(✰) message posté Ven 24 Mar 2017 - 23:31 par Invité
“Demain, je passerais vous voir.” C’est pas l’entièreté du contenu du message, mais c’est le passage qui t’intéresse. Le seul passage réellement important. T’es bloqué dessus depuis que tu l’as reçu. Ta cousine a bien essayé de te faire réagir, mais rien. Tu regardes, vérifies l’expéditrice. Tu veux être sûre de ce que t’as vu, tu veux pas te faire de faux espoirs. T’as déjà éteins et rallumé le téléphone deux trois fois pour être certaine que le texte est encore là, que tout ça, c’est réel. Helga va réellement venir chez toi. Tu sais pas encore ce qu’elle veut, et ça t’intrigue. Ça te fait un peu peur aussi. Si elle vient pour te donner son accord, si elle vient en te disant : “d’accord, peins moi”, tu seras la personne la plus heureuse et stressée du monde. Mais peut-être qu’elle vient pour te dire de plus jamais lui parler, ni la contacter. Si ça se trouve, elle vient avec en tête de te prendre pour une personne bizarre et étrange qui dessine les gens dans la rue. En soit, elle aurait pas tort. Et tellement en même temps. En général, tu le fais pas. En général, t’es pas du genre à dessiner les autres. Le sujet principal de tes peintures, c’est toi. Et même si ton boss t’as déjà demandé de peindre d’autres personnes pour des “devoirs”, des familles, jamais t’y as réellement pris du plaisir. Jamais tu t’es dit : “Oui, eux, ils sont beaux.” Et pourtant, tu te l’es dit pour Helga. Quand t’as pris ton crayon et ta feuille, un peu sans savoir pourquoi, dans ce parc, et que t’as regardé le croquis après ça. Tu t’es dit : “Cette femme est belle.” Et t’as eu envie de la peindre, de la redessiner. Mais toi, tu te dis que c’est compréhensible qu’elle veuille pas. C’est bizarre de se faire peindre. Et puis surtout, qu’avec elle, t’aimerais faire les choses bien. Avec les familles, surtout celles avec des enfants en bas âge, c’est impossible de les peindre réellement en tant que sujets. Tu les prends en photo et tu peins la photo. Triche malhonnête et désespérante. Mais avec Helga, t’aimerais faire les choses bien. T’aimerais qu’elle reste, elle, devant ta toile, et que tu la regardes, toutes les cinq/six secondes, pour bien intégrer ses formes, les couleurs de ses fourrures ou les bourrelets de ses robes. T’aimerais tellement. Bien sûr que t’as déjà peint Julina, bien sûr que t’as déjà peint l’enflure ou même lui. T’as aussi fait des toiles où d’autres personnes étaient avec toi, mais c’était du souvenir, de l’invention. Pas des portraits. Rien qui ne faisait ressortir la réalité. Rien. C’est vide comparé à Helga.
Quand enfin tu lèves les yeux de ton téléphone, ta cousine te regarde bizarrement. “T’es sûre que ça va Baba ?” Tu lui souris, passes tes mains dans ses cheveux, et te lèves. “Il est quel heure ?” Le soleil est haut dans le ciel. Quand t’as repris le téléphone ce matin, après avoir dormi, il était six heures du matin. “Il est une heure de l’après midi. Pourquoi ?” Tu lui souris. Tu la prends par la main et tu sors de ta chambre. Ta grand mère est là, assise sur son siège, les yeux fermés. “Mamie a mangé ?” Elle hoche la tête, ta cousine. Parfois tu t’en veux de la laisser s’occuper de votre grand-mère toute seule. Mais t’as besoin de liberté, t’as besoin de solitude, t’as besoin d’être loin de ta famille. Et t’attacher à ta mère-grand, t’as l’impression que c’est comme se rattacher à ta mère. Et c’est hors de question. “Y’avait quoi sur le texto ?” Elle est intelligente ta cousine. Tu lui souris. “Une amie va venir cet après-midi. Et je pensais pas qu’elle viendrait.” Et je sais pas pourquoi elle vient. Mais tu veux pas y penser. Tu préfères te dire que c’est une bonne nouvelle qu’Helga t’apportera. Tu préfères te dire qu’elle posera pour toi plutôt qu’un rejet total et complet. “Tu veux que je prépare du thé ?” “Oui s’il te plait.” Et ta cousine s’en va dans votre énorme cuisine, préparer du thé. Tes mains transpirent, tu te mords les lèvres, et t’attends. Ta cousine te prends la main, essaye de te calmer. Tu l’aimes, ta cousine. Mais ta cousine, t’as aucune envie de la peindre. Tu sais pas pourquoi.
Et l’interphone sonne. Et tu respires un bon coup. Tu ouvres. Quelques secondes plus tard, la sonnette, tu ouvres. Et tu te retrouves devant une Helga pleine de grâce, pleine de classe. Et tu sais pas trop quoi dire. Alors pendant quelques secondes, tu restes là, incapable de bouger. C’est ta cousine qui te pousse, et qui lui propose d’entrer. Tu fermes la porte derrière elle et tu t’actives. “Bon… Bonjour Helga. Comment vous allez ? Enfin comment allez-vous ?” T’es née dans une famille riche, l’étiquette, tu la connais par cœur. Mais face à Helga, tu perds tout. T’as plus rien.
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(✰) message posté Mer 29 Mar 2017 - 21:33 par Invité
A BEAUTIFUL SILENT
LIOBA ROY-STOZZI & HELGA S. LINDHOLM
Je ne sais pas ce qu'il m'a prit ; quelle idée farfelue et indécente m'est passée par la tête lorsque j'ai envoyé ce message. « Demain, je passerais vous voir. », c'est ce que j'ai envoyé à cette jeune peintre aux cheveux d'or. Il y a quelques jours, j'ai refusé son offre sans même y réfléchir un instant. J'ai prétendu avoir un emploi du temps trop chargé, et être bien trop prude pour accepter de poser devant un peintre. La jeune femme, je l'ai rencontré dans un parc, et elle m'a dessiné ; un croquis de moi, bouquinant tranquillement sur un banc en bois. Ce jour-là, j'ai laissé mes cheveux ébènes descendre en cascade sur mon dos ; c'est chose rare, puisque j'ai pour habitude de les attacher en chignon. Mon long manteau en fourrure noire sur mes épaules, ma robe en dentelle crème avec col montant épousant mes formes, je sais que je ne suis pas passée inaperçue ; ce n'est jamais le cas. Mais ma surprise est grande lorsque boucle d'or avec sa gueule d'ange s'est approché prudemment de moi. Elle m'a tendu son dessin. Je l'ai trouvé beau, je ne peux le nier. De but en blanc, elle m'a proposé de poser pour elle, tout simplement. C'était indécent, inapproprié de demander ce genre de chose à une inconnue. J'ai bien vu que je l'ai déçu lorsque j'ai répondu négativement. Une pointe de culpabilité à rongé mon cœur ; mais je ne suis pas en état, je me sens morose ces derniers temps. Puis, ce matin-même il y a eu ce rendez-vous hebdomadaire avec mon psychologue et ami Ethan. Parfois, j'ai comme l'impression que toutes mes pensées et mes actes ne sont dirigés que par cette homme charismatique me prodiguant de si bons conseils. « Fais quelque chose de nouveau, quelques chose d'inédit que tu n'as encore jamais fais, ou osé faire. » Sages paroles raisonnant dans ma tête. Et voilà que dans la soirée, je me retrouve à envoyer ce message à Lioba. C'est la pensée initiale qui m'a traversé l'esprit lorsqu'Ethan a prononcé les mots « quelque chose d'inédit ». Il est vrai que c'est bien la première fois qu'on me soumettait l'idée d'être modèle. Dans ma jeunesse on m'a demandé si je ne songeais pas à devenir mannequin et poser pour des photographes, mais jamais encore je n'avais eu ce genre de proposition.
Je me demande si Lioba se doute que je viens pour lui dire en face que finalement après réflexion, j'accepte son offre. J'aurais pu lui dire par message, mais j'aime le contact humain. Le téléphone, les réseaux sociaux, ce genre de chose, je ne l'utilise qu'en cas de nécessité. J'aime voir la réaction sur le visage de mes interlocuteurs lorsque je leur parle. Communiquer par message, c'est comme discuter de manière irréelle, ou avec un robot. On a pas les émotions, on a pas le ressenti. La nuit passe; la matinée aussi. Pour moi, elle se déroule à mon bureau sous une tonne de paperasse. J'ai pris une longue pause clope, et j'ai discuté avec quelques clients du musée, adossée à la belle architecture de mon lieu de travail. Aujourd'hui, il fait beau, j'ai enfilé ma robe bleue pastel, celle avec des jolies dentelles blanches. La semaine dernière, j'ai acheté un beau manteau en laine bleu azur, et je me suis dis que c'est l'occasion de le mettre.
Dans les environs de midi, je quitte le musée. J'ai mon après-midi pour moi, et ça me fait sourire. Je n'ai pas oublié Lioba bien évidemment. Je sors de ma besace en cuir le bout de papier qu'elle m'a donné lors de notre première rencontre. Je regarde l'adresse ; elle n'habite pas près de chez moi. Mais ce n'est pas grave, je prendrais le métro. Je passe d'abord chez moi pour manger un peu. Je n'ai rien avalé depuis sept heures du matin, et mon estomac crie famine. Je me fais une salade, avec des tomates, et un peu fromage ; je l'avale en deux temps trois mouvements. Puis je m'allume une autre cigarette, et me fais un café. Je m'installe dans l'encadrure de la grande fenêtre ornant mon salon. Je prends le temps d'apprécier ce moment, tandis que le soleil caresse ma peau de porcelaine.
Une heure plus tard, je suis devant l'appartement de Lioba. Je n'hésite pas une seconde, et avec une certaine assurance, je sonne à la porte. Deux têtes blondes m'ouvrent la porte un instant plus tard, une que je reconnais, et l'autre qui m'est inconnue. Je ne sais pas s'il s'agit de sa sœur, d'une amie, d'une cousine ; elles ont un air de famille, mais je pourrais bien me tromper. « Bonjour jeunes filles. » dis-je d'une voix claire. Celle que je connais pas me propose d'entrer, tandis que l'autre jeune femme reste là, sans rien dire. Je crois que je la déstabilise un peu, j'ai presque l'impression qu'elle me craint ; ça ne serait pas la première fois que ça m'arrive. Je me tourne vers elle, dans une aura sentant la cigarette et le parfum rosée. Je lui adresse un sourit courtois. « Je vais bien, merci. Et vous ? » Je la sens tendue. Et je trouve ça ironique, ça devrait être moi la personne mal à l'aise ; après tout bientôt, je devrais poser pour elle, être scrutée des heures durant, de la plus grossière de mes caractéristiques jusqu'à la plus petite imperfection de mon corps. J'essaye de détendre l'atmosphère , adressant un sourire plus ouvert à l'autre jeune femme. Puis je reviens à Lioba et lui demande calmement : « C'est votre sœur ? » Ca ne me regarde pas, certes, mais je suis piquée d'une curiosité naissante. Je m'approche d'elle, et j'attrape une mèche blonde qui cache son visage doux. « Vous êtes jolies. » J'adresse un autre regard à la jeune femme que je connais pas. « Toutes les deux. » conclue-je. J'avoue que je profite de ce bref moment où j'ai l'avantage ; non pas que j'aime mettre les autres mal à l'aise, mais jouer de ma prestance me fait jubiler. Puis, je regarde autour de moi. J'aime l'environnement dans lequel elles vivent. Je fais rapidement un tour de la pièce, retirant mon manteau que je garde entres mes bras. Je redresse les yeux vers Lioba, un sourire au coin des lèvres. « Je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps, vous devez vous demander pourquoi je tenais à venir aujourd'hui. » Je prends un légère inspiration, plantant mon regard dans les yeux azurs de la jeune femme. « Je voulais revenir sur ma décision, j'aimerais beaucoup poser pour vous. Enfin, si votre proposition tient toujours bien évidemment. » Puis j'attends la réaction de la jolie blonde. Et j'espère secrètement que je ne passe pas pour une personne aux troubles psychologiques qui change de décision comme de chaussettes.
(✰) message posté Jeu 30 Mar 2017 - 15:53 par Invité
Helga, c’est cette femme qui t’a électrisé par sa simple présence la première fois que tu l’as vu. A l’époque, c’était de loin, t’avais réussi à bouger tes bras, tes mains, tes doigts pour lui faire un croquis digne de ton art. Mais maintenant qu’elle est proche de toi, près, t’as l’impression d’être incapable de bouger, de réagir. Et tu te dis que c’est peut-être ça, qu’ils ressentent les fans, quand ils rencontrent leur idoles. Cette incapacité totale de bouger, de réagir, de parler. Cette impression d’être figée dans un bloc de glace. « Bonjour jeunes filles. » T’arrives à lui déblatérer une genre de phrase pour rester polie, mais elle te prend toute la force que t’as. Et son regard, à Helga, te fait fondre sur place. Déglutition difficile. C’est étrange ces sensations. Parce que t’es pas attirée par Helga, du tout, mais quelque part, ton corps réagit comme si elle était la personne la plus belle que t’ai rencontré. « Je vais bien, merci. Et vous ? » T’hoche la tête. T’arrives pas à former une phrase dans ton cerveau pour réagir autrement. Tu vas bien. Oui. Ou du moins, t’allais bien jusqu’à ce qu’elle franchisse la porte. Pas que t’ai peur d’elle, non, loin de là. Elle te fascine. « C'est votre sœur ? » Tu secoues la tête, négativement, toujours incapable de parler. “J’suis sa cousine.” Merci cousine. Tu le regardes, et tu respires, t’essayes, normalement. Elle, elle lève les yeux au ciel, elle comprend pas, elle voit pas ce que tu vois pas. Elle perçoit pas Helga comme toi, tu la perçois. « Vous êtes jolies. » Et la proximité, elle te dérange pas. Tu pensais qu’avec le contact, t’aurais la respiration coupée, ou autre chose, mais non. Au contraire, ça te calme. Peut-être que ça enlève à Helga ce côté inaccessible que tu lui avais automatiquement attribuée. Alors tu souris. Et ta cousine, elle comprend probablement plus rien. Elle doit être perdue. Presque autant que toi. « Toutes les deux. » Ta cousine, elle rougit pas, elle sourit juste. Toi aussi tu souris, parce que c’est vrai qu’elle est belle, ta cousine. Et Helga s’avance, fait un tour de la salle, pas du proprio, non, la maison est trop grande pour ça, et certains endroits sont trop cachés, trop secrets, trop personnels pour qu’elle puisse s’y aventurer comme ça. Mais elle retire son manteau. Et tu remarques enfin, comme elle est habillée, la Helga. Et ça, ça, ça te coupe le souffle. Parce que la prestance d’Helga, en soit, c’est déjà quelque chose. Mais la robe qu’elle porte appuye ce côté classe. Ce côté que t’as envie de fondre sur un toile. Et elle te regarde finalement, Helga. Et elle te sourit. Toi, intérieurement, t’es partagée entre jubiler, parce qu’elle est là, que tu peux la voir, la regarder, sans passer pour une totale creep. Et la peur. Parce que tu sais pas ce qu’elle veut Helga. Et t’es effrayée par ce qu’elle pourrait dire. Sur ce que ça pourrait déclencher chez toi.
« Je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps, vous devez vous demander pourquoi je tenais à venir aujourd'hui. » A un moment, pendant la phrase d’Helga, ta cousine est partie. Sûrement voir votre grand-mère, faut jamais trop la laisser seule. Tu t’avances dans la pièce aussi, tu t’approches d’Helga, et t’attends. Tu déglutis difficilement les deux trois fois, en attendant. Mais Helga sourit, elle sourit. Et tes yeux bloquent sur ce détail. Sur ses lèvres, sur leur commissure, sur la tournure qu’elles prennent au moment où sa bouche forme un sourire. « Je voulais revenir sur ma décision, j'aimerais beaucoup poser pour vous. Enfin, si votre proposition tient toujours bien évidemment. » Et tes yeux s’ouvrent, un peu comme des soucoupes. Et oui, tu t’attendais pas forcément pas à ça. Oh oui, tu l’espérais, tu t’disais qu’avec un peu de chance… Et là voilà, Helga, devant toi, à te dire qu’elle veut bien poser pour toi, pour de vrai. Pour une vraie toile. Avec de la vraie peinture.
Et t’es pas dans tes capacités complètes, alors tu lui réponds pas tout de suite. Et quand t’arrives à former des mots, c’est pas ceux qu’elle doit attendre, et c’est certainement pas ceux auxquelles toi, tu t’attendais. “Voudriez-vous un café ?” Ton côté aristo qui ressort ? Probablement parce que tu sais pas comment réagir. Tu sais pas quoi dire d’autre. Bien sûr que tu pourrais sauter au plafond. Bien sûr que tu pourrais la serrer dans tes bras en répétant indéfiniment ô combien tu es reconnaissante. Mais parfois, oui parfois, tu remercies tes parents de t’avoir appris le contrôle de soi. Alors simplement, même si, en apparence, ça n’a aucun rapport, tu lui proposes un café. Et tu lui fais signe de te suivre dans la cuisine. En apparence aucun rapport. Des toiles de toi sont exposées un peu partout dans la maison. Et dans la cuisine aussi. Certaines toiles, celle de ta cousine et de ta grand mère quand t’as débarqué par exemple, accrochée juste au dessus du buffet. Peut-être, oui, que c’est un moyen de lui montrer ce que tu fais. De lui montrer à quoi tu la feras ressembler. Et c’est quand même mieux, pour ça, de lui proposer un café que de lui montrer où sont les WC.
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(✰) message posté Mer 12 Avr 2017 - 13:33 par Invité
A BEAUTIFUL SILENT
LIOBA ROY-STOZZI & HELGA S. LINDHOLM
J'ai rapidement pris mes aises devant mes deux hôtes, tandis que l'une d'entre elle ne semblait pas partager mon état d'esprit du moment. Je suis surprise de constater que lorsque je m'approche d'elles pour les complimenter, Lobia semble être plus détendue qu'elle ne l'a jamais été depuis que j'ai passé l'encadrure de sa porte d'entrée. Je souris alors, jetant un autre regard à la cousine de Lioba. C'est la nouvelle information que je viens d'apprendre. Ce n'est pas sa sœur, mais sa cousine. J'avais raison pour l'air de famille, et maintenant que c'est confirmé, j'ai l'impression qu'il est d'autant plus visible à l'oeil nu. Je me demande pendant un bref instant si ces deux jeunes femmes habitent dans cette grande demeure seules ou s'il y a encore d'autres membres de la famille qui y réside et que je n'aurais pas encore rencontré. Mais cela ne me regarde pas vraiment, et peut-être que je le découvrirais à mes dépends ; Surtout si je suis amenée à revenir ici pour poser. Je me demande si Lioba a déjà peint sa cousine, ou quelqu'un d'autre dans sa vie. Je me pose trop de questions à ce moment-là, questions que je dissimule parfaitement derrière mon sourire impeccable.
Je finis par retirer mon manteau, inspectant brièvement les lieux par la même occasion. Je sens que des regards sont posés sur moi, alors je me retourne vers les deux jeunes filles, et je leur souris une nouvelle fois. J'aurais aimé les complimenter sur la décoration et les ondes que dégagent la pièce, mais rien ne sort de plus de ma bouche, que la raison pour laquelle je me suis déplacée jusqu'ici. Je vois la cousine de Lioba quitter la pièce à ce moment-là, et nous nous retrouvons donc, boucle d'or et moi-même, seules et face à face. Un long silence s'en suit, silence durant lequel je me demande si j'ai pris la bonne décision. J'entends déjà le rire d'Ethan lorsque je lui parlerais de cette idée de poser pour une toute jeune artiste, et sa voix balancer la première moquerie venue. « C'est qu'elle se dévergonde la Helga, hein. » qu'il dirait sûrement. Oui, c'est sûrement le genre de choses qu'il répondrait, lui et son esprit mal placé. Mais je sais que je finirais par en rire aussi, parce qu'après tout c'est mon ami et que j'ai un minimum d'auto-dérision. Et puis c'est vrai que ce n'est pas le genre d'activité auquel je pensais m'adonner un jour, mais il faut croire qu'avec le temps tout le monde change, n'est-ce pas ?
Quoi qu'il en soit, le silence commence à être pesant, se faisant roi en ces lieux ; à croire que Lioba n'a plus vraiment envie que je pose pour elle, ou qu'elle hésite. Je ne la quitte pas des yeux, insistant du regard pour obtenir une réponse. Je croise les bras, la matière dentelée de ma robe bleue caressant la paume de mes doigts fins. Des mots finissent par sortir de la bouche de Lioba raisonnant dans la pièce, mais pas ceux auxquels je m'attendais je dois dire ; Je ne peux m'empêcher de lever un sourcil, esquissant une expression dubitative. Bon, ce n'est pas la réaction que j'attendais, mais je décide de me prêter au jeu. Je ne peux m'empêcher de penser quelque chose qui ressemble à « Ces artistes, c'est pas facile de les suivre tous les jours n'est-ce pas... » avant de hocher la tête. Étonnement, je me surprends à vraiment vouloir l'entendre dire que sa proposition tient toujours et qu'elle va me peindre. Un peu comme si c'était mon envie du moment, une nouvelle lubie sortie de nulle part. Je me rends compte que je veux vraiment poser pour elle. Je pensais ne pas y avoir réfléchit plus que ça, me retrouver ici un peu par hasard ; mais peut-être qu'au final, c'est quelque chose que je voulais plus que de raison. Dans tous les cas, je sais que je suis une passionnée, et quand une idée me trotte dans la tête, il faut que j'aille au bout. De toute façon j'imagine que j'aurais ma réponse plus tard. « Avec plaisir. » lui dis-je simplement en lui emboitant le pas après qu'elle m'ait fait signe de la suivre.
Je me déplace dans la maison avec prudence, les yeux plein d'attention ; j'observe le moindre détail, je ne veux en rater aucun. Il y a des dizaines de toiles sur les murs, et même dans la cuisine. J'y découvre des peintures de la cousine de Lioba, celle qui vient de nous quitter, mais aussi celles d'une vieille dame. Je m'approche plus près d'une d'entre elle et m'y arrête durant au moins une minute. Je passe mes doigts sur la toile, voulant sentir tous les reliefs de celle-ci sous mes doigts. Fascinant, la délicatesse avec laquelle ses peintures sont faites. La finesse des détails, la beauté de l'ensemble. Difficile de croire que Lioba n'est qu'une jeune artiste en herbe. La technique est atypique, les coups de pinceaux ne trompent pas ; il y a un certain manque de savoir faire, mais le talent est là. Je finis par m'éloigner de la toile, jetant un regard vers Lioba. Je lui souris à pleine dent, non pas gênée par ce que je viens de faire ; j'aime sentir un contact avec une toile. C'est peut-être une déformation professionnelle, mais je ne peux m'empêcher de les admirer autant par la vue que par le toucher. Je lui demande « C'est ta grande-mère ? » dans un souffle, redirigeant mes yeux vers la toile, avant de me rendre compte que je l'ai soudainement tutoyer. Comme si en observant cette peinture, j'avais senti une proximité avec Lioba, comme si une barrière était tombée. Lorsque j'observe toutes ces toiles autour de moi, j'ai l'impression d'être déjà plus proche d'elle. Simple impression bien évidemment, puisqu'en vérité, à part son nom, je ne sais rien de cette jeune femme aux cheveux d'or. « J'aime vraiment tes peintures Lioba, tu as beaucoup de talent. » Ma voix est douce mais sûre, je n'ai pas tressailli comme on pourrait le faire quand on complimente. Je ne me suis pas sentie gênée de lui adresser ces mots, de lui confesser que j'aime ce qu'elle fait ; parce que c'est vrai. Je n'ai jamais accordé un compliment à Kenzo parce que je suis son mentor et que je me dois d'être dure avec elle. Mais Lioba c'est différent ; elle voulait me peindre, et je veux qu'elle le fasse à présent plus que jamais. Alors je lui témoigne de l'admiration, parce qu'il n'y a pas cette barrière comme avec Kenzo ; Elle c'est mon apprentie. Mais Lioba est simplement une artiste, et je me sens presque inférieure à elle dans ces moments-là. Elle a la jeunesse et l'ambition que je n'ai plus. Je veux qu'elle me peigne pour rallumer cette flamme en moi ; pour savoir la façon dont elle me perçoit avec ses yeux de peintre. J'en oublie presque le café qu'elle m'a proposé quelques instants auparavant pour ne me concentrer que sur les toiles de la jeune femme. J'en observe une autre, où je reconnais très nettement la cousine que j'ai croisé un peu plus tôt. Une question traverse soudainement mon esprit, question qui raisonne aussi bien dans ma tête que dans la petite cuisine à présent. « Pourquoi voulais-tu me peindre moi, Lioba ? » Question formulée à voix haute à mes dépends alors que je ne décroche pas mes yeux de l'oeuvre que je comtemple. Lorsque je regarde les peintures de la jeune femme, je n'y vois que des silhouettes qui lui semblent être familière;alors pourquoi vouloir dessiner une parfaite inconnue ?
(✰) message posté Mer 12 Avr 2017 - 15:37 par Invité
Tu te diriges dans la cuisine, et tu sens Helga qui te suis. Tu sais pas trop pourquoi t’as été lui demander si elle voulait un café. Elle est pas là pour ça, et très sincèrement, boire du café avant de peindre, c’est pas la meilleure des idées, la caféine t’empêche de te concentrer. Rien t’oblige à en boire, du café. Tu lui en as proposé, probablement par dépit. T’as oublié que ta cousine, elle avait préparé du thé, mais c’est pas grave. T’es perdue, un peu. Tu t’attendais pas à ça, pas à ce qu’elle revienne sur sa décision. Et certainement pas avec autant d’assurance. T’as jamais travaillé avec un modèle, réellement, face à lui. Tu pensais qu’un modèle, surtout quelqu’un qui sait pas comment ça se passe, serait plus inquiet, plus mal à l’aise. Mais pas Helga. Après tout, Helga tu la connais pas. Et tu sais pas encore qu’elle travaille là dedans. Même si tu le savais, après, est-ce que ça a vraiment un rapport ? Est-ce que c’est pas juste qu’Helga est comme ça, jamais mal à l’aise, jamais inquiète ? T’en sais rien. La seule chose que tu sais d’Helga, c’est que tu veux la peindre. C’est qu’elle te donne cette envie de retrensmettre cette singularité qu’elle porte en elle sur une toile. Elle t’a suivit dans la cuisine. Tu te dépêches de sortir ton paquet de café moulu, ta cafetière à piston, et de faire chauffer de l’eau. Et tu te retournes vers Helga. Elle a ses doigts sur une de tes toiles. Ça ne te dérange pas, ça t’étonne juste. Les gens, en général, regardent une toile, ils ne pensent pas à la toucher. Toi tu le fais tout le temps, les tiennes de toiles, tu les touches, du bout des doigts. Tu peins de telle façon que le relief fin sur la toile en dise autant que les couleurs appliquées sur la toile. Et ça te fait presque plaisir qu’elle ait eu ce geste envers une de tes peintures. Parfois, quand tu montres tes oeuvres à certaines personnes, tu leur demandes de les toucher, de fermer les yeux, et d’essayer de trouver où se trouve quoi. En général, c’est quelque chose, que plus tard, tu les retrouves à faire automatiquement. Et qu’elle le fasse, Helga, ça te fait sourire. Ça te fait penser, que peut-être, elle s’y connaît en art. Et cette idée, ça la rend tellement plus intéressante. Tellement plus terrifiante aussi. Parce que si elle s’y connait, elle peut avoir un œil plus critique sur ce que tu fais. Autant t’es habituée aux “oh, lioba, c’est trop beau”, aux “wow, comment tu peins trop bien.” oui. Des gens qui n’y connaissent rien, qui ne sauraient probablement pas distinguer Monet de Van Gogh.
Alors t’observes Helga. L’eau termine de chauffer, et sans la quitter des yeux, tu prépares le café, pressant doucement et régulièrement la cafetière. “C'est ta grande-mère ?” Tu regardes la peinture qu’elle a devant les yeux, et tu réponds rapidement, la lâchant enfin des yeux et te reconcentrant sur l’objet rond devant toi. “Oui, c’est quelque chose que j’ai fait de mémoire quand je suis arrivée ici.” Tu prends rapidement deux tasses dans l’étagère, mais en repose un quelques secondes plus tard. Pas pour toi. Pas de café. Pour peindre Helga, t’auras besoin de toute la concentration dont tu peux être capable. Et tu laisseras pas une tasse de café empêcher ça. “J'aime vraiment tes peintures Lioba, tu as beaucoup de talent.” T’étais en train de verser le café dans la tasse pour Helga, et ces mots te surprennent. Tu évites de peu de renverser du café à côté. T’es habituée aux compliments, mais pour une raison ou une autre, ceux d’Helga te semblent...différents. Plus sincères. Plus recherchés. Elle a pas dit que la peinture était belle, ou que tu peignais bien. Elle a dit que t’avais du talent. Et ça te fait sourire. Tu te racles la gorge, essayant de retrouver une once de dignité. Agir comme si de rien n'était. “Merci. Merci beaucoup.” Tu prends la tasse par l’ance et tu l’amènes près d’elle. Mais Helga, t’as pas l’impression qu’elle ait une seule fois quitté les toiles des yeux. Elle s’est retourné et en regarde une autre, ou t’as juste peins ta cousine. Elle était pas de mémoire celle ci, et c’est la première fois que quelqu’un posait réellement pour toi. Quoiqu’au final, t’as fais un truc pas très orthodoxe en la prenant en photo et en utilisant la photo comme modèle. “J’ai pas l’temps.” Qu’elle t’avait dit à l’époque.
Tu poses la tasse à côté d’elle, sur le rebord du plan de travail, et t’observes la toile aussi. Maintenant que t’es là, c’est une toile qui date d’un an, et tu vois toutes ses petites fautes qui te dérangent, qui te font retrousser le nez en fin dégoût. Pas dégoût, non, gêne plutôt. Et Helga parle de nouveau. “Pourquoi voulais-tu me peindre moi, Lioba ?” T’avais même pas remarqué qu’elle avait commencé à te tutoyer. Mais ça te dérange pas, loin de là. Sa question, cela dit. Pas qu’elle te dérange, plus que tu n’es pas vraiment sûre de réussir à lui expliquer ce que tu ressens envers elle. Pourtant, elle t’a posé cette question, et tu te dois d’y répondre. Tu t’appuies sur le plan de travail, son visage dans ton angle de vue. Et tu réfléchis à comment formuler ça en mots. “C’est… Quand je vous ai vu dans le parc, j’ai eu cette envie soudaine de vous dessiner. Votre façon d’être, d'apparaître, de vous comporter. Vos habits aussi. D’ailleurs, je trouve que ce style vous va à..à merveille.” Tu laisses une petite pause. Probablement parce que t’as un peu peur qu’elle te prenne pour une folle. Cela dit, elle a posé la question, et si elle aime pas la réponse, tant pis pour toi. “Et avec le dessin, y’a tellement de choses que j’ai pas pu exploiter ; Rien que les couleurs. Mais le relief, les ombres, le fond, tellement, tellement de choses. Et puis j’pense que c’est… C’est un peu un challenge pour moi ? Je sais pas trop comment expliquer ça. Mais vous dégagez quelque chose, et je voulais savoir si j’arriverais à le retranscrire sur une toile. J’aime la nouveauté. J’aime essayer des nouvelles choses.” Tu souris. Parce qu’au final, t’as réussi à lui expliquer exactement ce que tu voulais. T’as réussi à expliquer le pourquoi du comment. Tu reprends sa tasse pas l’ance et tu lui proposes. “Café ?” Lioba, t’as un grand sourire aux lèvres. Helga, elle aime ce que tu fais. C’est déjà cette peur là en moins.
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(✰) message posté Lun 5 Juin 2017 - 16:12 par Invité
A BEAUTIFUL SILENT
LIOBA ROY-STOZZI & HELGA S. LINDHOLM
J'observe la décoration autour de moi. Dans la cuisine, mes yeux se posent rapidement sur la peinture d'une vieille dame, et j'en déduis qu'il s'agit de la grand-mère de Lioba, sans grande conviction. J'ai toujours eu beaucoup de talent pour déduire certaines choses chez les autres, comme si je pouvais lire en eux. Si on me demande quel âge je donne à quelqu'un, il est rare que je puisse me tromper. Déjà depuis toute petite mes parents avaient remarqué que j'étais très empathique, et que j'arrivais sans grande difficulté à comprendre l'émotion sur le visage des gens. Je pense que ce n'est pas quelque chose qui s'est dissipé avec l'âge. Et c'est un peu la même chose lorsqu'il s'agit des liens de parenté entre deux personnes. Et même si devant moi je n'ai qu'une peinture et pas un être de chair et de sang, j'ai su sans grande difficulté en déduire qu'il s'agit-là de sa grand-mère. Et ce pour une bonne raison ; la toile est vraiment réussi. Le regard de Lioba, j'ai pu l'observer quelques instants auparavant ; et même il y a quelques jours, lorsqu'elle m'a tendu son dessin au parc. Et en passant l'encadrure de la porte toute à l'heure, j'ai également eu le loisir de voir sa cousine, la même lueur dans le clair de ses yeux. Et finalement, lorsque mes yeux se sont posés sur la peinture, j'ai eu l'impression de revoir ce même regard encore une fois ; Une parfaite reproduction de ce trait physique qui semble se transmettre de génération en génération dans leur famille. En fait, rien de paranormal dans mes compétences hors-norme, je me décris moi-même comme étant juste une très bonne observatrice. Quoi qu'il en soit, lorsque Lioba acquiesce oralement en affirmant qu'il s'agit bien de sa grand-mère, mon sourire s'agrandit. Je ne me suis encore pas trompée. Mais loin de moi l'idée de me vanter sur ma petite victoire personnelle, j'enchaîne rapidement sur un compliment à propos de ses toiles. Parce qu'elles sont vraiment belles, et que j'aime son style. J'ai vraiment hâte de savoir comment Lioba me peindra, et si ça sera différent des peintures qu'elle a faite de sa famille.
Et finalement, vient cette question qui me brûle les lèvres, et qui se forment sur le bout de ma langue. Pourquoi vouloir me peindre moi spécialement ? Quand je regarde les peintures accrochés aux murs, je ne vois que des visages familiers pour Lioba. Alors sans même y réfléchir, la question passe la barrière de mes lèvres, et arrive jusqu'aux oreilles de la jeune femme aux cheveux d'or. Je me tourne vers elle et ancre mon regard dans celui de Lioba, attendant une réponse maintenant que la question était formulée. Je pense comprendre que je l'ai prise au dépourvu, puisqu'elle semble avoir du mal à trouver les mots. Mais je l'écoute attentivement, je pense qu'à un moment j'ai même froncé les sourcils tellement j'étais concentrée sur ses paroles ; c'est le genre de chose qu'il m'arrive de faire. La jeune femme me complimente sur mon style, et ses mots me vont droit au cœur. Il est vrai que j'ai toujours eu des goûts vestimentaires pour le moins atypique. Lorsque je n'étais qu'un poupon, ma mère avait l'habitude de me faire porter des robes déjà très sophistiqués, me faisant d'ailleurs ressembler à une poupée sur le thème de l'époque victorienne. En grandissant, j'avais finis par prendre goût à ces vêtements, même si mes camarades de classe n'étaient souvent pas du même avis. Eux portaient des Nike à leur pied tandis que moi, j'avais de jolis petits sabots cirés. Mais je m'en fichais pas mal ; j'avais les compliments de mes parents, et je pense qu'à cette époque, c'est tout ce qu'il comptait pour moi. Aujourd'hui, il m'arrive d'avoir des réflexions parce que j'ai toujours l'air d'être sur mon 31, ou bien parce qu'il y a trop de dentelles sur mes robes. Certaines de mes collègues m'ont déjà lancé des « On dirait que tu sors tout droit du film "le Portrait d'une femme", Helga », ce à quoi je réponds d'un ton détaché « Moi au moins on ne dirait pas que je m'apprête à aller derrière les vitrines à Amsterdam » ; ce qui je le confesse, m'attire les foudres de ces jeunes demoiselles. Mais la plupart des gens sont réceptifs à mes goûts particuliers en matière d'habits, ce qui est plutôt agréable. Et que Lioba soit en accord avec ces derniers m'attendrit d'autant plus, puisque l'avis d'un artiste vaut bien plus à mes yeux que celui d'une personne qui ne connait rien à l'art -et donc rien à la beauté de ce monde-.
Je laisse Lioba terminer sa tirade, acquiesçant lorsqu'elle semble émettre son dernier mot. Je lui souris, d'un regard sincère plein de compréhension. Je reste un moment là, à l'observer, sans vraiment me rendre compte que je n'ai rien répondu pour l'instant. Parce que certains de ses mots ont fait tilte dans ma tête, du genre « nouveautés, challenges, essayer de nouvelles choses ». Ça ressemble vaguement à ce que m'a dit Ethan hier matin. C'est un peu comme si toutes les deux, on était la nouveauté de chacune, et qu'on en avait besoin autant l'une que l'autre. Alors ça m'a fait jubiler bêtement, et j'en ai oublié de répondre. Jusqu'à ce que Lioba me coupe dans mes pensées, et me propose un « Café ? » d'un large sourire. Et j'ancre mon regard dans le sien, passant une main dans mes cheveux. « Je... Oui, bien sûr, merci. » J'en avais également oublié mon café d'ailleurs, trop occupée à regarder les peintures vacant sur les murs. Je prend la tasse dans mes mains, et j'en bois une gorgée. Je pense un instant que Lioba n'est sûrement pas anglaise d'origine, parce que les anglais proposent toujours du thé avant un café. Mais ce n'est pas pour me déranger ; moi je préfère le café. Je repose la tasse sur le plan de travail, et prend un longue inspiration, avant d'observer Lioba à nouveau. « C'est étrange tu sais, je suis revenue sur ma décision un peu pour les mêmes raisons. Moi aussi j'ai envie d'essayer de nouvelles choses, et je pense que poser pour toi, c'est un bon début. » Mon sourire s'agrandit alors que j'amène ma tasse de café à mes lèvres pour en boire quelques gorgées. « J'espère que je vais être à la hauteur de tes attentes, enfin je veux dire, en tant que modèle. » Je hausse les épaules, reposant la tasse une nouvelle fois. « Je n'ai jamais fais ce genre de chose avant. » Puis, abordant un sourire plus familier, je lui fis un clin d'oeil tout en murmurant « Au fait, tu peux me tutoyer si tu veux Lioba, ce sera plus simple si on est amené à passer du temps ensemble. »
(✰) message posté Mar 6 Juin 2017 - 21:53 par Invité
Helga, c’est pas qu’elle t’impressione. Enfin plus maintenant. Mais elle dégage un truc. Ce truc sur lequel t’arrives pas à mettre le doigt qui te fait te dire que ouais, bah ouais, Helga c’est quelqu’un. Et pas juste un de ces personnes qui habitent sur terre, naissent, vivent, meurent, sans laisser de marques, non. Non, Helga, pour toi, elle fait partie de l’autre genre de personnes. Ceux qui vont laisser une trace. Ne serait-ce qu’une aura. Ne serait-ce que des souvenirs légers. Des histoires. “Un jour, j’ai rencontré une femme, elle était belle. Non. Elle était magnifique.” Et c’est pas qu’elle est magnifique comme tu trouves Julina ou Noé magnifique, non. Non, Helga c’est différent. C’est pas ton genre physiquement, déjà. Mais elle a ce truc en plus. Que personne n’a à part elle. Et tu t’dis qu’en fait c’est ça. Elle est unique Helga. Pour elle, elle a l’originalité qui la rend unique. Ce truc qu’elle seule possède, qui va bien plus loin que son style vestimentaire. Quelque chose dans son visage, dans ses yeux. Dans ses expressions. Y’a un truc que tu veux retranscrire sur des toiles. Y’a un truc que tu veux pouvoir lui montrer aussi. Un challenge. Essayer de prouver à quelqu’un, ô oui, ô combien cette personne est belle. Et tu te dis que si t’y arrive, ce sera ça de gagner. Ce sera ce challenge de terminé. Un nouveau truc de fait, dans cette ville de Londres. Un nouveau truc à ajouter à ta check list d’avant départ. D’avant retour à Palerme. Tu lui proposes du café, beaucoup plus calme que tu l’étais au début. Au début, tu réfléchissais pas. Tu vivais le truc. Tu la voyais, tu réagissais à ce qu’elle transmettait. Pas maintenant. Plus maintenant. T’as rationalisé. T’as réfléchis à pourquoi tu réagissais comme ça. Et t’as ta réponse. Et ça te fait presque rire de voir que c’est à son tour de reprendre ses mots, de tituber, de trébucher sur quelques mots. Chacun son tour. Mais tu te moques pas, non, bien sûr que non. Et puis tu ris pas vraiment, tu souris juste. Elle sirote du café et tu souris. Parce que le café, aussi cliché que ce soit, t’es assez spécialiste en la matière.
Et elle te parle de sa décision, Helga. Et tu souris en l’écoutant. Comme quoi, les esprits se rencontrent pour ça. Peut-être que parfois, y’a juste ce besoin d’essayer de nouveaux trucs. Ce besoin de tenter. Et elle te dit qu’elle espère qu’elle sera à la hauteur. Et toi, tu souris. Bien sûr qu’elle le sera, t’en doutes pas une seule seconde. C’est à toi d’être à la hauteur de cette aura qu’elle porte. Tout, tout autour d’elle. Puis, elle te demande de la tutoyer. Et tu lui souris. Hochant la tête rapidement. “Je suis sûre que tu seras à la hauteur Helga. C’est plutôt à moi de dire ça.” Tu prends ta tasse de café dans les mains et tu regardes la femme dans les yeux. “On y va ? Suis-moi.” Et tu l’entraines dans l’appartement jusqu’à ton atelier, la salle juste à côté de ta chambre. Et t’ouvres la porte. Le chevalet et là, à t’attendre, la toiles prête, les tubes de peintures à côté, rangés parfaitement par couleur.