ludwig + when i'll die, i'll go to heaven 'cause i've spent my life in hell

Le froid et l’humidité qui envahissait perpétuellement la pièce n’était plus un problème pour lui. Là, couché sur la banquette, il regardait le plafond sans penser à rien. Comment en était-il venu jusqu’ici ? Pourquoi lui ?
C’était comme si sa vie avait été effacée, supprimée, mise à la corbeille, comme on le faisait avec les dossiers informatiques. Il en était arrivé à un point où il se crut fou, à ne plus savoir qui il était, ce qu’il était et qui étaient ces gens qui venaient le rendre visite régulièrement. Son père, sa mère, ses frères, et même ses oncles et tantes, et bien sûr, ses ‘amis’. Il fallait dire que l’affaire avait secoué pas mal ses proches, en particulier son père qui tenait une bonne affaire depuis qu’il avait débuté dans son métier. Il y avait cinq ans de cela, Ludwig Lindemann avait été accusé au tribunal pour le meurtre de James Williams, un homme sans histoire mais avec lequel Ludwig ne s’était jamais entendu. Il était vrai qu’il avait songé à le tuer plus d’une fois, sans jamais mettre à exécution ses envies. Il n’aurait jamais pu le faire, il n’était pas comme ça, lui. Seulement, on lui avait tendu un piège. Cette fameuse soirée où James Williams a trouvé la mort, c’était chez lui qu’il s’était rendu et c’était lors d’une énième dispute qu’il s’était soudainement étranglé devant lui jusqu’à perdre brutalement la vie. La plus grosse erreur de Ludwig fut qu’il avait pris rapidement la fuite après ce qu’il venait de se passer. La peur, le choc lui avait instinctivement fait prendre les jambes à son cou et lorsqu’il était revenu dans son appartement, il lui avait fallu attendre son arrestation pour comprendre que ce qu’il s’était passé avait été réel.
La vérité, il l’apprendra plus tard, c’était que quelqu’un avait introduit du poison dans les bouteilles de cet homme un peu avant l’arrivée du musicien. Un erreur que le véritable meurtrier reproduisit pour se débarrasser de quelqu’un d’autre et qui, cette fois ci, s’était fait retrouvé après plusieurs semaines de recherches intensive. Le même poison qui avait tué James Williams et la même méthode. Cela ne pouvait être Ludwig Lindemann vu que ce dernier croupissait à l’intérieur d’une cellule. Lorsqu’on le retrouva, il avoua ses crimes, dont celui de James Williams.

« Hey toi là, prends tes affaires et sors de là. »

Les premiers mots de la liberté. Ludwig s’était redressé, sortant d’une micro sieste. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus véritablement dormi de toutes façons.

« Quoi ? Mais pourquoi ? »
« Parce que tu peux partir. Tu es libre. »

Au départ, il crut à une blague. Les surveillants pénitenciers en avaient déjà fait quelques unes dans ce genre, et il fallut qu’il le répète plusieurs fois pour qu’il ne s’exécute. Après de nombreuses minutes interminables, il fut finalement conduit vers la sortie de la prison où sa famille l’attendait. Ils étaient tous là, son père, sa mère et ses deux frères.

Si la nouvelle était plutôt bonne, en revanche, Ludwig était déterminé à ne pas se laisser faire. Peu après sa sortie, il porta plainte contre l’État afin de réparer le préjudice qu’il avait subit. « Cinq ans de ma vie ont été bousillés et ma carrière est tombée à l’eau. Ne croyez pas que je vais fermer les yeux dessus, je ne lâcherais pas. »  L’argent, il en avait, il s’en fichait pas mal d’ailleurs, il avait besoin de justice. Bien qu’au fond, le mal avait été fait et que rien ne pourrait jamais réparer les dégâts que cette affaire avait causée. Il en était conscient, et à chaque fois qu’il y pensait, il sentait la colère lui monter à la tête. Ses mains tremblaient et ça se finissait par un grand coup de poing dans le mur.
N’ayant pourtant d’autres choix, Ludwig était résolu à encaisser. Bien qu’il n’était pas encore prêt à tourner la page, il commençait à essayer à voir de l’avant. Il avait repris contact avec les autres membres de son groupe mais l’idée de se reconstruire n’était plus envisageable. L’un était parti à l’autre bout du monde, un autre s’était marié et s’apprêtait à avoir un enfant. Des nouvelles qui tombaient et qui lui donnait l’impression d’avoir une pierre dans l’estomac.
En attendant, Ludwig occupait un appartement appartenant à ses parents et qu’ils n’utilisaient plus depuis plusieurs mois en attendant de trouver mieux. Il s’était mis en quête de se remettre au tatouage comme il le faisait avant de s’être professionnalisé dans la musique sans avoir encore trouvé un commerce pour le moment. De toutes façons, ce n’était pas sa priorité pour l’instant. Après avoir passé un mois en Australie afin de se ressourcer, il comptait remettre de l’ordre dans sa vie avant d’en démarrer une toute nouvelle.