqu'après tout, c'est pour ça qu'il était venu non ? Mais Ninian me coupe dans mon élan. « Et je suis venu te voir aussi. Tu m'as manqué. » La phrase tourne plusieurs fois en boucle dans ma tête. Je fronce les sourcils, et je reste immobile, toujours face à mon calepin et à mon crayon. Qu'aurais-dû faire à ce moment ? Ninian m'offre ce que j'attends depuis sept ans. Tu m'as manqué, tu m'as manqué. Ces quelques mots, c'est comme un baume pour mon cœur. C'est comme une remise de peine, où la peine dans ce cas-là aurait été mon tourment de ces sept dernières années. Je ne le regarde toujours pas. Finalement, je suis peut-être faible, juste pour cette fois c'est promis. Un sanglot s'étrangle dans le fond de ma gorge, et puis finalement je lâche prise. Je me tourne et je m'avance doucement, jusqu'à passer mes bras autour de lui. Oh Ninian, mon ami, mon très cher ami. Mon geste vaut tous les « Toi aussi tu m'as manqué » du monde, et je pense qu'il le sait. Je m'accorde ce moment, et tant pis si ce sera le seul, et tant pis si c'est déplacé. Contre lui, je lève les yeux, et je le regarde un instant. Je l'ai déjà vu depuis cet angle des milliers de fois, mais c'est comme si je le redécouvrais. Il sent toujours la cigarette et sa peau est légèrement bronzée. Je ne souris pas, mon visage semble toujours impassible. Parce qu'il me manque encore tellement de pièces dans le puzzle, je ne sais toujours pas quoi penser. Dois-je être heureuse, en colère, inquiète ? J'ai tellement de question à lui poser. Et puis je m'extirpe doucement, parce que je me compte de ce que je viens de faire, mais qu'en même temps je ne veux pas brusquer ce moment. À une distance raisonnable, j'ose enfin ajouter des paroles. « On serait peut-être mieux dans mon bureau pour discuter si tu es d'accord. » Peut-être que ça sonne comme une question mais ça n'en est en aucun cas une. Je n'ai pas envie de me donner d'avantage en spectacle. Pour ce qui est de mon travail, ça peut attendre. Et puis c'est censé être la pause déjeuner n'est-ce pas ? Je l'invite à me suivre d'un geste de la main, tournant moi-même les talons ; mon bureau n'est pas très loin nous n'avons que quelques couloirs à parcourir. Je jette une nouvelle fois un regard à sa mallette alors que nous marchons côté à côte, avant d'arriver devant l'entrée de mon bureau. J'ouvre la porte et m'exclame finalement, tout en faisant un geste de la main, d'un « Après vous Monsieur Meyrick. » plutôt ferme. Une fois à l'intérieur, je referme la porte, et je ne peux m'empêcher de rajouter une fois le silence du bureau retrouvé  « C'était quand même bien tordu de te faire passer pour un Donateur Anonyme. », tentant soigneusement de cacher un léger sourire naissant.



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() message posté Mer 26 Avr 2017 - 10:53 par Invité


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Two souls with but a single tought, two hearts that beat as one. - John Keats



La femme en face de lui eut, visiblement, un peu du mal à le reconnaitre. Pourtant, il n'avait pas changé d'un poil, peut-être quelques nouvelles rides sur le front ou au coin des yeux, un air plus mature, oui certainement. Il avait gagné en maturité, c'était certain, obligatoire, sinon il n'aurait pas pu revenir, pas après tout ça, s'il n'avait pas fait le point sur les évènements. Si de dos, il aurait pu la reconnaitre entre mille, son doux visage, autrefois magnifique était marqué par bien des aléas aujourd'hui. Entre ses traits tirés, sa lividité, un maquillage qui camouflait très probablement les marques d'un manque de sommeil, elle le fixait d'un regard triste, morne, vide. Il en eu le cœur meurtri, mais ne montra rien d'autre qu'un fin sourire compatissant. Oui, Ninian, c'était bien lui, il était revenu et pour quelle raison? Des babioles à donner au Musée. Mais pas que, ce n'était que prétexte que ceci. Sa véritable raison était que son amie si chère à son cœur, lui manquait bien de trop. Et c'était ce qui avait brisé son cœur, à lui.

Dix ans auparavant, ils s'étaient rencontré, pour un chat malade, blessé. Son sourire, sa fierté, sa délicatesse avait suffit à amadouer un jeune étudiant terminant son parcours brillamment. Ils avaient sympathisé autours de Rembrandt, Vermeer, Goya, Diderot, Montesquieu, Walter Scott, John Keats... Neuf ans auparavant, elle lui avait confié dans les moindres secrets sa vie et il avait fait de même, évoquant alors sa première femme. Ils n'avaient pas trente ans et pourtant, ils avaient déjà vécu toute une vie déjà. Huit ans auparavant, il avait senti au fond de lui un attrait pour elle. Un tel attrait qu'il en aurait été peu catholique de le lui avouer. Alors le secret s'est transformer en bête dévoreuse d'âme, plus il le taisait, plus il sombrait dans la solitude et plus il avait mal. La nuit, plié en deux dans son lit solitaire, il attendait que le temps ne passe. Sept ans auparavant, la tension était telle qu'il suffit d'une étincelle pour faire exploser une bombe atomique. Il avait déraillé, comme on dit dans le langage populaire. Il était devenu fou par le mal qui le rongeait. Il avait dit des choses totalement affreuses et s'en était voulu à la seconde où elles avaient franchi ses lèvres. Ses talons avaient alors pivoté, ses pas l'avaient attiré loin de la scène et sa tête lui hurlait de partir loin. Très loin. Encore plus loin que loin. Tel un fantôme obéissant, son âme rongée, détruite, il avait obéi, avait bourré une valise de vêtements, lui qui était si attentionné autrefois, avait conduit dans l'heure à l'aéroport et il sauta dans le premier avion venu, pour une destination qui n'avait aucune importance. Sept ans à errer tel un demi-mort, le cœur enseveli, l'âme en peine, la tête blessée, le corps abandonné.

A la Noël, il y avait seulement quelques jours, quelques semaines tout au plus, il s'était rendu compte à quel point il avait été pitoyable. Pitoyable de partir, pitoyable de n'avoir jamais prévenu ou donné de nouvelle, pitoyable de se sentir aussi... idiot. Alors, fourrant de nouveau sa valise sans la moindre déontologie pour les vêtements qui s'y trouvaient, il fit le chemin en sens inverse. Grace à un don généreux, il trouva une place médiocre au zoo. Mais cela ne le dérangeait pas. Il n'avait qu'une idée en tête. Au fil des jours, il avait arrangé les affaires et les legs du testament de son père et muni de cette valisette, il était venu ici, au British Museum, son objectif inchangé depuis sept ans. Retrouver Helga Lindholm. SA Helga, la sienne, la sienne à lui. Il n'avait jamais pu l'oublier, pendant ces sept longues années. Il avait toujours suivi son évolution, de loin, piochant sur internet quelques articles sur la Conservatrice. Et quand l'équipe de recherche sur les Tigres birmans était tombé sur quelques fouilles archéologiques, alors c'est au British Museum qu'il avait voulu envoyer le tout, mais pas sous son nom, jamais.

La question, en sommes toutes logique, était sortie de sa bouche et il y avait répondu, avec la même logique. Si on venait dans un musée, il y avait deux raisons et deux uniquement, la première, la plus simple, la plus logique était parce qu'on voulait étudier, visiter, découvrir les choses présentées. On entrait dans un musée océanographique pour découvrir les êtes vivants de la mer, on visitait un musée d'art pour voir les curiosités picturales des derniers temps. Il en était de même pour le British Muséum qui offrait à la vue de tous l'histoire du Pays, aussi bien dans les objets que dans des tableaux ou des rites particuliers. Mais on entrait également, et c'était cela la deuxième raison, pour faire don de... choses et d'autres, pour que ce même musée les place en vitrine. C'était donc la raison qui l'amenait ici même. Le don, anonyme qui plus était, de "babioles" comme il venait de les nommer. Oh, il pouvait secouer l'attache-case, les susnommées babioles étaient bien protégées. Pourtant, si la raison était parfaitement justifiée, il y en avait une autre. Une plus véridique. Une terriblement vraie que la bête noire qu'il avait oubliée naissait une fois de plus. La revoir. Elle. Parce qu'elle y travaillait, parce qu'ici était toute sa vie. Parce que c'était entre ces murs qu'il était certain de la retrouver.

Pas une seule seconde, il ne dévia son regard du sien. Il vit les larmes se former au coin de ses magnifiques yeux, mais elle ne fléchit pas, trop fière pour pleurer sur son lieu de travail, au milieu de tous ces gens. Non, elle se retint, mais finit tout de même par briser la distance qui les séparait et elle termina dans ses bras. Un instant, interdit, et il lâcha la mallette qui ne tomba pas de bien haut. Ses deux bras désormais libres, il les enroula autour de ses épaules, se voulant réconfortant. Il les serra, mais pas comme un ami donne l'accolade à un autre. Il serra fort, parce que la distance avait été trop longue, parce que leur amitié avait été plus forte que n'importe quelle autre amitié. Il en oublia toutes les convenances dues à son rang, à son éducation. Il s'agissait là d'Helga. Ce n'était pas une amie... de tous les jours. Mais quand la bienséance revint en sa tête, il relâcha son étreinte, elle en profita pour se reculer, remettre cette distance professionnelle entre eux et lui proposer de se rendre dans son bureau qu'il venait de quitter presque. Il hocha du chef, mais n'ajouta rien, car s'il ouvrait la bouche, ça serait uniquement pour redemander une embrassade.

« Après vous Monsieur Meyrick. »

Il lui offrit un sourire amusé, bien que son regard était quelque peu attristé. La raison était simple et il n'allait pas la garder tue très longtemps, d'ailleurs, elle spécifia son "ingéniosité" à avoir caché son nom. Il devait alors s'expliquer. Son sourire s'agrandit encore plus, content tout de même du petit effet de surprise qu'il avait voulu produire.

- Tu sais, je ne suis plus "Monsieur Meyrick" maintenant... Je suis "Très Honnorable Meyrick, Laird d'Ardgour"... J'ai reçu le titre l'année dernière. Mais je ne me fais toujours pas à ça. Il n'avait pas envie de lui dire que son père était mort pour qu'il reçoive son titre. Après tout, un "laird" n'était pas héréditaire, il appartenait au propriétaire de la terre. Mais comme la terre lui avait été léguée, il était normal, donc qu'il reçoive le titre en prime. La mallette, installée sur ses genoux maintenant, après avoir été récupérée quand elle proposa de se rendre dans cette pièce, il ne l'ouvrit pas tout de suite, se contentant de poser ses mains dessus. Sir Galloway se faisait une joie d'être le "parrain" de... nos retrouvailles, je n'ai pas pu y résister. Néanmoins, je tiens à ce que le don reste anonyme, je ne veux pas de mon nom affiché. Malgré toute la fierté de son nom, il restait quelqu'un de humble qui travaillait pour gagner sa vie, même si cela n'était pas nécessaire au regard de sa condition. Pourtant, il reprit d'une voix plus basse, presque apeurée, terrifiée de devoir écouter une réponse à ce qui allait suivre. Mais je... j'avais peur de ta réaction, si tu avais su que... que c'était moi qui prenais rendez-vous. J'avais peur que tu me rejettes et... Les souvenirs de cette terrible soirée revenaient forcément en mémoire, comme le ressac de la mer. Il soupira, puis reprit contenance. Alors, quelles sont les nouveautés du Musée? Vous avez réussi à avoir ce... attends, c'était quoi déjà?... Le parchemin suspendu de Okada Kanrin, avec les petits oiseaux et les faisans?

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() message posté Lun 1 Mai 2017 - 1:18 par Invité
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire - Amélie Nothomb

J'ai eu besoin de ce moment. Pourtant, comme j'ai pu l'évoquer précédemment, cette scène je me la suis imaginée des milliers de fois. Et à chaque rêveries, je me suis dis que je me tiendrais devant lui, forte et inébranlable, sans jamais rien montrer. Ni la colère qu'il m'ait abandonné, ni la tristesse de l'avoir perdu, ni la joie de le voir devant moi à nouveau. Mais j'ai trahi ma parole, celle que je me suis faite à moi-même ; parce que quelques instants seulement après nos retrouvailles, j'ai eu besoin de ses bras réconfortants autour de moi. Sept ans c'est long. Jésus Marie Joseph que ça peut être long. Une éternité sans lui, sans sa voix douce mais masculine et son accent so british qui raisonne si juste jusqu'à mes oreilles ; sans son sourire impeccable, ses fossettes lorsqu'il rit et les pâtes d'oie autour de ses yeux qui me donnent envie de faire risette à mon tour ; sans sa gueule d'ange et ses milliers de tâches de rousseurs qui parcourt son visage pâle, charme si particulier que j'ai déjà gribouillé sur un bout de feuille des centaines de fois ; mais par dessus tout sans sa présence, l'odeur du cigare froid imprégné sous toutes les coutures de ses vêtements que j'ai prétendu détester des dizaines de fois, alors qu'en vérité c'est l'effluve la plus réconfortante qui soit. Contre lui, j'ai inhalé son parfum alors que deux bras forts m'ont plaqué contre son torse. J'ai résisté à l'envie de poser mes mains sur son buste, me rendant compte que si c'est un geste que je pouvais faire autrefois, il a toujours été déplacé. Aujourd'hui il l'est d'autant plus. Que sais-je à présent de cet homme que je sers contre moi? Même si en apparence il ne semble ne pas avoir changé, peut-être est-ce le cas au plus profond de son cœur et de son âme.

Alors nous nous sommes séparés, à contre-coeur je dois l'avouer. Ce genre d'étreinte, je ne les partage avec personne, à part peut-être avec Ethan lorsque les mots ne suffisent plus à étouffer ma tristesse. Je pense que mon vieil ami a ressentis le besoin de mettre une distance autant que moi. Nous nous sommes manqués, c'est certain, mais une distance s'impose. Parce qu'il sent comme Ninian, il dégage la même chose que lui. Mais peut-être ai-je à faire à un parfait inconnu. Je l'ai dis : sept ans, c'est long. J'ai changé, et sûrement que lui aussi. Peut-être n'aura-t-il plus envie de prendre dans ses bras la femme que je suis devenue. Puis je lui ai proposé de poursuivre notre entrevue dans mon bureau. Trop de témoins assistant au théâtre de nos retrouvailles, et ça me dérange. Parce que cela ne regarde personne à part nous. J'ai essuyé les débuts de larmes qui ont menacé de couler sur mes joues, non tu ne pleureras pas, et nous sommes sortis de la Bibliothèque du Roi. Nous avons besoin de calme, et mon bureau semble l'endroit idéal pour ça. En chemin, j'ai fais le rapprochement entre le donateur anonyme et Ninian ; Oh non, je suis loin d'être idiote, rusée comme un renard disait mon défunt père, et il ne peut pas avoir deux personnes souhaitant faire un don au musée dans la même journée. Ninian est cette même et seule personne, alors qu'il tient fermement cette petite mallette en cuir souple qui m'intrigue tant. Quel secret renferme-t-elle, si elle contient réellement quelque chose ? Ma curiosité est piquée au vif. C'est une journée pleine de surprise.

❧ ❧ ❧

Je laisse Ninian entrer en premier dans mon bureau. C'est une petite pièce lumineuse avec une grande fenêtre et plusieurs plantes vertes. Elle sent le tabac froid et l'odeur de l'imprimante. Les murs sont blancs mais ils sont principalement recouvert par des étagères encombrés de livres et de dossiers. Mon bureau est imposant, plaqué contre un mur tout en étant centré au milieu de la pièce. Des classeurs trainent un peu partout, même sur le clavier de mon ordinateur. Certains tiroirs n'ont pas été fermés et laissent apparaître quelques feuilles avec les bouts encornées. On voit que je passe beaucoup de temps ici et que je n'ai pas toujours le temps, ni la place de bien ranger. Il y a aussi une grande chaise de bureau -la mienne- et deux autres en bois qui servent à accueillir des invités. Sur une table à part traîne des tasses, une machine à café et quelques gâteaux. Enfin, des paquets de cigarettes vides sont là un peu partout, jonchent parfois même le sol près de la poubelle si on s'y attarde un peu plus. Je me sens quelque peu honteuse d'accueillir Ninian dans ses conditions, mais ma gêne reste une fois de plus imperceptible pour le commun des mortels. Pas même pour un vieil ami à l'oeil ardent. Je finis par réengager la conversation sur une note plus légère, bien que mes bras se soient croisés. Au fond, je veux en savoir plus sur lui, tout en restant sur mes gardes.

Nous nous asseyons tous les deux sur les chaises en bois devant mon bureau sans vraiment nous concerter. Je pense qu'inconsciemment je ne veux pas imposer la barrèire du large bureau pour discuter. Ninian finit par me répondre dans un premier temps qu'il n'est plus seulement Monsieur Meyrick, mais Très Honnorable Meyrick, Laird d'Ardgour, reprenant mes propos précédemment évoqués. S'il ne se fait toujours pas à ce titre, il est certain que je ne pourrais jamais l'appeler ainsi. Il reste et restera toujours Ninian (mon Ninian ?), ce vieil ami, le plus proche que j'ai pu avoir, celui qui a partagé beaucoup de joie et autant de peines à mes côtés. Je ne pourrais me résigner à l'appeler « Laird d'Ardgour » et à devoir le vouvoyer à présent. Pas après tout ce qu'il s'est passé. Au travers de sa réponse, je pense également comprendre qu'il n'a pas obtenu ce titre dans une pochette surprise mais bien à la suite du décès de son père, lui-même auparavant Laird d'Ardgour. Une expression tristounette se dessine sur mon visage, reflétant ma compassion et ma peine pour Ninian. Un petit « Oh, je vois. » s'échappe de ma bouche dans un murmure et un froncement de sourcil. J'aurais aimé m'approcher de lui, poser ma main sur la sienne, la serre tendrement pour exprimer d'avantage mon ressenti. Je ne peux que comprendre ce qu'il ressent, mais je reste droite sur ma chaise, écoutant la voix mélodieuse de Ninian m'expliquer enfin le pourquoi du comment se retrouve-t-il en face de moi aujourd'hui. « Sir Galloway se faisait une joie d'être le "parrain" de... nos retrouvailles, je n'ai pas pu y résister. Néanmoins, je tiens à ce que le don reste anonyme, je ne veux pas de mon nom affiché. » Je hoche la tête, buvant ses paroles. Mes sourcils sont toujours légèrement froncés, traduisant mon grand intérêt pour ce que peut dire l'homme en face de moi. Je croise mes jambes et tire ma robe pour la faire glisser plus bas, puis pose mes mains entrelacés sur mes genoux. Je tente de rester le plus immobile possible ; je dois avouer que je ne suis pas particulièrement à l'aise à ce moment précis ; avoir Ninian assit dans mon bureau face à moi après tout ce temps... C'est une sensation étrange que je ne peux exprimer que par un sentiment à la fois d'anxiété et d'excitation. « Je comprends, ne t'inquiète pas. » Dis-je calmement à la suite tout en acquiesçant d'un léger sourire courtois. J'ai toujours admiré l'humilité de Ninian. Issu d'une très bonne famille, il n'a jamais été obligé de faire des études, ou travailler ; ce n'est pas comme s'il en avait réellement eu le besoin. Et pourtant il est devenu vétérinaire, une discipline aussi difficile que prestigieuse. Il n'a jamais étalé son argent aux yeux du monde, et il a toujours été consciencieux que les autres l'aime pour ce qu'il est réellement plutôt que pour ce qu'il possède ; une qualité rare de nos jours, sûrement une des choses que j'aime le plus chez lui, et qui ne semble ne pas avoir changé malgré les années. À cette pensée, mon sourire s'élargit le temps d'une courte trêve.

Un léger silence s'installe, et puis, mon sourire se dissipe alors que Ninian parle à nouveau. « Mais je... j'avais peur de ta réaction, si tu avais su que... que c'était moi qui prenais rendez-vous. J'avais peur que tu me rejettes et... » Mon visage se ferme, et mes sourcils se froncent à nouveau. J'observe attentivement mon vieil ami, et je pense reconnaître un mélange d'angoisse, de culpabilité et de la tristesse aussi. Je baisse le regard un instant, prenant une grande inspiration. Je comprends qu'il ait pu avoir peur, surtout après la façon dont nous nous sommes quittés sept ans auparavant. J'avoue ne pas savoir comment j'aurais réagis si cela s'était déroulé autrement. Je suis parfois tellement imprévisible, et fière. Je sais que j'aurais pu le rejeter. Au fond, Ninian ne me connait que trop bien ; il savait qu'avec un effet de surprise, il  avait plus de chance que je lui adresse la parole. Je me mord l'intérieur de la joue, partagée entre l'envie de m'excuser, revenir sur cette fameuse dispute et le rassurer, ou ne rien dire de plus à ce sujet à part une grossière banalité. Ma réflexion ne me prend que quelques secondes, et j'ouvre la bouche, prenant une seconde inspiration et m'exclamant doucement « Ecoutes Ninian je... » Mais voilà que l'intéressé me coupe la parole. « Alors, quelles sont les nouveautés du Musée? Vous avez réussi à avoir ce... attends, c'était quoi déjà?... Le parchemin suspendu de Okada Kanrin, avec les petits oiseaux et les faisans? » Sûrement a-t-il prit la décision à ma place au final. Et peut-être que ce n'est pas plus mal, n'est-ce pas ? Pourtant au fond de moi, j'ai ce besoin inestimable de m'exprimer à ce sujet. En attendant, je me sens coupée dans mon élan, et légèrement désorientée. Mais je me ressaisis rapidement, enfilant mon rôle de conservatrice. « Oh, euh... Oui on a un peu bataillé, mais on a réussit à l'avoir finalement. » Dis-je d'une voix légèrement peu assurée, un léger sourire aux lèvres. « En ce moment on met en place une superbe exposition sur Hokusai pour le mois de mai, et je prépare une autre exposition sur la religion au Royaume-Uni à travers les époques, avec un prêtre qui travaille à la cathédrale Saint-George. » Oswald, je n'ai pas particulièrement envie de parler de lui, parce que c'est une personne de plus qui m'a déçu. Ninian n'est pas forcément au courant que je me suis totalement écartée de la voie divine, moi la fervente de Dieu il y a encore sept ans. Mais ma voix reste plus enjouée et assurée alors que je tente de combler le possible blanc qu'il y aurait eu si je n'avais rien ajouté. Je hausse les épaules et poursuit tout en faisant pianoter mes doigts sur mes cuisses sans laisser le temps à Ninian de répondre. « Et sinon j'ai pas mal d'inventaires à faire pour des restaurations... Notamment dans la Bibliothèque du Roi, c'était pour ça que j'y étais, et que j'ai raté notre rendez-vous... » Je me sens légèrement mal à l'aise à l'idée d'avoir posé un lapin à Ninian, et j'énonce la fin de ma tirade dans un murmure. Mes doigts s'entortillent les un autour des autres, trahissant mon anxiété, alors que doucement, une question s'ajoute à mes propos. « Et toi, qu'as-tu fais tout ce temps ? » Les yeux plein de questions, je fixe à présent d'une façon intense cet ami si cher, perdu et finalement retrouvé, ancrant mon regard grave dans le sien. Finalement, je suis juste en quête de réponse.



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() message posté Ven 5 Mai 2017 - 10:47 par Invité


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Cette proximité... Il l'avait espéré depuis tellement de temps. Il l'avait souhaité depuis son départ. Il l'avait maudite tant elle lui manquait. Il l'avait voulu à peine avait-il mis la clé de son appartement dans sa poche. Il l'avait désiré à tel point qu'il avait voulu tourner les talons et revenir auprès de son amie. Sa tendre amie. Son tendre amour devrait-il dire. Du moins, à cette époque. Qu'en était-il maintenant? Avait-il véritablement tourné la page? C'était en tout cas ce dont il tentait vainement de se persuader. Cette proximité n'appartenait pas à la bienséance, il fallait qu'il se recule, qu'il relâche ses bras, qu'il instaure une certaine forme de distance s'il ne voulait succomber à l'appel de ses magnifiques yeux pales. Avant qu'il ne parte, il s'était senti attiré, incapable de se défendre et peut-être était-ce là une des raisons qui l'avaient poussé à fuir. La dispute n'avait été que le déclencheur. Il le savait parfaitement, mais il refusait de se l'avouer. Il était encore bien trop tôt. La mort de son fils et son divorce étaient encore trop présents dans l'esprit d'Helga pour pouvoir tenter quoi que ce soit. Sans parler de sa femme, à lui... Non, il refusait d'y penser. Alors, dans un élan presque incommensurable, il quitta, de ses bras, la proximité. L'effort fut accompagné du sien, à elle, qui mit de la distance entre les deux corps. Pourtant ses mains résistaient, attrapèrent ses doigts si fins et délicats qui avaient vu passer des monuments historiques entre eux. La connaissant, il se prit à espérer qu'elle l'avait oublié, un temps tout du moins, trop absorbée par son travail. Car, honteux, c'était ce qu'il avait fait. Pourtant, même au fin fond de la jungle birmane, il se surprenait à lever les yeux au ciel et à se demander ce que la jeune femme était en train de faire en ce moment précis. Non, il n'avait jamais pu l'oublier, son cerveau toujours lui ressassant la dispute, les rires qu'ils avaient eu, la dispute, les secrets qu'ils s'étaient échangé, la dispute, les pleurs qu'ils avaient essuyés ensemble, la dispute. Cette fâcheuse, terrible et condamnable dispute qui avait tout brisé entre eux. Il fallait désormais tout reconstruire et Ninian était prêt. L'était-elle?

Parler de tout et de rien, c'était possible, avant, alors qu'aucune dispute ne les avait encore séparés. Ils pouvaient parler du beau temps londonien, des prochains matchs de cricket entre le Pakistan et le Sri Lanka, des épitaphes versifiées françaises du XIXème siècle, des "Sirs and Ladies" de la Haute Société. Quand ils se voyaient, il n'y avait plus vraiment cette appartenance à un Cercle très fermé. Ils étaient juste Ninian et Helga. Il n'avait rien tenté parce qu'elle était mariée, parce qu'elle était la mère d'un adorable petit garçon. Non, il n'aurait rien tenté, quand bien même cela avait failli plus d'une fois déraper. Heureusement, il avait su y mettre un frein. Serait-ce encore possible aujourd'hui? Il ne savait. Elle avait terriblement souffert et lui de son côté était... Il préféra laisser cette question en suspend, mieux valait ne point y penser le jour de leurs retrouvailles. Il s'assit donc au bureau sans un autre mot, laissant trainer le regard sur les objets personnels de la jeune femme. Mais tout était ici professionnel. Pas une photo, pas un souvenir ne trainait, rien d'Helga, tout de la Conservatrice. Cela était triste, à son humble avis. Elle devait refouler tout au fond d'elle les évènements qui les avaient séparé. La confiance perdue serait alors difficile à retrouver, car la pilule toujours pas passée très probablement. L'homme eut, une fois de plus, terriblement honte d'être parti tel un malotrus. Ses doigts pianotèrent sur la mallette sur ses genoux. Comment relancer la conversation? Comment retrouver sa confiance? Son nom, son titre en premier lieu. Juste pour la petite pointe d'humour, juste pour évoquer ce qu'elle pouvait déduire en silence alors que désormais il portait le titre de son père. Le pourquoi dont il était venu ensuite. Le don. Anonyme. Oui, il ne voulait pas de son nom étalé dans le Musée ou les journaux. Ce n'était qu'un titre et ce n'était pas qui il était véritablement. Devant elle, il n'était que Ninian et elle était Helga. Il espérait, sincèrement qu'elle ne lui portait pas ombrage pour son départ si long, pour son absence, pour sa fuite. Il espérait de tout cœur qu'elle n'allait pas le rejeter.

C'était là, une de ses plus grandes peurs. La perdre. Perdre sa tendre amie. Ils n'avaient pas été amis d'enfance, ils n'avaient pas grandi ensemble, ils n'étaient jamais sorti ensemble. Elle, avait un enfant, un mari, lui venait de divorcer et continuait ou plutôt terminait ses études. Tous les deux étaient pris dans les rouages de la vie et pourtant, ils avaient été les meilleurs amis du monde pendant trois incroyables années rattrapant le temps perdu de l'enfance ensemble. Il l'avait toujours aimé tendrement. Et au fur et à mesure des mois qui passaient, il s'était pris à l'aimer autrement. Il baissa les yeux, terriblement rongé par le remord, la peine, la douleur, la honte. Il passa outre, changeant radicalement de sujet, tirant un trait assuré sur ce qu'il s'était passé. Il était temps de recommencer une nouvelle page. Alors oui, il la coupa net, il ne voulait pas entendre, cela serait trop douloureux. Il voulait repartir sur des bases saines. Okada Kanrin. C'était un bon thème, car en revenant de là où il s'était terré, il était passé par Tokyo, avait vu toute une exposition sur ce peintre. Il s'était rappelé des problèmes qu'Helga avait eu en voulant créer une exposition similaire ici, au British. Helga, un peu déroutée se reprit et lui répondit. Cette année, cela serait Hokusai. Bien très bien, c'était des œuvres exceptionnelles alors qui allaient entrer dans le musée et... Pourquoi ressentait-il une insidieuse pointe de jalousie alors qu'elle parla d'un prêtre? Son cœur implosa, fondit, se démembra, mourut en son sein et il se sentit abandonné. Cela ne dura qu'une courte seconde, mais le terrible sentiment d'abandon refit surface et il eut toutes les peines du monde à s'en débarrasser sans qu'elle l'aperçoive, du moins l'espérait-il.

Elle continua sur sa lancée, expliquant pourquoi elle lui avait posé un lapin. Il put enfin retrouver le sourire. Il reconnaissait bien là son Helga qui préférait largement ses collections aux interactions humaines. Et puis, Sir Galloway était un tantinet énervant, alors s'il parrainait quelqu'un, il y avait toutes les chances pour que ce quelqu'un soit tout aussi énervant. Il comprenait la Conservatrice qui n'avait aucune envie de perdre son temps. Pour rien au monde il ne lui en voulait d'avoir louper le rendez-vous, même intentionnellement. Et puis, elle s'intéressa à ce qu'il avait fait durant ces sept longues années sans nouvelle. Il s'enfonça contre le dossier de la chaise en bois, les mains toujours sur la mallette.

- Je suis parti principalement en Asie du Sud-Est. J'ai voulu aidé quelques associations. Oh, il avait fait bien plus que ça, mais pour lui, ce n'était jamais assez. Il avait aidé à la création de Soi Dog en Thailande, il avait aidé plusieurs fondations pour les animaux au Bengale, en Birmanie, aux Philippines, en Indonésie. A Bornéo, ils avaient failli se faire bouffer par une ethnie guerrière. Mais je suis également allé un peu partout dans le monde. Je suis allé, ici et là, sans vraiment me poser. Et il s'était remarié. Pouvait-il le lui dire? Non. J'ai fait ce que je savais faire le mieux. Son métier, vétérinaire. La majorité du temps, cela avait été comme bénévole. Il n'avait pas besoin d'argent pour vivre et si cela pouvait profiter à quelqu'un d'autre, alors c'était mieux ainsi. Mais on m'a proposé de travailler au zoo maintenant. Et dire qu'il était un neurologue réputé mais qu'il préférait travailler et faire sourire des gens, plutôt que la gloire et la fortune. Et puis, il y avait deux choses qui l’empêchait d'être neurologue. La première, c'était Helga. Il voulait retrouver Helga, il ne voulait pas que la contrainte des horaires l’empêche de la voir, alors qu'au Zoo, c'était modulable. L'autre raison... il préférait ne pas l'évoquer ici. Je n'ai trouvé que cette excuse pour revenir à Londres et te retrouver.

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() message posté Mar 16 Mai 2017 - 12:54 par Invité
Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire - Amélie Nothomb

Je suis en terrain familier, contrairement à Ninian. Parce qu'après tout c'est mon lieu de travail, mon bureau ; il sent mon odeur, et j'en connais les moindres recoins. Cet endroit, c'est un peu comme ma deuxième maison. Parfois-même je passe plus de temps ici qu'à mon appartement. Il m'arrive de quitter les lieux au beau milieu de la nuit, et de rentrer chez moi avec le dernier métro. Ce n'est pas comme si quelqu'un m'attendait chez moi de toute façon... Mon ami lui est posé sur sa chaise en bois, les genoux fermement tenus l'un contre l'autre, et les mains repliées sur sa mallette. Il donne l'impression de ne pas être parfaitement à l'aise. La mallette. Je l'aurais presque oublié. Parce que tout ce qu'il m'importe à ce moment-là, c'est de savoir où Ninian est parti. Qu'est-ce qui avait bien pu prendre tout ce temps ? Alors notre cher nouveau Laird d'Argour se lance dans une explication plutôt évasive. Chose qui ne satisfait aucunement ma curiosité naissante. Je veux plus de détails, un long récit, à la hauteur d'une absence de sept ans. On ne peut pas raconter ce qu'on a fait pendant sept ans en seulement quelques phrases. À part si on a quelque chose à cacher. Mais Ninian, c'est mon meilleur ami, il ne me cacherait rien, n'est-ce pas ?

Je me sens un peu confuse, et je fronce les sourcils. Mes bras se croisent, imposant une nouvelle barrière entre nous. Je me braque, j'ai tellement de questions qui pour l'instant sont sans réponse. Et sans parler du fait qu'il m'a coupé dans mon élan toute à l'heure, je me sens frustrée. J'ai l'impression d'avoir d'avantage de questions que de réponses pour l'instant. Étrangement, certaines d'entre elles me démangent terriblement, et me donnent la nausée à chaque fois que j'y pense. Est-ce que tu t'es remarié ? Est-ce que tu es heureux ? Est-ce que tu as des enfants ? Mais je me retiens de les lui poser. J'avoue que j'ai aussi un peu peur d'avoir des réponses. Pourquoi ça d'ailleurs ? Oui Helga, pourquoi ça te fait si peur d'avoir la vérité en face ? Mon cœur s'emballe doucement. Des souvenirs enfouis au fond de moi, tout au fond de mon âme refont surface. La pointe de déception lorsque j'ai appris que Ninian était marié, alors que je l'étais moi-même à ce moment-là. Et puis l'idée enjouée de n'avoir mon meilleur ami que pour moi lorsque ce dernier m'a annoncé qu'il divorçait. J'ai eu des pensées égoïstes, parfois même malsaines. J'ai apprécié plus que nécessaire nos étreintes, ses bras forts autour de ma taille, son souffle chaud à seulement quelques centimètres de mon visage. Je ne suis qu'une humaine, et je ne suis pas parfaite. Mais j'ai tenu bon, et jamais rien ne s'est passé entre nous. J'en suis arrivée même à m'interdire d'avoir ce genre de pensée. Parce que rien que le fait d'y penser, c'est un premier pas vers le vice. Je ne me suis jamais demandée si je l'aimais autrement qu'en tant que meilleur ami. Parce qu'il ne pouvait pas être autre chose. Non, ce n'était pas possible. Pourtant avec le temps et l'expérience, je sais très exactement ce que j'ai pu ressentir. La chaleur au creux de mon ventre, les papillons dans mon estomac, le tambourinement de mon cœur. Ce n'était pas des choses anodines, des choses que l'on ressent en présence d'un ami. Et même si je me suis refusée à l'avouer, les sentiments étaient bien là, logés quelque part entre la raison et la folie.

Je me racle la gorge, et je souris faiblement. « Tu travailles au zoo de Londres ? Il faudra que je passe te voir un jour, j'aime bien cet endroit. » me suis-je exclamée d'un ton calme et faussement enjoué. Je suis sincère, ça il n'y aucun doute là dessus. Maintenant que Ninian est revenu, je veux passer du temps avec lui tout comme avant. J'ai volontairement laissé de côté son pauvre récit des sept dernières années qu'il a passé loin de Londres, loin de moi. La tentation de poser une centaine de questions n'aurait été que trop forte si j'étais revenue là dessus. Quoi qu'il en soit, ça me ferait vraiment plaisir d'aller le voir sur son lieu de travail, tout comme il l'a fait aujourd'hui. Je ne m'inventerais pas donatrice au zoo bien évidemment, parce qu'après tout je n'ai pas un lion ou un pingouin chez moi que je pourrais faire entrer dans une mallette ; Mais passer du temps en la compagnie de Ninian et de tous ces animaux sauvages, ça pourrait être bien. Même très bien. J'imagine déjà la scène ; lui me faisant faire le tour du zoo, s'occupant des animaux et me racontant des anecdotes plus folles les une que les autres eux. Et je lui raconterais celles que j'ai pu lire dans mes livres, peut-être même lui parlerais-je des nombreuses bêtes que l'on croise sur certaines peintures célèbres. Les premières qui me viendraient en tête seraient d'ailleurs celles de l'illustre Douanier Rousseau. Et puis, peut-être me laisserait-il donner une carcasse de viande à un tigre pour l'adrénaline, pour m'impressionner. Je suis sûre qu'il feinterait en me faisant croire qu'il me laisserait totalement seule dans la cage, alors qu'en vérité il serait juste derrière au cas où. Oui, ça serait une incroyable journée, une qui me donnerait le sourire que j'ai perdu il y a des années de cela. Une journée où l'on pourrait entendre mon rire à gorge déployée. Une journée comme celle que j'avais pu connaître avant tous ces drames, où mon cœur ne serait rempli que de lumière et de tendresse.

M'adonnant à mes brèves rêveries, j'ai pourtant failli manquer la phrase que Ninian s'empresse de rajouter quelques instants plus tard. « Je n'ai trouvé que cette excuse pour revenir à Londres et te retrouver. » Mon pauvre cœur rate un battement, et mes yeux s'écarquillent légèrement. Je déglutis, avant de laisser tomber mes bras et de poser à nouveau mes mains sur mes cuisses. Il n'est pas difficile de comprendre que Ninian m'a prise au dépourvue. Mes doigts se mettent à maltraiter le fin tissu de ma robe. « Oh, et bien... Je ne sais pas quoi dire Ninian... » Pourquoi ça t'a prit aussi longtemps pour revenir et me retrouver ? Je me mord violemment la lèvre inférieure, avant de poursuivre. « Ça me fait vraiment plaisir que tu sois venu. » Dis-je d'un ton calme, mon regard sincère s'ancrant dans celui de mon vieil ami. Ce n'est sûrement pas la réponse qu'il attend, mais qu'est-ce que je peux dire d'autre ? Après tout ce temps, et maintenant qu'il est devant moi, plus un seul mot ne sort. Je suis toujours partagée entre l'incompréhension, la colère, la tristesse, la culpabilité, l'amour peut-être. Un petit silence s'installe, moment durant lequel je me bat contre moi-même pour ne pas poser une question indiscrète qui pourrait momentanément rassasier ma curiosité. Pourtant tôt ou tard, je devrais bien les lui poser, toutes ces questions. Et mes yeux dérivent sur la mallette que Ninian tient toujours sur ses genoux. J'approche ma chaise de lui et pose une main sur la valise en cuir, abordant un sourire enthousiaste. « Bon, et si tu me montrais ce qui se cache là-dedans hein ? » Après tout, on a tout notre temps pour le reste, n'est-ce pas ?



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