"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici There's no dancing around that (or is there?) | julian & ashford - Page 2 2979874845 There's no dancing around that (or is there?) | julian & ashford - Page 2 1973890357
Le Deal du moment : -50%
Friteuse sans huile – PHILIPS – Airfryer ...
Voir le deal
54.99 €


There's no dancing around that (or is there?) | julian & ashford

 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Dim 6 Juil 2014 - 17:19 par Invité
There’s no dancing around that
(or is there?)

JULIAN FITZGERALD & ASHFORD TENNYSON



D’un point de vue extérieur, on pourrait croire que Julian est persuadé qu’Ash est sa propriété ; Ash a envie de lui rire au nez quand le journaliste laisse entendre qu’il espérait jouir – sans mauvais jeu de mots – de prérogatives particulières.
Pourtant, en dépit de son attitude arrogante, Julian ne semble pas le sous-estimer ; sait-il à quel point un job comme celui d’Ash endurcit, loin des apparences, loin de l’idée dont on se fait du business des lignes d’appels du sexe ? Sait-il à quel point ça peut coûter à quelqu’un d’être opérateur de téléphone rose, en matière de perception des autres, tout en cynisme et en désillusion ?
Le téléphone rose est perçu comme quelque chose de drôle, une activité mi-coquine mi-comique, qu’on pratique un moment pour se sortir d’un mauvais pas financier, parce qu’elle paraît facile. Les enquêtes révèlent pourtant que la durée moyenne d’un contrat est de trois mois. En cause, les horaires compliqués, la lassitude, la violence même de certains appels. Ashford fait probablement partie des rares personnes qui réussissent à faire la part des choses assez nettement pour ne pas plonger comme les autres. Beaucoup sortent du boulot, regardent les mecs dans le métro en se demandant s’ils appellent et ce qu’ils demandent. Ils ont du mal à s’imaginer qu’il existe des hommes qui n’ont pas des envies étranges ou qui ne trompent pas leurs partenaires. Certains s’effondrent en passant d’un appel très chaud à un monsieur âgé qui cherche un compagnon pour ses vieux jours et qui se met à pleurer pendant la conversation. Ils supportent mal d’être l’oreille de la solitude, de l’animalité, des perversions et des déviances.
C’a été le cas d’Ashford, au tout début ; il se rappelle son effroi, le poids de l’angoisse dans son ventre en permanence, même quand il n’était pas en ligne, il se souvient des pensées désenchantées qui le bouffaient de l’intérieur. Il comprend pourquoi la plupart des gens ne tient pas plus d’un trimestre ; à seize ans, le choc a été rude.
Contrairement à la majorité, cependant, Ashford sait, et c’est apparemment une qualité rare, se ressaisir, relativiser. Régulièrement, il prend un moment pour se rappeler que ce n’est qu’un job, que beaucoup de ceux qui appellent leur ligne sont, par définition, vicieux, et les appels les plus tordus qu’il reçoit ne sont donc pas représentatifs de la gente masculine mondiale. Pour preuve, les appels de jeunes hommes charmants et sans histoires qu’il reçoit parfois, ceux qui se contentent de parler de sexe sans en rajouter – c’est ceux qu’il préfère, les seuls auxquels il prend vraiment plaisir.

Julian ne peut pas savoir ça, mais peut-être le soupçonne-t-il, assez en tout cas pour prendre Ashford au sérieux, pour envisager qu’il puisse être capable de plus que ce qu’on peut croire au premier coup d’œil d’un ado aux yeux bleus innocents avec une touffe de cheveux blonds. Ils se sont tous les deux forgé un même genre de cuirasse, à cette différence près que Julian a beaucoup moins de difficulté à la déployer.
Ashford, lui, aimerait mieux ne pas avoir à revêtir un blindage émotionnel particulier pour exercer une activité quotidienne, et s’il sait faire ce qui est nécessaire quand il en a besoin, ça ne veut pas dire qu’il en éprouve de la satisfaction ; au fond, il conserve un cœur un peu trop tendre.
Pas aujourd’hui, cependant ; il va ravaler son trouble, faire face, ne pas laisser les piques de Julian l’acculer au pied du mur. Il n’a pas envie de finir aux côtés de l’hôtesse d’accueil, comme Fitzgerald le dit si bien ; s’il y a quelque chose qu’il doit apprendre du reporter, c’est bien de laisser ses idéaux de côté pour parvenir à ses fins.

- Je garderai ce sage conseil en tête, marmonne Ashford, et il y a quelque chose dans ces mots qui lui brûle la gorge – parce qu’il n’est pas sûr de vouloir devenir comme Julian, nihiliste à souhait, ni, d’ailleurs, d’en avoir l’ambition, en dépit de ce que paraît penser son interlocuteur.

Est-ce que Julian aime cette personne qu’il est devenu, est-ce qu’il est vraiment fier d’être ce qu’il revendique, égoïste, dominateur, intraitable ? Traitez Ashford de naïf et d’ingénu autant que vous voudrez, mais Ash veut être capable de se regarder dans le miroir quand il aura atteint l’âge de Fitzgerald.
Julian lui rirait au nez s’il pouvait entendre les pensées d’Ash à cet instant.

- En attendant, si tu crois avoir droit à une quelconque exclusivité, ou si tu t’es mis dans la tête que je te dois quoi que ce soit, d’ailleurs, tu te fourres le doigt dans le nez jusqu’à l’œil. Même si je décidais de venir un jour sans pantalon, ça ne veut pas dire que tu serais en droit de faire quoi que ce soit d’inapproprié.

L’avertissement n’est à son avis pas de trop, parce que Julian se laisse aller à une familiarité que d’aucuns jugeraient déplacée, surtout sur le lieu de travail. Julian s’est levé, et il se tient si près qu’Ash pourrait probablement frôler ses lèvres sans avoir besoin de faire autre chose que d’incliner la tête ; c’est une proximité à la limite de la promiscuité, et Ash n’apprécie pas de voir son espace personnel envahi avec autant de force. La caresse sur son bras est indubitablement un test, une tentative de l’apprivoiser, d’éprouver son opiniâtreté, et il ne perd pas une seconde pour écarter brutalement le bras de Julian, les sourcils froncés.

- Il te faudra faire preuve d’un peu plus de jugeote si tu veux m’amadouer, crache-t-il avec exaspération. Je ne suis pas quelqu’un qu’on dresse comme un animal domestique.

Julian bat rapidement en retraite, retourne derrière son bureau ; la respiration d’Ashford se fait à nouveau plus profonde. Il n’avait pas remarqué qu’il retenait son souffle. Son expression se fait plus méfiante encore ; le reporter a reculé avec facilité, est même allé jusqu’à le rassurer sur ses intentions, mais une partie d’Ash n’y croit pas une seconde. L’autre est partisane de lui laisser le bénéfice du doute, et c’est pour cette raison qu’il se rassoit calmement, comme s’ils n’avaient jamais rien partagé d’autre qu’une conversation polie et décline d’un geste du menton l’offre de Julian ; il n’a pas très envie de courir le risque d’être attrapé à fumer dans les locaux du Times. Julian adopte la même attitude dégagée, l’air de rien. Retour au travail. Il sort même un stylo bille de sa poche et chipe un feuillet du bloc-notes posé à côté de l’ordinateur de Julian, qu’il appuie sur sa cuisse pour prendre des notes

- J’ai encore dix-huit ans, répond-t-il, et il ne peut s’empêcher de sourire, parce que même s’il est complètement tombé à côté de la plaque en ce qui concerne la proposition de collaboration de Julian, ce que celui-ci suggère est beaucoup plus intéressant. Dix-neuf en août. Alors, ouais, ce serait… vraiment génial de pouvoir publier mon premier vrai article dans le Times.

Il se mordille la lèvre et se frotte le bout du nez. Etonnamment, discuter de cela le met beaucoup plus à cran que la joute verbale dans laquelle ils se sont affrontés quelques minutes auparavant. C’est une gigantestque opportunité et il ne doit surtout pas merder ; le futur de sa coopération avec le Times – avec Julian – en dépend, et si son papier n’est pas jugé à la hauteur…
L’article, comme l’a dit Julian, ne doit pas être celui d’un étudiant partial mais celui d’un observateur détaché, capable de prendre du recul, de fournir au lecteur une information juste et objective.
- Je vais probablement avoir besoin de ton aide. Et pas seulement pour les pep talks. Surtout si tu veux que je botte le cul aux reporters hautains de la presse britannique.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Sam 12 Juil 2014 - 15:41 par Invité


See, I hope there was ... Dancin around that

Je n’étais pas qu’un homme perfide et sans aucun scrupule. Il fut un temps ou j’avais, moi aussi, ressenti le besoin et les maux des autres. Je connaissais l’amour et la compassion : Des émotions que j’avais fini par injurier en sombrant dans les abimes de mon âme. C’était le propre de l’être humain d’osciller au gré du vent et des changements. Tous mes ressentis prenaient la forme seule de la rage. Mon corps brisé vendait ses charmes à un karma qui m’avait tout pris : Ma mère, mon enfance et ma meilleure amie. J’étais entendu sur le sol givré, jambes et bras écartés, attendant un nouvel abus, parce que je n’avais pas d’autre choix, parce que je me devais de servir mes propres intérêts. Mes dents serrées grincèrent au contact de l’air que j’inhalais au même titre que les poisons de ma cigarette. Je n’avais sans doute aucune idée sur la vie que menait réellement Ashford, ni sur ses attentes, pourtant je me sentais confortable en sa présence. Au-delà de nos échanges violents, de ses regards révolvers et de la distance qu’il s’obstinait à dresser entre nous, je savais que nous n’étions pas complètement opposés. Le monde était bien plus grand que mes paroles et que ma grande gueule. Je n’étais qu’une infime parcelle de poussière, coincé dans un sale recoin. J’avais perdu ma religion et ma foi en toute spiritualité quel qu’elle soit depuis trop longtemps. Il me semblait que toutes ces choses n’étaient que chimères, ma passion était usée pour d’autres finalités, plus valorisantes et plus profitables. Après l’enfance que j’avais eu, la confiance était une chose inimaginable, inconcevable, dans mon esprit. J’étais différent du million de gens qui peuplait Londres, j’étais aigri et je me portais à merveilles. J’étais souillé et malsain. Le genre d’antipathie en continuelle recherche de personnes à meurtrir, à abandonner. Ashford n’était que l’une de ses personnes à la base, mais mon affection déchue est une chienne. Mon corps inerte se ployait en sa présence, avide d’un espoir qui n’existait pas. Mon corps de sa**** était charmé. J’écrasai mon mégot avec agressivité. Je n’étais pas un homme qu’on pouvait perturber aussi facilement, ma langue lapa les dernières senteurs de nicotine sur mes lèvres gercées. Je le regardais d’un air mauvais.

_ Je doute que tes attraits physiques soient assez charmeurs pour me pousser à faire quoi que ce soit d’inapproprié, kidd. Mon visage prenait la figure du mal qui me rongeait, je sentais ma peau en feu, craquer sous la pression de ma rage déchirante. Je ne risquerais jamais ce que j’ai pour une histoire de cul, quel qu’elle soit.

Ma carrière passait avant tout le reste. J’avais bâti ma vie entière sur le succès que je pourrais tirer de la vanité des autres. C’était mon seul don, la seule chose que je savais faire. Ma mère était morte avant de m’apprendre les vraies valeurs, alors je gaspillais les battements de mon cœur dans un travail qui me pompait peu à peu. Je souris, lassé de ces pensées moralisatrices. J’avais fait un marché avec les ténèbres ; je serais malheureux pour l’éternité, mais je serais au sommet de ma gloire.

Mes yeux injectés de sang et de fatigue jaugèrent le jeune blond en face de moi. Il était sans doute sûr de demeurer intègre et loyal, mais la frontière entre la réussite et la bonté était infranchissable. Je déglutis.

_ Je ne compte pas perdre mon temps à dresser un animal, qui finira inévitablement par être piqué. J’ose espérer que tu auras assez jugeote pour comprendre ou tes réels intérêts se trouvent. Sifflai-je, la voix tremblante par une colère que j’avais du mal à maitriser. Ma main était restée crispée après le rejet d’Ashford. Mes veines tremblantes compressaient les flux de nicotines et de sang qui circulaient dans mon système. Je ressentis le besoin cuisant de casser quelque chose. Je soupirai. Ce n’était ni le moment, ni le lieu, de me laisser aller à une démonstration de violence inutile. J’étais un impulsif de naissance, j’avais le sang chaud et le cerveau en compote. Mes nerfs semblaient de moins en moins aptes à gérer mes traits de personnalités. Je papillonnai des yeux, je devais me montrer professionnel et intransigeant.

_ Je m’engage à te faire publier avant Aout dans ce cas. Promis-je d’un ton dégagé. Tu seras publié à 18 ans, si tes efforts sont concluants.

Mes conditions étaient claires : Je voulais bien lui faire confiance, mais je refusais d’approuver sa médiocrité. J’en attendais beaucoup de lui, et ce malgré mon ton froid et mes regards inquisiteurs. Ashford était le meilleur élément que Vogue avait recruté, je voulais exploiter ses talents dans des articles plus gratifiants que les diffamations d’un magasine commercial.

_ Tu n’auras pas besoin de mon aide. Une fois que je t’aurais lancé, je crois que tu pourras patauger parmi les requins. Je veux que ton nom seul figure en haut de page.

Je souris, avec toute l’arrogance dont j’étais capable.

_ Si je t’aide de trop prêt, je suis quasi sûr que tu seras publié. Ce n’est pas très fairplay.

Un rire sonore déforma les traits de mon visage fatigué. Je ne moquais pas de lui. Je nourrissais mon égo de faveurs et de compliments dont il était bien trop avide. Je fixais Ash, calculant chacun de ses mouvements. Il griffonnait sur mon bloc note des mots que je ne pouvais pas apercevoir de là ou je me trouvais. J’aurais adoré savoir comment son esprit téméraire, pouvait bien résumer mes recommandations. J’étais curieux de suivre le fil de son raisonnement. Je me penchai discrètement, en vain. J’haussais les épaules avec désinvolture.

_ Je pense qu’il faut qu’on discute de ton délai. Comme tu dois t’en douter, je ne te mettrais pas sur le daily Times. Je te veux dans l’édition spéciale qui sortira à la fin du mois. Ce qui te laisse deux bonnes semaines. Je pense que c’est assez généreux de ma part, étant donné que j’aurais monté un article du genre en quelques jours.

Je souris dévoilant une rangée de dents étincelantes.

_ Qu’est ce que tu en dis ? Lançai-je faussement interessé. Tu es plus un collaborateur qu’un kidd à présent, je te permet de donner ton avis et même de me contredire, même si ton insolence a déjà pris cette liberté auparavant.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Lun 14 Juil 2014 - 17:30 par Invité
There’s no dancing around that
(or is there?)

JULIAN FITZGERALD & ASHFORD TENNYSON



Ashford est familier de la rage ; lui-même l’éprouve parfois, au départ rien de plus qu’une étincelle qui tourne immanquablement en brasier, telle une flamme qui consume dès qu’elle le lèche du papier à cigarette. Comme tout un chacun, il éprouve souvent des éclairs d’agacement, de l’énervement, mais la véritable furie qui fait palpiter le sang dans ses veines et fait gonfler l’artère sur sa gorge au rythme de son pouls est généralement déclenchée par une injustice, quelque chose qui le touche. Elle est destructrice, aigre, comme un monstre qui lui griffe l’estomac de l’intérieur, nourrie par ces circonstances aggravantes qui affligent bien trop souvent la vie contemporaine : problèmes familiaux, précarité, impression d’être piégé dans une cage de verre. Ashford est humain ; il se laisse parfois submerger par la haine comme un naufragé sur un radeau, incapable d’écoper plus longtemps tant ses muscles le brûlent, tant il a l’impression de faire les choses en vain. C’est un moment de faiblesse qui le laisse pantelant, une douleur au ventre, un poids écrasant sur le cœur et des larmes dans les yeux, une sensation qui le poursuit encore pendant plusieurs jours et dont il doit se distraire s’il veut garder la tête hors de l’eau, ne pas s’y noyer comme beaucoup le font.
La colère qui anime Julian, en revanche, lui est totalement inconnue. Ce n’est pas vraiment un feu à proprement parler, tout simplement parce qu’Ash est certain que la colère a tout calciné de Julian, et qu’il ne devrait plus rester de combustible. C’est comme si Julian était le courroux personnifié, son incarnation plutôt qu’un simple mortel pétri par l’émotion. Ashford ne voit ici aucun élément déclencheur qui pourrait expliquer le tremblement subtil des mains de Julian autour du mégot qu’il a porté à ses lèvres jusqu’à combustion totale, la haine qui lui donne un air un peu fou et fait monter le rouge jusqu’à ses pommettes.

Ashford a lu les biographies des journalistes, celles qui sont publiées de temps à autre sur le site du Times ; il a parcouru celle de Julian, cherché entre les lignes. Julian est celui qui a tout sacrifié pour sa carrière, bonheur personnel, intégrité ; il s’est immolé sur ce que d’aucuns appellent le bûcher des vanités. Il est comme une enveloppe racornie, dévorée par l’ambition ; si Ashford le prenait par le bras et serrait un peu trop fort, il est persuadé que le journaliste tomberait en poussière. Une pâle imitation d’homme, au final, dépouillé de ce qui rend la vie digne d’être vécue ; ou alors, l’homme dans sa plus extrême représentation, broyé par la société et les idéaux de progression dans l’échelle des classes – Ash ne s’est pas décidé, n’a jamais été très bon en philosophie.
A-t-il vraiment fait quelque chose pour provoquer cette agressivité soudaine, est-ce sa faute si Julian a dans le regard cette lueur un peu folle et aux abois ? Il ne le pense pas, mais il ne peut s’empêcher d’effectuer un mouvement de recul, comme un enfant effrayé, un animal méfiant et aculé.

- On finit tous par être piqués, de toute façon, commente Ashford, ses sourcils un peu froncés creusant un pli sur son front lisse ; Julian a quelque chose de Dorian Gray, une obsession de la gloire et de l’immortalité qui bafoue la morale, quelque chose d’Achille, ce héros grec qui court vers sa mort pour ne pas être oublié. La mort n’épargne personne, alors tant qu’à faire, j’aime mieux mourir avec l’impression d’avoir vécu. J’ai lu La Peau de Chagrin, ça ne m’intéresse pas de finir comme ça. Peut-être parce que je suis encore jeune et idéaliste, sans doute.

Tout ce qu’Ashford veut dire, c’est qu’il ne voit pas l’intérêt que son nom subsiste après sa mort si lui-même n’a pas l’impression de laisser derrière lui quelque chose qui en a valu la peine. A quoi bon avoir son nom inscrit au panthéon de l’humanité s’il n’a pas essayé de donner un sens à sa vie ? Bien sûr, Ash veut une carrière, quelque chose de décent, pourquoi pas quelque chose de grandiose, s’il en a le potentiel, mais il ne veut pas de ça, de cette rancœur qui bouffe Fitzgerald de l’intérieur ; il veut de la reconnaissance professionnelle, de l’argent, un budget confortable mais il sait aussi que ce n’est pas ça qui fait une vie bien vécue. Son père aurait dû s’en apercevoir, passer du temps avec son fils au lieu de perdre leur argent dans les casinos, sa mère devrait s’en apercevoir et lui téléphoner le soir plutôt que de truquer les formulaires de la sécurité sociale pour garder son luxueux duplex. Ash est décidé à avoir et à donner ce que ses parents n’ont pas su faire pour lui ni pour eux-mêmes ; quelqu’un pour qui on fait la différence, une famille. Il a la ferme intention d’avoir tout ça, un jour, une fois qu’il aura bâti une carrière. Il est hors de question de perdre de vue cet objectif ultime, de disperser tout au vent contrairement au journaliste du Times.

Va-t-il faire sortir Julian de ses gonds en claironnant pareille chose, une telle hérésie aux yeux du journaliste, un discours si insensé que c’est tout juste s’il est compréhensible ? Celui-ci va-t-il le traiter d’idiot ? Ash n’a pas encore perdu foi et il se demande si Julian est jaloux de cette ingénuité, s’il aimerait prendre ce qui lui reste d’innocence, l’arracher, la déchirer et s’en repaître, si c’est ce qu’il a l’intention de faire en le rappelant un soir, de le ronger jusqu’à ce que lui aussi soit une coquille vide, comme un parasite, un vampire même, de l’entraîner dans son giron, de le posséder corps et âme.
Il s’attend presque à ce que Julian le punisse de son arrogance, de sa témérité aveugle qui caractérise trop souvent les jeunes, à ce qu’il retire sa proposition généreuse, qu’il le torture en suggérant que si Ash veut trouver un sens à sa vie en dehors de l’autoréalisation professionnelle, il n’est pas obligé d’écrire cet article, il peut se débrouiller seul pour devenir le plus jeune collaborateur publié au Times. Ash fixe Julian sans ciller, essayant de deviner si celui-ci va lui faire regretter son attitude de matamore, l’obliger à ramper, à renier sa petite tirade philosophique, à s’excuser.
Ashford le ferait, parce qu’il sait se mettre à genoux quand la situation l’exige ; il le ferait avec le visage écarlate et le cœur au bord des lèvres, mais il le ferait, parce qu’il n’a pas le choix et que l’instinct de survie doit être plus fort que des principes qu’il n’a pas les moyens de se permettre avec son salaire du mois et les ambitions qu’il continue à nourrir.

- Deux semaines, accepte Ashford, avec un peu de chance assez vite pour empêcher Julian de sauter sur l’occasion qui se présente, et de lui sauter à la gorge en même temps. Deux semaines, sans aucune aide, ni de toi, ni de personne. Un essai, voir si j’ai le niveau requis. Personne d’autre dans la rédaction n’a besoin d’être impliqué, tu seras seul juge. Si ton verdict est positif, je continue à collaborer. Et sinon…

La négociation ressemble trop à un marché, à un jeu avec ses règles, ses avantages pour le vainqueur et ses conséquences pour le perdant. Ash s’humecte les lèvres.

- Sinon, j’imagine que je suis viré. A toi de fixer tes propres termes.


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mer 16 Juil 2014 - 21:02 par Invité


See, I hope there was ... Dancin around that

Je montrais bien plus que je ne le devais. Ma rage filtrait à travers chacun de mes gestes déplacés, à travers chacun de  mes mots prononcés. Ma faiblesse était gravée sur ma peau, me rappelant à chaque instant que je n’étais que le fruit du hasard. Ma réussite n’avait rien de glorieux. Ce n’était que le dénouement amer d’un homme qui avait tout perdu pour en arriver là. Mon obsession pour la perfection n’était qu’une facette parmi tant d’autres. J’essayais tant bien que mal de combler les lacunes dans mon esprit, mais c’était si difficile de tenir le rythme de la raison, quand mes jambes étaient suspendues dans le vide. Mon cerveau était sens dessus dessous, se noyant dans les profondeurs des caraïbes là où les sirènes maléfiques m’avaleraient d’une seule bouchée.  Je levais les yeux vers Ashford. Ce sale petit garnement me poussait dans mes retranchements, à la frontière de tous les interdits. Sa présence si près de moi me troublait. Ses paroles triées sur le volet ébréchaient ma vanité. Les choses n’étaient pas censés de produire comme ça ! J’avais  personnellement choisi Ashford parmi une liste interminable de CV. Quelque part j’avais l’impression d’avoir couru à ma propre perte. Il aurait été plus judicieux de ma part d’opter pour un petit écervelé qui aurait répondu à chacune de mes exigences sans que je n’aie à me lancer dans un débat psycho-social quelconque. Ma soif de grandeur et de gloire avait obscurcit ma vue, elle m’avait poussé à me mesurer à mes égales pour un combat acharné que je n’étais sûr de gagner qu’à 50%. Un faible pourcentage auquel je n’étais plus habitué. Moi, l’homme perfide et injuste. Moi, le vainqueur des temps modernes.

_ Je t’ai choisi. Soufflai-je. Ton essai de l’époque n’était pas aussi impressionnant qu’il devait l'être, mais ta plume légère avait réussi à me prendre pendant une fraction de seconde. Tu ne dois ton statut au TIMES qu’aux divagations de mon esprit. Je ricanai d’un air mauvais. D’autres pourraient rejeter l’idée, mais je pense qu’une absence est une évasion qui requiert un certain talent.

Je pouvais entendre les sifflements de la clim bourdonner dans mes oreilles. L’odeur des cigarettes que j’avais bien pu fumer disparaissait peu à peu, rendant l’air plus respirable, mais aussi plus fade à mon gout. Je plissai les yeux en posant mes mains sur le bureau. C'était le propre des génies d'être refoulés par les autres. Mais je n'étais pas du tout surdoué, je n'étais qu'un idiot qui se prenait pour Dieu.

_ Je n’ai jamais apprécié La Peau de Chagrin. Renoncer à la frénésie de la chasse et au désir consumant pour vivre plus longtemps est un concept qui me dépasse. Qu’est-ce qu’une longévité si elle est morne ?

J’haussais les épaules avec désinvolture. Je n’attendais pas de réponse de sa part. Je me savais assez obtus pour ne pas comprendre son point de vue idéaliste et inexpérimenté. Ash semblait se tromper sur mon compte. Je n’avais pas abandonné les miens pour réussir.
J’avais exploité la perte de tout ce qui m’était cher pour me forger une nouvelle personnalité un cran au dessus du commun des mortels. Je m’étais peu à peu détaché de mes faiblesses. J’avais oublié mes valeurs et renié le monde de la même manière qu’il m’avait exclu auparavant. Je regardais Ash le visage placide. Il était bien trop jeune et innocent  pour comprendre que j’étais identique aux héros déchus. Mon âme était tombée en lambeaux et le vent avait bafoué de ce qu’il restait de ses ruines. Je m’étais retrouvé seul, debout, au milieu d’une citée détruite. Les épaves du passé et les cendres de ma fortune avaient fini par disparaitre avec le temps.  Et mes mains maculées de mon propre sang avaient fini par sécher aussi. Mon existence était une plaine triste ou il ne cessait jamais de pleuvoir. Mon existence était une ville de Londres où l’hiver était éternel. Tout était de désillusion, et rien n’était désillusion. Mon nom marqué sur le papier à tout jamais n’était que la concrétisation de la quête d’un homme fou qui voulait à jamais se rappeler qu’il avait un jour vécu. L’âme est immortelle, mais l’âme de se souvient pas. Alors l'âme compense en lisant.

_ Ashford tu n’es qu’un idiot. Murmurai-je. Mais tu es un idiot qui mérite que je lui donne sa chance.  J’accepte d’être seul juge de ton travail, mais j’accepte aussi de te guider vers la bonne voie. Tu n’es pas obligé de te détacher de ma surveillance pour te sentir grand. Me moquai-je.

Je trouvais la perspective d’un challenge charmante. Et bien que l’enjeu soit de taille pour le jeune homme, je ne pouvais m’empêcher d’esquisser d’un signe de la tête. Qu’il soit viré s’il n’a aucun niveau! Cela me paraissait légitime d’un certain point de vue. Je déglutis. La pensée qu’il puisse échapper à mon contrôle titilla mon égo, mais mon expression ne broncha pas. Pour perte conséquente il fallait victoire conséquente. Je me penchai pour saisir mon agenda.

_ Si ton travail est concluant, et que je te publie, je te donne la clé de pandore pour une semaine. Tu seras en charge de mes articles, et tu prendras les décisions sans que je n’aie mon mot à dire. Tu seras rédacteur du TIMES le temps que ça durera, et je serais à ton entière disposition. Souris-je l’air de rien. Si au contraire ton essai est un bide total, non seulement tu seras viré, mais je ferais en sorte pour que tu ne mettes plus jamais les pieds au TIMES, ou dans n’importe quel leader de la presse à Londres.  

Ma bouche s’étira dévoilant  un éclat de démence et de malveillance qui soulignait chacun de mes traits. Non seulement j’avais l’air fou, mais je me sentais fou. Un rire m’échappa tandis que je me levais pour lui tendre la main.

_ Marché conclu kidd ? Ou as-tu quelque chose à ajouter ?


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Jeu 24 Juil 2014 - 0:32 par Invité
There’s no dancing around that
(or is there?)

JULIAN FITZGERALD & ASHFORD TENNYSON



Ashford n’a jamais compris l’attrait de certains pour la roulette russe. Combien doit-on être accro à l’adrénaline pour prendre le risque de presser la gâchette et de se faire sauter le cerveau ? La sensation d’avoir survécu doit être indescriptible, le battement de son cœur tellement rapide qu’il défie l’imagination et les statistiques des médecins, mais le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Ash n’est pas de ces personnes qui mettent leur mise sur le tapis et jouent le tout à quitte ou double ; en dépit de ce qu’il a dit, il n’est pas le genre à tout risquer aveuglément, sur un coup de tête. Il a beau être jeune, il n’a pas hérité de la passion de son père pour les paris risqués – peut-être, justement, parce que c’est ce caractère joueur qui lui a coûté une famille et la perspective d’une vie confortable.
Mais charmé par les mots de Julian comme un cobra se laisse envoûter par la flûte d’un fakir, il se découvre une facette qu’il ne connaissait pas et qu’il n’est pas certain d’apprécier, le visage d’un garçon qui ressemble beaucoup plus à son père qu’il ne le voudrait, et ses mains tremblent de pousser tous ses jetons vers le centre de la table, de prendre des mains de Julian le revolver qu’il lui tend et de l’appuyer contre son front.
S’ils jouaient vraiment à la roulette russe, si c’était vraiment une arme qu’on venait de lui mettre entre les doigts, peut-être la conscience physique, la possibilité de toucher littéralement la menace de mort le retiendrait de faire une décision stupide, mais les possibilités que lui décrit Julian sont si abstraites, si détachées du monde réel qu’elles en semblent presque légères, sans importance ; c’est le piège dans lequel tombent les enfants qui ont grandi dans un environnement matérialiste, même s’ils en sont sortis tôt. Ashford a encore du mal à mesurer la portée de ses actes, plus qu’il n’en a pour évaluer un bien ou un objet quelconque.

Julian a raison, c’est peut-être la chance qui l’a conduit au Times, et peut-être qu’il ne doit son travail qu’à un moment d’égarement, une folie passagère, une seconde où Julian s’est dit « Tiens, pourquoi pas lui. » Julian a peut-être su voir quelque chose au-delà de ses mots, peut-être pas ; peut-être a-t-il choisi de faire un pari, de parier sur Ashford, de voir ce qu’il peut en faire. Il est sa chose, littéralement, un jeune esprit à façonner, un héritier presque, ou un faire-valoir.
Aucun de ces termes n’est flatteur, et pourtant, Ashford ne s’indigne pas. Il faut bien que le hasard ait sa place dans la vie de chacun ; pour l’instant, le destin tourne en sa faveur, et c’est pour lui l’occasion, aujourd’hui, de remettre les Parques à leur place, d’asseoir son potentiel, de prouver à Julian qu’il mérite ce qu’il a eu la bonté de lui accorder, qu’il a beau être arrivé là sur un coup de bol, il peut gagner son droit à rester.
Mais en même temps, Ash ne veut pas se soumettre, revendiquer son trône de singe savant, de trophée d’un journaliste imbu ; il veut faire un coup d’éclat, écrire quelque chose que Julian n’aura pas prévu, il veut voir la surprise dans son regard, le rictus incrédule, apprécier à chaque ligne le soulèvement de ses sourcils. Il veut prendre le risque de faire entrer Julian dans une fureur mythique ou, au contraire, de l’impressionner au point qu’il en perdra la parole. Dans tous les cas, il ne partira pas sur un papier fade et sans saveur ; le bouquet du résultat éclatera sur sa langue et peu importe alors qu’il ait un goût de victoire ou de sang. Quitte à perdre une guerre, ou une bataille, il préfère quitter l’affrontement avec un certain panache plutôt que la queue entre les jambes. Ash est beaucoup de choses, mais il refuse de croire qu’il est médiocre.

Il a perdu de vue ce pourquoi il est venu ici en premier lieu, cependant ; le téléphone. Ash est venu ici pour aborder le problème du téléphone, et Julian a écarté le sujet pratiquement d’une pichenette, comme si ça n’importait pas. Ash se demande s’il doit y revenir, peut-être inclure une clause dans leur accord. Peut-être qu’il peut parier plus.
Peut-être, peut-être, peut-être.
Trop d’incertitudes, et il est persuadé que Julian peut lire à travers lui comme dans un livre ouvert. C’est sans doute aller trop loin, cependant, être trop imprudent de mélanger vie professionnelle et appels érotiques. Ashford n’a jamais connu cette situation auparavant, mais pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’une telle entente ne peut déboucher que sur un cauchemar.
Il pourrait suggérer à Julian que s’il gagne, que si le journaliste approuve son article, il s’engagera à ne plus appeler sa ligne, à ne plus le demander ; mais c’est une enchère assez haute, et Julian exigerait une contrepartie en cas de défaite dont il n’est pas sûr d’avoir les moyens, ou l’envie, de s’acquitter.

- D’accord, finit-il par conclure, jouant avec l’un des passants de son jean. J’accepte. Si je gagne, je te remplace une semaine, et je suis ton égal, pas juste ton petit jouet que tu envoies sur les manifestations que tu ne veux pas couvrir. Et si je perds… je suis grillé au Times et partout à Londres, admettant que tu aies l’influence nécessaire pour me barrer toutes les portes des journaux de la ville.

Perdre, gagner, voilà un vocabulaire bien étonnant dans leur collaboration. Quand est-ce devenu une compétition ? Peut-être que cela l’a toujours été, mais qu’Ash n’en avait jamais pris conscience jusqu’à maintenant. Il tempère son discours, malgré tout, avec juste une pointe de scepticisme ; loin de lui l’idée de provoquer Julian, mais celui-ci a-t-il vraiment le pouvoir de le faire mettre sur la liste des persona non grata (ou est-ce persone non grate ? Ash n’a jamais pris le temps d’étudier le latin. Quel intérêt, c’est une langue morte !) de la presse de la capitale ou s’agit-il d’un coup de bluff astucieux, destiné à tester sa réaction ?
Il choisit de pencher pour la seconde solution, pour se donner le courage d’aller plus loin, ne pas se dégonfler. Même si Julian était sérieux, Ash trouverait un moyen ; on peut toujours trouver de nouveaux arrangements quand les actuels ne sont plus satisfaisants, pour peu qu’on soit d’accord pour y mettre le prix.

- Par curiosité, qu’est-ce que ça me coûterait pour qu’au cas où j’aurais ta faveur, tu envisages d’oublier le numéro de mon autre job ?


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mar 5 Aoû 2014 - 1:31 par Invité


See, I hope there was ... Dancin around that

Je m’apprêtais à son jeu comme un débutant. J’étais enivré par chaque signal qu’envoyait son regard azur ou son piercing ridicule à la lèvre. Ashford n’était qu’un jeune étudiant assez téméraire pour s’aventurer dans l’antre du démon. Un idiot comme un autre qui rêvait de grandeur et de reconnaissance. Mais Ashford était aussi un talent brut et inestimable. Je plissai les yeux en envisageant toutes les éloges que je pourrais recevoir à polir ce diamant explosif. C’était quelque chose d’être soi-même talentueux, mais découvrir une étoile montante était une apogée. Un sourire malsain naquit au bout de mes lèvres, après tout je ne pensais qu'à mes propres intérêts. Je n’étais là que pour servir un égo démesuré jamais rassasié, et ceci malgré tous mes efforts pour satisfaire son appétit dévorante. Les violences de mon enfance m’avaient appris à ne jamais abandonner, mais mon savoir-faire me sommait de stopper mes divagations. C’était une victoire qui se savourait en solo. Un combat qui se menait par la force de l’individu seul. J’avais une peau écorchée et mutilée. J’avais une âme éclopée et intitule. Je ne pouvais pas me permettre plus d’écarts. Il n’y avait pas d’alliers dans le monde de l’obscur. Il n’y avait que des larbins et quelques compagnons de misère. Mon cœur meurtri ne pouvait rien conquérir d'autres que les bribes de ma gloire.

Je le fixais du regard, détaillant chacune de ses petites manies. Le jeune blond était un livre ouvert, mais parfois il resserrait l’étau de sa prison et il me semblait impossible de déchiffrer ses pensées étranges. Nous étions à mille lieux de nous comprendre. Nous étions à mille lieux de nous égaler. Je soupirai en me redressant sur mon siège. Je détestais rester assis aussi longtemps. Mes muscles adducteurs tiraient sur ma cuisse et mon ligament blessé. Je tendis la jambe gauche afin de soulager mon genou. Ma bouche s’arqua légèrement, trahissant ma douleur passagère. Mais je ne fis aucun commentaire. Je mettais un point d’honneur à rester désinvolte et professionnel face à Ashford, bien mes blagues sournoises ne manquait pas d'orner notre conversation. Il faut croire que mes sous-entendus salasses sont un aspect de ma personnalité que je peux changer.

Ses grands yeux expressifs se posèrent sur moi avec insistance. Il n’y avait aucune lumière, aucune couleur autre que l’once grise de sa rage. Je pouvais sentir son esprit défier le mien pour un corps à corps sanglant. C’était la première fois que je voyais le guerrier caché derrière l’enfant. Je ressentais un certain amusement à titiller sa bête. Je n’avais jamais pensé que cet échange serait aussi violent. Je me surpris à envisager une situation où je devais le renvoyer du TIMES. Je me surpris à regretter son départ imminent. J’étais un éternel insatisfait. Je voulais une révélation, une nouvelle résolution qui me pousserait au-delà de mes retranchements. Je voulais un article que j’aurais façonné mais qu’il aurait rythmé par sa fraicheur et sa plume singulière. Mon cœur eut un raté. Mon sang glacé stagnait dans mon système à l’arrêt. J’étais absent ; en transe dans un endroit magique. Je papillonnai des yeux avec lenteur.

_ M’écouterais-tu si je te disais que tu cours à perte ? Hasardai-je de manière rhétorique. J’étais sûr de sa réponse insolente. J’étais presque certain de son indignation et de ses faux airs de puissance. Un rire mauvais m’échappa : J’exagère un peu l’influence que j’ai sur le monde. Mais le TIMES fait partie d'un groupement des plus influents new cooperation. Si je te grille avec le TIMES et le SUN c’est déjà assez. Les journaux de seconde zone ne comptent pas.

Mon rire devint rauque. Il raisonna dans la pièce silencieuse tandis que je claquais violemment des mains. C’était situation était d’un grotesque ! Ce qui avait commencé comme une simple provocation, prenait des allures de mise à mort. J’avais moi-même du mal à contrôler mes pulsions de folie. Je bombai le torse en le regardant de travers. La perspective de le perdre aurait pu me chagriner, si la frénésie de la compétition n’avait pas brouillé tous mes jugements. Je pensais à sa proposition. Cette dernière clause ne me satisfaisait sur aucun plan. Je fronçai les sourcils, faussement amusé.

_ Ça te couterais quelques années de prisons. Parce qu’il me semble que tu devras me passer sur le corps avant que je cède à ce dernier caprice. J’haussais les épaules, l’air de ne pas y toucher. Je ne suis même pas désolé de te refuser cette faveur. C’est fou.

Je ne savais pas pourquoi il revenait sur ce point. Je pensais être en désavantage presque autant que lui. Il fallait être deux pour avoir une conversation compromettante tout comme il fallait être deux pour danser au tango. Je suppose que la situation était différente de son point de vue. J'étais son supérieur ici, et j’exerçais mon pouvoir exorbitant à des fins peu déontologiques. Qu’à cela ne tienne.

_ Tu sais ce qu’il te reste à faire. Fis-je remarquer d’un ton froid. Tu peux toujours me contacter si mon assistance est nécessaire, mais cela te retireras des points. Tu sais que je peux être très difficile à impressionner. C’est le propre des gens imbus de leur personne, mais le jeu en vaut la chandelle.

Je lui souris avant de me relever. Je tendis ma main crispée vers lui afin de sceller notre deal.

_ Pas la peine de solliciter ta discrétion à ce sujet. M’enquis-je, désinvolte. Les bruits de couloirs ne feraient que te porter préjudice.



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Lun 25 Aoû 2014 - 23:04 par Invité
There’s no dancing around that
(or is there?)

JULIAN FITZGERALD & ASHFORD TENNYSON



Les dommages collatéraux qu’un échec occasionnerait sont carrément catastrophiques ; ce serait un absolu désastre et son cœur bat tellement vite à l’idée de jeter sur un coup de tête sa vie par une fenêtre qu’il est certain que ses pommettes ont rosi. Il sent l’afflux du sang sous sa peau, en tout cas, aussi clairement que s’il avait mis sa tête dans un four – humour noir mis à part, c’est probablement ce qui lui arrivera s’il se foire sur ce coup-là.
Il se tranquillise avec des mots creux et qui seraient pourtant amers sous la langue s’il pouvait les croquer, se rassure en songeant qu’il pourra toujours supplier, renégocier, se compromettre suffisamment pour se racheter une virginité – la formule n’est pas très pertinente, dans sa situation, mais elle fera l’affaire. Ash a bien saisi quelle est la faiblesse de Julian, et il est raisonnable d’envisager qu’en rampant assez bas pour sa convenance, l’ego du journaliste sera un instant apaisé, sa volonté presque divine adoucie pour qu’il convienne de rendre à Ashford son job.
Pas qu’Ash a pour ambition de se casser la gueule et d’en avoir à arriver là, mais seuls les idiots ou les orgueilleux refusent en partant en croisade de mettre sur pied un plan b, une solution de repli, et Ash n’est ni vraiment l’un, ni tout à fait l’autre. Ce sera sa carte secrète, son va-tout, car il doute que Julian l’ait percé à jour avec tant de perspicacité qu’il sait qu’Ashford est capable de supplier, d’oublier sa fierté personnelle ; Fitzgerald le croit sans doute trop arrogant, dans sa jeunesse, pour se douter qu’Ash a déjà eu recours à cette solution désespérée, qu’il y aura encore recours si besoin se fait sentir.

- Je suis assez grand pour comprendre les risques qu’implique ma décision, merci beaucoup, proteste-t-il, et tout poli qu’il est, il y a quand même quelque chose de geignard dans son ton.

Il a l’air d’un enfant pétulant, d’un adolescent qui veut toujours avoir raison, qui néglige l’opinion de l’adulte omniscient ; pour une fois, cependant, c’est volontaire, une réaction calculée n’a rien d’innée. Il veut savoir s’il peut jouer sur ça, s’il peut endormir la méfiance de Julian, mettre à son profit l’ego démesuré d’un journaliste qui a tout conquis et qui ne doit pas imaginer une minute qu’Ash a effectivement réfléchi, qu’il a pesé le pour, le contre, qu’il a une feuille de route, un itinéraire alternatif déjà préparé.
Ash veut cacher son propre jeu, ne souhaite rien d’autre que de laisser croire à Julian qu’il n’est rien de plus que le jeune insouciant et téméraire qui n’a pas pu résister à un alléchant pari – ce qu’Ashford est en partie, il ne le nie pas. Mais il veut que Julian continue à ignorer qu’il est davantage que cela, garder un dernier tour dans sa manche, à savoir qu’aux abois, Ashford saura mettre de côté son éthique personnelle pour faire au contraire ce qui doit être fait, sauver ce qui peut être sauvé. S’il se retrouve acculé, dos au mur, il a encore une petite chance de surprendre Julian, de le prendre juste assez à revers pour tirer de lui ce dont il aura besoin.

Jusqu’où doit-il donner satisfaction à Julian, cependant, réagir au quart de tour à la moindre de ses provocations ? Même sexuels, les jeux de mots du journaliste ne sont pas de ceux qui l’indigneraient en temps normal, qui le pousseraient à se comporter de façon brusque, à répliquer quelque chose d’abrupt. Passer sur le corps de Julian au cas où tout se passerait mal reste une solution, peu importe comment on interprète l’expression.

- Très bien, admettons que tu pourras continuer à m’appeler à l’agence quand bon te semble. Je réfléchirai à te passer sur le corps plus tard.

Son sourire est éclatant, à peine terni par l’anneau noir à sa lèvre qui contraste avec ses dents, mais la pression qu’il exerce sur la main de Julian au moment de la serrer pour sceller leur accord est plus forte que nécessaire, et même s’il cille et baisse les yeux vers ses jointures plutôt que de soutenir le regard de Julian, c’est davantage parce qu’il réfléchit au problème de l’agence que par timidité. Peu importe la finesse avec laquelle Ashford essaie de jouer, il est indéniable que Julian possède contre lui un idéal moyen de chantage et que c’est une situation à laquelle il lui faudra tenter de remédier au plus vite. La menace des bruits de couloir est voilée, subtile, doucereuse, mais dans toute son amertume, elle n’échappe pas à Ashford ; c’est comme un tic-tac qui vient de se déclencher, un compte à rebours qui a déjà commencé à s’égrener.

- On se revoit quand je te rendrai mon article, alors, je suppose. Je ne t’appellerai pas entre temps. A voir si tu peux dire la même chose pour toi.

Il hausse les sourcils avec assurance, impertinence même, mais en son for intérieur, il espère de tout cœur que Julian ne composera pas le numéro de l’agence pendant les deux prochaines semaines, le laissera se concentrer sur son article sans avoir à se soucier de leur équivoque relation professionnelle. Il ne sait pas s’il peut gérer d’une main la rédaction d’un article aux enjeux bien trop importants pour son contenu et de l’autre répondre aux potentiels appels érotiques de son supérieur hiérarchique. On dit que les hommes ne sont pas capables de faire deux choses à la fois, et si Ash prend plaisir à souligner qu’il a su parfaire cette compétence, il est certain que ses talents ne vont pas jusque là.
Ce détail n’est sans doute pas étranger à Fitzgerald, et ce n’est vraiment pas de chance pour Ashford, car le reporter du Times n’est pas très connu pour son sens du fair play et qu’on ne peut écarter la possibilité qu’il fera tout pour tenter de nuire à Ashford, même par simple désœuvrement.

- Enfin, peu importe, tu pourras compter sur ma discrétion. J’imagine que je ne dois pas compter sur quoi que ce soit venant de toi ?



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
() message posté Mar 26 Aoû 2014 - 0:00 par Invité


See, I hope there was ... Dancin around that
Les sons magiques des cornemuses du passé rythmaient mon esprit impatient. C’était une invitation à l’enjouement et à l’exaltation du combat. Au fond, malgré mon allure soignée et mes étiquettes bien ficelées, je n’étais qu’un soldat barbare et revêche. Ma quête de la gloire était fermentée de folie et de mauvaise foi. Mon cœur frémit, resserrant l’étau de ma prison dorée. Ashford n’était qu’un enfant, mais Dieu, ce que ses paroles étaient ardentes. Il y ‘avait de a braise autour de lui. Un feu puissant et brûlant qui titillait ma curiosité. Ce pari était danger. Mais il était aussi, une façon subtile et rusée de le pousser au bord du gouffre. Je voulais savoir ce que son talent valait sous pression. Je voulais lire et me délecter de ses lignes brutes et poignantes. Je demandais satisfaction. J’exigeais même ! Je tournai de l’œil en observant sa prestance. Il y’avait tout à coup quelque chose d’étrange dans sa façon de se tenir, fixe et inanimé, en face de moi. Un halo sombre et effrayant qui contournait chaque courbe de son visage. Une once de bravoure qui défiait mon regard perçant. Je souris, conquis.

_ Ton insolence te perdra bien avant moi. Me moquai-je en notant sa politesse surjouée. Il était d’un calme plat, presque médiocre. Etait-il en train de se prendre de haut ? Essayait-il d’utiliser mes propres armes contre moi ? On n’apprend pas un vieux singe à faire la grimace, comme on ne s’attend pas à ce que le dernier de la portée échappe aux vautours malveillants. Je me redressai légèrement, fendait l’air vers lui. Ne te donne pas trop de mal pour m’impressionner. Je suis déjà bien résigné à te remettre à ta place.

J’étais à nouveau arrogant. Mon visage était placide, mais ma bouche arquée trahissait mon expression menaçante. Je crispai les doigts sur le rebord en bois du bureau. Cette colère qui fusait en moi, comme le mal incurable, ou comme un poison mortel, me réduisait à l’état le plus primitif de l’Homme. Je serrai la mâchoire en tentant un contrôle rapide de la situation. Mon cœur battait vite, surlignant les vas et vas de âme tourmentée. Tantôt sur la rive lumineuse, tantôt aux cotés des ténèbres, je vacillais sans jamais trouver place. Je soupirai en relavant la tête vers mon jeune interlocuteur.

Dans la vie il y’ avait deux types de personnes. Les meneurs, et ceux qui choisissaient les meneurs. Le reste de la population était bien trop dérisoire pour entrer en ligne de compte. Tout du moins à mes yeux. En ce moment même, j’étais un simple meneur, attendant, jaugeant, et calculant chaque instant. Je voulais être choisi par une divinité supérieure. Je voulais atteindre les cieux immortels et impétueux. Mais je voulais aussi choisir Ashford. Je voyais en lui l’absolution. L’achèvement d’une longue route vers la réussite. Je plissai les yeux, avant de secouer discrètement la tête. Tas de conneries ! Tout était surfait !

_Tu ne passeras sur rien du tout. Rigolai-je. Je suis quasi sûr que je trouvais le moyen de t’importuner de l’au-delà. Je trouve toujours un moyen.

Mon rire mauvais extirpa l’air. Je grognai un instant, comme une bête sauvage ou un simple ivrogne. Je sentais la pression un poil trop enthousiaste d’Ashford sur ma main, mais je restais las dans ma poignée. Je refusais d’entamer un bras de fer avec un gamin. L’écriture de cet article était mon arme redoutable. Il baissa la tête, et je le sentis songeur. Je le regardais de haut, intrigué par les pensées qui traversaient son esprit. Songeait-il aux différents moyens de me terrasser ? Où avait-il fini par comprendre que je ne ployais jamais ?

_ Revoyons nous à la fin de ton exercice. Confirmai-je d’un ton dégagé. Mais il m’arrive de m’ennuyer sans ton insolence et tes délicieux sarcasmes. Dans un couple il y ‘en a toujours un qui aime le plus. Je suppose que c’est moi.

J’haussai les épaules, amusé. Ma voix était remplie d’animosité subtilement placée. Je triais chacune de mes paroles sur le volet, m’appliquant à renvoyer l’image du patron sournois et désobligeant. Je lâchai doucement prise en m’approchant suavement de lui.

_ Tu peux compter sur tout mon soutien. Soufflai-je en effleurant son bras nu avant de m’éloigner à nouveau, provocateur. Je trouve que deux semaines c’est assez large, j’espère que tu me feras la bonne surprise de revenir dans quelques jours. Je tâcherais de te rappeler à l’ordre souvent ? Raillai-je dévoilant ma ferme intention de jouer de mes avantages hiérarchiques sur lui. Sur ce, tu es libre de disposer , Kidd.




Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
() message posté par Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
London Calling. :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
Aller à la page : Précédent  1, 2
» (BICYCLE) + Ashford Tennyson + 18.01
» (bicycle) + Ashford E. Tennyson + (18.08)
» (bicycle) + ashford e. tennyson + (15.11)
» (Léa) Ashford Tennyson - du 12.06 au 27.06 (présence réduite)
» please do stop the music | theo & ashford

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-